Alexandre Dumas, pere

LES TROIS MOUSQUETAIRES -- Los tres mosqueteros


INTRODUCTION

Prefacio

DANS LAQUELLE IL EST ÈTABLI QUE, MALGRÉ LEURS NOMS EN OS ET IS LES HÈROS DE L′HISTOIRE QUE NOUS ALLONS AVOIR L′HONNEUR DE RACONTER A NOS LECTEURS N′ONT RIEN DE MYTHOLOGIQUES.
EN EL QUE SE HACE CONSTAR QUE, PESE A SUS NOMBRES EN "OS" Y EN "IS", LOS HEROES DE LA HISTORIA QUE VAMOS A TENER EL HONOR DE CONTAR A NUESTROS LECTORES NO TIENEN NADA DE MITOLOGICO
Il y a un an à peu près, qu′en faisant à la Bibliothèque royale des recherches pour mon histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur les Mémoires de M. d′Artagnan, imprimés — comme la plus grande partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille — à Amsterdam, chez Pierre Rouge. Le titre me séduisit: je les emportai chez moi, avec la permission de M. le conservateur; bien entendu, je les dévorai.Hace aproximadamente un año, cuando hacía investigaciones en la Biblioteca Real para mi historia de Luis XIV, di por casualidad con las Memorias del señor D′Artagnan, impresas -como la mayoría de las obras de esa época, en que los autores pretendían decir la verdad sin ir a darse una vuelta más o menos larga por la Bastilla- en Amsterdam, por el editor Pierre Rouge. El título me sedujo: las llevé a mi casa, con el permiso del señor bibliotecario por supuesto, y las devoré.
Mon intention n′est pas de faire ici une analyse de ce curieux ouvrage, et je me contenterai d′y renvoyer ceux de mes lecteurs qui apprécient les tableaux d′époques. Ils y trouveront des portraits crayonnés de main de maître; et, quoique les esquisses soient, pour la plupart du temps, tracées sur des portes de caserne et sur des murs de cabaret, ils n′y reconnaîtront pas moins, aussi ressemblantes que dans l′histoire de M. Anquetil, les images de Louis XIII, d′Anne d′Autriche, de Richelieu, de Mazarin et de la plupart des courtisans de l′époque.No es mi intención hacer aquí un análisis de esa curiosa obra, y me contentaré con remitir a ella a aquellos lectores míos que aprecien los cuadros de época. Encontrarán ahí retratos esbozados de mano maestra; y aunque esos bocetos estén, la mayoría de las veces, trazados sobre puertas de cuartel y sobre paredes de taberna, no dejarán de reconocer, con tanto parecido como en la historia del señor Anquetil, las imágenes de Luis XIII, de Ana de Austria, de Richelieu, de Mazarino y de la mayoría de los cortesanos de la época.
Mais, comme on le sait, ce qui frappe l′esprit capricieux du poète n′est pas toujours ce qui impressionne la masse des lecteurs. Or, tout en admirant, comme les autres admireront sans doute, les détails que nous avons signalés, la chose qui nous préoccupa le plus est une chose à laquelle bien certainement personne avant nous n′avait fait la moindre attention.Mas, como se sabe, lo que sorprende el espíritu caprichoso del poeta no siempre es lo que impresiona a la masa de lectores. Ahora bien, al admirar, como los demás admirarán sin duda, los detalles que hemos señalado, lo que más nos preocupó fue una cosa a la que, por supuesto, nadie antes que nosotros había prestado la menor atención.
D′Artagnan raconte qu′à sa première visite à M. de Tréville, le capitaine des mousquetaires du roi, il rencontra dans son antichambre trois jeunes gens servant dans l′illustre corps où il sollicitait l′honneur d′être reçu, et ayant nom Athos, Porthos et Aramis.D′Artagnan cuenta que, en su primera visita al señor de Tréville, capitán de los mosqueteros del rey, encontró en su antecámara a tres jóvenes que servían en el ilustre cuerpo en el que él solicitaba el honor de ser recibido, y que tenían por nombre los de Athos, Porthos y Aramis.
Nous l′avouons, ces trois noms étrangers nous frappèrent, et il nous vint aussitôt à l′esprit qu′ils n′étaient que des pseudonymes à l′aide desquels d′Artagnan avait déguisé des noms peut-être illustres, si toutefois les porteurs de ces noms d′emprunt ne les avaient pas choisis eux-mêmes le jour où, par caprice, par mécontentement ou par défaut de fortune, ils avaient endossé la simple casaque de mousquetaire.Confesamos que estos tres nombres extranjeros nos sorprendieron, y al punto nos vino a la mente que no eran más que seudónimos con ayuda de los cuales D′Artagnan había disimulado nombres tal vez ilustres, si es que los portadores de esos nombres prestados no los habían escogido ellos mismos el día en que, por capricho, por descontento o por falta de fortuna, se habían endosado la simple casaca de mosquetero.
Dès lors nous n′eûmes plus de repos que nous n′eussions retrouvé, dans les ouvrages contemporains, une trace quelconque de ces noms extraordinaires qui avaient fort éveillé notre curiosité.Desde ese momento no tuvimos reposo hasta encontrar, en las obras coetáneas, una huella cualquiera de esos nombres extraordinarios que tan vivamente habían despertado nuestra curiosidad.
Le seul catalogue des livres que nous lûmes pour arriver à ce but remplirait un feuilleton tout entier, ce qui serait peut-être fort instructif, mais à coups sûr peu amusant pour nos lecteurs. Nous nous contenterons donc de leur dire qu′au moment où, découragé de tant d′investigations infructueuses, nous allions abandonner notre recherche, nous trouvâmes enfin, guidé par les conseils de notre illustre et savant ami Paulin Paris, un manuscrit in-folio, coté le n° 4772 ou 4773, nous ne nous le rappelons plus bien, ayant pour titre:Sólo el catálogo de los libros que leímos para llegar a esa meta llenaría un folletón entero cosa que quizá fuera muy instructiva, pero a todas luces poco divertida para nuestros lectores. Nos contentaremos, pues, con decirles que en el momento en que, desalentados de tantas investigaciones infructuosas, Ibamos a abandonar nuestra búsqueda, encontramos por fin, guiados por los consejos de nuestro ilustre y sabio amigo Paulin Paris, un manuscrito in-folio, con la signatura núm. 4772 ó 4773, no lo recordamos exactamente, titulado así:
«Mémoires de M. le comte de La Fère, concernant quelques-uns des événements qui se passèrent en France vers la fin du règne du roi Louis XIII et le commencement du règne du roi Louis XIV.»Memorias del señor conde de la Fère, referentes a algunos de los sucesos que pasaron en Francia hacia finales del reinado del rey Luis Xlll y el comienzo del reinado del rey Luis XIV.
On devine si notre joie fut grande, lorsqu′en feuilletant ce manuscrit, notre dernier espoir, nous trouvâmes à la vingtième page le nom d′Athos, à la vingt-septième le nom de Porthos, et à la trente et unième le nom d′Aramis.Adivínese si fue grande nuestra alegría cuando, al hojear el manuscrito, última esperanza nuestra, encontramos en la vigésima página el nombre de Athos, en la vigésima séptima el nombre de Porthos y en la trigésima primera el nombre de Aramis.
La découverte d′un manuscrit complètement inconnu, dans une époque où la science historique est poussée à un si haut degré, nous parut presque miraculeuse. Aussi nous hâtâmes-nous de solliciter la permission de le faire imprimer, dans le but de nous présenter un jour avec le bagage des autres à l′Académie des inscriptions et belles-lettres, si nous n′arrivions, chose fort probable, à entrer à l′Académie française avec notre propre bagage. Cette permission, nous devons le dire, nous fut gracieusement accordée; ce que nous consignons ici pour donner un démenti public aux malveillants qui prétendent que nous vivons sous un gouvernement assez médiocrement disposé à l′endroit des gens de lettres.El descubrimiento de un manuscrito completamente desconocido, en una época en que la ciencia histórica es impulsada a tan alto grado, nos pareció casi milagroso. Por eso nos apresuramos a solicitar permiso para hacerlo imprimir con objeto de presentarnos un día con el bagaje de otros a la Academia de inscripciones y bellas letras, si es que no conseguimos, cosa muy probable, entrar en la Academia francesa con nuestro propio bagaje. Debemos decir que ese permiso nos fue graciosamente otorgado; lo que consignamos aquí para desmentir públicamente a los malévolos que pretenden que vivimos bajo un gobierno más bien poco dispuesto con los literatos.
Or, c′est la première partie de ce précieux manuscrit que nous offrons aujourd′hui à nos lecteurs, en lui restituant le titre qui lui convient, prenant l′engagement, si, comme nous n′en doutons pas, cette première partie obtient le succès qu′elle mérite, de publier incessamment la seconde.Ahora bien, lo que hoy ofrecemos a nuestros lectores es la primera parte de ese manuscrito, restituyéndole el título que le conviene, comprometiéndonos a publicar inmediatamente la segunda si, como estamos seguros, esta primera parte obtiene el éxito que merece.
En attendant, comme le parrain est un second père, nous invitons le lecteur à s′en prendre à nous, et non au comte de La Fère, de son plaisir ou de son ennui.Mientras tanto, como el padrino es un segundo padre, invitamos al lector a echar la culpa de su placer o de su aburrimiento a nosotros y no al conde de La Fère.
Cela posé, passons à notre histoire.Sentado esto, pasemos a nuestra historia.






CHAPITRE PREMIER -- LES TROIS PRÉSENTS DE M. D′ARTAGNAN PÈRE

Capítulo 1 -- Los tres presentes del señor D′Artagnan padre

Le premier lundi du mois d′avril 1625, le bourg de Meung, où naquit l′auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s′enfuir les femmes du côté de la Grande-Rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d′endosser la cuirasse et, appuyant leur contenance quelque peu incertaine d′un mousquet ou d′une pertuisane, se dirigeaient vers l′hôtellerie du Franc Meunier, devant laquelle s′empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compact, bruyant et plein de curiosité.El primer lunes del mes de abril de 1625, el burgo de Meung, donde nació el autor del Roman de la Rose, parecía estar en una revolución tan completa como si los hugonotes hubieran venido a hacer de ella una segunda Rochelle. Muchos burgueses, al ver huir a las mujeres por la calle Mayor, al oír gritar a los niños en el umbral de las puertas, se apresuraban a endosarse la coraza y, respaldando su aplomo algo incierto con un mosquete o una partesana, se dirigían hacia la hostería del Franc Meunier,ante la cual bullía, creciendo de minuto en minuto, un grupo compacto, ruidoso y lleno de curiosidad.
En ce temps-là les paniques étaient fréquentes, et peu de jours se passaient sans qu′une ville ou l′autre enregistrât sur ses archives quelque événement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux; il y avait le roi qui faisait la guerre au cardinal; il y avait l′Espagnol qui faisait la guerre au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrètes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre à tout le monde. Les bourgeois s′armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais, — souvent contre les seigneurs et les huguenots, — quelquefois contre le roi, — mais jamais contre le cardinal et l′Espagnol. Il résulta donc de cette habitude prise, que, ce susdit premier lundi du mois d′avril 1625, les bourgeois, entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrée du duc de Richelieu, se précipitèrent du côté de l′hôtel du Franc Meunier.En ese tiempo los pánicos eran frecuentes, y pocos días pasaban sin que una aldea a otra registrara en sus archivos algún acontecimiento de ese género. Estaban los señores que guerreaban entre sí; estaba el rey que hacía la guerra al cardenal; estaba el Español que hacía la guerra al rey. Luego, además de estas guerras sordas o públicas, secretas o patentes, estaban los ladrones, los mendigos, los hugonotes, los lobos y los lacayos que hacían la guerra a todo el mundo. Los burgueses se armaban siempre contra los ladrones, contra los lobos, contra los lacayos, con frecuencia contra los señores y los hugonotes, algunas veces contra el rey, pero nunca contra el cardenal ni contra el Español. De este hábito adquirido resulta, pues, que el susodicho primer lunes del mes de abril de 1625, los burgueses, al oír el barullo y no ver ni el banderín amarillo y rojo ni la librea del duque de Richelieu, se precipitaron hacia la hostería del Franc Meunier.
Arrivé là, chacun put voir et reconnaître la cause de cette rumeur.Llegados allí, todos pudieron ver y reconocer la causa de aquel jaleo.
Un jeune homme… — traçons son portrait d′un seul trait de plume: figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d′un pourpoint de laine dont la couleur bleue s′était transformée en une nuance insaisissable de lie-de-vin et d′azur céleste. Visage long et brun; la pommette des joues saillante, signe d′astuce; les muscles maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait un béret orné d′une espèce de plume; l′oeil ouvert et intelligent; le nez crochu, mais finement dessiné; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et qu′un oeil peu exercé eût pris pour un fils de fermier en voyage, sans sa longue épée qui, pendue à un baudrier de peau, battait les mollets de son propriétaire quand il était à pied, et le poil hérissé de sa monture quand il était à cheval.Un joven..., pero hagamos su retrato de un solo trazo: figuraos a don Quijote a los dieciocho años, un don Quijote descortezado, sin cota ni quijotes, un don Quijote revestido de un jubón de lana cuyo color azul se había transformado en un matiz impreciso de heces y de azul celeste. Cara larga y atezada; el pómulo de las mejillas saliente, signo de astucia; los músculos maxilares enormente desarrollados, índice infalible por el que se reconocía al gascón, incluso sin boina, y nuestro joven llevaba una boina adornada con una especie de pluma; los ojos abiertos a inteligentes; la nariz ganchuda, pero finamente diseñada; demasiado grande para ser un adolescente, demasiado pequeña para ser un hombre hecho, un ojo poco acostumbrado le habría tomado por un hijo de aparcero de viaje, de no ser por su larga espada que, prendida de un tahalí de piel, golpeaba las pantorrillas de su propietario cuando estaba de pie, y el pelo erizado de su montura cuando estaba a caballo.
Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture était même si remarquable, qu′elle fut remarquée: c′était un bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, sans crins à la queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant la tête plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile l′application de la martingale, faisait encore également ses huit lieues par jour. Malheureusement les qualités de ce cheval étaient si bien cachées sous son poil étrange et son allure incongrue, que dans un temps où tout le monde se connaissait en chevaux, l′apparition du susdit bidet à Meung, où il était entré il y avait un quart d′heure à peu près par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la défaveur rejaillit jusqu′à son cavalier.Porque nuestro joven tenía montura, y esa montura era tan notable que fue notada: era una jaca del Béam, de doce á catorce años, de pelaje amarillo, sin crines en la cola, mas no sin gabarros en las patas, y que, caminando con la cabeza más abajo de las rodillas, lo cual volvía inútil la aplicación de la martingala, hacía pese a todo sus ocho leguas diarias. Por desgracia, las cualidades de este caballo estaban tan bien ocultas bajo su pelaje extraño y su porte incongruente que, en una época en que todo el mundo entendía de caballos, la aparición de la susodicha jaca en Meung, donde había entrado hacía un cuarto de hora más o menos por la puerta de Beaugency, produjo una sensación cuyo disfavor repercutió sobre su caballero.
Et cette sensation avait été d′autant plus pénible au jeune d′Artagnan (ainsi s′appelait le don Quichotte de cette autre Rossinante), qu′il ne se cachait pas le côté ridicule que lui donnait, si bon cavalier qu′il fût, une pareille monture; aussi avait-il fort soupiré en acceptant le don que lui en avait fait M. d′Artagnan père. Il n′ignorait pas qu′une pareille bête valait au moins vingt livres: il est vrai que les paroles dont le présent avait été accompagné n′avaient pas de prix.Y esa sensación había sido tanto más penosa para el joven D′Artagnan (así se llamaba el don Quijote de este nuevo Rocinante) cuanto que no se le ocultaba el lado ridículo que le prestaba, por buen caballero que fuese, semejante montura; también él había lanzado un fuerte suspiro al aceptar el regalo que le había hecho el señor D′Artagnan padre. No ignoraba que una bestia semejante valía por lo menos veinte libras; cierto que las palabras con que el presente vino acompañado no tenían precio.
«Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon — dans ce pur patois de Béarn dont Henri IV n′avait jamais pu parvenir à se défaire —, mon fils, ce cheval est né dans la maison de votre père, il y a tantôt treize ans, et y est resté depuis ce temps-là, ce qui doit vous porter à l′aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, ménagez-le comme vous ménageriez un vieux serviteur. À la cour, continua M. d′Artagnan père, si toutefois vous avez l′honneur d′y aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne des droits, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, qui a été porté dignement par vos ancêtres depuis plus de cinq cents ans. Pour vous et pour les vôtres — par les vôtres, j′entends vos parents et vos amis —, ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et du roi. C′est par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, qu′un gentilhomme fait son chemin aujourd′hui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-être échapper l′appât que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous êtes jeune, vous devez être brave par deux raisons: la première, c′est que vous êtes Gascon, et la seconde, c′est que vous êtes mon fils. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre à manier l′épée; vous avez un jarret de fer, un poignet d′acier; battez-vous à tout propos; battez-vous d′autant plus que les duels sont défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre. Je n′ai, mon fils, à vous donner que quinze écus, mon cheval et les conseils que vous venez d′entendre. Votre mère y ajoutera la recette d′un certain baume qu′elle tient d′une bohémienne, et qui a une vertu miraculeuse pour guérir toute blessure qui n′atteint pas le coeur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et longtemps. — Je n′ai plus qu′un mot à ajouter, et c′est un exemple que je vous propose, non pas le mien, car je n′ai, moi, jamais paru à la cour et n′ai fait que les guerres de religion en volontaire; je veux parler de M. de Tréville, qui était mon voisin autrefois, et qui a eu l′honneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis treizième, que Dieu conserve! Quelquefois leurs jeux dégénéraient en bataille et dans ces batailles le roi n′était pas toujours le plus fort. Les coups qu′il en reçut lui donnèrent beaucoup d′estime et d′amitié pour M. de Tréville. Plus tard, M. de Tréville se battit contre d′autres dans son premier voyage à Paris, cinq fois; depuis la mort du feu roi jusqu′à la majorité du jeune sans compter les guerres et les sièges, sept fois; et depuis cette majorité jusqu′aujourd′hui, cent fois peut-être! — Aussi, malgré les édits, les ordonnances et les arrêts, le voilà capitaine des mousquetaires, c′est-à-dire chef d′une légion de Césars, dont le roi fait un très grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grand-chose, comme chacun sait. De plus, M. de Tréville gagne dix mille écus par an; c′est donc un fort grand seigneur. — Il a commencé comme vous, allez le voir avec cette lettre, et réglez-vous sur lui, afin de faire comme lui.»-Hijo mío -había dicho el gentilhombre gascón en ese puro patoisde Béam del que jamás había podido desembarazarse Enrique IV-, hijo mío, este caballo ha nacido en la casa de vuestro padre, tendrá pronto trece años, y ha permanecido aquí todo ese tiempo, lo que debe llevaros a amarlo. No lo vendáis jamás, dejadle morir tranquila y honorablemente de viejo; y si hacéis campaña con él, cuidadlo como cuidaríais a un viejo servidor. En la corte -continuó el señor D′Artagnan padre-, si es que tenéis el honor de ir a ella, honor al que por lo demás os da derecho vuestra antigua nobleza, mantened dignamente vuestro nombre de gentilhombre, que ha sido dignamente llevado por vuestros antepasados desde hace más de quinientos años. Por vos y por los vuestros (por los vuestros entiendo vuestros parientes y amigos) no soportéis nunca nada salvo del señor cardenal y del rey. Por el valor, entendedlo bien, sólo por el valor se labra hoy día un gentilhombre su camino. Quien tiembla un segundo deja escapar quizá el cebo que precisamente durante ese segundo la fortuna le tendía. Sois joven, debéis ser valiente por dos razones: la primera, porque sois gascón, y la segunda porque sois hijo mío. No temáis las ocasiones y buscad las aventuras. Os he hecho aprender a manejar la espada; tenéis un jarrete de hierro, un puño de acero; batíos por cualquier motivo; batíos, tanto más cuanto que están prohibidos los duelos, y por consiguiente hay dos veces valor al batirse. No tengo, hijo mío, más que quince escudos que daros, mi caballo y los consejos que acabáis de oír. Vuestra madre añadirá la receta de cierto bálsamo que supo de una gitana y que tiene una virtud milagrosa para curar cualquier herida que no alcance el corazón. Sacad provecho de todo, y vivid felizmente y por mucho tiempo. Sólo tengo una cosa que añadir, y es un ejemplo que os propongo, no el mío porque yo nunca he aparecido por la corte y sólo hice las guerras de religión como voluntario; me refiero al señor de Tréville, que fue antaño vecino mío, y que tuvo el honor siendo niño de jugar con nuestro rey Luis XIII, a quien Dios conserve. A veces sus juegos degeneraban en batalla, y en esas batallas no siempre era el rey el más fuerte. Los golpes que en ellas recibió le proporcionaron mucha estima y amistad hacia el señor de Tréville. Más tarde, el señor de Tréville se batió contra otros en su primer viaje a Paris, cinco veces; tras la muerte del difunto rey hasta la mayoría del joven, sin contar las guerras y los asedios, siete veces; y desde esa mayoría hasta hoy, quizá cien. Y pese a los edictos, las ordenanzas y los arrestos, vedle capitán de los mosqueteros, es decir, jefe de una legión de Césares a quien el rey hace mucho caso y a quien el señor cardenal teme, precisamente él que, como todos saben, no teme a nada. Además, el señor de Tréville gana diez mil escudos al año; es por tanto un gran señor. Comenzó como vos: idle a ver con esta carta, y amoldad vuestra conducta a la suya, para ser como él.
Sur quoi, M. d′Artagnan père ceignit à son fils sa propre épée, l′embrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bénédiction.Con esto, el señor D′Artagnan padre ciñó a su hijo su propia espada, lo besó tiernamente en ambas mejillas y le dio su bendición.
En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva sa mère qui l′attendait avec la fameuse recette dont les conseils que nous venons de rapporter devaient nécessiter un assez fréquent emploi. Les adieux furent de ce côté plus longs et plus tendres qu′ils ne l′avaient été de l′autre, non pas que M. d′Artagnan n′aimât son fils, qui était sa seule progéniture, mais M. d′Artagnan était un homme, et il eût regardé comme indigne d′un homme de se laisser aller à son émotion, tandis que Mme d′Artagnan était femme et, de plus, était mère. — Elle pleura abondamment, et, disons-le à la louange de M. d′Artagnan fils, quelques efforts qu′il tentât pour rester ferme comme le devait être un futur mousquetaire, la nature l′emporta et il versa force larmes, dont il parvint à grand-peine à cacher la moitié.Al salir de la habitación paterna, el joven encontró a su madre, que lo esperaba con la famosa receta cuyo empleo los consejos que acabamos de referir debían hacer bastante frecuente. Los adioses fueron por este lado más largos y tiernos de lo que habían sido por el otro, no porque el señor D′Artagnan no amara a su hijo, que era su único vástago, sino porque el señor D′Artagnan era hombre, y hubiera considerado indigno de un hombre dejarse llevar por la emoción, mientras que la señora D′Artagnan era mujer y, además, madre. Lloró en abundancia y, digámoslo en alabanza del señor D′Artagnan hijo, por más esfuerzo que él hizo por aguantar sereno como debía estarlo un futuro mosquetero, la naturaleza pudo más, y derramó muchas lágrimas de las que a duras penas consiguió ocultar la mitad.
Le même jour le jeune homme se mit en route, muni des trois présents paternels et qui se composaient, comme nous l′avons dit, de quinze écus, du cheval et de la lettre pour M. de Tréville; comme on le pense bien, les conseils avaient été donnés par-dessus le marché.El mismo día el joven se puso en camino, provisto de los tres presentes paternos y que estaban compuestos, como hemos dicho, por trece escudos, el caballo y la carta para el señor de Tréville; como es lógico, los consejos le habían sido dados por añadidura.
Avec un pareil vade-mecum, d′Artagnan se trouva, au moral comme au physique, une copie exacte du héros de Cervantes, auquel nous l′avons si heureusement comparé lorsque nos devoirs d′historien nous ont fait une nécessité de tracer son portrait. Don Quichotte prenait les moulins à vent pour des géants et les moutons pour des armées, d′Artagnan prit chaque sourire pour une insulte et chaque regard pour une provocation. Il en résulta qu′il eut toujours le poing fermé depuis Tarbes jusqu′à Meung, et que l′un dans l′autre il porta la main au pommeau de son épée dix fois par jour; toutefois le poing ne descendit sur aucune mâchoire, et l′épée ne sortit point de son fourreau. Ce n′est pas que la vue du malencontreux bidet jaune n′épanouît bien des sourires sur les visages des passants; mais, comme au-dessus du bidet sonnait une épée de taille respectable et qu′au-dessus de cette épée brillait un oeil plutôt féroce que fier, les passants réprimaient leur hilarité, ou, si l′hilarité l′emportait sur la prudence, ils tâchaient au moins de ne rire que d′un seul côté, comme les masques antiques. D′Artagnan demeura donc majestueux et intact dans sa susceptibilité jusqu′à cette malheureuse ville de Meung.Con semejante vademécum, D′Artagnan se encontró, moral y físicamente, copia exacta del héroe de Cervantes, con quien tan felizmente le hemos comparado cuando nuestros deberes de historiador nos han obligado a trazar su retrato. Don Quijote tomaba los molinos de viento por gigantes y los carneros por ejércitos: D′Artagnan tomó cada sonrisa por un insulto y cada mirada por una provocación. De ello resultó que tuvo siempre el puño apretado desde Tarbes hasta Meung y que, un día con otro, llevó la mano a la empuñadura de su espada diez veces diarias; sin embargo, el puño no descendió sobre ninguna mandíbula, ni la espada salió de su vaina. Y no es que la vista de la malhadada jaca amarilla no hiciera florecer sonrisas en los rostros de los que pasaban; pero como encima de la jaca tintineaba una espada de tamaño respetable y encima de esa espada brillaba un ojo más feroz que noble, los que pasaban reprimían su hilaridad, o, si la hilaridad dominaba a la prudencia, trataban por lo menos de reírse por un solo lado, como las máscaras antiguas. D′Artagnan permaneció, pues, majestuoso a intacto en su susceptibilidad hasta esa desafortunada villa de Meung.
Mais là, comme il descendait de cheval à la porte du Franc Meunier sans que personne, hôte, garçon ou palefrenier, fût venu prendre l′étrier au montoir, d′Artagnan avisa à une fenêtre entrouverte du rez-de-chaussée un gentilhomme de belle taille et de haute mine, quoique au visage légèrement renfrogné, lequel causait avec deux personnes qui paraissaient l′écouter avec déférence. D′Artagnan crut tout naturellement, selon son habitude, être l′objet de la conversation et écouta. Cette fois, d′Artagnan ne s′était trompé qu′à moitié: ce n′était pas de lui qu′il était question, mais de son cheval. Le gentilhomme paraissait énumérer à ses auditeurs toutes ses qualités, et comme, ainsi que je l′ai dit, les auditeurs paraissaient avoir une grande déférence pour le narrateur, ils éclataient de rire à tout moment. Or, comme un demi-sourire suffisait pour éveiller l′irascibilité du jeune homme, on comprend quel effet produisit sur lui tant de bruyante hilarité.Pero aquí, cuando descendía de su caballo a la puerta del Franc Meuniersin que nadie, hostelero, mozo o palafrenero, hubiera venido a coger el estribo de montar, D′Artagnan divisó en una ventana entreabierta de la planta baja a un gentilhombre de buena estatura y altivo gesto aunque de rostro ligeramente ceñudo, hablando con dos personas que parecían escucharle con deferencia. D′Artagnan, según su costumbre, creyó muy naturalmente ser objeto de la conversación y escuchó. Esta vez D′Artagnan sólo se había equivocado a medias: no se trataba de él, sino de su caballo. El gentilhombre parecía enumerar a sus oyentes todas sus cualidades y como, según he dicho, los oyentes parecían tener gran deferencia hacia el narrador, se echaban a reír a cada instante. Como media sonrisa bastaba para despertar la irascibilidad del joven, fácilmente se comprenderá el efecto que en él produjo tan ruidosa hilaridad.
Cependant d′Artagnan voulut d′abord se rendre compte de la physionomie de l′impertinent qui se moquait de lui. Il fixa son regard fier sur l′étranger et reconnut un homme de quarante à quarante-cinq ans, aux yeux noirs et perçants, au teint pâle, au nez fortement accentué, à la moustache noire et parfaitement taillée; il était vêtu d′un pourpoint et d′un haut-de-chausses violet avec des aiguillettes de même couleur, sans aucun ornement que les crevés habituels par lesquels passait la chemise. Ce haut- de-chausses et ce pourpoint, quoique neufs, paraissaient froissés comme des habits de voyage longtemps renfermés dans un portemanteau. D′Artagnan fit toutes ces remarques avec la rapidité de l′observateur le plus minutieux, et sans doute par un sentiment instinctif qui lui disait que cet inconnu devait avoir une grande influence sur sa vie à venir.Sin embargo, D′Artagnan quiso primero hacerse idea de la fisonomía del impertinente que se burlaba de él. Clavó su mirada altiva sobre el extraño y reconoció un hombre de cuarenta a cuarenta y cinco años, de ojos negros y penetrantes, de tez pálida, nariz fuertemente pronunciada, mostacho negro y perfectamente recortado; iba vestido con un jubón y calzas violetas con agujetas de igual color, sin más adorno que las cuchilladas habituales por las que pasaba la camisa. Aquellas calzas y aquel jubón, aunque nuevos, parecían arrugados como vestidos de viaje largo tiempo encerrados en un baúl. D′Artagnan hizo todas estas observaciones con la rapidez del observador más minucioso, y, sin duda, por un sentimiento instintivo que le decía que aquel desconocido debía tener gran influencia sobre su vida futura.
Or, comme au moment où d′Artagnan fixait son regard sur le gentilhomme au pourpoint violet, le gentilhomme faisait à l′endroit du bidet béarnais une de ses plus savantes et de ses plus profondes démonstrations, ses deux auditeurs éclatèrent de rire, et lui-même laissa visiblement, contre son habitude, errer, si l′on peut parler ainsi, un pâle sourire sur son visage. Cette fois, il n′y avait plus de doute, d′Artagnan était réellement insulté. Aussi, plein de cette conviction, enfonça-t-il son béret sur ses yeux, et, tâchant de copier quelques-uns des airs de cour qu′il avait surpris en Gascogne chez des seigneurs en voyage, il s′avança, une main sur la garde de son épée et l′autre appuyée sur la hanche. Malheureusement, au fur et à mesure qu′il avançait, la colère l′aveuglant de plus en plus, au lieu du discours digne et hautain qu′il avait préparé pour formuler sa provocation, il ne trouva plus au bout de sa langue qu′une personnalité grossière qu′il accompagna d′un geste furieux.Y como en el momento en que D′Artagnan fijaba su mirada en el gentilhombre de jubón violeta, el gentilhombre hacía respecto a la jaca bearnesa una de sus más sabias y más profundas demostraciones, sus dos oyentes estallaron en carcajadas, y él mismo dejó, contra su costumbre, vagar visiblemente, si es que se puede hablar así, una pálida sonrisa sobre su rostro. Aquella vez no había duda, D′Artagnan era realmente insultado. Por eso, lleno de tal convicción, hundió su boina hasta los ojos y, tratando de copiar algunos aires de corte que había sorprendido en Gascuña entre los señores de viaje, se adelantó, con una mano en la guarnición de su espada y la otra apoyada en la cadera. Desgraciadamente, a medida que avanzaba, la cólera le enceguecía más y más, y en vez del discurso digno y altivo que había preparado para formular su provocación, sólo halló en la punta de su lengua una personalidad grosera que acompañó con un gesto furioso.
«Eh! Monsieur, s′écria-t-il, monsieur, qui vous cachez derrière ce volet! oui, vous, dites-moi donc un peu de quoi vous riez, et nous rirons ensemble.»-¡Eh, señor! -exclamó-. ¡Señor, que os ocultáis tras ese postigo! Sí, vos, decidme un poco de qué os reís, y nos reiremos juntos.
Le gentilhomme ramena lentement les yeux de la monture au cavalier, comme s′il lui eût fallu un certain temps pour comprendre que c′était à lui que s′adressaient de si étranges reproches; puis, lorsqu′il ne put plus conserver aucun doute, ses sourcils se froncèrent légèrement, et après une assez longue pause, avec un accent d′ironie et d′insolence impossible à décrire, il répondit à d′Artagnan:El gentilhombre volvió lentamente los ojos de la montura al caballero, como si hubiera necesitado cierto tiempo para comprender que era a él a quien se dirigían tan extraños reproches; luego, cuando no pudo albergar ya ninguna duda, su ceño se frunció ligeramente y tras una larga pausa, con un acento de ironía y de insolencia imposible de describir, respondió a D′Artagnan:
«Je ne vous parle pas, monsieur.-Yo no os hablo, señor.
— Mais je vous parle, moi!» s′écria le jeune homme exaspéré de ce mélange d′insolence et de bonnes manières, de convenances et de dédains.-¡Pero yo sí os hablo! -exclamó el joven exasperado por aquella mezcla de insolencia y de buenas maneras, de conveniencias y de desdenes.
L′inconnu le regarda encore un instant avec son léger sourire, et, se retirant de la fenêtre, sortit lentement de l′hôtellerie pour venir à deux pas de d′Artagnan se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublé l′hilarité de ceux avec lesquels il causait et qui, eux, étaient restés à la fenêtre.El desconocido lo miró un instante todavía con su leve sonrisa y, apartándose de la ventana, salió lentamente de la hostería para venir a plantarse a dos pasos de D′Artagnan frente al caballo. Su actitud tranquila y su fisonomía burlona habían redoblado la hilaridad de aquellos con quienes hablaba y que se habían quedado en la ventana.
D′Artagnan, le voyant arriver, tira son épée d′un pied hors du fourreau.D′Artagnan, al verle llegar, sacó su espada un pie fuera de la vaina.
«Ce cheval est décidément ou plutôt a été dans sa jeunesse bouton d′or, reprit l′inconnu continuant les investigations commencées et s′adressant à ses auditeurs de la fenêtre, sans paraître aucunement remarquer l′exaspération de d′Artagnan, qui cependant se redressait entre lui et eux. C′est une couleur fort connue en botanique, mais jusqu′à présent fort rare chez les chevaux.-Decididamente este caballo es, o mejor, fue en su juventud botón de oro -dijo el desconocido continuando las investigaciones comenzadas y dirigiéndose a sus oyentes de la ventana, sin aparentar en modo alguno notar la exasperación de D′Artagnan, que sin embargo estaba de pie entre él y ellos-; es un color muy conocido en botánica, pero hasta el presente muy raro entre los caballos.
— Tel rit du cheval qui n′oserait pas rire du maître! s′écria l′émule de Tréville, furieux.-¡Así se ríe del caballo quien no osaría reírse del amo! -exclamó el émulo de Tréville, furioso.
— Je ne ris pas souvent, monsieur, reprit l′inconnu, ainsi que vous pouvez le voir vous-même à l′air de mon visage; mais je tiens cependant à conserver le privilège de rire quand il me plaît.-Señor -prosiguió el desconocido-, no río muy a menudo, como vos mismo podéis ver por el aspecto de mi rostro; pero procuro conservar el privilegio de reír cuando me place.
— Et moi, s′écria d′Artagnan, je ne veux pas qu′on rie quand il me déplaît!-¡Y yo -exclamó D′Artagnan- no quiero que nadie ría cuando no me place!
— En vérité, monsieur? continua l′inconnu plus calme que jamais, eh bien, c′est parfaitement juste.» Et tournant sur ses talons, il s′apprêta à rentrer dans l′hôtellerie par la grande porte, sous laquelle d′Artagnan en arrivant avait remarqué un cheval tout sellé.-¿De verdad, señor? -continuó el desconocido más tranquilo que nunca-. Pues bien, es muy justo -y girando sobre sus talones se dispuso a entrar de nuevo en la hostería por la puerta principal, bajo la que D′Artagnan, al llegar, había observado un caballo completamente ensillado.
Mais d′Artagnan n′était pas de caractère à lâcher ainsi un homme qui avait eu l′insolence de se moquer de lui. Il tira son épée entièrement du fourreau et se mit à sa poursuite en criant:Pero D′Artagnan no tenía carácter para soltar así a un hombre que había tenido la insolencia de burlarse de él. Sacó su espada por entero de la funda y comenzó a perseguirle gritando:
«Tournez, tournez donc, monsieur le railleur, que je ne vous frappe point par-derrière.-¡Volveos, volveos, señor burlón, para que no os hiera por la espalda!
— Me frapper, moi! dit l′autre en pivotant sur ses talons et en regardant le jeune homme avec autant d′étonnement que de mépris. Allons, allons donc, mon cher, vous êtes fou!»-¡Herirme a mí! -dijo el otro girando sobre sus talones y mirando al joven con tanto asombro como desprecio-. ¡Vamos, vamos, querido, estáis loco!
Puis, à demi-voix, et comme s′il se fût parlé à lui-même:Luego, en voz baja y como si estuviera hablando consigo mismo:
«C′est fâcheux, continua-t-il, quelle trouvaille pour Sa Majesté, qui cherche des braves de tous côtés pour recruter ses mousquetaires!»-Es enojoso -prosiguió-. ¡Qué hallazgo para su majestad, que busca valientes de cualquier sitio para reclutar mosqueteros!
Il achevait à peine, que d′Artagnan lui allongea un si furieux coup de pointe, que, s′il n′eût fait vivement un bond en arrière, il est probable qu′il eût plaisanté pour la dernière fois. L′inconnu vit alors que la chose passait la raillerie, tira son épée, salua son adversaire et se mit gravement en garde. Mais au même moment ses deux auditeurs, accompagnés de l′hôte, tombèrent sur d′Artagnan à grands coups de bâtons, de pelles et de pincettes. Cela fit une diversion si rapide et si complète à l′attaque, que l′adversaire de d′Artagnan, pendant que celui-ci se retournait pour faire face à cette grêle de coups, rengainait avec la même précision, et, d′acteur qu′il avait manqué d′être, redevenait spectateur du combat, rôle dont il s′acquitta avec son impassibilité ordinaire, tout en marmottant néanmoins:Acababa de terminar cuando D′Artagnan le alargó una furiosa estocada que, de no haber dado con presteza un salto hacia atrás, es probable que hubiera bromeado por última vez. El desconocido vio entonces que la cosa pasaba de broma, sacó su espada, saludó a su adversario y se puso gravemente en guardia. Pero en el mismo momento, sus dos oyentes, acompañados del hostelero, cayeron sobre D′Artagnan a bastonazos, patadas y empellones. Lo cual fue una diversión tan rápida y tan completa en el ataque, que el adversario de D′Artagnan, mientras éste se volvía para hacer frente a aquella lluvia de golpes, envainaba con la misma precisión, y, de actor que había dejado de ser, se volvía de nuevo espectador del combate, papel que cumplió con su impasibilidad de siempre, mascullando sin embargo:
«La peste soit des Gascons! Remettez-le sur son cheval orange, et qu′il s′en aille!-¡Vaya peste de gascones! ¡Ponedlo en su caballo naranja, y que se vaya!
— Pas avant de t′avoir tué, lâche!» criait d′Artagnan tout en faisant face du mieux qu′il pouvait et sans reculer d′un pas à ses trois ennemis, qui le moulaient de coups.-¡No antes de haberte matado, cobarde! -gritaba D′Artagnan mientras hacía frente lo mejor que podía y sin retroceder un paso a sus tres enemigos, que lo molían a golpes.
«Encore une gasconnade, murmura le gentilhomme. Sur mon honneur, ces Gascons sont incorrigibles! Continuez donc la danse, puisqu′il le veut absolument. Quand il sera las, il dira qu′il en a assez.»-¡Una gasconada más! -murmuró el gentilhombre-. ¡A fe mía que estos gascones son incorregibles! ¡Continuad la danza, pues que lo quiere! Cuando esté cansado ya dirá que tiene bastante.
Mais l′inconnu ne savait pas encore à quel genre d′entêté il avait affaire; d′Artagnan n′était pas homme à jamais demander merci. Le combat continua donc quelques secondes encore; enfin d′Artagnan, épuisé, laissa échapper son épée qu′un coup de bâton brisa en deux morceaux. Un autre coup, qui lui entama le front, le renversa presque en même temps tout sanglant et presque évanoui.Pero el desconocido no sabía con qué clase de testarudo tenía que habérselas; D′Artagnan no era hombre que pidiera merced nunca. El combate continuó, pues, algunos segundos todavía; por fin, D′Artagnan, agotado dejó escapar su espada que un golpe rompió en dos trozos. Otro golpe que le hirió ligeramente en la frente, lo derribó casi al mismo tiempo todo ensangrentado y casi desvanecido.
C′est à ce moment que de tous côtés on accourut sur le lieu de la scène. L′hôte, craignant du scandale, emporta, avec l′aide de ses garçons, le blessé dans la cuisine où quelques soins lui furent accordés.En este momento fue cuando de todas partes acudieron al lugar de la escena. El hostelero, temiendo el escándalo, llevó con la ayuda de sus mozos al herido a la cocina, donde le fueron otorgados algunos cuidados.
Quant au gentilhomme, il était revenu prendre sa place à la fenêtre et regardait avec une certaine impatience toute cette foule, qui semblait en demeurant là lui causer une vive contrariété.En cuanto al gentilhombre, había vuelto a ocupar su sitio en la ventana y miraba con cierta impaciencia a todo aquel gentío cuya permanencia allí parecía causarle viva contrariedad.
«Eh bien, comment va cet enragé? reprit-il en se retournant au bruit de la porte qui s′ouvrit et en s′adressant à l′hôte qui venait s′informer de sa santé.-Y bien, ¿qué tal va ese rabioso? -dijo volviéndose al ruido de la puerta que se abrió y dirigiéndose al hostelero que venía a informarse sobre su salud.
— Votre Excellence est saine et sauve? demanda l′hôte.-¿Vuestra excelencia está sano y salvo? -preguntó el hostelero.
— Oui, parfaitement saine et sauve, mon cher hôtelier, et c′est moi qui vous demande ce qu′est devenu notre jeune homme.-Sí, completamente sano y salvo, mi querido hostelero, y soy yo quien os prequnta qué ha pasado con nuestro joven.
— Il va mieux, dit l′hôte: il s′est évanoui tout à fait.-Ya esta mejor -dijo el hostelero-: se ha desvanecido totalmente.
— Vraiment? fit le gentilhomme.-¿De verdad? -dijo el gentilhombre.
— Mais avant de s′évanouir il a rassemblé toutes ses forces pour vous appeler et vous défier en vous appelant.-Pero antes de desvanecerse ha reunido todas sus fuerzas para llamaros y desafiaros al llamaros.
— Mais c′est donc le diable en personne que ce gaillard-là! s′écria l′inconnu.-¡Ese buen mozo es el diablo en persona! -exclamó el desconocido.
— Oh! non, Votre Excellence, ce n′est pas le diable, reprit l′hôte avec une grimace de mépris, car pendant son évanouissement nous l′avons fouillé, et il n′a dans son paquet qu′une chemise et dans sa bourse que onze écus, ce qui ne l′a pas empêché de dire en s′évanouissant que si pareille chose était arrivée à Paris, vous vous en repentiriez tout de suite, tandis qu′ici vous ne vous en repentirez que plus tard.-¡Oh, no, excelencia, no es el diablo! -prosiguió el hostelero con una mueca de desprecio-. Durante su desvanecimiento lo hemos registrado, y en su paquete no hay más que una camisa y en su bolsa nada más que doce escudos, lo cual no le ha impedido decir al desmayarse que, si tal cosa le hubiera ocurrido en Paris, os arrepentiríais en el acto, mientras que aquí sólo os arrepentiréis más tarde.
— Alors, dit froidement l′inconnu, c′est quelque prince du sang déguisé.-Entonces -dijo fríamente el desconocido-, es algún príncipe de sangre disfrazado.
— Je vous dis cela, mon gentilhomme, reprit l′hôte, afin que vous vous teniez sur vos gardes.-Os digo esto, mi señor -prosiguió el hostelero-, para que toméis precauciones.
— Et il n′a nommé personne dans sa colère?-¿Y ha nombrado a alguien en medio de su cólera?
— Si fait, il frappait sur sa poche, et il disait: «Nous verrons ce que M. de Tréville pensera de cette insulte faite à son protégé.-Lo ha hecho, golpeaba sobre su bolso y decía: "Ya veremos lo que el señor de Tréville piensa de este insulto a su protegido."
— M. de Tréville? dit l′inconnu en devenant attentif; il frappait sur sa poche en prononçant le nom de M. de Tréville?… Voyons, mon cher hôte, pendant que votre jeune homme était évanoui, vous n′avez pas été, j′en suis bien sûr, sans regarder aussi cette poche-là. Qu′y avait-il?-¿El señor de Tréville? -dijo el desconocido prestando atención-. ¿Golpeaba sobre su bolso pronunciando el nombre del señor de Tréville?... Veamos, querido hostelero: mientras vuestro joven estaba desvanecido estoy seguro de que no habréis dejado de mirar también ese bolso. ¿Qué había?
— Une lettre adressée à M. de Tréville, capitaine des mousquetaires.-Una carta dirigida al señor de Tréville, capitán de los mosqueteros.
— En vérité!-¿De verdad?
— C′est comme j′ai l′honneur de vous le dire, Excellence.»-Como tengo el honor de decíroslo, excelencia.
L′hôte, qui n′était pas doué d′une grande perspicacité, ne remarqua point l′expression que ses paroles avaient donnée à la physionomie de l′inconnu. Celui-ci quitta le rebord de la croisée sur lequel il était toujours resté appuyé du bout du coude, et fronça le sourcil en homme inquiet.El hostelero, que no estaba dotado de gran perspiscacia, no observó la expresión que sus palabras habían dado a la fisonomía del desconocido. Este se apartó del reborde de la ventana sobre el que había permanecido apoyado con la punta del codo, y frunció el ceño como hombre inquieto.
«Diable! murmura-t-il entre ses dents, Tréville m′aurait-il envoyé ce Gascon? il est bien jeune! Mais un coup d′épée est un coup d′épée, quel que soit l′âge de celui qui le donne, et l′on se défie moins d′un enfant que de tout autre; il suffit parfois d′un faible obstacle pour contrarier un grand dessein.»-¡Diablos! -murmuró entre dientes-. ¿Me habrá enviado Tréville a ese gascón? ¡Es muy joven! Pero una estocada es siempre una estocada, cualquiera que sea la edad de quien la da, y no hay por qué desconfiar menos de un niño que de cualquier otro; basta a veces un débil obstáculo para contrariar un gran designio.
Et l′inconnu tomba dans une réflexion qui dura quelques minutes.Y el desconocido se sumió en una reflexión que duró algunos minutos.
«Voyons, l′hôte, dit-il, est-ce que vous ne me débarrasserez pas de ce frénétique? En conscience, je ne puis le tuer, et cependant, ajouta-t-il avec une expression froidement menaçante, cependant il me gêne. Où est-il?-Veamos, huésped -dijo-, ¿es que no me vais a librar de ese frenético? En conciencia, no puedo matarlo, y sin embargo -añadió con una expresión fríamente amenazadora-, sin embargo, me molesta. ¿Dónde está?
— Dans la chambre de ma femme, où on le panse, au premier étage.-En la habitación de mi mujer, donde se le cura, en el primer piso.
— Ses hardes et son sac sont avec lui? il n′a pas quitté son pourpoint?-¿Sus harapos y su bolsa están con él? ¿No se ha quitado el jubón?
— Tout cela, au contraire, est en bas dans la cuisine. Mais puisqu′il vous gêne, ce jeune fou…-Al contrario, todo está abajo, en la cocina. Pero dado que ese joven loco os molesta...
— Sans doute. Il cause dans votre hôtellerie un scandale auquel d′honnêtes gens ne sauraient résister. Montez chez vous, faites mon compte et avertissez mon laquais.-Por supuesto. Provoca en vuestra hostería un escándalo que las gentes honradas no podrían aguantar. Subid a vuestro cuarto, haced mi cuenta y avisad a mi lacayo.
— Quoi! Monsieur nous quitte déjà?-¿Cómo? ¿El señor nos deja ya?
— Vous le savez bien, puisque je vous avais donné l′ordre de seller mon cheval. Ne m′a-t-on point obéi?-Lo sabéis de sobra, puesto que os he dado orden de ensillar mi caballo. ¿No se me ha obedecido?
— Si fait, et comme Votre Excellence a pu le voir, son cheval est sous la grande porte, tout appareillé pour partir.-Claro que sí, y como vuestra excelencia ha podido ver, su caballo está en la entrada principal, completamente aparejado para partir.
— C′est bien, faites ce que je vous ai dit alors.»-Está bien, haced entonces lo que os he pedido.
«Ouais! se dit l′hôte, aurait-il peur du petit garçon?»-¡Vaya! -se dijo el hostelero-. ¿Tendrá miedo del muchacho?
Mais un coup d′oeil impératif de l′inconnu vint l′arrêter court.Il salua humblement et sortit.Pero una mirada imperativa del desconocido vino a detenerle en seco. Saludó humildemente y salió.
«Il ne faut pas que Milady soit aperçue de ce drôle, continua l′étranger: elle ne doit pas tarder à passer: déjà même elle est en retard. Décidément, mieux vaut que je monte à cheval et que j′aille au-devant d′elle… Si seulement je pouvais savoir ce que contient cette lettre adressée à Tréville!»-No es preciso advertir a milady sobre este bribón -continuó el extraño-. No debe tardar en pasar; viene incluso con retraso. Decididamente es mejor que monte a caballo y que vaya a su encuentro... ¡Sólo que si pudiera saber lo que contiene esa carta dirigida a Tréville!...
Et l′inconnu, tout en marmottant, se dirigea vers la cuisine.Y el desconocido, siempre mascullando, se dirigió hacia la cocina.
Pendant ce temps, l′hôte, qui ne doutait pas que ce ne fût la présence du jeune garçon qui chassât l′inconnu de son hôtellerie, était remonté chez sa femme et avait trouvé d′Artagnan maître enfin de ses esprits. Alors, tout en lui faisant comprendre que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti pour avoir été chercher querelle à un grand seigneur — car, à l′avis de l′hôte, l′inconnu ne pouvait être qu′un grand seigneur —, il le détermina, malgré sa faiblesse, à se lever et à continuer son chemin. D′Artagnan à moitié abasourdi, sans pourpoint et la tête tout emmaillotée de linges, se leva donc et, poussé par l′hôte, commença de descendre; mais, en arrivant à la cuisine, la première chose qu′il aperçut fut son provocateur qui causait tranquillement au marchepied d′un lourd carrosse attelé de deux gros chevaux normands.Durante este tiempo, el huésped, que no dudaba de que era la presencia del muchacho lo que echaba al desconocido de su hostería, había subido a la habitación de su mujer y había encontrado a D′Artagnan dueño por fin de sus sentidos. Entonces, tratando de hacerle comprender que la policía podría jugarle una mala pasada por haber ido a buscar querella a un gran señor -porque, en opinión del huésped, el desconocido no podía ser más que un gran señor-, le convenció para que, pese a su debilidad, se levantase y prosiguiese su camino. D′Artagnan, medio aturdido, sin jubón y con la cabeza toda envuelta en vendas, se levantó y, empujado por el hostelero, comenzó a bajar; pero al llegar a la cocina, lo primero que vio fue a su provocador que hablaba tranquilamente al estribo de una pesada carroza tirada por dos gruesos caballos normandos.
Son interlocutrice, dont la tête apparaissait encadrée par la portière, était une femme de vingt à vingt-deux ans. Nous avons déjà dit avec quelle rapidité d′investigation d′Artagnan embrassait toute une physionomie; il vit donc du premier coup d′oeil que la femme était jeune et belle. Or cette beauté le frappa d′autant plus qu′elle était parfaitement étrangère aux pays méridionaux que jusque-là d′Artagnan avait habités. C′était une pâle et blonde personne, aux longs cheveux bouclés tombant sur ses épaules, aux grands yeux bleus languissants, aux lèvres rosées et aux mains d′albâtre. Elle causait très vivement avec l′inconnu.Su interlocutora, cuya cabeza aparecía enmarcada en la portezuela, era una mujer de veinte a veintidós años. Ya hemos dicho con qué rapidez percibía D′Artagnan una fisonomía; al primer vistazo comprobó que la mujer era joven y bella. Pero esta belleza le sorprendió tanto más cuanto que era completamente extraña a las comarcas meridionales que D′Artagnan había habitado hasta entonces. Era una persona pálida y rubia, de largos cabellos que caían en bucles sobre sus hombros, de grandes ojos azules lánguidos, de labios rosados y manos de alabastro. Hablaba muy vivamente con el desconocido.
«Ainsi, Son Éminence m′ordonne…, disait la dame.-Entonces, su eminencia me ordena... -decía la dama.
— De retourner à l′instant même en Angleterre, et de la prévenir directement si le duc quittait Londres.-Volver inmediatamente a Inglaterra, y avisarle directamente si el duque abandona Londres.
— Et quant à mes autres instructions? demanda la belle voyageuse.-Y ¿en cuanto a mis restantes instrucciones? -preguntó la bella viajera.
— Elles sont renfermées dans cette boîte, que vous n′ouvrirez que de l′autre côté de la Manche.-Están guardadas en esa caja, que sólo abriréis al otro lado del canal de la Mancha.
— Très bien; et vous, que faites-vous?-Muy bien, ¿qué haréis vos?
— Moi, je retourne à Paris.-Yo regreso a París.
— Sans châtier cet insolent petit garçon?» demanda la dame.-¿Sin castigar a ese insolente muchachito? -preguntó la dama.
L′inconnu allait répondre: mais, au moment où il ouvrait la bouche, d′Artagnan, qui avait tout entendu, s′élança sur le seuil de la porte.El desconocido iba a responder; pero en el momento en que abría la boca, D′Artagnan, que lo había oído todo, se abalanzó hacia el umbral de la puerta.
«C′est cet insolent petit garçon qui châtie les autres, s′écria-t- il, et j′espère bien que cette fois-ci celui qu′il doit châtier ne lui échappera pas comme la première.-Es ese insolente muchachito el que castiga a los otros -exclamó-, y espero que esta vez aquel a quien debe castigar no escapará como la primera.
— Ne lui échappera pas? reprit l′inconnu en fronçant le sourcil.-¿No escapará? -dijo el desconocido frunciendo el ceño.
— Non, devant une femme, vous n′oseriez pas fuir, je présume.-No, delante de una mujer no osaríais huir, eso presumo.
— Songez, s′écria Milady en voyant le gentilhomme porter la main à son épée, songez que le moindre retard peut tout perdre.-Pensad -dijo milady al ver al gentilhombre llevar la mano a su espada-, pensad que el menor retraso puede perderlo todo.
— Vous avez raison, s′écria le gentilhomme; partez donc de votre côté, moi, je pars du mien.»-Tenéis razón -exclamó el gentilhombre-; partid, pues, por vuestro lado; yo parto por el mío.
Et, saluant la dame d′un signe de tête, il s′élança sur son cheval, tandis que le cocher du carrosse fouettait vigoureusement son attelage. Les deux interlocuteurs partirent donc au galop, s′éloignant chacun par un côté opposé de la rue.Y saludando a la dama con un gesto de cabeza, se abalanzó sobre su caballo, mientras el cochero de la carroza azotaba vigorosamente a su tiro. Los dos interlocutores partieron pues al galope, alejándose cada cual por un lado opuesto de la calle.
«Eh! votre dépense», vociféra l′hôte, dont l′affection pour son voyageur se changeait en un profond dédain en voyant qu′il s′éloignait sans solder ses comptes.-¡Eh, vuestro gasto! -vociferó el hostelero, cuyo afecto a su viajero se trocaba en profundo desdén al ver que se alejaba sin saldar sus cuentas.
«Paie, maroufle», s′écria le voyageur toujours galopant à son laquais, lequel jeta aux pieds de l′hôte deux ou trois pièces d′argent et se mit à galoper après son maître.-Paga, bribón -gritó el viajero, siempre galopando, a su lacayo, el cual arrojó a los pies del hostelero dos o tres monedas de plata, y se puso a galopar tras su señor.
«Ah! lâche, ah! misérable, ah! faux gentilhomme!» cria d′Artagnan s′élançant à son tour après le laquais.-¡Ah, cobarde! ¡Ah, miserable! ¡Ah, falso gentilhombre! -exclamó D′Artagnan lanzándose a su vez tras el lacayo.
Mais le blessé était trop faible encore pour supporter une pareille secousse. À peine eut-il fait dix pas, que ses oreilles tintèrent, qu′un éblouissement le prit, qu′un nuage de sang passa sur ses yeux et qu′il tomba au milieu de la rue, en criant encore:Pero el herido estaba demasiado débil aún para soportar semejante sacudida. Apenas hubo dado diez pasos, cuando sus oídos le zumbaron, le dominó un vahído, una nube de sangre pasó por sus ojos, y cayó en medio de la calle gritando todavía:
«Lâche! lâche! lâche!-¡Cobarde, cobarde, cobarde!
— Il est en effet bien lâche», murmura l′hôte en s′approchant de d′Artagnan, et essayant par cette flatterie de se raccommoder avec le pauvre garçon, comme le héron de la fable avec son limaçon du soir.-En efecto, es muy cobarde -murmuró el hostelero aproximándose a D′Artagnan, y tratando mediante esta adulación de reconciliarse con el obre muchacho, como la garza de la fábula con su limaco nocturno.
«Oui, bien lâche, murmura d′Artagnan; mais elle, bien belle!-Sí, muy cobarde -murmuró D′Artagnan-; pero ella, ¡qué hermosa!
— Qui, elle? demanda l′hôte.-¿Quién ella? -preguntó el hostelero.
— Milady», balbutia d′Artagnan.-Milady -balbuceó D′Artagnan.
Et il s′évanouit une seconde fois.Y se desvaneció por segunda vez.
«C′est égal, dit l′hôte, j′en perds deux, mais il me reste celui- là, que je suis sûr de conserver au moins quelques jours. C′est toujours onze écus de gagnés.»-Es igual -dijo el hostelero-, pierdo dos, pero me queda éste, al que estoy seguro de conservar por lo menos algunos días. Siempre son once escudos de ganancia.
On sait que onze écus faisaient juste la somme qui restait dans la bourse de d′Artagnan.Ya se sabe que once escudos constituían precisamente la suma que quedaba en la bolsa de D′Artagnan.
L′hôte avait compté sur onze jours de maladie à un écu par jour; mais il avait compté sans son voyageur. Le lendemain, dès cinq heures du matin, d′Artagnan se leva, descendit lui-même à la cuisine, demanda, outre quelques autres ingrédients dont la liste n′est pas parvenue jusqu′à nous, du vin, de l′huile, du romarin, et, la recette de sa mère à la main, se composa un baume dont il oignit ses nombreuses blessures, renouvelant ses compresses lui- même et ne voulant admettre l′adjonction d′aucun médecin. Grâce sans doute à l′efficacité du baume de Bohême, et peut-être aussi grâce à l′absence de tout docteur, d′Artagnan se trouva sur pied dès le soir même, et à peu près guéri le lendemain.El hostelero había contado con once días de enfermedad, a escudo por día; pero había contado con ello sin su viajero. Al día siguiente, a las cinco de la mañana, D′Artagnan se levantó, bajó él mismo a la cocina, pidió, además de otros ingredientes cuya lista no ha llegado hasta nosotros, vino, aceite, romero, y, con la receta de su madre en la mano, se preparó un bálsamo con el que ungió sus numerosas heridas, renovando él mismo sus vendas y no queriendo admitir la ayuda de ningún médico. Gracias sin duda a la eficacia del bálsamo de Bohemia, y quizá también gracias a la ausencia de todo doctor, D′Artagnan se encontró de pie aquella misma noche, y casi curado al día siguiente.
Mais, au moment de payer ce romarin, cette huile et ce vin, seule dépense du maître qui avait gardé une diète absolue, tandis qu′au contraire le cheval jaune, au dire de l′hôtelier du moins, avait mangé trois fois plus qu′on n′eût raisonnablement pu le supposer pour sa taille, d′Artagnan ne trouva dans sa poche que sa petite bourse de velours râpé ainsi que les onze écus qu′elle contenait; mais quant à la lettre adressée à M. de Tréville, elle avait disparu.Pero en el momento de pagar aquel romero, aquel aceite y aquel vino, único gasto del amo que había guardado dieta absoluta mientras que, por el contrario, el caballo amarillo, al decir del hostelero al menos, había comido tres veces más de lo que razonablemente se hubiera podido suponer por su talla, D′Artagnan no encontró en su bolso más que su pequeña bolsa de terciopelo raído así como los once escudos que contenía; en cuanto a la carta dirigida al señor de Tréville, había desaparecido.
Le jeune homme commença par chercher cette lettre avec une grande patience, tournant et retournant vingt fois ses poches et ses goussets, fouillant et refouillant dans son sac, ouvrant et refermant sa bourse; mais lorsqu′il eut acquis la conviction que la lettre était introuvable, il entra dans un troisième accès de rage, qui faillit lui occasionner une nouvelle consommation de vin et d′huile aromatisés: car, en voyant cette jeune mauvaise tête s′échauffer et menacer de tout casser dans l′établissement si l′on ne retrouvait pas sa lettre, l′hôte s′était déjà saisi d′un épieu, sa femme d′un manche à balai, et ses garçons des mêmes bâtons qui avaient servi la surveille.El joven comenzó por buscar aquella carta con gran impaciencia, volviendo y revolviendo veinte veces sus bolsos y bolsillos, buscando y rebuscando en su talego, abriendo y cerrando su bolso; pero cuando se hubo convencido de que la carta era inencontrable, entró en un tercer acceso de rabia que a punto estuvo de provocarle un nuevo consumo de vino y de aceite aromatizados; porque, al ver a aquel joven de mala cabeza acalorarse y amenazar con romper todo en el establecimiento si no encontraban su carta, el hostelero había cogido ya un chuzo, su mujer un mango de escoba, y sus criados los mismos bastones que habían servido la víspera.
«Ma lettre de recommandation! s′écria d′Artagnan, ma lettre de recommandation, sangdieu! ou je vous embroche tous comme des ortolans!»-¡Mi carta de recomendación! -gritaba D′Artagnan-. ¡Mi carta de recomendación, por todos los diablos, a os ensarto a todos como a hortelanos!
Malheureusement une circonstance s′opposait à ce que le jeune homme accomplît sa menace: c′est que, comme nous l′avons dit, son épée avait été, dans sa première lutte, brisée en deux morceaux, ce qu′il avait parfaitement oublié. Il en résulta que, lorsque d′Artagnan voulut en effet dégainer, il se trouva purement et simplement armé d′un tronçon d′épée de huit ou dix pouces à peu près, que l′hôte avait soigneusement renfoncé dans le fourreau. Quant au reste de la lame, le chef l′avait adroitement détourné pour s′en faire une lardoire.Desgraciadamente, una circunstancia se oponía a que el joven cumpliera su amenaza; y es que, como ya lo hemos dicho, su espada se había roto en dos trozos durante la primera refriega, cosa que él había olvidado por completo. Y de ello resultó que cuando D′Artagnan quiso desenvainar, se encontró armado pura y simplemente con un trozo de espada de ocho o diez pulgadas más o menos, que el hostelero había encasquetado cuidadosamente en la vaina. En cuanto al resto de la hoja, el chef la había ocultado hábilmente para hacerse una aguja mechera.
Cependant cette déception n′eût probablement pas arrêté notre fougueux jeune homme, si l′hôte n′avait réfléchi que la réclamation que lui adressait son voyageur était parfaitement juste.Sin embargo, esta decepción no hubiera detenido probablemente a nuestro fogoso joven, si el huésped no hubiera pensado que la reclamación que le dirigía su viajero era perfectamente justa.
«Mais, au fait, dit-il en abaissant son épieu, où est cette lettre?-Pero, en realidad -dijo bajando su chuzo-, ¿dónde está esa carta?
— Oui, où est cette lettre? cria d′Artagnan. D′abord, je vous en préviens, cette lettre est pour M. de Tréville, et il faut qu′elle se retrouve; ou si elle ne se retrouve pas, il saura bien la faire retrouver, lui!»-Sí, ¿dónde está esa carta? -gritó D′Artagnan-. Os prevengo ante todo que esa carta es para el señor de Tréville, y que es preciso que aparezca; porque si no aparece él sabrá de sobra hacerla aparecer.
Cette menace acheva d′intimider l′hôte. Après le roi et M. le cardinal, M. de Tréville était l′homme dont le nom peut-être était le plus souvent répété par les militaires et même par les bourgeois. Il y avait bien le père Joseph, c′est vrai; mais son nom à lui n′était jamais prononcé que tout bas, tant était grande la terreur qu′inspirait l′Éminence grise, comme on appelait le familier du cardinal.Esta amenaza acabó por intimidar al hostelero. Después del rey y del señor cardenal, el señor de Tréville era el hombre cuyo nombre era quizá el repetido con más frecuencia por los militares a incluso por los burgueses. También estaba el padre Joseph cierto; pero su nombre a él nunca le era pronunciado sino en voz baja, ¡tan grande era el terror que inspiraba la eminencia gris, como se llamaba al familiar del cardenal!
Aussi, jetant son épieu loin de lui, et ordonnant à sa femme d′en faire autant de son manche à balai et à ses valets de leurs bâtons, il donna le premier l′exemple en se mettant lui-même à la recherche de la lettre perdue.Por eso, arrojando su chuzo lejos de sí, y ordenando a su mujer hacer otro tanto con su mango de escoba y a sus servidores con sus bastones, fue el primero que dio ejemplo en buscar la carta perdida.
«Est-ce que cette lettre renfermait quelque chose de précieux? demanda l′hôte au bout d′un instant d′investigations inutiles.-¿Es que esa carta encerraba algo precioso? -preguntó el hostelero al cabo de un instante de investigaciones inútiles.
— Sandis! je le crois bien! s′écria le Gascon qui comptait sur cette lettre pour faire son chemin à la cour; elle contenait ma fortune.-¡Diablos! ¡Ya lo creo! -exclamó el gascón, que contaba con aquella carta para hacer su carrera en la corte-. Contenía mi fortuna.
— Des bons sur l′épargne? demanda l′hôte inquiet.-¿Bonos contra el Tesoro? -preguntó el hostelero inquieto.
— Des bons sur la trésorerie particulière de Sa Majesté», répondit d′Artagnan, qui, comptant entrer au service du roi grâce à cette recommandation, croyait pouvoir faire sans mentir cette réponse quelque peu hasardée.-Bonos contra la tesorería particular de Su Majestad -respondió D′Artagnan que, contando con entrar en el servicio del rey gracias a esta recomendación, creía poder dar aquella respuesta algo aventurada sin mentir.
«Diable! fit l′hôte tout à fait désespéré.-¡Diablos! -dijo el hostelero completamente desesperado.
— Mais il n′importe, continua d′Artagnan avec l′aplomb national, il n′importe, et l′argent n′est rien: — cette lettre était tout. J′eusse mieux aimé perdre mille pistoles que de la perdre.»-Pero no importa -continuó D′Artagnan con el aplomo nacional-, no importa; el dinero no es nada, pero esa carta sí lo era todo. Hubiera preferido perder antes mil pistolas que perderla.
Il ne risquait pas davantage à dire vingt mille, mais une certaine pudeur juvénile le retint.Nada arriesgaba diciendo veinte mil, pero cierto pudor juvenil lo contuvo.
Un trait de lumière frappa tout à coup l′esprit de l′hôte qui se donnait au diable en ne trouvant rien.Un rayo de luz alcanzó de pronto la mente del hostelero, que se daba a todos los diablos al no encontrar nada.
«Cette lettre n′est point perdue, s′écria-t-il.-Esa carta no se ha perdido -exclamó.
— Ah! fit d′Artagnan.-¡Ah! -dijo D′Artagnan.
— Non; elle vous a été prise.-No; os la han robado.
— Prise! et par qui?-¿Robado? ¿Y quién?
— Par le gentilhomme d′hier. Il est descendu à la cuisine, où était votre pourpoint. Il y est resté seul. Je gagerais que c′est lui qui l′a volée.-El gentilhombre de ayer. Bajó a la cocina, donde estaba vuestro jubón. Se quedó allí solo. Apostaría que ha sido él quien la ha robado.
— Vous croyez?» répondit d′Artagnan peu convaincu; car il savait mieux que personne l′importance toute personnelle de cette lettre, et n′y voyait rien qui pût tenter la cupidité. Le fait est qu′aucun des valets, aucun des voyageurs présents n′eût rien gagné à posséder ce papier.-¿Lo creéis? -respondió D′Artagnan poco convencido, porque sabía mejor que nadie la importancia completamente personal de aquella carta, y no veía en ella nada que pudiera provocar la codicia. El hecho es que ninguno de los criados, ninguno de los viajeros presentes hubiera ganado nada poseyendo aquel papel.
«Vous dites donc, reprit d′Artagnan, que vous soupçonnez cet impertinent gentilhomme.-Decís, pues -respondió D′Artagnan-, que sospecháis de ese impertinente gentilhombre.
— Je vous dis que j′en suis sûr, continua l′hôte; lorsque je lui ai annoncé que Votre Seigneurie était le protégé de M. de Tréville, et que vous aviez même une lettre pour cet illustre gentilhomme, il a paru fort inquiet, m′a demandé où était cette lettre, et est descendu immédiatement à la cuisine où il savait qu′était votre pourpoint.-Os digo que estoy seguro -continuó el hostelero-; cuando yo le anuncié que Vuestra Señoría era el protegido del señor de Tréville, y que teníais incluso una carta para ese ilustre gentilhombre, pareció muy inquieto, me preguntó dónde estaba aquella carta, y bajó inmediatamente a la cocina donde sabía que estaba vuestro jubón.
— Alors c′est mon voleur, répondit d′Artagnan; je m′en plaindrai à M. de Tréville, et M. de Tréville s′en plaindra au roi.» Puis il tira majestueusement deux écus de sa poche, les donna à l′hôte, qui l′accompagna, le chapeau à la main, jusqu′à la porte, remonta sur son cheval jaune, qui le conduisit sans autre incident jusqu′à la porte Saint-Antoine à Paris, où son propriétaire le vendit trois écus, ce qui était fort bien payé, attendu que d′Artagnan l′avait fort surmené pendant la dernière étape. Aussi le maquignon auquel d′Artagnan le céda moyennant les neuf livres susdites ne cacha-t-il point au jeune homme qu′il n′en donnait cette somme exorbitante qu′à cause de l′originalité de sa couleur.-Entonces es mi ladrón -respondió D′Artagnan-; me quejaré al señor de Tréville, y el señor de Tréville se quejará al rey. Luego sacó majestuosamente dos escudos de su bolsillo, se los dio al hostelero, que lo acompañó, sombrero en mano, hasta la puerta, y subió a su caballo amarillo, que le condujo sin otro accidente hasta la puerta Saint-Antoine, en París, donde su propietario lo vendió por tres escudos, lo cual era pagarlo muy bien, dado que D′Artagnan lo había agotado hasta el exceso durante la última etapa. Además, el chalán a quien D′Artagnan lo cedió por las nueve libras susodichas no ocultó al joven que sólo le daba aquella exorbitante suma debido a la originalidad de su color.
D′Artagnan entra donc dans Paris à pied, portant son petit paquet sous son bras, et marcha tant qu′il trouvât à louer une chambre qui convînt à l′exigueacute; de ses ressources. Cette chambre fut une espèce de mansarde, sise rue des Fossoyeurs, près du Luxembourg.D′Artagnan entró, pues, en París a pie, llevando su pequeño paquete bajo el brazo, y caminó hasta encontrar una habitación de alquiler que convino a la exigüidad de sus recursos. Aquella habitación era una especie de buhardilla, sita en la calle des Fossoyeurs, cerca del Luxemburgo.
Aussitôt le denier à Dieu donné, d′Artagnan prit possession de son logement, passa le reste de la journée à coudre à son pourpoint et à ses chausses des passementeries que sa mère avait détachées d′un pourpoint presque neuf de M. d′Artagnan père, et qu′elle lui avait données en cachette; puis il alla quai de la Ferraille, faire remettre une lame à son épée; puis il revint au Louvre s′informer, au premier mousquetaire qu′il rencontra, de la situation de l′hôtel de M. de Tréville, lequel était situé rue du Vieux- Colombier, c′est-à-dire justement dans le voisinage de la chambre arrêtée par d′Artagnan: circonstance qui lui parut d′un heureux augure pour le succès de son voyage.Tan pronto como hubo gastado su último denario, D′Artagnan tomó posesión de su alojamiento, pasó el resto de la jornada cosiendo su jubón y sus calzas de pasamanería, que su madre había descosido de un jubón casi nuevo del señor D′Artagnan padre, y que le había dado a escondidas; luego fue al paseo de la Ferraille , para mandar poner una hoja a su espada; luego volvió al Louvre para informarse del primer mosquetero que encontró de la ubicación del palacio del señor de Tréville que estaba situado en la calle del Vieux-Colombier, es decir, precisamente en las cercanías del cuarto apalabrado por D′Artagnan, circunstancia que le pareció de feliz augurio para el éxito de su viaje.
Après quoi, content de la façon dont il s′était conduit à Meung, sans remords dans le passé, confiant dans le présent et plein d′espérance dans l′avenir, il se coucha et s′endormit du sommeil du brave.Tras ello, contento por la forma en que se había conducido en Meung sin remordimientos por el pasado, confiando en el presente y lleno de esperanza en el porvenir, se acostó y se durmió con el sueño del valiente.
Ce sommeil, tout provincial encore, le conduisit jusqu′à neuf heures du matin, heure à laquelle il se leva pour se rendre chez ce fameux M. de Tréville, le troisième personnage du royaume d′après l′estimation paternelle.Aquel sueño, todavía totalmente provinciano, le llevó hasta las nueve de la mañana, hora en que se levantó para dirigirse al palacio de aquel famoso señor de Tréville, el tercer personaje del reino según la estimación paterna.






CHAPITRE II -- L′ANTICHAMBRE DE M. DE TRÉVILLE

Capítulo ll -- La antecámara del señor de Tréuille

M. de Troisvilles, comme s′appelait encore sa famille en Gascogne, ou M. de Tréville, comme il avait fini par s′appeler lui-même à Paris, avait réellement commencé comme d′Artagnan, c′est-à-dire sans un sou vaillant, mais avec ce fonds d′audace, d′esprit et d′entendement qui fait que le plus pauvre gentillâtre gascon reçoit souvent plus en ses espérances de l′héritage paternel que le plus riche gentilhomme périgourdin ou berrichon ne reçoit en réalité. Sa bravoure insolente, son bonheur plus insolent encore dans un temps où les coups pleuvaient comme grêle, l′avaient hissé au sommet de cette échelle difficile qu′on appelle la faveur de cour, et dont il avait escaladé quatre à quatre les échelons.El señor de Troisville, como todavía se llamaba su familia en Gascuña, o el señor de Tréville, como había terminado por llamarse él mismo en Paris, había empezado en realidad como D′Artagnan, es decir, sin un cuarto, pero con ese caudal de audacia, de ingenio y de entendimiemto que hace que el más pobre hidalgucho gascón reciba con frecuencia de sus esperanzas de la herencia paterna más de lo que el más rico gentilhombre de Périgord o de Berry recibe en realidad. Su bravura insolente, su suerte más insolente todavía en un tiempo en que los golpes llovían como chuzos, le habían izado a la cima de esa difícil escala que se llama el favor de la corte, y cuyos escalones había escalado de cuatro en cuatro.
Il était l′ami du roi, lequel honorait fort, comme chacun sait, la mémoire de son père Henri IV. Le père de M. de Tréville l′avait si fidèlement servi dans ses guerres contre la Ligue, qu′à défaut d′argent comptant — chose qui toute la vie manqua au Béarnais, lequel paya constamment ses dettes avec la seule chose qu′il n′eût jamais besoin d′emprunter, c′est-à-dire avec de l′esprit —, qu′à défaut d′argent comptant, disons-nous, il l′avait autorisé, après la reddition de Paris, à prendre pour armes un lion d′or passant sur gueules avec cette devise: Fidelis et fortis. C′était beaucoup pour l′honneur, mais c′était médiocre pour le bien-être. Aussi, quand l′illustre compagnon du grand Henri mourut, il laissa pour seul héritage à monsieur son fils son épée et sa devise. Grâce à ce double don et au nom sans tache qui l′accompagnait, M. de Tréville fut admis dans la maison du jeune prince, où il servit si bien de son épée et fut si fidèle à sa devise, que Louis XIII, une des bonnes lames du royaume, avait l′habitude de dire que, s′il avait un ami qui se battît, il lui donnerait le conseil de prendre pour second, lui d′abord, et Tréville après, et peut-être même avant lui.Era el amigo del rey, que honraba mucho, como todos saben, la memoria de su padre Enrique IV. El padre del señor de Tréville le había servido tan fielmente en sus guerras contra la Liga que, a falta de dinero contante y sonante -cosa que toda la vida le faltó al bearnés, el cual pagó siempre sus deudas con la única cosa que nunca necesitó pedir prestada, es decir, con el ingenio-, que a falta de dinero contante y sonante, decimos, le había autorizado, tras la rendición de Paris, a tomar por armas un león de oro pasante sobre gules con esta divisa: Fidelis et fortis. Era mucho para el honor, pero mediano para el bienestar. Por eso, cuando el ilustre compañero del gran Enrique murió, dejó por única herencia al señor su hijo, su espada y su divisa. Gracias a este doble don y al nombre sin tacha que lo acompañaba, el señor de Tréville fue admitido en la casa del joven príncipe, donde se sirvió también de su espada y fue tan fiel a su divisa que Luis XIII, uno de los buenos aceros del reino, solía decir que si tuviera un amigo en ocasión de batirse, le daría por consejo tomar por segundo primero a él, y a Tréville después, y quizá incluso antes que a él.
Aussi Louis XIII avait-il un attachement réel pour Tréville, attachement royal, attachement égoe, c′est vrai, mais qui n′en était pas moins un attachement. C′est que, dans ces temps malheureux, on cherchait fort à s′entourer d′hommes de la trempe de Tréville. Beaucoup pouvaient prendre pour devise l′épithète de fort, qui faisait la seconde partie de son exergue; mais peu de gentilshommes pouvaient réclamer l′épithète de fidèle, qui en formait la première. Tréville était un de ces derniers; c′était une de ces rares organisations, à l′intelligence obéissante comme celle du dogue, à la valeur aveugle, à l′oeil rapide, à la main prompte, à qui l′oeil n′avait été donné que pour voir si le roi était mécontent de quelqu′un et la main que pour frapper ce déplaisant quelqu′un, un Besme, un Maurevers, un Poltrot de Méré, un Vitry. Enfin à Tréville, il n′avait manqué jusque-là que l′occasion; mais il la guettait, et il se promettait bien de la saisir par ses trois cheveux si jamais elle passait à la portée de sa main. Aussi Louis XIII fit-il de Tréville le capitaine de ses mousquetaires, lesquels étaient à Louis XIII, pour le dévouement ou plutôt pour le fanatisme, ce que ses ordinaires étaient à Henri III et ce que sa garde écossaise était à Louis XI.Por eso Luis XIII tenía un afecto real por Tréville, un afecto de rey, afecto egoísta, es cierto, pero que no por ello dejaba de ser afecto. Y es que, en aquellos tiempos desgraciados, se buscaba sobre todo rodearse de hombres del temple de Tréville. Muchos podían tomar por divisa el epiteto de fuerte, que formaba la segunda parte de su exergo; pero pocos gentileshombres podían reclamar el epíteto de fiel, que formaba la primera. Tréville era uno de estos últimos; era una de esas raras organizaciones, de inteligencia obediente como la del dogo, de valor ciego, de vista rápida, de mano pronta, a quien el ojo le había sido dado sólo para ver si el rey estaba descontento de alguien, y la mano para golpear a ese alguien enfadoso: un Besme, un Maurevers, un Poltrot de Méré, un Vitry. En fin, en el caso de Tréville, había faltado hasta aquel entonces la ocasión; pero la acechaba y se prometía cogerla por los pelos si alguna vez pasaba al alcance de su mano. Por eso hizo Luis XIII a Tréville capitán de sus mosqueteros, que eran a Luis XIII, por la devoción o mejor por el fanatismo, lo que sus ordinarios eran a Enrique III y lo que su guarda escocesa a Luis XI.
De son côté, et sous ce rapport, le cardinal n′était pas en reste avec le roi. Quand il avait vu la formidable élite dont Louis XIII s′entourait, ce second ou plutôt ce premier roi de France avait voulu, lui aussi, avoir sa garde. Il eut donc ses mousquetaires comme Louis XIII avait les siens et l′on voyait ces deux puissances rivales trier pour leur service, dans toutes les provinces de France et même dans tous les États étrangers, les hommes célèbres pour les grands coups d′épée. Aussi Richelieu et Louis XIII se disputaient souvent, en faisant leur partie d′échecs, le soir, au sujet du mérite de leurs serviteurs. Chacun vantait la tenue et le courage des siens, et tout en se prononçant tout haut contre les duels et contre les rixes, ils les excitaient tout bas à en venir aux mains, et concevaient un véritable chagrin ou une joie immodérée de la défaite ou de la victoire des leurs. Ainsi, du moins, le disent les mémoires d′un homme qui fut dans quelques-unes de ces défaites et dans beaucoup de ces victoires.Por su parte, y desde ese punto de vista, el cardenal no le iba a la zaga al rey. Cuando hubo visto la formidable elite de que Luis XIII se rodeaba, ese segundo, o mejor, ese primer rey de Francia también había querido tener su guardia. Tuvo por tanto sus mosqueteros como Luis XIII tenía los suyos, y se veía a estas dos potencias rivales seleccionar para su servicio, en todas las provincias de Francia a incluso en todos los Estados extranjeros, a los hombres célebres por sus estocadas. Por eso Richelieu y Luis XIII disputaban a menudo, mientras jugaban su partida de ajedrez, por la noche, sobre el mérito de sus servidores. Cada cual ponderaba los modales y el valor de los suyos; y al tiempo que se pronunciaban en voz alta contra los duelos y contra las riñas, los excitaban por lo bajo a llegar a las manos, y concebían un auténtico pesar o una alegría inmoderada por la derrota o la victoria de los suyos. Así al menos lo dicen las Memorias de un hombre que estuvo en algunas de esas derrotas y en muchas de esas victorias.
Tréville avait pris le côté faible de son maître, et c′est à cette adresse qu′il devait la longue et constante faveur d′un roi qui n′a pas laissé la réputation d′avoir été très fidèle à ses amitiés. Il faisait parader ses mousquetaires devant le cardinal Armand Duplessis avec un air narquois qui hérissait de colère la moustache grise de Son Éminence. Tréville entendait admirablement bien la guerre de cette époque, où, quand on ne vivait pas aux dépens de l′ennemi, on vivait aux dépens de ses compatriotes: ses soldats formaient une légion de diables à quatre, indisciplinée pour tout autre que pour lui.Tréville había captado el lado débil de su amo, y gracias a esta habilidad debía el largo y constante favor de un rey que no ha dejado reputación de haber sido muy fiel a sus amistades. Hacía desfilar a sus mosqueteros entre el cardenal Armand Duplessis con un aire burlón que erizaba de cólera el mostacho gris de Su Eminencia. Tréville entendía admirablemente bien la guerra de aquella época, en la que, cuando no se vivía a expensas del enemigo, se vivía a expensas de sus compatriotas: sus soldados formaban una legión de jaraneros, indisciplinada para cualquier otro que no fuera él.
Débraillés, avinés, écorchés, les mousquetaires du roi, ou plutôt ceux de M. de Tréville, s′épandaient dans les cabarets, dans les promenades, dans les jeux publics, criant fort et retroussant leurs moustaches, faisant sonner leurs épées, heurtant avec volupté les gardes de M. le cardinal quand ils les rencontraient; puis dégainant en pleine rue, avec mille plaisanteries; tués quelquefois, mais sûrs en ce cas d′être pleurés et vengés; tuant souvent, et sûrs alors de ne pas moisir en prison, M. de Tréville étant là pour les réclamer. Aussi M. de Tréville était-il loué sur tous les tons, chanté sur toutes les gammes par ces hommes qui l′adoraient, et qui, tout gens de sac et de corde qu′ils étaient, tremblaient devant lui comme des écoliers devant leur maître, obéissant au moindre mot, et prêts à se faire tuer pour laver le moindre reproche.Desaliñados, borrachos, despellejados, los mosqueteros del rey, o mejor los del señor de Tréville, se desparramaban por las tabernas, por los paseos, por los juegos públicos, gritando fuerte y retorciéndose los mostachos, haciendo sonar sus espuelas, enfrentándose con placer a los guardias del señor cardenal cuando los encontraban; luego, desenvainando en plena calle entre mil bromas; muertos a veces, pero seguros en tal caso de ser llorados y vengados; matando con frecuencia, y seguros entonces de no enmohecer en prisión, porque allí estaba el señor de Tréville para reclamarlos. Por eso el señor de Tréville era alabado en todos los tonos, cantado en todas las gamas por aquellos hombres que le adoraban y que, bandidos todos como eran, temblaban ante él como escolares ante su maestro, obedeciendo a la menor palabra y prestos a hacerse matar para lavar el menor reproche.
M. de Tréville avait usé de ce levier puissant, pour le roi d′abord et les amis du roi, — puis pour lui-même et pour ses amis. Au reste, dans aucun des mémoires de ce temps, qui a laissé tant de mémoires, on ne voit que ce digne gentilhomme ait été accusé, même par ses ennemis — et il en avait autant parmi les gens de plume que chez les gens d′épée —, nulle part on ne voit, disons-nous, que ce digne gentilhomme ait été accusé de se faire payer la coopération de ses séides. Avec un rare génie d′intrigue, qui le rendait l′égal des plus forts intrigants, il était resté honnête homme. Bien plus, en dépit des grandes estocades qui déhanchent et des exercices pénibles qui fatiguent, il était devenu un des plus galants coureurs de ruelles, un des plus fins damerets, un des plus alambiqués diseurs de Phébus de son époque; on parlait des bonnes fortunes de Tréville comme on avait parlé vingt ans auparavant de celles de Bassompierre — et ce n′était pas peu dire. Le capitaine des mousquetaires était donc admiré, craint et aimé, ce qui constitue l′apogée des fortunes humaines.El señor de Tréville había usado esta palanca poderosa en favor del rey en primer lugar y de los amigos del rey, y luego en favor de él mismo y sus amigos. Por lo demás, en ninguna de las Memorias de esa época que tantas Memorias ha dejado se ve que ese digno gentilhombre haya sido acusado, ni siquiera por sus enemigos -y los tenía tanto entre las gentes de pluma como entre las gentes de espada- en ninguna parte se ve, decimos, que ese digno gentilhombre haya sido acusado de hacerse pagar la cooperación de sus secuaces. Con un raro ingenio para la intriga, que lo hacía émulo de los mayores intrigantes había permanecido honesto. Es más, a pesar de las grandes estocadas que dejan a uno derrengado y de los ejercicios penosos que fatigan, se había convertido en uno de los más galantes trotacalles, en uno de los más finos lechuguinos, en uno de los más alambicados habladores ampulosos de su época; se hablaba de las aventuras galantes de Tréville como veinte años antes se había hablado de las de Bassompierre, lo que no era poco decir. El capitán de los mosqueteros era, pues, admirado, temido y amado, lo cual constituye el apogeo de las fortunas humanas.
Louis XIV absorba tous les petits astres de sa cour dans son vaste rayonnement; mais son père, soleil pluribus impar, laissa sa splendeur personnelle à chacun de ses favoris, sa valeur individuelle à chacun de ses courtisans. Outre le lever du roi et celui du cardinal, on comptait alors à Paris plus de deux cents petits levers, un peu recherchés. Parmi les deux cents petits levers celui de Tréville était un des plus courus.Luis XIV absorbió a todos los pequeños astros de su corte en su vasta irradiación; pero su padre, sol pluribus impar, dejó su esplendor personal a cada uno de sus favoritos, su valor individual a cada uno de sus cortesanos. Además de los resplandores del rey y del cardenal, se contaban entonces en París más de doscientos pequeños resplandores algo solicitados. Entre los doscientos pequeños resplandores, el de Tréville era uno de los más buscados.
La cour de son hôtel, situé rue du Vieux-Colombier, ressemblait à un camp, et cela dès six heures du matin en été et dès huit heures en hiver. Cinquante à soixante mousquetaires, qui semblaient s′y relayer pour présenter un nombre toujours imposant, s′y promenaient sans cesse, armés en guerre et prêts à tout. Le long d′un de ses grands escaliers sur l′emplacement desquels notre civilisation bâtirait une maison tout entière, montaient et descendaient les solliciteurs de Paris qui couraient après une faveur quelconque, les gentilshommes de province avides d′être enrôlés, et les laquais chamarrés de toutes couleurs, qui venaient apporter à M. de Tréville les messages de leurs maîtres. Dans l′antichambre, sur de longues banquettes circulaires, reposaient les élus, c′est-à-dire ceux qui étaient convoqués. Un bourdonnement durait là depuis le matin jusqu′au soir, tandis que M. de Tréville, dans son cabinet contigu à cette antichambre, recevait les visites, écoutait les plaintes, donnait ses ordres et, comme le roi à son balcon du Louvre, n′avait qu′à se mettre à sa fenêtre pour passer la revue des hommes et des armes.El patio de su palacio, situado en la calle del Vieux-Colombier, se parecía a un campamento, y esto desde las seis de la mañana en verano y desde las ocho en invierno. De cincuenta a sesenta mosqueteros, que parecían turnarse para presentar un número siempre imponente, se paseaban sin cesar armados en plan de guerra y dispuestos a todo. A lo largo de aquellas grandes escalinatas, sobre cuyo emplazamiento nuestra civilización construiría una casa entera, subían y bajaban solicitantes de París que corrían tras un favor cualquiera, gentilhombres de provincia ávidos para ser enrolados, y lacayos engalanados con todos los colores que venían a traer al señor de Tréville los mensajes de sus amos. En la antecámara, sobre altas banquetas circulares, descansaban los elegidos, es decir, aquellos que estaban convocados. Allí había murmullo desde la mañana a la noche, mientras el señor de Tréville, en su gabinete contiguo a esta antecámara, recibía las visitas, escuchaba las quejas, daba sus órdenes y, como el rey en su balcón del Louvre, no tenía más que asomarse a la ventana para pasar revista de hombres y de armas.
Le jour où d′Artagnan se présenta, l′assemblée était imposante, surtout pour un provincial arrivant de sa province: il est vrai que ce provincial était Gascon, et que surtout à cette époque les compatriotes de d′Artagnan avaient la réputation de ne point facilement se laisser intimider. En effet, une fois qu′on avait franchi la porte massive, chevillée de longs clous à tête quadrangulaire, on tombait au milieu d′une troupe de gens d′épée qui se croisaient dans la cour, s′interpellant, se querellant et jouant entre eux. Pour se frayer un passage au milieu de toutes ces vagues tourbillonnantes, il eût fallu être officier, grand seigneur ou jolie femme.El día en que D′Artagnan se presentó, la asamblea era imponente, sobre todo para un provinciano que llegaba de su provincia: es cierto que el provinciano era gascón, y que sobre todo en esa época los compatriotas de D′Artagnan tenían fama de no dejarse intimidar fácilmente. En efecto, una vez que se había franqueado la puerta maciza, enclavijada por largos clavos de cabeza cuadrangular, se caía en medio de una tropa de gentes de espada que se cruzaban en el patio interpelándose, peleándose y jugando entre sí. Para abrirse paso en medio de todas aquellas olas impetuosas habría sido preciso ser oficial, gran señor o bella mujer.
Ce fut donc au milieu de cette cohue et de ce désordre que notre jeune homme s′avança, le coeur palpitant, rangeant sa longue rapière le long de ses jambes maigres, et tenant une main au rebord de son feutre avec ce demi-sourire du provincial embarrassé qui veut faire bonne contenance. Avait-il dépassé un groupe, alors il respirait plus librement, mais il comprenait qu′on se retournait pour le regarder, et pour la première fois de sa vie, d′Artagnan, qui jusqu′à ce jour avait une assez bonne opinion de lui-même, se trouva ridicule.Fue, pues, por entre ese tropel y ese desorden por donde nuestro joven avanzó con el corazón palpitante, ajustando su largo estoque a lo largo de sus magras piernas, y poniendo una mano en el borde de sus sombrero de fieltro con esa media sonrisa del provinciano apurado que quiere mostrar aplomo. Cuando había pasado un grupo, entonces respiraba con más libertad; pero comprendía que se volvían para mirarlo y, por primera vez en su vida, D′Artagnan, que hasta aquel día había tenido una buena opinión de sí mismo, se sintió ridículo.
Arrivé à l′escalier, ce fut pis encore: il y avait sur les premières marches quatre mousquetaires qui se divertissaient à l′exercice suivant, tandis que dix ou douze de leurs camarades attendaient sur le palier que leur tour vînt de prendre place à la partie.Llegado a la escalinata, fue peor aún; en los primeros escalones había cuatro mosqueteros que se divertían en el ejercicio siguiente, mientras diez o doce camaradas suyos esperaban en el rellano a que les tocara la vez para ocupar plaza en la partida.
Un d′eux, placé sur le degré supérieur, l′épée nue à la main, empêchait ou du moins s′efforçait d′empêcher les trois autres de monter.Uno de ellos, situado en el escalón superior, con la espada desnuda en la mano, impedía o al menos se esforzaba por impedir que los otros tres subieran.
Ces trois autres s′escrimaient contre lui de leurs épées fort agiles. D′Artagnan prit d′abord ces fers pour des fleurets d′escrime, il les crut boutonnés: mais il reconnut bientôt à certaines égratignures que chaque arme, au contraire, était affilée et aiguisée à souhait, et à chacune de ces égratignures, non seulement les spectateurs, mais encore les acteurs riaient comme des fous.Estos tres esgrimían contra él sus espadas agilísimas. D′Artagnan tomó al principio aquellos aceros por floretes de esgrima, los creyó botonados; pero pronto advirtió por ciertos rasguños que todas las armas estaban, por el contrario, afiladas y aguzadas a placer, y con cada uno de aquellos rasguños no sólo los espectadores sino incluso los actores reían como locos.
Celui qui occupait le degré en ce moment tenait merveilleusement ses adversaires en respect. On faisait cercle autour d′eux: la condition portait qu′à chaque coup le touché quitterait la partie, en perdant son tour d′audience au profit du toucheur. En cinq minutes trois furent effleurés, l′un au poignet, l′autre au menton, l′autre à l′oreille par le défenseur du degré, qui lui- même ne fut pas atteint: adresse qui lui valut, selon les conventions arrêtées, trois tours de faveur.El que ocupaba el escalón en aquel momento mantenía a raya maravillosamente a sus adversarios. Se hacía círculo en torno a ellos; la condición consistía en que a cada golpe el tocado abandonara la partida, perdiendo su turno de audiencia en beneficio del tocador. En cinco minutos, tres fueron rozados, uno en el puño, otro en el mentón, otro en la oreja, por el defensor del escalón, que no fue tocado -destreza que le valió, según las condiciones pactadas, tres turnos de favor.
Si difficile non pas qu′il fût, mais qu′il voulût être à étonner, ce passe-temps étonna notre jeune voyageur; il avait vu dans sa province, cette terre où s′échauffent cependant si promptement les têtes, un peu plus de préliminaires aux duels, et la gasconnade de ces quatre joueurs lui parut la plus forte de toutes celles qu′il avait ou jusqu′alors, même en Gascogne. Il se crut transporté dans ce fameux pays des géants où Gulliver alla depuis et eut si grand-peur; et cependant il n′était pas au bout: restaient le palier et l′antichambre.Aunque no fuera difícil, dado que quería ser asombrado, este pasatiempo asombró a nuestro joven viajero; en su provincia, esa tierra donde sin embargo se calientan tan rápidamente los cascos, había visto algunos preliminares de duelos, y la gasconada de aquellos cuatro jugadores le pareció la más rara de todas las que hasta entonces había oído, incluso en Gascuña. Se creyó transportado a ese país de gigantes al que Gulliver fue más tarde y donde pasó tanto miedo, y sin embargo no había llegado al final: quedaban el rellano y la antecámara.
Sur le palier on ne se battait plus, on racontait des histoires de femmes, et dans l′antichambre des histoires de cour. Sur le palier, d′Artagnan rougit; dans l′antichambre, il frissonna. Son imagination éveillée et vagabonde, qui en Gascogne le rendait redoutable aux jeunes femmes de chambre et même quelquefois aux jeunes maîtresses, n′avait jamais rêvé, même dans ces moments de délire, la moitié de ces merveilles amoureuses et le quart de ces prouesses galantes, rehaussées des noms les plus connus et des détails les moins voilés. Mais si son amour pour les bonnes moeurs fut choqué sur le palier, son respect pour le cardinal fut scandalisé dans l′antichambre. Là, à son grand étonnement, d′Artagnan entendait critiquer tout haut la politique qui faisait trembler l′Europe, et la vie privée du cardinal, que tant de hauts et puissants seigneurs avaient été punis d′avoir tenté d′approfondir: ce grand homme, révéré par M. d′Artagnan père, servait de risée aux mousquetaires de M. de Tréville, qui raillaient ses jambes cagneuses et son dos voûté; quelques-uns chantaient des Noëls sur Mme d′Aiguillon, sa maîtresse, et Mme de Combalet, sa nièce, tandis que les autres liaient des parties contre les pages et les gardes du cardinal-duc, toutes choses qui paraissaient à d′Artagnan de monstrueuses impossibilités.En el rellano no se batían, contaban aventuras con mujeres, y en la antecámara historias de la corte. En el rellano, D′Artagnan se ruborizó; en la antecámara, tembló. Su imaginación despierta y vagabunda, que en Gascuña le hacía temible a las criadas a incluso alguna vez a las dueñas, no había soñado nunca, ni siquiera en esos momentos de delirio, la mitad de aquellas maravillas amorosas ni la cuarta parte de aquellas proezas galantes, realzadas por los nombres más conocidos y los detalles menos velados. Pero si su amor por las buenas costumbres fue sorprendido en el rellano, su respeto por el cardenal fue escandalizado en la antecámara. Allí, para gran sorpresa suya, D′Artagnan oía criticar en voz alta la política que hacía temblar a Europa, y la vida privada del cardenal, que a tantos altos y poderosos personajes había llevado al castigo por haber tratado de profundizar en ella: aquel gran hombre, reverenciado por el señor D′Artagnan padre, servía de hazmerreír a los mosqueteros del señor de Tréville, que se metían con sus piernas zambas y con su espalda encorvada; unos cantaban villancicos sobre la señora D′Aiguillon, su amante, y sobre la señora de Combalet, su nieta, mientras otros preparaban partidas contra los pajes y los guardias del cardenal-duque, cosas todas que parecían a D′Artagnan monstruosas imposibilidades.
Cependant, quand le nom du roi intervenait parfois tout à coup à l′improviste au milieu de tous ces quolibets cardinalesques, une espèce de bâillon calfeutrait pour un moment toutes ces bouches moqueuses; on regardait avec hésitation autour de soi, et l′on semblait craindre l′indiscrétion de la cloison du cabinet de M. de Tréville; mais bientôt une allusion ramenait la conversation sur Son Éminence, et alors les éclats reprenaient de plus belle, et la lumière n′était ménagée sur aucune de ses actions.Sin embargo, cuando el nombre del rey intervenía a veces de improviso en medio de todas aquellas rechiflas cardenalescas, una especie de mordaza calafateaba por un momento todas aquellas bocas burlonas; miraban con vacilación en torno, y parecían temer la indiscreción del tabique del gabinete del señor de Tréville; pero pronto una alusión volvía a llevar la conversación a Su Eminencia, y entonces las risotadas iban en aumento, y no se escatimaba luz sobre todas sus acciones.
«Certes, voilà des gens qui vont être embastillés et pendus, pensa d′Artagnan avec terreur, et moi sans aucun doute avec eux, car du moment où je les ai écoutés et entendus, je serai tenu pour leur complice. Que dirait monsieur mon père, qui m′a si fort recommandé le respect du cardinal, s′il me savait dans la société de pareils pas?»-Desde luego, éstas son gentes que van a ser encarceladas y colgadas -pensó D′Artagnan con terror-, y yo, sin ninguna duda, con ellos porque desde el momento en que los he escuchado y oído seré tenido por cómplice suyo. ¿Qué diría mi señor padre, que tanto me ha recomendado respetar al cardenal, si me supiera en compañía de semejantes paganos?
Aussi comme on s′en doute sans que je le dise, d′Artagnan n′osait se livrer à la conversation; seulement il regardait de tous ses yeux, écoutant de toutes ses oreilles, tendant avidement ses cinq sens pour ne rien perdre, et malgré sa confiance dans les recommandations paternelles, il se sentait porté par ses goûts et entraîné par ses instincts à louer plutôt qu′à blâmer les choses inou qui se passaient là.Por eso, como puede suponerse sin que yo lo diga, D′Artagnan no osaba entregarse a la conversación; sólo miraba con todos sus ojos, escuchando con todos sus oídos, tendiendo ávidamente sus cinco sentidos para no perderse nada, y, pese a su confianza en las recomendaciones paternas, se sentía llevado por sus gustos y arrastrado por sus instintos a celebrar más que a censurar las cosas inauditas que allí pasaban.
Cependant, comme il était absolument étranger à la foule des courtisans de M. de Tréville, et que c′était la première fois qu′on l′apercevait en ce lieu, on vint lui demander ce qu′il désirait. À cette demande, d′Artagnan se nomma fort humblement, s′appuya du titre de compatriote, et pria le valet de chambre qui était venu lui faire cette question de demander pour lui à M. de Tréville un moment d′audience, demande que celui-ci promit d′un ton protecteur de transmettre en temps et lieu.Sin embargo, como era absolutamente extraño el montón de cortesanos del señor de Tréville, y era la primera vez que se le veía en aquel lugar, vinieron a preguntarle lo que deseaba. A esta pregunta, D′Artagnan se presentó con mucha humildad, se apoyó en el título de compatriota, y rogó al ayuda de cámara que había venido a hacerle aquella pregunta pedir por él al señor de Tréville un momento de audiencia, petición que éste prometió en tono protector transmitir en tiempo y lugar.
D′Artagnan, un peu revenu de sa surprise première, eut donc le loisir d′étudier un peu les costumes et les physionomies.D′Artagnan, algo recuperado de su primera sorpresa, tuvo entonces la oportunidad de estudiar un poco las costumbres y las fisonomías.
Au centre du groupe le plus animé était un mousquetaire de grande taille, d′une figure hautaine et d′une bizarrerie de costume qui attirait sur lui l′attention générale. Il ne portait pas, pour le moment, la casaque d′uniforme, qui, au reste, n′était pas absolument obligatoire dans cette époque de liberté moindre mais d′indépendance plus grande, mais un justaucorps bleu de ciel, tant soit peu fané et râpé, et sur cet habit un baudrier magnifique, en broderies d′or, et qui reluisait comme les écailles dont l′eau se couvre au grand soleil. Un manteau long de velours cramoisi tombait avec grâce sur ses épaules découvrant par-devant seulement le splendide baudrier auquel pendait une gigantesque rapière.En el centro del grupo más animado había un mosquetero de gran estatura, de rostro altanero y una extravagancia de vestimenta que atraía sobre él la atención general. No llevaba, por de pronto, la casaca de uniforme, que, por lo demás, no era totalmente obligatoria en aquella época de libertad menor pero de mayor independencia, sino una casaca azul celeste, un tanto ajada y raída, y sobre ese vestido un tahalí magnífico, con bordados de oro, que relucía como las escamas de que el agua se cubre a plena luz del día. Una capa larga de terciopelo carmesí caía con gracia sobre sus hombros, descubriendo solamente por delante el espléndido tahalí, del que colgaba un gigantesco estoque.
Ce mousquetaire venait de descendre de garde à l′instant même, se plaignait d′être enrhumé et toussait de temps en temps avec affectation. Aussi avait-il pris le manteau, à ce qu′il disait autour de lui, et tandis qu′il parlait du haut de sa tête, en frisant dédaigneusement sa moustache, on admirait avec enthousiasme le baudrier brodé, et d′Artagnan plus que tout autre.Este mosquetero acababa de dejar la guardia en aquel mismo instante, se quejaba de estar constipado y tosía de vez en cuando con afectación. Por eso se había puesto la capa, según decía a los que le rodeaban, y mientras hablaba desde lo alto de su estatura retorciéndose desdeñosamente su mostacho, admiraban con entusiasmo el tahalí bordado, y D′Artagnan más que ningún otro.
«Que voulez-vous, disait le mousquetaire, la mode en vient; c′est une folie, je le sais bien, mais c′est la mode. D′ailleurs, il faut bien employer à quelque chose l′argent de sa légitime.-¿Qué queréis? -decía el mosquetero-. La moda lo pide; es una locura, lo sé de sobra, pero es la moda. Por otro lado, en algo tiene que emplear uno el dinero de su legítima.
— Ah! Porthos! s′écria un des assistants, n′essaie pas de nous faire croire que ce baudrier te vient de la générosité paternelle: il t′aura été donné par la dame voilée avec laquelle je t′ai rencontré l′autre dimanche vers la porte Saint-Honoré.-¡Ah, Porthos!-exclamó uno de los asistentes-. No trates de hacernos creer que ese tahalí te viene de la generosidad paterna; te lo habrá dado la dama velada con la que te encontré el otro domingo en la puerta Saint-Honoré.
— Non, sur mon honneur et foi de gentilhomme, je l′ai acheté moi- même, et de mes propres deniers, répondit celui qu′on venait de désigner sous le nom de Porthos.-No, por mi honor y fe de gentilhombre: lo he comprado yo mismo, y con mis propios dineros -respondió aquel al que acababan de designar con el nombre de Porthos.
— Oui, comme j′ai acheté, moi, dit un autre mousquetaire, cette bourse neuve, avec ce que ma maîtresse avait mis dans la vieille.-Sí, como yo he comprado -dijo otro mosquetero- esta bolsa nueva con lo que mi amante puso en la vieja.
— Vrai, dit Porthos, et la preuve c′est que je l′ai payé douze pistoles.»-Es cierto -dijo Porthos-, y la prueba es que he pagado por él doce pistolas.
L′admiration redoubla, quoique le doute continuât d′exister.La admiración acreció, aunque la duda continuaba existiendo.
«N′est-ce pas, Aramis?» dit Porthos se tournant vers un autre mousquetaire.-¿No es así, Aramis?-dijo Porthos volviéndose hacia otro mosquetero.
Cet autre mousquetaire formait un contraste parfait avec celui qui l′interrogeait et qui venait de le désigner sous le nom d′Aramis: c′était un jeune homme de vingt-deux à vingt-trois ans à peine, à la figure na et doucereuse, à l′oeil noir et doux et aux joues roses et veloutées comme une pêche en automne; sa moustache fine dessinait sur sa lèvre supérieure une ligne d′une rectitude parfaite; ses mains semblaient craindre de s′abaisser, de peur que leurs veines ne se gonflassent, et de temps en temps il se pinçait le bout des oreilles pour les maintenir d′un incarnat tendre et transparent. D′habitude il parlait peu et lentement, saluait beaucoup, riait sans bruit en montrant ses dents, qu′il avait belles et dont, comme du reste de sa personne, il semblait prendre le plus grand soin. Il répondit par un signe de tête affirmatif à l′interpellation de son ami.Este otro mosquetero hacía contraste perfecto con el que le interrogaba y que acababa de designarle con el nombre de Aramis: era éste un joven de veintidós o veintitrés años apenas, de rostro ingenuo y dulzarrón, de ojos negros y dulces y mejillas rosas y aterciopeladas como un melocotón en otoño; su mostacho fino dibujaba sobre su labio superior una línea perfectamente recta; sus manos parecían temer bajarse, por miedo a que sus venas se hinchasen, y de vez en cuando se pellizcaba el lóbulo de las orejas para mantenerlas de un encarnado tierno y transparente. Por hábito, hablaba poco y lentamente, saludaba mucho, reía sin estrépito mostrando sus dientes, que tenía hermosos y de los que, como del resto de su persona, parecía tener el mayor cuidado. Respondió con un gesto de cabeza afirmativo a la interpelación de su amigo.
Cette affirmation parut avoir fixé tous les doutes à l′endroit du baudrier; on continua donc de l′admirer, mais on n′en parla plus; et par un de ces revirements rapides de la pensée, la conversation passa tout à coup à un autre sujet.Esta afirmación pareció haberle disipado todas las dudas respecto al tahalí; continuaron, pues, admirándolo, pero ya no volvieron a hablar de él; y por uno de esos virajes rápidos del pensamiento, la conversación pasó de golpe a otro tema.
«Que pensez-vous de ce que raconte l′écuyer de Chalais?» demanda un autre mousquetaire sans interpeller directement personne, mais s′adressant au contraire à tout le monde.-¿Qué pensáis de lo que cuenta el escudero de Chalais? -preguntó otro mosquetero sin interpelar directamente a nadie y dirigiéndose por el contrario a todo el mundo.
«Et que raconte-t-il? demanda Porthos d′un ton suffisant.-¿Y qué es lo que cuenta? -preguntó Porthos en tono de suficiencia.
— Il raconte qu′il a trouvé à Bruxelles Rochefort, l′âme damnée du cardinal, déguisé en capucin; ce Rochefort maudit, grâce à ce déguisement, avait joué M. de Laigues comme un niais qu′il est.-Cuenta que ha encontrado en Bruselas a Rochefort, el instrumento ciego del cardenal, disfrazado de capuchino; ese maldito Rochefort, gracias a ese disfraz, engañó al señor de Laigues como a necio que es.
— Comme un vrai niais, dit Porthos; mais la chose est-elle sûre?-Como a un verdadero necio -dijo Porthos-; pero ¿es seguro?
— Je la tiens d′Aramis, répondit le mousquetaire.-Lo sé por Aramis -respondió el mosquetero.
— Vraiment?-¿De veras?
— Eh! vous le savez bien, Porthos, dit Aramis; je vous l′ai racontée à vous-même hier, n′en parlons donc plus.-Lo sabéis bien, Porthos -dijo Aramis-; os lo conté a vos mismo ayer, no hablemos pues más.
— N′en parlons plus, voilà votre opinion à vous, reprit Porthos. N′en parlons plus! peste! comme vous concluez vite. Comment! le cardinal fait espionner un gentilhomme, fait voler sa correspondance par un traître, un brigand, un pendard; fait, avec l′aide de cet espion et grâce à cette correspondance, couper le cou à Chalais, sous le stupide prétexte qu′il a voulu tuer le roi et marier Monsieur avec la reine! Personne ne savait un mot de cette énigme, vous nous l′apprenez hier, à la grande satisfaction de tous, et quand nous sommes encore tout ébahis de cette nouvelle, vous venez nous dire aujourd′hui: N′en parlons plus!-No hablemos más, esa es vuestra opinión -prosiguió Porthos-. ¡No hablemos más! ¡Maldita sea! ¡Qué rápido concluís! ¡Cómo! El cardenal hace espiar a un gentilhombre, hace robar su correspondencia por un traidor, un bergante, un granuja; con la ayuda de ese espía y gracias a esta correspondencia, hace cortar el cuello de Chalais, con el estúpido pretexto de que ha querido matar al rey y casar a Monsieur con la reina. Nadie sabía una palabra de este enigma, vos nos lo comunicasteis ayer, con gran satisfacción de todos, y cuando estamos aún todos pasmados por la noticia, venís hoy a decirnos: ¡No hablemos más!
— Parlons-en donc, voyons, puisque vous le désirez, reprit Aramis avec patience.-Hablemos entonces, pues que lo deseáis -prosiguió Aramis con paciencia.
— Ce Rochefort, s′écria Porthos, si j′étais l′écuyer du pauvreChalais, passerait avec moi un vilain moment.-Ese Rochefort -dijo Porthos-, si yo fuera el escudero del pobre Chalais, pasaría conmigo un mal rato.
— Et vous, vous passeriez un triste quart d′heure avec le ducRouge, reprit Aramis.-Y vos pasaríais un triste cuarto de hora con el duque Rojo -prosiguió Aramis.
— Ah! le duc Rouge! bravo, bravo, le duc Rouge! répondit Porthos en battant des mains et en approuvant de la tête. Le «duc Rouge» est charmant. Je répandrai le mot, mon cher, soyez tranquille. A- t-il de l′esprit, cet Aramis! Quel malheur que vous n′ayez pas pu suivre votre vocation, mon cher! quel délicieux abbé vous eussiez fait!-¡Ah! ¡El duque Rojo! ¡Bravo bravo el duque Rojo! -respondió Porthos aplaudiendo y aprobando con la cabeza-. El "duque Rojo" tiene gracia. Haré correr el mote, querido, estad tranquilo. ¡Tiene ingenio este Aramis! ¡Qué pena que no hayáis podido seguir vuestra vocación, querido, qué delicioso abad habríais hecho!
— Oh! ce n′est qu′un retard momentané, reprit Aramis; un jour, je le serai. Vous savez bien, Porthos, que je continue d′étudier la théologie pour cela.-¡Bah!, no es más que un retraso momentáneo -prosiguió Aramis-: un día lo seré. Sabéis bien, Porthos, que sigo estudiando teología para ello.
— Il le fera comme il le dit, reprit Porthos, il le fera tôt ou tard.-Hará lo que dice -prosiguió Porthos-, lo hará tarde o temprano.
— Tôt, dit Aramis.-Temprano -dijo Aramis.
— Il n′attend qu′une chose pour le décider tout à fait et pour reprendre sa soutane, qui est pendue derrière son uniforme, reprit un mousquetaire.-Sólo espera una cosa para decidirse del todo y volver a ponerse su sotana, que está colgada debajo del uniforme, prosiguió un mosquetero.
— Et quelle chose attend-il? demanda un autre.-¿Y a qué espera? -preguntó otro.
— Il attend que la reine ait donné un héritier à la couronne deFrance.-Espera a que la reina haya dado un heredero a la corona de Francia.
— Ne plaisantons pas là-dessus, messieurs, dit Porthos; grâce àDieu, la reine est encore d′âge à le donner.-No bromeemos sobre esto, señores -dijo Porthos-; gracias a Dios, la reina está todavía en edad de darlo.
— On dit que M. de Buckingham est en France, reprit Aramis avec un rire narquois qui donnait à cette phrase, si simple en apparence, une signification passablement scandaleuse.-Dicen que el señor de Buckingham está en Francia -prosiguió Aramis con una risa burlona que daba a aquella frase, tan simple en apariencia, una significación bastante escandalosa.
— Aramis, mon ami, pour cette fois vous avez tort, interrompit Porthos, et votre manie d′esprit vous entraîne toujours au-delà des bornes; si M. de Tréville vous entendait, vous seriez mal venu de parler ainsi.-Aramis, amigo mío, por esta vez os equivocáis -interrumpió Porthos-, y vuestra manía de ser ingenioso os lleva siempre más allá de los límites; si el señor de Tréville os oyese, os arrepentiríais de hablar así.
— Allez-vous me faire la leçon, Porthos? s′écria Aramis, dans l′oeil doux duquel on vit passer comme un éclair.-¿Vais a soltarme la lección, Porthos? -exclamó Aramis, con ojos dulces en los que se vio pasar como un relámpago.
— Mon cher, soyez mousquetaire ou abbé. Soyez l′un ou l′autre, mais pas l′un et l′autre, reprit Porthos. Tenez, Athos vous l′a dit encore l′autre jour: vous mangez à tous les râteliers. Ah! ne nous fâchons pas, je vous prie, ce serait inutile, vous savez bien ce qui est convenu entre vous, Athos et moi. Vous allez chez Mme d′Aiguillon, et vous lui faites la cour; vous allez chez Mme de Bois-Tracy, la cousine de Mme de Chevreuse, et vous passez pour être fort en avant dans les bonnes grâces de la dame. Oh! mon Dieu, n′avouez pas votre bonheur, on ne vous demande pas votre secret, on connaît votre discrétion. Mais puisque vous possédez cette vertu, que diable! Faites-en usage à l′endroit de Sa Majesté. S′occupe qui voudra et comme on voudra du roi et du cardinal; mais la reine est sacrée, et si l′on en parle, que ce soit en bien.-Querido, sed mosquetero o abad. Sed lo uno o lo otro, pero no lo uno y lo otro -prosiguió Porthos-. Mirad, Athos os lo acaba de decir el otro día: coméis en todos los pesebres. ¡Ah!, no nos enfademos, os lo suplico, sería inútil, sabéis de sobra lo que hemos convenido entre vos, Athos y yo. Vais a la casa de la señora D′Aiguillon, y le hacéis la corte; vais a la casa de la señora de Bois-Tracy, la prima de la señora de Chevreuse, y se dice que vais muy adelantado en los favores de la dama. ¡Dios mío!, no confeséis vuestra felicidad, no se os pide vuestro secreto, es conocida vuestra discreción. Pero dado que poseéis esa virtud, ¡qué diablos!, usadla para con Su Majestad. Que se ocupe quien quiera y como se quiera del rey y del cardenal; pero la reina es sagrada, y si se habla de ella, que sea para bien.
— Porthos, vous êtes prétentieux comme Narcisse, je vous en préviens, répondit Aramis; vous savez que je hais la morale, excepté quand elle est faite par Athos. Quant à vous, mon cher, vous avez un trop magnifique baudrier pour être bien fort là- dessus. Je serai abbé s′il me convient; en attendant, je suis mousquetaire: en cette qualité, je dis ce qu′il me plaît, et en ce moment il me plaît de vous dire que vous m′impatientez.Porthos, sois pretencioso como Narciso, os lo aviso -respondió Aramis-, sabéis que odio la moral, salvo cuando la hace Athos. En cuanto a vos, querido, tenéis un tahalí demasiado magnífico para estar fuerte en la materia. Seré abad si me conviene; mientras tanto, soy mosquetero: y en calidad de tal digo lo que me place, y en este momento me place deciros que me irritáis.
— Aramis!-¡Aramis!
— Porthos!-¡Porthos!
— Eh! messieurs! messieurs! s′écria-t-on autour d′eux.-¡Eh, señores, señores! -gritaron a su alrededor.
— M. de Tréville attend M. d′Artagnan», interrompit le laquais en ouvrant la porte du cabinet.-El señor de Tréville espera al señor D′Artagnan -interrumpió el lacayo abriendo la puerta del gabinete.
À cette annonce, pendant laquelle la porte demeurait ouverte, chacun se tut, et au milieu du silence général le jeune Gascon traversa l′antichambre dans une partie de sa longueur et entra chez le capitaine des mousquetaires, se félicitant de tout son coeur d′échapper aussi à point à la fin de cette bizarre querelle.Ante este anuncio, durante el cual la puerta permanecía abierta, todos se callaron, y en medio del silencio general el joven gascón cruzó la antecámara en una parte de su longitud y entró donde el capitán de los mosqueteros, felicitándose con toda su alma por escapar tan a punto al fin de aquella extravagante querella.






CHAPITRE III -- L′AUDIENCE

Capítulo III -- La audiencia

M. de Tréville était pour le moment de fort méchante humeur; néanmoins il salua poliment le jeune homme, qui s′inclina jusqu′à terre, et il sourit en recevant son compliment, dont l′accent béarnais lui rappela à la fois sa jeunesse et son pays, double souvenir qui fait sourire l′homme à tous les âges. Mais, se rapprochant presque aussitôt de l′antichambre et faisant à d′Artagnan un signe de la main, comme pour lui demander la permission d′en finir avec les autres avant de commencer avec lui, il appela trois fois, en grossissant la voix à chaque fois, de sorte qu′il parcourut tous les tons intervallaires entre l′accent impératif et l′accent irrité:El señor de Tréville estaba en aquel momento de muy mal humor; sin embargo, saludó cortésmente al joven, que se inclinó hasta el suelo, y sonrió al recibir su cumplido, cuyo acento bearnés le recordó a la vez su juventud y su región, doble recuerdo que hace sonreír al hombre en todas las edades. Pero acordándose casi al punto de la antecámara y haciendo a D′Artagnan un gesto con la mano, como para pedirle permiso para terminar con los otros antes de comenzar con él, llamó tres veces, aumentando la voz cada vez, de suerte que recorrió todos los tonos intermedios entre el acento imperativo y el acento irritado:
«Athos! Porthos! Aramis!»-¡Athos! ¡Porthos! ¡Aramis!
Les deux mousquetaires avec lesquels nous avons déjà fait connaissance, et qui répondaient aux deux derniers de ces trois noms, quittèrent aussitôt les groupes dont ils faisaient partie et s′avancèrent vers le cabinet, dont la porte se referma derrière eux dès qu′ils en eurent franchi le seuil. Leur contenance, bien qu′elle ne fût pas tout à fait tranquille, excita cependant par son laisser-aller à la fois plein de dignité et de soumission, l′admiration de d′Artagnan, qui voyait dans ces hommes des demi- dieux, et dans leur chef un Jupiter olympien armé de tous ses foudres.Los dos mosqueteros con los que ya hemos trabado conocimiento, y que respondían a los dos últimos de estos tres nombres, dejaron en seguida los grupos de que formaban parte y avanzaron hacia el gabinete cuya puerta se cerró detrás de ellos una vez que hubieron franqueado el umbral. Su continente, aunque no estuviera completamente tranquilo, excitó sin embargo, por su abandono lleno a la vez de dignidad y de sumisión, la admiración de D′Artagnan, que veía en aquellos hombres semidioses, y en su jefe un Júpiter olímpico armado de todos sus rayos.
Quand les deux mousquetaires furent entrés, quand la porte fut refermée derrière eux, quand le murmure bourdonnant de l′antichambre, auquel l′appel qui venait d′être fait avait sans doute donné un nouvel aliment eut recommencé; quand enfin M. de Tréville eut trois ou quatre fois arpenté, silencieux et le sourcil froncé, toute la longueur de son cabinet, passant chaque fois devant Porthos et Aramis, roides et muets comme à la parade, il s′arrêta tout à coup en face d′eux, et les couvrant des pieds à la tête d′un regard irrité:Cuando los dos mosqueteros hubieron entrado, cuando la puerta fue cerrada tras ellos, cuando el murmullo zumbante de la antecámara, al que la llamada que acababa de hacerles había dado sin duda nuevo alimento, hubo empezado de nuevo, cuando, al fin, el señor de Tréville hubo recorrido tres o cuatro veces, silencioso y fruncido el ceño, toda la longitud de su gabinete pasando cada vez entre Porthos y Aramis, rígidos y mudos como en desfile se detuvo de pronto frente a ellos, y abarcándolos de los pies a la cabeza con una mirada irritada:
«Savez-vous ce que m′a dit le roi, s′écria-t-il, et cela pas plus tard qu′hier au soir? le savez-vous, messieurs?-¿Sabéis lo que me ha dicho el rey -exclamó-, y no más tarde que ayer noche? ¿Lo sabéis, señores?
— Non, répondirent après un instant de silence les deux mousquetaires; non, monsieur, nous l′ignorons.-No -respondieron tras un instante de silencio los dos mosqueteros-; no, señor, lo ignoramos.
— Mais j′espère que vous nous ferez l′honneur de nous le dire, ajouta Aramis de son ton le plus poli et avec la plus gracieuse révérence.-Pero espero que haréis el honor de decírnoslo -añadió Aramis en su tono más cortés y con la más graciosa reverencia.
— Il m′a dit qu′il recruterait désormais ses mousquetaires parmi les gardes de M. le cardinal!-Me ha dicho que de ahora en adelante reclutará sus mosqueteros entre los guardias del señor cardenal.
— Parmi les gardes de M. le cardinal! et pourquoi cela? demanda vivement Porthos.-¡Entre los guardias del señor cardenal! ¿Y eso por qué? -preguntó vivamente Porthos.
— Parce qu′il voyait bien que sa piquette avait besoin d′être ragaillardie par un mélange de bon vin.»-Porque ha comprendido que su vino peleón necesitaba ser remozado con una mezcla de buen vino.
Les deux mousquetaires rougirent jusqu′au blanc des yeux. D′Artagnan ne savait où il en était et eût voulu être à cent pieds sous terre.Los dos mosqueteros se ruborizaron hasta el blanco de los ojos. D′Artagnan no sabía dónde estaba y hubiera querido estar a cien pies bajo tierra.
«Oui, oui, continua M. de Tréville en s′animant, oui, et Sa Majesté avait raison, car, sur mon honneur, il est vrai que les mousquetaires font triste figure à la cour. M. le cardinal racontait hier au jeu du roi, avec un air de condoléance qui me déplut fort, qu′avant-hier ces damnés mousquetaires, ces diables à quatre — il appuyait sur ces mots avec un accent ironique qui me déplut encore davantage —, ces pourfendeurs, ajoutait-il en me regardant de son oeil de chat-tigre, s′étaient attardés rue Férou, dans un cabaret, et qu′une ronde de ses gardes — j′ai cru qu′il allait me rire au nez — avait été forcée d′arrêter les perturbateurs. Morbleu! vous devez en savoir quelque chose! Arrêter des mousquetaires! Vous en étiez, vous autres, ne vous en défendez pas, on vous a reconnus, et le cardinal vous a nommés. Voilà bien ma faute, oui, ma faute, puisque c′est moi qui choisis mes hommes. Voyons, vous, Aramis, pourquoi diable m′avez-vous demandé la casaque quand vous alliez être si bien sous la soutane? Voyons, vous, Porthos, n′avez-vous un si beau baudrier d′or que pour y suspendre une épée de paille? Et Athos! je ne vois pas Athos. Où est-il?-Sí, sí -continuó el señor de Tréville animándose-, sí, y Su Majestad tenía razón, porque, por mi honor, es cierto que los mosqueteros juegan un triste papel en la corte. El señor cardenal contaba ayer, durante el juego del rey, con un aire de condolencia que me desagradó mucho que anteayer esos malditos mosqueteros, esos juerguistas (y reforzaba estas palabras con un acento irónico que me desagradó más todavía), esos matasietes (añadió mirándome con su ojo de ocelote), se habían retrasado en la calle Férou, en una taberna, y que una ronda de sus guardias (creí que iba a reírse en mis narices) se había visto obligada a detener a los perturbadores. ¡Diablos!, debéis saber algo. ¡Arrestar mosqueteros! ¡Erais vosotros, vosotros, no lo neguéis, os han reconocido y el cardenal ha dado vuestros nombres! Es culpa mía, sí, culpa mía, porque soy yo quien elijo a mis hombres. Veamos vos, Aramis, ¿por qué diablos me habéis pedido la casaca cuando tan bien ibais a estar bajo la sotana? Y vos, Porthos, veamos, ¿tenéis un tahalí de oro tan bello sólo para colgar en él una espada de paja? ¡Y Athos! No veo a Athos. ¿Dónde está?
— Monsieur, répondit tristement Aramis, il est malade, fort malade.-Señor -respondió tristemente Aramis-, está enfermo, muy enfermo.
— Malade, fort malade, dites-vous? et de quelle maladie?-¿Enfermo, muy enfermo, decís? ¿Y de qué enfermedad?
— On craint que ce ne soit de la petite vérole, monsieur, répondit Porthos voulant mêler à son tour un mot à la conversation, et ce qui serait fâcheux en ce que très certainement cela gâterait son visage.-Temen que sea la viruela, señor -respondió Porthos, queriendo terciar con una frase en la conversación-, y sería molesto porque a buen seguro le estropearía el rostro.
— De la petite vérole! Voilà encore une glorieuse histoire que vous me contez là, Porthos!… Malade de la petite vérole, à son âge?… Non pas!… mais blessé sans doute, tué peut-être… Ah! si je le savais!… Sangdieu! messieurs les mousquetaires, je n′entends pas que l′on hante ainsi les mauvais lieux, qu′on se prenne de querelle dans la rue et qu′on joue de l′épée dans les carrefours. Je ne veux pas enfin qu′on prête à rire aux gardes de M. le cardinal, qui sont de braves gens, tranquilles, adroits, qui ne se mettent jamais dans le cas d′être arrêtés, et qui d′ailleurs ne se laisseraient pas arrêter, eux!… j′en suis sûr… Ils aimeraient mieux mourir sur la place que de faire un pas en arrière… Se sauver, détaler, fuir, c′est bon pour les mousquetaires du roi, cela!»-¡Viruela! ¡Vaya gloriosa historia la que me contáis, Porthos!... ¿Enfermo de viruela a su edad?... ¡No!... sino herido sin duda, muerto quizá... ¡Ah!, si ya lo sabía yo... ¡Maldita sea! Señores mosqueteros, sólo oigo una cosa, que se frecuentan los malos lugares, que se busca querella en la calle y que se saca la espada en las encrucijadas. No quiero, en fin, que se dé motivos de risa a los guardias del señor cardenal, que son gentes valientes, tranquilas, diestras, que nunca se ponen en situación de ser arrestadas, y que, por otro lado, no se dejarían detener..., estoy seguro. Preferirían morir allí mismo antes que dar un paso atrás... Largarse, salir pitando, huir, ¡bonita cosa para los mosqueteros del rey!
Porthos et Aramis frémissaient de rage. Ils auraient volontiers étranglé M. de Tréville, si au fond de tout cela ils n′avaient pas senti que c′était le grand amour qu′il leur portait qui le faisait leur parler ainsi. Ils frappaient le tapis du pied, se mordaient les lèvres jusqu′au sang et serraient de toute leur force la garde de leur épée. Au-dehors on avait entendu appeler, comme nous l′avons dit, Athos, Porthos et Aramis, et l′on avait deviné, à l′accent de la voix de M. de Tréville, qu′il était parfaitement en colère. Dix têtes curieuses étaient appuyées à la tapisserie et pâlissaient de fureur, car leurs oreilles collées à la porte ne perdaient pas une syllabe de ce qui se disait, tandis que leurs bouches répétaient au fur et à mesure les paroles insultantes du capitaine à toute la population de l′antichambre. En un instant depuis la porte du cabinet jusqu′à la porte de la rue, tout l′hôtel fut en ébullition.Porthos y Aramis temblaron de rabia. De buena gana habrían estrangulado al señor de Tréville, si en el fondo de todo aquello no hubieran sentido que era el gran amor que les tenía lo que le hacía hablar así. Golpeaban el suelo con el pie, se mordían los labios hasta hacerse sangre y apretaban con toda su fuerza la guarnición de su espada. Fuera se había oído llamar, como ya hemos dicho, a Athos, Porthos y Aramis, y se había adivinado, por el tono de la voz del señor de Tréville, que estaba completamente encolerizado. Diez cabezas curiosas se habían apoyado en los tapices y palidecían de furia, porque sus orejas pegadas a la puerta no perdían sílaba de cuanto se decía, mientras que sus bocas iban repitiendo las palabras insultantes del capitán a toda la población de la antecámara. En un instante, desde la puerta del gabinete a la puerta de la calle, todo el palacio estuvo en ebullición.
«Ah! les mousquetaires du roi se font arrêter par les gardes de M. le cardinal», continua M. de Tréville aussi furieux à l′intérieur que ses soldats, mais saccadant ses paroles et les plongeant une à une pour ainsi dire et comme autant de coups de stylet dans la poitrine de ses auditeurs. «Ah! six gardes de Son Éminence arrêtent six mousquetaires de Sa Majesté! Morbleu! j′ai pris mon parti. Je vais de ce pas au Louvre; je donne ma démission de capitaine des mousquetaires du roi pour demander une lieutenance dans les gardes du cardinal, et s′il me refuse, morbleu! je me fais abbé.»-¡Los mosqueteros del rey se hacen arrestar por los guardias del señor cardenal! -continuó el señor de Tréville, tan furioso por dentro como sus soldados, pero cortando sus palabras y hundiéndolas una a una, por así decir, y como otras tantas puñaladas en el pecho de sus oyentes-. ¡Ay, seis guardias de Su Eminencia arrestan a seis mosqueteros de Su Majestad! ¡Por todos los diablos! Yo he tomado mi decisión. Ahora mismo voy al Louvre; presento mi dimisión de capitán de los mosqueteros del rey para pedir un tenientazgo entre los guardias del cardenal, y si me rechaza, por todos los diablos, ¡me hago abad!′
À ces paroles, le murmure de l′extérieur devint une explosion: partout on n′entendait que jurons et blasphèmes. Les morbleu! les sangdieu! les morts de tous les diables! se croisaient dans l′air. D′Artagnan cherchait une tapisserie derrière laquelle se cacher, et se sentait une envie démesurée de se fourrer sous la table.A estas palabras el murmullo del exterior se convirtió en una explosión; por todas partes no se oían más que juramentos y blasfemias. Los ¡maldición!,los ¡maldita sea!, los ¡por todos los diablos!se cruzaban, en el aire. D′Artagnan buscaba una tapicería tras la cual esconderse, y sentía un deseo desmesurado de meterse debajo de la mesa.
«Eh bien, mon capitaine, dit Porthos hors de lui, la vérité est que nous étions six contre six, mais nous avons été pris en traître, et avant que nous eussions eu le temps de tirer nos épées, deux d′entre nous étaient tombés morts, et Athos, blessé grièvement, ne valait guère mieux. Car vous le connaissez, Athos; eh bien, capitaine, il a essayé de se relever deux fois, et il est retombé deux fois. Cependant nous ne nous sommes pas rendus, non! l′on nous a entraînés de force. En chemin, nous nous sommes sauvés. Quant à Athos, on l′avait cru mort, et on l′a laissé bien tranquillement sur le champ de bataille, ne pensant pas qu′il valût la peine d′être emporté. Voilà l′histoire. Que diable, capitaine! on ne gagne pas toutes les batailles. Le grand Pompée a perdu celle de Pharsale, et le roi François Ier, qui, à ce que j′ai entendu dire, en valait bien un autre, a perdu cependant celle de Pavie.-Bueno, mi capitán -dijo Porthos, fuera de sí-, la verdad es que éramos seis contra seis, pero fuimos cogidos traicioneramente, y antes de que hubiéramos tenido tiempo de sacar nuestras espadas, dos de nosotros habían caído muertos, y Athos, herido gravemente, no valía mucho más. Ya conocéis vos a Athos; pues bien, capitán, trató de levantarse dos veces, y volvió a caer las dos veces. Sin embargo, no nos hemos rendido, ¡no!, nos han llevado a la fuerza. En camino, nos hemos escapado. En cuanto a Athos, lo creyeron muerto, y lo dejaron tranquilamente en el campo de batalla, pensando que no valía la pena llevarlo. Esa es la historia. ¡Qué diablos, capitán, no se ganan todas las batallas! El gran Pompeyo perdió la de Farsalia, y el rey Francisco I, que según lo que he oído decir valía tanto como él, perdió sin embargo la de Pavía.
— Et j′ai l′honneur de vous assurer que j′en ai tué un avec sa propre épée, dit Aramis, car la mienne s′est brisée à la première parade… Tué ou poignardé, monsieur, comme il vous sera agréable.-Y tengo el honor de aseguraros que yo maté a uno con su propia espada -dijo Aramis- porque la mía se rompió en el primer encuentro... Matado o apuñalado, señor, como más os plazca.
— Je ne savais pas cela, reprit M. de Tréville d′un ton un peu radouci. M. le cardinal avait exagéré, à ce que je vois.-Yo no sabía eso -prosiguió el señor de Tréville en un tono algo sosegado-. Por lo que veo, el señor cardenal exageró.
— Mais de grâce, monsieur, continua Aramis, qui, voyant son capitaine s′apaiser, osait hasarder une prière, de grâce, monsieur, ne dites pas qu′Athos lui-même est blessé: il serait au désespoir que cela parvint aux oreilles du roi, et comme la blessure est des plus graves, attendu qu′après avoir traversé l′épaule elle pénètre dans la poitrine, il serait à craindre…»-Pero, por favor, señor -continuó Aramis, que, al ver a su cap¡tán aplacarse, se atrevía a aventurar un ruego-, por favor, señor, no digáis que el propio Athos está herido, sería para desesperarse que llegara a oídos del rey, y como la herida es de las más graves, dado que después de haber atravesado el hombro ha penetrado en el pecho, sería de temer...
Au même instant la portière se souleva, et une tête noble et belle, mais affreusement pâle, parut sous la frange.En el mismo instante, la cortina se alzó y una cabeza noble y hermosa, pero horriblemente pálida, apareció bajo los flecos:
«Athos! s′écrièrent les deux mousquetaires.-¡Athos! -exclamaron los dos mosqueteros.
— Athos! répéta M. de Tréville lui-même.-¡Athos! -repitió el mismo señor de Tréville.
— Vous m′avez mandé, monsieur, dit Athos à M. de Tréville d′une voix affaiblie mais parfaitement calme, vous m′avez demandé, à ce que m′ont dit nos camarades, et je m′empresse de me rendre à vos ordres; voilà, monsieur, que me voulez-vous?»-Me habéis mandado llamar, señor -dijo Athos al señor de Tréville con una voz debilitada pero perfectamente calma-, me habéis llamado por lo que me han dicho mis compañeros, y me apresuro a ponerme a vuestras órdenes; aquí estoy, señor, ¿qué me queréis?
Et à ces mots le mousquetaire, en tenue irréprochable, sanglé comme de coutume, entra d′un pas ferme dans le cabinet. M. de Tréville, ému jusqu′au fond du coeur de cette preuve de courage, se précipita vers lui.Y con estas palabras, el mosquetero, con firmeza irreprochable, ceñido como de costumbre, entró con paso firme en el gabinete. El señor de Tréville, emocionado hasta el fondo de su corazón por aquella prueba de valor, se precipitó hacia él.
«J′étais en train de dire à ces messieurs, ajouta-t-il, que je défends à mes mousquetaires d′exposer leurs jours sans nécessité, car les braves gens sont bien chers au roi, et le roi sait que ses mousquetaires sont les plus braves gens de la terre. Votre main, Athos.»-Estaba diciéndoles a estos señores -añadió-, que prohíbo a mis mosqueteros exponer su vida sin necesidad, porque las personas valientes son muy caras al rey, y el rey sabe que sus mosqueteros son las personas más valientes de la tierra. Vuestra mano, Athos.
Et sans attendre que le nouveau venu répondît de lui-même à cette preuve d′affection, M. de Tréville saisissait sa main droite et la lui serrait de toutes ses forces, sans s′apercevoir qu′Athos, quel que fût son empire sur lui-même, laissait échapper un mouvement de douleur et pâlissait encore, ce que l′on aurait pu croire impossible.Y sin esperar a que el recién venido respondiese por sí mismo a aquella prueba de afecto, al señor de Tréville cogía su mano derecha y se la apretaba con todas sus fuerzas sin darse cuenta de que Athos, cualquiera que fuese su dominio sobre sí mismo, dejaba escapar un gesto de dolor y palidecía aún más, cosa que habría podido creerse imposible.
La porte était restée entrouverte, tant l′arrivée d′Athos, dont, malgré le secret gardé, la blessure était connue de tous, avait produit de sensation. Un brouhaha de satisfaction accueillit les derniers mots du capitaine et deux ou trois têtes, entraînées par l′enthousiasme, apparurent par les ouvertures de la tapisserie. Sans doute, M. de Tréville allait réprimer par de vives paroles cette infraction aux lois de l′étiquette, lorsqu′il sentit tout à coup la main d′Athos se crisper dans la sienne, et qu′en portant les yeux sur lui il s′aperçut qu′il allait s′évanouir. Au même instant Athos, qui avait rassemblé toutes ses forces pour lutter contre la douleur, vaincu enfin par elle, tomba sur le parquet comme s′il fût mort.La puerta había quedado entrearbierta, tanta sensación había causado la llegada de Athos, cuya herida, pese al secreto guardado, era conocida de todos. Un murmullo de satisfacción acogió las últimas palabras del capitán, y dos o tres cabezas, arrastradas por el entusiasmo, aparecieron por las aberturas de la tapicería. Iba sin duda el señor de Tréville a reprimir con vivas palabras aquella infracción a las leyes de la etiqueta, cuando de pronto sintió la mano de Athos crisparse en la suya, y dirigiendo los ojos hacia él se dio cuenta de que iba a desvanecerse. En el mismo instante, Athos, que había reunido todas sus fuerzas para luchar contra el dolor, vencido al fin por él, cayó al suelo como si estuviese muerto.
«Un chirurgien! cria M. de Tréville. Le mien, celui du roi, le meilleur! Un chirurgien! ou, sangdieu! mon brave Athos va trépasser.»-¡Un cirujano! -gritó el señor de Tréville-. ¡El mío, el del rey, el mejor! ¡Un cirujano! Si no, maldita sea, mi valiente Athos va a morir.
Aux cris de M. de Tréville, tout le monde se précipita dans son cabinet sans qu′il songeât à en fermer la porte à personne, chacun s′empressant autour du blessé. Mais tout cet empressement eût été inutile, si le docteur demandé ne se fût trouvé dans l′hôtel même; il fendit la foule, s′approcha d′Athos toujours évanoui, et, comme tout ce bruit et tout ce mouvement le gênait fort, il demanda comme première chose et comme la plus urgente que le mousquetaire fût emporté dans une chambre voisine. Aussitôt M. de Tréville ouvrit une porte et montra le chemin à Porthos et à Aramis, qui emportèrent leur camarade dans leurs bras. Derrière ce groupe marchait le chirurgien, et derrière le chirurgien, la porte se referma.A los gritos del señor de Tréville todo el mundo se precipitó en su gabinete sin que él pensara en cerrar la puerta a nadie, afanándose todos en torno del herido. Pero todo aquel afán hubiera sido inútil si el doctor exigido no hubiera sido hallado en el palacio mismo; atravesó la multitud, se acercó a Athos, que continuaba desvanecido y como todo aquel ruido y todo aquel movimiento le molestaba mucho, pidio como primera medida y como la más urgente que el mosquetero fuera llevado a una habitación vecina. Por eso el señor de Tréville abrió una puerta y mostró el camino a Porthos y a Aramis, que llevaron a su compañero en brazos. Detrás de este grupo iba el cirujano, y detrás del cirujano la puerta se cerró.
Alors le cabinet de M. de Tréville, ce lieu ordinairement si respecté, devint momentanément une succursale de l′antichambre. Chacun discourait, pérorait, parlait haut, jurant, sacrant, donnant le cardinal et ses gardes à tous les diables.Entonces el gabinete del señor de Tréville, aquel lugar ordinariamente tan respetado, se convirtió por un momento en una sucursal de la antecámara. Todos disertaban, peroraban, hablaban en voz alta, jurando, blasfemando, enviando al cardenal y a sus guardias a todos los diablos.
Un instant après, Porthos et Aramis rentrèrent; le chirurgien etM. de Tréville seuls étaient restés près du blessé.Un instante después, Porthos y Aramis volvieron; sólo el cirujano y el señor de Tréville se habían quedado junto al herido.
Enfin M. de Tréville rentra à son tour. Le blessé avait repris connaissance; le chirurgien déclarait que l′état du mousquetaire n′avait rien qui pût inquiéter ses amis, sa faiblesse ayant été purement et simplement occasionnée par la perte de son sang.Por fin, el señor de Tréville regresó también. El herido había recuperado el conocimiento; el cirujano declaraba que el estado del mosquetero nada tenía que pudiese inquietar a sus amigos, habiendo sido ocasionada su debilidad pura y simplemente por la pérdida de sangre.
Puis M. de Tréville fit un signe de la main, et chacun se retira, excepté d′Artagnan, qui n′oubliait point qu′il avait audience et qui, avec sa ténacité de Gascon, était demeuré à la même place.Luego el señor de Tréville hizo un gesto con la mano y todos se retiraron excepto D′Artagnan, que no olvidaba que tenía audiencia y que, con su tenacidad de gascón, había permanecido en el mismo sitio.
Lorsque tout le monde fut sorti et que la porte fut refermée, M. de Tréville se retourna et se trouva seul avec le jeune homme. L′événement qui venait d′arriver lui avait quelque peu fait perdre le fil de ses idées. Il s′informa de ce que lui voulait l′obstiné solliciteur. D′Artagnan alors se nomma, et M. de Tréville, se rappelant d′un seul coup tous ses souvenirs du présent et du passé, se trouva au courant de sa situation.Cuando todo el mundo hubo salidoy la puerta fue cerrada, el señor de Tréville se volvió y se encontró solo con el joven. El suceso que acababa de ocurrir le había hecho perder algo el hilo de sus ideas. Se informó de lo que quería el obstinado solicitante. D′Artagnan entonces dio su nombre, y el señor de Tréville, trayendo a su memoria de golpe todos sus recuerdos del presente y del pasado, se puso al corriente de la situación.
«Pardon lui dit-il en souriant, pardon, mon cher compatriote, mais je vous avais parfaitement oublié. Que voulez-vous! un capitaine n′est rien qu′un père de famille chargé d′une plus grande responsabilité qu′un père de famille ordinaire. Les soldats sont de grands enfants; mais comme je tiens à ce que les ordres du roi, et surtout ceux de M. le cardinal, soient exécutés…»-Perdón -le dijo sonriente-, perdón, querido compatriota, pero os había olvidado por completo. ¡Qué queréis! Un capitán no es nada más que un padre de familia cargado con una responsabilidad mayor que un padre de familia normal. Los soldados son niños grandes; pero como debo hacer que las órdenes del rey, y sobre todo las del señor cardenal, se cumplan...
D′Artagnan ne put dissimuler un sourire. À ce sourire, M. de Tréville jugea qu′il n′avait point affaire à un sot, et venant droit au fait, tout en changeant de conversation:D′Artagnan no pudo disimular una sonrisa. Ante ella, el señor de Tréville pensó que no se las había con un imbécil y, yendo derecho al grano, cambiando de conversación, dijo:
«J′ai beaucoup aimé monsieur votre père, dit-il. Que puis-je faire pour son fils? hâtez-vous, mon temps n′est pas à moi.-Quise mucho a vuestro señor padre. ¿Qué puedo hacer por su hijo? Daos prisa, mi tiempo no es mío.
— Monsieur, dit d′Artagnan, en quittant Tarbes et en venant ici, je me proposais de vous demander, en souvenir de cette amitié dont vous n′avez pas perdu mémoire, une casaque de mousquetaire; mais, après tout ce que je vois depuis deux heures, je comprends qu′une telle faveur serait énorme, et je tremble de ne point la mériter.-Señor -dijo D′Artagnan-, al dejar Tarbes y venir hacia aquí, me proponía pediros, en recuerdo de esa amistad cuya memoria no habéis perdido, una casaca de mosquetero; pero después de cuanto he visto desde hace dos horas, comprendo que un favor semejante sería enorme, y tiemblo de no merecerlo.
— C′est une faveur en effet, jeune homme, répondit M. de Tréville; mais elle peut ne pas être si fort au-dessus de vous que vous le croyez ou que vous avez l′air de le croire. Toutefois une décision de Sa Majesté a prévu ce cas, et je vous annonce avec regret qu′on ne reçoit personne mousquetaire avant l′épreuve préalable de quelques campagnes, de certaines actions d′éclat, ou d′un service de deux ans dans quelque autre régiment moins favorisé que le nôtre.»-En efecto, joven, es un favor -respondió el señor de Tréville-; pero quizá no esté tan por encima de vos como creéis o fingís creerlo. Sin embargo, una decisión de Su Majestad ha previsto este caso, y os anuncio con pesar que no se recibe a nadie como mosquetero antes de la prueba previa de algunas campañas, de ciertas acciones de brillo, o de un servicio de dos años en algún otro regimiento menos favorecido que el nuestro.
D′Artagnan s′inclina sans rien répondre. Il se sentait encore plus avide d′endosser l′uniforme de mousquetaire depuis qu′il y avait de si grandes difficultés à l′obtenir.D′Artagnan se inclinó sin responder nada. Se sentía aún más deseoso de endosarse el uniforme de mosquetero desde que había tan grandes dificultades en obtenerlo.
«Mais, continua Tréville en fixant sur son compatriote un regard si perçant qu′on eût dit qu′il voulait lire jusqu′au fond de son coeur, mais, en faveur de votre père, mon ancien compagnon, comme je vous l′ai dit, je veux faire quelque chose pour vous, jeune homme. Nos cadets de Béarn ne sont ordinairement pas riches, et je doute que les choses aient fort changé de face depuis mon départ de la province. Vous ne devez donc pas avoir de trop, pour vivre, de l′argent que vous avez apporté avec vous.»-Pero -prosiguió Tréville fijando sobre su compatriota una mirada tan penetrante que se hubiera dicho que quería leer hasta el fondo de su corazón-, pero por vuestro padre, antiguo compañero mío como os he dicho, quiero hacer algo por vos, joven. Nuestros cadetes de Béarn no son por regla general ricos, y dudo de que las cosas hayan cambiado mucho de cara desde mi salida de la provincia. No debéis tener, para vivir, demasiado dinero que hayáis traído con vos.
D′Artagnan se redressa d′un air fier qui voulait dire qu′il ne demandait l′aumône à personne.D′Artagnan se irguió con un ademán orgulloso que quería decir que él no pedía limosna a nadie.
«C′est bien, jeune homme, c′est bien, continua Tréville, je connais ces airs-là, je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m′aurait dit que je n′étais pas en état d′acheter le Louvre.»-Está bien, joven, está bien -continuó Tréville- ya conozco esos ademanes; yo vine a Paris con cuatro escudos en mi bolsillo, y me hubiera batido con cualquiera que me hubiera dicho que no me hallaba en situación de comprar el Louvre.
D′Artagnan se redressa de plus en plus; grâce à la vente de son cheval, il commençait sa carrière avec quatre écus de plus que M. de Tréville n′avait commencé la sienne.D′Artagnan se irguió más y más; gracias a la venta de su caballo, comenzaba su carrera con cuatro escudos más de los que el señor de Tréville había comenzado la suya.
«Vous devez donc, disais-je, avoir besoin de conserver ce que vous avez, si forte que soit cette somme; mais vous devez avoir besoin aussi de vous perfectionner dans les exercices qui conviennent à un gentilhomme. J′écrirai dès aujourd′hui une lettre au directeur de l′académie royale, et dès demain il vous recevra sans rétribution aucune. Ne refusez pas cette petite douceur. Nos gentilshommes les mieux nés et les plus riches la sollicitent quelquefois, sans pouvoir l′obtenir. Vous apprendrez le manège du cheval, l′escrime et la danse; vous y ferez de bonnes connaissances, et de temps en temps vous reviendrez me voir pour me dire où vous en êtes et si je puis faire quelque chose pour vous.»-Debéis, pues, decía yo, tener necesidad de conservar lo que tenéis, por fuerte que sea esa suma; pero debéis necesitar también perfeccionaros en los ejercicios que convienen a un gentilhombre. Escribiré hoy mismo una carta al director de la Academia Real y desde mañana os recibirá sin retribución alguna. No rechacéis este pequeño favor. Nuestros gentileshombres de mejor cuna y más ricos lo solicitan a veces sin poder obtenerlo. Aprenderéis el manejo del caballo, esgrima y danza; haréis buenos conocimientos, y de vez en cuando volveréis a verme para decirme cómo os encontráis y si puedo hacer algo por vos.
D′Artagnan, tout étranger qu′il fût encore aux façons de cour, s′aperçut de la froideur de cet accueil.Por desconocedor que fuera D′Artagnan de las formas de la corte, se dio cuenta de la frialdad de aquel recibimiento.
«Hélas, monsieur, dit-il, je vois combien la lettre de recommandation que mon père m′avait remise pour vous me fait défaut aujourd′hui!-¡Desgraciadamente, señor -dijo- veo la falta que hoy me hace la carta de recomendación que mi padre me había entregado para vos!
— En effet, répondit M. de Tréville, je m′étonne que vous ayez entrepris un aussi long voyage sans ce viatique obligé, notre seule ressource à nous autres Béarnais.-En efecto -respondió el señor de Tréville-, me sorprende que hayáis emprendido tan largo viaje sin ese viático obligado, único recurso de nosotros los bearneses.
— Je l′avais, monsieur, et, Dieu merci, en bonne forme, s′écria d′Artagnan; mais on me l′a perfidement dérobé.»-La tenía, señor, y, a Dios gracias, en buena forma -exclamó D′Artagnan-; pero me fue robada pérfidamente.
Et il raconta toute la scène de Meung, dépeignit le gentilhomme inconnu dans ses moindres détails, le tout avec une chaleur, une vérité qui charmèrent M. de Tréville.Y contó toda la escena de Meung, describió al gentilhombre desconocido en sus menores detalles, todo ello con un calor y una verdad que encantaron al señor de Tréville.
«Voilà qui est étrange, dit ce dernier en méditant; vous aviez donc parlé de moi tout haut?-Sí que es extraño -dijo este último pensando-. ¿Habíais hablado de mí en voz alta?
— Oui, monsieur, sans doute j′avais commis cette imprudence; que voulez-vous, un nom comme le vôtre devait me servir de bouclier en route: jugez si je me suis mis souvent à couvert!»-Sí, señor, sin duda cometí esa imprudencia; qué queréis, un nombre como el vuestro debía servirme de escudo en el camino. ¡Juzgad si me puse a cubierto a menudo!
La flatterie était fort de mise alors, et M. de Tréville aimait l′encens comme un roi ou comme un cardinal. Il ne put donc s′empêcher de sourire avec une visible satisfaction, mais ce sourire s′effaça bientôt, et revenant de lui-même à l′aventure de Meung:La adulación estaba muy de moda entonces, y el señor de Tréville amaba el incienso como un rey o como un cardenal. No pudo impedirse por tanto sonreír con satisfacción visible, pero aquella sonrisa se borró muy pronto, volviendo por sí mismo a la aventura de Meung.
«Dites-moi, continua-t-il, ce gentilhomme n′avait-il pas une légère cicatrice à la tempe?-Decidme -repuso-, ¿no tenía ese gentilhombre una ligera cicatriz en la sien?
— Oui, comme le ferait l′éraflure d′une balle.-Sí, como lo haría la rozadura de una bala.
— N′était-ce pas un homme de belle mine?-¿No era un hombre de buen aspecto?
— Oui.-Sí.
— De haute taille?-¿Y de gran estatura?
— Oui.-Sí.
— Pâle de teint et brun de poil?-¿Pálido de tez y moreno de pelo?
— Oui, oui, c′est cela. Comment se fait-il, monsieur, que vous connaissiez cet homme? Ah! si jamais je le retrouve, et je le retrouverai, je vous le jure, fût-ce en enfer…-Sí, sí, eso es. ¿Cómo es, señor, que conocéis a ese hombre? ¡Ah, si alguna vez lo encuentro, y os juro que lo encontraré, aunque sea en el infierno...!
— Il attendait une femme? continua Tréville.-¿Esperaba a una mujer? -prosiguió Tréville.
— Il est du moins parti après avoir causé un instant avec celle qu′il attendait.-Al menos se marchó tras haber hablado un instante con aquella a la que esperaba.
— Vous ne savez pas quel était le sujet de leur conversation?-¿No sabéis cuál era el tema de su conversación?
— Il lui remettait une boîte, lui disait que cette boîte contenait ses instructions, et lui recommandait de ne l′ouvrir qu′à Londres.-El le entregaba una caja, le decía que aquella caja contenía sus instrucciones, y le recomendaba no abrirla hasta Londres.
— Cette femme était anglaise?-¿Era inglesa esa mujer?
— Il l′appelait Milady.-La llamaba Milady.
— C′est lui! murmura Tréville, c′est lui! je le croyais encore àBruxelles!-¡El es! -murmuró Tréville-. ¡El es! Y yo le creía aún en Bruselas.
— Oh! monsieur, si vous savez quel est cet homme, s′écria d′Artagnan, indiquez-moi qui il est et d′où il est, puis je vous tiens quitte de tout, même de votre promesse de me faire entrer dans les mousquetaires; car avant toute chose je veux me venger.-Señor, sabéis quién es ese hombre -exclamó D′Artagnan-. Indicadme quién es y dónde está, y os libero de todo, incluso de vuestra promesa de hacerme ingresar en los mosqueteros; porque antes que cualquier otra cosa quiero vengarme.
— Gardez-vous-en bien, jeune homme, s′écria Tréville; si vous le voyez venir, au contraire, d′un côté de la rue, passez de l′autre! Ne vous heurtez pas à un pareil rocher: il vous briserait comme un verre.-Guardaos de ello, joven -exclamó Tréville-; antes bien, si lo veis venir por un lado de la calle, pasad al otro. No os enfrentéis a semejante roca: os rompería como a un vaso.
— Cela n′empêche pas, dit d′Artagnan, que si jamais je le retrouve…-Eso no impide -dijo D′Artagnan- que si alguna vez lo encuentro...
— En attendant, reprit Tréville, ne le cherchez pas, si j′ai un conseil à vous donner.»-Mientras tanto -prosiguió Tréville-, no lo busquéis, si tengo algún consejo que daros.
Tout à coup Tréville s′arrêta, frappé d′un soupçon subit. Cette grande haine que manifestait si hautement le jeune voyageur pour cet homme, qui, chose assez peu vraisemblable, lui avait dérobé la lettre de son père, cette haine ne cachait-elle pas quelque perfidie? ce jeune homme n′était-il pas envoyé par Son Éminence? ne venait-il pas pour lui tendre quelque piège? ce prétendu d′Artagnan n′était-il pas un émissaire du cardinal qu′on cherchait à introduire dans sa maison, et qu′on avait placé près de lui pour surprendre sa confiance et pour le perdre plus tard, comme cela s′était mille fois pratiqué? Il regarda d′Artagnan plus fixement encore cette seconde fois que la première. Il fut médiocrement rassuré par l′aspect de cette physionomie pétillante d′esprit astucieux et d′humilité affectée.De pronto Tréville se detuvo, impresionado por una sospecha súbita. Aquel gran odio que manifestaba tan altivamente el joven viajero por aquel hombre que, cosa bastante poco verosímil, le había robado la carta de su padre, aquel odio ¿no ocultaba alguna perfidia? ¿No le habría sido enviado aquel joven por Su Eminencia? ¿No vendría para tenderle alguna trampa? Ese presunto D′Artagnan ¿no sería un emisario del cardenal que trataba de introducirse en su casa, y que le habían puesto al lado para sorprender su confianza y para perderlo más tarde, como mil veces se había hecho? Miró a D′Artagnan más fijamente aún que la vez primera. Sólo se tranquilizó a medias por el aspecto de aquellá fisonomía chispeante de ingenio astuto y de humildad afectada.
«Je sais bien qu′il est Gascon, pensa-t-il; mais il peut l′être aussi bien pour le cardinal que pour moi. Voyons, éprouvons-le.»"Sé de sobra que es gascón -pensó-. Pero puede serlo tanto para el cardenal como para mí. Veamos, probémosle."
«Mon ami, lui dit-il lentement, je veux, comme au fils de mon ancien ami, car je tiens pour vraie l′histoire de cette lettre perdue, je veux, dis-je, pour réparer la froideur que vous avez d′abord remarquée dans mon accueil, vous découvrir les secrets de notre politique. Le roi et le cardinal sont les meilleurs amis; leurs apparents démêlés ne sont que pour tromper les sots. Je ne prétends pas qu′un compatriote, un joli cavalier, un brave garçon, fait pour avancer, soit la dupe de toutes ces feintises et donne comme un niais dans le panneau, à la suite de tant d′autres qui s′y sont perdus. Songez bien que je suis dévoué à ces deux maîtres tout-puissants, et que jamais mes démarches sérieuses n′auront d′autre but que le service du roi et celui de M. le cardinal, un des plus illustres génies que la France ait produits. Maintenant, jeune homme, réglez-vous là-dessus, et si vous avez, soit de famille, soit par relations, soit d′instinct même, quelqu′une de ces inimitiés contre le cardinal telles que nous les voyons éclater chez les gentilshommes, dites-moi adieu, et quittons-nous. Je vous aiderai en mille circonstances, mais sans vous attacher à ma personne. J′espère que ma franchise, en tout cas, vous fera mon ami; car vous êtes jusqu′à présent le seul jeune homme à qui j′aie parlé comme je le fais.»-Amigo mío -le dijo lentamente- quiero, como a hijo de mi viejo amigo (porque tengo por verdadera la historia de esa carta perdida), quiero -dijo-, para reparar la frialdad que habéis notado ante todo en mi recibimiento, descubriros los secretos de nuestra política. El rey y el cardenal son los mejores amigos del mundo: sus aparentes altercados no son más que para engañar a los imbéciles. No pretendo que un compatriota, un buen caballero, un muchacho valiente, hecho para avanzar, sea víctima de todos esos fingimientos y caiga como un necio en la trampa, al modo de tantos otros que se han perdido por ello. Pensad que yo soy adicto a estos dos amos todopoderosos, y que nunca mis diligencias serias tendrán otro fin que el servicio del rey y del señor cardenal, uno de los más ilustres genios que Francia ha producido. Ahora, joven, regulad vuestra conducta sobre esto, y si tenéis, bien por familia, bien por amigos, bien por propio instinto, alguna de esas enemistades contra el cardenal semejante a las que vemos manifestarse en los gentileshombres, decidme adiós y despidámonos. Os ayudaré en mil circunstancias, pero sin relacionaros con mi persona. Espero que mi franqueza, en cualquier caso, os hará amigo mío; porque sois, hasta el presente, el único joven al que he hablado como lo hago.
Tréville se disait à part lui:Tréville se decía aparte para sí:
«Si le cardinal m′a dépêché ce jeune renard, il n′aura certes pas manqué, lui qui sait à quel point je l′exècre, de dire à son espion que le meilleur moyen de me faire la cour est de me dire pis que pendre de lui; aussi, malgré mes protestations, le rusé compère va-t-il me répondre bien certainement qu′il a l′Éminence en horreur.»"Si el cardenal me ha despachado a este joven zorro, a buen seguro, él, que sabe hasta qué punto lo execro, no habrá dejado de decir a su espía que el mejor medio de hacerme la corte es echar pestes de él; así, pese a mis protestas, el astuto compadre va a responderme con toda seguridad que siente horror por Su Eminencia."
Il en fut tout autrement que s′y attendait Tréville; d′Artagnan répondit avec la plus grande simplicité:Ocurrió de muy otra forma a como esperaba Tréville; D′Artagnan respondió con la mayor simplicidad:
«Monsieur, j′arrive à Paris avec des intentions toutes semblables.Mon père m′a recommandé de ne souffrir rien du roi, de M. lecardinal et de vous, qu′il tient pour les trois premiers deFrance.»-Señor, llego a París con intenciones completamente idénticas. Mi padre me ha recomendado no aguantar nada salvo del rey, del señor cardenal y de vos, a quienes tiene por los tres primeros de Francia.
D′Artagnan ajoutait M. de Tréville aux deux autres, comme on peut s′en apercevoir, mais il pensait que cette adjonction ne devait rien gâter.D′Artagnan añadía el señor de Tréville a los otros dos, como podemos darnos cuenta; pero pensaba que este añadido no tenía por qué estropear nada.
«J′ai donc la plus grande vénération pour M. le cardinal, continua-t-il, et le plus profond respect pour ses actes. Tant mieux pour moi, monsieur, si vous me parlez, comme vous le dites, avec franchise; car alors vous me ferez l′honneur d′estimer cette ressemblance de goût; mais si vous avez eu quelque défiance, bien naturelle d′ailleurs, je sens que je me perds en disant la vérité; mais, tant pis, vous ne laisserez pas que de m′estimer, et c′est à quoi je tiens plus qu′à toute chose au monde.»-Tengo, pues, la mayor veneración por el señor cardenal -continuó-, y el más profundo respeto por sus actos. Tanto mejor para mí, señor, si me habláis, como decís, con franqueza; porque entonces me haréis el honor de estimar este parecido de gustos; mas si habéis tenido alguna desconfianza, muy natural por otra parte, siento que me pierdo diciendo la verdad; pero, tanto peor; así no dejaréis de estimarme, y es lo que quiero más que cualquier otra cosa en el mundo.
M. de Tréville fut surpris au dernier point. Tant de pénétration, tant de franchise enfin, lui causait de l′admiration, mais ne levait pas entièrement ses doutes: plus ce jeune homme était supérieur aux autres jeunes gens, plus il était à redouter s′il se trompait. Néanmoins il serra la main à d′Artagnan, et lui dit:El señor de Tréville quedó sorprendido hasta el extremo. Tanta penetración, tanta franqueza, en fin, le causaba admiración, pero no disipaba enteramente sus dudas; cuanto más superior fuera este joven a los demás, tanto más era de temer si se engañaba. Sin embargo, apretó la mano de D′Artagnan, y le dijo:
«Vous êtes un honnête garçon, mais dans ce moment je ne puis faire que ce que je vous ai offert tout à l′heure. Mon hôtel vous sera toujours ouvert. Plus tard, pouvant me demander à toute heure et par conséquent saisir toutes les occasions, vous obtiendrez probablement ce que vous désirez obtenir.-Sois un joven honesto, pero en este momento no puedo hacer nada por vos más que lo que os he ofrecido hace un instante. Mi palacio estará siempre abierto para vos. Más tarde, al poder requerirme a todas horas y por tanto aprovechar todas las ocasiones, obtendréis probablemente lo que deseáis obtener.
— C′est-à-dire, monsieur, reprit d′Artagnan, que vous attendez que je m′en sois rendu digne. Eh bien, soyez tranquille, ajouta-t- il avec la familiarité du Gascon, vous n′attendrez pas longtemps.»-Eso quiere decir, señor -prosiguió D′Artagnan-, que esperáis a que vuelva digno de ello. Pues bien, estad tranquilo, -añadió con la familiaridad del gascón-, no esperaréis mucho tiempo.
Et il salua pour se retirer, comme si désormais le reste le regardait.Y saludó para retirarse como si el resto corriese en adelante de su cuenta.
«Mais attendez donc, dit M. de Tréville en l′arrêtant, je vous ai promis une lettre pour le directeur de l′académie. Êtes-vous trop fier pour l′accepter, mon jeune gentilhomme?-Pero esperad -dijo el señor de Tréville deteniéndolo-, os he prometido una carta para el director de la Academia. ¿Sois demasiado orgulloso para aceptarla, mi joven gentilhombre?
— Non, monsieur, dit d′Artagnan; je vous réponds qu′il n′en sera pas de celle-ci comme de l′autre. Je la garderai si bien qu′elle arrivera, je vous le jure, à son adresse, et malheur à celui qui tenterait de me l′enlever!»-No, señor -dijo D′Artagnan-; os respondo que no ocurrirá con esta como con la otra. La guardaré tan bien que os juro que llegará a su destino, y ¡ay de quien intente robármela!
M. de Tréville sourit à cette fanfaronnade, et, laissant son jeune compatriote dans l′embrasure de la fenêtre où ils se trouvaient et où ils avaient causé ensemble, il alla s′asseoir à une table et se mit à écrire la lettre de recommandation promise. Pendant ce temps, d′Artagnan, qui n′avait rien de mieux à faire, se mit à battre une marche contre les carreaux, regardant les mousquetaires qui s′en allaient les uns après les autres, et les suivant du regard jusqu′à ce qu′ils eussent disparu au tournant de la rue.El señor de Tréville sonrió ante esa fanfarronada y, dejando a su joven compatriota en el vano de la ventana, donde se encontraba y donde habían hablado juntos, fue a sentarse a una mesa y se puso a escribir la carta de recomendación prometida. Durante ese tiempo, D′Artagnan, que no tenía nada mejor que hacer, se puso a batir una marcha contra los cristales, mirando a los mosqueteros que se iban uno tras otro, y siguiéndolos con la mirada hasta que desaparecían al volver la calle.
M. de Tréville, après avoir écrit la lettre, la cacheta et, se levant, s′approcha du jeune homme pour la lui donner; mais au moment même où d′Artagnan étendait la main pour la recevoir, M. de Tréville fut bien étonné de voir son protégé faire un soubresaut, rougir de colère et s′élancer hors du cabinet en criant:El señor de Tréville, después de haber escrito la carta, la selló y, levantándose, se acercó al joven para dársela; pero en el momento mismo en que D′Artagnan extendía la mano para recibirla, el señor de Tréville quedó completamante estupefacto al ver a su protegido dar un salto, enrojecer de cólera y lanzarse fuera del gabinete gritando:
«Ah! sangdieu! il ne m′échappera pas, cette fois.-¡Ah, maldita sea! Esta vez no se me escapará.
— Et qui cela? demanda M. de Tréville.-¿Pero quién? -preguntó el señor de Tréville.
— Lui, mon voleur! répondit d′Artagnan. Ah! traître!»-¡El, mi ladrón! -respondió D′Artagnan-. ¡Ah, traidor!
Et il disparut.Y desapareció.
«Diable de fou! murmura M. de Tréville. À moins toutefois, ajouta- t-il, que ce ne soit une manière adroite de s′esquiver, en voyant qu′il a manqué son coup.»-¡Diablo de loco! -murmuró el señor de Tréville-. A menos -añadió- que no sea una manera astuta de zafarse, al ver que ha marrado su golpe.






CHAPITRE IV -- L′ÉPAULE D′ATHOS, LE BAUDRIER DE PORTHOS ET LE MOUCHOIR D′ARAMIS

Capítulo IV -- El hombro de Athos, el tahalí de Porthos y el pañuelo de Aramis

D′Artagnan, furieux, avait traversé l′antichambre en trois bonds et s′élançait sur l′escalier, dont il comptait descendre les degrés quatre à quatre, lorsque, emporté par sa course, il alla donner tête baissée dans un mousquetaire qui sortait de chez M. de Tréville par une porte de dégagement, et, le heurtant du front à l′épaule, lui fit pousser un cri ou plutôt un hurlement.D′Artagnan, furioso, había atravesado la antecámara de tres saltos y se abalanzaba a la escalera cuyos escalones contaba con descender de cuatro en cuatro cuando, arrastrado por su camera, fue a dar de cabeza en un mosquetero que salía del gabinete del señor de Tréville por una puerta de excusado; y al golpearle con la frente en el hombro, le hizo lanzar un grito o mejor un aullido.
«Excusez-moi, dit d′Artagnan, essayant de reprendre sa course, excusez-moi, mais je suis pressé.»-Perdonadme -dijo D′Artagnan tratando de reemprender su carrera-, perdonadme, pero tengo prisa.
À peine avait-il descendu le premier escalier, qu′un poignet de fer le saisit par son écharpe et l′arrêta.Apenas había descendido el primer escalón cuando un puño de hierro le cogió por su bandolera y lo detuvo.
«Vous êtes pressé! s′écria le mousquetaire, pâle comme un linceul; sous ce prétexte, vous me heurtez, vous dites: "Excusez-moi", et vous croyez que cela suffit? Pas tout à fait, mon jeune homme. Croyez-vous, parce que vous avez entendu M. de Tréville nous parler un peu cavalièrement aujourd′hui, que l′on peut nous traiter comme il nous parle? Détrompez-vous, compagnon, vous n′êtes pas M. de Tréville, vous.-¡Tenéis prisa! -exclamó el mosquetero, pálido como un lienzo-. Con ese pretexto golpeáis, decís: "Perdonadme", y creéis que eso basta. De ningún modo, amiguito. ¿Creéis que porque habéis oído al señor de Tréville hablarnos un poco bruscamente hoy, se nos puede tratar como él nos habla? Desengañaos, compañero; vos no sois el señor de Tréville.
— Ma foi, répliqua d′Artagnan, qui reconnut Athos, lequel, après le pansement opéré par le docteur, regagnait son appartement, ma foi, je ne l′ai pas fait exprès, j′ai dit: "Excusez-moi." Il me semble donc que c′est assez. Je vous répète cependant, et cette fois c′est trop peut-être, parole d′honneur! je suis pressé, très pressé. Lâchez-moi donc, je vous prie, et laissez-moi aller où j′ai affaire.-A fe mía -replicó D′Artagnan al reconocer a Athos, el cual, tras el vendaje realizado por el doctor, volvía a su alojamiento-, a fe mía que no lo he hecho a propósito, ya he dicho "Perdonadme". Me parece, pues, que es bastante. Sin embargo, os lo repito, y esta vez es quizá demasiado, palabra de honor, tengo prisa, mucha prisa. Soltadme, pues, osto suplico y dejadme ir a donde tengo que hacer.
— Monsieur, dit Athos en le lâchant, vous n′êtes pas poli. On voit que vous venez de loin.»-Señor -dijo Áthos soltándole-, no sois cortés. Se ve que venís de lejos.
D′Artagnan avait déjà enjambé trois ou quatre degrés, mais à la remarque d′Athos il s′arrêta court.D′Artagnan había ya salvado tres o cuatro escalones, pero a la observación de Athos se detuvo en seco.
«Morbleu, monsieur! dit-il, de si loin que je vienne, ce n′est pas vous qui me donnerez une leçon de belles manières, je vous préviens.-¡Por todos los diablos, señor! -dijo-. Por lejos que venga no sois vos quien me dará una lección de Buenos modales, os lo advierto.
— Peut-être, dit Athos.-Puede ser -dijo Athos.
— Ah! si je n′étais pas si pressé, s′écria d′Artagnan, et si je ne courais pas après quelqu′un…-Ah, si no tuviera tanta prisa -exclamó D′Artagnan-, y si no corriese detrás de uno...
— Monsieur l′homme pressé, vous me trouverez sans courir, moi, entendez-vous?-Señor apresurado, a mí me encontraréis sin comer, ¿me oís?
— Et où cela, s′il vous plaît?-¿Y dónde, si os place?
— Près des Carmes-Deschaux.-Junto a los Carmelitas Descalzos.
— À quelle heure?-¿A qué hora?
— Vers midi.-A las doce.
— Vers midi, c′est bien, j′y serai.-A las doce, de acuerdo, allí estaré.
— Tâchez de ne pas me faire attendre, car à midi un quart je vous préviens que c′est moi qui courrai après vous et vous couperai les oreilles à la course.-Tratad de no hacerme esperar, porque a las doce y cuarto os prevengo que seré yo quien coma tras vos y quien os corte las orejas a la camera.
— Bon! lui cria d′Artagnan; on y sera à midi moins dix minutes.»-¡Bueno! -le gritó D′Artagnan-. Que sea a las doce menos diez.
Et il se mit à courir comme si le diable l′emportait, espérant retrouver encore son inconnu, que son pas tranquille ne devait pas avoir conduit bien loin.Y se puso a comer como si lo llevara el diablo, esperando encontrar todavía a su desconocido, a quien su paso tranquilo no debía haber llevado muy lejos.
Mais, à la porte de la rue, causait Porthos avec un soldat aux gardes. Entre les deux causeurs, il y avait juste l′espace d′un homme. D′Artagnan crut que cet espace lui suffirait, et il s′élança pour passer comme une flèche entre eux deux. Mais d′Artagnan avait compté sans le vent. Comme il allait passer, le vent s′engouffra dans le long manteau de Porthos, et d′Artagnan vint donner droit dans le manteau. Sans doute, Porthos avait des raisons de ne pas abandonner cette partie essentielle de son vêtement car, au lieu de laisser aller le pan qu′il tenait, il tira à lui, de sorte que d′Artagnan s′enroula dans le velours par un mouvement de rotation qu′explique la résistance de l′obstiné Porthos.Pero a la puerta de la calle hablaba Porthos con un soldado de guardia. Entre los dos que hablaban, había el espacio justo de un hombre. D′Artagnan creyó que aquel espacio le bastaría, y se lanzó para pasar como una flecha entre ellos dos. Pero D′Artagnan no había contado con el viento. Cuando iba a pasar, el viento sacudió en la amplia capa de Porthos, y D′Artagnan vino a dar precisamente en la capa. Sin duda, Porthos tenía razones para no abandonar aquella parte esencial de su vestimenta, porque en lugar de dejar ir el faldón que sostenía, tiró de él, de tal suerte que D′Artagnan se enrolló en el terciopelo con un movimiento de rotación que explica la resistencia del obstinado Porthos.
D′Artagnan, entendant jurer le mousquetaire, voulut sortir de dessous le manteau qui l′aveuglait, et chercha son chemin dans le pli. Il redoutait surtout d′avoir porté atteinte à la fraîcheur du magnifique baudrier que nous connaissons; mais, en ouvrant timidement les yeux, il se trouva le nez collé entre les deux épaules de Porthos c′est-à-dire précisément sur le baudrier.D′Artagnan, al oír jurar al mosquetero, quiso salir de debajo de la capa que lo cegaba, y buscó su camino por el doblez. Temía sobre todo haber perjudicado el lustre del magnífico tahalí que conocemos; pero, al abrir tímidamente los ojos, se encontró con la nariz pegada entre los dos hombros de Porthos, es decir, encima precisamente del tahalí.
Hélas! comme la plupart des choses de ce monde qui n′ont pour elles que l′apparence, le baudrier était d′or par-devant et de simple buffle par-derrière. Porthos, en vrai glorieux qu′il était, ne pouvant avoir un baudrier d′or tout entier, en avait au moins la moitié: on comprenait dès lors la nécessité du rhume et l′urgence du manteau.¡Ay!, como la mayoría de las cosas de este mundo que sólo tienen apariencia el tahalí era de oro por delante y de simple búfalo por detrás. Porthos, como verdadero fanfarrón que era, al no poder tener un tahalí de oro, completamente de oro, tenía por lo menos la mitad; se comprende así la necesidad del resfriado y la urgencia de la capa.
«Vertubleu! cria Porthos faisant tous ses efforts pour se débarrasser de d′Artagnan qui lui grouillait dans le dos, vous êtes donc enragé de vous jeter comme cela sur les gens!-¡Por mil diablos! -gritó Porthos haciendo todo lo posible por desembarazarse de D′Artagnan que le hormigueaba en la espalda-. ¿Tenéis acaso la rabia para lanzaros de ese modo sobre las personas?
— Excusez-moi, dit d′Artagnan reparaissant sous l′épaule du géant, mais je suis très pressé, je cours après quelqu′un, et…-Perdonadme -dijo D′Artagnan reapareciendo bajo el hombro del gigante-, pero tengo mucha prisa, como detrás de uno, y...
— Est-ce que vous oubliez vos yeux quand vous courez, par hasard? demanda Porthos.-¿Es que acaso olvidáis vuestros ojos cuando corréis? -preguntó Porthos.
— Non, répondit d′Artagnan piqué, non, et grâce à mes yeux je vois même ce que ne voient pas les autres.»-No -respondió D′Artagnan picado-, no, y gracias a mis ojos veo incluso lo que no ven los demás.
Porthos comprit ou ne comprit pas, toujours est-il que, se laissant aller à sa colère:Porthos comprendió o no comprendió; lo cierto es que dejándose llevar por su cólera dijo:
«Monsieur, dit-il, vous vous ferez étriller, je vous en préviens, si vous vous frottez ainsi aux mousquetaires.-Señor, os desollaréis, os lo aviso, si os restregáis así en los mosqueteros.
— Étriller, monsieur! dit d′Artagnan, le mot est dur.-¿Desollar, señor? -dijo D′Artagnan-. La palabra es dura.
— C′est celui qui convient à un homme habitué à regarder en face ses ennemis.-Es la que conviene a un hombre acostumbrado a mirar de frente a sus enemigos.
— Ah! pardieu! je sais bien que vous ne tournez pas le dos aux vôtres, vous.»-¡Pardiez! De sobra sé que no enseñáis la espalda a los vuestros.
Et le jeune homme, enchanté de son espièglerie, s′éloigna en riant à gorge déployée.Y el joven, encantado de su travesura, se alejó riendo a mandíbula batiente.
Porthos écuma de rage et fit un mouvement pour se précipiter sur d′Artagnan.Porthos echó espuma de rabia a hizo un movimiento para precipitarse sobre D′Artagnan.
«Plus tard, plus tard, lui cria celui-ci, quand vous n′aurez plus votre manteau.-Más tarde, más tarde -le gritó éste-, cuando no tengáis vuestra capa.
— À une heure donc, derrière le Luxembourg.-A la una, pues, detrás del Luxemburgo.
— Très bien, à une heure», répondit d′Artagnan en tournant l′angle de la rue.-Muy bien, a la una -respondió D′Artagnan volviendo la esquina de la calle.
Mais ni dans la rue qu′il venait de parcourir, ni dans celle qu′il embrassait maintenant du regard, il ne vit personne. Si doucement qu′eût marché l′inconnu, il avait gagné du chemin; peut-être aussi était-il entré dans quelque maison. D′Artagnan s′informa de lui à tous ceux qu′il rencontra, descendit jusqu′au bac, remonta par la rue de Seine et la Croix-Rouge; mais rien, absolument rien. Cependant cette course lui fut profitable en ce sens qu′à mesure que la sueur inondait son front, son coeur se refroidissait.Pero ni en la calle que acababa de recorrer, ni en la que abarcaba ahora con la vista vio a nadie. Por despacio que hubiera andado el desconocido, había hecho camino; quizá también había entrado en alguna casa. D′Artagnan preguntó por él a todos los que encontró, bajó luego hasta la barcaza, subió por la calle de Seine y la Croix Rouge; pero nada, absolutamente nada. Sin embargo, aquella carrera le resultó beneficiosa en el sentido de que a medida que el sudor inundaba su frente su corazón se enfriaba.
Il se mit alors à réfléchir sur les événements qui venaient de se passer; ils étaient nombreux et néfastes: il était onze heures du matin à peine, et déjà la matinée lui avait apporté la disgrâce de M. de Tréville, qui ne pouvait manquer de trouver un peu cavalière la façon dont d′Artagnan l′avait quitté.Se puso entonces a reflexionar sobre los acontecimientos que acababan de ocurrir; eran abundantes y nefastos: eran las once de la mañana apenas, y la mañana le había traído ya el disfavor del señor de Tréville, que no podría dejar de encontrar algo brusca la forma en que D′Artagnan lo había abandonado.
En outre, il avait ramassé deux bons duels avec deux hommes capables de tuer chacun trois d′Artagnan, avec deux mousquetaires enfin, c′est-à-dire avec deux de ces êtres qu′il estimait si fort qu′il les mettait, dans sa pensée et dans son coeur, au-dessus de tous les autres hommes.Además, había pescado dos buenos duelos con dos hombres capaces de matar, cada uno, tres D′Artagnan; en fin, con dos mosqueteros, es decir, con dos de esos seres que él estimaba tanto que los ponía, en su pensamiento y en su corazón, por encima de todos los demás hombres.
La conjecture était triste. Sûr d′être tué par Athos, on comprend que le jeune homme ne s′inquiétait pas beaucoup de Porthos. Pourtant, comme l′espérance est la dernière chose qui s′éteint dans le coeur de l′homme, il en arriva à espérer qu′il pourrait survivre, avec des blessures terribles, bien entendu, à ces deux duels, et, en cas de survivance, il se fit pour l′avenir les réprimandes suivantes:La coyuntura era triste. Seguro de ser matado por Athos, se comprende que el joven no se inquietara mucho de Porthos. Sin embargo, como la esperanza es lo último que se apaga en el corazón del hombre, llegó a esperar que podría sobrevivir, con heridas terribles, por supuesto, a aquellos dos duelos, y, en caso de supervivencia, se hizo para el futuro las reprimendas siguientes:
«Quel écervelé je fais, et quel butor je suis! Ce brave et malheureux Athos était blessé juste à l′épaule contre laquelle je m′en vais, moi, donner de la tête comme un bélier. La seule chose qui m′étonne, c′est qu′il ne m′ait pas tué roide; il en avait le droit, et la douleur que je lui ai causée a dû être atroce. Quant à Porthos! Oh! quant à Porthos, ma foi, c′est plus drôle.»-¡Qué atolondrado y ganso soy! Ese valiente y desgraciado Athos estaba herido justamente en el hombro contra el que yo voy a dar con la cabeza como si fuera un morueco. Lo único que me extraña es que no me haya matado en el sitio; estaba en su derecho y el dolor que le he causado ha debido de ser atroz. En cuanto a Porthos..., ¡oh, en cuanto a Porthos, a fe que es más divertido!
Et malgré lui le jeune homme se mit à rire, tout en regardant néanmoins si ce rire isolé, et sans cause aux yeux de ceux qui le voyaient rire, n′allait pas blesser quelque passant.Y a pesar suyo, el joven se echó a reír, mirando no obstante si aquella risa aislada, y sin motivo a ojos de quienes le viesen reír, iba a herir a algún viandante.
«Quant à Porthos, c′est plus drôle; mais je n′en suis pas moins un misérable étourdi. Se jette-t-on ainsi sur les gens sans dire gare! non! et va-t-on leur regarder sous le manteau pour y voir ce qui n′y est pas! Il m′eût pardonné bien certainement; il m′eût pardonné si je n′eusse pas été lui parler de ce maudit baudrier, à mots couverts, c′est vrai; oui, couverts joliment! Ah! maudit Gascon que je suis, je ferais de l′esprit dans la poêle à frire. Allons, d′Artagnan mon ami, continua-t-il, se parlant à lui-même avec toute l′aménité qu′il croyait se devoir, si tu en réchappes, ce qui n′est pas probable, il s′agit d′être à l′avenir d′une politesse parfaite. Désormais il faut qu′on t′admire, qu′on te cite comme modèle. Être prévenant et poli, ce n′est pas être lâche. Regardez plutôt Aramis: Aramis, c′est la douceur, c′est la grâce en personne. Eh bien, personne s′est-il jamais avisé de dire qu′Aramis était un lâche? Non, bien certainement, et désormais je veux en tout point me modeler sur lui. Ah! justement le voici.»-En cuanto a Porthos, es más divertido; pero no por ello dejo de ser un miserable atolondrado. No se lanza uno así sobre las personas sin decir cuidado, no, y no se va a mirarlos debajo de la capa para ver lo que no hay. Me habría perdonado de buena gana, seguro; me habría perdonado si no le hubiera hablado de ese maldito tahalí, con palabras encubiertas, cierto; sí, bellamente encubiertas. ¡Ah, soy un maldito gascón, sería ingenioso hasta en la sartén de freír! ¡Vamos, D′Artagnan, amigo mío -continuó, hablándole a sí mismo con toda la confianza que creía deberse- si escapas a ésta, cosa que no es probable, se trata de ser en el futuro de una cortesía perfecta. En adelante es preciso que te admiren, que te citen como modelo. Ser atento y cortés no es ser cobarde. Mira mejor a Aramis: Aramis es la dulzura, es la gracia en persona. ¡Y bien!, ¿a quién se le ha ocurrido alguna vez decir que Aramis era un cobarde? No desde luego que a nadie y de ahora en adelante quiero tomarle en todo por modelo. ¡Ah, precisamente ahí está!
D′Artagnan, tout en marchant et en monologuant, était arrivé à quelques pas de l′hôtel d′Aiguillon, et devant cet hôtel il avait aperçu Aramis causant gaiement avec trois gentilshommes des gardes du roi. De son côté, Aramis aperçut d′Artagnan; mais comme il n′oubliait point que c′était devant ce jeune homme que M. de Tréville s′était si fort emporté le matin, et qu′un témoin des reproches que les mousquetaires avaient reçus ne lui était d′aucune façon agréable, il fit semblant de ne pas le voir. D′Artagnan, tout entier au contraire à ses plans de conciliation et de courtoisie, s′approcha des quatre jeunes gens en leur faisant un grand salut accompagné du plus gracieux sourire. Aramis inclina légèrement la tête, mais ne sourit point. Tous quatre, au reste, interrompirent à l′instant même leur conversation.D′Artagnan, mientras caminaba monologando, había llegado a unos pocos pasos del palacio D′Aiguillon y ante este palacio había visto a Aramis hablando alegremente con tres gentileshombres de la guardia del rey. Por su parte, Aramis vio a D′Artagnan; pero como no olvidaba que había sido delante de aquel joven ante el que el señor de Tréville se había irritado tanto por la mañana, y como un testigo de los reproches que los mosqueteros habían recibido no le resultaba en modo alguno agradable, fingía no verlo. D′Artagnan, entregado por entero a sus planes de conciliación y de cortesía, se acercó a los cuatro jóvenes haciéndoles un gran saludo acompañado de la más graciosa sonrisa. Aramis inclinó ligeramente la cabeza, pero no sonrió. Por lo demás, los cuatro interrumpieron en aquel mismo instante su conversación.
D′Artagnan n′était pas assez niais pour ne point s′apercevoir qu′il était de trop; mais il n′était pas encore assez rompu aux façons du beau monde pour se tirer galamment d′une situation fausse comme l′est, en général, celle d′un homme qui est venu se mêler à des gens qu′il connaît à peine et à une conversation qui ne le regarde pas. Il cherchait donc en lui-même un moyen de faire sa retraite le moins gauchement possible, lorsqu′il remarqua qu′Aramis avait laissé tomber son mouchoir et, par mégarde sans doute, avait mis le pied dessus; le moment lui parut arrivé de réparer son inconvenance: il se baissa, et de l′air le plus gracieux qu′il pût trouver, il tira le mouchoir de dessous le pied du mousquetaire, quelques efforts que celui-ci fît pour le retenir, et lui dit en le lui remettant:D′Artagnan no era tan necio como para no darse cuenta de que estaba de más; pero no era todavía lo suficiente ducho en las formas de la alta sociedad para salir gentilmente de una situación falsa como lo es, por regla general, la de un hombre que ha venido a mezclarse con personas que apenas conoce y en una conversación que no le afecta. Buscaba por tanto en su interior un medio de retirarse lo menos torpemente posible, cuando notó que Aramis había dejado caer su pañuelo y, por descuido sin duda, había puesto el pie encima; le pareció llegado el momento de reparar su inconveniencia: se agachó, y con el gesto más gracioso que pudo encontrar, sacó el pañuelo de debajo del pie del mosquetero, por más esfuerzos que hizo éste por retenerlo, y le dijo devolviéndoselo:
«Je crois, monsieur que voici un mouchoir que vous seriez fâché de perdre.»-Señor, aquí tenéis un pañuelo que en mi opinión os molestaría mucho perder.
Le mouchoir était en effet richement brodé et portait une couronne et des armes à l′un de ses coins. Aramis rougit excessivement et arracha plutôt qu′il ne prit le mouchoir des mains du Gascon.En efecto, el pañuelo estaba ricamente bordado y llevaba una corona y armas en una de sus esquinas. Aramis se ruborizó excesivamente y arrancó más que cogió el pañuelo de manos del gascón.
«Ah! Ah! s′écria un des gardes, diras-tu encore, discret Aramis, que tu es mal avec Mme de Bois-Tracy, quand cette gracieuse dame a l′obligeance de te prêter ses mouchoirs?»-¡Ah, ah! -exclamó uno de los guardias-. Encima dirás, discreto Aramis, que estás a mal con la señora de Bois-Tracy, cuando esa graciosa dama tiene la cortesía de prestarte sus pañuelos.
Aramis lança à d′Artagnan un de ces regards qui font comprendre à un homme qu′il vient de s′acquérir un ennemi mortel; puis, reprenant son air doucereux:Aramis lanzó a D′Artagnan una de esas miradas que hacen comprender a un hombre que acaba de ganarse un enemigo mortal; luego, volviendo a tomar su tono dulzarrón, dijo:
«Vous vous trompez, messieurs, dit-il, ce mouchoir n′est pas à moi, et je ne sais pourquoi monsieur a eu la fantaisie de me le remettre plutôt qu′à l′un de vous, et la preuve de ce que je dis, c′est que voici le mien dans ma poche.»-Os equivocáis, señores, este pañuelo no es mío, y no sé por qué el señor ha tenido la fantasía de devolvérmelo a mí en vez de a uno de vosotros, y prueba de lo que digo es que aquí está el mío, en mi bolsillo.
À ces mots, il tira son propre mouchoir, mouchoir fort élégant aussi, et de fine batiste, quoique la batiste fût chère à cette époque, mais mouchoir sans broderie, sans armes et orné d′un seul chiffre, celui de son propriétaire.A estas palabras, sacó su propio pañuelo, pañuelo muy elegante también, y de fina batista, aunque la batista fuera cara en aquella época, pero pañuelo bordado, sin armas, y adornado con una sola inicial, la de su propietario.
Cette fois, d′Artagnan ne souffla pas mot, il avait reconnu sa bévue; mais les amis d′Aramis ne se laissèrent pas convaincre par ses dénégations, et l′un d′eux, s′adressant au jeune mousquetaire avec un sérieux affecté:Esta vez, D′Artagnan no dijo ni pío, había reconocido su error, pero los amigos de Aramis no se dejaron convencer por sus negativas, y uno de ellos, dirigiéndose al joven mosquetero con seriedad afectada, dijo:
«Si cela était, dit-il, ainsi que tu le prétends, je serais forcé, mon cher Aramis, de te le redemander; car, comme tu le sais, Bois- Tracy est de mes intimes, et je ne veux pas qu′on fasse trophée des effets de sa femme.-Si fuera como pretendes, me vería obligado, mi querido Aramis, a pedírtelo; porque, como sabes, Bois-Tracy es uno de mis íntimos, y no quiero que se haga trofeo de las prendas de su mujer.
— Tu demandes cela mal, répondit Aramis, et tout en reconnaissant la justesse de ta réclamation quant au fond, je refuserais à cause de la forme.-Lo pides mal -respondió Aramis-; y aun reconociendo la justeza de tu reclamación en cuanto al fondo, me negaré debido a la forma.
— Le fait est, hasarda timidement d′Artagnan, que je n′ai pas vu sortir le mouchoir de la poche de M. Aramis. Il avait le pied dessus, voilà tout, et j′ai pensé que, puisqu′il avait le pied dessus, le mouchoir était à lui.-El hecho es -aventuró tímidamente D′Artagnan-, que yo no he visto salir el pañuelo del bolsillo del señor Aramis. Tenía el pie encima, eso es todo, y he pensado que, dado que tenía el pie, el pañuelo era suyo.
— Et vous vous êtes trompé, mon cher monsieur», répondit froidement Aramis, peu sensible à la réparation.-Y os habéis equivocado, querido señor -respondió fríamente Aramis, poco sensible a la reparación.
Puis, se retournant vers celui des gardes qui s′était déclaré l′ami de Bois-Tracy:Luego, volviéndose hacia aquel de los guardias que se había declarado amigo de Bois-Tracy, continuó:
«D′ailleurs, continua-t-il, je réfléchis, mon cher intime de Bois- Tracy, que je suis son ami non moins tendre que tu peux l′être toi-même; de sorte qu′à la rigueur ce mouchoir peut aussi bien être sorti de ta poche que de la mienne.-Además, pienso, mi querido íntimo de Bois-Tracy, que yo soy amigo suyo no menos cariñoso que puedas serlo tú; de suerte que, en rigor, este pañuelo puede haber salido tanto de tu bolsillo como del mío.
— Non, sur mon honneur! s′écria le garde de Sa Majesté.-¡No, por mi honor! -exclamó el guardia de Su Majestad.
— Tu vas jurer sur ton honneur et moi sur ma parole et alors il y aura évidemment un de nous deux qui mentira. Tiens, faisons mieux, Montaran, prenons-en chacun la moitié.-Tú vas a jurar por tu honor y yo por mi palabra, y entonces evidentemente uno de nosotros dos mentirá. Mira, hagámosio mejor, Montaran, cojamos cada uno la mitad.
— Du mouchoir?-¿Del pañuelo?
— Oui.-Sí.
— Parfaitement, s′écrièrent les deux autres gardes, le jugement du roi Salomon. Décidément, Aramis, tu es plein de sagesse.»-De acuerdo -exclamaron lo otros dos guardias- el juicio del rey Salomón. Decididamente, Aramis, estás lleno de sabiduría.
Les jeunes gens éclatèrent de rire, et comme on le pense bien, l′affaire n′eut pas d′autre suite. Au bout d′un instant, la conversation cessa, et les trois gardes et le mousquetaire, après s′être cordialement serré la main, tirèrent, les trois gardes de leur côté et Aramis du sien.Los jóvenes estallaron en risas, y como es lógico, el asunto no tuvo más continuación. Al cabo de un instante la conversación cesó, y los tres guardias y el mosquetero, después de haberse estrechado cordialmente las manos, tiraron los tres guardias por su lado y Aramis por el suyo.
«Voilà le moment de faire ma paix avec ce galant homme», se dit à part lui d′Artagnan, qui s′était tenu un peu à l′écart pendant toute la dernière partie de cette conversation. Et, sur ce bon sentiment, se rapprochant d′Aramis, qui s′éloignait sans faire autrement attention à lui:-Este es el momento de hacer las paces con ese hombre galante -se dijo para sí D′Artagnan, que se había mantenido algo al margen durante toda la última parte de aquella conversación. Y con estas buenas intenciones, acercándose a Aramis, que se alejaba sin prestarle más atención, le dijo:
«Monsieur, lui dit-il, vous m′excuserez, je l′espère.-Señor, espero que me perdonéis.
— Ah! monsieur, interrompit Aramis, permettez-moi de vous faire observer que vous n′avez point agi en cette circonstance comme un galant homme le devait faire.-¡Ah, señor! -le interrumpió Aramis-. Permitidme haceros observar que no habéis obrado en esta circunstancia como un hombre galante debe hacerlo.
— Quoi, monsieur! s′écria d′Artagnan, vous supposez…-¡Cómo, señor! -exclamó D′Artagnan-. Suponéis...
— Je suppose, monsieur, que vous n′êtes pas un sot, et que vous savez bien, quoique arrivant de Gascogne, qu′on ne marche pas sans cause sur les mouchoirs de poche. Que diable! Paris n′est point pavé en batiste.-Supongo, señor, que no sois un imbécil, y que sabéis bien, aunque lleguéis de Gascuña, que no se pisan sin motivo los pañuelos de bolsillo. ¡Qué diablos! Paris no está empedrado de batista.
— Monsieur, vous avez tort de chercher à m′humilier, dit d′Artagnan, chez qui le naturel querelleur commençait à parler plus haut que les résolutions pacifiques. Je suis de Gascogne, c′est vrai, et puisque vous le savez, je n′aurai pas besoin de vous dire que les Gascons sont peu endurants; de sorte que, lorsqu′ils se sont excusés une fois, fût-ce d′une sottise, ils sont convaincus qu′ils ont déjà fait moitié plus qu′ils ne devaient faire.-Señor, os equivocáis tratando de humillarme -dijo D′Artagnan, en quien el carácter peleón comenzaba a hablar más alto que las resoluciones pacíficas-. Soy de Gascuña, cierto, y puesto que lo sabéis, no tendré necesidad de deciros que los gascones son poco sufridos; de suerte que cuando se han excusado una vez, aunque sea por una tontería, están convencidos de que ya han hecho más de la mitad de lo que debían hacer.
— Monsieur, ce que je vous en dis, répondit Aramis, n′est point pour vous chercher une querelle. Dieu merci! je ne suis pas un spadassin, et n′étant mousquetaire que par intérim, je ne me bats que lorsque j′y suis forcé, et toujours avec une grande répugnance; mais cette fois l′affaire est grave, car voici une dame compromise par vous.-Señor, lo que os digo -respondió Aramis-, no es para buscar pelea. A Dios gracias no soy un espadachín, y siendo sólo mosquetero por ínterin, sólo me bato cuando me veo obligado, y siempre con gran repugnancia; pero esta vez el asunto es grave, porque tenemos a una dama comprometida por vos.
— Par nous, c′est-à-dire, s′écria d′Artagnan.-Por nosotros querréis decir -exclamó D′Artagnan.
— Pourquoi avez-vous eu la maladresse de me rendre le mouchoir?-¿Por qué habéis tenido la torpeza de devolverme el pañuelo?
— Pourquoi avez-vous eu celle de le laisser tomber?-¿Por qué habéis tenido vos la de dejarlo caer?
— J′ai dit et je répète, monsieur, que ce mouchoir n′est point sorti de ma poche.-He dicho y repito, señor, que ese pañuelo no ha salido de mi bolsillo.
— Eh bien, vous en avez menti deux fois, monsieur, car je l′en ai vu sortir, moi!-¡Pues bien, mentís dos veces, señor, porque yo lo he visto salir de él!
— Ah! vous le prenez sur ce ton, monsieur le Gascon! eh bien, je vous apprendrai à vivre.-¡Ah, con que lo tomáis en ese tono, señor gascón! ¡Pues bien, yo os enseñaré a vivir!
— Et moi je vous renverrai à votre messe, monsieur l′abbé!Dégainez, s′il vous plaît, et à l′instant même.-Y yo os enviaré a vuestra misa, señor abate. Desenvainad, si os place, y ahora mismo.
— Non pas, s′il vous plaît, mon bel ami; non, pas ici, du moins. Ne voyez-vous pas que nous sommes en face de l′hôtel d′Aiguillon, lequel est plein de créatures du cardinal? Qui me dit que ce n′est pas Son Éminence qui vous a chargé de lui procurer ma tête? Or j′y tiens ridiculement, à ma tête, attendu qu′elle me semble aller assez correctement à mes épaules. Je veux donc vous tuer, soyez tranquille, mais vous tuer tout doucement, dans un endroit clos et couvert, là où vous ne puissiez vous vanter de votre mort à personne.-No, por favor, querido amigo; no aquí, al menos. ¿No veis que estamos frente al palacio D′Aiguillon, que está lleno de criaturas del cardenal? ¿Quién me dice que no es Su Eminencia quien os ha encargado procurarle mi cabeza? Pero yo aprecio mucho mi cabeza, dado que creo que va bastante correctamente sobre mis hombros. Quiero mataros, estad tranquilo, pero mataros dulcemente, en un lugar cerrado y cubierto, allí donde no podáis jactaros de vuestra muerte ante nadie.
— Je le veux bien, mais ne vous y fiez pas, et emportez votre mouchoir, qu′il vous appartienne ou non; peut-être aurez-vous l′occasion de vous en servir.-Me parece bien, pero no os fiéis, y llevad vuestro pañuelo, os pertenezca o no; quizá tengáis ocasión de serviros de él.
— Monsieur est Gascon? demanda Aramis.-¿El señor es gascón? -preguntó Aramis.
— Oui. Monsieur ne remet pas un rendez-vous par prudence?-Sí. El señor no pospone una cita por prudencia.
— La prudence, monsieur, est une vertu assez inutile aux mousquetaires, je le sais, mais indispensable aux gens d′Église, et comme je ne suis mousquetaire que provisoirement, je tiens à rester prudent. À deux heures, j′aurai l′honneur de vous attendre à l′hôtel de M. de Tréville. Là je vous indiquerai les bons endroits.»-La prudencia, señor, es una virtud bastante inútil para los mosqueteros, lo sé, pero indispensable a las gentes de Iglesia; y como sólo soy mosquetero provisionalmente, tengo que ser prudente. A las dos tendré el honor de esperaros en el palacio del señor de Tréville. Allí os indicaré los buenos lugares.
Les deux jeunes gens se saluèrent, puis Aramis s′éloigna en remontant la rue qui remontait au Luxembourg, tandis que d′Artagnan, voyant que l′heure s′avançait, prenait le chemin des Carmes-Deschaux, tout en disant à part soi:Los dos jóvenes se saludaron, luego Aramis se alejó remontando la calle que subía al Luxemburgo, mientras D′Artagnan, viendo que la hora avanzaba, tomaba el camino de los Carmelitas Descalzos, diciendo para sí:
«Décidément, je n′en puis pas revenir; mais au moins, si je suis tué, je serai tué par un mousquetaire.»-Decididamente, no puedo librarme; pero por lo menos, si soy muerto, seré muerto por un mosquetero.






CHAPITRE V -- LES MOUSQUETAIRES DU ROI ET LES GARDES DE M. LE CARDINAL

Capítulo V -- Los mosqueteros del rey y los guardias del señor cardenal

D′Artagnan ne connaissait personne à Paris. Il alla donc au rendez-vous d′Athos sans amener de second, résolu de se contenter de ceux qu′aurait choisis son adversaire. D′ailleurs son intention était formelle de faire au brave mousquetaire toutes les excuses convenables, mais sans faiblesse, craignant qu′il ne résultât de ce duel ce qui résulte toujours de fâcheux, dans une affaire de ce genre, quand un homme jeune et vigoureux se bat contre un adversaire blessé et affaibli: vaincu, il double le triomphe de son antagoniste; vainqueur, il est accusé de forfaiture et de facile audace.D′Artagnan no conocía a nadie en París. Fue por tanto a la cita de Athos sin llevar segundo, resuelto a contentarse con los que hubiera escogido su adversario. Por otra parte tenía la intención formal de dar al valiente mosquetero todas las excusas pertinentes, pero sin debilidad, por temor a que resultara de aquel duelo algo que siempre resulta molesto en un asunto de este género, cuando un hombre joven y vigoroso se bate contra un adversario herido y debilitado: vencido, duplica el triunfo de su antagonista; vencedor, es acusado de felonía y de fácil audacia.
Au reste, ou nous avons mal exposé le caractère de notre chercheur d′aventures, ou notre lecteur a déjà dû remarquer que d′Artagnan n′était point un homme ordinaire. Aussi, tout en se répétant à lui-même que sa mort était inévitable, il ne se résigna point à mourir tout doucettement, comme un autre moins courageux et moins modéré que lui eût fait à sa place. Il réfléchit aux différents caractères de ceux avec lesquels il allait se battre, et commença à voir plus clair dans sa situation. Il espérait, grâce aux excuses loyales qu′il lui réservait, se faire un ami d′Athos, dont l′air grand seigneur et la mine austère lui agréaient fort. Il se flattait de faire peur à Porthos avec l′aventure du baudrier, qu′il pouvait, s′il n′était pas tué sur le coup, raconter à tout le monde, récit qui, poussé adroitement à l′effet, devait couvrir Porthos de ridicule; enfin, quant au sournois Aramis, il n′en avait pas très grand-peur, et en supposant qu′il arrivât jusqu′à lui, il se chargeait de l′expédier bel et bien, ou du moins en le frappant au visage, comme César avait recommandé de faire aux soldats de Pompée, d′endommager à tout jamais cette beauté dont il était si fier.Por lo demás, o hemos expuesto mal el carácter de nuestro buscador de aventuras, o nuestro lector ha debido observar ya que D′Artagnan no era un hombre ordinario. Por eso, aun repitiéndose a sí mismo que su muerte era inevitable, no se resignó a morir suavemente, como cualquier otro menos valiente y menos moderado que él hubiera hecho en su lugar. Reflexionó sobre los distintos caracteres de aquellos con quienes iba a batirse, y empezó a ver más claro en su situación. Gracias a las leales excusas que le preparaba, esperaba hacer un amigo de Athos, cuyos aires de gran señor y cuya actitud austera le agradaron mucho. Se prometía meter miedo a Porthos con la aventura del tahalí, que, si no quedaba muerto en el acto, podía contar a todo el mundo, relato que, hábilmente manejado para ese efecto, debía cubrir a Porthos de ridículo; por último, en cuanto al socarrón de Aramis, no le tenía demasiado miedo, y suponiendo que llegase hasta él, se encargaba de despacharlo aunque parezca imposible, o al menos señalarle el rostro, como César había recomendado hacer a los soldados de Pompeyo, dañar para siempre aquella belleza de la que estaba tan orgulloso.
Ensuite il y avait chez d′Artagnan ce fonds inébranlable de résolution qu′avaient déposé dans son coeur les conseils de son père, conseils dont la substance était: «Ne rien souffrir de personne que du roi, du cardinal et de M. de Tréville.» Il vola donc plutôt qu′il ne marcha vers le couvent des Carmes Déchaussés, ou plutôt Deschaux, comme on disait à cette époque, sorte de bâtiment sans fenêtres, bordé de prés arides, succursale du Pré- aux-Clercs, et qui servait d′ordinaire aux rencontres des gens qui n′avaient pas de temps à perdre.Además había en D′Artagnan ese fondo inquebrantable de resolución que habían depositado en su corazón los consejos de su padre, consejos cuya sustancia era: "No aguantar nada de nadie salvo del rey, del cardenal y del señor de Tréville." Voló, pues, más que caminó, hacia el convento de los Carmelitas Descalzados, o mejor Descalzos, como se decía en aquella época, especie de construcción sin ventanas, rodeada de prados áridos, sucursal del Pré-aux-Clers, y que de ordinario servía para encuentros de personas que no tenían tiempo que perder.
Lorsque d′Artagnan arriva en vue du petit terrain vague qui s′étendait au pied de ce monastère, Athos attendait depuis cinq minutes seulement, et midi sonnait. Il était donc ponctuel comme la Samaritaine, et le plus rigoureux casuiste à l′égard des duels n′avait rien a dire.Cuando D′Artagnan llegó a la vista del pequeño terreno baldío que se extendía al pie de aquel monasterio, Athos hacía sólo cinco minutos que esperaba, y daban las doce. Era por tanto puntual como la Samaritana y el más riguroso casuista en duelos no podría decir nada.
Athos, qui souffrait toujours cruellement de sa blessure, quoiqu′elle eût été pansée à neuf par le chirurgien de M. de Tréville, s′était assis sur une borne et attendait son adversaire avec cette contenance paisible et cet air digne qui ne l′abandonnaient jamais. À l′aspect de d′Artagnan, il se leva et fit poliment quelques pas au-devant de lui. Celui-ci, de son côté, n′aborda son adversaire que le chapeau à la main et sa plume traînant jusqu′à terre.Athos, que seguía sufriendo cruelmente por su herida, aunque hubiera sido vendada a las nueve por el cirujano del señor de Tréville, estaba sentado sobre un mojón y esperaba a su adversario con aquella compostura apacible y aquel aire digno que no le abandonaban nunca. Al ver a D′Artagnan, se levantó y dio cortésmente algunos pasos a su encuentro. Este, por su parte, no abordó a su adversario más que con sombrero en mano y su pluma colgando hasta el suelo.
«Monsieur, dit Athos, j′ai fait prévenir deux de mes amis qui me serviront de seconds, mais ces deux amis ne sont point encore arrivés. Je m′étonne qu′ils tardent: ce n′est pas leur habitude.-Señor -dijo Athos-, he hecho avisar a dos amigos míos que me servirán de padrinos, pero esos dos amigos aún no han llegado. Me extraña que tarden: no es lo habitual en ellos.
— Je n′ai pas de seconds, moi, monsieur, dit d′Artagnan, car arrivé d′hier seulement à Paris, je n′y connais encore personne que M. de Tréville, auquel j′ai été recommandé par mon père qui a l′honneur d′être quelque peu de ses amis.»-Yo no tengo padrinos, señor -dijo D′Artagnan-, porque, llegado ayer mismo a Paris, no conozco aún a nadie, salvo al señor de Tréville, al que he sido recomendado por mi padre, que tiene el honor de ser uno de sus pocos amigos.
Athos réfléchit un instant.Athos reflexionó un instante.
«Vous ne connaissez que M. de Tréville? demanda-t-il.-¿No conocéis más que al señor de Tréville? -preguntó.
— Oui, monsieur, je ne connais que lui.-No, señor, no conozco a nadie más que a él...
— Ah çà, mais…, continua Athos parlant moitié à lui-même, moitié à d′Artagnan, ah… çà, mais si je vous tue, j′aurai l′air d′un mangeur d′enfants, moi!-¡Vaya..., pero... -prosiguió Athos hablando a medias para sí mismo, a medias para D′Artagnan-, vaya, pero si os mato daré la impresión de un traganiños!
— Pas trop, monsieur, répondit d′Artagnan avec un salut qui ne manquait pas de dignité; pas trop, puisque vous me faites l′honneur de tirer l′épée contre moi avec une blessure dont vous devez être fort incommodé.-No demasiado, señor -respondió D′Artagnan con un saludo que no carecía de dignidad-; no demasiado, pues que me hacéis el honor de sacar la espada contra mí con una herida que debe molestaros mucho.
— Très incommodé, sur ma parole, et vous m′avez fait un mal du diable, je dois le dire; mais je prendrai la main gauche, c′est mon habitude en pareille circonstance. Ne croyez donc pas que je vous fasse une grâce, je tire proprement des deux mains; et il y aura même désavantage pour vous: un gaucher est très gênant pour les gens qui ne sont pas prévenus. Je regrette de ne pas vous avoir fait part plus tôt de cette circonstance.-Mucho me molesta, palabra, y me habéis hecho un daño de todos los diablos, debo decirlo; pero lucharé con la izquierda, es mi costumbre en semejantes circunstancias. No creáis por ello que os hago gracia, manejo limpiamente la espada con las dos manos; será incluso desventaja para vos: un zurdo es muy molesto para las personas que no están prevenidas. Lamento no haberos participado antes esta circunstancia.
— Vous êtes vraiment, monsieur, dit d′Artagnan en s′inclinant de nouveau, d′une courtoisie dont je vous suis on ne peut plus reconnaissant.-Señor -dijo D′Artagnan inclinándose de nuevo-, sois realmente de una cortesía por la que no os puedo quedar más reconocido.
— Vous me rendez confus, répondit Athos avec son air de gentilhomme; causons donc d′autre chose, je vous prie, à moins que cela ne vous soit désagréable. Ah! sangbleu! que vous m′avez fait mal! l′épaule me brûle.-Me dejáis confuso -respondió Athos con su aire de gentilhombre-; hablemos pues de otra cosa, os lo suplico, a menos que esto os resulte desagradable. ¡Por todos los diablos! ¡Qué daño me habéis hecho! El hombro me arde...
— Si vous vouliez permettre…, dit d′Artagnan avec timidité.-Si permitierais... -dijo D′Artagnan con timidez.
— Quoi, monsieur?-¿Qué, señor?
— J′ai un baume miraculeux pour les blessures, un baume qui me vient de ma mère, et dont j′ai fait l′épreuve sur moi-même.-Tengo un bálsamo milagroso para las heridas, un bálsamo que me viene de mi madre, y que yo mismo he probado.
— Eh bien?-¿Y?
— Eh bien, je suis sûr qu′en moins de trois jours ce baume vous guérirait, et au bout de trois jours, quand vous seriez guéri: eh bien, monsieur, ce me serait toujours un grand honneur d′être votre homme.»-Pues que estoy seguro de que en menos de tres días este bálsamo os curará y al cabo de los tres días, cuando estéis curado, señor, sera para mí siempre un gran honor ser vuestro hombre.
D′Artagnan dit ces mots avec une simplicité qui faisait honneur à sa courtoisie, sans porter aucunement atteinte à son courage.D′Artagnan dijo estas palabras con una simplicidad que hacía honor a su cortesía, sin atentar en modo alguno contra su valor.
«Pardieu, monsieur, dit Athos, voici une proposition qui me plaît, non pas que je l′accepte, mais elle sent son gentilhomme d′une lieue. C′est ainsi que parlaient et faisaient ces preux du temps de Charlemagne, sur lesquels tout cavalier doit chercher à se modeler. Malheureusement, nous ne sommes plus au temps du grand empereur. Nous sommes au temps de M. le cardinal, et d′ici à trois jours on saurait, si bien gardé que soit le secret, on saurait, dis-je, que nous devons nous battre, et l′on s′opposerait à notre combat. Ah çà, mais! ces flâneurs ne viendront donc pas?-¡Pardiez, señor! -dijo Athos-. Es esa una propuesta que me place, no que la acepte, pero huele a gentilhombre a una legua. Así es como hablaban y obraban aquellos valientes del tiempo de Carlomagno, en quienes todo caballero debe buscar su modelo. Desgraciadamente, no estamos ya en los tiempos del gran emperador. Estamos en la época del señor cardenal, y de aquí a tres días se sabría, por muy guardado que esté el secreto se sabría, digo, que debemos batirnos, y se opondrían a nuestro combate... Vaya, esos trotacalles ¿no acabarán de venir?
— Si vous êtes pressé, monsieur, dit d′Artagnan à Athos avec la même simplicité qu′un instant auparavant il lui avait proposé de remettre le duel à trois jours, si vous êtes pressé et qu′il vous plaise de m′expédier tout de suite, ne vous gênez pas, je vous en prie.-Si tenéis prisa, señor -dijo D′Artagnan a Athos con la misma simplicidad con que un instante antes le había propuesto posponer el duelo tres días-, si tenéis prisa y os place despacharme en seguida, no os preocupéis, os lo ruego.
— Voilà encore un mot qui me plaît, dit Athos en faisant un gracieux signe de tête à d′Artagnan, il n′est point d′un homme sans cervelle, et il est à coup sûr d′un homme de coeur. Monsieur, j′aime les hommes de votre trempe, et je vois que si nous ne nous tuons pas l′un l′autre, j′aurai plus tard un vrai plaisir dans votre conversation. Attendons ces messieurs, je vous prie, j′ai tout le temps, et cela sera plus correct. Ah! en voici un, je crois.»-Es esa una frase que me agrada -dijo Athos haciendo un gracioso gesto de cabeza a D′Artagnan-, no es propia de un hombre sin cabeza, y a todas luces lo es de un hombre valiente. Señor, me gustan los hombres de vuestro temple y veo que si no nos matamos el uno al otro, tendré más tarde verdadero placer en vuestra conversación. Esperemos a esos señores, os lo ruego, tengo tiempo, y será más correcto. ¡Ah, ahí está uno según creo!
En effet, au bout de la rue de Vaugirard commençait à apparaître le gigantesque Porthos.En efecto, por la esquina de la calle de Vaugirard comenzaba a aparecer el gigantesco Porthos.
«Quoi! s′écria d′Artagnan, votre premier témoin est M. Porthos?-¡Cómo! -exclamó D′Artagnan-. ¿Vuestro primer testigo es el señor Porthos?
— Oui, cela vous contrarie-t-il?-Sí. ¿Os contraría?
— Non, aucunement.-No, de ningún modo.
— Et voici le second.»-Y ahí está el segundo.
D′Artagnan se retourna du côté indiqué par Athos, et reconnutAramis.D′Artagnan se volvió hacia el lado indicado por Athos y reconoció a Aramis.
«Quoi! s′écria-t-il d′un accent plus étonné que la première fois, votre second témoin est M. Aramis?-¡Qué! -exclamó con un acento más asombrado que la primera vez-. ¿Vuestro segundo testigo es el señor Aramis?
— Sans doute, ne savez-vous pas qu′on ne nous voit jamais l′un sans l′autre, et qu′on nous appelle, dans les mousquetaires et dans les gardes, à la cour et à la ville, Athos, Porthos et Aramis ou les trois inséparables? Après cela, comme vous arrivez de Dax ou de Pau…-Claro, ¿no sabéis que no se nos ve jamás a uno sin los otros, y que entre los mosqueteros y entre los guardias, en la corte y en la ciudad, se nos llama Athos, Porthos y Aramis o los tres inseparables? Bueno como vos llegáis de Dax o de Pau...
— De Tarbes, dit d′Artagnan.-De Tarbes -dijo D′Artagnan.
—… Il vous est permis d′ignorer ce détail, dit Athos.-...os está permitido ignorar este detalle -dijo Athos.
— Ma foi, dit d′Artagnan, vous êtes bien nommés, messieurs, et mon aventure, si elle fait quelque bruit, prouvera du moins que votre union n′est point fondée sur les contrastes.»-A fe mía -dijo D′Artagnan-, que estáis bien llamados, señores, y mi aventura, si tiene alguna resonancia, probará al menos que vuestra unión no está fundada en el contraste.
Pendant ce temps, Porthos s′était rapproché, avait salué de la main Athos; puis, se retournant vers d′Artagnan, il était resté tout étonné.Entre tanto Porthos se había acercado, había saludado a Athos con la mano; luego, al volverse hacia D′Artagnan, había quedado estupefacto.
Disons, en passant, qu′il avait changé de baudrier et quitté son manteau.Digamos de pasada que había cambiado de tahalí, y dejado su capa.
«Ah! ah! fit-il, qu′est-ce que cela?-¡Ah, ah! -exclamó-. ¿Qué es esto?
— C′est avec monsieur que je me bats, dit Athos en montrant de la main d′Artagnan, et en le saluant du même geste.-Este es el señor con quien me bato -dijo Athos señalando con la mano a D′Artagnan, y saludándole con el mismo gesto.
— C′est avec lui que je me bats aussi, dit Porthos.-Con él me bato también yo -dijo Porthos.
— Mais à une heure seulement, répondit d′Artagnan.-Pero a la una -respondió D′Artagnan.
— Et moi aussi, c′est avec monsieur que je me bats, dit Aramis en arrivant à son tour sur le terrain.-Y también yo me bato con este señor -dijo Aramis llegando a su vez al lugar.
— Mais à deux heures seulement, fit d′Artagnan avec le même calme.-Pero a las dos -dijo D′Artagnan con la misma calma.
— Mais à propos de quoi te bats-tu, toi, Athos? demanda Aramis.-Pero ¿por qué te bates tú, Athos? -preguntó Aramis.
— Ma foi, je ne sais pas trop, il m′a fait mal à l′épaule; et toi, Porthos?-A fe que no lo sé demasiado; me ha hecho daño en el hombro. ¿Y tú, Porthos?
— Ma foi, je me bats parce que je me bats», répondit Porthos en rougissant.-A fe que me bato porque me bato -respondió Porthos enrojeciendo.
Athos, qui ne perdait rien, vit passer un fin sourire sur les lèvres du Gascon.Athos, que no se perdía una, vio pasar una fina sonrisa por los labios del gascón.
«Nous avons eu une discussion sur la toilette, dit le jeune homme.-Hemos tenido una discusión sobre indumentaria -dijo el joven.
— Et toi, Aramis? demanda Athos.-¿Y tú, Aramis? -preguntó Athos.
— Moi, je me bats pour cause de théologie», répondit Aramis tout en faisant signe à d′Artagnan qu′il le priait de tenir secrète la cause de son duel.-Yo me bato por causa de teología -respondió Aramis haciendo al mismo tiempo una señal a D′Artagnan con la que le rogaba tener en secreto la causa del duelo.
Athos vit passer un second sourire sur les lèvres de d′Artagnan.Athos vio pasar una segunda sonrisa por los labios de D′Artagnan.
«Vraiment, dit Athos.-¿De verdad? -dijo Athos.
— Oui, un point de saint Augustin sur lequel nous ne sommes pas d′accord, dit le Gascon.-Sí, un punto de San Agustín sobre el que no estamos de acuerdo -dijo el gascón.
— Décidément c′est un homme d′esprit, murmura Athos.-Decididamente es un hombre de ingenio -murmuró Athos.
— Et maintenant que vous êtes rassemblés, messieurs, dit d′Artagnan, permettez-moi de vous faire mes excuses.»-Y ahora que estáis juntos, señores -dijo D′Artagnan-, permitidme que os presente mis excusas.
À ce mot d′excuses, un nuage passa sur le front d′Athos, un sourire hautain glissa sur les lèvres de Porthos, et un signe négatif fut la réponse d′Aramis.A la palabra "excusas", una nube pasó por la frente de Athos, una sonrisa altanera se deslizó por los labios de Porthos, y una señal negativa fue la respuesta de Aramis.
«Vous ne me comprenez pas, messieurs, dit d′Artagnan en relevant sa tête, sur laquelle jouait en ce moment un rayon de soleil qui en dorait les lignes fines et hardies: je vous demande excuse dans le cas où je ne pourrais vous payer ma dette à tous trois, car M. Athos a le droit de me tuer le premier, ce qui ôte beaucoup de sa valeur à votre créance, monsieur Porthos, et ce qui rend la vôtre à peu près nulle, monsieur Aramis. Et maintenant, messieurs, je vous le répète, excusez-moi, mais de cela seulement, et en garde!»-No me comprendéis, señores -dijo D′Artagnan alzando la cabeza, en la que en aquel momento jugaba un rayo de sol que doraba las facciones finas y osadas-: os pido excusas en caso de que no pueda pagaros mi deuda a los tres, porque el señor Athos tiene derecho a matarme primero, lo cual quita mucho valor a vuestra deuda, señor Porthos, y hace casi nula la vuestra, señor Aramis. Y ahora, señores, os lo repito, excusadme, pero sólo de eso, ¡y en guardia!
À ces mots, du geste le plus cavalier qui se puisse voir, d′Artagnan tira son épée.A estas palabras, con el gesto más desenvuelto que verse pueda, D′Artagnan sacó su espada.
Le sang était monté à la tête de d′Artagnan, et dans ce moment il eût tiré son épée contre tous les mousquetaires du royaume, comme il venait de faire contre Athos, Porthos et Aramis.La sangre había subido a la cabeza de D′Artagnan, y en aquel momento habría sacado su espada contra todos los mosqueteros del reino, como acababa de hacerlo contra Athos, Porthos y Aramis.
Il était midi et un quart. Le soleil était à son zénith et l′emplacement choisi pour être le théâtre du duel se trouvait exposé à toute son ardeur.Eran las doce y cuarto. El sol estaba en su cenit y el emplazamiento escogido para ser teatro del duelo estaba expuesto a todos sus ardores.
«Il fait très chaud, dit Athos en tirant son épée à son tour, et cependant je ne saurais ôter mon pourpoint; car, tout à l′heure encore, j′ai senti que ma blessure saignait, et je craindrais de gêner monsieur en lui montrant du sang qu′il ne m′aurait pas tiré lui-même.-Hace mucho calor -dijo Athos sacando a su vez la espada-, y sin embargo no podría quitarme mi jubón, porque todavía hace un momento he sentido que mi herida sangraba, y temo molestar al señor mostrándole sangre que no me haya sacado él mismo.
— C′est vrai, monsieur, dit d′Artagnan, et tiré par un autre ou par moi, je vous assure que je verrai toujours avec bien du regret le sang d′un aussi brave gentilhomme; je me battrai donc en pourpoint comme vous.-Cierto, señor -dijo D′Artagnan-, y sacada por otro o por mí, os aseguro que siempre veré con pesar la sangre de un caballero tan valiente; por eso me batiré yo también con jubón como vos.
— Voyons, voyons, dit Porthos, assez de compliments comme cela, et songez que nous attendons notre tour.-Vamos, vamos -dijo Porthos-, basta de cumplidos, y pensad que nosotros esperamos nuestro turno.
— Parlez pour vous seul, Porthos, quand vous aurez à dire de pareilles incongruités, interrompit Aramis. Quant à moi, je trouve les choses que ces messieurs se disent fort bien dites et tout à fait dignes de deux gentilshommes.-Hablad por vos solo, Porthos, cuando digáis semejantes incongruencias -interrumpió Aramis-. Por lo que a mí se refiere, encuentro las cosas que esos señores se dicen muy bien dichas y a todas luces dignas de dos gentileshombres.
— Quand vous voudrez, monsieur, dit Athos en se mettant en garde.-Cuando queráis, señor -dijo Athos poniéndose en guardia.
— J′attendais vos ordres», dit d′Artagnan en croisant le fer.-Esperaba vuestras órdenes -dijo D′Artagnan cruzando el hierro.
Mais les deux rapières avaient à peine résonné en se touchant, qu′une escouade des gardes de Son Éminence, commandée par M. de Jussac, se montra à l′angle du couvent.Pero apenas habían resonado los dos aceros al tocarse cuando una cuadrilla de guardias de Su Eminencia, mandada por el señor de Jussac, apareció por la esquina del convento.
«Les gardes du cardinal! s′écrièrent à la fois Porthos et Aramis.L′épée au fourreau, messieurs! l′épée au fourreau!-¡Los guardias del cardenal! -gritaron a la vez Porthos y Aramis-. ¡Envainad las espadas, señores, envainad las espadas!
Mais il était trop tard. Les deux combattants avaient été vus dans une pose qui ne permettait pas de douter de leurs intentions.Pero era demasiado tarde. Los dos combatientes habían sido vistos en una postura que no permitía dudar de sus intenciones.
«Holà! cria Jussac en s′avançant vers eux et en faisant signe à ses hommes d′en faire autant, holà! mousquetaires, on se bat donc ici? Et les édits, qu′en faisons-nous?-¡Hola! -gritó Jussac avanzando hacia ellos y haciendo una señal a sus hombres de hacer otro tanto-. ¡Hola, mosqueteros! ¿Nos estamos batiendo? ¿Para qué queremos entonces los edictos?
— Vous êtes bien généreux, messieurs les gardes, dit Athos plein de rancune, car Jussac était l′un des agresseurs de l′avant- veille. Si nous vous voyions battre, je vous réponds, moi, que nous nous garderions bien de vous en empêcher. Laissez-nous donc faire, et vous allez avoir du plaisir sans prendre aucune peine.-Sois muy generosos, señores guardias -dijo Athos lleno de rencor, porque Jussac era uno de los agresores de la antevíspera-. Si os viésemos batiros, os respondo de que nos guardaríamos mucho de impedíroslo. Dejadnos pues hacerlo, y podréis tener un rato de placer sin ningún gasto.
— Messieurs, dit Jussac, c′est avec grand regret que je vous déclare que la chose est impossible. Notre devoir avant tout. Rengainez donc, s′il vous plaît, et nous suivez.-Señores -dijo Jussac-, con gran pesar os declaro que es imposible. Nuestro deber ante todo. Envainad, pues, por favor, y seguidnos.
— Monsieur, dit Aramis parodiant Jussac, ce serait avec un grand plaisir que nous obéirions à votre gracieuse invitation, si cela dépendait de nous; mais malheureusement la chose est impossible: M. de Tréville nous l′a défendu. Passez donc votre chemin, c′est ce que vous avez de mieux à faire.»-Señor -dijo Aramis parodiando a Jussac-, con gran placer obedeceríamos vuestra graciosa invitación, si ello dependiese de nosotros; pero desgraciadamente es imposible: el señor de Tréville nos lo ha prohibido. Pasad, pues, de largo, es lo mejor que podéis hacer.
Cette raillerie exaspéra Jussac.Aquella broma exasperó a Jussac.
«Nous vous chargerons donc, dit-il, si vous désobéissez.-Cargaremos contra vosotros si desobedecéis.
— Ils sont cinq, dit Athos à demi-voix, et nous ne sommes que trois; nous serons encore battus, et il nous faudra mourir ici, car je le déclare, je ne reparais pas vaincu devant le capitaine.»-Son cinco -dijo Athos a media voz-, y nosotros sólo somos tres; seremos batidos y tendremos que morir aquí, porque juro que no volveré a aparecer vencido ante el capitán.
Alors Porthos et Aramis se rapprochèrent à l′instant les uns des autres, pendant que Jussac alignait ses soldats.Entonces Porthos y Aramis se acercaron inmediatamente uno a otro, mientras Jussac alineaba a sus hombres.
Ce seul moment suffit à d′Artagnan pour prendre son parti: c′était là un de ces événements qui décident de la vie d′un homme, c′était un choix à faire entre le roi et le cardinal; ce choix fait, il allait y persévérer. Se battre, c′est-à-dire désobéir à la loi, c′est-à-dire risquer sa tête, c′est-à-dire se faire d′un seul coup l′ennemi d′un ministre plus puissant que le roi lui-même: voilà ce qu′entrevit le jeune homme, et, disons-le à sa louange, il n′hésita point une seconde. Se tournant donc vers Athos et ses amis:Este solo momento bastó a D′Artagnan para tomar una decisión: era uno de esos momentos que deciden la vida de un hombre, había que elegir entre el rey y el cardenal; hecha la elección, había que perseverar en ella. Batirse, es decir, desobedecer la ley, es decir, arriesgar la cabeza, es decir, hacerse de un solo golpe enemigo de un ministro más poderoso que el rey mismo, eso es lo que vislumbró el joven y, digámoslo en alabanza suya, no dudó un segundo. Voviéndose, pues, hacia Athos y sus amigos dijo:
«Messieurs, dit-il, je reprendrai, s′il vous plaît, quelque chose à vos paroles. Vous avez dit que vous n′étiez que trois, mais il me semble, à moi, que nous sommes quatre.-Señores, añadiré, si os place, algo a vuestras palabras. Habéis dicho que no sois más que tres, pero a mí me parece que somos cuatro.
— Mais vous n′êtes pas des nôtres, dit Porthos.-Pero vos no sois de los nuestros -dijo Porthos.
— C′est vrai, répondit d′Artagnan; je n′ai pas l′habit, mais j′ai l′âme. Mon coeur est mousquetaire, je le sens bien, monsieur, et cela m′entraîne.-Es cierto -respondió D′Artagnan-; no tengo el hábito, pero sí el alma. Mi corazón es mosquetero, lo siento de sobra, señor, y eso me entusiasma.
— Écartez-vous, jeune homme, cria Jussac, qui sans doute à ses gestes et à l′expression de son visage avait deviné le dessein de d′Artagnan. Vous pouvez vous retirer, nous y consentons. Sauvez votre peau; allez vite.»-Apartaos, joven -gritó Jussac, que sin duda por sus gestos y la expresión de su rostro había adivinado el designio de D′Artagnan-. Podéis retiraros, os lo permitimos. Salvad vuestra piel, de prisa.
D′Artagnan ne bougea point.D′Artagnan no se movió.
«Décidément vous êtes un joli garçon, dit Athos en serrant la main du jeune homme.-Decididamente sois un valiente -dijo Athos apretando la mano del joven.
— Allons! allons! prenons un parti, reprit Jussac.-¡Vamos, vamos, tomemos una decisión! -prosiguió Jussac.
— Voyons, dirent Porthos et Aramis, faisons quelque chose.-Veamos -dijeron Porthos y Aramis-, hagamos algo.
— Monsieur est plein de générosité», dit Athos.-El señor está lleno de generosidad -dijo Athos.
Mais tous trois pensaient à la jeunesse de d′Artagnan et redoutaient son inexpérience.Pero los tres pensaban en la juventud de D′Artagnan y temían su inexperiencia.
«Nous ne serons que trois, dont un blessé, plus un enfant, repritAthos, et l′on n′en dira pas moins que nous étions quatre hommes.-No seremos más que tres, uno de ellos herido, además de un niño -prosiguió Athos-, y no por eso dejarán de decir que éramos cuatro hombres.
— Oui, mais reculer! dit Porthos.-¡Sí, pero retroceder...! -dijo Porthos.
— C′est difficile», reprit Athos.-Es difícil -añadió Athos.
D′Artagnan comprit leur irrésolution.D′Artagnan comprendió su falta de resolución.
«Messieurs, essayez-moi toujours, dit-il, et je vous jure sur l′honneur que je ne veux pas m′en aller d′ici si nous sommes vaincus.-Señores, ponedme a prueba -dijo-, y os juro por mi honor que no quiero marcharme de aquí si somos vencidos.
— Comment vous appelle-t-on, mon brave? dit Athos.-¿Cómo os llamáis, valiente? -dijo Athos.
— D′Artagnan, monsieur.-D′Artagnan, señor.
— Eh bien, Athos, Porthos, Aramis et d′Artagnan, en avant! criaAthos.-¡Pues bien, Athos, Porthos, Aramis y D′Artagnan, adelante! -gritó Athos.
— Eh bien, voyons, messieurs, vous décidez-vous à vous décider? cria pour la troisième fois Jussac.-¿Y bien? Veamos, señores, ¿os decidís a decidiros? -gritó por tercera vez Jussac.
— C′est fait, messieurs, dit Athos.-Está resuelto, señores -dijo Athos.
— Et quel parti prenez-vous? demanda Jussac.-¿Y qué decisión habéis tomado? -preguntó Jussac.
Nous allons avoir l′honneur de vous charger, répondit Aramis en levant son chapeau d′une main et tirant son épée de l′autre.-Vamos a tener el honor de cargar contra vos -respondió Aramis, alzando con una mano su sombrero y sacando su espada con la otra.
— Ah! vous résistez! s′écria Jussac.-¡Ah! ¿Os resistís? -exclamó Jussac.
— Sangdieu! cela vous étonne?»-¡Por todos los diablos! ¿Os sorprende?
Et les neuf combattants se précipitèrent les uns sur les autres avec une furie qui n′excluait pas une certaine méthode.Y los nueve combatientes se precipitaron unos contra otros con una furia que no excluía cierto método.
Athos prit un certain Cahusac, favori du cardinal; Porthos eutBiscarat, et Aramis se vit en face de deux adversaires.Athos cogió a un tal Cahusac, favorito del cardenal; Porthos tuvo a Biscarat y Aramis se vio frente a dos adversarios.
Quant à d′Artagnan, il se trouva lancé contre Jussac lui-même.En cuanto a D′Artagnan, se encontró lanzado contra el mismo Jussac.
Le coeur du jeune Gascon battait à lui briser la poitrine, non pas de peur, Dieu merci! il n′en avait pas l′ombre, mais d′émulation; il se battait comme un tigre en fureur, tournant dix fois autour de son adversaire, changeant vingt fois ses gardes et son terrain. Jussac était, comme on le disait alors, friand de la lame, et avait fort pratiqué; cependant il avait toutes les peines du monde à se défendre contre un adversaire qui, agile et bondissant, s′écartait à tout moment des règles reçues, attaquant de tous côtés à la fois, et tout cela en parant en homme qui a le plus grand respect pour son épiderme.El corazón del joven gascón batía hasta romperle el pecho, no de miedo, a Dios gracias, del que no conocía siquiera la sombra, sino de emulación; se batía como un tigre furioso, dando vueltas diez veces en torno a su adversario, cambiando veinte veces sus guardias y su terreno. Jussac era, como se decía entonces, un enamorado de la espada, y la había practicado mucho; sin embargo, pasaba todos los apuros del mundo defendiéndose contra un adversario que, ágil y saltarín, se alejaba a cada momento de las reglas recibidas, atacando por todos los lados a la vez, y precaviéndose además como hombre que tiene el mayor respeto por su epidermis.
Enfin cette lutte finit par faire perdre patience à Jussac. Furieux d′être tenu en échec par celui qu′il avait regardé comme un enfant, il s′échauffa et commença à faire des fautes. D′Artagnan, qui, à défaut de la pratique, avait une profonde théorie, redoubla d′agilité. Jussac, voulant en finir, porta un coup terrible à son adversaire en se fendant à fond; mais celui-ci para prime, et tandis que Jussac se relevait, se glissant comme un serpent sous son fer, il lui passa son épée au travers du corps. Jussac tomba comme une masse.Por fin la lucha terminó por hacer perder la paciencia a Jussac. Furioso de ser tenido en jaque por aquel al que había mirado como a un niño, se calentó y comenzó a cometer errores. D′Artagnan que, a pesar de la práctica, poseía una profunda teoría, redobló la agilidad. Jussac, queriendo terminar, lanzó una terrible estocada a su adversario tirándose a fondo; pero éste paró primero, y mientras Jussac se ponía en pie, deslizándose como una serpiente bajo su acero, le pasó su espada a través del cuerpo. Jussac cayó como una mole.
D′Artagnan jeta alors un coup d′oeil inquiet et rapide sur le champ de bataille.D′Artagnan lanzó entonces una mirada inquieta y rápida sobre el campo de batalla.
Aramis avait déjà tué un de ses adversaires; mais l′autre le pressait vivement. Cependant Aramis était en bonne situation et pouvait encore se défendre.Aramis había matado ya a uno de sus adversarios; pero el otro le acosaba vivamente. Sin embargo, Aramis estaba en buena situación y aún podía defenderse.
Biscarat et Porthos venaient de faire coup fourré: Porthos avait reçu un coup d′épée au travers du bras, et Biscarat au travers de la cuisse. Mais comme ni l′une ni l′autre des deux blessures n′était grave, ils ne s′en escrimaient qu′avec plus d′acharnement.Biscarat y Porthos acababan de hacer un golpe doble: Porthos había recibido una estocada atravesándole el brazo, y Biscarat atravesándole el muslo. Pero como ninguna de las dos heridas era grave, no se batían sino con más encarnizamiento.
Athos, blessé de nouveau par Cahusac, pâlissait à vue d′oeil, mais il ne reculait pas d′une semelle: il avait seulement changé son épée de main, et se battait de la main gauche.Athos, herido de nuevo por Cahusac, palidecía a ojos vistas, pero no retrocedía un ápice: se había limitado a cambiar de mano su espada, y se batía con la izquierda.
D′Artagnan, selon les lois du duel de cette époque, pouvait secourir quelqu′un; pendant qu′il cherchait du regard celui de ses compagnons qui avait besoin de son aide, il surprit un coup d′oeil d′Athos. Ce coup d′oeil était d′une éloquence sublime. Athos serait mort plutôt que d′appeler au secours; mais il pouvait regarder, et du regard demander un appui. D′Artagnan le devina, fit un bond terrible et tomba sur le flanc de Cahusac en criant:Según las leyes del duelo de esa época, D′Artagnan podía socorrer a uno; mientras buscaba con los ojos qué compañero tenía necesidad de su ayuda sorprendió una mirada de Athos. Aquella mirada era de una elocuencia sublime. Athos moriría antes que pedir socorro; pero podía mirar, y con la mirada pedir apoyo. D′Artagnan lo adivinó, dio un salto terrible y cayó sobre el flanco de Cahusac gritando:
«À moi, monsieur le garde, je vous tue!»-¡A mí, señor guardia, que yo os mato!
Cahusac se retourna; il était temps. Athos, que son extrême courage soutenait seul, tomba sur un genou.Cahusac se volvió, justo a tiempo. Athos, a quien sólo su extremado valor sostenía, cayó sobre una rodilla.
«Sangdieu! criait-il à d′Artagnan, ne le tuez pas, jeune homme, je vous en prie; j′ai une vieille affaire à terminer avec lui, quand je serai guéri et bien portant. Désarmez-le seulement, liez-lui l′épée. C′est cela. Bien! très bien!»-¡Maldita sea! -gritó a D′Artagnan-. ¡No lo matéis, joven, os lo suplico; tengo un viejo asunto que terminar con él cuando esté curado y con buena salud! Desarmadle solamente, quitadle la espada. ¡Eso es, bien, muy bien!
Cette exclamation était arrachée à Athos par l′épée de Cahusac qui sautait à vingt pas de lui. D′Artagnan et Cahusac s′élancèrent ensemble, l′un pour la ressaisir, l′autre pour s′en emparer; mais d′Artagnan, plus leste, arriva le premier et mit le pied dessus.Esta exclamación le había sido arrancada a Athos por la espada de Cahusac, que saltaba a veinte pasos de él. D′Artagnan y Cahusac se lanzaron a la vez, uno para recuperarla, el otro para apoderarse de ella; pero D′Artagnan, más rápido llegó el primero y puso el pie encima.
Cahusac courut à celui des gardes qu′avait tué Aramis, s′empara de sa rapière, et voulut revenir à d′Artagnan; mais sur son chemin il rencontra Athos, qui, pendant cette pause d′un instant que lui avait procurée d′Artagnan, avait repris haleine, et qui, de crainte que d′Artagnan ne lui tuât son ennemi, voulait recommencer le combat.Cahusac corrió hacia aquel de los guardias que había matado Aramis, se apoderó de su acero y quiso volver a D′Artagnan; pero en su camino se encontró con Athos, que durante aquella pausa de un instante que le había procurado D′Artagnan había recuperado el aliento y que, por temor a que D′Artagnan le matase a su enemigo, quería volver a empezar el combate.
D′Artagnan comprit que ce serait désobliger Athos que de ne pas le laisser faire. En effet, quelques secondes après, Cahusac tomba la gorge traversée d′un coup d′épée.D′Artagnan comprendió que sería contrariar a Athos no dejarle actuar. En efecto, algunos segundos después, Cahusac cayó con la garganta atravesada por una estocada.
Au même instant, Aramis appuyait son épée contre la poitrine de son adversaire renversé, et le forçait à demander merci.En ese mismo instante, Aramis apoyaba su espada contra el pecho de su adversario derribado, y le forzaba a pedir merced.
Restaient Porthos et Biscarat. Porthos faisait mille fanfaronnades, demandant à Biscarat quelle heure il pouvait bien être, et lui faisait ses compliments sur la compagnie que venait d′obtenir son frère dans le régiment de Navarre; mais tout en raillant, il ne gagnait rien. Biscarat était un de ces hommes de fer qui ne tombent que morts.Quedaban Porthos y Biscarat: Porthos hacía mil fanfarronadas preguntando a Bicarat qué hora podía ser, y le felicitaba por la compañía que acababa de obtener su hermano en el regimiento de Navarra; pero, mientras bromeaba, nada ganaba. Biscarat era uno de esos hombres de hierro que no caen más que muertos.
Cependant il fallait en finir. Le guet pouvait arriver et prendre tous les combattants, blessés ou non, royalistes ou cardinalistes. Athos, Aramis et d′Artagnan entourèrent Biscarat et le sommèrent de se rendre. Quoique seul contre tous, et avec un coup d′épée qui lui traversait la cuisse, Biscarat voulait tenir; mais Jussac, qui s′était élevé sur son coude, lui cria de se rendre. Biscarat était un Gascon comme d′Artagnan; il fit la sourde oreille et se contenta de rire, et entre deux parades, trouvant le temps de désigner, du bout de son épée, une place à terre:Sin embargo, había que terminar. La ronda podía llegar y prender a todos los combatientes, heridos o no, realistas o cardenalistas. Athos, Aramis y D′Artagnan rodearon a Biscarat y le conminaron a rendirse. Aunque solo contra todos y con una estocada que le atravesaba el muslo, Biscarat quería seguir; pero Jussac, que se había levantado sobre el codo, le gritó que se rindiera. Biscarat era gascón como D′Artagnan; hizo oídos sordos y se contentó con reír, y entre dos quites, encontrando tiempo para dibujar con la punta de su espada un lugar en el suelo, dijo parodiando un versículo de la Biblia:
«Ici, dit-il, parodiant un verset de la Bible, ici mourraBiscarat, seul de ceux qui sont avec lui.-Aquí morirá Biscarat, el único de los que están con él!
— Mais ils sont quatre contre toi; finis-en, je te l′ordonne.-Pero están cuatro contra ti; acaba, te lo ordeno.
— Ah! si tu l′ordonnes, c′est autre chose, dit Biscarat, comme tu es mon brigadier, je dois obéir.»-¡Ah! Si lo ordenas, es distinto -dijo Biscarat-; como eres mi brigadier, debo obedecer.
Et, faisant un bond en arrière, il cassa son épée sur son genou pour ne pas la rendre, en jeta les morceaux pardessus le mur du couvent et se croisa les bras en sifflant un air cardinaliste.Y dando un salto hacia atrás, rompió la espada sobre su rodilla para no entregarla, arrojó los trozos por encima de la tapia del convento y se cruzó de brazos silbando un motivo cardenalista.
La bravoure est toujours respectée, même dans un ennemi. Les mousquetaires saluèrent Biscarat de leurs épées et les remirent au fourreau. D′Artagnan en fit autant, puis, aidé de Biscarat, le seul qui fut resté debout, il porta sous le porche du couvent Jussac, Cahusac et celui des adversaires d′Aramis qui n′était que blessé. Le quatrième, comme nous l′avons dit, était mort. Puis ils sonnèrent la cloche, et, emportant quatre épées sur cinq, ils s′acheminèrent ivres de joie vers l′hôtel de M. de Tréville. On les voyait entrelacés, tenant toute la largeur de la rue, et accostant chaque mousquetaire qu′ils rencontraient, si bien qu′à la fin ce fut une marche triomphale. Le coeur de d′Artagnan nageait dans l′ivresse, il marchait entre Athos et Porthos en les étreignant tendrement.La bravura siempre es respetada, incluso en un enemigo. Los mosqueteros saludaron a Biscarat con sus espadas y las devolvieron a la vaina. D′Artagnan hizo otro tanto, y luego, ayudado por Biscarat, el único que había quedado en pie, llevó bajo el soportal del convento a Jussac, Cahusac y a aquel de los adversarios de Aramis que sólo había sido herido. El cuarto, como ya hemos dicho, estaba muerto. Luego hicieron sonar la campana y llevando cuatro de las cinco espadas se encaminaron ebrios de alegría hacia el palacio del señor de Tréville. Se les veía con los brazos entrelazados, ocupando todo lo ancho de la calle, y agrupando tras sí a todos los mosqueteros que encontraban, por lo que, al fin, aquello fue una marcha triunfal. El corazón de D′Artagnan nadaba en la ebriedad, caminaba entre Athos y Porthos apretándolos con ternura.
«Si je ne suis pas encore mousquetaire, dit-il à ses nouveaux amis en franchissant la porte de l′hôtel de M. de Tréville, au moins me voilà reçu apprenti, n′est-ce pas?»-Si todavía no soy mosquetero -dijo a sus nuevos amigos al franquear la puerta del palacio del señor de Tréville-, al menos ya soy aprendiz, ¿no es verdad?






CHAPITRE VI SA MAJESTÉ LE ROI LOUIS TREIZIÈME

Capítulo VI -- Su majestad el rey Luis Xlll

L′affaire fit grand bruit. M. de Tréville gronda beaucoup tout haut contre ses mousquetaires, et les félicita tout bas; mais comme il n′y avait pas de temps à perdre pour prévenir le roi, M. de Tréville s′empressa de se rendre au Louvre. Il était déjà trop tard, le roi était enfermé avec le cardinal, et l′on dit à M. de Tréville que le roi travaillait et ne pouvait recevoir en ce moment. Le soir, M. de Tréville vint au jeu du roi. Le roi gagnait, et comme Sa Majesté était fort avare, elle était d′excellente humeur; aussi, du plus loin que le roi aperçut Tréville:El suceso hizo mucho ruido. El señor de Tréville bramó en voz alta contra sus mosqueteros, y los felicitó en voz baja; pero como no había tiempo que perder para prevenir al rey el señor de Tréville se apresuró a dirigirse al Louvre. Era demasiado tarde, el rey se hallaba encerrado con el cardenal, y dijeron al señor de Tréville que el rey trabajaba y que no podía recibir en aquel momento. Por la noche, el señor de Tréville acudió al juego del rey. El rey ganaba, y como su majestad era muy avaro, estaba de excelente humor; por ello, cuando el rey vio de lejos a Tréville, dijo:
«Venez ici, monsieur le capitaine, dit-il, venez que je vous gronde; savez-vous que Son Éminence est venue me faire des plaintes sur vos mousquetaires, et cela avec une telle émotion, que ce soir Son Éminence en est malade? Ah çà, mais ce sont des diables à quatre, des gens à pendre, que vos mousquetaires!-Venid aquí, señor capitán, venid que os riña; ¿sabéis que Su Eminencia ha venido a quejárseme de vuestros mosqueteros, y ello con tal emoción que esta noche Su Eminencia está enfermo? ¡Pero, bueno, vuestros mosqueteros son incorregibles, son gentes de horca!
— Non, Sire, répondit Tréville, qui vit du premier coup d′oeil comment la chose allait tourner; non, tout au contraire, ce sont de bonnes créatures, douces comme des agneaux, et qui n′ont qu′un désir, je m′en ferais garant: c′est que leur épée ne sorte du fourreau que pour le service de Votre Majesté. Mais, que voulez- vous, les gardes de M. le cardinal sont sans cesse à leur chercher querelle, et, pour l′honneur même du corps, les pauvres jeunes gens sont obligés de se défendre.-No, Sire-respondió Tréville, que vio a la primera ojeada cómo iban a desarrollarse las cosas-; no, todo lo contrario, son buenas criaturas, dulces como corderos, y que no tienen más que un deseo, de eso me hago responsable: y es que su espada no salga de la vaina más que para el servicio de Vuestra Majestad. Pero, qué queréis, los guardias del señor cardenal están buscándoles pelea sin cesar, y por el honor mismo del cuerpo los pobres jóvenes se ven obligados a defenderse.
— Écoutez M. de Tréville! dit le roi, écoutez-le! ne dirait-on pas qu′il parle d′une communauté religieuse! En vérité, mon cher capitaine, j′ai envie de vous ôter votre brevet et de le donner à Mlle de Chémerault, à laquelle j′ai promis une abbaye. Mais ne pensez pas que je vous croirai ainsi sur parole. On m′appelle Louis le Juste, monsieur de Tréville, et tout à l′heure, tout à l′heure nous verrons.-¡Escuchad al señor de Tréville! -dijo el rey-. ¡Escuchadle! ¡Se diría que habla de una comunidad religiosa! En verdad, mi querido capitán, me dan ganas de quitaros vuestro despacho y dárselo a la señorita de Chemerault, a quien he prometido una abadía. Pero no penséis que os creeré sólo por vuestra palabra. Me llaman Luis el Justo, señor de Tréville, y ahora mismo lo veremos.
— Ah! c′est parce que je me fie à cette justice, Sire, que j′attendrai patiemment et tranquillement le bon plaisir de Votre Majesté.-Porque me fío de esa justicia, Sire, esperaré paciente y tranquilo el capricho de Vuestra Majestad.
— Attendez donc, monsieur, attendez donc, dit le roi, je ne vous ferai pas longtemps attendre.»-Esperad pues, señor, esperad -dijo el rey-, no os haré esperar mucho.
En effet, la chance tournait, et comme le roi commençait à perdre ce qu′il avait gagné, il n′était pas fâché de trouver un prétexte pour faire — qu′on nous passe cette expression de joueur, dont, nous l′avouons, nous ne connaissons pas l′origine —, pour faire charlemagne. Le roi se leva donc au bout d′un instant, et mettant dans sa poche l′argent qui était devant lui et dont la majeure partie venait de son gain:En efecto, la suerte cambiaba, y como el rey empezaba a perder lo que había ganado, no era difícil encontrar un pretexto para hacer -perdónesenos esta expresión de jugador, cuyo origen, lo confesamos, lo desconocemos- para hacer el carlomagno. El rey se levantó, pues, al cabo de un instante y, metiendo en su bolsillo el dinero que tenía ante sí y cuya mayor parte procedía de su ganancia, dijo:
«La Vieuville, dit-il, prenez ma place, il faut que je parle à M. de Tréville pour affaire d′importance. Ah!… j′avais quatre- vingts louis devant moi; mettez la même somme, afin que ceux qui ont perdu n′aient point à se plaindre. La justice avant tout.»-La Vieuville, tomad mi puesto, tengo que hablar con el señor de Tréville por un asunto de importancia... ¡Ah!..., yo tenía ochenta luises ante mí; poned la misma suma, para que quienes han perdido no tengan motivos de queja. La justicia ante todo.
Puis, se retournant vers M. de Tréville et marchant avec lui vers l′embrasure d′une fenêtre:Luego, volviéndose hacia el señor de Tréville y caminando con él hacia el vano de una ventana, continuó:
«Eh bien, monsieur, continua-t-il, vous dites que ce sont les gardes de l′Éminentissime qui ont été chercher querelle à vos mousquetaires?-Y bien, señor, vos decís que son los guardias de la Eminentísima los que han buscado pelea a vuestros mosqueteros.
— Oui, Sire, comme toujours.-Sí, Sire, como siempre.
— Et comment la chose est-elle venue, voyons? car, vous le savez, mon cher capitaine, il faut qu′un juge écoute les deux parties.-Y ¿cómo ha ocurrido la cosa? Porque como sabéis, mi querido capitán, es preciso que un juez escuche a las dos partes.
— Ah! mon Dieu! de la façon la plus simple et la plus naturelle. Trois de mes meilleurs soldats, que Votre Majesté connaît de nom et dont elle a plus d′une fois apprécié le dévouement, et qui ont, je puis l′affirmer au roi, son service fort à coeur; — trois de mes meilleurs soldats, dis-je, MM. Athos, Porthos et Aramis, avaient fait une partie de plaisir avec un jeune cadet de Gascogne que je leur avais recommandé le matin même. La partie allait avoir lieu à Saint-Germain, je crois, et ils s′étaient donné rendez-vous aux Carmes-Deschaux, lorsqu′elle fut troublée par M. de Jussac et MM. Cahusac, Biscarat, et deux autres gardes qui ne venaient certes pas là en si nombreuse compagnie sans mauvaise intention contre les édits.-Dios mío, de la forma más simple y más natural. Tres de mis mejores soldados, a quienes Vuestra Majestad conoce de nombre y cuya devoción ha apreciado más de una vez, y que tienen, puedo afirmarlo al rey, su servicio muy en el corazón; tres de mis mejores soldados, digo, los señores Athos, Porthos y Aramis, habían hecho una excursión con un joven cadete de Gascuña que yo les había recomendado aquella misma mañana. La excursión iba a tener lugar en SaintGermain, según creo, y se habían citado en los Carmelitas Descalzos, cuando fue perturbada por el señor de Jussac y los señores Cahusac, Biscarat y otros dos guardias que ciertamente no venían allí en tan numerosa compañía sin mala intención contra los edictos.
— Ah! ah! vous m′y faites penser, dit le roi: sans doute, ils venaient pour se battre eux-mêmes.-¡Ah, ah!, me dais que pensar -dijo el rey-; sin duda iban para batirse ellos mismos.
— Je ne les accuse pas, Sire, mais je laisse Votre Majesté apprécier ce que peuvent aller faire cinq hommes armés dans un lieu aussi désert que le sont les environs du couvent des Carmes.-No los acuso, Sire, pero dejo a Vuestra Majestad apreciar qué pueden ir a hacer cuatro hombres armados a un lugar tan desierto como lo están los alrededores del convento de los Carmelitas.
— Oui, vous avez raison, Tréville, vous avez raison.-Sí, tenéis razón, Tréville, tenéis razón.
— Alors, quand ils ont vu mes mousquetaires, ils ont changé d′idée et ils ont oublié leur haine particulière pour la haine de corps; car Votre Majesté n′ignore pas que les mousquetaires, qui sont au roi et rien qu′au roi, sont les ennemis naturels des gardes, qui sont à M. le cardinal.-Entonces, cuando vieron a mis mosqueteros, cambiaron de idea y olvidaron su odio particular por el odio de cuerpo; porque Vuestra Majestad no ignora que los mosqueteros, que son del rey y nada más que para el rey, son los enemigos de los guardias, que son del señor cardenal.
— Oui, Tréville, oui, dit le roi mélancoliquement, et c′est bien triste, croyez-moi, de voir ainsi deux partis en France, deux têtes à la royauté; mais tout cela finira, Tréville, tout cela finira. Vous dites donc que les gardes ont cherché querelle aux mousquetaires?-Sí, Tréville, sí -dijo el rey melancólicamente-, y es muy triste, creedme, ver de este modo dos partidos en Francia, dos cabezas en la realeza; pero todo esto acabará, Tréville, todo esto acabará. Decís, pues, que los guardias han buscado pelea a los mosqueteros
— Je dis qu′il est probable que les choses se sont passées ainsi, mais je n′en jure pas, Sire. Vous savez combien la vérité est difficile à connaître, et à moins d′être doué de cet instinct admirable qui a fait nommer Louis XIII le Juste…-Digo que es probable que las cosas hayan ocurrido de este modo, pero no lo juro, Sire. Ya sabéis cuán difícil de conocer es la verdad, y a menos de estar dotado de ese instinto admirable que ha hecho llamar a Luis XIII el Justo...
— Et vous avez raison, Tréville; mais ils n′étaient pas seuls, vos mousquetaires, il y avait avec eux un enfant?-Y tenéis razón, Tréville, pero no estaban solos vuestros mosqueteros, ¿no había con ellos un niño?
— Oui, Sire, et un homme blessé, de sorte que trois mousquetaires du roi, dont un blessé, et un enfant, non seulement ont tenu tête à cinq des plus terribles gardes de M. le cardinal, mais encore en ont porté quatre à terre.-Sí, Sire, y un hombre herido, de suerte que tres mosqueteros del rey, uno de ellos herido, y un niño no solamente se han enfrentado a cinco de los más terribles guardias del cardenal, sino que aun han derribado a cuatro por tierra.
— Mais c′est une victoire, cela! s′écria le roi tout rayonnant; une victoire complète!-Pero ¡eso es una victoria! -exclamó el rey radiante-. ¡Una victoria completa!
— Oui, Sire, aussi complète que celle du pont de Cé.-Sí, Sire, tan completa como la del puente de Cé.
— Quatre hommes, dont un blessé, et un enfant, dites-vous?-¿Cuatro hombres, uno de ellos herido y otro un niño decís?
— Un jeune homme à peine; lequel s′est même si parfaitement conduit en cette occasion, que je prendrai la liberté de le recommander à Votre Majesté.-Un joven apenas hombre, que se ha portado tan perfectamente en esta ocasión que me tomaré la libertad de recomendarlo a Vuestra Majestad.
— Comment s′appelle-t-il?-¿Cómo se llama?
— D′Artagnan, Sire. C′est le fils d′un de mes plus anciens amis; le fils d′un homme qui a fait avec le roi votre père, de glorieuse mémoire, la guerre de partisan.-D′Artagnan, Sire. Es hijo de uno de mis más viejos amigos; el hijo de un hombre que hizo con el rey vuestro padre, de gloriosa memoria, la guerra partidaria.
— Et vous dites qu′il s′est bien conduit, ce jeune homme? Racontez-moi cela, Tréville; vous savez que j′aime les récits de guerre et de combat.»-¿Y decís que se ha portado bien ese joven? Contadme eso, Tréville; ya sabéis que me gustan los relatos de guerra y combate.
Et le roi Louis XIII releva fièrement sa moustache en se posant sur la hanche.Y el rey Luis XIII se atusó orgullosamente su mostacho poniéndose en jarras.
«Sire, reprit Tréville, comme je vous l′ai dit M. d′Artagnan est presque un enfant, et comme il n′a pas l′honneur d′être mousquetaire, il était en habit bourgeois; les gardes de M. le cardinal, reconnaissant sa grande jeunesse et, de plus, qu′il était étranger au corps, l′invitèrent donc à se retirer avant qu′ils attaquassent.-Sire -prosiguió Tréville-, como os he dicho, el señor D′Artagnan es casi un niño, y como no tiene el honor de ser mosquetero, estaba vestido de paisano; los guardias del señor cardenal, reconociendo su gran juventud, y que además era extraño al cuerpo, le invitaron a retirarse antes de atacar.
— Alors, vous voyez bien, Tréville, interrompit le roi, que ce sont eux qui ont attaqué.-¡Ah! Ya veis, Tréville -interrumpió el rey-, que son ellos los que han atacado.
— C′est juste, Sire: ainsi, plus de doute; ils le sommèrent donc de se retirer; mais il répondit qu′il était mousquetaire de coeur et tout à Sa Majesté, qu′ainsi donc il resterait avec messieurs les mousquetaires.-Exactamente, Sire; sin ninguna duda; le conminaron, pues, a retirarse, pero él respondió que era mosquetero de corazón y todo él de Su Majestad, y que por eso se quedaría con los señores mosqueteros
— Brave jeune homme! murmura le roi.-¡Bravo joven! -murmuró el rey.
— En effet, il demeura avec eux; et Votre Majesté a là un si ferme champion, que ce fut lui qui donna à Jussac ce terrible coup d′épée qui met si fort en colère M. le cardinal.-Y en efecto, permanció a su lado; y Vuestra Majestad tiene a un campeón tan firme que fue él quien dio a Jussac esa terrible estocada que encoleriza tanto al señor cardenal.
— C′est lui qui a blessé Jussac? s′écria le roi; lui, un enfant!Ceci, Tréville, c′est impossible.-¿Fue él quien hirió a Jussac? -exclamó el rey- ¡El, un niño! Eso es imposible, Tréville.
— C′est comme j′ai l′honneur de le dire à Votre Majesté.-Ocurrió como tengo el honor de decir a Vuestra Majestad.
— Jussac, une des premières lames du royaume!-¡Jussac, uno de los primeros aceros del reino!
— Eh bien, Sire! il a trouvé son maître.-¡Pues bien, Sire, ha encontrado su maestro!
— Je veux voir ce jeune homme, Tréville, je veux le voir, et si l′on peut faire quelque chose, eh bien, nous nous en occuperons.-Quiero ver a ese joven, Tréville, quiero verlo, y si se puede hacer algo, pues bien, nosotros nos ocuparemos.
— Quand Votre Majesté daignera-t-elle le recevoir?-¿Cuándo se dignará recibirlo Vuestra Majestad?
— Demain à midi, Tréville.-Mañana a las doce, Tréville.
— L′amènerai-je seul?-¿Lo traigo solo?
— Non, amenez-les-moi tous les quatre ensemble. Je veux les remercier tous à la fois; les hommes dévoués sont rares, Tréville, et il faut récompenser le dévouement.-No, traedme a los cuatro juntos. Quiero darles las gracias a todos a la vez; los hombres adictos son raros, Tréville, y hay que recompensar la adhesión.
— À midi, Sire, nous serons au Louvre.-A las doce, Sire, estaremos en el Louvre.
— Ah! par le petit escalier, Tréville, par le petit escalier. Il est inutile que le cardinal sache…-¡Ah! Por la escalera pequeña, Tréville, por la escalera pequeña. Es inútil que el cardenal sepa...
— Oui, Sire.-Sí, Sire.
— Vous comprenez, Tréville, un édit est toujours un édit; il est défendu de se battre, au bout du compte.-¿Comprendéis, Tréville? Un edicto es siempre un edicto; está prohibido batirse a fin de cuentas.
— Mais cette rencontre, Sire, sort tout à fait des conditions ordinaires d′un duel: c′est une rixe, et la preuve, c′est qu′ils étaient cinq gardes du cardinal contre mes trois mousquetaires et M. d′Artagnan.-Pero ese encuentro, Sire, se sale a todas luces de las condiciones ordinarias de un duelo: es una riña, y la prueba es que eran cinco guardias del cardenal contra mis tres mosqueteros y el señor D′Artagnan
— C′est juste, dit le roi; mais n′importe, Tréville, venez toujours par le petit escalier.»-Exacto -dijo el rey-; pero no importa, Tréville; de todas formas, venid por la escalera pequeña.
Tréville sourit. Mais comme c′était déjà beaucoup pour lui d′avoir obtenu de cet enfant qu′il se révoltât contre son maître, il salua respectueusement le roi, et avec son agrément prit congé de lui.Tréville sonrió. Pero como era ya mucho para él haber obtenido que aquel niño se revolviese contra su maestro, saludó respetuosamen al rey, y con su licencia se despidió de él.
Dès le soir même, les trois mousquetaires furent prévenus de l′honneur qui leur était accordé. Comme ils connaissaient depuis longtemps le roi, ils n′en furent pas trop échauffés: mais d′Artagnan, avec son imagination gasconne, y vit sa fortune à venir, et passa la nuit à faire des rêves d′or. Aussi, dès huit heures du matin, était-il chez Athos.Aquella misma tarde los tres mosqueteros fueron advertidos del honor que se les había concedido. Como conocían desde hacia tiempo al rey, no se enardecieron demasiado; pero D′Artagnan, con su imaginación gascona, vio venir su fortuna y pasó la noche haciendo sueños dorados. Por eso, a las ocho de la mañana estaba en casa de Athos.
D′Artagnan trouva le mousquetaire tout habillé et prêt à sortir. Comme on n′avait rendez-vous chez le roi qu′à midi, il avait formé le projet, avec Porthos et Aramis, d′aller faire une partie de paume dans un tripot situé tout près des écuries du Luxembourg. Athos invita d′Artagnan à les suivre, et malgré son ignorance de ce jeu, auquel il n′avait jamais joué, celui-ci accepta, ne sachant que faire de son temps, depuis neuf heures du matin qu′il était à peine jusqu′à midi.D′Artagnan encontró al mosquetero completamente vestido y dispuesto a salir. Como la cita con el rey no era hasta las doce, había proyectado con Porthos y Aramis ir a jugar a la pelota a un garito situado al lado de las caballerizas del Luxemburgo. Athos invitó a D′Artagn a seguirlos, y pese a su ignorancia de aquel juego, al que nunca ha jugado, éste aceptó, sin saber qué hacer de su tiempo desde las nueve de la mañana que apenas eran hasta las doce.
Les deux mousquetaires étaient déjà arrivés et pelotaient ensemble. Athos, qui était très fort à tous les exercices du corps, passa avec d′Artagnan du côté opposé, et leur fit défi. Mais au premier mouvement qu′il essaya, quoiqu′il jouât de la main gauche, il comprit que sa blessure était encore trop récente pour lui permettre un pareil exercice. D′Artagnan resta donc seul, et comme il déclara qu′il était trop maladroit pour soutenir une partie en règle, on continua seulement à s′envoyer des balles sans compter le jeu. Mais une de ces balles, lancée par le poignet herculéen de Porthos, passa si près du visage de d′Artagnan, qu′il pensa que si, au lieu de passer à côté, elle eût donné dedans, son audience était probablement perdue, attendu qu′il lui eût été de toute impossibilité de se présenter chez le roi. Or, comme de cette audience, dans son imagination gasconne, dépendait tout son avenir, il salua poliment Porthos et Aramis, déclarant qu′il ne reprendrait la partie que lorsqu′il serait en état de leur tenir tête, et il s′en revint prendre place près de la corde et dans la galerie.Los dos mosqueteros hablan llegado ya y peloteaban juntos. Athos, que era muy aficionado a todos los ejercicios corporales, pasó con D′Artagnan al lado opuesto, y los desafió. Pero al primer movimiento que intentó, aunque jugaba con la mano derecha, comprendió que su herida era demasiado reciente aún para permitirle semejante ejercicio. D′Artagnan se quedó, pues, solo, y como declaró que era demasiado torpe para sostener un partido en regla, continuaron enviando solamente pelotas sin contar los tantos. Pero una de aquellas pelotas, lanzada por el puño hercúleo de Porthos, pasó tan cerca del rostro de D′Artagnan que pensó que, si en lugar de pasarle de lado, le hubiera dado, su audiencia se habría probablemente perdido, dado que le hubiera sido del todo imposible presentarse ante el rey. Y como, según su imaginación gascona, de aquella audiencia dependía todo su porvenir, saludó cortésmente a Porthos y Aramis, declarando que no proseguirla la partida sino cuando estuviera en situación de hacerles frente, y se volvió para situarse junto a la soga y en la galería.
Malheureusement pour d′Artagnan, parmi les spectateurs se trouvait un garde de Son Éminence, lequel, tout échauffé encore de la défaite de ses compagnons, arrivée la veille seulement, s′était promis de saisir la première occasion de la venger. Il crut donc que cette occasion était venue, et s′adressant à son voisin:Por desgracia para D′Artagnan, entre los espectadores se encontraba un guardia de Su Eminencia, el cual, todo enardecido aun por la derrota de sus compañeros, y llegado la víspera solamente, se había prometido aprovechar la primera ocasión de vengarla. Creyó, pues, que la ocasión había llegado y, dirigiéndose a su vecino, dijo:
«Il n′est pas étonnant, dit-il, que ce jeune homme ait eu peur d′une balle, c′est sans doute un apprenti mousquetaire.»-No es sorprendente que ese joven tenga miedo de una pelota, es sin duda un aprendiz de mosquetero.
D′Artagnan se retourna comme si un serpent l′eût mordu, et regarda fixement le garde qui venait de tenir cet insolent propos.D′Artagnan se volvió como si una serpiente lo hubiera mordido y miró fijamente al guardia que acababa de decir aquella insolente frase.
«Pardieu! reprit celui-ci en frisant insolemment, sa moustache, regardez-moi tant que vous voudrez, mon petit monsieur, j′ai dit ce que j′ai dit.-¡Pardiez! -prosiguió aquél rizándose insolentemente el mostacho-. Miradme cuanto queráis, mi querido señor, he dicho lo que he dicho.
— Et comme ce que vous avez dit est trop clair pour que vos paroles aient besoin d′explication, répondit d′Artagnan à voix basse, je vous prierai de me suivre.-Y como lo que habéis dicho está demasiado claro para que vuestras palabras necesiten una explicación -respondió D′Artagnan en voz baja-, os ruego que me sigáis.
— Et quand cela? demanda le garde avec le même air railleur.-Y eso, ¿cuándo? -preguntó el guardia con el mismo aire burlón.
— Tout de suite, s′il vous plaît.-Ahora mismo, si os place.
— Et vous savez qui je suis, sans doute?-Y ¿sabéis por casualidad quién soy?
—Moi, je l′ignore complètement, et je ne m′en inquiète guère.-Lo ignoro completamente, y no me inquieta.
— Et vous avez tort, car, si vous saviez mon nom, peut-être seriez-vous moins pressé.-Pues os equivocáis, porque si supieseis mi nombre, quizá no tuvierais tanta prisa.
— Comment vous appelez-vous?-¿Cómo os llamáis?
— Bernajoux, pour vous servir.-Bernajoux, para serviros.
— Eh bien, monsieur Bernajoux, dit tranquillement d′Artagnan, je vais vous attendre sur la porte.-Pues bien, señor Bernajoux -dijo tranquilamente D′Artagnan-, voy a esperaros a la puerta.
— Allez, monsieur, je vous suis.-Id, señor, os sigo.
— Ne vous pressez pas trop, monsieur, qu′on ne s′aperçoive pas que nous sortons ensemble; vous comprenez que pour ce que nous allons faire, trop de monde nous gênerait.-No os apresuréis, señor, que no se den cuenta de que salimo juntos; comprended que, para lo que vamos a hacer, demasiada gente nos molestaría.
— C′est bien», répondit le garde, étonné que son nom n′eût pas produit plus d′effet sur le jeune homme.-Está bien -respondió el guardia asombrado de que su nombre no hubiera producido más efecto sobre el joven.
En effet, le nom de Bernajoux était connu de tout le monde, de d′Artagnan seul excepté, peut-être; car c′était un de ceux qui figuraient le plus souvent dans les rixes journalières que tous les édits du roi et du cardinal n′avaient pu réprimer.En efecto, el nombre de Bernajoux era conocido de todo el mundo, a excepción quizá de D′Artagnan solamente; porque era uno de esos que figuraba la mayoría de las veces en las riñas cotidianas que todos los edictos del rey y del cardenal no habían podido reprimir.
Porthos et Aramis étaient si occupés de leur partie, et Athos les regardait avec tant d′attention, qu′ils ne virent pas même sortir leur jeune compagnon, lequel, ainsi qu′il l′avait dit au garde de Son Éminence, s′arrêta sur la porte; un instant après, celui-ci descendit à son tour. Comme d′Artagnan n′avait pas de temps à perdre, vu l′audience du roi qui était fixée à midi, il jeta les yeux autour de lui, et voyant que la rue était déserte:Porthos y Aramis estaban tan ocupados con su partido y Athos los miraba con tanta atención que no vieron siquiera salir a su joven compañero, que, como había dicho al guardia de Su Eminencia, se detuvo en la puerta; un momento después, éste bajaba a su vez. Como D′Artagnan no tenía tiempo que perder, dado que la audiencia del rey estaba fijada para las doce, echó una ojeada en torno suyo y, viendo que la calle estaba desierta, dijo a su adversario:
«Ma foi, dit-il à son adversaire, il est bien heureux pour vous, quoique vous vous appeliez Bernajoux, de n′avoir affaire qu′à un apprenti mousquetaire; cependant, soyez tranquille, je ferai de mon mieux. En garde!-A fe mía que, aunque os llaméis Bernajoux, es una suerte para vos tener que habérosla sólo con un aprendiz de mosquetero; pero tranquilizaos, lo haré lo mejor que pueda. ¡En guardia!
— Mais, dit celui que d′Artagnan provoquait ainsi, il me semble que le lieu est assez mal choisi, et que nous serions mieux derrière l′abbaye de Saint-Germain ou dans le Pré-aux-Clercs.-Pero -dijo aquel a quien D′Artagnan provocaba de ese modo- me parece que el lugar está bastante mal escogido, y que estaríam mejor detrás de la abadía de Saint-Germain o en el Pré-aux-Clercs.
— Ce que vous dites est plein de sens, répondit d′Artagnan; malheureusement j′ai peu de temps à moi, ayant un rendez-vous à midi juste. En garde donc, monsieur, en garde!»-Lo que decís está muy puesto en razón -respondió D′Artagnan-; desgraciadamente, no me sobra el tiempo, tengo una cita a las doce en punto. ¡En guardia, pues, señor, en guardia!
Bernajoux n′était pas homme à se faire répéter deux fois un pareil compliment. Au même instant son épée brilla à sa main, et il fondit sur son adversaire que, grâce à sa grande jeunesse, il espérait intimider.Bernajoux no era hombre para hacerse repetir dos veces semejate cumplido. En el mismo instante su espada brilló en su mano y lanzó sobre su adversario al que, gracias a su gran juventud, espera intimidar.
Mais d′Artagnan avait fait la veille son apprentissage, et tout frais émoulu de sa victoire, tout gonflé de sa future faveur, il était résolu à ne pas reculer d′un pas: aussi les deux fers se trouvèrent-ils engagés jusqu′à la garde, et comme d′Artagnan tenait ferme à sa place, ce fut son adversaire qui fit un pas de retraite. Mais d′Artagnan saisit le moment où, dans ce mouvement, le fer de Bernajoux déviait de la ligne, il dégagea, se fendit et toucha son adversaire à l′épaule. Aussitôt d′Artagnan, à son tour, fit un pas de retraite et releva son épée; mais Bernajoux lui cria que ce n′était rien, et se fendant aveuglément sur lui, il s′enferra de lui-même. Cependant, comme il ne tombait pas, comme il ne se déclarait pas vaincu, mais que seulement il rompait du côté de l′hôtel de M. de La Trémouille au service duquel il avait un parent, d′Artagnan, ignorant lui-même la gravité de la dernière blessure que son adversaire avait reçue, le pressait vivement, et sans doute allait l′achever d′un troisième coup, lorsque la rumeur qui s′élevait de la rue s′étant étendue jusqu′au jeu de paume, deux des amis du garde, qui l′avaient entendu échanger quelques paroles avec d′Artagnan et qui l′avaient vu sortir à la suite de ces paroles, se précipitèrent l′épée à la main hors du tripot et tombèrent sur le vainqueur. Mais aussitôt Athos, Porthos et Aramis parurent à leur tour et au moment où les deux gardes attaquaient leur jeune camarade, les forcèrent à se retourner. En ce moment Bernajoux tomba; et comme les gardes étaient seulement deux contre quatre, ils se mirent à crier: «À nous, l′hôtel de La Trémouille!» À ces cris, tout ce qui était dans l′hôtel sortit, se ruant sur les quatre compagnons, qui de leur côté se mirent à crier: «À nous, mousquetaires!»Pero D′Artagnan había hecho la víspera su aprendizaje, y recién salido de su victoria, todo henchido de su futuro favor, había resuelto no retroceder un paso; por eso los dos aceros se encontraron metidos hasta las guardas, y como D′Artagnan se mantenía firme en su puesto fue su adversario el que dio un paso en retirada. Pero D Artagnan aprovechó el momento en que, en ese movimiento, el acero de Bernajoux se desviaba de la línea, libró, se lanzó a fondo y tocó a su adversa en el hombro. En seguida D′Artagnan dio un paso hacia atrás a su vez y levantó su espada; pero Bernajoux le gritó que no era nada, y tirándose ciegamente sobre él, se ensartó él mismo. Sin embargo, como no caía, como no se declaraba vencido, sino que sólo se iba acercando hacia el palacio del señor de la Trémouille a cuyo servicio tenía un pariente, D′Artagnan, ignorando él mismo la gravedad de la última herida que su adversario había recibido, le acosaba vivamente, y sin duda lo iba a rematar de una tercera estocada cuando, habiéndose extendido el rumor que se alzaba en la calle hasta el juego de pelota, dos de los amigos del guardia, que le habtan otdo intercambiar algunas palabras con D′Artagnan y que le habían visto salir a raíz de aquellas palabras, se precipitaron espada en mano fuera del garito y cayeron sobre el vencedor. Pero al momento Athos, Porthos y Aramis aparecieron a su vez, y en el momento en que los guardias atacaban a su joven camarada, los forzaron a volverse. En aquel momento Bernajoux cayó; y como los guardias eran sólo dos contra cuatro, se pusieron a gritar: "¡A nosotros, palacio de la Trémouille!" A estos gritos, todos los que había en el palacio salieron, abalazándose sobre los cuatro compañeros que por su parte se pusieron a gritar: "iA nosotros, mosqueteros! "
Ce cri était ordinairement entendu; car on savait les mousquetaires ennemis de Son Éminence, et on les aimait pour la haine qu′ils portaient au cardinal. Aussi les gardes des autres compagnies que celles appartenant au duc Rouge, comme l′avait appelé Aramis, prenaient-ils en général parti dans ces sortes de querelles pour les mousquetaires du roi. De trois gardes de la compagnie de M. des Essarts qui passaient, deux vinrent donc en aide aux quatre compagnons, tandis que l′autre courait à l′hôtel de M. de Tréville, criant: «À nous, mousquetaires, à nous!» Comme d′habitude, l′hôtel de M. de Tréville était plein de soldats de cette arme, qui accoururent au secours de leurs camarades; la mêlée devint générale, mais la force était aux mousquetaires: les gardes du cardinal et les gens de M. de La Trémouille se retirèrent dans l′hôtel, dont ils fermèrent les portes assez à temps pour empêcher que leurs ennemis n′y fissent irruption en même temps qu′eux. Quant au blessé, il y avait été tout d′abord transporté et, comme nous l′avons dit, en fort mauvais état.Este grito era atendido con frecuencia; porque se sabía a los mosqueteros enemigos de su Eminencia, y se los amaba por el odio que sentían hacia el cardenal. Por eso los guardias de otras compañías distintas a las que pertenecían al duque Rojo, como lo había llamado Aramis, por lo general tomaban partido en esta clase de querellas por los mosqueteros del rey. De tres guardias de la compañía del señor Des Essarts que pasaban, dos vinieron, pues, en ayuda de los cuatro compañeros, mientras el otro corría al palacio del señor de Tréville, gritando: "iA nosotros, mosqueteros, a nosotros!". Como de costumbre, el palacio del señor de Tréville estaba lleno de soldados de esa arma, que acudieron en socorro de sus camaradas. La refriega se hizo general, pero la fuerza estaba del lado de los mosqueteros: los guardias del cardenal y las gentes del señor de La Trémouille se retiraron al palacio, cuyas puertas cerraron justo a tiempo para impedir que sus enemigos hicieran irrupción a la vez que ellos. En cuanto al herido, había sido transportado dentro al principio y, como hemos dicho, en muy mal estado.
L′agitation était à son comble parmi les mousquetaires et leurs alliés, et l′on délibérait déjà si, pour punir l′insolence qu′avaient eue les domestiques de M. de La Trémouille de faire une sortie sur les mousquetaires du roi, on ne mettrait pas le feu à son hôtel. La proposition en avait été faite et accueillie avec enthousiasme, lorsque heureusement onze heures sonnèrent; d′Artagnan et ses compagnons se souvinrent de leur audience, et comme ils eussent regretté que l′on fît un si beau coup sans eux, ils parvinrent à calmer les têtes. On se contenta donc de jeter quelques pavés dans les portes, mais les portes résistèrent: alors on se lassa; d′ailleurs ceux qui devaient être regardés comme les chefs de l′entreprise avaient depuis un instant quitté le groupe et s′acheminaient vers l′hôtel de M. de Tréville, qui les attendait, déjà au courant de cette algarade.La agitación llegaba a su colmo entre los mosqueteros y sus aliados, y se deliberaba ya si, para castigar la insolencia que habían tenido los criados del señor de La Trémouille de hacer una salida contra los mosqueteros del rey, no se prendería fuego a su palacio. La proposición había sido hecha y acogida con entusiasmo cuando afortunadamente sonaron las once; D′Artagnan y sus compañeros se acordaron de su audiencia y, como habrían sentido que se diera un golpe tan hermoso sin ellos, consiguieron calmar los ánimos. Se contentaron, pues, con arrojar algunos adoquines contra las puertas, pero las puertas resistieron; entonces se cansaron; por otro lado, aquellos que debían ser mirados como cabecillas de la empresa habían abandonado hacía un instante el grupo y se encaminaban hacia el palacio del señor de Tréville, que los esperaba, al corriente ya de esta algarada.
«Vite, au Louvre, dit-il, au Louvre sans perdre un instant, et tâchons de voir le roi avant qu′il soit prévenu par le cardinal; nous lui raconterons la chose comme une suite de l′affaire d′hier, et les deux passeront ensemble.»-Deprisa, al Louvre -dijo-, al Louvre sin perder un instante, y tratemos de ver al rey antes de que sea prevenido por el cardenal; nosotros le contaremos las cosas como una continuación del asunto de ayer, y los dos pasarán juntos.
M. de Tréville, accompagné des quatre jeunes gens, s′achemina donc vers le Louvre; mais, au grand étonnement du capitaine des mousquetaires, on lui annonça que le roi était allé courre le cerf dans la forêt de Saint-Germain. M. de Tréville se fit répéter deux fois cette nouvelle, et à chaque fois ses compagnons virent son visage se rembrunir.El señor de Tréville, acompañado de los cuatro jóvenes, se encaminó pues hacia el Louvre; pero, para gran asombro del capitán de los mosqueteros, le anunciaron que el rey habla ido a montería del ciervo en el bosque de Saint-Germain. El señor de Tréville se hizo repetir dos veces aquella nueva, y a cada vez sus compañeros vieron su rostro ensombrecerse.
«Est-ce que Sa Majesté, demanda-t-il, avait dès hier le projet de faire cette chasse?-¿Acaso Su Majestad -preguntó- tenía desde ayer el proyecto de esta cacería?
— Non, Votre Excellence, répondit le valet de chambre, c′est le grand veneur qui est venu lui annoncer ce matin qu′on avait détourné cette nuit un cerf à son intention. Il a d′abord répondu qu′il n′irait pas, puis il n′a pas su résister au plaisir que lui promettait cette chasse, et après le dîner il est parti.-No, Excelencia -respondió el ayuda de cámrara-. Ha sido el montero mayor el que ha venido a anunciarle esta mañana que la pasada noche habían apartado un ciervo para él. Al principio respondió que no iría, luego no ha sabido resistir al placer que le proponía esa caza, y después de comer ha partido.
— Et le roi a-t-il vu le cardinal? demanda M. de Tréville.-¿Ha visto el rey al cardenal? -preguntó el señor de Tréville.
— Selon toute probabilité, répondit le valet de chambre, car j′ai vu ce matin les chevaux au carrosse de Son Éminence, j′ai demandé où elle allait, et l′on m′a répondu: "À Saint-Germain."-Lo más probable -respondió el ayuda de cámara-, porque esta mañana he visto los caballos de carroza de Su Eminencia, he preguntado dónde iba, y me han contestado: "A Saint-Germain".
— Nous sommes prévenus, dit M. de Tréville, messieurs, je verrai le roi ce soir; mais quant à vous, je ne vous conseille pas de vous y hasarder.»-Estamos prevenidos -dijo el señor de Tréville-. Señores, veré al rey esta noche; en cuanto a vos, os aconsejo no arriesgaros.
L′avis était trop raisonnable et surtout venait d′un homme qui connaissait trop bien le roi, pour que les quatre jeunes gens essayassent de le combattre. M. de Tréville les invita donc à rentrer chacun chez eux et à attendre de ses nouvelles.El aviso era demasiado razonable y sobre todo venía de un hombre que conocía demasiado bien al rey para que los cuatro jóvenes trataran de discutirlo. El señor de Tréville les invitó pues a volver cada uno a su alojamiento y a esperar sus noticias.
En entrant à son hôtel, M. de Tréville songea qu′il fallait prendre date en portant plainte le premier. Il envoya un de ses domestiques chez M. de La Trémouille avec une lettre dans laquelle il le priait de mettre hors de chez lui le garde de M. le cardinal, et de réprimander ses gens de l′audace qu′ils avaient eue de faire leur sortie contre les mousquetaires. Mais M. de La Trémouille, déjà prévenu par son écuyer dont, comme on le sait, Bernajoux était le parent, lui fit répondre que ce n′était ni à M. de Tréville, ni à ses mousquetaires de se plaindre, mais bien au contraire à lui dont les mousquetaires avaient chargé les gens et voulu brûler l′hôtel. Or, comme le débat entre ces deux seigneurs eût pu durer longtemps, chacun devant naturellement s′entêter dans son opinion, M. de Tréville avisa un expédient qui avait pour but de tout terminer: c′était d′aller trouver lui-même M. de La Trémouille.Al entrar en su palacio, el señor de Tréville pensó que había que tomar la delantera quejándose el primero. Envió a uno de sus criados a casa del señor de La Trémouille con una carta en la que rogaba echar fuera de su casa al guardia del señor cardenal, y reprender a su gentes por la audacia que habían tenido de hacer una salida contra los mosqueteros. Pero el señor de La Trémouille, ya prevenido por su escudero, del que, como se sabe, Bernajoux era pariente, le hizo responder que no correspondía ni al señor de Tréville ni a sus mosqueteros quejarse, sino más bien al contrario, a él, contra cuyas gentes habían cargado los mosqueteros y cuyo palacio habían querido quemar. Como el debate entre estos dos señores habría podido durar largo tiempo, porque cada uno debía, naturalmente, mantenerse en sus trece, al señor de Tréville se le ocurrió un expediente que tenía por meta acabar con todo, y era ir a buscar él mismo al señor de La Trémouille.
Il se rendit donc aussitôt à son hôtel et se fit annoncer.Se dirigió; pues, en seguida a su palacio, y se hizo anunciar.
Les deux seigneurs se saluèrent poliment, car, s′il n′y avait pas amitié entre eux, il y avait du moins estime. Tous deux étaient gens de coeur et d′honneur; et comme M. de La Trémouille, protestant, et voyant rarement le roi, n′était d′aucun parti, il n′apportait en général dans ses relations sociales aucune prévention. Cette fois, néanmoins, son accueil quoique poli fut plus froid que d′habitude.Los dos señores se saludaron cortésmente, ya que, si no había amistad entre ellos, había al menos estima. Los dos eran personas de ánimo y de honor, y como el señor de La Trémouille, protestante y que sólo veía rara vez al rey, no era de ningún partido, no llevaba por lo general a sus relaciones sociales prevención alguna. Aquella vez, sin embargo, su acogida, aunque cortés, fue más fría que de costumbre.
«Monsieur, dit M. de Tréville, nous croyons avoir à nous plaindre chacun l′un de l′autre, et je suis venu moi-même pour que nous tirions de compagnie cette affaire au clair.-Señor -dijo el señor de Tréville-, ambos creemos tener motivo de queja uno del otro, y yo mismo he venido para que juntos saquemos este asunto a la luz.
— Volontiers, répondit M. de La Trémouille; mais je vous préviens que je suis bien renseigné, et tout le tort est à vos mousquetaires.-De buen grado -respondió el señor de La Trémouille-, pero os prevengo que estoy bien informado, y toda la culpa es de vuestros mosqueteros.
— Vous êtes un homme trop juste et trop raisonnable, monsieur, dit M. de Tréville, pour ne pas accepter la proposition que je vais faire.-Sois un hombre demasiado justo y demasiado razonable, señor -dijo el señor de Tréville-, para no aceptar la propuesta que voy a haceros.
— Faites, monsieur, j′écoute.-Hacedla, señor, os escucho.
— Comment se trouve M. Bernajoux, le parent de votre écuyer?-¿Cómo se encuentra el señor Bernajoux, el pariente de vuestro escudero?
— Mais, monsieur, fort mal. Outre le coup d′épée qu′il a reçu dans le bras, et qui n′est pas autrement dangereux, il en a encore ramassé un autre qui lui a traversé le poumon, de sorte que le médecin en dit de pauvres choses.-Pues muy mal, séñor. Además de la estocada que ha recibido en el brazo y que no es nada peligrosa, ha pescado otra que le ha atravesado el pulmón, al punto de que el médico dice tristes cosas.
— Mais le blessé a-t-il conservé sa connaissance?-Pero ¿ha conservado el herido su conocimiento?
— Parfaitement.-Perfectamente.
— Parle-t-il?-¿Habla?
— Avec difficulté, mais il parle.-Con dificultad, pero habla.
— Eh bien, monsieur! rendons-nous près de lui; adjurons-le, au nom du Dieu devant lequel il va être appelé peut-être, de dire la vérité. Je le prends pour juge dans sa propre cause, monsieur, et ce qu′il dira je le croirai.»-Pues bien, señor, vayamos a su lado; conjurémosle, en nombre del Dios ante el que quizá va a ser llamado, a decir la verdad. Le tomo por juez de su propia causa, señor, y lo que diga lo creeré.
M. de La Trémouille réfléchit un instant, puis, comme il était difficile de faire une proposition plus raisonnable, il accepta.El señor de La Trémouille reflexionó un instante; luego, como era difícil hacer una proposición más razonable, aceptó.
Tous deux descendirent dans la chambre où était le blessé. Celui- ci, en voyant entrer ces deux nobles seigneurs qui venaient lui faire visite, essaya de se relever sur son lit, mais il était trop faible, et, épuisé par l′effort qu′il avait fait, il retomba presque sans connaissance.Ambos bajaron a la habitación donde estaba el enfermo. Este, al ver entrar a estos dos nobles señores que venían a visitarlo, trató de levantarse en el lecho, pero estaba demasiado débil y, agotado por el esfuerzo que había hecho, volvió a caer casi sin conocimiento.
M. de La Trémouille s′approcha de lui et lui fit respirer des sels qui le rappelèrent à la vie. Alors M. de Tréville, ne voulant pas qu′on pût l′accuser d′avoir influencé le malade, invita M. de La Trémouille à l′interroger lui-même.El señor de La Trémouille se acercó a él y le hizo respirar sales que le devolvieron a la vida. Entonces el señor de Tréville, no queriendo que se le pudiese acusar de haber influenciado al enfermo, invitó al señor de La Trémouille a interrogarle él mismo.
Ce qu′avait prévu M. de Tréville arriva. Placé entre la vie et la mort comme l′était Bernajoux, il n′eut pas même l′idée de taire un instant la vérité, et il raconta aux deux seigneurs les choses exactement, telles qu′elles s′étaient passées.Lo que había previsto el señor de Tréville ocurrió. Colocado entre la vida y la muerte como Bernajoux estaba, no tuvo siquiera la idea de callar un instante la verdad; contó a los dos señores las cosas exactamente tal como habían ocurrido.
C′était tout ce que voulait M. de Tréville; il souhaita àBernajoux une prompte convalescence, prit congé deM. de La Trémouille, rentra à son hôtel et fit aussitôt prévenirles quatre amis qu′il les attendait à dîner.Era todo lo que quería el señor de Tréville; deseó a Bernajoux una pronta convalecencia, se despidió del señor de La Trémouille, volvió a su palacio e hizo avisar a los cuatro amigos que les esperaba a cenar.
M. de Tréville recevait fort bonne compagnie, toute anticardinaliste d′ailleurs. On comprend donc que la conversation roula pendant tout le dîner sur les deux échecs que venaient d′éprouver les gardes de Son Éminence. Or, comme d′Artagnan avait été le héros de ces deux journées, ce fut sur lui que tombèrent toutes les félicitations, qu′Athos, Porthos et Aramis lui abandonnèrent non seulement en bons camarades, mais en hommes qui avaient eu assez souvent leur tour pour qu′ils lui laissassent le sien.El señor de Tréville recibía a muy buena compañía, por supuesto anticardenalista. Se comprende, pues, que la conversación girase durante toda la cena sobre los dos fracasos que acababan de sufrir los guardias de Su Eminencia. Y como D′Artagnan había sido el héroe de aquellas dos jornadas, fue sobre él sobre el que cayeron todas las felicitaciones, que Athos, Porthos y Aramis le dejaron no sólo como buenos amigos sino como hombres que habían tenido con bastante frecuencia su vez para dejarle a él la suya.
Vers six heures, M. de Tréville annonça qu′il était tenu d′aller au Louvre; mais comme l′heure de l′audience accordée par Sa Majesté était passée, au lieu de réclamer l′entrée par le petit escalier, il se plaça avec les quatre jeunes gens dans l′antichambre. Le roi n′était pas encore revenu de la chasse. Nos jeunes gens attendaient depuis une demi-heure à peine, mêlés à la foule des courtisans, lorsque toutes les portes s′ouvrirent et qu′on annonça Sa Majesté.Hacia las seis, el señor de Tréville anunció que se veía obligado a ir al Louvre; pero como la hora de la audiencia concedida por Su Majestad había pasado, en lugar de solicitar la entrada por la escalera pequeña, se plantó con los cuatro hombres en la antecámara. El rey no había vuelto aún de caza. Nuestros jóvenes hacía apenas media hora que esperaban, mezclados con el gentío de los cortesanos, cuando todas las puertas se abrieron y se anunció a Su Majestad.
À cette annonce, d′Artagnan se sentit frémir jusqu′à la moelle des os. L′instant qui allait suivre devait, selon toute probabilité, décider du reste de sa vie. Aussi ses yeux se fixèrent-ils avec angoisse sur la porte par laquelle devait entrer le roi.A este anuncio, D′Artagnan se sintió temblar hasta la médula de los huesos. El instante que iba a seguir debía, con toda probabilidad, decidir el resto de su vida. Por eso sus ojos se fijaron con angustia en la puerta por la que debía entrar el rey.
Louis XIII parut, marchant le premier; il était en costume de chasse, encore tout poudreux, ayant de grandes bottes et tenant un fouet à la main. Au premier coup d′oeil, d′Artagnan jugea que l′esprit du roi était à l′orage.Luis XIII apareció marchando el primero; iba vestido con el traje de caza, lleno de polvo aún, con botas altas y con la fusta en la mano. A la primera ojeada, D′Artagnan juzgó que el ánimo del rey se hallaba en plena tormenta.
Cette disposition, toute visible qu′elle était chez Sa Majesté, n′empêcha pas les courtisans de se ranger sur son passage: dans les antichambres royales, mieux vaut encore être vu d′un oeil irrité que de n′être pas vu du tout. Les trois mousquetaires n′hésitèrent donc pas, et firent un pas en avant, tandis que d′Artagnan au contraire restait caché derrière eux; mais quoique le roi connût personnellement Athos, Porthos et Aramis, il passa devant eux sans les regarder, sans leur parler et comme s′il ne les avait jamais vus. Quant à M. de Tréville, lorsque les yeux du roi s′arrêtèrent un instant sur lui, il soutint ce regard avec tant de fermeté, que ce fut le roi qui détourna la vue; après quoi, tout en grommelant, Sa Majesté rentra dans son appartement.Esta disposición, por visible que fuera en Su Majestad, no impidió a los cortesanos alinearse a su paso: en las antecámaras reales más vale ser visto con mirada irritada que no ser visto en absoluto. Los tres mosqueteros no titubearon pues y dieron un paso hacia adelante, mientras que D′Artagnan por el contrario permaneció oculto tras ellos; pero aunque el rey conocía personalmente a Athos, Porthos y Aramis, pasó ante ellos sin mirarlos, sin hablarles y como si jamás los hubiera visto. En cuanto al señor de Tréville, cuando los ojos del rey se detuvieron un instante sobre él, sostuvo aquella mirada con tanta firmeza que fue el rey quien apartó la vista; tras ello, siempre mascullando, Su Majestad volvió a sus habitaciones.
«Les affaires vont mal, dit Athos en souriant, et nous ne serons pas encore fait chevaliers de l′ordre cette fois-ci.-Las cosas van mal -dijo Athos sonriendo-, y todavía no nos harán caballeros de la orden esta vez.
— Attendez ici dix minutes, dit M. de Tréville; et si au bout de dix minutes vous ne me voyez pas sortir, retournez à mon hôtel: car il sera inutile que vous m′attendiez plus longtemps.»-Esperad aquí diez minutos -dijo el señor de Tréville-, y si al cabo de diez minutos no me veis salir, regresad a mi palacio, porque será inútil que me esperéis más tiempo.
Les quatre jeunes gens attendirent dix minutes, un quart d′heure, vingt minutes; et voyant que M. de Tréville ne reparaissait point, ils sortirent fort inquiets de ce qui allait arriver.Los cuatro jóvenes esperaron diez minutos, un cuarto de hora, veinte minutos; y viendo que el señor de Tréville no aparecía, se fueron muy inquietos por lo que fuera a suceder.
M. de Tréville était entré hardiment dans le cabinet du roi, et avait trouvé Sa Majesté de très méchante humeur, assise sur un fauteuil et battant ses bottes du manche de son fouet, ce qui ne l′avait pas empêché de lui demander avec le plus grand flegme des nouvelles de sa santé.El señor de Tréville había entrado osadamente en el gabinete del rey, y había encontrado a Su Majestad de muy mal humor, sentado en un sillón y golpeando sus botas con el mango de su fusta, cosa que no le había impedido pedirle con la mayor flema noticias de su salud.
«Mauvaise, monsieur, mauvaise, répondit le roi, je m′ennuie.»-Mala, señor, mala -respondió el rey-, me aburro.
C′était en effet la pire maladie de Louis XIII, qui souvent prenait un de ses courtisans, l′attirait à une fenêtre et lui disait: «Monsieur un tel, ennuyons-nous ensemble.»En efecto, era la peor enfermedad de Luis XIII, quien a menudo tomaba a uno de sus cortesanos, lo atraía a una ventana y le decía: Señor tal, aburrámonos juntos.
«Comment! Votre Majesté s′ennuie! dit M. de Tréville. N′a-t-elle donc pas pris aujourd′hui le plaisir de la chasse?-¡Cómo! ¡Vuestra Majestad se aburre! -dijo el señor de Tréville-. ¿Acaso no ha recibido placer hoy de la caza?
— Beau plaisir, monsieur! Tout dégénère, sur mon âme, et je ne sais si c′est le gibier qui n′a plus de voie ou les chiens qui n′ont plus de nez. Nous lançons un cerf dix cors, nous le courons six heures, et quand il est prêt à tenir, quand Saint-Simon met déjà le cor à sa bouche pour sonner l′hallali, crac! toute la meute prend le change et s′emporte sur un daguet. Vous verrez que je serai obligé de renoncer à la chasse à courre comme j′ai renoncé à la chasse au vol. Ah! je suis un roi bien malheureux, monsieur de Tréville! je n′avais plus qu′un gerfaut, et il est mort avant-hier.-¡Vaya placer, señor! Todo degenera, a fe mía, y no sé si es la caza la que no tiene ya rastro o son los perros los que no tienen nariz. Lanzamos un ciervo de diez años, lo corremos durante seis horas, y cuando está a punto de ser cogido, cuando Saint-Simon pone ya la trompa en su boca para hacer sonar el alalí, icrac!, toda la jauría se deja engañar y se lanza sobre un cervato. Como veis me veré obligado a renunciar a la montería como he renunciado a la caza de vuelo. ¡Ay, soy un rey muy desgraciado, señor de Tréville! No tenía más que un gerifalte y se murió anteayer.
— En effet, Sire, je comprends votre désespoir, et le malheur est grand; mais il vous reste encore, ce me semble, bon nombre de faucons, d′éperviers et de tiercelets.-En efecto, Sire, comprendo vuestra desesperación, y la desgracia es grande; pero según creo os queda todavía un buen número de halcones, gavilanes y terzuelos.
— Et pas un homme pour les instruire, les fauconniers s′en vont, il n′y a plus que moi qui connaisse l′art de la vénerie. Après moi tout sera dit, et l′on chassera avec des traquenards, des pièges, des trappes. Si j′avais le temps encore de former des élèves! mais oui, M. le cardinal est là qui ne me laisse pas un instant de repos, qui me parle de l′Espagne, qui me parle de l′Autriche, qui me parle de l′Angleterre! Ah! à propos de M. le cardinal, monsieur de Tréville, je suis mécontent de vous.»-Y ningún hombre para instruirlos; los halconeros se van, sólo yo conozco ya el arte de la montería. Después de mí todo estará dicho, y se cazará con armadijos, cepos y trampas. ¡Si tuviera tiempo todavía de formar alumnos! Pero sí, el señor cardenal está que no me deja un momento de reposo, que me habla de España, que me habla de Austria, que me habla de Inglaterra. ¡Ah!, a propósito del señor cardenal, señor de Tréville, estoy descontento de vos.
M. de Tréville attendait le roi à cette chute. Il connaissait le roi de longue main; il avait compris que toutes ses plaintes n′étaient qu′une préface, une espèce d′excitation pour s′encourager lui-même, et que c′était où il était arrivé enfin qu′il en voulait venir.El señor de Tréville esperaba al rey en este esguince. Conocía al rey de mucho tiempo atrás; había comprendido que todas sus lamentaciones no eran más que un prefacio, una especie de excitación para alentarse a sí mismo, y que era a donde había llegado por fin a donde quería venir.
«Et en quoi ai-je été assez malheureux pour déplaire à Votre Majesté? demanda M. de Tréville en feignant le plus profond étonnement.-¿Y en qué he sido yo tan desafortunado para desagradar a Vuestra Majestad? -preguntó el señor de Tréville fingiendo el más profundo asombro.
— Est-ce ainsi que vous faites votre charge, monsieur? continua le roi sans répondre directement à la question de M. de Tréville; est-ce pour cela que je vous ai nommé capitaine de mes mousquetaires, que ceux-ci assassinent un homme, émeuvent tout un quartier et veulent brûler Paris sans que vous en disiez un mot? Mais, au reste, continua le roi, sans doute que je me hâte de vous accuser, sans doute que les perturbateurs sont en prison et que vous venez m′annoncer que justice est faite.-¿Así es como hacéis vuestra tarea señor? -prosiguió el rey sin responder directamente a la pregunta del señor de Tréville-. ¿Para eso es para lo que os he nombrado capitán de mis mosqueteros, para que asesinen a un hombre, amotinen todo un barrio y quieran incendiar Paris sin que vos digáis una palabra? Pero por lo demás -continuó el rey-, sin duda me apresuro a acusaros, sin duda los perturbadores están en prisión y vos venís a anunciarme que se ha hecho justicia.
— Sire, répondit tranquillement M. de Tréville, je viens vous la demander au contraire.-Sire -respondió tranquilamente el señor de Tréville-, vengo por el contrario a pedirla.
— Et contre qui? s′écria le roi.-¿Y contra quién? -exclamó el rey.
— Contre les calomniateurs, dit M. de Tréville.-Contra los calumniadores -dijo el señor de Tréville.
— Ah! voilà qui est nouveau, reprit le roi. N′allez-vous pas dire que vos trois mousquetaires damnés, Athos, Porthos et Aramis et votre cadet de Béarn, ne se sont pas jetés comme des furieux sur le pauvre Bernajoux, et ne l′ont pas maltraité de telle façon qu′il est probable qu′il est en train de trépasser à cette heure! N′allez-vous pas dire qu′ensuite ils n′ont pas fait le siège de l′hôtel du duc de La Trémouille, et qu′ils n′ont point voulu le brûler! ce qui n′aurait peut-être pas été un très grand malheur en temps de guerre, vu que c′est un nid de huguenots, mais ce qui, en temps de paix, est un fâcheux exemple. Dites, n′allez-vous pas nier tout cela?-¡Vaya, eso sí que es nuevo! -prosiguió el rey-. ¿No iréis a decirme que esos tres malditos mosqueteros, Athos, Porthos y Aramis y vuestro cadete de Béarn no se han arrojado como furias sobre el pobre Bernajoux y no lo han maltratado de tal forma que es probable que esté a punto de fallecer? ¿No iréis a decir luego que no han asediado el palacio del duque de La Trémouille, ni que no han querido quemarlo? Cosa que no habría sido gran desgracia en tiempo de guerra, dado que es un nido de hugonotes, pero que en tiempo de paz es un ejemplo molesto. Decid, ¿vais a negar todo esto?
— Et qui vous a fait ce beau récit, Sire? demanda tranquillementM. de Tréville.-¿Y quién os ha hecho ese hermoso relato, Sire? -preguntó tranquilamente el señor de Tréville.
— Qui m′a fait ce beau récit, monsieur! et qui voulez-vous que ce soit, si ce n′est celui qui veille quand je dors, qui travaille quand je m′amuse, qui mène tout au-dedans et au-dehors du royaume, en France comme en Europe?-¿Quién me ha hecho ese hermoso relato, señor? ¿Y quién queréis que sea, si no aquel que vela cuando yo duermo, que trabaja cuando yo me divierto, que lleva todo dentro y fuera del reino, tanto en Francia como en Europa?
— Sa Majesté veut parler de Dieu, sans doute, dit M. de Tréville, car je ne connais que Dieu qui soit si fort au-dessus de Sa Majesté.-Su majestad quiere hablar de Dios, sin duda -dijo el señor de Tréville-, porque no conozco más que a Dios que esté por encima de Su Majestad.
— Non monsieur; je veux parler du soutien de l′État, de mon seul serviteur, de mon seul ami, de M. le cardinal.-No, señor; me refiero al sostén del Estado, a mi único servidor, a mi único amigo, al señor cardenal.
— Son Éminence n′est pas Sa Sainteté, Sire.-Su eminencia no es Su Santidad, Sire.
— Qu′entendez-vous par là, monsieur?-¿Qué queréis decir con eso, señor?
— Qu′il n′y a que le pape qui soit infaillible, et que cette infaillibilité ne s′étend pas aux cardinaux.-Que no hay nadie más que el papa que sea infalible, y que esa infalibilidad no se extiende a los cardenales.
— Vous voulez dire qu′il me trompe, vous voulez dire qu′il me trahit. Vous l′accusez alors. Voyons, dites, avouez franchement que vous l′accusez.-¿Queréis decir que me engaña, queréis decir que me traiciona? Entonces le acusáis. Veamos, decid, confesad francamente de qué le acusáis.
— Non, Sire; mais je dis qu′il se trompe lui-même, je dis qu′il a été mal renseigné; je dis qu′il a eu hâte d′accuser les mousquetaires de Votre Majesté, pour lesquels il est injuste, et qu′il n′a pas été puiser ses renseignements aux bonnes sources.-No, Sire, pero digo que se equivoca; digo que ha sido mal informado; digo que se ha apresurado a acusar a los mosqueteros de Vuestra Majestad, para con los que es injusto, y que no ha ido a sacar sus informes de buena fuente.
— L′accusation vient de M. de La Trémouille, du duc lui-même. Que répondrez-vous à cela?-La acusación viene del señor de La Trémouille, del duque mismo. ¿Qué respondéis a eso?
— Je pourrais répondre, Sire, qu′il est trop intéressé dans la question pour être un témoin bien impartial; mais loin de là, Sire, je connais le duc pour un loyal gentilhomme, et je m′en rapporterai à lui, mais à une condition, Sire.-Podría responder, Sire, que está demasiado interesado en la cuestión para ser un testigo imparcial; pero lejos de eso, Sire, tengo al duque por un gentilhombre, y me remito a él, pero con una condición, Sire.
— Laquelle?-¿Cuál?
— C′est que Votre Majesté le fera venir, l′interrogera, mais elle-même, en tête-à-tête, sans témoins, et que je reverrai Votre Majesté aussitôt qu′elle aura reçu le duc.-Que Vuestra Majestad le haga venir, le interrogue pero por sí misma, frente a frente, sin testigos, y que yo vea a Vuestra Majestad tan pronto como haya recibido al duque.
— Oui-da! fit le roi, et vous vous en rapporterez à ce que diraM. de La Trémouille?-¡Claro que sí! -dijo el rey-. ¿Y vos os remitís a lo que diga el señor de La Trémouille?
— Oui, Sire.-Sí, Sire.
— Vous accepterez son jugement?-¿Aceptáis su juicio?
— Sans doute.-Indudablemente.
— Et vous vous soumettrez aux réparations qu′il exigera?-¿Y os someteréis a las reparaciones que exija?
— Parfaitement.-Totalmente.
— La Chesnaye! fit le roi. La Chesnaye!»-¡La Chesnaye! -gritó el rey-. ¡La Chesnaye!
Le valet de chambre de confiance de Louis XIII, qui se tenait toujours à la porte, entra.El ayuda de cámara de confianza de Luis XIII, que permanecía siempre a la puerta, entró.
«La Chesnaye, dit le roi, qu′on aille à l′instant même me quérirM. de La Trémouille; je veux lui parler ce soir.-La Chesnaya -dijo el rey-, que vayan inmediatamente a buscarme al señor de La Trémouille; quiero hablar con él esta noche.
— Votre Majesté me donne sa parole qu′elle ne verra personne entre M. de La Trémouille et moi?-¿Vuestra Majestad me da su palabra de que no verá a nadie entre el señor de Trémouille y yo?
— Personne, foi de gentilhomme.-A nadie, palabra de gentilhombre.
— À demain, Sire, alors.-Hasta mañana entonces, Sire.
— À demain, monsieur.-Hasta mañana, señor.
— À quelle heure, s′il plaît à Votre Majesté?-¿A qué hora, si le place a Vuestra Majestad?
— À l′heure que vous voudrez.-A la hora que queráis.
— Mais, en venant par trop matin, je crains de réveiller votreMajesté.-Pero si vengo demasiado de madrugada temo despertar a Vuestra Majestad.
— Me réveiller? Est-ce que je dors? Je ne dors plus, monsieur; je rêve quelquefois, voilà tout. Venez donc d′aussi bon matin que vous voudrez, à sept heures; mais gare à vous, si vos mousquetaires sont coupables!-¿Despertarme? ¿Acaso duermo? Yo no duermo ya, señor; sueño algunas cosas, eso es todo. Venid, pues, tan pronto como queráis, a las siete; pero ¡ay de vos si vuestros mosqueteros son culpables!
— Si mes mousquetaires sont coupables, Sire, les coupables seront remis aux mains de Votre Majesté, qui ordonnera d′eux selon son bon plaisir. Votre Majesté exige-t-elle quelque chose de plus? qu′elle parle, je suis prêt à lui obéir.-Si mis mosqueteros son culpables, Sire, los culpables serán puestos en manos de Vuestra Majestad, que ordenará de ellos lo que le plazca. ¿Vuestra Majestad exige alguna cosa más? Que hable, estoy dispuesto a obedecerla.
— Non, monsieur, non, et ce n′est pas sans raison qu′on m′a appelé Louis le Juste. À demain donc, monsieur, à demain.-No, señor, no, y no sin motivo se me ha llamado Luis el Justo. Hasta mañana pues, señor, hasta mañana.
— Dieu garde jusque-là Votre Majesté!»-Dios guarde hasta entonces a Vuestra Majestad.
Si peu que dormit le roi, M. de Tréville dormit plus mal encore; il avait fait prévenir dès le soir même ses trois mousquetaires et leur compagnon de se trouver chez lui à six heures et demie du matin. Il les emmena avec lui sans rien leur affirmer, sans leur rien promettre, et ne leur cachant pas que leur faveur et même la sienne tenaient à un coup de dés.Aunque poco durmió el rey, menos durmió aún el señor de Tréville; había hecho avisar aquella misma noche a sus tres mosqueteros y a su compañero para que se encontrasen en su casa a las seis y media de la mañana. Los llevó con él sin afirmarles nada, sin prometerles nada, y sin ocultarles que el favor de ellos y el suyo propio estaba en manos del azar.
Arrivé au bas du petit escalier, il les fit attendre. Si le roi était toujours irrité contre eux, ils s′éloigneraient sans être vus; si le roi consentait à les recevoir, on n′aurait qu′à les faire appeler.Llegado al pie de la pequeña escalera, les hizo esperar. Si el rey seguía irritado contra ellos, se alejarían sin ser vistos; si el rey consentía en recibirlos, no habría más que hacerlos llamar.
En arrivant dans l′antichambre particulière du roi, M. de Tréville trouva La Chesnaye, qui lui apprit qu′on n′avait pas rencontré le duc de La Trémouille la veille au soir à son hôtel, qu′il était rentré trop tard pour se présenter au Louvre, qu′il venait seulement d′arriver, et qu′il était à cette heure chez le roi.Al llegar a la antecámara particular del rey, el señor de Tréville encontró a La Chesnaye, quien le informó de que no habían encontrado al duque de La Trémouille la noche de la víspera en su palacio, que había regresado demasiado tarde para presentarse en el Louvre, que acababa de llegar y que estaba en aquel momento con el rey.
Cette circonstance plut beaucoup à M. de Tréville, qui, de cette façon, fut certain qu′aucune suggestion étrangère ne se glisserait entre la déposition de M. de La Trémouille et lui.Esta circunstancia plugo mucho al señor de Tréville, que así estuvo seguro de que ninguna sugerencia extraña se deslizaría entre la deposición de La Trémouille y él.
En effet, dix minutes s′étaient à peine écoulées, que la porte du cabinet s′ouvrit et que M. de Tréville en vit sortir le duc de La Trémouille, lequel vint à lui et lui dit:En efecto, apenas habían transcurrido diez minutos cuando la puerta del gabinete se abrió y el señor de Tréville vio salir al duque de La Trémouille, el cual vino a él y le dijo:
«Monsieur de Tréville, Sa Majesté vient de m′envoyer quérir pour savoir comment les choses s′étaient passées hier matin à mon hôtel. Je lui ai dit la vérité, c′est-à-dire que la faute était à mes gens, et que j′étais prêt à vous en faire mes excuses. Puisque je vous rencontre, veuillez les recevoir, et me tenir toujours pour un de vos amis.-Señor de Tréville, Su Majestad acaba de enviarme a buscar para saber cómo sucedieron las cosas ayer por la mañana en mi palacio. Le he dicho la verdad, es decir, que la culpa era de mis gentes, y que yo estaba dispuesto a presentaros mis excusas. Puesto que os encuentro, dignaos recibirlas y tenerme siempre por uno de vuestros amigos.
— Monsieur le duc, dit M. de Tréville, j′étais si plein de confiance dans votre loyauté, que je n′avais pas voulu près de Sa Majesté d′autre défenseur que vous-même. Je vois que je ne m′étais pas abusé, et je vous remercie de ce qu′il y a encore en France un homme de qui on puisse dire sans se tromper ce que j′ai dit de vous.-Señor duque -dijo el señor de Tréville-, estaba tan lleno de confianza en vuestra lealtad que no quise junto a Su Majestad otro defensor que vos mismo. Veo que no me había equivocado, y os agradezco que haya todavía en Francia un hombre de quien se puede decir sin engañarse lo que yo he dicho de vos.
— C′est bien, c′est bien! dit le roi qui avait écouté tous ces compliments entre les deux portes; seulement, dites-lui, Tréville, puisqu′il se prétend un de vos amis, que moi aussi je voudrais être des siens, mais qu′il me néglige; qu′il y a tantôt trois ans que je ne l′ai vu, et que je ne le vois que quand je l′envoie chercher. Dites-lui tout cela de ma part, car ce sont de ces choses qu′un roi ne peut dire lui-même.-¡Está bien, está bien! -dijo el rey, que había escuchado todos estos cumplidos entre las dos puertas-. Sólo que decidle, Tréville, puesto que se quiere uno de vuestros amigos, que yo también quisiera ser uno de los suyos, pero que me descuida; que hace ya tres años que no le he visto, y que sólo lo veo cuando le mando buscar. Decidle todo eso de mi parte, porque son cosas que un rey no puede decir por sí mismo.
— Merci, Sire, merci, dit le duc; mais que Votre Majesté croie bien que ce ne sont pas ceux, je ne dis point cela pour M. de Tréville, que ce ne sont point ceux qu′elle voit à toute heure du jour qui lui sont le plus dévoués.-Gracias, Sire, gracias -dijo el duque-; pero que Vuestra Majestad esté seguro de que no suelen ser los más adictos, y no lo digo por el señor de Tréville, aquellos que ve a todas horas del día.
— Ah! vous avez entendu ce que j′ai dit; tant mieux, duc, tant mieux, dit le roi en s′avançant jusque sur la porte. Ah! c′est vous, Tréville! où sont vos mousquetaires? Je vous avais dit avant-hier de me les amener, pourquoi ne l′avez-vous pas fait?-¡Ah! Habéis oído lo que he dicho; tanto mejor, duque, tanto mejor -dijo el rey adelantándose hasta la puerta-. ¡Ay sois vos, Tréville! ¿Dónde están vuestros mosqueteros? Anteayer os había dicho que me los trajeseis. ¿Por qué no lo habéis hecho?
— Ils sont en bas, Sire, et avec votre congé La Chesnaye va leur dire de monter.-Están abajo, Sire, y con vuestra licencia La Chesnaye va a decirles que suban.
— Oui, oui, qu′ils viennent tout de suite; il va être huit heures, et à neuf heures j′attends une visite. Allez, monsieur le duc, et revenez surtout. Entrez, Tréville.»-Sí, sí, que vengan en seguida; van a ser las ocho y a las nueve espero una visita. Id, señor duque, y volved sobre todo. Entrad Tréville.
Le duc salua et sortit. Au moment où il ouvrait la porte, les trois mousquetaires et d′Artagnan, conduits par La Chesnaye, apparaissaient au haut de l′escalier.El duque saludó y salió. En el momento en que abría la puerta, los tres mosqueteros y D′Artagnan, conducidos por La Chesnaye, aparecían en lo alto de la escalera.
«Venez, mes braves, dit le roi, venez; j′ai à vous gronder.»-Venid, mis valientes -dijo el rey-, venid; tengo que reñiros.
Les mousquetaires s′approchèrent en s′inclinant; d′Artagnan les suivait par-derrière.Los mosqueteros se aproximaron inclinándose; D′Artagnan les siguió detrás.
«Comment diable! continua le roi; à vous quatre, sept gardes de Son Éminence mis hors de combat en deux jours! C′est trop, messieurs, c′est trop. À ce compte-là, Son Éminence serait forcée de renouveler sa compagnie dans trois semaines, et moi de faire appliquer les édits dans toute leur rigueur. Un par hasard, je ne dis pas; mais sept en deux jours, je le répète, c′est trop, c′est beaucoup trop.-¡Diablos! -continuó el rey-. Entre vosotros cuatro, ¡siete guardias de Su Eminencia puestos fuera de combate en dos días! Es demasiado, señores, es demasiado. A esta marcha, Su Eminencia se verá obligado a renovar su compañía dentro de tres semanas, y yo a hacer aplicar los edictos en todo rigor. Uno por casualidád, no digo que no; pero siete en dos días, lo repito, es demasiado, es muchísimo.
— Aussi, Sire, Votre Majesté voit qu′ils viennent tout contrits et tout repentants lui faire leurs excuses.-Por eso, Sire, Vuestra Majestad ve que vienen todo contritos y todo arrepentidos a presentaros excusas.
— Tout contrits et tout repentants! Hum! fit le roi, je ne me fie point à leurs faces hypocrites; il y a surtout là-bas une figure de Gascon. Venez ici, monsieur.»-¡Todo contritos y todo arrepentidos! ¡Hum! -dijo el rey-. No me fío una pizca de sus caras hipócritas; hay ahí detrás, sobre todo, una cara de gascón. Venid aquí, señor.
D′Artagnan, qui comprit que c′était à lui que le compliment s′adressait, s′approcha en prenant son air le plus désespéré.D′Artagnan, que comprendió que era a él a quien se dirigía el cumplido, se acercó adoptando su aspecto más desesperado.
«Eh bien, que me disiez-vous donc que c′était un jeune homme? c′est un enfant, monsieur de Tréville, un véritable enfant! Et c′est celui-là qui a donné ce rude coup d′épée à Jussac?-Bueno, pero ¿no me decíais que era un joven? ¡Si es un niño, señor de Tréville, un verdadero niño! ¿Y ha sido él quien ha dado esa ruda estocada a Jussac?
— Et ces deux beaux coups d′épée à Bernajoux.-Y las dos bellas estocadas a Bernajoux.
— Véritablement!-¿De verdad?
— Sans compter, dit Athos, que s′il ne m′avait pas tiré des mains de Biscarat, je n′aurais très certainement pas l′honneur de faire en ce moment-ci ma très humble révérence à Votre Majesté.-Sin contar -dijo Athos-, que si no me hubiera sacado de las manos de Biscarat, a buen seguro no habría tenido yo el honor de hacer en este momento mi más humilde reverencia a Vuestra Majestad.
— Mais c′est donc un véritable démon que ce Béarnais, ventre- saint-gris! monsieur de Tréville comme eût dit le roi mon père. À ce métier-là, on doit trouer force pourpoints et briser force épées. Or les Gascons sont toujours pauvres, n′est-ce pas?-¡Pero entonces este bearnés es un verdadero demonio! Voto a los clavos, señor de Tréville, como habría dicho el rey mi padre. En este oficio, se deben agujerear muchos jubones y romper muchas espadas. Pero los gascones suelen ser pobres, ¿no es asî?
— Sire, je dois dire qu′on n′a pas encore trouvé des mines d′or dans leurs montagnes, quoique le Seigneur dût bien ce miracle en récompense de la manière dont ils ont soutenu les prétentions du roi votre père.-Sire, debo decir que aún no se han encontrado minas de oro en sus montañas, aunque el Señor les deba de sobra ese milagro en recompensa por la forma en que apoyaron las pretensiones del rey vuestro padre.
— Ce qui veut dire que ce sont les Gascons qui m′ont fait roi moi-même, n′est-ce pas, Tréville, puisque je suis le fils de mon père? Eh bien, à la bonne heure, je ne dis pas non. La Chesnaye, allez voir si, en fouillant dans toutes mes poches, vous trouverez quarante pistoles; et si vous les trouvez, apportez-les-moi. Et maintenant, voyons, jeune homme, la main sur la conscience, comment cela s′est-il passé?»-Lo cual quiere decir que son los gascones los que me han hecho rey a mí mismo, dado que yo soy el hijo de mi padre, ¿no es así, Tréville? Pues bien, sea en buena hora, no digo que no. La Chesnaye, id a ver si, hurgando en todos mis bolsillos, encontráis cuarenta pistolas; y si las encontráis, traédmelas. Y ahora, veamos, joven, con la mano en el corazón, ¿cómo ocurrió?
D′Artagnan raconta l′aventure de la veille dans tous ses détails: comment, n′ayant pas pu dormir de la joie qu′il éprouvait à voir Sa Majesté, il était arrivé chez ses amis trois heures avant l′heure de l′audience; comment ils étaient allés ensemble au tripot, et comment, sur la crainte qu′il avait manifestée de recevoir une balle au visage, il avait été raillé par Bernajoux, lequel avait failli payer cette raillerie de la perte de la vie, et M. de La Trémouille, qui n′y était pour rien, de la perte de son hôtel.D′Artagnan contó la aventura de la víspera en todos sus detalles: cómo no habiendo podido dormir de la alegría que experimentaba por ver a Su Majestad, había llegado al alojamiento de sus amigos tres horas antes de la audiencia; cómo habían ido juntos al garito, y cómo por el temor que había manifestado de recibir un pelotazo en la cara, había sido objeto de la burla de Bernajoux, que había estado a punto de pagar aquella burla con la pérdida de la vida, y el señor de La Trémouille, que en nada se había mezclado, con la pérdida de su palacio.
«C′est bien cela, murmurait le roi; oui, c′est ainsi que le duc m′a raconté la chose. Pauvre cardinal! sept hommes en deux jours, et de ses plus chers; mais c′est assez comme cela, messieurs, entendez-vous! c′est assez: vous avez pris votre revanche de la rue Férou, et au-delà; vous devez être satisfaits.-Está bien eso -murmuró el rey-; sí, así es como el duque me lo ha contado. ¡Pobre cardenal! Siete hombres en dos días, y de los más queridos; pero basta ya, señores, ¿me entendéis? Es bastante; os habéis tomado vuestra revancha por lo de la calle Férou, y más; debéis estar satisfechos.
— Si Votre Majesté l′est, dit Tréville, nous le sommes.-Si Vuestra Majestad lo está -dijo Tréville-, nosotros lo estamos.
— Oui, je le suis, ajouta le roi en prenant une poignée d′or de la main de La Chesnaye, et la mettant dans celle de d′Artagnan. Voici, dit-il, une preuve de ma satisfaction.»-Sí, lo estoy -añadió el rey tomando un puñado de oro de la mano de La Chesnaye y poniéndolo en la de D′Artagnan-. He aquí, dijo, una prueba de mi satisfacción.
À cette époque, les idées de fierté qui sont de mise de nos jours n′étaient point encore de mode. Un gentilhomme recevait de la main à la main de l′argent du roi, et n′en était pas le moins du monde humilié. D′Artagnan mit donc les quarante pistoles dans sa poche sans faire aucune façon, et en remerciant tout au contraire grandement Sa Majesté.En esa época, las ideas de orgullo que son de recibo en nuestros días apenas estaban aún de moda. Un gentilhombre recibía de mano a mano dinero del rey, y no por ello se sentía humillado en nada. D′Artagnan puso, pues, las cuarenta pistolas en su bolso sin andarse con melindres y agradeciéndoselo mucho por el contrario a Su Majestad.
«Là, dit le roi en regardant sa pendule, là, et maintenant qu′il est huit heures et demie, retirez-vous; car, je vous l′ai dit, j′attends quelqu′un à neuf heures. Merci de votre dévouement, messieurs. J′y puis compter, n′est-ce pas?-¡Bueno! -dijo el rey, mirando su péndola-. Bueno, y ahora que son ya las ocho y media, retiraos; porque, ya os lo he dicho, espero a alguien a las nueve. Gracias por vuestra adhesión, señores. Puedo contar con ella, ¿no es cierto?
— Oh! Sire, s′écrièrent d′une même voix les quatre compagnons, nous nous ferions couper en morceaux pour Votre Majesté.-¡Oh, Sire! -exclamaron a una los cuatro compañeros-. Nos haríamos cortar en trozos por Vuestra Majestad.
— Bien, bien; mais restez entiers: cela vaut mieux, et vous me serez plus utiles. Tréville, ajouta le roi à demi-voix pendant que les autres se retiraient, comme vous n′avez pas de place dans les mousquetaires et que d′ailleurs pour entrer dans ce corps nous avons décidé qu′il fallait faire un noviciat, placez ce jeune homme dans la compagnie des gardes de M. des Essarts, votre beau- frère. Ah! pardieu! Tréville, je me réjouis de la grimace que va faire le cardinal: il sera furieux, mais cela m′est égal; je suis dans mon droit.»-Bien, bien, pero permaneced enteros; es mejor, y me seréis más útiles. Tréville -añadió el rey a media voz mientras los otros se retiraban-, como no tenéis plaza en los mosqueteros y como, además, para entrar en ese cuerpo hemos decidido que había que hacer un noviciado, colocad a ese joven en la compañía de los guardias del señor Des Essarts, vuestro cuñado. ¡Ah, pardiez, Tréville! Me regocijo con la mueca que va a hacer el cardenal; estará furioso, pero me da lo mismo; estoy en mi derecho.
Et le roi salua de la main Tréville, qui sortit et s′en vint rejoindre ses mousquetaires, qu′il trouva partageant avec d′Artagnan les quarante pistoles.Y el rey saludó con la mano a Tréville, que salió y vino a reunirse con sus mosqueteros, a los que encontró repartiendo con D′Artagnan las cuarenta pistolas.
Et le cardinal, comme l′avait dit Sa Majesté, fut effectivement furieux, si furieux que pendant huit jours il abandonna le jeu du roi, ce qui n′empêchait pas le roi de lui faire la plus charmante mine du monde, et toutes les fois qu′il le rencontrait de lui demander de sa voix la plus caressante:Y el cardenal, como había dicho Su Majestad, se puso efectivamente furioso, tan furioso que durante ocho días abandonó el juego del rey, lo cual no impedía al rey ponerle la cara más encantadora del mundo, y todas las veces que lo encontraba preguntarle con su voz más acariciadora:
«Eh bien, monsieur le cardinal, comment vont ce pauvre Bernajoux et ce pauvre Jussac, qui sont à vous?»-Y bien, señor cardenal, ¿cómo van ese pobre Bernajoux y ese pobre Jussac, que son vuestros?






CHAPITRE VII -- L′INTÉRIEUR DES MOUSQUETAIRES

Capítulo VII -- Los mosqueteros por dentro

Lorsque d′Artagnan fut hors du Louvre, et qu′il consulta ses amis sur l′emploi qu′il devait faire de sa part des quarante pistoles, Athos lui conseilla de commander un bon repas à la Pomme de Pin, Porthos de prendre un laquais, et Aramis de se faire une maîtresse convenable.Cuando D′Artagnan estuvo fuera del Louvre y hubo consultado a sus amigos sobre el empleo que debía hacer de su parte de las cuarenta pistolas, Athos le aconsejó que encargase una buena comida en la Pomme de Pin, Porthos que tomase un lacayo, y Aramis que se echase una amante conveniente.
Le repas fut exécuté le jour même, et le laquais y servit à table.Le repas avait été commandé par Athos, et le laquais fourni parPorthos. C′était un Picard que le glorieux mousquetaire avaitembauché le jour même et à cette occasion sur le pont de laTournelle, pendant qu′il faisait des ronds en crachant dans l′eau.La comida se celebró aquel mismo día, y el lacayo sirvió la mesa. La comida había sido encargada por Athos y el lacayo proporcionado por Porthos. Era un picardo al que el glorioso mosquetero había contratado aquel mismo día y para esta ocasión en el puente de la Tournelle, mientras hacía círculos al escupir en el agua.
Porthos avait prétendu que cette occupation était la preuve d′une organisation réfléchie et contemplative, et il l′avait emmené sans autre recommandation. La grande mine de ce gentilhomme, pour le compte duquel il se crut engagé, avait séduit Planchet — c′était le nom du Picard —; il y eut chez lui un léger désappointement lorsqu′il vit que la place était déjà prise par un confrère nommé Mousqueton, et lorsque Porthos lui eut signifié que son état de maison, quoi que grand, ne comportait pas deux domestiques, et qu′il lui fallait entrer au service de d′Artagnan. Cependant, lorsqu′il assista au dîner que donnait son maître et qu′il vit celui-ci tirer en payant une poignée d′or de sa poche, il crut sa fortune faite et remercia le Ciel d′être tombé en la possession d′un pareil Crésus; il persévéra dans cette opinion jusqu′après le festin, des reliefs duquel il répara de longues abstinences. Mais en faisant, le soir, le lit de son maître, les chimères de Planchet s′évanouirent. Le lit était le seul de l′appartement, qui se composait d′une antichambre et d′une chambre à coucher. Planchet coucha dans l′antichambre sur une couverture tirée du lit de d′Artagnan, et dont d′Artagnan se passa depuis.Porthos había pretendido que tal ocupación era prueba de una organización reflexiva y contemplativa, y lo había llevado sin más recomendación. La gran cara de aquel gentilhombre, a cuya cuenta se creyó contratado, había seducido a Planchet -tal era el nombre del picardo-; hubo en él una ligera decepción cuando vio que el puesto estaba ya ocupado por un cofrade llamado Mosquetón y cuando Porthos le hubo manifestado que la situación de su casa, aunque grande, no soportaba dos criados, y que tenía que entrar al servicio de D′Artagnan. Sin embargo, cuando asistió a la comida que daba su amo y le vio sacar para pagar un puñado de oro de su bolsillo, creyó labrada su fortuna y agradeció al cielo haber caído en posesión de semejante Creso; perseveró en esa opinion hasta después del festín, con cuyas sobras reparó largas abstinencias. Pero al hacer aquella noche la cama de su amo, las quimeras de Planchet se desvanecieron. La cama era lo único del alojamiento, que se componía de una antecámara y de un dormitorio. Planchet se acostó en la antecámara sobre una colcha sacada del lecho de D′Artagnan, de la que D′Artagnan prescindió en adelante.
Athos, de son côté, avait un valet qu′il avait dressé à son service d′une façon toute particulière, et que l′on appelait Grimaud. Il était fort silencieux, ce digne seigneur. Nous parlons d′Athos, bien entendu. Depuis cinq ou six ans qu′il vivait dans la plus profonde intimité avec ses compagnons Porthos et Aramis, ceux-ci se rappelaient l′avoir vu sourire souvent, mais jamais ils ne l′avaient entendu rire. Ses paroles étaient brèves et expressives, disant toujours ce qu′elles voulaient dire, rien de plus: pas d′enjolivements, pas de broderies, pas d′arabesques. Sa conversation était un fait sans aucun épisode.Athos, por su parte, tenía un criado que había hecho ingresar a su servicio de una forma muy particular, y que se llamaba Grimaud. Era muy silencioso aquel digno señor. Hablamos de Athos, por supuesto. Desde hacía cinco o seis años vivía en la más profunda intimidad con sus compañeros Athos y Aramis, los cuales recordaban haberle visto sonreír a menudo, pero jamás le habían oído reír. Sus palabras eran breves y expresivas, diciendo siempre lo que querían decir, nada más: nada de adornos, nada de florituras, nada de arabescos. Su conversación era un hecho sin ningún episodio.
Quoique Athos eût à peine trente ans et fût d′une grande beauté de corps et d′esprit, personne ne lui connaissait de maîtresse. Jamais il ne parlait de femmes. Seulement il n′empêchait pas qu′on en parlât devant lui, quoiqu′il fût facile de voir que ce genre de conversation, auquel il ne se mêlait que par des mots amers et des aperçus misanthropiques, lui était parfaitement désagréable. Sa réserve, sa sauvagerie et son mutisme en faisaient presque un vieillard; il avait donc, pour ne point déroger à ses habitudes, habitué Grimaud à lui obéir sur un simple geste ou sur un simple mouvement des lèvres. Il ne lui parlait que dans des circonstances suprêmes.Aunque Athos apenas tuviera treinta años y fuese de gran belleza de cuerpo y espíritu, nadie le conocía amantes. Jamás hablaba de mujeres. Sólo que no impedía que se hablase de ellas delante de él, aunque fuera fácil ver que tal género de conversación, al que no se mezclaba más que con palabras amargas y observaciones misantrópicas, le era completamente desagradable. Su reserva, su hurañía y su mutismo hacían de él casi un viejo; para no ir contra sus costumbres había habituado a Grimaud a obedecerle a un simple gesto o a un simple movimiento de labios. No le hablaba más que en las circunstancias supremas.
Quelquefois Grimaud, qui craignait son maître comme le feu, tout en ayant pour sa personne un grand attachement et pour son génie une grande vénération, croyait avoir parfaitement compris ce qu′il désirait, s′élançait pour exécuter l′ordre reçu, et faisait précisément le contraire. Alors Athos haussait les épaules et, sans se mettre en colère, rossait Grimaud. Ces jours-là, il parlait un peu.A veces, Grimaud, que temía a su amo como al fuego, teniendo a la vez por su persona un gran apego y por su genio una gran veneración, creía haber entendido perfectamente lo que deseaba, se apresuraba para ejecutar la orden recibida y hacía precisamente lo contrario. Entonces Athos se encogía de hombros y sin encolerizarse vapuleaba a Grimaud. Esos días hablaba un poco.
Porthos, comme on a pu le voir, avait un caractère tout opposé à celui d′Athos: non seulement il parlait beaucoup, mais il parlait haut; peu lui importait au reste, il faut lui rendre cette justice, qu′on l′écoutât ou non; il parlait pour le plaisir de parler et pour le plaisir de s′entendre; il parlait de toutes choses excepté de sciences, excipant à cet endroit de la haine invétérée que depuis son enfance il portait, disait-il, aux savants. Il avait moins grand air qu′Athos, et le sentiment de son infériorité à ce sujet l′avait, dans le commencement de leur liaison, rendu souvent injuste pour ce gentilhomme, qu′il s′était alors efforcé de dépasser par ses splendides toilettes. Mais, avec sa simple casaque de mousquetaire et rien que par la façon dont il rejetait la tête en arrière et avançait le pied, Athos prenait à l′instant même la place qui lui était due et reléguait le fastueux Porthos au second rang. Porthos s′en consolait en remplissant l′antichambre de M. de Tréville et les corps de garde du Louvre du bruit de ses bonnes fortunes, dont Athos ne parlait jamais, et pour le moment, après avoir passé de la noblesse de robe à la noblesse d′épée, de la robine à la baronne, il n′était question de rien de moins pour Porthos que d′une princesse étrangère qui lui voulait un bien énorme.Porthos, como se habrá podido ver, tenía un carácter completamente opuesto al de Athos: no sólo hablaba mucho, sino que hablaba a voz en grito; poco le importaba por otro lado, hay que hacerle justicia, que se le escuchase o no; hablaba por el placer de hablar y por el placer de oírse; hablaba de todo salvo de ciencias, alegando a este respecto el odio inveterado que desde su infancia tenía, segun decía, a los sabios. Tenía menos estilo que Athos, y el sentimiento de su inferioridad a este respecto a menudo le había hecho, desde el comienzo de su relación, injusto con ese gentilhombre, al que se había esforzado por superar con sus espléndidos trajes. Pero con una simple casaca de mosquetero y sólo por su forma de echar atrás la cabeza y dar un paso, Athos ocupaba en el mismo instante el sitio que le era debido y relegaba al fastuoso Porthos a segunda fila. Porthos se consolaba llenando la antecámara del señor de Tréville y los cuerpos de guardia del Louvre con el estruendo de sus aventuras galantes, de las que Athos no hablaba nunca; y por el momento, tras haber pasado de la nobleza de ropa a la nobleza de espada, de la fontanera a la baronesa, no había para Porthos otra cosa que una princesa extranjera que le quería una_ enormidad.
Un vieux proverbe dit: «Tel maître, tel valet.» Passons donc du valet d′Athos au valet de Porthos, de Grimaud à Mousqueton.Un viejo proverbio dice: "A tal amo, tal criado." Pasemos, pues, del criado de Athos al criado de Porthos, de Grimaud a Mosquetón.
Mousqueton était un Normand dont son maître avait changé le nom pacifique de Boniface en celui infiniment plus sonore et plus belliqueux de Mousqueton. Il était entré au service de Porthos à la condition qu′il serait habillé et logé seulement, mais d′une façon magnifique; il ne réclamait que deux heures par jour pour les consacrer à une industrie qui devait suffire à pourvoir à ses autres besoins. Porthos avait accepté le marché; la chose lui allait à merveille. Il faisait tailler à Mousqueton des pourpoints dans ses vieux habits et dans ses manteaux de rechange, et, grâce à un tailleur fort intelligent qui lui remettait ses hardes à neuf en les retournant, et dont la femme était soupçonnée de vouloir faire descendre Porthos de ses habitudes aristocratiques, Mousqueton faisait à la suite de son maître fort bonne figure.Mosquetón era un normando a quien su amo había cambiado el pacífico nombre de Boniface por el infinitamente más sonoro y belicoso de Mosquetón. Había entrado al servicio de Porthos a condición de ser vestido y alojado solamente, pero de modo magnífico; no exigía más que dos horas diarias para consagrarlas a una industria que debía bastarle a satisfacer sus demás necesidades. Porthos había aceptado el trato: la cosa iba de maravilla. Hacía cortar para Mosquetón jubones de sus vestidos viejos y de sus capas de repuesto, y gracias a un sastre muy inteligente que le ponía sus pingajos como nuevos dándoles la vuelta, y de cuya mujer se sospechaba que quería hacer descender a Porthos de sus costumbres aristocráticas, Mosquetón hacía muy buena figura detrás de su amo.
Quant à Aramis, dont nous croyons avoir suffisamment exposé le caractère, caractère du reste que, comme celui de ses compagnons, nous pourrons suivre dans son développement, son laquais s′appelait Bazin. Grâce à l′espérance qu′avait son maître d′entrer un jour dans les ordres, il était toujours vêtu de noir, comme doit l′être le serviteur d′un homme d′Église. C′était un Berrichon de trente-cinq à quarante ans, doux, paisible, grassouillet, occupant à lire de pieux ouvrages les loisirs que lui laissait son maître, faisant à la rigueur pour deux un dîner de peu de plats, mais excellent. Au reste, muet, aveugle, sourd et d′une fidélité à toute épreuve.En cuanto a Aramis, cuyo carácter creemos haber expuesto suficientemente -carácter que, por lo demás, como el de sus compañeros, podremos seguir en su desarrollo-, su lacayo se llamaba Bazin. Debido a la esperanza que su amo tenía de recibir un día las órdenes, iba vestido siempre de negro, como debe estarlo el servidor de un eclesiástico. Era un hombre del Berry, de treinta y cinco a cuarenta años, dulce, apacible, regordete, que ocupaba los ocios que su amo le dejaba leyendo obras pías, haciendo si acaso para dos una cena de pocos platos pero excelente. Por lo demás, era mudo, ciego, sordo y de una fidelidad a toda prueba.
Maintenant que nous connaissons, superficiellement du moins, les maîtres et les valets, passons aux demeures occupées par chacun d′eux.Ahora que conocemos, aunque no sea más que superficialmente, a amos y criados, pasemos a las viviendas ocupadas por cada uno de ellos.
Athos habitait rue Férou, à deux pas du Luxembourg; son appartement se composait de deux petites chambres, fort proprement meublées, dans une maison garnie dont l′hôtesse encore jeune et véritablement encore belle lui faisait inutilement les doux yeux. Quelques fragments d′une grande splendeur passée éclataient çà et là aux murailles de ce modeste logement: c′était une épée, par exemple, richement damasquinée, qui remontait pour la façon à l′époque de François Ier, et dont la poignée seule, incrustée de pierres précieuses, pouvait valoir deux cents pistoles, et que cependant, dans ses moments de plus grande détresse, Athos n′avait jamais consenti à engager ni à vendre. Cette épée avait longtemps fait l′ambition de Porthos. Porthos aurait donné dix années de sa vie pour posséder cette épée.Athos vivía en la calle Férou, a dos pasos del Luxemburgo; su alojamiento se componía de dos pequeñas habitaciones, muy decentemente amuebladas, en una casa adornada, cuya hospedera aún joven y realmente todavía bella le ponía inútilmente ojos de cordera. Algunos retazos de un gran esplendor pasado se manifestaba aquí y allá en las paredes de este modesto alojamiento: era, por ejemplo, una espada, ricamente damasquinada, que remontaba por la forma a los tiempos de Francisco I y cuya empuñadura solamente, incrustada de piedras preciosas, podía valer doscientas pistolas y que sin embargo, en sus momentos de mayor penuria, Athos no había consentido nunca en empeñar ni en vender. Aquella espada había sido durante mucho tiempo la ambición de Porthos. Porthos habría dado diez años de su vida por poseer aquella espada.
Un jour qu′il avait rendez-vous avec une duchesse, il essaya même de l′emprunter à Athos. Athos, sans rien dire, vida ses poches, ramassa tous ses bijoux: bourses, aiguillettes et chaînes d′or, il offrit tout à Porthos; mais quant à l′épée, lui dit-il, elle était scellée à sa place et ne devait la quitter que lorsque son maître quitterait lui-même son logement. Outre son épée, il y avait encore un portrait représentant un seigneur du temps de Henri III vêtu avec la plus grande élégance, et qui portait l′ordre du Saint-Esprit, et ce portrait avait avec Athos certaines ressemblances de lignes, certaines similitudes de famille, qui indiquaient que ce grand seigneur, chevalier des ordres du roi, était son ancêtre.Cierto día que tenía una cita con una duquesa, trató incluso de pedirla en préstamo a Athos. Athos, sin decir nada, vació sus bolsillos, amontonó todas sus joyas: bolsas, cordones y cadenas de oro, y ofreció todo a Porthos; pero en cuanto a la espada, le dijo, estaba empotrada en su sitio y sólo debía dejarlo cuando su amo abandonara su alojamiento. Además de su espada, había también un retrato que representaba a un señor de los tiempos de Enrique III, vestido con la mayor elegancia, y que llevaba la encomienda del Santo Espíritu, y este retrato tenía con Athos ciertos parecidos de líneas, ciertas similitudes de familia que indicaban que aquel gran señor, caballero de órdenes del rey, era su antepasado.
Enfin, un coffre de magnifique orfèvrerie, aux mêmes armes que l′épée et le portrait, faisait un milieu de cheminée qui jurait effroyablement avec le reste de la garniture. Athos portait toujours la clef de ce coffre sur lui. Mais un jour il l′avait ouvert devant Porthos, et Porthos avait pu s′assurer que ce coffre ne contenait que des lettres et des papiers: des lettres d′amour et des papiers de famille, sans doute.Finalmente, un cofre de magnífica orfebrería, con las mismas armas que la espada y el retrato, hacía un juego de chimenea que se daba de patadas espantosamente con el resto de los adornos. Athos llevaba siempre consigo la llave de aquel cofre. Pero cierto día lo había abierto delante de Porthos, y Porthos había podido asegurarse de que el cofre no contenía más que cartas y papeles: cartas de amor y papeles de familia sin duda.
Porthos habitait un appartement très vaste et d′une très somptueuse apparence, rue du Vieux-Colombier. Chaque fois qu′il passait avec quelque ami devant ses fenêtres, à l′une desquelles Mousqueton se tenait toujours en grande livrée, Porthos levait la tête et la main, et disait: Voilà ma demeure! Mais jamais on ne le trouvait chez lui, jamais il n′invitait personne à y monter, et nul ne pouvait se faire une idée de ce que cette somptueuse apparence renfermait de richesses réelles.Porthos vivía en un piso muy amplio y de aparencia suntuosa, en la calle del Vieux-Colombier. Cada vez que pasaba con un amigo por delante de sus ventanas, en una de las cuales Mosquetón estaba siempre vestido con gran librea, Porthos alzaba la cabeza y la mano y decía: ¡He ahí mi mansión!Pero jamás se le encontraba en casa, jamás invitaba a nadie a subir, y nadie podía hacerse una idea de lo que aquella suntuosa apariencia encerraba de riquezas reales.
Quant à Aramis, il habitait un petit logement composé d′un boudoir, d′une salle à manger et d′une chambre à coucher, laquelle chambre, située comme le reste de l′appartement au rez-de- chaussée, donnait sur un petit jardin frais, vert, ombreux et impénétrable aux yeux du voisinage.En cuanto a Aramis, habitaba un pequeño piso compuesto por un gabinete un comedor y un dormitorio, dormitorio que, situado como el resto del alojamiento en la planta baja, daba a un pequeño jardín lozano, verde, umbroso a impenetrable a los ojos del vecindario.
Quant à d′Artagnan, nous savons comment il était logé, et nous avons déjà fait connaissance avec son laquais, maître Planchet.En cuanto a D′Artagnan, ya sabemos cómo se había alojado y ya hemos trabado conocimientos con su lacayo, maese Planchet.
D′Artagnan, qui était fort curieux de sa nature, comme sont les gens, du reste, qui ont le génie de l′intrigue, fit tous ses efforts pour savoir ce qu′étaient au juste Athos, Porthos et Aramis; car, sous ces noms de guerre, chacun des jeunes gens cachait son nom de gentilhomme, Athos surtout, qui sentait son grand seigneur d′une lieue. Il s′adressa donc à Porthos pour avoir des renseignements sur Athos et Aramis, et à Aramis pour connaître Porthos.D′Artagnan, que era muy curioso por naturaleza, como lo son por lo demás las personas que tienen el genio de la intriga, hizo cuantos esfuerzos pudo por saber lo que eran realmente Athos, Porthos y Aramis; porque bajo esos nombres de guerra, cada uno de los jóvenes ocultaba sus nombres de gentilhombre, Athos sobre todo, que olía a gran señor a la legua. Se dirigió, pues, a Porthos para informarse sobre Athos y Aramis, y a Aramis para conocer a Porthos.
Malheureusement, Porthos lui-même ne savait de la vie de son silencieux camarade que ce qui en avait transpiré. On disait qu′il avait eu de grands malheurs dans ses affaires amoureuses, et qu′une affreuse trahison avait empoisonné à jamais la vie de ce galant homme. Quelle était cette trahison? Tout le monde l′ignorait.Por desgracia, el propio Porthos no sabía de la vida de su silencioso camarada más de lo que había dejado traslucir. Se decía que había tenido grandes fracasos en sus aventuras amorosas, y que una horrible traición había envenenado para siempre la vida de aquel hombre galante. ¿Cuál era esa traición? Todos lo ignoraban.
Quant à Porthos, excepté son véritable nom, que M. de Tréville savait seul, ainsi que celui de ses deux camarades, sa vie était facile à connaître. Vaniteux et indiscret, on voyait à travers lui comme à travers un cristal. La seule chose qui eût pu égarer l′investigateur eût été que l′on eût cru tout le bien qu′il disait de lui.En cuanto a Porthos, a excepción de su verdadero nombre, que sólo el señor de Tréville sabía, así como el de sus dos camaradas, su vida era fácil de conocer. Vanidoso a indiscreto, se veía a su través como a través de un cristal. Lo único que hubiera podido despistar al investigador habría sido creerse todo lo bueno que él mismo decía de sí.
Quant à Aramis, tout en ayant l′air de n′avoir aucun secret, c′était un garçon tout confit de mystères, répondant peu aux questions qu′on lui faisait sur les autres, et éludant celles que l′on faisait sur lui-même. Un jour, d′Artagnan, après l′avoir longtemps interrogé sur Porthos et en avoir appris ce bruit qui courait de la bonne fortune du mousquetaire avec une princesse, voulut savoir aussi à quoi s′en tenir sur les aventures amoureuses de son interlocuteur.En cuanto a Aramis, pese a su aire de no tener ningún secreto, era - muchacho todo adobado en misterios, que respondía poco a las preguntas que se le hacían sobre los otros, y eludía aquellas que se le hacían sobre él. Un día, D′Artagnan, después de haberle interrogado largo tiempo sobre Porthos y haberse enterado del rumor que corría sobre las aventuras galantes del mosquetero con una princesa, quiso saber a qué atenerse sobre las aventuras de su interlocutor.
«Et vous, mon cher compagnon, lui dit-il, vous qui parlez des baronnes, des comtesses et des princesses des autres?-Y vos, querido compañero -le dijo-, ¿vos qué habláis de las baronesas, de las condesas y de las princesas de los demás?
— Pardon, interrompit Aramis, j′ai parlé parce que Porthos en parle lui-même, parce qu′il a crié toutes ces belles choses devant moi. Mais croyez bien, mon cher monsieur d′Artagnan, que si je les tenais d′une autre source ou qu′il me les eût confiées, il n′y aurait pas eu de confesseur plus discret que moi.-Perdón -interrumpió Aramis-, he hablado porque el propio Porthos habla de ellas, porque ha gritado todas esas hermosas cosas delante de mí. Pero, mi querido señor D′Artagnan, creed que, si las hubiera recibido de otra fuente, o si me hubieran sido confiadas, no habría habido confesor más discreto que yo.
— Je n′en doute pas, reprit d′Artagnan; mais enfin, il me semble que vous-même vous êtes assez familier avec les armoiries, témoin certain mouchoir brodé auquel je dois l′honneur de votre connaissance.»-No lo dudo -prosiguió D′Artagnan-; pero, en fin, me parece que vos mismo tenéis bastante familiaridad con los escudos de armas: testigo, cierto pañuelo bordado al que debo el honor de vuestro conocimiento.
Aramis, cette fois, ne se fâcha point, mais il prit son air le plus modeste et répondit affectueusement:Aramis aquella vez no se enfadó, sino que adoptó su aire más modesto y respondió afectuosamente:
«Mon cher, n′oubliez pas que je veux être Église, et que je fuis toutes les occasions mondaines. Ce mouchoir que vous avez vu ne m′avait point été confié, mais il avait été oublié chez moi par un de mes amis. J′ai dû le recueillir pour ne pas les compromettre, lui et la dame qu′il aime. Quant à moi, je n′ai point et ne veux point avoir de maîtresse, suivant en cela l′exemple très judicieux d′Athos, qui n′en a pas plus que moi.-Querido, no olvidéis que quiero ser de iglesia y que huyo de todas las ocasiones mundanas. Aquel pañuelo que visteis en modo alguno me había sido confiado; había sido olvidado en mi casa por uno de mis amigos. Tuve que recogerlo para no comprometerlos, a él y a la dama a la que ama. En cuanto a mí, no tengo ni quiero tener amantes, siguiendo en esto el ejemplo muy juicioso de Athos, que no las tiene más que yo.
— Mais, que diable! vous n′êtes pas abbé, puisque vous êtes mousquetaire.-Pero, ¡qué diablos!, no sois abad, dado que sois mosquetero.
— Mousquetaire par intérim, mon cher, comme dit le cardinal, mousquetaire contre mon gré, mais homme Église dans le coeur, croyez-moi. Athos et Porthos m′ont fourré là-dedans pour m′occuper: j′ai eu, au moment d′être ordonné, une petite difficulté avec… Mais cela ne vous intéresse guère, et je vous prends un temps précieux.-Mosquetero por ínterin, querido, como dice el cardenal, mosquetero contra mi gusto, pero hombre de iglesia en el corazón, creedme. Athos y Porthos me metieron ahí para entretenerme: tuve, en el momento de ser ordenado, una pequeña dificultad con... Pero esto apenas os interesa, y os robo un tiempo precioso.
— Point du tout, cela m′intéresse fort, s′écria d′Artagnan, et je n′ai pour le moment absolument rien à faire.-Nada de eso, me interesa mucho -exclamó D′Artagnan-, y por ahora no tengo absolutamente nada que hacer.
— Oui, mais moi j′ai mon bréviaire à dire, répondit Aramis, puis quelques vers à composer que m′a demandés Mme d′Aiguillon; ensuite je dois passer rue Saint-Honoré afin d′acheter du rouge pour Mme de Chevreuse. Vous voyez, mon cher ami, que si rien ne vous presse, je suis très pressé, moi.»-Sí, pero yo tengo que rezar mi breviario -respondió Aramis-, después de componer algunos versos que me ha pedido la señora D′Aiguillon; luego debo pasar por la calle Saint-Honoré, para comprar carmín para la señora de Chevreuse. Como veis, querido amigo, si nada os apremia, yo estoy muy apremiado.
Et Aramis tendit affectueusement la main à son compagnon, et prit congé de lui.Y Aramis tendió afectuosamente la mano a su joven compañero, y se despidió de él.
D′Artagnan ne put, quelque peine qu′il se donnât, en savoir davantage sur ses trois nouveaux amis. Il prit donc son parti de croire dans le présent tout ce qu′on disait de leur passé, espérant des révélations plus sûres et plus étendues de l′avenir. En attendant, il considéra Athos comme un Achille, Porthos comme un Ajax, et Aramis comme un Joseph.Por más esfuerzos que hizo, D′Artagnan no pudo saber más sobre sus tres nuevos amigos. Tomó, pues, la decisión de creer para el presente todo cuanto se decía de su pasado, esperando revelaciones más serias y más amplias del porvenir. Mientras tanto, consideró a Athos como a un Aquiles, a Porthos como a un Ayax, y a Aramis como a un José.
Au reste, la vie des quatre jeunes gens était joyeuse: Athos jouait, et toujours malheureusement. Cependant il n′empruntait jamais un sou à ses amis, quoique sa bourse fût sans cesse à leur service, et lorsqu′il avait joué sur parole, il faisait toujours réveiller son créancier à six heures du matin pour lui payer sa dette de la veille.Por lo demás, la vida de los cuatro jóvenes era alegre. Athos jugaba, y siempre con mala fortuna. Sin embargo, jamás pedía prestado un céntimo a sus amigos, aunque su bolsa estuviera sin cesar a su servicio; y cuando había apostado sobre su palabra, siempre hacía despertar a su acreedor a la seis de la mañana para pagarle su deuda de la víspera.
Porthos avait des fougues: ces jours-là, s′il gagnait, on le voyait insolent et splendide; s′il perdait, il disparaissait complètement pendant quelques jours, après lesquels il reparaissait le visage blême et la mine allongée, mais avec de l′argent dans ses poches.Porthos tenía rachas: esos días, si ganaba, se le veía insolente y espléndido; si perdía, desaparecía por completo durante algunos días, al cabo de los cuales reaparecía con el rostro descolorido y mal gesto, pero con dinero en sus bolsillos.
Quant à Aramis, il ne jouait jamais. C′était bien le plus mauvais mousquetaire et le plus méchant convive qui se pût voir… Il avait toujours besoin de travailler. Quelquefois au milieu d′un dîner, quand chacun, dans l′entraînement du vin et dans la chaleur de la conversation, croyait que l′on en avait encore pour deux ou trois heures à rester à table, Aramis regardait sa montre, se levait avec un gracieux sourire et prenait congé de la société, pour aller, disait-il, consulter un casuiste avec lequel il avait rendez-vous. D′autres fois, il retournait à son logis pour écrire une thèse, et priait ses amis de ne pas le distraire.En cuanto a Aramis, no jugaba jamás. Pero era el peor mosquetero y el invitado más desagradable que se pudiese ver. Tenía siempre que trabajar. A veces, en medio de una comida, cuando todos con la incitación del vino y el calor de la conversación, creían que había aún para dos o tres horas de permanencia en la mesa, Aramis miraba a su reloj, se levantaba con una graciosa sonrisa y se despedía de la compañía para ir, decía él, a consultar a un casuista con el que tenía cita. Otras veces regresaba a su alojamiento para escribir una tesis y rogaba a sus amigos no distraerle.
Cependant Athos souriait de ce charmant sourire mélancolique, si bien séant à sa noble figure, et Porthos buvait en jurant qu′Aramis ne serait jamais qu′un curé de village.Entonces Athos sonreía con aquella encantadora sonrisa melancólica que tan bien sentaba a su noble figura, y Porthos bebía jurando que Aramis no sería nunca más que un cura de aldea.
Planchet, le valet de d′Artagnan, supporta noblement la bonne fortune; il recevait trente sous par jour, et pendant un mois il revenait au logis gai comme pinson et affable envers son maître. Quand le vent de l′adversité commença à souffler sur le ménage de la rue des Fossoyeurs, c′est-à-dire quand les quarante pistoles du roi Louis XIII furent mangées ou à peu près, il commença des plaintes qu′Athos trouva nauséabondes, Porthos indécentes, et Aramis ridicules. Athos conseilla donc à d′Artagnan de congédier le drôle, Porthos voulait qu′on le bâtonnât auparavant, et Aramis prétendit qu′un maître ne devait entendre que les compliments qu′on fait de lui.Planchet, el criado de D′Artagnan, soportó noblemente la buena fortuna; recibía treinta sous diarios, y durante un mes venía al alojamiento alegre como un pinzón y afable con su amo. Cuando el viento de la adversidad comenzó a soplar sobre la pareja de la calle des Fossayeurs, es decir, cuándo las cuarenta pistolas del rey Luis XIII fueron comidas o casi, comenzó con quejas que Athos encontró nauseabundas Porthos indecentes y Aramis ridículas. Athos aconsejó, pues, a D′Ártágnan despedir al bribón; Porthos quería que antes lo apaleara, y Aramis pretendió que un amo no debía oír más que los cumplidos que se hacen de él.
«Cela vous est bien aisé à dire, reprit d′Artagnan: à vous, Athos, qui vivez muet avec Grimaud, qui lui défendez de parler, et qui, par conséquent, n′avez jamais de mauvaises paroles avec lui; à vous, Porthos, qui menez un train magnifique et qui êtes un dieu pour votre valet Mousqueton; à vous enfin, Aramis, qui, toujours distrait par vos études théologiques, inspirez un profond respect à votre serviteur Bazin, homme doux et religieux; mais moi qui suis sans consistance et sans ressources, moi qui ne suis pas mousquetaire ni même garde, moi, que ferai-je pour inspirer de l′affection, de la terreur ou du respect à Planchet?-Es muy fácil para vos decir eso -dijo D′Artagnan-; a vos, Athos, que vivís mudo con Grimaud, que le prohibís hablar y que, por tanto, no tenéis nunca malas palabras con él; a vos, Porthos, que lleváis un tren magnífico y que sois un dios para vuestro criado Mosquetón, y a vos finalmente, Aramis, que siempre distraído por vuestros estudios teológicos, inspiráis un profundo respeto a vuestro servidor Bazin, hombre dulce y religioso; pero yo, que no tengo ni consistencia ni recursos, yo, que no soy mosquetero ni siquiera guardia, yo, ¿qué haré yo para inspirar cariño, temor o respeto a Planchet?
— La chose est grave, répondirent les trois amis, c′est une affaire d′intérieur; il en est des valets comme des femmes, il faut les mettre tout de suite sur le pied où l′on désire qu′ils restent. Réfléchissez donc.»-La cosa es grave -respondieron los tres amigos-; es un asunto interno; con los criados ocurre como con las mujeres, hay que ponerlos en seguida en el sitio que uno desea que permanezcan. Reflexionad, pues.
D′Artagnan réfléchit et se résolut à rouer Planchet par provision, ce qui fut exécuté avec la conscience que d′Artagnan mettait en toutes choses; puis, après l′avoir bien rossé, il lui défendit de quitter son service sans sa permission. «Car, ajouta-t-il, l′avenir ne peut me faire faute; j′attends inévitablement des temps meilleurs. Ta fortune est donc faite si tu restes près de moi, et je suis trop bon maître pour te faire manquer ta fortune en t′accordant le congé que tu me demandes.»D′Artagnan reflexionó y se decidió por vapulear a Planchet provisionalmente, cosa que fue ejecutada con la conciencia que D′Artagnan ponía en todo; luego, después de haberlo vapuleado bien, le prohibió abandonar su servicio sin su permiso. Porque, añadió, el porvenir no me puede fallar; espero inevitablemente tiempos mejores. Tu fortuna está, pues, hecha si te quedas a mi lado, y yo soy demasiado buen amo para privarte de tu fortuna concediéndote el despido que me pides.
Cette manière d′agir donna beaucoup de respect aux mousquetaires pour la politique de d′Artagnan. Planchet fut également saisi d′admiration et ne parla plus de s′en aller.Esta manera de actuar infundió en los mosqueteros mucho respeto hacia la política de D′Artagnan, Planchet quedó igualmente admirado y no habló más de irse.
La vie des quatre jeunes gens était devenue commune; d′Artagnan, qui n′avait aucune habitude, puisqu′il arrivait de sa province et tombait au milieu d′un monde tout nouveau pour lui, prit aussitôt les habitudes de ses amis.La vida de los cuatro jóvenes se había hecho común; D′Artagnan, que no tenía ningún hábito, puesto que llegaba de su provincia y caía en medio de un mundo totalmente nuevo para él, tomó por eso los hábitos de sus amigos.
On se levait vers huit heures en hiver, vers six heures en été, et l′on allait prendre le mot d′ordre et l′air des affaires chez M. de Tréville. D′Artagnan, bien qu′il ne fût pas mousquetaire, en faisait le service avec une ponctualité touchante: il était toujours de garde, parce qu′il tenait toujours compagnie à celui de ses trois amis qui montait la sienne. On le connaissait à l′hôtel des mousquetaires, et chacun le tenait pour un bon camarade; M. de Tréville, qui l′avait apprécié du premier coup d′oeil, et qui lui portait une véritable affection, ne cessait de le recommander au roi.Se levantaban hacia las ocho en invierno, hacia las seis en verano, y se iban a recibir órdenes y a ver cómo iban los asuntos del señor de Tréville. D′Artagnan, aunque no fuese mosquetero, hacía el servicio con una puntualidad conmovedora: estaba siempre de guardia, porque siempre hacía compañía a aquel de sus tres amigos que montaba la suya. Se le conocía en el palacio de los mosqueteros y todos le tenían por un buen camarada; el señor de Tréville, que le había apreciado a la primera ojeada y que le tenía verdadero afecto, no cesaba de recomendarlo al rey.
De leur côté, les trois mousquetaires aimaient fort leur jeune camarade. L′amitié qui unissait ces quatre hommes, et le besoin de se voir trois ou quatre fois par jour, soit pour duel, soit pour affaires, soit pour plaisir, les faisaient sans cesse courir l′un après l′autre comme des ombres; et l′on rencontrait toujours les inséparables se cherchant du Luxembourg à la place Saint-Sulpice, ou de la rue du Vieux-Colombier au Luxembourg.Por su parte, los tres mosqueteros querían mucho a su joven camarada. La amistad que unía a aquellos cuatro hombres, y la necesidad de verse tres o cuatro veces por día, bien para un duelo, bien para asuntos, bien por placer, les hacían correr sin cesar a unos tras otros como sombras; y se encontraba siempre a los inseparables buscándose del Luxemburgo a la plaza Saint-Sulpice, o de la calle del Vieux-Colombier al Luxemburgo.
En attendant, les promesses de M. de Tréville allaient leur train. Un beau jour, le roi commanda à M. le chevalier des Essarts de prendre d′Artagnan comme cadet dans sa compagnie des gardes. D′Artagnan endossa en soupirant cet habit, qu′il eût voulu, au prix de dix années de son existence, troquer contre la casaque de mousquetaire. Mais M. de Tréville promit cette faveur après un noviciat de deux ans, noviciat qui pouvait être abrégé au reste, si l′occasion se présentait pour d′Artagnan de rendre quelque service au roi ou de faire quelque action d′éclat. D′Artagnan se retira sur cette promesse et, dès le lendemain, commença son service.Mientras tanto, las promesas del señor de Tréville seguían su curso. Un buen día, el rey ordenó al señor caballero Des Essarts tomar a D′Artagnan como cadete en su compáñía de guardias. D′Artagnan endosó suspirando aquel uniforme que hubiera querido trocar, al precio de diez años de su existencia, por la casaca de mosquetero. Pero el señor de Tréville prometió aquel favor tras un noviciado de dos años, noviciado que podía ser abreviado por otra parte si se le presentaba a D′Artagnan ocasión de hacer algún servicio al rey o de acometer alguna acción brillante. D′Artagnan se retiró con esta promesa y desde el día siguiente comenzó su servicio.
Alors ce fut le tour d′Athos, de Porthos et d′Aramis de monter la garde avec d′Artagnan quand il était de garde. La compagnie de M. le chevalier des Essarts prit ainsi quatre hommes au lieu d′un, le jour où elle prit d′Artagnan.Entonces fue cuando les llegó a Athos, Porthos y Aramis el turno de montar guardia con D′Artagnan cuando estaba de guardia. La compañía del señor caballero Des Essarts tomó así cuatro hombres en lugar de uno el día en que tomó a D′Artagnan.






CHAPITRE VIII UNE INTRIGUE DE COEUR

Capítulo VIII -- Una intriga de corte

Cependant les quarante pistoles du roi Louis XIII, ainsi que toutes les choses de ce monde, après avoir eu un commencement avaient eu une fin, et depuis cette fin nos quatre compagnons étaient tombés dans la gêne. D′abord Athos avait soutenu pendant quelque temps l′association de ses propres deniers. Porthos lui avait succédé, et, grâce à une de ces disparitions auxquelles on était habitué, il avait pendant près de quinze jours encore subvenu aux besoins de tout le monde; enfin était arrivé le tour d′Aramis, qui s′était exécuté de bonne grâce, et qui était parvenu, disait-il, en vendant ses livres de théologie, à se procurer quelques pistoles.Sin embargo, las cuarenta pistolas del rey Luis XIII, como todas las cosas de este mundo, después de haber tenido un comienzo habían tenido un fin, y a partir de ese fin nuestros cuatro compañeros habían caído en apuros. Al principio Athos sostuvo durante algún tiempo a la asociación con sus propios dineros. Le había sucedido Porthos. y gracias a una de esas desapariciones a las que estaban habituados. durante casi quince días había subvenido aún a las necesidades de todos; por fin había llegado la vez de Aramis, que había cumplido de buena gana, y que, según decía, vendiendo sus libros de teología había logrado procurarse algunas pistolas.
On eut alors, comme d′habitude, recours à M. de Tréville, qui fit quelques avances sur la solde; mais ces avances ne pouvaient conduire bien loin trois mousquetaires qui avaient déjà force comptes arriérés, et un garde qui n′en avait pas encore.Entonces, como de costumbre, recurrieron al señor de Tréville, que dio algunos adelantos sobre el sueldo; pero aquellos adelantos no podían llevar muy lejos a tres mosqueteros que tenían muchas cuentas atrasadas, y a un guardia que no las tenía siquiera.
Enfin, quand on vit qu′on allait manquer tout à fait, on rassembla par un dernier effort huit ou dix pistoles que Porthos joua. Malheureusement, il était dans une mauvaise veine: il perdit tout, plus vingt-cinq pistoles sur parole.Finalmente, cuando se vio que iba a faltar de todo, se reunieron en un último esfuerzo ocho o diez pistolas que Porthos jugó. Desgraciadamente, estaba en mala vena: perdió todo, además de veinticinco pistolas sobre palabra.
Alors la gêne devint de la détresse, on vit les affamés suivis de leurs laquais courir les quais et les corps de garde, ramassant chez leurs amis du dehors tous les dîners qu′ils purent trouver; car, suivant l′avis d′Aramis, on devait dans la prospérité semer des repas à droite et à gauche pour en récolter quelques-uns dans la disgrâce.Entonces los apuros se convirtieron en penuria: se vio a los hambrientos seguidos de sus lacayos correr las calles y los cuerpos de guardia, trincando de sus amigos de fuera todas las cenas que pudieron encontrar; porque, siguiendo la opinión de Aramis, en la prosperidad había que sembrar comidas a diestro y siniestro para recoger algunas en la desgracia.
Athos fut invité quatre fois et mena chaque fois ses amis avec leurs laquais. Porthos eut six occasions et en fit également jouir ses camarades; Aramis en eut huit. C′était un homme, comme on a déjà pu s′en apercevoir, qui faisait peu de bruit et beaucoup de besogne.Athos fue invitado cuatro veces y llevó cada vez a sus amigos con sus criados. Porthos tuvo seis ocasiones a hizo lo propio con sus camaradas; Aramis tuvo ocho. Era un hombre que, como se habrá podido comprender, hacía poco ruido y mucha tarea.
Quant à d′Artagnan, qui ne connaissait encore personne dans la capitale, il ne trouva qu′un déjeuner de chocolat chez un prêtre de son pays, et un dîner chez un cornette des gardes. Il mena son armée chez le prêtre, auquel on dévora sa provision de deux mois, et chez le cornette, qui fit des merveilles; mais, comme le disait Planchet, on ne mange toujours qu′une fois, même quand on mange beaucoup.En cuanto a D′Artagnan, que no conocía aún a nadie en la capital, no halló más que un desayuno de chocolate en casa de un cura de su región, y una cena en casa de un corneta de los guardias. Llevó su ejército a casa del cura, a quien devoraron sus provisiones de dos meses, y a casa del corneta, que hizo maravillas; pero, como decía Planchet, sólo se come una vez, aunque se coma mucho.
D′Artagnan se trouva donc assez humilié de n′avoir eu qu′un repas et demi, car le déjeuner chez le prêtre ne pouvait compter que pour un demi-repas, à offrir à ses compagnons en échange des festins que s′étaient procurés Athos, Porthos et Aramis. Il se croyait à charge à la société, oubliant dans sa bonne foi toute juvénile qu′il avait nourri cette société pendant un mois, et son esprit préoccupé se mit à travailler activement. Il réfléchit que cette coalition de quatre hommes jeunes, braves, entreprenants et actifs devait avoir un autre but que des promenades déhanchées, des leçons d′escrime et des lazzi plus ou moins spirituels.D′Artagnan se encontró, pues, bastante humillado por no tener mas que una comida y media -porque el desayuno en casa del cura no podía contar más que por media comida- que ofrecer a sus compañeros a cambio de los festines que se habían procurado Athos, Porthos y Aramis. Se creía en deuda con la sociedad, olvidando, en su buena fe completamente juvenil, que él había alimentado a aquella compañía durante un mes, y su espíritu inquieto se puso a trabajar activamente. Reflexionó que aquella coalición de cuatro hombres jóvenes, valientes, emprendedores y activos debía tener otra meta que paseos contoneándose, lecciones de esgrima y bromas más o menos ingeniosas.
En effet, quatre hommes comme eux, quatre hommes dévoués les uns aux autres depuis la bourse jusqu′à la vie, quatre hommes se soutenant toujours, ne reculant jamais, exécutant isolément ou ensemble les résolutions prises en commun; quatre bras menaçant les quatre points cardinaux ou se tournant vers un seul point, devaient inévitablement, soit souterrainement, soit au jour, soit par la mine, soit par la tranchée, soit par la ruse, soit par la force, s′ouvrir un chemin vers le but qu′ils voulaient atteindre, si bien défendu ou si éloigné qu′il fût. La seule chose qui étonnât d′Artagnan, c′est que ses compagnons n′eussent point songé à cela.En efecto, cuatro hombres como ellos, cuatro hombres consagrados unos a otros desde la bolsa hasta la vida, cuatro hombres apoyándose siempre, sin retroceder nunca, ejecutando aisladamente o juntos las resoluciones adoptadas en común: cuatro brazos amenazando los cuatro puntos cardinales o volviéndose hacia un solo punto debían inevitablemente, bien de modo subterráneo, bien a la luz, bien a cara descubierta, bien mediante labor de zapa, bien por la astucia, bien por la fuerza, abrirse camino hacia la meta que quisieran alcanzar, por más prohibida o alejada que estuviese. Lo único que asombraba a D′Artagnan es que sus compañeros no hubieran pensado esto.
Il y songeait, lui, et sérieusement même, se creusant la cervelle pour trouver une direction à cette force unique quatre fois multipliée avec laquelle il ne doutait pas que, comme avec le levier que cherchait Archimède, on ne parvînt à soulever le monde, — lorsque l′on frappa doucement à la porte. D′Artagnan réveilla Planchet et lui ordonna d′aller ouvrir.El sí, él lo pensaba, y seriamente incluso, estrujándose el cerebro para encontrar dirección a aquella fuerza única multiplicada por cuatro, con la que no dudaba que, como con la palanca que buscaba Arquímedes, se podía levantar el mundo, cuando llamaron suavemente a la puerta. D′Artagnan despertó a Planchet y le ordenó ir a abrir.
Que de cette phrase: d′Artagnan réveilla Planchet, le lecteur n′aille pas augurer qu′il faisait nuit ou que le jour n′était point encore venu. Non! quatre heures venaient de sonner. Planchet, deux heures auparavant, était venu demander à dîner à son maître, lequel lui avait répondu par le proverbe: «Qui dort dîne.» Et Planchet dînait en dormant.Que de la frase, "D′Artagnan despertó a Planchet", el lector no vaya a suponer que era de noche o que aún no había llegado el día. ¡No! Acababan de sonar las cuatro. Planchet, dos horas antes, había venido a pedir de cenar a su amo, que le respondió con el refrán: "Quien duerme come". Y Planchet comía durmiendo.
Un homme fut introduit, de mine assez simple et qui avait l′air d′un bourgeois.Fue introducido un hombre de cara bastante simple y que tenía aspecto de burgués.
Planchet, pour son dessert, eût bien voulu entendre la conversation; mais le bourgeois déclara à d′Artagnan que ce qu′il avait à lui dire étant important et confidentiel, il désirait demeurer en tête-à-tête avec lui.De buena gana hubiera querido Planchet, para postre, oír la conversación; pero el burgués declaró a D′Artagnan que por ser importante y confidencial lo que tenía que decirle deseaba permanecer a solas con él.
D′Artagnan congédia Planchet et fit asseoir son visiteur.D′Artagnan despidió a Planchet e hizo sentarse a su visitante.
Il y eut un moment de silence pendant lequel les deux hommes se regardèrent comme pour faire une connaissance préalable, après quoi d′Artagnan s′inclina en signe qu′il écoutait.Hubo un momento de silencio durante el cual los dos hombres se miraron para establecer un conocimiento previo, tras lo cual D′Artagnan se inclinó en señal de que escuchaba.
«J′ai entendu parler de M. d′Artagnan comme d′un jeune homme fort brave, dit le bourgeois, et cette réputation dont il jouit à juste titre m′a décidé à lui confier un secret.-He oído hablar del señor D′Artagnan como de un joven muy valiente -dijo el burgués-, y esa reputación de que goza con motivo me ha decidido a confiarle un secreto.
— Parlez, monsieur, parlez», dit d′Artagnan, qui d′instinct flaira quelque chose d′avantageux.-Hablad, señor, hablad -dijo D′Artagnan, que por instinto olfateó algo ventajoso.
Le bourgeois fit une nouvelle pause et continua:El burgués hizo una nueva pausa y continuó:
«J′ai ma femme qui est lingère chez la reine, monsieur, et qui ne manque ni de sagesse, ni de beauté. On me l′a fait épouser voilà bientôt trois ans, quoiqu′elle n′eût qu′un petit avoir, parce que M. de La Porte, le portemanteau de la reine, est son parrain et la protège…-Mi mujer es costurera de la reina, señor, y no carece ni de prudencia ni de belleza. Hace casi tres años que me hicieron desposarla, aunque no tenía más que una pequeña dote, porque el señor de La Porte el portamantas de la reina, es su padrino y la protege...
— Eh bien, monsieur? demanda d′Artagnan.-¿Y bien, señor? -preguntó D′Artagnan.
— Eh bien, reprit le bourgeois, eh bien, monsieur, ma femme a été enlevée hier matin, comme elle sortait de sa chambre de travail.-¡Pues bien! -prosiguió el burgués-. Pues bien señor, mi mujer ha sido raptada ayer por la mañana cuando salía de su cuarto de trabajo.
— Et par qui votre femme a-t-elle été enlevée?-¿Y quién ha raptado a vuestra mujer?
— Je n′en sais rien sûrement, monsieur, mais je soupçonne quelqu′un.-Con seguridad no sé nada, señor, pero sospecho de alguien.
— Et quelle est cette personne que vous soupçonnez?-¿Y quién es esa persona de la que sospecháis?
— Un homme qui la poursuivait depuis longtemps.-Un hombre que la perseguía desde hace tiempo.
— Diable!-¡Diablos!
— Mais voulez-vous que je vous dise, monsieur, continua le bourgeois, je suis convaincu, moi, qu′il y a moins d′amour que de politique dans tout cela.-Pero permitid que os diga, señor -prosiguió el burgués-, que estoy convencido de que en todo esto hay menos amor que política.
— Moins d′amour que de politique, reprit d′Artagnan d′un air fort réfléchi, et que soupçonnez-vous?-Menos amor que política -dijo D′Artagnan con un gesto pensativo-. ¿Y qué sospecháis?
— Je ne sais pas si je devrais vous dire ce que je soupçonne…-No sé si debería deciros lo que sospecho...
— Monsieur, je vous ferai observer que je ne vous demande absolument rien, moi. C′est vous qui êtes venu. C′est vous qui m′avez dit que vous aviez un secret à me confier. Faites donc à votre guise, il est encore temps de vous retirer.-Señor, os haré observar que yo no os pido absolutamente nada. Sois vos quien habéis venido. Sois vos quien me habéis dicho que tenéis un secreto que confiarme. Obrad, pues, a vuestro gusto, aún estáis a tiempo de retiraros.
— Non, monsieur, non; vous m′avez l′air d′un honnête jeune homme, et j′aurai confiance en vous. Je crois donc que ce n′est pas à cause de ses amours que ma femme a été arrêtée, mais à cause de celles d′une plus grande dame qu′elle.-No, señor, no; me parecéis un joven honesto, y tendré confianza en vos. Creo, pues, que mi mujer no ha sido detenida por sus amores, sino por los de una dama más importante que ella.
— Ah! ah! serait-ce à cause des amours de Mme de Bois-Tracy? fit d′Artagnan, qui voulut avoir l′air, vis-à-vis de son bourgeois, d′être au courant des affaires de la cour.-¡Ah ah! ¿No será por los amores de la señora de Bois-Tracy? -dijo D Artagnan, que quiso aparentar ante su burgués que estaba al corriente de los asuntos de la corte.
— Plus haut, monsieur, plus haut.-Más importante, señor más importante.
— De Mme d′Aiguillon?-¿De la señora D′Aiguillon?
— Plus haut encore.-Más importante todavía.
— De Mme de Chevreuse?-¿De la señora de Chevreuse?
— Plus haut, beaucoup plus haut!-¡Más alto, mucho más alto!
— De la… d′Artagnan s′arrêta.-De la... -D′Artagnan se detuvo.
— Oui, monsieur, répondit si bas, qu′à peine si on put l′entendre, le bourgeois épouvanté.-Sí, señor -respondió tan bajo que apenas se pudo oír al espantado burgués.
— Et avec qui?-¿Y con quién?
— Avec qui cela peut-il être, si ce n′est avec le duc de…-¿Con quién puede ser si no es con el duque de...
— Le duc de…-El duque de...
— Oui, monsieur! répondit le bourgeois, en donnant à sa voix une intonation plus sourde encore.-¡Sí, señor! -respondió el burgués dando a su voz una entonación más sorda todavía.
— Mais comment savez-vous tout cela, vous?-Pero ¿cómo sabéis vos todo eso?
— Ah! comment je le sais?-¡Ah! ¿Que cómo lo sé?
— Oui, comment le savez-vous? Pas de demi-confidence, ou… vous comprenez.-Sí, ¿cómo lo sabéis? Nada de confidencias a medias o... ¿Comprendéis?
— Je le sais par ma femme, monsieur, par ma femme elle-même.-Lo sé por mi mujer, señor por mi propia mujer.
— Qui le sait, elle, par qui?-Que lo sabe..., ¿por quién?
— Par M. de La Porte. Ne vous ai-je pas dit qu′elle était la filleule de M. de La Porte, l′homme de confiance de la reine? Eh bien, M. de La Porte l′avait mise près de Sa Majesté pour que notre pauvre reine au moins eût quelqu′un à qui se fier, abandonnée comme elle l′est par le roi, espionnée comme elle l′est par le cardinal, trahie comme elle l′est par tous.-Por el señor de La Porte. ¿No os he dicho que era la ahijada del señor de La Porte el hombre de confianza de la reina? Pues bien, el señor de La Porte la puso junto a Su Majestad para que nuestra pobre reina tuviera al menos alguien de quien fiarse, abandonada como está por el rey, espiada como está por el cardenal, traicionada como es por todos.
— Ah! ah! voilà qui se dessine, dit d′Artagnan.-¡Ah, ah! Ya se van concretando las cosas -dijo D′Artagnan.
— Or ma femme est venue il y a quatre jours, monsieur; une de ses conditions était qu′elle devait me venir voir deux fois la semaine; car, ainsi que j′ai eu l′honneur de vous le dire, ma femme m′aime beaucoup; ma femme est donc venue, et m′a confié que la reine, en ce moment-ci, avait de grandes craintes.-Mi mujer vino hace cuatro días, señor; una de sus condiciones era que vendría a verme dos veces por semana; porque, como tengo el honor de deciros, mi mujer me quiere mucho; mi mujer, pues vino y me confió que la reina, en aquel momento, tenía grandes temores.
— Vraiment?-¿De verdad?
— Oui, M. le cardinal, à ce qu′il paraît, la poursuit et la persécute plus que jamais. Il ne peut pas lui pardonner l′histoire de la sarabande. Vous savez l′histoire de la sarabande?-Sí, el señor cardenal, a lo que parece, la persigue y acosa más que nunca. No puede perdonarle la historia de la zarabanda. ¿Sabéis vos la historia de la zarabanda?
— Pardieu, si je la sais! répondit d′Artagnan, qui ne savait rien du tout, mais qui voulait avoir l′air d′être au courant.-Pardiez, claro que la sé -respondió D′Artagnan, que no sabía nada en absoluto, pero que quería aparentar estar al corriente.
— De sorte que, maintenant, ce n′est plus de la haine, c′est de la vengeance.-De suerte que ahora ya no es odio; es venganza.
— Vraiment?-¿De veras?
— Et la reine croit…-Y la reina cree...
— Eh bien, que croit la reine?-Y bien, ¿qué cree la reina?
— Elle croit qu′on a écrit à M. le duc de Buckingham en son nom.-Cree que han escrito al señor duque de Buckingham en su nombre.
— Au nom de la reine?-¿En nombre de la reina?
— Oui, pour le faire venir à Paris, et une fois venu à Paris, pour l′attirer dans quelque piège.-Sí, para hacerle venir a Paris, y una vez venido a Paris, para atraerle a alguna trampa.
— Diable! mais votre femme, mon cher monsieur, qu′a-t-elle à faire dans tout cela?-¡Diablo! Pero vuestra mujer, mi querido señor, ¿qué tiene que ver en todo esto?
— On connaît son dévouement pour la reine, et l′on veut ou l′éloigner de sa maîtresse, ou l′intimider pour avoir les secrets de Sa Majesté, ou la séduire pour se servir d′elle comme d′un espion.-Es conocida su adhesión a la reina, y se la quiere alejar de su ama, o intimidarla por estar al tanto de los secretos de Su Majestad, o seducirla para servirse de ella como espía.
— C′est probable, dit d′Artagnan; mais l′homme qui l′a enlevée, le connaissez-vous?-Es probable -dijo D′Artagnan-; pero al hombre que la ha raptado, ¿lo conocéis?
— Je vous ai dit que je croyais le connaître.-Os he dicho que creía conocerle.
— Son nom?-¿Su nombre?
— Je ne le sais pas; ce que je sais seulement, c′est que c′est une créature du cardinal, son âme damnée.-No lo sé; lo que únicamente sé es que es una criatura del cardenal, su instrumento ciego.
— Mais vous l′avez vu?-Pero ¿lo habéis visto?
— Oui, ma femme me l′a montré un jour.-Sí, mi mujer me lo ha mostrado un día.
— A-t-il un signalement auquel on puisse le reconnaître?-¿Tiene algunas señas por las que se le pueda reconocer?
— Oh! certainement, c′est un seigneur de haute mine, poil noir, teint basané, oeil perçant, dents blanches et une cicatrice à la tempe.-Por supuesto, es un señor de gran estatura, pelo negro, tez morena, mirada penetrante, dientes blancos y una cicatriz en la sien.
— Une cicatrice à la tempe! s′écria d′Artagnan, et avec cela dents blanches, oeil perçant, teint basané, poil noir, et haute mine; c′est mon homme de Meung!-¡Una cicatriz en la sien! -exclamó D′Artagnan-. Y además dientes blancos, mirada penetrante, tez morena, pelo negro y gran estatura. ¡Es mi hombre de Meung!
— C′est votre homme, dites-vous?-¿Es vuestro hombre, decís?
— Oui, oui; mais cela ne fait rien à la chose. Non, je me trompe, cela la simplifie beaucoup, au contraire: si votre homme est le mien, je ferai d′un coup deux vengeances, voilà tout; mais où rejoindre cet homme?-Sí, sí; pero esto no importa. No, me equivoco, esto simplifica mucho las cosas por el contrario; si vuestro hombre es el mío, ejecutaré dos venganzas de un golpe; eso es todo; pero ¿dónde coger a ese hombre?
— Je n′en sais rien.-No lo sé.
— Vous n′avez aucun renseignement sur sa demeure?-¿No tenéis ninguna información sobre su domicilio?
— Aucun; un jour que je reconduisais ma femme au Louvre, il en sortait comme elle allait y entrer, et elle me l′a fait voir.-Ninguna; un día que yo llevaba a mi mujer al Louvre, él salía al tiempo que ella iba a entrar, y me lo señaló.
— Diable! diable! murmura d′Artagnan, tout ceci est bien vague; par qui avez-vous su l′enlèvement de votre femme?-¡Diablo! ¡Diablo! -murmuró D′Artagnan-. Todo esto es muy vago. ¿Por quién habéis sabido el rapto de vuestra mujer?
— Par M. de La Porte.-Por el señor de La Porte.
— Vous a-t-il donné quelque détail?-¿Os ha dado algún detalle?
— Il n′en avait aucun.-El no tenía ninguno.
— Et vous n′avez rien appris d′un autre côté?-¿Y vos no habéis sabido nada por otro lado?
— Si fait, j′ai reçu…-Sí, he recibido...
— Quoi?-¿Qué?
— Mais je ne sais pas si je ne commets pas une grande imprudence?-Pero no sé si no cometo una gran imprudencia.
— Vous revenez encore là-dessus; cependant je vous ferai observer que, cette fois, il est un peu tard pour reculer.-¿Volvéis otra vez a las andadas? Sin embargo, os haré observar que esta vez es algo tarde para retrocedes.
— Aussi je ne recule pas, mordieu! s′écria le bourgeois en jurant pour se monter la tête. D′ailleurs, foi de Bonacieux…-Yo no retrocedo, voto a bríos -exclamó el burgués jurando para hacerse ilusiones-. Además, palabra de Bonacieux...
— Vous vous appelez Bonacieux? interrompit d′Artagnan.-Os llamáis Bonacieux? -le interrumpió D′Artagnan.
— Oui, c′est mon nom.-Sí, ése es mi nombre.
— Vous disiez donc: foi de Bonacieux! pardon si je vous ai interrompu; mais il me semblait que ce nom ne m′était pas inconnu.-Decíais, pues, ¡palabra de Bonacieux! Perdón si os he interrumpido; pero me parecía que ese nombre no me era desconocido.
— C′est possible, monsieur. Je suis votre propriétaire.-Es posible, señor. Yo soy vuestro casero.
— Ah! ah! fit d′Artagnan en se soulevant à demi et en saluant, vous êtes mon propriétaire?-¡Ah, ah! -dijo D′Artagnan semincorporándose y saludando-. ¿Sois mi casero?
— Oui, monsieur, oui. Et comme depuis trois mois que vous êtes chez moi, et que distrait sans doute par vos grandes occupations vous avez oublié de me payer mon loyer; comme, dis-je, je ne vous ai pas tourmenté un seul instant, j′ai pensé que vous auriez égard à ma délicatesse.-Sí, señor, sí. Y como desde hace tres meses estáis en mi casa, y como, distraído sin duda por vuestras importantes ocupaciones, os habéis olvidado de pagar mi alquiler, como, digo yo, no os he atormentado un solo instante, he pensado que tendríais en cuenta mi delicadeza.
— Comment donc! mon cher monsieur Bonacieux, reprit d′Artagnan, croyez que je suis plein de reconnaissance pour un pareil procédé, et que, comme je vous l′ai dit, si je puis vous être bon à quelque chose…-¡Cómo no, mi querido señor Bonacieux! -prosiguió D′Artagnan-. Creed que estoy plenamente agradecido por semejante proceder y que, como os he dicho, si puedo serviros en algo...
— Je vous crois, monsieur, je vous crois, et comme j′allais vous le dire, foi de Bonacieux, j′ai confiance en vous.-Os creo, señor, os creo, y como iba diciéndoos, palabra de Bonacieux, tengo confianza en vos.
— Achevez donc ce que vous avez commencé à me dire.»-Acabad, pues, lo que habéis comenzado a decirme.
Le bourgeois tira un papier de sa poche, et le présenta à d′Artagnan.El burgués sacó un papel de su bolsillo y lo presentó a D′Artagnan.
«Une lettre! fit le jeune homme.-¡Una carta! -dijo el joven.
— Que j′ai reçue ce matin.»-Que he recibido esta mañana.
D′Artagnan l′ouvrit, et comme le jour commençait à baisser, il s′approcha de la fenêtre. Le bourgeois le suivit.D′Artagnan la abrió, y como el día empezaba a declinar, se acercó a la ventana. El burgués le siguió.
«Ne cherchez pas votre femme, lut d′Artagnan, elle vous sera rendue quand on n′aura plus besoin d′elle. Si vous faites une seule démarche pour la retrouver, vous êtes perdu.»"No busquéis a vuestra mujer -leyó D′Artagnan-; os será devuelta cuando ya no haya necesidad de ella. Si dais un solo paso para encontrarla estáis perdido."
«Voilà qui est positif, continua d′Artagnan; mais après tout, ce n′est qu′une menace.-Desde luego es positivo -continuó D′Artagnan-; pero, después de todo, no es más que una amenaza.
— Oui, mais cette menace m′épouvante; moi, monsieur, je ne suis pas homme d′épée du tout, et j′ai peur de la Bastille.-Sí, peso esa amenaza me espanta; yo, señor, no soy un hombre de espada en absoluto; y le tengo miedo a la Bastilla.
— Hum! fit d′Artagnan; mais c′est que je ne me soucie pas plus de la Bastille que vous, moi. S′il ne s′agissait que d′un coup d′épée, passe encore.-¡Hum! -hizo D′Artagnan-. Pero es que yo temo la Bastilla tanto como vos. Si no se tratase más que de una estocada, pase todavía.
— Cependant, monsieur, j′avais bien compté sur vous dans cette occasion.-Sin embargo, señor, había contado con vos para esta ocasión.
— Oui?¿Sí?
— Vous voyant sans cesse entouré de mousquetaires à l′air fort superbe, et reconnaissant que ces mousquetaires étaient ceux de M. de Tréville, et par conséquent des ennemis du cardinal, j′avais pensé que vous et vos amis, tout en rendant justice à notre pauvre reine, seriez enchantés de jouer un mauvais tour à Son Éminence.-Al veros rodeado sin cesar de mosqueteros de aspecto magnífico y reconocer que esos mosqueteros eran los del señor de Tréville, y por consiguiente enemigos del cardenal, había pensado que vos y vuestros amigos, además de hacer justicia a nuestra pobre reina, estaríais encantados de jugarle una mala pasada a Su Eminencia.
— Sans doute.-Sin duda.
— Et puis j′avais pensé que, me devant trois mois de loyer dont je ne vous ai jamais parlé…-Y además había pensado que, debiéndome tres meses de alquiler de los que nunca os he hablado...
— Oui, oui, vous m′avez déjà donné cette raison, et je la trouve excellente.-Sí, sí, ya me habéis dado ese motivo, y lo encuentro excelente.
— Comptant de plus, tant que vous me ferez l′honneur de rester chez moi, ne jamais vous parler de votre loyer à venir…-Contando además con que, mientras me hagáis el honor de permanecer en mi casa, no os hablaré nunca de vuestro alquiler futuro...
— Très bien.-Muy bien.
— Et ajoutez à cela, si besoin est, comptant vous offrir une cinquantaine de pistoles si, contre toute probabilité, vous vous trouviez gêné en ce moment.-Y añadid a eso, si fuera necesario, que cuento con ofreceros una cincuentena de pistolas si, contra toda probabilidad, os hallarais en apuros en este momento.
— À merveille; mais vous êtes donc riche, mon cher monsieur Bonacieux?-De maravilla; pero entonces, ¿sois rico, mi querido señor Bonacieux?
— Je suis à mon aise, monsieur, c′est le mot; j′ai amassé quelque chose comme deux ou trois mille écus de rente dans le commerce de la mercerie, et surtout en plaçant quelques fonds sur le dernier voyage du célèbre navigateur Jean Mocquet; de sorte que, vous comprenez, monsieur… Ah! mais… s′écria le bourgeois.-Vivo con desahogo, señor, esa es la palabra; he amontonado algo así como dos o tres mil escudos de renta en el comercio de la mercería, y sobre todo colocado al unos fondos en el último viaje del célebre navegante Jean Mocquet de suerte que, como comprenderéis, señor... ¡Ah! Pero... -exclamó el burgués.
— Quoi? demanda d′Artagnan.-¿Qué? -preguntó D′Artagnan.
— Que vois-je là?-¿Qué veo ahî?
— Où?-¿Dónde?
— Dans la rue, en face de vos fenêtres, dans l′embrasure de cette porte: un homme enveloppé dans un manteau.-En la calle, frente a vuestras ventanas, en el hueco de aquella puerta: un hombre embozado en una capa.
— C′est lui! s′écrièrent à la fois d′Artagnan et le bourgeois, chacun d′eux en même temps ayant reconnu son homme.-¡Es él! -gritaron a la vez D′Artagnan y el burgués, reconociendo los dos al mismo tiempo a su hombre.
— Ah! cette fois-ci, s′écria d′Artagnan en sautant sur son épée, cette fois-ci, il ne m′échappera pas.»-¡Ah! Esta vez -exclamó D′Artagnan saltando sobre su espada-, esta vez no se me escapará.
Et tirant son épée du fourreau, il se précipita hors de l′appartement.Y sacando su espada de la vaina, se precipitó fuera del alojamiento.
Sur l′escalier, il rencontra Athos et Porthos qui le venaient voir. Ils s′écartèrent, d′Artagnan passa entre eux comme un trait.En la escalera encontró a Athos y Porthos que venían a verle. Se apartaron. D′Artagnan pasó entre ellos como una saeta.
«Ah çà, où cours-tu ainsi? lui crièrent à la fois les deux mousquetaires.-¡Vaya! ¿Adónde comes de ese modo? -le gritaron al mismo tiempo los dos mosqueteros.
— L′homme de Meung!» répondit d′Artagnan, et il disparut.-¡El hombre de Meung! -respondió D′Artagnan, y desapareció.
D′Artagnan avait plus d′une fois raconté à ses amis son aventure avec l′inconnu, ainsi que l′apparition de la belle voyageuse à laquelle cet homme avait paru confier une si importante missive.D′Artagnan había contado más de una vez a sus amigos su aventura con el desconocido, así como la aparición de la bella viajera a la que aquel hombre había parecido confiar una misiva tan importante.
L′avis d′Athos avait été que d′Artagnan avait perdu sa lettre dans la bagarre. Un gentilhomme, selon lui — et, au portrait que d′Artagnan avait fait de l′inconnu, ce ne pouvait être qu′un gentilhomme —, un gentilhomme devait être incapable de cette bassesse, de voler une lettre.La opinión de Athos había sido que D′Artagnan había perdido su carta en la pelea. Un gentilhombre, según él -y, por la descripción que D′Artagnan había hecho del desconocido, no podía ser más que un gentilhombre-, un gentilhombre debía ser incapaz de aquella bajeza, de robar una carta.
Porthos n′avait vu dans tout cela qu′un rendez-vous amoureux donné par une dame à un cavalier ou par un cavalier à une dame, et qu′était venu troubler la présence de d′Artagnan et de son cheval jaune.Porthos no había visto en todo aquello más que una cita amorosa dada por una dama a un caballero o por un caballero a una dama, y que había venido a turbar la presencia de D′Artagnan y de su caballo amarillo.
Aramis avait dit que ces sortes de choses étant mystérieuses, mieux valait ne les point approfondir.Aramis había dicho que esta clase de cosas, por ser misteriosas, más valía no profundizarlas.
Ils comprirent donc, sur les quelques mots échappés à d′Artagnan, de quelle affaire il était question, et comme ils pensèrent qu′après avoir rejoint son homme ou l′avoir perdu de vue, d′Artagnan finirait toujours par remonter chez lui, ils continuèrent leur chemin.Comprendieron, pues por algunas palabras escapadas a D′Artagnan, de qué asunto se trataba, y como pensaron que después de haber cogido a su hombre o haberlo perdido de vista, D′Artagnan terminaría por volver a subir a su casa, prosiguieron su camino.
Lorsqu′ils entrèrent dans la chambre de d′Artagnan, la chambre était vide: le propriétaire, craignant les suites de la rencontre qui allait sans doute avoir lieu entre le jeune homme et l′inconnu, avait, par suite de l′exposition qu′il avait faite lui- même de son caractère, jugé qu′il était prudent de décamper.Cuando entraron en la habitación de D′Artagnan, la habitación estaba vacía: el casero, temiendo las secuelas del encuentro que sin duda iba a tener lugar entre el joven y el desconocido, había juzgado, debido a la exposición que él mismo había hecho de su carácter, que era prudente poner pies en polvorosa.






CHAPITRE IX D′ARTAGNAN SE DESSINE

Capítulo IX -- D′Artagnan se perfila

Comme l′avaient prévu Athos et Porthos, au bout d′une demi-heure d′Artagnan rentra. Cette fois encore il avait manqué son homme, qui avait disparu comme par enchantement. D′Artagnan avait couru, l′épée à la main, toutes les rues environnantes, mais il n′avait rien trouvé qui ressemblât à celui qu′il cherchait, puis enfin il en était revenu à la chose par laquelle il aurait dû commencer peut-être, et qui était de frapper à la porte contre laquelle l′inconnu était appuyé; mais c′était inutilement qu′il avait dix ou douze fois de suite fait résonner le marteau, personne n′avait répondu, et des voisins qui, attirés par le bruit, étaient accourus sur le seuil de leur porte ou avaient mis le nez à leurs fenêtres, lui avaient assuré que cette maison, dont au reste toutes les ouvertures étaient closes, était depuis six mois complètement inhabitée.Como habían previsto Athos y Porthos, al cabo de una media hora D′Artagnan regresó. También esta vez había perdido a su hombre, que había desaparecido como por encanto. D′Artagnan había corrido, espada en mano, por todas las calles de alrededor, pero no había encontrado nada que se pareciese a aquel a quien buscaba; luego, por fin, había vuelto a aquello por lo que habría debido empezar quizá, y que era llamar a la puerta contra la que el desconocido se había apoyado; pero fue inútil que hubiera hecho sonar diez o doce veces seguidas la aldaba, nadie había respondido, y los vecinos que, atraídos por el ruido, habían acudido al umbral de su puerta o habían puesto las narices en sus ventanas, le habían asegurado que aquella casa, cuyos vanos por otra parte estaban cerrados, estaba desde hace seis meses completamente deshabitada.
Pendant que d′Artagnan courait les rues et frappait aux portes, Aramis avait rejoint ses deux compagnons, de sorte qu′en revenant chez lui, d′Artagnan trouva la réunion au grand complet.Mientras D′Artagnan corría por calles y llamaba a las puertas, Aramis se había reunido con sus dos compañeros, de suerte que, al volver a su casa, D′Artagnan encontró la reunión al completo.
«Eh bien? dirent ensemble les trois mousquetaires en voyant entrer d′Artagnan, la sueur sur le front et la figure bouleversée par la colère.-¿Y bien? -dijeron a una los tres mosqueteros al ver entrar a D′Artagnan con el sudor en la frente y el rostro alterado por la cólera
— Eh bien, s′écria celui-ci en jetant son épée sur le lit, il faut que cet homme soit le diable en personne; il a disparu comme un fantôme, comme une ombre, comme un spectre.-¡Y bien! -exclamó éste arrojando la espada sobre la cama-. Ese hombre tiene que ser el diablo en persona; ha desaparecido como un fantasma, como una sombra, como un espectro.
— Croyez-vous aux apparitions? demanda Athos à Porthos.-¿Creéis en las apariciones? -le preguntó Athos a Porthos.
— Moi, je ne crois que ce que j′ai vu, et comme je n′ai jamais vu d′apparitions, je n′y crois pas.-Yo no creo más que en lo que he visto, y como nunca he visto apariciones, no creo en ellas.
— La Bible, dit Aramis, nous fait une loi d′y croire: l′ombre de Samuel apparut à Saül, et c′est un article de foi que je serais fâché de voir mettre en doute, Porthos.-La Biblia -dijo Aramis- hace ley el creer en ellas; la sombra de Samuel se apareció a Saúl y es un artículo de fe que me molestaría ver puesto en duda, Porthos.
— Dans tous les cas, homme ou diable, corps ou ombre, illusion ou réalité, cet homme est né pour ma damnation, car sa fuite nous fait manquer une affaire superbe, messieurs, une affaire dans laquelle il y avait cent pistoles et peut-être plus à gagner.-En cualquier caso, hombre o diablo, cuerpo o sombra, ilusión o realidad, ese hombre ha nacido para mi condenación, porque su fuga nos hace fallar un asunto soberbio, señores, un asunto en el que había cien pistolas y quizá más para ganar.
— Comment cela?» dirent à la fois Porthos et Aramis.-¿Cómo? -dijeron a la vez Porthos y Aramis.
Quant à Athos, fidèle à son système de mutisme, il se contenta d′interroger d′Artagnan du regard.En cuanto a Athos, fiel a su sistema de mutismo, se contentó con interrogar a D′Artagnan con la mirada.
«Planchet, dit d′Artagnan à son domestique, qui passait en ce moment la tête par la porte entrebâillée pour tâcher de surprendre quelques bribes de la conversation, descendez chez mon propriétaire, M. Bonacieux, et dites-lui de nous envoyer une demi- douzaine de bouteilles de vin de Beaugency: c′est celui que je préfère.-Planchet -dijo D′Artagnan a su criado, que pasaba en aquel momento la cabeza por la puerta entreabierta para tratar de sorprender algunas migajas de la conversación-, bajad a casa de mi casero, el señor Bonacieux, y decidle que nos envíe media docena de botellas de vino de Beaugency: es el que prefiero.
— Ah çà, mais vous avez donc crédit ouvert chez votre propriétaire? demanda Porthos.-¡Vaya! ¿Es que tenéis crédito con vuestro casero? -preguntó Porthos.
— Oui, répondit d′Artagnan, à compter d′aujourd′hui, et soyez tranquilles, si son vin est mauvais, nous lui en enverrons quérir d′autre.-Sí -respondió D′Artagnan-, desde hoy. Y estad tranquilos, que, si su vino es malo, le enviaremos a buscar otro.
— Il faut user et non abuser, dit sentencieusement Aramis.-Hay que usar y no abusar -dijo silenciosamente Aramis.
— J′ai toujours dit que d′Artagnan était la forte tête de nous quatre, fit Athos, qui, après avoir émis cette opinion à laquelle d′Artagnan répondit par un salut, retomba aussitôt dans son silence accoutumé.-Siempre he dicho que D′Artagnan era la cabeza fuerte de nosotros cuatro -dijo Athos, quien, despues de haber emitido esta opinión, a la que D′Artagnan respondió con un saludo, cayó al punto en su silencio acostumbrado.
— Mais enfin, voyons, qu′y a-t-il? demanda Porthos.-Pero, en fin, veamos, ¿qué pasa? -preguntó Porthos.
— Oui, dit Aramis, confiez-nous cela, mon cher ami, à moins que l′honneur de quelque dame ne se trouve intéressé à cette confidence, à ce quel cas vous feriez mieux de la garder pour vous.-Sí -dijo Aramis--, confiádnoslo, mi querido amigo, a no ser que el honor de alguna dama se halle interesado por esa confidencia, en cuyo caso haríais mejor guardándola para vos.
— Soyez tranquilles, répondit d′Artagnan, l′honneur de personne n′aura à se plaindre de ce que j′ai à vous dire.»-Tranquilizaos -respondió D′Artagnan-, ningún honor tendrá que quejarse de lo que tengo que deciros.
Et alors il raconta mot à mot à ses amis ce qui venait de se passer entre lui et son hôte, et comment l′homme qui avait enlevé la femme du digne propriétaire était le même avec lequel il avait eu maille à partir à l′hôtellerie du Franc Meunier.Y entonces contó a sus amigos palabra por palabra lo que acababa de ocurrir entre él y su huésped, y cómo el hombre que había raptado a la mujer del digno casero era el mismo con el que había tenido que disputar en la hostería del Franc Meunier.
«Votre affaire n′est pas mauvaise, dit Athos après avoir goûté le vin en connaisseur et indiqué d′un signe de tête qu′il le trouvait bon, et l′on pourra tirer de ce brave homme cinquante à soixante pistoles. Maintenant, reste à savoir si cinquante à soixante pistoles valent la peine de risquer quatre têtes.-Vuestro asunto no es malo -dijo Athos después de haber degustado el vino como experto a indicado con un signo de cabeza que lo encontraba bueno-, y se podrá sacar de ese buen hombre de cincuenta a sesenta pistolas. Ahora queda por saber si cincuenta o sesenta pistolas valen la pena de arriesgar cuatro cabezas.
— Mais faites attention, s′écria d′Artagnan qu′il y a une femme dans cette affaire, une femme enlevée, une femme qu′on menace sans doute, qu′on torture peut-être, et tout cela parce qu′elle est fidèle à sa maîtresse!-Pero prestad atención -exclamó D′Artagnan-, hay una mujer en este asunto, una mujer raptada, una mujer a la que sin duda se amenaza, a la que quizá se tortura, y todo ello porque es fiel a su ama.
— Prenez garde, d′Artagnan, prenez garde, dit Aramis, vous vous échauffez un peu trop, à mon avis, sur le sort de Mme Bonacieux. La femme a été créée pour notre perte, et c′est d′elle que nous viennent toutes nos misères.»-Tened cuidado, D′Artagnan, tened cuidado -dijo Aramis-, os acaloráis demasiado, en mi opinión, por la suerte de la señora Bonacieux. La mujer ha sido creada para nuestra perdición, y de ella es de donde nos vienen todas nuestras miserias.
Athos, à cette sentence d′Aramis, fronça le sourcil et se mordit les lèvres.A esta sentencia de Aramis, Athos frunció el ceño y se mordió los labios.
«Ce n′est point de Mme Bonacieux que je m′inquiète, s′écria d′Artagnan, mais de la reine, que le roi abandonne, que le cardinal persécute, et qui voit tomber, les unes après les autres, les têtes de tous ses amis.-No me inquieto por la señora Bonacieux -exclamó D′Artagnan-, sino por la reina, a quien el rey abandona, a quien el cardenal persigue y que ve caer, una tras otra, las cabezas de todos sus amigos.
— Pourquoi aime-t-elle ce que nous détestons le plus au monde, les Espagnols et les Anglais?-¿Por qué ella ama lo que más detestamos del mundo, a los españoles y a los ingleses?
— L′Espagne est sa patrie, répondit d′Artagnan, et il est tout simple qu′elle aime les Espagnols, qui sont enfants de la même terre qu′elle. Quant au second reproche que vous lui faites, j′ai entendu dire qu′elle aimait non pas les Anglais, mais un Anglais.-España es su patria -respondió D′Artagnan-, y es muy lógico que ame a los españoles, que son hijos de la misma tierra que ella. En cuanto al segundo reproche que le hacéis, he oído decir que no amaba a los ingleses, sino a un inglés.
— Eh! ma foi, dit Athos, il faut avouer que cet Anglais était bien digne d′être aimé. Je n′ai jamais vu un plus grand air que le sien.-¡Y a fe mía -dijo Athos- hay que confesar que ese inglés es bien digno de ser amado! Jamás he visto mayor estilo que el suyo.
— Sans compter qu′il s′habille comme personne, dit Porthos. J′étais au Louvre le jour où il a semé ses perles, et pardieu! j′en ai ramassé deux que j′ai bien vendues dix pistoles pièce. Et toi, Aramis, le connais-tu?-Sin contar con que se viste como nadie -dijo Porthos-. Estaba yo en el Louvre el día en que esparció sus perlas, y, ipardiez!, yo cogí dos que vendí por diez pistolas la pieza. Y tú, Aramis, ¿le conoces?
— Aussi bien que vous, messieurs, car j′étais de ceux qui l′ont arrêté dans le jardin d′Amiens, où m′avait introduit M. de Putange, l′écuyer de la reine. J′étais au séminaire à cette époque, et l′aventure me parut cruelle pour le roi.-Tan bien como vosotros, señores, porque yo era uno de aquellos a los que se detuvo en el jardín de Amiens, donde me había introducido el señor de Putange, el caballerizo de la reina. En aquella época yo estaba en el seminario, y la aventura me pareció cruel para el rey.
— Ce qui ne m′empêcherait pas, dit d′Artagnan, si je savais où est le duc de Buckingham, de le prendre par la main et de le conduire près de la reine, ne fût-ce que pour faire engager M. le cardinal; car notre véritable, notre seul, notre éternel ennemi, messieurs, c′est le cardinal, et si nous pouvions trouver moyen de lui jouer quelque tour bien cruel, j′avoue que j′y engagerais volontiers ma tête.-Lo cual no me impediría -dijo D′Artagnan-, si supiera dónde está el duque de Buckingham, cogerle por la mano y conducirle junto a la reina, aunque no fuera más que para hacer rabiar al señor cardenal; porque nuestro verdadero, nuestro único, nuestro eterno enemigo, señores, es el cardenal, y si pudiéramos encontrar un medio de jugarle alguna pasada cruel, confieso que comprometería de buen grado micabeza.
— Et, reprit Athos, le mercier vous a dit, d′Artagnan, que la reine pensait qu′on avait fait venir Buckingham sur un faux avis?-Y el mercero, D′Artagnan -prosiguió Athos-, ¿os ha dicho que la reina pensaba que se había hecho venir a Buckingham con un falso aviso?
— Elle en a peur.-Eso teme ella.
— Attendez donc, dit Aramis.-Esperad -dijo Aramis.
— Quoi? demanda Porthos.-¿Qué? -preguntó Porthos.
— Allez toujours, je cherche à me rappeler des circonstances.-Seguid, seguid, trato de acordarme de las circunstancias.
— Et maintenant je suis convaincu, dit d′Artagnan, que l′enlèvement de cette femme de la reine se rattache aux événements dont nous parlons, et peut-être à la présence de M. de Buckingham à Paris.-Y ahora estoy convencido -dijo D′Artagnan-, de que el rapto de esa mujer de la reina está relacionado con los acontecimientos de que hablamos, y quizá con la presencia de Buckingham en Paris.
— Le Gascon est plein d′idées, dit Porthos avec admiration.-El gascón está lleno de ideas -dijo Porthos con admiración.
— J′aime beaucoup l′entendre parler, dit Athos, son patois m′amuse.-Me gusta mucho oírle hablar -dijo Athos-, su patoisme divierte.
— Messieurs, reprit Aramis, écoutez ceci.-Señores -prosiguió Aramis-, escuchad esto.
— Écoutons Aramis, dirent les trois amis.-Escuchemos a Aramis -dijeron los tres amigos.
— Hier je me trouvais chez un savant docteur en théologie que je consulte quelquefois pour mes études…»-Ayer me encontraba yo en casa de un sabio doctor en teología al que consulto a veces por mis estudios...
Athos sourit.Athos sonrió.
«Il habite un quartier désert, continua Aramis: ses goûts, sa profession l′exigent. Or, au moment où je sortais de chez lui…»-Vive en un barrio desierto -continuó Aramis-, sus gustos, su profesión lo exigen. Y en el momento en que yo salía de su casa...
Ici Aramis s′arrêta.-¿Y bien? -preguntaron sus oyentes-.
«Eh bien? demandèrent ses auditeurs, au moment où vous sortiez de chez lui?»¿En el momento en que salíais de su casa?
Aramis parut faire un effort sur lui-même, comme un homme qui, en plein courant de mensonge, se voit arrêter par quelque obstacle imprévu; mais les yeux de ses trois compagnons étaient fixés sur lui, leurs oreilles attendaient béantes, il n′y avait pas moyen de reculer.Aramis pareció hacer un esfuerzo sobre sí mismo, como un hombre que, en plena corriente de mentira, se ve detener por un obstáculo imprevisto; pero los ojos de sus tres compañeros estaban fijos en él, sus orejas esperaban abiertas, no había medio de retroceder.
«Ce docteur a une nièce, continua Aramis.-Ese doctor tiene una nieta -continuó Aramis.
— Ah! il a une nièce! interrompit Porthos.-¡Ah! ¡Tiene una nieta! -interrumpió Porthos.
— Dame fort respectable», dit Aramis.-Dama muy respetable -dijo Aramis.
Les trois amis se mirent à rire.Los tres amigos se pusieron a reír.
«Ah! si vous riez ou si vous doutez, reprit Aramis, vous ne saurez rien.-¡Ah, si os reís o si dudáis -prosiguió Aramis-, no sabréis nada!
— Nous sommes croyants comme des mahométistes et muets comme des catafalques, dit Athos.-Somos creyentes como mahometanos y mudos como catafalcos . -dijo Athos.
— Je continue donc, reprit Aramis. Cette nièce vient quelquefois voir son oncle; or elle s′y trouvait hier en même temps que moi, par hasard, et je dus m′offrir pour la conduire à son carrosse.-Entonces continúo -prosiguió Aramis-. Esa nieta viene a veces a ver a su tío; y ayer ella, por casualidad, se encontraba allí al mismo tiempo que yo, y tuve que ofrecerme para conducirla a su carroza.
— Ah! elle a un carrosse, la nièce du docteur? interrompit Porthos, dont un des défauts était une grande incontinence de langue; belle connaissance, mon ami.-¡Ah! ¿Tiene una carroza la nieta del doctor? -interrumpió Porthos, uno de cuyos defectos era una gran incontinencia de lengua-. Buen conocimiento, amigo mío.
— Porthos, reprit Aramis, je vous ai déjà fait observer plus d′une fois que vous êtes fort indiscret, et que cela vous nuit près des femmes.-Porthos -prosiguió Aramis-, ya os he hecho notar más de una vez que sois muy indiscreto, y que eso os perjudica con las mujeres.
— Messieurs, messieurs, s′écria d′Artagnan, qui entrevoyait le fond de l′aventure, la chose est sérieuse; tâchons donc de ne pas plaisanter si nous pouvons. Allez, Aramis, allez.-Señores, señores -exclamó D′Artagnan, que entreveía el fondo de la aventura-, la cosa es seria; tratemos, pues, de no bromear si podemos. Seguid, Aramis, seguid.
— Tout à coup, un homme grand, brun, aux manières de gentilhomme…, tenez, dans le genre du vôtre, d′Artagnan.-De pronto, un hombre alto, moreno, con ademanes de gentilhombre..., vaya, de la clase del vuestro, D′Artagnan.
— Le même peut-être, dit celui-ci.-El mismo quizá -dijo éste.
— C′est possible, continua Aramis,… s′approcha de moi, accompagné de cinq ou six hommes qui le suivaient à dix pas en arrière, et du ton le plus poli: "Monsieur le duc, me dit-il, et vous, madame", continua-t-il en s′adressant à la dame que j′avais sous le bras…-Es posible... -continuó Aramis- se acercó a mí, acompañado por cinco o seis hombres que le seguían diez pasos atrás, y con el tono más cortés me dijo: "Señor duque, y vos madame", continuó dirigiéndose a la dama a la que yo llevaba del brazo...
— À la nièce du docteur?-¿A la nieta del doctor?
— Silence donc, Porthos! dit Athos, vous êtes insupportable.-¡Silencio, Porthos! -dijo Athos-. Sois insoportable.
— Veuillez monter dans ce carrosse, et cela sans essayer la moindre résistance, sans faire le moindre bruit.»-"Haced el favor de subir en esa carroza, y eso sin tratar de poner la menor resistencia, sin hacer el menor ruido."
— Il vous avait pris pour Buckingham! s′écria d′Artagnan.- Os había tomado por Buckingham! -exclamó D′Artagnan.
— Je le crois, répondit Aramis.-Eso creo -respondió Aramis.
— Mais cette dame? demanda Porthos.-Pero ¿y la dama? -preguntó Porthos.
— Il l′avait prise pour la reine! dit d′Artagnan.-¡La había tomado por la reina! -dijo D′Artagnan.
— Justement, répondit Aramis.-Exactamente -respondió Aramis.
— Le Gascon est le diable! s′écria Athos, rien ne lui échappe.-¡El gascón es el diablo! -exclamó Athos-. Nada se le escapa.
— Le fait est, dit Porthos, qu′Aramis est de la taille et a quelque chose de la tournure du beau duc; mais cependant, il me semble que l′habit de mousquetaire…-El hecho es -dijo Porthos- que Aramis es de la estatura y tiene algo de porte del hermoso duque; pero, sin embargo, me parece que el traje de mosquetero...
— J′avais un manteau énorme, dit Aramis.-Yo tenía una capa enorme -dijo Aramis.
— Au mois de juillet, diable! fit Porthos, est-ce que le docteur craint que tu ne sois reconnu?-En el mes de julio, ¡diablos! -dijo Porthos-. ¿Es que el doctor teme que seas reconocido?
— Je comprends encore, dit Athos, que l′espion se soit laissé prendre par la tournure; mais le visage…-Me cabe en la cabeza incluso -dijo Athos- que el espía se haya dejado engañar por el porte; pero el rostro...
— J′avais un grand chapeau, dit Aramis.-Yo llevaba un gran sombrero -dijo Aramis.
— Oh! mon Dieu, s′écria Porthos, que de précautions pour étudier la théologie!-¡Dios mío, cuántas precauciones para estudiar teología!
— Messieurs, messieurs, dit d′Artagnan, ne perdons pas notre temps à badiner; éparpillons-nous et cherchons la femme du mercier, c′est la clef de l′intrigue.-Señores, señores -dijo D′Artagnan-, no perdamos nuestro tiempo bromeando; dividámonos y busquemos a la mujer del mercero, es la llave de la intriga.
— Une femme de condition si inférieure! vous croyez, d′Artagnan? fit Porthos en allongeant les lèvres avec mépris.-¡Una mujer de condición tan inferior! ¿Lo creéis, D′Artagnan? --preguntó Porthos estirando los labios con desprecio.
— C′est la filleule de La Porte, le valet de confiance de la reine. Ne vous l′ai-je pas dit, messieurs? Et d′ailleurs, c′est peut-être un calcul de Sa Majesté d′avoir été, cette fois, chercher ses appuis si bas. Les hautes têtes se voient de loin, et le cardinal a bonne vue.-Es la ahijada de La Porte, el ayuda de cámara de confianza de la reina. ¿No os lo he dicho, señores.Y además, quizá sea un cálculo de Su Majestad haber ido, en esta ocasión, a buscar sus apoyos tan bajo. Las altas cabezas se ven de lejos, y el cardenal tiene buena vista.
— Eh bien, dit Porthos, faites d′abord prix avec le mercier, et bon prix.-¡Y bien! -dijo Porthos-. Arreglad primero precio con el mercero, y buen precio.
— C′est inutile, dit d′Artagnan, car je crois que s′il ne nous paie pas, nous serons assez payés d′un autre côté.»-Es inútil -dijo D′Artagnan- porque creo que, si no nos paga, quedaremos suficientemente pagados por otro lado.
En ce moment, un bruit précipité de pas retentit dans l′escalier, la porte s′ouvrit avec fracas, et le malheureux mercier s′élança dans la chambre où se tenait le conseil.En aquel momento, un ruido precipitado resonó en la escalera, la puerta se abrió con estrépito y el malhadado mercero se abalanzó en la habitación donde se celebraba el consejo.
«Ah! messieurs, s′écria-t-il, sauvez-moi, au nom du Ciel, sauvez- moi! Il y a quatre hommes qui viennent pour m′arrêter; sauvez-moi, sauvez-moi!»-¡Ah, señores! -exclamó- ¡Salvadme, en nombre del cielo, salvadme! Hay cuatro hombres que vienen para detenerme! ¡Salvadme, salvadme!
Porthos et Aramis se levèrent.Porthos y Aramis se levantaron.
«Un moment, s′écria d′Artagnan en leur faisant signe de repousser au fourreau leurs épées à demi tirées; un moment, ce n′est pas du courage qu′il faut ici, c′est de la prudence.-Un momento -exclamó D′Artagnan haciéndoles señas de que devolviesen a la vaina sus espadas medio sacadas-; un momento, no es valor lo que aquí se necesita, es prudencia.
— Cependant, s′écria Porthos, nous ne laisserons pas…-Sin embargo -exclamó Porthos-, no dejaremos...
— Vous laisserez faire d′Artagnan, dit Athos, c′est, je le répète, la forte tête de nous tous, et moi, pour mon compte, je déclare que je lui obéis. Fais ce que tu voudras, d′Artagnan.»-Vos dejaréis hacer a D′Artagnan -dijo Athos-; es, lo repito, la cabeza fuerte de todos nosotros, y por lo que a mí se refiere, declaro que yo le obedezco. Haz lo que quieras, D′Artagnan.
En ce moment, les quatre gardes apparurent à la porte de l′antichambre, et voyant quatre mousquetaires debout et l′épée au côté, hésitèrent à aller plus loin.En aquel momento, los cuatro guardias aparecieron a la puerta de la antecámara, y al ver a cuatro mosqueteros en pie y con la espada en el costado, dudaron seguir adelante.
«Entrez, messieurs, entrez, cria d′Artagnan; vous êtes ici chez moi, et nous sommes tous de fidèles serviteurs du roi et de M. le cardinal.-Entrad, señores, entrad -gritó D′Artagnan-, aquí estáis en mi casa, y todos nosotros somos fieles servidores del rey y del señor cardenal.
— Alors, messieurs, vous ne vous opposerez pas à ce que nous exécutions les ordres que nous avons reçus? demanda celui qui paraissait le chef de l′escouade.-¿Entonces, señores, no os opondréis a que ejecutemos las órdenes que hemos recibido? -preguntó aquel que parecía el jefe de la cuadrilla.
— Au contraire, messieurs, et nous vous prêterions main-forte, si besoin était.-Al contrario, señores, y os echaríamos una mano si fuera necesario.
— Mais que dit-il donc? marmotta Porthos.-Pero ¿qué dice? -masculló Porthos.
— Tu es un niais, dit Athos, silence!-Eres un necio -dijo Athos-. ¡Silencio!
— Mais vous m′avez promis…, dit tout bas le pauvre mercier.-Pero me habéis prometido... -dijo en voz baja el pobre mercero.
— Nous ne pouvons vous sauver qu′en restant libres, répondit rapidement et tout bas d′Artagnan, et si nous faisons mine de vous défendre, on nous arrête avec vous.-No podemos salvaros más que estando libres -respondió rápidamente y en voz baja D′Artagnan-, y si hiciéramos ademán de defenderos, se nos detendría con vos.
— Il me semble, cependant…-Me parece, sin embargo...
— Venez, messieurs, venez, dit tout haut d′Artagnan; je n′ai aucun motif de défendre monsieur. Je l′ai vu aujourd′hui pour la première fois, et encore à quelle occasion, il vous le dira lui- même, pour me venir réclamer le prix de mon loyer. Est-ce vrai, monsieur Bonacieux? Répondez!-Adelante, señores, adelante -dijo en voz alts D′Artagnan-, no tengo ningún motivo para defender al señor. Le he visto hoy por primera vez, y ¡en qué ocasión! El mismo os la dirá: para venir a reclamarme el precio de mi alquiler. ¿Es c¡erto, señor Bonacieux? ¡Responded!
— C′est la vérité pure, s′écria le mercier, mais monsieur ne vous dit pas…-Es la verdad pura -exclamó el mercero-, pero el señor no os dice...
— Silence sur moi, silence sur mes amis, silence sur la reine surtout, ou vous perdriez tout le monde sans vous sauver. Allez, allez, messieurs, emmenez cet homme!»-Silencio sobre mí, silencio sobre mis amigos, silencio sobre la reina sobre todo, o perderéis a todo el mundo sin salvaros. ¡Vamos, vamos, señores, llevaos a este hombre!
Et d′Artagnan poussa le mercier tout étourdi aux mains des gardes, en lui disant:Y D Artagnan empujó al mercero todo aturdido a las manos de los guardias, diciéndole:
«Vous êtes un maraud, mon cher; vous venez me demander de l′argent, à moi! à un mousquetaire! En prison, messieurs, encore une fois, emmenez-le en prison et gardez-le sous clef le plus longtemps possible, cela me donnera du temps pour payer.»-Sois un tunante querido. ¡Venir a pedirme dinero a mí, a un mosquetero! ¡A prisión, señores, una vez más, llevadle a prisión, y guardadle bajo llave el mayor tiempo posible, eso me dará tiempo para pagar!
Les sbires se confondirent en remerciements et emmenèrent leur proie.Los esbirros se confundieron en agradecimientos y se llevaron su presa.
Au moment où ils descendaient, d′Artagnan frappa sur l′épaule du chef:En el momento en que bajaban, D′Artagnan palmoteó sobre el hombro del jefe:
«Ne boirai-je pas à votre santé et vous à la mienne? dit-il, en remplissant deux verres du vin de Beaugency qu′il tenait de la libéralité de M. Bonacieux.-¿Y no beberé yo a vuestra salud y vos a la mía? -dijo llenando dos vasos de vino de Béaugency que tenía gracias a la liberalidad del señor Bonacieux.
— Ce sera bien de l′honneur pour moi, dit le chef des sbires, et j′accepte avec reconnaissance.-Será para mí un gran honor -dijo el jefe de los esbirros-, y acepto con gratitud.
— Donc, à la vôtre, monsieur… comment vous nommez-vous?-Entonces, a la vuestra, señor... ¿cómo os llamáis?
— Boisrenard.-Boisrenad.
— Monsieur Boisrenard!-¡Señor Boisrenard!
— À la vôtre, mon gentilhomme: comment vous nommez-vous, à votre tour, s′il vous plaît?-¡A la vuestra, mi gentilhombre! ¿A vuestra vez, cómo os llamáis, si os place?
— D′Artagnan.-D Artagnan.
— À la vôtre, monsieur d′Artagnan!-¡A la vuestra, señor D′Artagnan!
— Et par-dessus toutes celles-là, s′écria d′Artagnan comme emporté par son enthousiasme, à celle du roi et du cardinal.»-¡Y por encima de todas éstas -exclamó D′Artagnan como arrebatado por su entusiasmo-, a la del rey y del cardenal!
Le chef des sbires eût peut-être douté de la sincérité de d′Artagnan, si le vin eût été mauvais; mais le vin était bon, il fut convaincu.Quizá el jefe de los esbirros hubiera dudado de la sinceridad de D′Artagnan si el vino hubiera sido malo, pero al ser bueno el vino, se quedó convencido.
«Mais quelle diable de vilenie avez-vous donc faite là? dit Porthos lorsque l′alguazil en chef eut rejoint ses compagnons, et que les quatre amis se retrouvèrent seuls. Fi donc! quatre mousquetaires laisser arrêter au milieu d′eux un malheureux qui crie à l′aide! Un gentilhomme trinquer avec un recors!-Pero ¿qué diablo de villanía habéis hecho? -dijo Porthos cuando el aguacil en jefe se hubo reunido con sus compañeros y los cuatro amigos se encontraron solos-. ¡Vaya! ¡Cuatro mosqueteros dejan arrestar en medio de ellos a un desgraciado que pide ayuda! ¡Un gentilhombre brindar con un corchete!
— Porthos, dit Aramis, Athos t′a déjà prévenu que tu étais un niais, et je me range de son avis. D′Artagnan, tu es un grand homme, et quand tu seras à la place de M. de Tréville, je te demande ta protection pour me faire avoir une abbaye.-Porthos -dijo Aramis-, ya Athos lo ha prevenido que eras un necio, y yo soy de su opinión. D′Artagnan, eres un gran hombre, y para cuando estés en el puesto del señor de Tréville, pido tu protección para conseguir tener una abadía.
— Ah çà, je m′y perds, dit Porthos, vous approuvez ce que d′Artagnan vient de faire?-¡Maldita sea! No lo entiendo -dijo Porthos-. ¿Aprobáis lo que D′Artagnan acaba de hacer?
— Je le crois parbleu bien, dit Athos; non seulement j′approuve ce qu′il vient de faire, mais encore je l′en félicite.-Claro que sí -dijo Athos-; y no solamente apruebo lo que acaba de hacer, sino que incluso le felicito por ello.
— Et maintenant, messieurs, dit d′Artagnan sans se donner la peine d′expliquer sa conduite à Porthos, tous pour un, un pour tous, c′est notre devise, n′est-ce pas?-Y ahora, señores -dijo D′Artagnan sin tomarse el trabajo de explicar su conducta a Porthos-, todos para uno y uno para todos, esa es nuestra divisa, ¿no es as¡?
— Cependant… dit Porthos.-Pero... -dijo Porthos.
— Étends la main et jure!» s′écrièrent à la fois Athos et Aramis.-¡Extiende la mano y jura! -gritaron a la vez Athos y Aramis.
Vaincu par l′exemple, maugréant tout bas, Porthos étendit la main, et les quatre amis répétèrent d′une seule voix la formule dictée par d′Artagnan:Vencido por el ejemplo, rezongando por lo bajo, Porthos extendió la mano y los cuatro amigos repitieron a un solo grito la fórmula dictada por D′Artagnan:
«Tous pour un, un pour tous.»"Todos para uno, uno para todos."
«C′est bien, que chacun se retire maintenant chez soi, dit d′Artagnan comme s′il n′avait fait autre chose que de commander toute sa vie, et attention, car à partir de ce moment, nous voilà aux prises avec le cardinal.»-Está bien, que cada cual se retire ahora a su casa -dijo D′Artagnan como si no hubiera hecho otra cosa en toda su vida que ordenar-, y atención, porque a partir de este momento, henos aquí enfrentados al cardenal.






CHAPITRE X -- UNE SOURICIÈRE AU XVIIe SIÈCLE

Capítulo X -- Una ratonera en el siglo XVII

L′invention de la souricière ne date pas de nos jours; dès que les sociétés, en se formant, eurent inventé une police quelconque, cette police, à son tour, inventa les souricières.La invención de la ratonera no data de nuestros días; cuando las sociedades, al formarse, inventaron un tipo de policía cualquiera, esta policía, a su vez, inventó las ratoneras.
Comme peut-être nos lecteurs ne sont pas familiarisés encore avec l′argot de la rue de Jérusalem, et que c′est, depuis que nous écrivons — et il y a quelque quinze ans de cela —, la première fois que nous employons ce mot appliqué à cette chose, expliquons- leur ce que c′est qu′une souricière.Como quizá nuestros lectores no estén familiarizado aún con el argot de la calle de Jérusalem, y como desde que escribimos -y hace ya unos quince años de esto- es ésta la primera vez que empleamos esa palabra aplicada a esa cosa, expliquémosles lo que es una ratonera.
Quand, dans une maison quelle qu′elle soit, on a arrêté un individu soupçonné d′un crime quelconque, on tient secrète l′arrestation; on place quatre ou cinq hommes en embuscade dans la première pièce, on ouvre la porte à tous ceux qui frappent, on la referme sur eux et on les arrête; de cette façon, au bout de deux ou trois jours, on tient à peu près tous les familiers de l′établissement.Cuando, en una casa cualquiera, se ha detenido a un individuo sospechoso de un crimen cualquiera, se mantiene en secreto el arresto; se ponen cuatro o cinco hombres emboscados en la primera pieza, se abre la puerta a cuantos llaman, se la cierra tras ellos y se los detiene; de esta forma, al cabo de dos o tres días, se tiene a casi todos los habituales del establecimiento.
Voilà ce que c′est qu′une souricière.He ahí lo que es una ratonera.
On fit donc une souricière de l′appartement de maître Bonacieux, et quiconque y apparut fut pris et interrogé par les gens de M. le cardinal. Il va sans dire que, comme une allée particulière conduisait au premier étage qu′habitait d′Artagnan, ceux qui venaient chez lui étaient exemptés de toutes visites.Se hizo, pues, una ratonera de la vivienda de maese Bonacieux, y todo aquel que apareció fue detenido a interrogado por las gentes del señor cardenal. Excusamos decir que, como un camino particular conducía al primer piso que habitaba D′Artagnan, los que venían a su casa eran exceptuados entre todas las visitas.
D′ailleurs les trois mousquetaires y venaient seuls; ils s′étaient mis en quête chacun de son côté, et n′avaient rien trouvé, rien découvert. Athos avait été même jusqu′à questionner M. de Tréville, chose qui, vu le mutisme habituel du digne mousquetaire, avait fort étonné son capitaine. Mais M. de Tréville ne savait rien, sinon que, la dernière fois qu′il avait vu le cardinal, le roi et la reine, le cardinal avait l′air fort soucieux, que le roi était inquiet, et que les yeux rouges de la reine indiquaient qu′elle avait veillé ou pleuré. Mais cette dernière circonstance l′avait peu frappé, la reine, depuis son mariage, veillant et pleurant beaucoup.Además allí sólo venían los tres mosqueteros; se habían puesto a buscar cada uno por su lado, y nada habían encontrado ni descubierto. Athos había llegado incluso a preguntar al señor de Tréville, cosa que, dado el mutismo habitual del digno mosquetero, había asombrado a su capitán. Pero el señor de Tréville no sabía nada, salvo que la última vez que había visto al cardenal, al rey y a la reina, el cardenal tenía el gesto preocupado, el rey estaba inquieto y los ojos de la reina indicaban que había pasado la noche en vela o llorando. Pero esta última circunstancia le había sorprendido poco: la reina, desde su matrimonio, velaba y lloraba mucho.
M. de Tréville recommanda en tout cas à Athos le service du roi et surtout celui de la reine, le priant de faire la même recommandation à ses camarades.El señor de Tréville recomendó en cualquier caso a Athos el servicio del rey y sobre todo de la reina, rogándole hacer la misma recomendación a sus compañeros.
Quant à d′Artagnan, il ne bougeait pas de chez lui. Il avait converti sa chambre en observatoire. Des fenêtres il voyait arriver ceux qui venaient se faire prendre; puis, comme il avait ôté les carreaux du plancher, qu′il avait creusé le parquet et qu′un simple plafond le séparait de la chambre au-dessous, où se faisaient les interrogatoires, il entendait tout ce qui se passait entre les inquisiteurs et les accusés.En cuanto a D′Artagnan, no se movía de su casa. Había convertido su habitación en observatorio. Desde las ventanas veía llegar a los que venían a hacerse prender; luego, como había quitado las baldosas del suelo como había horadado el esamblaje y sólo un simple techo le separaba de la habitación inferior, en la que se hacían los interrogatorios, oía todo cuanto pasaba entre los inquisidores y los acusados.
Les interrogatoires, précédés d′une perquisition minutieuse opérée sur la personne arrêtée, étaient presque toujours ainsi conçus:
«Mme Bonacieux vous a-t-elle remis quelque chose pour son mari ou pour quelque autre personne?-¿La señora Bonacieux os ha entregado alguna cosa para su marido o para alguna otra persona?
— M. Bonacieux vous a-t-il remis quelque chose pour sa femme ou pour quelque autre personne?-¿El señor Bonacieux os ha entregado alguna cosa para su mujer o para alguna otra persona?
— L′un et l′autre vous ont-ils fait quelque confidence de vive voix?»-¿Alguno de los dos os ha hecho alguna confidencia de viva voz?
«S′ils savaient quelque chose, ils ne questionneraient pas ainsi, se dit à lui-même d′Artagnan. Maintenant, que cherchent-ils à savoir? Si le duc de Buckingham ne se trouve point à Paris et s′il n′a pas eu ou s′il ne doit point avoir quelque entrevue avec la reine.»-Si supieran algo, no preguntarían así -se dijo a sí mismo D′Artagnan-. Ahora bien ¿qué tratan de saber? Si el duque de Buckingham se halla en Paris y si ha tenido o debe tener alguna entrevista con la reina.
D′Artagnan s′arrêta à cette idée, qui, d′après tout ce qu′il avait entendu, ne manquait pas de probabilité.D′Artagnan se detuvo ante esta idea que, después de todo lo que había oído, no carecía de verosimilitud.
En attendant, la souricière était en permanence, et la vigilance de d′Artagnan aussi.Mientras tanto la ratonera estaba en servicio permanentemente, y la vigilancia de D′Artagnan también.
Le soir du lendemain de l′arrestation du pauvre Bonacieux, comme Athos venait de quitter d′Artagnan pour se rendre chez M. de Tréville, comme neuf heures venaient de sonner, et comme Planchet, qui n′avait pas encore fait le lit, commençait sa besogne, on entendit frapper à la porte de la rue; aussitôt cette porte s′ouvrit et se referma: quelqu′un venait de se prendre à la souricière.La noche del día siguiente al arresto del pobre Bonacieux cuando Athos acababa de dejar a D′Artagnan para ir a casa del señor de Trévilie cuando acababan de sonar las nueve, y cuando Planchet, que no había hecho todavía la cama, comenzaba su tarea, se oyó llamar a la puerta de la calle; al punto esa puerta se abrió y se volvió a cerrar: alguien acababa de caer en la ratonera.
D′Artagnan s′élança vers l′endroit décarrelé, se coucha ventre à terre et écouta.D′Artagnan se abalanzó hacia el sitio desenlosado, se acostó boca abajo y escuchó.
Des cris retentirent bientôt, puis des gémissements qu′on cherchait à étouffer. D′interrogatoire, il n′en était pas question.No tardaron en oírse gritos, luego gemidos que se trataban de ahogar. En cuanto al interrogatorio, no se trataba de eso.
«Diable! se dit d′Artagnan, il me semble que c′est une femme: on la fouille, elle résiste, — on la violente, — les misérables!»-¡Diablos! -se dijo D′Artagnan-. Me parece que es una mujer: la registran, ella resiste, la violentan, ¡miserables!
Et d′Artagnan, malgré sa prudence, se tenait à quatre pour ne pas se mêler à la scène qui se passait au-dessous de lui.Y D′Artagnan, pese a su prudencia, se contenía para no mezclarse en la escena que ocurría debajo de él.
«Mais je vous dis que je suis la maîtresse de la maison, messieurs; je vous dis que je suis Mme Bonacieux, je vous dis que j′appartiens à la reine!» s′écriait la malheureuse femme.-Pero si os digo que soy la dueña de la casa, señores; os digo que soy la señora Bonacieux; los digo que pertenezco a la reina! -gritaba la desgraciada mujer.
«Mme Bonacieux! murmura d′Artagnan; serais-je assez heureux pour avoir trouvé ce que tout le monde cherche?»-¡La señora Bonacieux! -murmuró D′Artagnan-. ¿Seré lo bastante afortunado para haber encontrado lo que todo el mundo busca?
«C′est justement vous que nous attendions», reprirent les interrogateurs.-Precisamente a vos estábamos esperando -dijeron los interrogadores.
La voix devint de plus en plus étouffée: un mouvement tumultueux fit retentir les boiseries. La victime résistait autant qu′une femme peut résister à quatre hommes.La voz se volvió más y más ahogada: un movimiento tumultuoso hizo resonar el artesonado. La víctima se resistía tanto como una mujer puede resistir a cuatro hombres.
«Pardon, messieurs, par…», murmura la voix, qui ne fit plus entendre que des sons inarticulés.-Perdón, señores, per... -murmuró la voz, que no hizo oír más que sonidos inarticulados.
«Ils la bâillonnent, ils vont l′entraîner, s′écria d′Artagnan en se redressant comme par un ressort. Mon épée; bon, elle est à mon côté. Planchet!-La amordazan, van a llevársela -exclamó D′Artagnan irguiéndose como movido por un resorte-. Mi espada; bueno, está a mi lado. ¡Planchet!
— Monsieur?-¿Señor?
— Cours chercher Athos, Porthos et Aramis. L′un des trois sera sûrement chez lui, peut-être tous les trois seront-ils rentrés. Qu′ils prennent des armes, qu′ils viennent, qu′ils accourent. Ah! je me souviens, Athos est chez M. de Tréville.-Corre a buscar a Athos, Porthos y Aramis. Uno de los tres estará probablemente en su casa, quizá ya hayan vuelto los tres. Que cojan las armas, que vengan, que acudan. ¡Ah!, ahora que me acuerdo, Athos está con el señor de Tréville.
— Mais où allez-vous, monsieur, où allez-vous?-Pero ¿dónde vais, señor, dónde vais?
— Je descends par la fenêtre, s′écria d′Artagnan, afin d′être plus tôt arrivé; toi, remets les carreaux, balaie le plancher, sors par la porte et cours où je te dis.-Bajo por la ventana -exclamó D′Artagnan- para llegar antes; tú, vuelve a poner las baldosas, barre el suelo, sal por la puerta y corre donde te digo.
— Oh! monsieur, monsieur, vous allez vous tuer, s′écria Planchet.-¡Oh, señor, señor, vais a mataros! -exclamó Planchet.
— Tais-toi, imbécile», dit d′Artagnan. Et s′accrochant de la main au rebord de sa fenêtre, il se laissa tomber du premier étage, qui heureusement n′était pas élevé, sans se faire une écorchure.-¡Cállate, imbécil! -dijo D′Artagnan. Y aferrándose con la mano al reborde de su ventana, se dejó caer desde el primer piso, que afortunadamente no era elevado, sin hacerse ningún rasguño.
Puis il alla aussitôt frapper à la porte en murmurant:Al punto se fue a llamar a la puerta murmurando:
«Je vais me faire prendre à mon tour dans la souricière, et malheur aux chats qui se frotteront à pareille souris.»-Voy a dejarme coger yo también en la ratonera, y pobres de los gatos que ataquen a semejante ratón.
À peine le marteau eut-il résonné sous la main du jeune homme, que le tumulte cessa, que des pas s′approchèrent, que la porte s′ouvrit, et que d′Artagnan, l′épée nue, s′élança dans l′appartement de maître Bonacieux, dont la porte, sans doute mue par un ressort, se referma d′elle-même sur lui.Apenas la aldaba hubo resonado bajo la mano del joven cuando el tumulto cesó, unos pasos se acercaron, se abrió la puerta y D′Artagnan, con la espada desnuda, se abalanzó en la vivienda de maese Bonacieux, cuya puerta, movida sin duda por algún resorte, volvió a cerrarse tras él.
Alors ceux qui habitaient encore la malheureuse maison de Bonacieux et les voisins les plus proches entendirent de grands cris, des trépignements, un cliquetis d′épées et un bruit prolongé de meubles. Puis, un moment après, ceux qui, surpris par ce bruit, s′étaient mis aux fenêtres pour en connaître la cause, purent voir la porte se rouvrir et quatre hommes vêtus de noir non pas en sortir, mais s′envoler comme des corbeaux effarouchés, laissant par terre et aux angles des tables des plumes de leurs ailes, c′est-à-dire des loques de leurs habits et des bribes de leurs manteaux.Entonces, quienes habitaban aún la desgraciada casa de Bonacieux y los vecinos más próximos oyeron grandes gritos pataleos, entrechocar de espaldas y un ruido prolongado de muebles. Luego, un momento después, aquellos que sorprendidos por aquel ruido habían salido a las ventanas para conocer la causa, pudieron ver cómo la puerta se abría y no salir a cuatro hombres vestidos de negro, sino volar como cuervos espantados, dejando por tierra y en las esquinas de las mesas plumas de sus alas, es decir, jirones de sus vestidos y trozos de sus capas.
D′Artagnan était vainqueur sans beaucoup de peine, il faut le dire, car un seul des alguazils était armé, encore se défendit-il pour la forme. Il est vrai que les trois autres avaient essayé d′assommer le jeune homme avec les chaises, les tabourets et les poteries; mais deux ou trois égratignures faites par la flamberge du Gascon les avaient épouvantés. Dix minutes avaient suffi à leur défaite et d′Artagnan était resté maître du champ de bataille.D′Artagnan fue vencedor sin mucho trabajo, hay que decirlo, porque sólo uno de los aguaciles estaba armado y aún se defendió por guardar las formas. Es cierto que los otros tres habían tratado de matar al joven con las sillas, los taburetes y las vasijas; pero dos o tres rasguños hechos por la tizona del gascón les habían asustado. Diez minutos habían bastado a su derrota, y D′Artagnan se había hecho dueño del campo de batalla.
Les voisins, qui avaient ouvert leurs fenêtres avec le sang-froid particulier aux habitants de Paris dans ces temps d′émeutes et de rixes perpétuelles, les refermèrent dès qu′ils eurent vu s′enfuir les quatre hommes noirs: leur instinct leur disait que, pour le moment, tout était fini.Los vecinos, que habían abierto las ventanas con la sagre fría peculiar de los habitantes de Paris en aquellos tiempos de tumultos y de riñas perpetuas, las volvieron a cenrar cuando hubieron visto huir a los cuatro hombres negros: su instinto les decía que por el momento todo estaba acabado.
D′ailleurs il se faisait tard, et alors comme aujourd′hui on se couchait de bonne heure dans le quartier du Luxembourg.Además se hacía tarde, y entonces, como hoy, se acostaban temprano en el barrio de Luxemburgo.
D′Artagnan, resté seul avec Mme Bonacieux, se retourna vers elle: la pauvre femme était renversée sur un fauteuil et à demi évanouie. D′Artagnan l′examina d′un coup d′oeil rapide.D′Artagnan, solo con la señora Bonacieux, se volvió hacia ella: la pobre mujer estaba derribada sobre un butacón y semidesvestida. D′Artagnan la examinó de una ojeada rápida.
C′était une charmante femme de vingt-cinq à vingt-six ans, brune avec des yeux bleus, ayant un nez légèrement retroussé, des dents admirables, un teint marbré de rose et d′opale. Là cependant s′arrêtaient les signes qui pouvaient la faire confondre avec une grande dame. Les mains étaient blanches, mais sans finesse: les pieds n′annonçaient pas la femme de qualité. Heureusement d′Artagnan n′en était pas encore à se préoccuper de ces détails.Era una encantadora mujer de veinticinco a veintiséis años, morena con ojos azules, con una nariz ligeramente respingona, dientes admirables, un tinte marmóreo de rosa y de ópalo. Hasta ahí llegaban los signos que podían hacerla confundir con una gran dama. Las manos eran blancas, pero sin finura: los pies no anunciaban a la mujer de calidad. Afortunadamente, D′Artagnan no se hallaba preocupado todavía por estos detalles.
Tandis que d′Artagnan examinait Mme Bonacieux, et en était aux pieds, comme nous l′avons dit, il vit à terre un fin mouchoir de batiste, qu′il ramassa selon son habitude, et au coin duquel il reconnut le même chiffre qu′il avait vu au mouchoir qui avait failli lui faire couper la gorge avec Aramis.Mientras D′Artagnan examinaba a la señora Bonacieux y estaba a sus pies, como hemos dicho, vio en el suelo un fino pañuelo de batista, que recogió según su costumbre, y en una de cuyas esquinas reconoció la misma inicial que había visto en el pañuelo que le había obligado a batirse con Aramis.
Depuis ce temps, d′Artagnan se méfiait des mouchoirs armoriés; il remit donc sans rien dire celui qu′il avait ramassé dans la poche de Mme Bonacieux. En ce moment, Mme Bonacieux reprenait ses sens. Elle ouvrit les yeux, regarda avec terreur autour d′elle, vit que l′appartement était vide, et qu′elle était seule avec son libérateur. Elle lui tendit aussitôt les mains en souriant. Mme Bonacieux avait le plus charmant sourire du monde.Desde aquel momento, D′Artagnan desconfiaba de los pañuelos blasonados; por eso, sin decir nada, volvió a poner el que había recogido en el bolsillo de la señora Bonacieux. En aquel instante, la señora Bonacieux recobraba el sentido. Abrió los ojos, miró con terror en torno suyo, vio que la habitación estaba vacía y que estaba sola con su liberador. Le tendió al punto las manos sonriendo. La señora Bonacieux tenía la sonrisa más encantadora del mundo.
«Ah! monsieur! dit-elle, c′est vous qui m′avez sauvée; permettez- moi que je vous remercie.-¡Ah, señor! -dijo ella-. Sois vos quien me habéis salvado; permitidme que os dé las gracias.
— Madame, dit d′Artagnan, je n′ai fait que ce que tout gentilhomme eût fait à ma place, vous ne me devez donc aucun remerciement.-Señora -dijo D′Artagnan-, no he hecho más que lo que todo gentilhombre hubiera hecho en mi lugar; no me debéis, pues, ningún agradecimiento.
— Si fait, monsieur, si fait, et j′espère vous prouver que vous n′avez pas rendu service à une ingrate. Mais que me voulaient donc ces hommes, que j′ai pris d′abord pour des voleurs, et pourquoi M. Bonacieux n′est-il point ici?-Claro que sí, señor, claro que sí, y espero probaros que no habéis prestado un servicio a una ingrata. Pero ¿qué querían de mí esos hombres, a los que al principio he tomado por ladrones, y por qué el señor Bonacieux no está aquí?
— Madame, ces hommes étaient bien autrement dangereux que ne pourraient être des voleurs, car ce sont des agents de M. le cardinal, et quant à votre mari, M. Bonacieux, il n′est point ici parce qu′hier on est venu le prendre pour le conduire à la Bastille.-Señora, esos hombres eran mucho más peligrosos de lo que pudiera serlo los ladrones, porque son agentes del señor cardenal, y en cuánto a vuestro marido, el señor Bónacieux no está aquí porque ayer vinieron a prenderlo para conducirlo a la Bastilla.
— Mon mari à la Bastille! s′écria Mme Bonacieux, oh! mon Dieu! qu′a-t-il donc fait? pauvre cher homme! lui, l′innocence même!»-¡Mi marido en la Bastilla! -exclamó la señora Bonacieux-. ¡Oh, Dios mío! ¿Qué ha hecho? ¡Pobre querido mío, él, la inocencia misma!
Et quelque chose comme un sourire perçait sur la figure encore tout effrayée de la jeune femme.Y alguna cosa como una sonrisa apuntaba sobre el rostro aún todo asustado de la joven.
«Ce qu′il a fait, madame? dit d′Artagnan. Je crois que son seul crime est d′avoir à la fois le bonheur et le malheur d′être votre mari.-¿Qué ha hecho, señora? -dijo D′Artagnan-. Creo que su único crimen es tener a la vez la dicha y la desgracia de ser vuestro marido.
— Mais, monsieur, vous savez donc…-Pero, señor, sabéis entonces...
— Je sais que vous avez été enlevée, madame.-Sé que habéis sido raptada, señora.
— Et par qui? Le savez-vous? Oh! si vous le savez, dites-le-moi.-¿Y por quién? ¿Lo sabéis? ¡Oh, si lo sabéis, decídmelo!
— Par un homme de quarante à quarante-cinq ans, aux cheveux noirs, au teint basané, avec une cicatrice à la tempe gauche.-Por un hombre de cuarenta a cuarenta y cinco años, de pelo negro, de tez morena, con una cicatriz en la sien izquierda.
— C′est cela, c′est cela; mais son nom?-¡Eso es, eso es! Pero ¿y su nombre?
— Ah! son nom? c′est ce que j′ignore.-¡Ah, su nombre! Es lo que yo ignoro.
— Et mon mari savait-il que j′avais été enlevée?- ¿Y- mi marido sabía que había sido raptada?
— Il en avait été prévenu par une lettre que lui avait écrite le ravisseur lui-même.-Había sido advertido por una carta que le había escrito el raptor mismo.
— Et soupçonne-t-il, demanda Mme Bonacieux avec embarras, la cause de cet événement?-¿Y sospecha -preguntó la señora Bonacieux con apuro- la causa de este suceso?
— Il l′attribuait, je crois, à une cause politique.-Lo atribuía, según creo, a una causa política.
— J′en ai douté d′abord, et maintenant je le pense comme lui. Ainsi donc, ce cher M. Bonacieux ne m′a pas soupçonnée un seul instant…?-Yo al principio dudé, y ahora pienso como él. ¿Así es que mi querido Bonacieux no ha sospechado ni un solo instante de mí...?
— Ah! loin de là, madame, il était trop fier de votre sagesse et surtout de votre amour.»-¡Lejos de ello, señora, estaba muy orgulloso de vuestra sabiduría y sobre todo de vuestro amor!
Un second sourire presque imperceptible effleura les lèvres rosées de la belle jeune femme.Una segunda sonrisa casi imperceptible afloró a los labios rosados de la hermosa joven.
«Mais, continua d′Artagnan, comment vous êtes-vous enfuie?-Pero -prosiguió D′Artagnan- ¿cómo habéis huido?
— J′ai profité d′un moment où l′on m′a laissée seule, et comme je savais depuis ce matin à quoi m′en tenir sur mon enlèvement, à l′aide de mes draps je suis descendue par la fenêtre; alors, comme je croyais mon mari ici, je suis accourue.-He aprovechado un momento en que me han dejado sola, y como desde esta mañana sabía a qué atenerme sobre mi rapto, con la ayuda de mis sábanas he bajado por la ventana; entonces, como creía aquí a mi marido, he acudido corriendo.
— Pour vous mettre sous sa protection?-¿Para poneros bajo su protección?
— Oh! non, pauvre cher homme, je savais bien qu′il était incapable de me défendre; mais comme il pouvait nous servir à autre chose, je voulais le prévenir.-¡Oh! No, pobre hombre, yo sabía de sobra que él era incapaz de defenderme; pero como podía servirnos para otra cosa, quería prevenirle.
— De quoi?-¿De qué?
— Oh! ceci n′est pas mon secret, je ne puis donc pas vous le dire.-¡Oh! Ese no es mi secreto, no puedo por tanto decíroslo.
— D′ailleurs, dit d′Artagnan (pardon, madame, si, tout garde que je suis, je vous rappelle à la prudence), d′ailleurs je crois que nous ne sommes pas ici en lieu opportun pour faire des confidences. Les hommes que j′ai mis en fuite vont revenir avec main-forte; s′ils nous retrouvent ici nous sommes perdus. J′ai bien fait prévenir trois de mes amis, mais qui sait si on les aura trouvés chez eux!-Y además -dijo D′Artagnan- (perdón, señora, si, como guardia que soy, os llamo a la prudencia), además creo que no estamos aquí en lugar oportuno para hacer confidencias. Los hombres que he puesto en fuga van a volver con ayuda; si nos encuentran aquí, estamos perdidos. Yo he hecho avisar a tres de mis amigos, pero ¡quién sabe si los habrán encontrado en sus casas!
— Oui, oui, vous avez raison, s′écria Mme Bonacieux effrayée; fuyons, sauvons-nous.»-Sí, sí, tenéis razón -exclamó la señora Bonacieux asustada-; huyamos, corramos.
À ces mots, elle passa son bras sous celui de d′Artagnan et l′entraîna vivement.Tras estas palabras, pasó su brazo bajo el de D′Artagnan y lo apretó vivamente.
«Mais où fuir? dit d′Artagnan, où nous sauver?-Pero ¿adónde huir? -dijo D′Artagnan-. ¿Adónde correr?
— Éloignons-nous d′abord de cette maison, puis après nous verrons.»-Lo primero, alejémonos de esta casa, después ya veremos.
Et la jeune femme et le jeune homme, sans se donner la peine de refermer la porte, descendirent rapidement la rue des Fossoyeurs, s′engagèrent dans la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince et ne s′arrêtèrent qu′à la place Saint-Sulpice.Y la joven y el joven, sin molestarse en cerrar la puerta, descendieron rápidamente por la calle des Fossoyeurs, se adentraron por la calle des Fossés-Monsieur-le-Prince y no se detuvieron hasta la plaza Saint-Sulpice.
«Et maintenant, qu′allons-nous faire, demanda d′Artagnan, et où voulez-vous que je vous conduise?-¿Y ahora qué vamos a hacer -preguntó D′Artagnan- y adónde queréis que os conduzca?
— Je suis fort embarrassée de vous répondre, je vous l′avoue, dit Mme Bonacieux; mon intention était de faire prévenir M. de La Porte par mon mari, afin que M. de La Porte pût nous dire précisément ce qui s′était passé au Louvre depuis trois jours, et s′il n′y avait pas danger pour moi de m′y présenter.-Me resulta muy difícil responderos, os lo confieso -dijo la señora Bonacieux-; mi intención era hacer avisar al señor de La Porte por medio de mi marido, a fin de que el señor de La Porte pudiera decirnos precisamente lo que había pasado en el Louvre desde hacía tres días, y si había peligro para mí en presentarme.
— Mais moi, dit d′Artagnan, je puis aller prévenir M. de LaPorte.-Pero yo -dijo D′Artagnan- puedo avisar al señor de La Porte.
— Sans doute; seulement il n′y a qu′un malheur: c′est qu′on connaît M. Bonacieux au Louvre et qu′on le laisserait passer, lui, tandis qu′on ne vous connaît pas, vous, et que l′on vous fermera la porte.-Sin duda; sólo que hay un obstáculo, y es que al señor Bonacieux lo conocen en el Louvre y le dejarían pasar, mientras que a vos no os conocen y os cerrarán la puerta.
— Ah! bah, dit d′Artagnan, vous avez bien à quelque guichet du Louvre un concierge qui vous est dévoué, et qui grâce à un mot d′ordre…»-¡Ah, bah! -dijo D′Artagnan-. Vos tenéis en algún postigo del Louvre un conserje que os es adicto, y que gracias a una contraseña...
Mme Bonacieux regarda fixement le jeune homme.La señora Bonacieux miró fijamente al joven.
«Et si je vous donnais ce mot d′ordre, dit-elle, l′oublieriez-vous aussitôt que vous vous en seriez servi?-¿Y si os diera esa contraseña -dijo ella- la olvidaríais tan pronto como la hubierais utilizado?
— Parole d′honneur, foi de gentilhomme! dit d′Artagnan avec un accent à la vérité duquel il n′y avait pas à se tromper.-¡Palabra de honor, a fe de gentilhombre! -dijo D′Artagnan con un acento en cuya verdad nadie podía equivocarse.
— Tenez, je vous crois; vous avez l′air d′un brave jeune homme, d′ailleurs votre fortune est peut-être au bout de votre dévouement.-Bueno, os creo: tenéis aspecto de joven valiente y por otra parte vuestra fortuna está quizá al cabo de vuestra dedicación.
— Je ferai sans promesse et de conscience tout ce que je pourrai pour servir le roi et être agréable à la reine, dit d′Artagnan; disposez donc de moi comme d′un ami.-Haré sin promesa y por conciencia todo cuanto pueda para servir al rey y ser agradable a la reina -dijo D′Artagnan-; disponed, pues, de mí como de un amigo.
— Mais moi, où me mettrez-vous pendant ce temps-là?-¿Y a mí dónde me meteréis durante ese tiempo?
— N′avez-vous pas une personne chez laquelle M. de La Porte puisse revenir vous prendre?-¿No tenéis una persona a cuya casa pueda el señor de La Porte venir a buscaros?
— Non, je ne veux me fier à personne.-No, no quiero fiarme de nadie.
— Attendez, dit d′Artagnan; nous sommes à la porte d′Athos. Oui, c′est cela.-Esperad -dijo D′Artagnan-, estamos a la puerta de Athos. Sí, ésta es.
— Qu′est-ce qu′Athos?-¿Quién es Athos?
— Un de mes amis.-Uno de mis amigos.
— Mais s′il est chez lui et qu′il me voie?-¿Y si está en casa y me ve?
— Il n′y est pas, et j′emporterai la clef après vous avoir fait entrer dans son appartement.-No está, y me llevaré la llave después de haberos hecho entrar en su habitación.
— Mais s′il revient?-¿Y si vuelve?
— Il ne reviendra pas; d′ailleurs on lui dirait que j′ai amené une femme, et que cette femme est chez lui.-No volverá; además se le dirá que he traído una mujer, y que esa mujer está en su casa.
— Mais cela me compromettra très fort, savez-vous!-Pero eso me comprometerá mucho, ¿no lo sabéis?
— Que vous importe! on ne vous connaît pas; d′ailleurs nous sommes dans une situation à passer par-dessus quelques convenances!-¡Qué os importa! Nadie os conoce; además, nos hallamos en una situación de pasar por alto algunas conveniencias.
— Allons donc chez votre ami. Où demeure-t-il?-Entonces vamos a casa de vuestro amigo. ¿Dónde vive?
— Rue Férou, à deux pas d′ici.-En la calle Férou, a dos pasos de aquí.
— Allons.»-Vamos.
Et tous deux reprirent leur course. Comme l′avait prévu d′Artagnan, Athos n′était pas chez lui: il prit la clef, qu′on avait l′habitude de lui donner comme à un ami de la maison, monta l′escalier et introduisit Mme Bonacieux dans le petit appartement dont nous avons déjà fait la description.Y los dos reemprendieron su camera. Como había previsto D′Artagnan, Athos no estaba en su casa; tomó la llave, que tenían la costumbre de darle como a un amigo de la casa, subió la escalera a introdujo a la señora Bonacieux en la pequeña habitación cuya descripción ya hemos hecho.
«Vous êtes chez vous, dit-il; attendez, fermez la porte en dedans et n′ouvrez à personne, à moins que vous n′entendiez frapper trois coups ainsi: tenez; et il frappa trois fois: deux coups rapprochés l′un de l′autre et assez forts, un coup plus distant et plus léger.-Estáis en vuestra casa -dijo él-, tened cuidado, cerrad las ventanas por dentro y no abráis a nadie, a menos que oigáis dar tres golpes así, mirad -y golpeó tres veces: dos golpes cercanos uno al otro y bastante fuerte, y un golpe más distante y más ligero.
— C′est bien, dit Mme Bonacieux; maintenant, à mon tour de vous donner mes instructions.-Está bien -dijo la señora Bonacieux-; ahora me toca a mí daros mis instrucciones.
— J′écoute.-Escucho.
— Présentez-vous au guichet du Louvre, du côté de la rue de l′Échelle, et demandez Germain.-Presentaros en el portillo del Louvre por el lado de la calle de l′Echelle y preguntad por Germain.
— C′est bien. Après?-Está bien. ¿Y después?
— Il vous demandera ce que vous voulez, et alors vous lui répondrez par ces deux mots: Tours et Bruxelles. Aussitôt il se mettra à vos ordres.-Os preguntará qué queréis, y entonces vos le responderéis con estas dos palabras: Tours y Bruxelles. Al punto se pondrá a vuestras órdenes.
— Et que lui ordonnerai-je?-¿Y qué le ordenaré yo?
— D′aller chercher M. de La Porte, le valet de chambre de la reine.-Ir a buscar al señor de La Porte, el ayuda de cámara de la reina.
— Et quand il l′aura été chercher et que M. de La Porte sera venu?-¿Y cuando haya ido a buscarle y el señor de La Porte haya venido?
— Vous me l′enverrez.-Me lo enviaréis.
— C′est bien, mais où et comment vous reverrai-je?-Está bien, pero ¿cómo os volveré a ver?
— Y tenez-vous beaucoup à me revoir?-¿Os importa mucho volverme a ver?
— Certainement.-Por supuesto.
— Eh bien, reposez-vous sur moi de ce soin, et soyez tranquille.-Pues bien, dejadme a mí ese cuidado, y estad tranquilo.
— Je compte sur votre parole.-Cuento con vuestra palabra.
— Comptez-y.»-Contad con ella.
D′Artagnan salua Mme Bonacieux en lui lançant le coup d′oeil le plus amoureux qu′il lui fût possible de concentrer sur sa charmante petite personne, et tandis qu′il descendait l′escalier, il entendit la porte se fermer derrière lui à double tour. En deux bonds il fut au Louvre: comme il entrait au guichet de Échelle, dix heures sonnaient. Tous les événements que nous venons de raconter s′étaient succédé en une demi-heure.D′Artagnan saludó a la señora Bonacieux lanzándole la mirada más amorosa que le fue posible concentrar sobre su encantadora personita, y. mientras bajaba la escalera, oyó la puerta cerrarse tras él con doble vuelta de llave. En dos saltos estuvo en el Louvre; cuando entraba en el postigo de l′Echelle sonaban las diez. Todos los acontecimientos que acabamos de contar habían sucedido en media hora.
Tout s′exécuta comme l′avait annoncé Mme Bonacieux. Au mot d′ordre convenu, Germain s′inclina; dix minutes après, La Porte était dans la loge; en deux mots, d′Artagnan le mit au fait et lui indiqua où était Mme Bonacieux. La Porte s′assura par deux fois de l′exactitude de l′adresse, et partit en courant. Cependant, à peine eut-il fait dix pas, qu′il revint.Todo se cumplió como lo había anunciado la señora Bonacieux. A la consigna convenida, Germain se inclinó; diez minutos después, La Porte estaba en la portería; en dos palabras, D′Artagnan le puso al corriente y le indicó dónde estaba la señora Bonacieux. La Porte se aseguró por dos veces la exactitud de las señas, y partió corriendo. Sin embargo, apenas hubo dado diez pasos cuando volvió.
«Jeune homme, dit-il à d′Artagnan, un conseil.-Joven -le dijo a D′Artagnan-, un consejo.
— Lequel?-¿Cuál?
— Vous pourriez être inquiété pour ce qui vient de se passer.-Podríais ser molestado por lo que acaba de pasar.
— Vous croyez?-¿Lo creéis?
— Oui. Avez-vous quelque ami dont la pendule retarde?-Sí. -¿Tenéis algún amigo cuya péndola se retrase?
— Eh bien?-¿Para...?
— Allez le voir pour qu′il puisse témoigner que vous étiez chez lui à neuf heures et demie. En justice, cela s′appelle un alibi.»-Id a verle para que pueda testimoniar que estabais en su casa a las nueve y media. En justicia, esto se llama una coartada.
D′Artagnan trouva le conseil prudent; il prit ses jambes à son cou, il arriva chez M. de Tréville, mais, au lieu de passer au salon avec tout le monde, il demanda à entrer dans son cabinet. Comme d′Artagnan était un des habitués de l′hôtel, on ne fit aucune difficulté d′accéder à sa demande; et l′on alla prévenir M. de Tréville que son jeune compatriote, ayant quelque chose d′important à lui dire, sollicitait une audience particulière. Cinq minutes après, M. de Tréville demandait à d′Artagnan ce qu′il pouvait faire pour son service et ce qui lui valait sa visite à une heure si avancée.D′Artagnan encontró prudente el consejo; puso pies en polvorosa, llegó a casa del señor de Tréville; pero en lugar de pasar al salón con todo el mundo, pidió entrar en el gabinete. Como D′Artagnan era uno de los habituales del palacio, no hubo ninguna dificultad para acceder a su demanda; y fueron a avisar al señor de Tréville que su joven compatriota, teniendo algo importante que decide, solicitaba una audiencia particular. Cinco minutos después, el señor de Tréville preguntaba a D′Artagnan qué podía hacer por él y cuál era el motivo de su visita a una hora tan avanzada.
«Pardon, monsieur! dit d′Artagnan, qui avait profité du moment où il était resté seul pour retarder l′horloge de trois quarts d′heure; j′ai pensé que, comme il n′était que neuf heures vingt- cinq minutes, il était encore temps de me présenter chez vous.-¡Perdón, señor! -dijo D′Artagnan, que había aprovechado el momento en que se había quedado solo para retrasar el reloj tres cuartos de hora-. He pensado que como no eran más que las nueve y veinticinco minutos, aún había tiempo para presentarme en vuestra casa.
— Neuf heures vingt-cinq minutes! s′écria M. de Tréville en regardant sa pendule; mais c′est impossible!-¡Las nueve y veinticinco minutos! -exclamó el señor de Tréville mirando su péndola-. ¡Pero es imposible!
— Voyez plutôt, monsieur, dit d′Artagnan, voilà qui fait foi.-Ya lo veis, señor -dijo D′Artagnan-, eso lo testimonia.
— C′est juste, dit M. de Tréville, j′aurais cru qu′il était plus tard. Mais voyons, que me voulez-vous?»-Es exacto -dijo el señor de Tréville-, habría creído que era más tarde. Pero veamos, ¿qué queréis?
Alors d′Artagnan fit à M. de Tréville une longue histoire sur la reine. Il lui exposa les craintes qu′il avait conçues à l′égard de Sa Majesté; il lui raconta ce qu′il avait entendu dire des projets du cardinal à l′endroit de Buckingham, et tout cela avec une tranquillité et un aplomb dont M. de Tréville fut d′autant mieux la dupe, que lui-même, comme nous l′avons dit, avait remarqué quelque chose de nouveau entre le cardinal, le roi et la reine.Entonces D′Artagnan le hizo al señor de Tréville una larga historia sobre la reina. Le expuso los temores que había concebido respecto a Su Majestad; le contó que había oído decir los proyectos del cardenal respecto a Buckingham, y todo ello con una tranquilidad y un aplomo del que el señor de Tréville fue tanto mejor la víctima cuanto que, como ya hemos dicho, él mismo había notado algo nuevo entre el cardenal, el rey y la reina.
À dix heures sonnant, d′Artagnan quitta M. de Tréville, qui le remercia de ses renseignements, lui recommanda d′avoir toujours à coeur le service du roi et de la reine, et qui rentra dans le salon. Mais, au bas de l′escalier, d′Artagnan se souvint qu′il avait oublié sa canne: en conséquence, il remonta précipitamment, rentra dans le cabinet, d′un tour de doigt remit la pendule à son heure, pour qu′on ne pût pas s′apercevoir, le lendemain, qu′elle avait été dérangée, et sûr désormais qu′il y avait un témoin pour prouver son alibi, il descendit l′escalier et se trouva bientôt dans la rue.Al sonar las diez, D′Artagnan abandonó al señor de Tréville, que le agradeció sus informes, le recomendó tener siempre en el corazón el servicio del rey y de la reina, y se volvió al salón. Pero al pie de la escalera, D′Artagnan se acordó de que había olvidado su bastón; por lo tanto subió precipitadamente, volvió a entrar en el gabinete, con una vuelta de dedo puso de nuevo el péndulo en su hora para que no se pudiese percibir al día siguiente que había sido movido, y seguro desde entonces de que tenía un testigo para probar su coartada, bajó la escalera y pronto se encontró en la calle.






CHAPITRE XI -- L′INTRIGUE SE NOUE

Capítulo XI -- La intriga se anuda

 
Sa visite faite à M. de Tréville, d′Artagnan prit, tout pensif, le plus long pour rentrer chez lui.Una vez hecha la visita al señor de Tréville, D′Artagnan tomó, todo pensativo, el camino más largo para regresar a su casa.
À quoi pensait d′Artagnan, qu′il s′écartait ainsi de sa route, regardant les étoiles du ciel, et tantôt soupirant tantôt souriant?¿En qué pensaba D′Artagnan, que se apartaba así de su ruta, mirando las estrellas del cielo, tan pronto suspirando como sonriendo?
Il pensait à Mme Bonacieux. Pour un apprenti mousquetaire, la jeune femme était presque une idéalité amoureuse. Jolie, mystérieuse, initiée à presque tous les secrets de cour, qui reflétaient tant de charmante gravité sur ses traits gracieux, elle était soupçonnée de n′être pas insensible, ce qui est un attrait irrésistible pour les amants novices; de plus, d′Artagnan l′avait délivrée des mains de ces démons qui voulaient la fouiller et la maltraiter, et cet important service avait établi entre elle et lui un de ces sentiments de reconnaissance qui prennent si facilement un plus tendre caractère.Pensaba en la señora Bonacieux. Para un aprendiz de mosquetero, la joven era casi una idealidad amorosa. Bonita, misteriosa, iniciada en casi todos los secretos de la corte, que reflejaban tanta encantadora gravedad sobre sus trazos graciosos, era sospechosa de no ser insensible, lo cual es un atractivo irresistible para los amantes novicios; además, D′Artagnan la había liberado de manos de aquellos demonios que querían registrarla y maltratarla, y este importante servicio había establecido entre ella y él uno de esos sentimientos de gratitud que fácilmente adoptan un carácter más tierno.
D′Artagnan se voyait déjà, tant les rêves marchent vite sur les ailes de l′imagination, accosté par un messager de la jeune femme qui lui remettait quelque billet de rendez-vous, une chaîne d′or ou un diamant. Nous avons dit que les jeunes cavaliers recevaient sans honte de leur roi; ajoutons qu′en ce temps de facile morale, ils n′avaient pas plus de vergogne à l′endroit de leurs maîtresses, et que celles-ci leur laissaient presque toujours de précieux et durables souvenirs, comme si elles eussent essayé de conquérir la fragilité de leurs sentiments par la solidité de leurs dons.D′Artagnan se veía ya, ¡tan deprisa caminan los sueños en alas de la imaginación!, abordado por un mensajero de la joven que le daba algún billete de cita, una cadena de oro o un diamante. Ya hemos dicho que los jóvenes caballeros recibían sin vergüenza de su rey: añadamos que, en aquel tiempo de moral fácil, no tenían tampoco vergüenza con sus amantes, ni de que éstas les dejaran casi siempre preciosos y duraderos recuerdos, como si ellas hubieran tratado de conquistar la fragilidad de sus sentimientos con la solidez de sus dones.
On faisait alors son chemin par les femmes, sans en rougir. Celles qui n′étaient que belles donnaient leur beauté, et de là vient sans doute le proverbe, que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu′elle a. Celles qui étaient riches donnaient en outre une partie de leur argent, et l′on pourrait citer bon nombre de héros de cette galante époque qui n′eussent gagné ni leurs éperons d′abord, ni leurs batailles ensuite, sans la bourse plus ou moins garnie que leur maîtresse attachait à l′arçon de leur selle.Se hacía entonces carrera por medio de las mujeres, sin ruborizarse. Las que no eran más que bellas, daban su belleza, y de ahí viene sin duda el proverbio según el cual la joven más bella del mundo no puede dar más que lo que tiene. Las que eran ricas daban además una parte de su dinero, y se podría citar un buen número de héroes de esa galante época que no hubieran ganado ni sus espuelas primero, ni sus batallas luego, sin la bolsa más o menos provista que su amante ataba al arzón de su silla.
D′Artagnan ne possédait rien; l′hésitation du provincial, vernis léger, fleur éphémère, duvet de la pêche, s′était évaporée au vent des conseils peu orthodoxes que les trois mousquetaires donnaient à leur ami. D′Artagnan, suivant l′étrange coutume du temps, se regardait à Paris comme en campagne, et cela ni plus ni moins que dans les Flandres: l′Espagnol là-bas, la femme ici. C′était partout un ennemi à combattre, des contributions à frapper.D′Artagnan no poseía nada: la indecisión del provinciano, barniz ligero, flor efímera, vello de melocotón, se había evaporado al viento de los consejos poco ortodoxos que los tres mosqueteros daban a su amigo. D′Artagnan, siguiendo la extraña costumbre de la época, miraba a Paris como en campaña, y esto ni más ni menos que en Flandes: el español allá lejos, la mujer aquí. Por todas partes había un enemigo que combatir contribuciones que alcanzar.
Mais, disons-le, pour le moment d′Artagnan était mû d′un sentiment plus noble et plus désintéressé. Le mercier lui avait dit qu′il était riche; le jeune homme avait pu deviner qu′avec un niais comme l′était M. Bonacieux, ce devait être la femme qui tenait la clef de la bourse. Mais tout cela n′avait influé en rien sur le sentiment produit par la vue de Mme Bonacieux, et l′intérêt était resté à peu près étranger à ce commencement d′amour qui en avait été la suite. Nous disons: à peu près, car l′idée qu′une jeune femme, belle, gracieuse, spirituelle, est riche en même temps, n′ôte rien à ce commencement d′amour, et tout au contraire le corrobore.Pero, digámoslo, por ahora D′Artagnan estaba movido por un sentimiento más noble y más desinteresado. El mercero le había dicho que era rico: el joven había podido adivinar que, con un necio como lo era el señor Bonacieux, debía ser la mujer quien tenía la llave de la bolsa. Pero todo esto no había influido para nada en el sentimiento producido por la visita de la señora Bonacieux, y el interés había permanecido casi extraño a este comienzo de amor que había sido la continuación. Decimos casi, porque la idea de que una mujer joven, bella, graciosa, espiritual, es rica al mismo tiempo, nada quita a ese comienzo de amor, todo lo contrario, lo corrobora.
Il y a dans l′aisance une foule de soins et de caprices aristocratiques qui vont bien à la beauté. Un bas fin et blanc, une robe de soie, une guimpe de dentelle, un joli soulier au pied, un frais ruban sur la tête, ne font point jolie une femme laide, mais font belle une femme jolie, sans compter les mains qui gagnent à tout cela; les mains, chez les femmes surtout, ont besoin de rester oisives pour rester belles.Hay en la holgura una multitud de cuidados y de caprichos aristocráticos que le van bien a la belleza. Unas medias finas y blancas, un vestido de seda, un bordado de encaje, una bonita zapatilla en el pie, una cinta nueva en la cabeza, no hacen bonita a una mujer fea, pero hacen bella a una mujer bonita, sin contar que las manos ganan con todo esto; las manos, sobre todo en las mujeres, necesitan permanecer ociosas para permanecer bellas.
Puis d′Artagnan, comme le sait bien le lecteur, auquel nous n′avons pas caché l′état de sa fortune, d′Artagnan n′était pas un millionnaire; il espérait bien le devenir un jour, mais le temps qu′il se fixait lui-même pour cet heureux changement était assez éloigné. En attendant, quel désespoir que de voir une femme qu′on aime désirer ces mille riens dont les femmes composent leur bonheur, et de ne pouvoir lui donner ces mille riens! Au moins, quand la femme est riche et que l′amant ne l′est pas, ce qu′il ne peut lui offrir elle se l′offre elle-même; et quoique ce soit ordinairement avec l′argent du mari qu′elle se passe cette jouissance, il est rare que ce soit à lui qu′en revienne la reconnaissance.Además D′Artagnan, como sabe muy bien el lector, a quien no hemos ocultado el estado de su fortuna, D′Artagnan no era millonario; esperaba serlo algún día, pero el tiempo que él mismo se fijaba para ese feliz cambio estaba bastante lejos. Mientras tanto, ¡qué desesperación ver a una mujer que se ama desear esas mil naderías con que las mujeres hacen su dicha, y no poder darle esas mil naderías! Al menos, cuando la mujer es rica y el amante no lo es, lo que no puede ofrecerle, ella misma se lo ofrece; y aunque por regla general ella se consiga tal disfrute con el dinero del marido, raro es que sea él a quien dé las gracias.
Puis d′Artagnan, disposé à être l′amant le plus tendre, était en attendant un ami très dévoué. Au milieu de ses projets amoureux sur la femme du mercier, il n′oubliait pas les siens. La jolie Mme Bonacieux était femme à promener dans la plaine Saint-Denis ou dans la foire Saint-Germain en compagnie d′Athos, de Porthos et d′Aramis, auxquels d′Artagnan serait fier de montrer une telle conquête. Puis, quand on a marché longtemps, la faim arrive; d′Artagnan depuis quelque temps avait remarqué cela. On ferait de ces petits dîners charmants où l′on touche d′un côté la main d′un ami, et de l′autre le pied d′une maîtresse. Enfin, dans les moments pressants, dans les positions extrêmes, d′Artagnan serait le sauveur de ses amis.Además D′Artagnan, dispuesto a ser el amante más tierno, era mientras tanto un amigo abnegado. En medio de sus proyectos amorosos sobre la mujer del mercero, no olvidaba a los suyos. La bonita señora Bonacieux era mujer para pasear por el llano de Saint-Denis o entre el tumulto de Saint-Germain, en compañía de Athos, de Porthos y Aramis, a los cuales D′Artagnan estaría orgulloso de mostrar una conquista semejante. Luego, cuando se ha caminado mucho tiempo, llega el hambre: D′Artagnan tras algún tiempo había notado esto. Harían breves comidas encantadoras en las que se toca por un lado la mano de un amigo, y por el otro el pie de una amante. En fin, en los momentos de apuros, en las situaciones extremas, D′Artagnan sería el salvador de sus amigos.
Et M. Bonacieux, que d′Artagnan avait poussé dans les mains des sbires en le reniant bien haut et à qui il avait promis tout bas de le sauver? Nous devons avouer à nos lecteurs que d′Artagnan n′y songeait en aucune façon, ou que, s′il y songeait, c′était pour se dire qu′il était bien où il était, quelque part qu′il fût. L′amour est la plus égoe de toutes les passions.¿Y el señor Bonacieux, a quien D′Artagnan había empujado a las manos de los esbirros renegándole en alta voz y a quien había prometido en voz baja salvarle? Debemos confesar a nuestros lectores que D′Artagnan no pensaba en él ni por un momento, o que, si pensaba, era para decirse que estaba bien donde estaba, fuera en la parte que fuera. El amor es la más egoísta de todas las pasiones.
Cependant, que nos lecteurs se rassurent: si d′Artagnan oublie son hôte ou fait semblant de l′oublier, sous prétexte qu′il ne sait pas où on l′a conduit, nous ne l′oublions pas, nous, et nous savons où il est. Mais pour le moment faisons comme le Gascon amoureux. Quant au digne mercier, nous reviendrons à lui plus tard.Sin embargo, que nuestros lectores se tranquilicen: si D′Artagnan olvida a su hospedero o hace ademán de olvidarlo so pretexto de que no sabe adónde ha sido conducido, nosotros no lo olvidamos, y nosotros sabemos dónde está. Pero por ahora, hagamos como el gascón enamorado. En cuanto al digno mercero, volveremos a él más tarde.
D′Artagnan, tout en réfléchissant à ses futures amours, tout en parlant à la nuit, tout en souriant aux étoiles, remontait la rue du Cherche-Midi ou Chasse-Midi, ainsi qu′on l′appelait alors. Comme il se trouvait dans le quartier d′Aramis, l′idée lui était venue d′aller faire une visite à son ami, pour lui donner quelques explications sur les motifs qui lui avaient fait envoyer Planchet avec invitation de se rendre immédiatement à la souricière. Or, si Aramis s′était trouvé chez lui lorsque Planchet y était venu, il avait sans aucun doute couru rue des Fossoyeurs, et n′y trouvant personne que ses deux autres compagnons peut-être, ils n′avaient dû savoir, ni les uns ni les autres, ce que cela voulait dire. Ce dérangement méritait donc une explication, voilà ce que disait tout haut d′Artagnan.D′Artagnan, mientras reflexionaba en sus futuros amores, mientras hablaba a la noche, mientras sonreía a las estrellas, remontaba la calle du Cherche-Midi o Chasse-Midi, como se llamaba entonces. Como se encontraba en el barrio de Aramis, le había venido la idea de ir a visitar a su amigo, para darle algunas explicaciones sobre los motivos que le habían hecho enviar a Planchet con la invitación de presentarse inmediatamente en la ratonera. Ahora bien, si Aramis se hubiera encontrado en su casa cuando Planchet había ido a ella, habría corrido indudablemente a la calle des Fossoyeurs, y al no encontrar quizá a nadie más que a sus dos compañeros, ni unos ni otros habían sabido lo que aquello quería decir. Esa molestia merecía, pues, una explicación; he ahí lo que se decía en voz alta D′Artagnan.
Puis, tout bas, il pensait que c′était pour lui une occasion de parler de la jolie petite Mme Bonacieux, dont son esprit, sinon son coeur, était déjà tout plein. Ce n′est pas à propos d′un premier amour qu′il faut demander de la discrétion. Ce premier amour est accompagné d′une si grande joie, qu′il faut que cette joie déborde, sans cela elle vous étoufferait.Además, por lo bajo, pensaba que aquella era para él una ocasión de hablar de la bonita señora Bonacieux, de la que su espíritu, si no su corazón, estaba ya totalmente lleno. A propósito de un primer amor no es necesario pedir discreción. Este primer amor va acompañado de una alegría tan grande que es preciso que esa alegría desborde; sin eso, os ahogaría.
Paris depuis deux heures était sombre et commençait à se faire désert. Onze heures sonnaient à toutes les horloges du faubourg Saint-Germain, il faisait un temps doux. D′Artagnan suivait une ruelle située sur l′emplacement où passe aujourd′hui la rue d′Assas, respirant les émanations embaumées qui venaient avec le vent de la rue de Vaugirard et qu′envoyaient les jardins rafraîchis par la rosée du soir et par la brise de la nuit. Au loin résonnaient, assourdis cependant par de bons volets, les chants des buveurs dans quelques cabarets perdus dans la plaine. Arrivé au bout de la ruelle, d′Artagnan tourna à gauche. La maison qu′habitait Aramis se trouvait située entre la rue Cassette et la rue Servandoni.Desde hacía dos horas París estaba sombrío y comenzaba a quedarse desierto. Las once sonaban en todos los relojes del barrio de Saint-Germain, hacía una temperatura suave. D′Artagnan seguía una calleja situada sobre el emplazamiento por el que hoy pasa la calle d Assas, respirando las emanaciones embalsamadas que venían con el viento de la calle de Vaugirard y que enviaban los jardines refrescados por el rocío del atardecer y por la brisa de la noche. A lo lejos resonaban, amortiguados no obstante por buenos postigòs, los cantos de los bebedores en algunas tabernas perdidas en el llano. Llegado al cabo de la callejuela, D′Artagnan torció a la izquierda. La casa que habitaba Aramis se hallaba situada entre la calle Cassete y la calle Servandoni;.
D′Artagnan venait de dépasser la rue Cassette et reconnaissait déjà la porte de la maison de son ami, enfouie sous un massif de sycomores et de clématites qui formaient un vaste bourrelet au- dessus d′elle lorsqu′il aperçut quelque chose comme une ombre qui sortait de la rue Servandoni. Ce quelque chose était enveloppé d′un manteau, et d′Artagnan crut d′abord que c′était un homme; mais, à la petitesse de la taille, à l′incertitude de la démarche, à l′embarras du pas, il reconnut bientôt une femme. De plus, cette femme, comme si elle n′eût pas été bien sûre de la maison qu′elle cherchait, levait les yeux pour se reconnaître, s′arrêtait, retournait en arrière, puis revenait encore. D′Artagnan fut intrigué.D′Artagnan acababa de dejar atrás la calle Cassete y reconocía ya la puerta de la casa de su amigo, enterrada bajo un macizo de sicomoros y de clemátides que formaban un vasto anillo por encima de ella, cuando percibió algo como una sombra que salía de la calle Servandoni. Ese algo estaba envuelto en una capa, y D′Artagnan creyó al principio que era un hombre; pero por la pequeñez de la talla, por la incertidumbre de los andares, por el embarazo del paso, pronto reconoció a una mujer. Es más, aquella mujer, como si no hubiera estado bien segura de la casa que buscaba, alzaba los ojos para orientarse, se detenía, volvía atrás, luego volvía de nuevo. D′Artagnan quedó intrigado.
«Si j′allais lui offrir mes services! pensa-t-il. À son allure, on voit qu′elle est jeune; peut-être jolie. Oh! oui. Mais une femme qui court les rues à cette heure ne sort guère que pour aller rejoindre son amant. Peste! si j′allais troubler les rendez-vous, ce serait une mauvaise porte pour entrer en relations.»"¡Y si fuera a ofrecerle mis servicios! -pensó-. Por su aspecto se ve que es joven; quizá sea hermosa. ¡Oh! Sí. Pero una mujer que corre las calles a esta hora no sale más que para reunirse con su amante. ¡Maldita sea! Si fuera a perturbar la cita, sería un mal comienzo para entrar en relaciones."
Cependant, la jeune femme s′avançait toujours, comptant les maisons et les fenêtres. Ce n′était, au reste, chose ni longue, ni difficile. Il n′y avait que trois hôtels dans cette partie de la rue, et deux fenêtres ayant vue sur cette rue; l′une était celle d′un pavillon parallèle à celui qu′occupait Aramis, l′autre était celle d′Aramis lui-même.Sin embargo, la joven seguía avanzando, contando las casas y las ventanas. No era, por lo demás, cosa larga ni difícil. No había más que tres palacetes en aquella parte de la calle, y dos ventanas con vistas sobre aquella calle: la una era de un pabellón paralelo al que ocupaba Aramis, la otra era la del propio Aramis.
«Pardieu! se dit d′Artagnan, auquel la nièce du théologien revenait à l′esprit; pardieu! il serait drôle que cette colombe attardée cherchât la maison de notre ami. Mais sur mon âme, cela y ressemble fort. Ah! mon cher Aramis, pour cette fois, j′en veux avoir le coeur net.»-¡Pardiez! -se dijo D′Artagnan, a quien la nieta del teólogo venía a las mientes-. ¡Pardiez! Estaría bueno que esa paloma rezagada buscase la casa de nuestro amigo. Pero, por vida mía, eso sería demasiado. ¡Ah, mi querido Aramis, por esta vez, quiero tener el corazón limpio!
Et d′Artagnan, se faisant le plus mince qu′il put, s′abrita dans le côté le plus obscur de la rue, près d′un banc de pierre situé au fond d′une niche.Y D′Artagnan, haciéndose lo más delgado que pudo, se puso a cubierto en el lado más oscuro de la calle, junto a un banco de piedra situado en el fondo de un nicho.
La jeune femme continua de s′avancer, car outre la légèreté de son allure, qui l′avait trahie, elle venait de faire entendre une petite toux qui dénonçait une voix des plus fraîches. D′Artagnan pensa que cette toux était un signal.La joven continuó avanzando, porque además de la ligereza de su paso, que le había traicionado, acababa de hacer oír una breve tos que denunciaba una voz de las más frescas. D′Artagnan pensó que aquella tos era una señal.
Cependant, soit qu′on eût répondu à cette toux par un signe équivalent qui avait fixé les irrésolutions de la nocturne chercheuse, soit que sans secours étranger elle eût reconnu qu′elle était arrivée au bout de sa course, elle s′approcha résolument du volet d′Aramis et frappa à trois intervalles égaux avec son doigt recourbé.Sin embargo, bien porque se hubiera respondido a aquella tos mediante un signo equivalente que había fijado las irresoluciones de la nocturna buscadora, bien porque sin ayuda extraña hubiera reconocido que había llegado al fin de su camino, se acercó resueltamente al postigo de Aramis y llamó con tres intervalos iguales con su dedo encorvado.
«C′est bien chez Aramis, murmura d′Artagnan. Ah! monsieur l′hypocrite! je vous y prends à faire de la théologie!»-¡Vaya con Aramis! -murmuró D′Artagnan-. ¡Ah, señor hipócrita, os he cogido haciendo teología!
Les trois coups étaient à peine frappés, que la croisée intérieure s′ouvrit et qu′une lumière parut à travers les vitres du volet.Apenas fueron dados los tres golpes cuando la ventana interior se abrió y una luz apareció a través de los vidrios del postigo.
«Ah! ah! fit l′écouteur non pas aux portes, mais aux fenêtres, ah! la visite était attendue. Allons, le volet va s′ouvrir et la dame entrera par escalade. Très bien!»-¡Ah, ah! -hizo el indiscreto no de las puertas, sino de las ventanas-. ¡Vaya!, esperaban la visita. Veamos, el postigo va a abrirse y la dama entrará escalando. ¡Muy bien!
Mais, au grand étonnement de d′Artagnan, le volet resta fermé. De plus, la lumière qui avait flamboyé un instant, disparut, et tout rentra dans l′obscurité.Pero, para gran asombro de D Artagnan, el postigo permaneció cerrado. Además, la luz que había resplandecido un instante desapareció y todo volvió a la oscuridad.
D′Artagnan pensa que cela ne pouvait durer ainsi, et continua de regarder de tous ses yeux et d′écouter de toutes ses oreilles.D′Artagnan pensó que aquello no podía durar así, y continuó mirando con todos sus ojos y escuchando con todas sus orejas.
Il avait raison: au bout de quelques secondes, deux coups secs retentirent dans l′intérieur.Tenía razón: al cabo de unos segundos, dos golpes secos resonaron en el interior.
La jeune femme de la rue répondit par un seul coup, et le volet s′entrouvrit.La joven de la calle respondió con un solo golpe seco, y el postigo se entreabrió.
On juge si d′Artagnan regardait et écoutait avec avidité.Júzguese si D′Artagnan miraba y escuchaba con avidez.
Malheureusement, la lumière avait été transportée dans un autre appartement. Mais les yeux du jeune homme s′étaient habitués à la nuit. D′ailleurs les yeux des Gascons ont, à ce qu′on assure, comme ceux des chats, la propriété de voir pendant la nuit.Desgraciadamente, la luz había sido llevada a otra habitación. Pero los ojos del joven se habían habituado a la noche. Por otra parte, los ojos de los gascones tienen, como los de los gatos, según se asegura, la propiedad de ver durante la noche.
D′Artagnan vit donc que la jeune femme tirait de sa poche un objet blanc qu′elle déploya vivement et qui prit la forme d′un mouchoir. Cet objet déployé, elle en fit remarquer le coin à son interlocuteur.D′Artagnan vio, pues, que la joven sacaba de su bolso un objeto blanco que desplegó con viveza y que tomó la forma de un pañuelo. Desplegado aquel objeto, hizo notar una esquina a su interlocutor.
Cela rappela à d′Artagnan ce mouchoir qu′il avait trouvé aux pieds de Mme Bonacieux, lequel lui avait rappelé celui qu′il avait trouvé aux pieds d′Aramis.Esto recordó a D′Artagnan aquel pañuelo que había encontrado a los pies de la señora Bonacieux, que le había recordado el que habia encontrado a los pies de Aramis.
«Que diable pouvait donc signifier ce mouchoir?»¿Qué diablos podía, pues, significar aquel pañuelo?
Placé où il était, d′Artagnan ne pouvait voir le visage d′Aramis, nous disons d′Aramis, parce que le jeune homme ne faisait aucun doute que ce fût son ami qui dialoguât de l′intérieur avec la dame de l′extérieur; la curiosité l′emporta donc sur la prudence, et, profitant de la préoccupation dans laquelle la vue du mouchoir paraissait plonger les deux personnages que nous avons mis en scène, il sortit de sa cachette, et prompt comme l′éclair, mais étouffant le bruit de ses pas, il alla se coller à un angle de la muraille, d′où son oeil pouvait parfaitement plonger dans l′intérieur de l′appartement d′Aramis.Situado donde estaba, D′Artagnan no podía ver el rostro de Aramis, y decimos de Aramis porque el joven no tenía ninguna duda de que era su amigo quien dialogaba desde el interior con la dama del exterior; la curiosidad pudo en él más que la prudencia y aprovechando la preocupación en que la vista del pañuelo parecía sumir a los dos personajes que hemos puesto en escena, salió de su escondite, y raudo como una centella, pero ahogando el ruido de sus pasos, fue a pegarse a una esquina del muro, desde el que su mirada podía hundirse perfectamente en el interior de la habitación de Aramis.
Arrivé là, d′Artagnan pensa jeter un cri de surprise: ce n′était pas Aramis qui causait avec la nocturne visiteuse, c′était une femme. Seulement, d′Artagnan y voyait assez pour reconnaître la forme de ses vêtements, mais pas assez pour distinguer ses traits.Llegado allí, D′Artagnan pensó lanzar un grito de sorpresa: no era Aramis quien hablaba con la visitante nocturna, era una mujer. Sólo que D′Artagnan veía bastante para reconocer la forma de sus vestidos, pero no para distinguir sus rasgos.
Au même instant, la femme de l′appartement tira un second mouchoir de sa poche, et l′échangea avec celui qu′on venait de lui montrer. Puis, quelques mots furent prononcés entre les deux femmes. Enfin le volet se referma; la femme qui se trouvait à l′extérieur de la fenêtre se retourna, et vint passer à quatre pas de d′Artagnan en abaissant la coiffe de sa mante; mais la précaution avait été prise trop tard, d′Artagnan avait déjà reconnu Mme Bonacieux.En el mismo instante, la mujer de la habitación sacó un segundo pañuelo de su bolsillo y lo cambió por aquel que acababan de mostrarle. Luego entre las dos mujeres fueron pronunciadas algunas palabras. Por fin el postigo se cerró. La mujer que se hallaba en el exterior de la ventana se volvió y vino a pasar a cuatro pasos de D′Artagnan bajando la toca de su manto; pero la precaución había sido tomada demasiado tarde y D′Artagnan había reconocido a la señora Bonacieux.
Mme Bonacieux! Le soupçon que c′était elle lui avait déjà traversé l′esprit quand elle avait tiré le mouchoir de sa poche; mais quelle probabilité que Mme Bonacieux qui avait envoyé chercher M. de La Porte pour se faire reconduire par lui au Louvre, courût les rues de Paris seule à onze heures et demie du soir, au risque de se faire enlever une seconde fois?¡La señora Bonacieux! La sospecha de que era ella le había cruzado por el espíritu cuando había sacado el pañuelo de su bolso; pero ¿por qué motivo la señora Bonacieux, que había enviado a buscar al señor de La Porte para hacerse llevar por él al Louvre, corría las calles de París sola a las once y media de la noche, con riesgo de hacerse raptar por segunda vez?
Il fallait donc que ce fût pour une affaire bien importante; et quelle est l′affaire importante d′une femme de vingt-cinq ans? L′amour.Era preciso, por tanto, que fuera por un asunto muy importante. ¿Y qué asunto hay importante para una mujer de veinticinco años? El amor.
Mais était-ce pour son compte ou pour le compte d′une autre personne qu′elle s′exposait à de semblables hasards? Voilà ce que se demandait à lui-même le jeune homme, que le démon de la jalousie mordait au coeur ni plus ni moins qu′un amant en titre.Pero ¿era por su cuenta o por cuenta de otra persona por lo que se exponía a semejantes azares? Esto era lo que se preguntaba a sí mismo el joven, a quien el demonio de los celos mordía en el corazón ni más ni menos que a un amante titulado.
Il y avait, au reste, un moyen bien simple de s′assurer où allait Mme Bonacieux: c′était de la suivre. Ce moyen était si simple, que d′Artagnan l′employa tout naturellement et d′instinct.Había por otra parte un medio muy simple de asegurarse adónde iba la señora Bonacieux: era seguirla. Este medio era tan simple que D′Artagnan lo empleó naturalmente y por instinto.
Mais, à la vue du jeune homme qui se détachait de la muraille comme une statue de sa niche, et au bruit des pas qu′elle entendit retentir derrière elle, Mme Bonacieux jeta un petit cri et s′enfuit.Pero a la vista del joven que se separaba del muro como una estatua de su nicho, y al ruido de los pasos que oyó resonar tras ella, la señora Bonacieux lanzó un pequeño grito y huyó.
D′Artagnan courut après elle. Ce n′était pas une chose difficile pour lui que de rejoindre une femme embarrassée dans son manteau. Il la rejoignit donc au tiers de la rue dans laquelle elle s′était engagée. La malheureuse était épuisée, non pas de fatigue, mais de terreur, et quand d′Artagnan lui posa la main sur l′épaule, elle tomba sur un genou en criant d′une voix étranglée:D′Artagnan corrió tras ella. No era una cosa difícil para él alcanzar a una mujer embarazada por su manto. La alcanzó, pues, un tercio más allá de la calle en que se había adentrado. La desgraciada estaba agotada, no de fatiga sino de terror, y cuando D′Artagnan le puso la mano sobre el hombro, ella cayó sobre una rodilla gritando con voz estrangulada:
«Tuez-moi si vous voulez, mais vous ne saurez rien.»-Matadme si queréis, pero no sabréis nada.
D′Artagnan la releva en lui passant le bras autour de la taille; mais comme il sentait à son poids qu′elle était sur le point de se trouver mal, il s′empressa de la rassurer par des protestations de dévouement. Ces protestations n′étaient rien pour Mme Bonacieux; car de pareilles protestations peuvent se faire avec les plus mauvaises intentions du monde; mais la voix était tout. La jeune femme crut reconnaître le son de cette voix: elle rouvrit les yeux, jeta un regard sur l′homme qui lui avait fait si grand-peur, et, reconnaissant d′Artagnan, elle poussa un cri de joie.D′Artagnan la alzó pasándole el brazo en torno al talle; pero como sintió por su peso que estaba a punto de desvanecerse, se apresuró a traquilizarla con protestas de afecto. Tales protestas no significaban nada para la señora Bonacieux, porque semejantes protestas pueden hacerse con las peores intenciones del mundo; pero la voz era todo. La joven creyó reconocer el sonido de aquella voz; volvió a abrir los ojos, lanzó una mirada sobre el hombre que le había causado tan gran miedo y, al reconocer a D′Artagnan, lanzó un grito de alegría.
«Oh! c′est vous, c′est vous! dit-elle; merci, mon Dieu!-¡Oh, sois vos! ¡Sois vos! -dijo-. ¡Gracias, Dios mío!
— Oui, c′est moi, dit d′Artagnan, moi que Dieu a envoyé pour veiller sur vous.-Sí, soy yo -dijo D′Artagnan-, yo, a quien Dios ha enviado para velar por vos.
— Était-ce dans cette intention que vous me suiviez?» demanda avec un sourire plein de coquetterie la jeune femme, dont le caractère un peu railleur reprenait le dessus, et chez laquelle toute crainte avait disparu du moment où elle avait reconnu un ami dans celui qu′elle avait pris pour un ennemi.-¿Era con esa intención con la que me seguíais? -preguntó con una sonrisa llena de coquetería la joven cuyo carácter algo burlón la dominaba, y en la que todo temor había desaparecido desde el momento mismo en que había reconocido un amigo en aquel a quien había tomado por un enemigo.
«Non, dit d′Artagnan, non, je l′avoue; c′est le hasard qui m′a mis sur votre route; j′ai vu une femme frapper à la fenêtre d′un de mes amis…-No -dijo D′Artagnan-, no, lo confieso, es el azar el que me ha puesto en vuestra ruta; he visto una mujer llamar a la ventana de uno de mis amigos...
— D′un de vos amis? interrompit Mme Bonacieux.-¿De uno de vuestros amigos? -interrumpió la señora Bonacieux.
— Sans doute; Aramis est de mes meilleurs amis.-Sin duda; Aramis es uno de mis mejores amigos.
— Aramis! qu′est-ce que cela?-¡Aramis! ¿Quién es ése?
— Allons donc! allez-vous me dire que vous ne connaissez pasAramis?- Vamos! ¿Vais a decirme que no conocéis a Aramis?
— C′est la première fois que j′entends prononcer ce nom.- Es la primera vez que oigo pronunciar ese nombre.
— C′est donc la première fois que vous venez à cette maison?-Entonces, ¿es la primera vez que vais a esa casa?
— Sans doute.-Claro.
— Et vous ne saviez pas qu′elle fût habitée par un jeune homme?-¿Y no sabíais que estuviese habitada por un joven?
— Non.-No.
— Par un mousquetaire?-¿Por un mosquetero?
— Nullement.-De ninguna manera.
— Ce n′est donc pas lui que vous veniez chercher?-¿No es, pues, a él a quien veníais a buscar?
— Pas le moins du monde. D′ailleurs, vous l′avez bien vu, la personne à qui j′ai parlé est une femme.-De ningún modo. Además, ya lo habéis visto, la persona con quien he hablado es una mujer.
— C′est vrai; mais cette femme est des amies d′Aramis.-Es cierto; pero esa mujer es de las amigas de Aramis.
— Je n′en sais rien.-Yo no sé nada de eso.
— Puisqu′elle loge chez lui.-Se aloja en su casa.
— Cela ne me regarde pas.-Eso no me atañe.
— Mais qui est-elle?-Pero ¿quién es ella?
— Oh! cela n′est point mon secret.-¡Oh! Ese no es secreto mío.
— Chère madame Bonacieux, vous êtes charmante; mais en même temps vous êtes la femme la plus mystérieuse…-Querida señora Bonacieux, sois encantadora; pero al mismo tiempo sois la mujer más misteriosa...
— Est-ce que je perds à cela?-¿Es que pierdo con eso?
— Non; vous êtes, au contraire, adorable. Alors, donnez-moi le bras.-No, al contrario, sois adorable. -Entonces, dadme el brazo.
— Bien volontiers. Et maintenant?-De buena gana. ¿Y ahora?
— Maintenant, conduisez-moi.-Ahora conducidme.
— Où cela?-¿Adónde?
— Où je vais.-Adonde voy.
— Mais où allez-vous?-Pero ¿adónde vais?
— Vous le verrez, puisque vous me laisserez à la porte.-Ya lo veréis, puesto que me dejaréis en la puerta.
— Faudra-t-il vous attendre?-¿Habrá que esperaros.
— Ce sera inutile.-Será inútil.
— Vous reviendrez donc seule? Peut-être oui, peut-être non.-Entonces, ¿volveréis sola? -Quizá sí, quizá no.
— Mais la personne qui vous accompagnera ensuite sera-t-elle un homme, sera-t-elle une femme?-Y la persona que os acompañará luego, ¿será un hombre, será una mujer?
— Je n′en sais rien encore.-No sé nada todavía.
— Je le saurai bien, moi!-Yo sí, yo sí lo sabré.
— Comment cela?-¿Y cómo?
— Je vous attendrai pour vous voir sortir.-Os esperaré para veros salir.
— En ce cas, adieu!-En ese caso, ¡adiós!
— Comment cela?-¿Cómo?
— Je n′ai pas besoin de vous.-No tengo necesidad de vos.
— Mais vous aviez réclamé…-Pero habíais reclamado...
— L′aide d′un gentilhomme, et non la surveillance d′un espion.-La ayuda de un gentilhombre, y no la vigilancia de un espía.
— Le mot est un peu dur!-La palabra es un poco dura.
— Comment appelle-t-on ceux qui suivent les gens malgré eux?-¿Cómo se llama a los que siguen a las personas a pesar suyo?
— Des indiscrets.-Indiscretos.
— Le mot est trop doux.-La palabra es demasiado suave.
— Allons, madame, je vois bien qu′il faut faire tout ce que vous voulez.-Vamos, señora, me doy cuenta de que hay que hacer todo lo que vos queráis.
— Pourquoi vous être privé du mérite de le faire tout de suite?-¿Por qué privaros del mérito de hacerlo en seguida?
— N′y en a-t-il donc aucun à se repentir?-¿No hay alguno que se ha arrepentido de ello?
— Et vous repentez-vous réellement?-Y vos, ¿os arrepentís en realidad?
— Je n′en sais rien moi-même. Mais ce que je sais, c′est que je vous promets de faire tout ce que vous voudrez si vous me laissez vous accompagner jusqu′où vous allez.-Yo no sé nada de mí mismo. Pero lo que sé es que os prometo hacer todo lo que queráis si me dejáis acompañaros hasta donde vayáis.
— Et vous me quitterez après?Y me dejaréis después?
— Oui.-Sí.
— Sans m′épier à ma sortie?-¿Sin espiarme a mi salida?
— Non.-No.
— Parole d′honneur?-¿Palabra de honor?
— Foi de gentilhomme!-¡A fe de gentilhombre!
— Prenez mon bras et marchons alors.»-Tomad entonces mi brazo y caminemos.
D′Artagnan offrit son bras à Mme Bonacieux, qui s′y suspendit, moitié rieuse, moitié tremblante, et tous deux gagnèrent le haut de la rue de La Harpe. Arrivée là, la jeune femme parut hésiter, comme elle avait déjà fait dans la rue de Vaugirard. Cependant, à de certains signes, elle sembla reconnaître une porte; et s′approchant de cette porte:D′Artagnan ofreció su brazo a la señora Bonacieux, que se cogió de él, mitad riendo, mitad temblando, y los dos juntos ganaron lo alto de la calle La Harpe. Llegada allí la joven pareció dudar, como ya había hecho en la calle Vaugirard. Sin embargo, por ciertos signos, pareció reconocer una puerta; y se acercó a ella.
«Et maintenant, monsieur, dit-elle, c′est ici que j′ai affaire; mille fois merci de votre honorable compagnie, qui m′a sauvée de tous les dangers auxquels, seule, j′eusse été exposée. Mais le moment est venu de tenir votre parole: je suis arrivée à ma destination.-Y ahora, señor -dijo-, aquí es donde tengo que venir; mil gracias por vuestra honorable compañía, que me ha salvado de todos los peligros a que habría estado expuesta. Pero ha llegado el momento de cumplir vuestra palabra: yo he llegado a mi destino.
— Et vous n′aurez plus rien à craindre en revenant?-¿Y no tendréis nada que temer a la vuelta?
— Je n′aurai à craindre que les voleurs.-No tendré que temer más que a los ladrones.
— N′est-ce donc rien?-¿Y eso no es nada?
— Que pourraient-ils me prendre? je n′ai pas un denier sur moi.-¿Qué podrían robarme? No tengo un denario encima.
— Vous oubliez ce beau mouchoir brodé, armorié.-Olvidáis ese bello pañuelo bordado, blasonado.
— Lequel?-¿Cuál?
— Celui que j′ai trouvé à vos pieds et que j′ai remis dans votre poche.-El que encontré a vuestros pies y que metí en vuestro bolsillo.
— Taisez-vous, taisez-vous, malheureux! s′écria la jeune femme, voulez-vous me perdre?-¡Callaos, callaos, desgraciado! -exclamó la joven-. ¿Queréis perderme?
— Vous voyez bien qu′il y a encore du danger pour vous, puisqu′un seul mot vous fait trembler, et que vous avouez que, si on entendait ce mot, vous seriez perdue. Ah! tenez, madame, s′écria d′Artagnan en lui saisissant la main et la couvrant d′un ardent regard, tenez! soyez plus généreuse, confiez-vous à moi; n′avez- vous donc pas lu dans mes yeux qu′il n′y a que dévouement et sympathie dans mon coeur?-Ya veis que todavía hay peligro para vos, puesto que una sola palabra os hace temblar y confesáis que si oyesen esa palabra estaríais perdida. ¡Ah, señora -exclamó D′Artagnan cogiéndole la mano y cubriéndola con una ardiente mirada-, sed más generosa, confiad en mí! No habéis leído todavía en mis ojos que no hay más que afecto y simpatía en mi corazón.
— Si fait, répondit Mme Bonacieux; aussi demandez-moi mes secrets, et je vous les dirai; mais ceux des autres, c′est autre chose.-Claro que sí -respondió la señora Bonacieux- y si me pedís mis secretos, os los diré; pero los de los demás, es otra cosa.
— C′est bien, dit d′Artagnan, je les découvrirai; puisque ces secrets peuvent avoir une influence sur votre vie, il faut que ces secrets deviennent les miens.-Está bien -dijo D′Artagnan-, yo los descubriré; puesto que tales secretos pueden tener influencia sobre vuestra vida, es preciso que esos secretos se conviertan en los míos.
— Gardez-vous-en bien, s′écria la jeune femme avec un sérieux qui fit frissonner d′Artagnan malgré lui. Oh! ne vous mêlez en rien de ce qui me regarde, ne cherchez point à m′aider dans ce que j′accomplis; et cela, je vous le demande au nom de l′intérêt que je vous inspire, au nom du service que vous m′avez rendu! et que je n′oublierai de ma vie. Croyez bien plutôt à ce que je vous dis. Ne vous occupez plus de moi, je n′existe plus pour vous, que ce soit comme si vous ne m′aviez jamais vue.-Guardaos de ello -exclamó la joven con una serenidad que hizo temblar a D′Artagnan a su pesar-. ¡No os mezcléis en nada de lo que me atañe, no tratéis de ayudarme en lo que hago! Y esto os lo pido en nombre del interés que os inspiro, en nombre del servicio que me habéis hecho, y que no olvidaré en mi vida. Creed ante todo en lo que os digo. No os ocupéis más de mí, no existo más para vos, que sea como si no me hubierais visto jamás.
— Aramis doit-il en faire autant que moi, madame? dit d′Artagnan piqué.-¿Aramis debe hacer lo mismo que yo, señora? -dijo D′Artagnan picado.
— Voilà deux ou trois fois que vous avez prononcé ce nom, monsieur, et cependant je vous ai dit que je ne le connaissais pas.-Es ya la segunda o tercera vez que pronunciáis ese nombre, señor, y sin embargo os he dicho que no lo conocía.
— Vous ne connaissez pas l′homme au volet duquel vous avez été frapper. Allons donc, madame! vous me croyez par trop crédule, aussi!-¿No conocéis al hombre a cuyo postigo vais a llamar? Vamos, señora, ¿no me creéis demasiado crédulo?
— Avouez que c′est pour me faire parler que vous inventez cette histoire, et que vous créez ce personnage.-Confesad que habéis inventado esa historia para hacerme hablar, y que vos mismo habéis creado ese personaje.
— Je n′invente rien, madame, je ne crée rien, je dis l′exacte vérité.-Yo no he inventado nada, señora, no creo nada, digo la exacta verdad.
— Et vous dites qu′un de vos amis demeure dans cette maison?-¿Y decíis que uno de vuestros amigos vive en esa casa?
— Je le dis et je le répète pour la troisième fois, cette maison est celle qu′habite mon ami, et cet ami est Aramis.-Lo digo y lo repito por tercera vez, en esa casa es donde vive mi amigo, y ese amigo es Aramis.
— Tout cela s′éclaircira plus tard, murmura la jeune femme: maintenant, monsieur, taisez-vous.-Todo esto se aclarará más tarde -murmuró la joven-; ahora, señor, callaos.
— Si vous pouviez voir mon coeur tout à découvert, dit d′Artagnan, vous y liriez tant de curiosité, que vous auriez pitié de moi, et tant d′amour, que vous satisferiez à l′instant même ma curiosité. On n′a rien à craindre de ceux qui vous aiment.-Si pudierais ver mi corazón completamente al descubierto -dijo D′Artagnan-, leeríais en él tanta curiosidad que tendríais piedad de mí, y tanto amor que al instante satisfaríais incluso mi curiosidad. No tenéis nada que temer de quienes os aman.
— Vous parlez bien vite d′amour, monsieur! dit la jeune femme en secouant la tête.-Habláis muy deprisa de amor, señor -dijo la mujer moviendo la cabeza.
— C′est que l′amour m′est venu vite et pour la première fois, et que je n′ai pas vingt ans.»-Es que el amor me ha venido deprisa y por primera vez, y aún no tengo veinte años.
La jeune femme le regarda à la dérobée.La joven lo miró a hurtadillas
«Écoutez, je suis déjà sur la trace, dit d′Artagnan. Il y a trois mois, j′ai manqué avoir un duel avec Aramis pour un mouchoir pareil à celui que vous avez montré à cette femme qui était chez lui, pour un mouchoir marqué de la même manière, j′en suis sûr.-Escuchad, estoy tras su rastro-dijo D′Artagnan- Hace tres meses estuve a punto de tener un duelo con Aramis por un pañuelo semejante al que habéis mostrado a aquella mujer que estaba en su casa, por un pañuelo marcado de la misma manera, estoy seguro.
— Monsieur, dit la jeune femme, vous me fatiguez fort, je vous le jure, avec ces questions.-Señor -dijo la joven-, me cansáis, os lo juro, con esas preguntas.
— Mais vous, si prudente, madame, songez-y, si vous étiez arrêtée avec ce mouchoir, et que ce mouchoir fût saisi, ne seriez-vous pas compromise?-Pero vos, señora, tan prudente pensad en ello; si fuerais arrestada con ese pañuelo, y si ese pañuelo fuera cogido, ¿no os comprometeríais?
— Pourquoi cela, les initiales ne sont-elles pas les miennes:C.B., Constance Bonacieux?-¿Y por qué? ¿Las iniciales no son las mías: C. B., Costance Bonacieux?
— Ou Camille de Bois-Tracy.-O Camille de Bois-Tracy.
— Silence, monsieur, encore une fois silence! Ah! puisque les dangers que je cours pour moi-même ne vous arrêtent pas, songez à ceux que vous pouvez courir, vous!-Silencio, señor, una vez mas, ¡silencio! ¡Ah! Puesto que los peligros que corro no os detienen, pensad en los que podéis correr vos.
— Moi?-¿Yo?
— Oui, vous. Il y a danger de la prison, il y a danger de la vie à me connaître.-Sí, vos. Corréis peligro en la cárcel, corréis peligro de muerte por el hecho de conocerme.
— Alors, je ne vous quitte plus.-Entonces no os dejo.
— Monsieur, dit la jeune femme suppliant et joignant les mains, monsieur, au nom du Ciel, au nom de l′honneur d′un militaire, au nom de la courtoisie d′un gentilhomme, éloignez-vous; tenez, voilà minuit qui sonne, c′est l′heure où l′on m′attend.-Señor -dijo la joven suplicando y juntando las manos-, señor, en el nombre del cielo, en el nombre del honor de un militar, en el nombre de la cortesía de un gentilhombre, alejaos; ved, suenan las doce, es la hora en que me esperan.
— Madame, dit le jeune homme en s′inclinant, je ne sais rien refuser à qui me demande ainsi; soyez contente, je m′éloigne.-Señora -dijo el joven inclinándose-, no sé negar nada a quien me lo pide así; contentaos, ya me alejo.
— Mais vous ne me suivrez pas, vous ne m′épierez pas?-Pero ¿no me seguiréis, no me espiaréis?
— Je rentre chez moi à l′instant.-Regreso a mi casa ahora mismo.
— Ah! je le savais bien, que vous étiez un brave jeune homme!» s′écria Mme Bonacieux en lui tendant une main et en posant l′autre sur le marteau d′une petite porte presque perdue dans la muraille.-¡Ah, ya sabía yo que erais un buen joven! -exclamó la señora Bonacieux tendiéndole una mano y poniendo la otra en la aldaba de una pequeña puerta casi perdida en el muro.
— D′Artagnan saisit la main qu′on lui tendait et la baisa ardemment.D′Artagnan tomó la mano que se le tendía y la besó ardientemente.
«Ah! j′aimerais mieux ne vous avoir jamais vue, s′écria d′Artagnan avec cette brutalité na que les femmes préfèrent souvent aux afféteries de la politesse, parce qu′elle découvre le fond de la pensée et qu′elle prouve que le sentiment l′emporte sur la raison.-¡Ay, preferiría no haberos visto jamás! -exclamó D′Artagnan con aquella brutalidad ingenua que las mujeres prefieren con frecuencia a las afectaciones de la cortesía, porque descubre el fondo del pensamiento y prueba que el sentimiento domina sobre la razón.
— Eh bien, reprit Mme Bonacieux d′une voix presque caressante, et en serrant la main de d′Artagnan qui n′avait pas abandonné la sienne; eh bien, je n′en dirai pas autant que vous: ce qui est perdu pour aujourd′hui n′est pas perdu pour l′avenir. Qui sait, si lorsque je serai déliée un jour, je ne satisferai pas votre curiosité?-¡Pues bien! -prosiguió la señora Bonacieux con una voz casi acariciadora y estrechando la mano de D′Artagnan, que no había abandonado la suya-. ¡Pues bien¡ Yo no diré tanto como vos: lo que está perdido para hoy no está perdido para el futuro. ¿Quién sabe si cuando yo esté libre un día no satisfaré vuestra curiosidad?
— Et faites-vous la même promesse à mon amour? s′écria d′Artagnan au comble de la joie.-¿Y hacéis la misma promesa a mi amor? -exclamó D′Artagnan en el colmo de la alegría.
— Oh! de ce côté, je ne veux point m′engager, cela dépendra des sentiments que vous saurez m′inspirer.-¡Oh! Por ese lado, no quiero comprometerme, eso dependerá de los sentimientos que vos sepáis inspirarme.
— Ainsi, aujourd′hui, madame…-Así, hoy, señora...
— Aujourd′hui, monsieur, je n′en suis encore qu′à la reconnaissance.-Hoy, señor, no estoy segura más que del agradecimiento.
— Ah! vous êtes trop charmante, dit d′Artagnan avec tristesse, et vous abusez de mon amour.-¡Ah! Sois muy encantadora -dijo D′Artagnan con tristeza-, y abusáis de mi amor.
— Non, j′use de votre générosité, voilà tout. Mais croyez-le bien, avec certaines gens tout se retrouve.-No, yo use de vuestra generosidad, eso es todo. Pero, creedlo, con ciertas personas todo se recobra.
— Oh! vous me rendez le plus heureux des hommes. N′oubliez pas cette soirée, n′oubliez pas cette promesse.-¡Oh, me hacéis el más feliz de los hombres! No olvidéis esta noche, no olvidéis esta promesa.
— Soyez tranquille, en temps et lieu je me souviendrai de tout. Eh bien, partez donc, partez, au nom du Ciel! On m′attendait à minuit juste, et je suis en retard.-Estad tranquilo, en tiempo y lugar me acordaré de todo. ¡Y bien, partid pues, partid, en nombre del cielo! Me esperaban a las doce en punto, y voy retrasada.
— De cinq minutes.-Cinco minutos.
— Oui; mais dans certaines circonstances, cinq minutes sont cinq siècles.-Sí; pero en ciertas circunstancias cinco minutos son cinco siglos.
— Quand on aime.-Cuando se ama.
— Eh bien, qui vous dit que je n′ai pas affaire à un amoureux?-¿Y quién os dice que no tengo un asunto amoroso?
— C′est un homme qui vous attend? s′écria d′Artagnan, un homme!-¿Es un hombre el que os espera? -exclamó D′Artagnan-. ¡Un hombre!
— Allons, voilà la discussion qui va recommencer, fit Mme Bonacieux avec un demi-sourire qui n′était pas exempt d′une certaine teinte d′impatience.-Vamos, que la discusión vuelve a empezar -dijo la señora Bonacieux con media sonrisa que no estaba exenta de cierto tinte de impaciencia.
— Non, non, je m′en vais, je pars; je crois en vous, je veux avoir tout le mérite de mon dévouement, ce dévouement dût-il être une stupidité. Adieu, madame, adieu!»-No, no, me voy; creo en vos, quiero tener todo el mérito de mi afecto, aunque ese afecto sea una estupidez. ¡Adiós, señora, adiós!
Et comme s′il ne se fût senti la force de se détacher de la main qu′il tenait que par une secousse, il s′éloigna tout courant, tandis que Mme Bonacieux frappait, comme au volet, trois coups lents et réguliers; puis, arrivé à l′angle de la rue, il se retourna: la porte s′était ouverte et refermée, la jolie mercière avait disparu.Y como si no se sintiera con fuerza para separarse de la mano que sostenía más que mediante una sacudida, se alejó corriendo, mientras la señora Bonacieux llamaba, como en el postigo, con tres golpes lentos y regulares; luego, llegado al ángulo de la calle, él se volvió: la puerta se había abierto y vuelto a cerrar, la bonita mercera había desaparecido.
D′Artagnan continua son chemin, il avait donné sa parole de ne pas épier Mme Bonacieux, et sa vie eût-elle dépendu de l′endroit où elle allait se rendre, ou de la personne qui devait l′accompagner, d′Artagnan serait rentré chez lui, puisqu′il avait dit qu′il y rentrait. Cinq minutes après, il était dans la rue des Fossoyeurs.D′Artagnan prosiguió su camino, había dado su palabra de no espiar a la señora Bonacieux, y aunque la vida de ella dependiera del lugar adonde había ido a reunirse, o de la persona que debía acompañarla, D′Artagnan habría vuelto a su casa, puesto que había dicho que volvía. Cinco minutos después estaba en la calle des Fossoyeurs.
«Pauvre Athos, disait-il, il ne saura pas ce que cela veut dire. Il se sera endormi en m′attendant, ou il sera retourné chez lui, et en rentrant il aura appris qu′une femme y était venue. Une femme chez Athos! Après tout, continua d′Artagnan, il y en avait bien une chez Aramis. Tout cela est fort étrange, et je serais bien curieux de savoir comment cela finira.-Pobre Athos -decía-, no sabrá lo que esto quiere decir. Se habrá dormido mientras me esperaba, o habrá regresado a su casa, y al volver se habrá enterado de que había ido allí una mujer. ¡Una mujer en casa de Athos! Después de todo -continuó D′Artagnan-, también había una en casa de Aramis. Todo esto es muy extraño y me intriga mucho saber cómo va a terminar.
— Mal, monsieur, mal», répondit une voix que le jeune homme reconnut pour celle de Planchet; car tout en monologuant tout haut, à la manière des gens très préoccupés, il s′était engagé dans l′allée au fond de laquelle était l′escalier qui conduisait à sa chambre.-Mal, señor, mal -respondió una voz que el joven reconoció como la de Planchet; porque monologando en voz alta, a la manera de las personas muy preocupadas, se había adentrado por el camino al fondo del cual estaba la escalera que conducía a su habitación.
«Comment, mal? que veux-tu dire, imbécile? demanda d′Artagnan, qu′est-il donc arrivé?-¿Cómo mal? ¿Qué quieres decir, imbécil? -preguntó D′Artagnan-. ¿Qué ha pasado?
— Toutes sortes de malheurs.-Toda clase de desgracias.
— Lesquels?-¿Cuáles?
— D′abord M. Athos est arrêté.-En primer lugar, el señor Athos está arrestado.
— Arrêté! Athos! arrêté! pourquoi?-¡Arrestado! ¡Athos! ¡Arrestado! ¿Por qué?
— On l′a trouvé chez vous; on l′a pris pour vous.-Lo encontraron en vuestra casa; lo tomaron por vos.
— Et par qui a-t-il été arrêté?-¿Y quién lo ha arrestado?
— Par la garde qu′ont été chercher les hommes noirs que vous avez mis en fuite.-La guardia que fueron a buscar los hombres negros que vos pusisteis en fuga.
— Pourquoi ne s′est-il pas nommé? pourquoi n′a-t-il pas dit qu′il était étranger à cette affaire?-¡Por qué no ha dicho su nombre! ¿Por qué no ha dicho que no tenía nada que ver con este asunto?
— Il s′en est bien gardé, monsieur; il s′est au contraire approché de moi et m′a dit: «C′est ton maître qui a besoin de sa liberté en ce moment, et non pas moi, puisqu′il sait tout et que je ne sais rien. On le croira arrêté, et cela lui donnera du temps; dans trois jours je dirai qui je suis, et il faudra bien qu′on me fasse sortir.»-Se ha guardado mucho de hacerlo, señor; al contrario, se ha acercado a mí y me ha dicho: "Es tu amo el que necesita su libertad en este momento, y no yo, porque él sabe todo y yo no sé nada. Le creerán arrestado, y esto le dará tiempo; dentro de tres días diré quién soy, y entonces tendrán que dejarme salir."
— Bravo, Athos! noble coeur, murmura d′Artagnan, je le reconnais bien là! Et qu′ont fait les sbires?-¡Bravo, Athos! Noble corazón -murmuró D′Artagnan-, en eso le reconozco. ¿Y qué han hecho los esbirros?
— Quatre l′ont emmené je ne sais où, à la Bastille ou au For- l′Évêque; deux sont restés avec les hommes noirs, qui ont fouillé partout et qui ont pris tous les papiers. Enfin les deux derniers, pendant cette expédition, montaient la garde à la porte; puis, quand tout a été fini, ils sont partis, laissant la maison vide et tout ouvert.-Cuatro se lo han llevado no sé adónde, a la Bastilla o al Fort-l′Evêque; dos se han quedado con los hombres negros, que han registrado por todas partes y que han cogido todos los papeles. Por fin, los dos últimos, durante esta comisión, montaban guardia en la puerta; luego, cuando todo ha acabado, se han marchado dejando la casa vacía y completamente abierta.
— Et Porthos et Aramis?-¿Y Porthos y Aramis?
— Je ne les avais pas trouvés, ils ne sont pas venus.-Yo no los encontré, no han venido.
— Mais ils peuvent venir d′un moment à l′autre, car tu leur as fait dire que je les attendais?-Pero pueden venir de un momento a otro, porque tú les dejaste el recado de que los esperaba.
— Oui, monsieur.-Sí, señor.
— Eh bien, ne bouge pas d′ici; s′ils viennent, préviens-les de ce qui m′est arrivé, qu′ils m′attendent au cabaret de la Pomme de Pin; ici il y aurait danger, la maison peut être espionnée. Je cours chez M. de Tréville pour lui annoncer tout cela, et je les y rejoins.-Bueno, no te muevas de aquí; si vienen, avísales de lo que me ha pasado, que me esperen en la taberna de la Pomme du Pin; aquí habría peligro, la casa puede ser espiada. Corro a casa del señor de Tréville para anunciarle todo esto, y me reúno con ellos.
— C′est bien, monsieur, dit Planchet.-Está bien, señor -dijo Planchet.
— Mais tu resteras, tu n′auras pas peur! dit d′Artagnan en revenant sur ses pas pour recommander le courage à son laquais.-Pero tú te quedas, tú no tengas miedo -dijo D′Artagnan volviendo sobre sus pasos para recomendar valor a su lacayo.
— Soyez tranquille, monsieur, dit Planchet, vous ne me connaissez pas encore; je suis brave quand je m′y mets, allez; c′est le tout de m′y mettre; d′ailleurs je suis Picard.-Estad tranquilo, señor -dijo Planchet-; no me conocéis todavía: soy valiente cuando me pongo a ello; la cosa consiste en ponerme; además, soy picardo.
— Alors, c′est convenu, dit d′Artagnan, tu te fais tuer plutôt que de quitter ton poste.-Entonces, de acuerdo -dijo D′Artagnan-; te haces matar antes que abandonar tu puesto.
— Oui, monsieur, et il n′y a rien que je ne fasse pour prouver à monsieur que je lui suis attaché.»-Sí, señor, y no hay nada que no haga para probar al señor que le soy adicto.
«Bon, dit en lui-même d′Artagnan, il paraît que la méthode que j′ai employée à l′égard de ce garçon est décidément la bonne: j′en userai dans l′occasion.»-Bueno -se dijo a sí mismo D′Artagnan-, parece que el método que empleé con este muchacho es decididamente bueno; lo usaré en su momento.
Et de toute la vitesse de ses jambes, déjà quelque peu fatiguées cependant par les courses de la journée, d′Artagnan se dirigea vers la rue du Colombier.Y con toda la rapidez de sus piernas, algo fatigadas ya sin embargo por las carreras de la jornada, D′Artagnan se dirigió hacia la calle du Vieux-Colombier.
M. de Tréville n′était point à son hôtel; sa compagnie était de garde au Louvre; il était au Louvre avec sa compagnie.El señor de Tréville no estaba en su palacio; su compañía se hallaba de guardia en el Louvre; él estaba en el Louvre con su compañía.
Il fallait arriver jusqu′à M. de Tréville; il était important qu′il fût prévenu de ce qui se passait. D′Artagnan résolut d′essayer d′entrer au Louvre. Son costume de garde dans la compagnie de M. des Essarts lui devait être un passeport.Había que llegar hasta el señor de Tréville; era importante que fuera prevenido de lo que pasaba. D′Artagnan decidió entrar en el Louvre. Su traje de guardia de la compañía del señor Des Essarts debía servirle de pasaporte.
Il descendit donc la rue des Petits-Augustins, et remonta le quai pour prendre le Pont-Neuf. Il avait eu un instant l′idée de passer le bac; mais en arrivant au bord de l′eau, il avait machinalement introduit sa main dans sa poche et s′était aperçu qu′il n′avait pas de quoi payer le passeur.Descendió, pues, la calle des Petits-Augustins y subió el muelle para tomar el Pont-Neuf. Por un instante tuvo la idea de pasar en la barca, pero al llegar a la orilla del agua había introducido maquinalmente su mano en el bolsillo y se había dado cuenta de que no tenía con qué pagar al barquero.
Comme il arrivait à la hauteur de la rue Guénégaud, il vit déboucher de la rue Dauphine un groupe composé de deux personnes et dont l′allure le frappa.Cuando llegaba a la altura de la calle Guénégaud, vio desembocar de la calle Dauphine un grupo compuesto por dos personas cuyo aspecto le sorprendió.
Les deux personnes qui composaient le groupe étaient: l′un, un homme; l′autre, une femme.Las dos personas que componían el grupo eran: la una, un hombre; la otra, una mujer.
La femme avait la tournure de Mme Bonacieux, et l′homme ressemblait à s′y méprendre à Aramis.La mujer tenía el aspecto de la señora Bonacieux, y el hombre se parecía a Aramis hasta el punto de ser tomado por él.
En outre, la femme avait cette mante noire que d′Artagnan voyait encore se dessiner sur le volet de la rue de Vaugirard et sur la porte de la rue de La Harpe.Además, la mujer tenía aquella capa negra que D′Artagnan veía aún recortarse sobre el postigo de la calle de Vaugirard y sobre la puerta de la calle de La Harpe.
De plus, l′homme portait l′uniforme des mousquetaires.Además, el hombre llevaba el uniforme de los mosqueteros.
Le capuchon de la femme était rabattu, l′homme tenait son mouchoir sur son visage; tous deux, cette double précaution l′indiquait, tous deux avaient donc intérêt à n′être point reconnus.El capuchón de la mujer estaba vuelto, el hombre tenía su pañuelo sobre su rostro; los dos, esa doble precaución lo indicaba, los dos tenían, pues, interés en no ser reconocidos.
Ils prirent le pont: c′était le chemin de d′Artagnan, puisque d′Artagnan se rendait au Louvre; d′Artagnan les suivit.Ellos tomaron el puente; era el camino de D′Artagnan, puesto que D′Artagnan se dirigía al Louvre; D′Artagnan los siguió.
D′Artagnan n′avait pas fait vingt pas, qu′il fut convaincu que cette femme, c′était Mme Bonacieux, et que cet homme, c′était Aramis.D′Artagnan no había dado veinte pasos cuando quedó convencido de que aquella mujer era la señora Bonacieux y de que aquel hombre era Aramis.
Il sentit à l′instant même tous les soupçons de la jalousie qui s′agitaient dans son coeur.En el mismo instante sintió que todas las sospechas de los celos se agitaban en su corazón.
Il était doublement trahi et par son ami et par celle qu′il aimait déjà comme une maîtresse. Mme Bonacieux lui avait juré ses grands dieux qu′elle ne connaissait pas Aramis, et un quart d′heure après qu′elle lui avait fait ce serment, il la retrouvait au bras d′Aramis.Era doblemente traicionado por su amigo y por aquella a la que amaba ya como a una amante. La señora Bonacieux le había jurado por todos los dioses que no conocía a Aramis, y un cuarto de hora después de que ella le hubiera hecho este juramento la volvía a encontrar del brazo de Aramis.
D′Artagnan ne réfléchit pas seulement qu′il connaissait la jolie mercière depuis trois heures seulement, qu′elle ne lui devait rien qu′un peu de reconnaissance pour l′avoir délivrée des hommes noirs qui voulaient l′enlever, et qu′elle ne lui avait rien promis. Il se regarda comme un amant outragé, trahi, bafoué; le sang et la colère lui montèrent au visage, il résolut de tout éclaircir.D′Artagnan no reflexionó que conocía a la bonita mercera desde hacía tres horas, que no le debía a él nada más que un poco de gratitud por haberla liberado de los hombres perversos que querían raptarla, y que ella no le había prometido nada. Se miró como un amante ultrajado, traicionado, escarnecido; la sangre y la cólera le subieron al rostro, resolvió aclararlo todo.
La jeune femme et le jeune homme s′étaient aperçus qu′ils étaient suivis, et ils avaient doublé le pas. D′Artagnan prit sa course, les dépassa, puis revint sur eux au moment où ils se trouvaient devant la Samaritaine, éclairée par un réverbère qui projetait sa lueur sur toute cette partie du pont.La joven mujer y el joven hombre se habían dado cuenta de que los seguían, y habían doblado el paso. D′Artagnan tomó carrera, los sobrepasó, luego volvió sobre ellos en el momento en que se encontraban ante la Samaritaine, alumbrada por un reverbero que proyectaba su claridad sobre toda aquella parte del puente.
D′Artagnan s′arrêta devant eux, et ils s′arrêtèrent devant lui.D′Artagnan se detuvo ante ellos, y ellos se detuvieron ante él.
«Que voulez-vous, monsieur? demanda le mousquetaire en reculant d′un pas et avec un accent étranger qui prouvait à d′Artagnan qu′il s′était trompé dans une partie de ses conjectures.-¿Qué queréis, señor? -preguntó el mosquetero retrocediendo un paso y con un acento extranjero que probaba a D′Artagnan que se había equivocado en una parte de sus conjeturas.
— Ce n′est pas Aramis! s′écria-t-il.-¡No es Aramis! -exclamó.
— Non, monsieur, ce n′est point Aramis, et à votre exclamation je vois que vous m′avez pris pour un autre, et je vous pardonne.-No, señor, no soy Aramis, y por vuestra exclamación veo que me habéis tomado por otro, y os perdono.
— Vous me pardonnez! s′écria d′Artagnan.-¡Vos me perdonáis! -exclamó D′Artagnan.
— Oui, répondit l′inconnu. Laissez-moi donc passer, puisque ce n′est pas à moi que vous avez affaire.-Sí -respondió el desconocido -. Dejadme, pues, pasar, porque nada tenéis conmigo.
— Vous avez raison, monsieur, dit d′Artagnan, ce n′est pas à vous que j′ai affaire, c′est à madame.-Tenéis razón, señor -dijo D′Artagnan-, nada tengo con vos, sí con la señora.
— À madame! vous ne la connaissez pas, dit l′étranger.-¡Con la señora! Vos no la conocéis -dijo el extranjero.
— Vous vous trompez, monsieur, je la connais.-Os equivocáis, señor, la conozco.
— Ah! fit Mme Bonacieux d′un ton de reproche, ah monsieur! j′avais votre parole de militaire et votre foi de gentilhomme; j′espérais pouvoir compter dessus.-¡Ah! -dijo la señora Bonacieux con un tono de reproche-. ¡Ah, señor! Tenía yo vuestra palabra de militar y vuestra fe de gentilhombre; esperaba contar con ellas.
— Et moi, madame, dit d′Artagnan embarrassé, vous m′aviez promis…-Y yo, señora -dijo D′Artagnan embarazado-. Me habíais prometido. . .
— Prenez mon bras, madame, dit l′étranger, et continuons notre chemin.»-Tomad mi brazo, señora -dijo el extranjero-, y continuemos nuestro camino.
Cependant d′Artagnan, étourdi, atterré, anéanti par tout ce qui lui arrivait, restait debout et les bras croisés devant le mousquetaire et Mme Bonacieux.Sin embargo, D′Artagnan, aturdido, aterrado, anonadado por todo lo que le pasaba, permanecía en pie y con los brazos cruzados ante el mosquetero y la señora Bonacieux.
Le mousquetaire fit deux pas en avant et écarta d′Artagnan avec la main.El mosquetero dio dos pasos hacia adelante y apartó a D′Artagnan con la mano.
D′Artagnan fit un bond en arrière et tira son épée.D′Artagnan dio un salto hacia atrás y sacó su espada.
En même temps et avec la rapidité de l′éclair, l′inconnu tira la sienne.Al mismo tiempo y con la rapidez de la centella, el desconocido sacó la suya.
«Au nom du Ciel, Milord! s′écria Mme Bonacieux en se jetant entre les combattants et prenant les épées à pleines mains.-¡En nombre del cielo, milord! -exclamó la señora Bonacieux arrojándose entre los combatientes y tomando las espadas con sus manos.
— Milord! s′écria d′Artagnan illuminé d′une idée subite, Milord! pardon, monsieur; mais est-ce que vous seriez…-¡Milord! -exclamó D′Artagnan iluminado por una idea súbita-. ¡Milord! Perdón señor, es que vois sois...
— Milord duc de Buckingham, dit Mme Bonacieux à demi-voix; et maintenant vous pouvez nous perdre tous.-Milord el duque de Buckingham -dijo la señora Bonacieux a media voz-; y ahora podéis perdernos a todos.
— Milord, madame, pardon, cent fois pardon; mais je l′aimais,Milord, et j′étais jaloux; vous savez ce que c′est que d′aimer,Milord; pardonnez-moi, et dites-moi comment je puis me faire tuerpour Votre Grâce.-Milord, madame, perdón, cien veces perdón; pero yo la amaba, milord, y estaba celoso; vos sabéis lo que es amar, milord; perdonadme y decidme cómo puedo hacerme matar por vuestra gracia.
— Vous êtes un brave jeune homme, dit Buckingham en tendant à d′Artagnan une main que celui-ci serra respectueusement; vous m′offrez vos services, je les accepte; suivez-nous à vingt pas jusqu′au Louvre; et si quelqu′un nous épie, tuez-le!»-Sois un joven valiente -dijo Buckingham tendiendo a D′Artagnan una mano que éste apretó respetuosamente-; me ofrecéis vuestros servicios, los acepto; seguidnos a veinte pasos hasta el Louvre. ¡Y si alguien nos espía, matadlo!
D′Artagnan mit son épée nue sous son bras, laissa prendre à Mme Bonacieux et au duc vingt pas d′avance et les suivit, prêt à exécuter à la lettre les instructions du noble et élégant ministre de Charles Ier.D′Artagnan puso su espada desnuda bajo su brazo, dejó adelantarse a la señora Bonacieux y al duque veinte pasos y los siguió, dispuesto a ejecutar a la letra las instrucciones del noble y elegante ministro de Carlos I.
Mais heureusement le jeune séide n′eut aucune occasion de donner au duc cette preuve de son dévouement, et la jeune femme et le beau mousquetaire rentrèrent au Louvre par le guichet de l′Échelle sans avoir été inquiétés…Pero afortunadamente el joven secuaz no tuvo ninguna ocasión de dar al duque aquella prueba de su devoción; y la joven y el hermoso mosquetero entraron en el Louvre por el postigo de L′Echelle sin haber sido inquietados.
Quant à d′Artagnan, il se rendit aussitôt au cabaret de la Pomme de Pin, où il trouva Porthos et Aramis qui l′attendaient.En cuanto a D′Artagnan, se volvió al punto a la taberna de la Pomme du Pin, donde encontró a Porthos y a Aramis que lo esperaban.
Mais, sans leur donner d′autre explication sur le dérangement qu′il leur avait causé, il leur dit qu′il avait terminé seul l′affaire pour laquelle il avait cru un instant avoir besoin de leur intervention. Et maintenant, emportés que nous sommes par notre récit, laissons nos trois amis rentrer chacun chez soi, et suivons, dans les détours du Louvre, le duc de Buckingham et son guide.Pero sin darles otra explicación sobre la molestia que les había causado, les dijo que había terminado solo el asunto para el que por un instante había creído necesitar su intervención. Y ahora, arrastrados como estamos por nuestro relato, dejemos a nuestros tres amigos volver cada uno a su casa, y sigamos por el laberinto del Louvre al duque de Buckingham y a su guía.






CHAPITRE XII -- GEORGES VILLIERS, DUC DE BUCKINGHAM

Capítulo XII -- Georges Villiers, duque de Buckingham

Madame Bonacieux et le duc entrèrent au Louvre sans difficulté; Mme Bonacieux était connue pour appartenir à la reine; le duc portait l′uniforme des mousquetaires de M. de Tréville, qui, comme nous l′avons dit, était de garde ce soir-là. D′ailleurs Germain était dans les intérêts de la reine, et si quelque chose arrivait, Mme Bonacieux serait accusée d′avoir introduit son amant au Louvre, voilà tout; elle prenait sur elle le crime: sa réputation était perdue, il est vrai, mais de quelle valeur était dans le monde la réputation d′une petite mercière?La señora Bonacieux y el duque entraron en el Louvre sin dificultad; la señora Bonacieux era conocida por pertenecer a la reina; el duque llevaba el uniforme de los mosqueteros del señor de Tréville que, como hemos dicho, estaba de guardia aquella noche. Además, Germain era adicto a los intereses de la reina, y si algo pasaba, la señora Bonacieux sería acusada de haber introducido a su amante en el Louvre, eso es todo; cargaba con el crimen: su reputación estaba perdida, cierto, pero ¿qué valor tiene en el mundo la reputación de una simple mercera?
Une fois entrés dans l′intérieur de la cour, le duc et la jeune femme suivirent le pied de la muraille pendant l′espace d′environ vingt-cinq pas; cet espace parcouru, Mme Bonacieux poussa une petite porte de service, ouverte le jour, mais ordinairement fermée la nuit; la porte céda; tous deux entrèrent et se trouvèrent dans l′obscurité, mais Mme Bonacieux connaissait tous les tours et détours de cette partie du Louvre, destinée aux gens de la suite. Elle referma les portes derrière elle, prit le duc par la main, fit quelques pas en tâtonnant, saisit une rampe, toucha du pied un degré, et commença de monter un escalier: le duc compta deux étages. Alors elle prit à droite, suivit un long corridor, redescendit un étage, fit quelques pas encore, introduisit une clef dans une serrure, ouvrit une porte et poussa le duc dans un appartement éclairé seulement par une lampe de nuit, en disant: «Restez ici, Milord duc, on va venir.» Puis elle sortit par la même porte, qu′elle ferma à la clef, de sorte que le duc se trouva littéralement prisonnier.Un vez entrados en el interior del patio, el duque y la joven siguieron el pie de los muros durante un espacio de unos veinticinco pasos; recorrido ese espacio la señora Bonacieux empujó una pequeña puerta de servicio, abierta durante el día, pero cerrada generalmente por la noche; la puerta cedió; los dos entraron y se encontraron en la oscuridad, pero la señora Bonacieux conocía todas las vueltas y revueltas de aquella parte del Louvre, destinada a las personas de la servidumbre. Cerró las puertas tras ella, tomó al duque por la mano, dio algunos pasos a tientas, asió una barandilla, tocó con el pie un escalón y comenzó a subir la escalera; el duque contó dos pisos. Entonces ella torció a la derecha, siguió un largo corredor, volvió a bajar un piso, dio algunos pasos más todavía, introdujo una llave en una cerradura, abrió una puerta y empujó al duque en una habitación iluminada solamente por una lámpara de noche diciendo: "Quedad aquí, milord duque, vendrán". Luego salió por la misma puerta, que cerró con llave, de suerte que el duque se encontró literalmente prisionero.
Cependant, tout isolé qu′il se trouvait, il faut le dire, le duc de Buckingham n′éprouva pas un instant de crainte; un des côtés saillants de son caractère était la recherche de l′aventure et l′amour du romanesque. Brave, hardi, entreprenant, ce n′était pas la première fois qu′il risquait sa vie dans de pareilles tentatives; il avait appris que ce prétendu message d′Anne d′Autriche, sur la foi duquel il était venu à Paris, était un piège, et au lieu de regagner l′Angleterre, il avait, abusant de la position qu′on lui avait faite, déclaré à la reine qu′il ne partirait pas sans l′avoir vue. La reine avait positivement refusé d′abord, puis enfin elle avait craint que le duc, exaspéré, ne fît quelque folie. Déjà elle était décidée à le recevoir et à le supplier de partir aussitôt, lorsque, le soir même de cette décision, Mme Bonacieux, qui était chargée d′aller chercher le duc et de le conduire au Louvre, fut enlevée. Pendant deux jours on ignora complètement ce qu′elle était devenue, et tout resta en suspens. Mais une fois libre, une fois remise en rapport avec La Porte, les choses avaient repris leur cours, et elle venait d′accomplir la périlleuse entreprise que, sans son arrestation, elle eût exécutée trois jours plus tôt.Sin embargo, por más solo que se encontraba, hay que decirlo, el duque de Buckingham no experimentó por un instante siquiera temor; uno de los rasgos salientes de su carácter era la búsqueda de la aventura y el amor por lo novelesco. Valiente, osado, emprendedor, no era la primera vez que arriesgaba su vida en semejantes tentativas; había sabido que aquel presunto mensaje de Ana de Austria, fiado en el cual había venido a París, era una trampa, y en lugar de regresar a Inglaterra, abusando de la posición en que se le había puesto, había declarado a la reina que no partiría sin haberla visto. La reina se había negado rotundamente al principio, luego había temido que el duque, exasperado, cometiese alguna locura. Ya estaba decidida a recibirlo y a suplicarle que partiese al punto cuando, la tarde misma de aquella decisión, la señora Bonacieux, que estaba encargada de ir a buscar al duque y conducirle al Louvre, fue raptada. Durante dos días se ignoró completamente lo que había sido de ella, y todo quedó en suspenso. Pero una vez libre, una vez puesta de nuevo en contacto con La Porte, las cosas habían recuperado su curso, y ella acababa de realizar la peligrosa empresa que, sin su arresto, habría ejecutado tres días antes.
Buckingham, resté seul, s′approcha d′une glace. Cet habit de mousquetaire lui allait à merveille.Buckingham, que se había quedado solo, se acercó a un espejo. Aquel vestido de mosquetero le iba de maravilla.
À trente-cinq ans qu′il avait alors, il passait à juste titre pour le plus beau gentilhomme et pour le plus élégant cavalier de France et d′Angleterre.A los treinta y cinco años que entonces tenía, pasaba, y con razón, por el gentilhombre más hermoso y por el caballero más elegante de Francia y de Inglaterra.
Favori de deux rois, riche à millions, tout-puissant dans un royaume qu′il bouleversait à sa fantaisie et calmait à son caprice, Georges Villiers, duc de Buckingham, avait entrepris une de ces existences fabuleuses qui restent dans le cours des siècles comme un étonnement pour la postérité.Favorito de dos reyes, rico en millones, todopoderoso en el reino que agitaba según su fantasía y calmaba a su capricho, Georges Villiers, duque de Buckingham, había emprendido una de esas existencias fabulosas que quedan en el curso de los siglos como asombro para la posteridad.
Aussi, sûr de lui-même, convaincu de sa puissance, certain que les lois qui régissent les autres hommes ne pouvaient l′atteindre, allait-il droit au but qu′il s′était fixé, ce but fût-il si élevé et si éblouissant que c′eût été folie pour un autre que de l′envisager seulement. C′est ainsi qu′il était arrivé à s′approcher plusieurs fois de la belle et fière Anne d′Autriche et à s′en faire aimer, à force d′éblouissement.Por eso, seguro de sí mismo, convencido de su poder, cierto de que las leyes que rigen a los demás hombres no podían alcanzarlo, iba erecho al fin que se había fijado, por más que ese fin fuera tan elevado y tan deslumbrante que para cualquier otro sólo mirarlo habría sido locura. Así es como había conseguido acercarse varias veces a la bella y orgullosa Ana de Austria y hacerse amar a fuerza de deslumbramiento.
Georges Villiers se plaça donc devant une glace, comme nous l′avons dit, rendit à sa belle chevelure blonde les ondulations que le poids de son chapeau lui avait fait perdre, retroussa sa moustache, et le coeur tout gonflé de joie, heureux et fier de toucher au moment qu′il avait si longtemps désiré, se sourit à lui-même d′orgueil et d′espoir.Georges Villiers se situó, pues, ante un espejo, como hemos dicho, devolvió a su bella cabellera rubia las ondulaciones que el peso del sombrero le había hecho perder, se atusó su mostacho, y con el corazón todo henchido de alegría, feliz y orgulloso de alcanzar el momento que durante tanto tiempo había deseado, se sonrió a sí mismo de orgullo y de esperanza.
En ce moment, une porte cachée dans la tapisserie s′ouvrit et une femme apparut. Buckingham vit cette apparition dans la glace; il jeta un cri, c′était la reine!En aquel momento, un puerta oculta en la tapicería se abrió y apareció una mujer. Buckingham vio aquella aparición en el cristal; lanzó un grito, ¡era la reina!
Anne d′Autriche avait alors vingt-six ou vingt-sept ans, c′est-à- dire qu′elle se trouvait dans tout l′éclat de sa beauté.Ana de Austria tenía entonces veintiséis o veintisiete años, es decir, se encontraba en todo el esplendor de su belleza.
Sa démarche était celle d′une reine ou d′une déesse; ses yeux, qui jetaient des reflets d′émeraude, étaient parfaitement beaux, et tout à la fois pleins de douceur et de majesté.Su caminar era el de una reina o de una diosa; sus ojos, que despedían reflejos de esmeralda, eran perfectamente bellos, y al mismo tiempo llenos de dulzura y de majestad.
Sa bouche était petite et vermeille, et quoique sa lèvre inférieure, comme celle des princes de la maison d′Autriche, avançât légèrement sur l′autre, elle était éminemment gracieuse dans le sourire, mais aussi profondément dédaigneuse dans le mépris.Su boca era pequeña y bermeja y aunque su labio inferior, como el de los príncipes de la Casa de Austria, sobresalía ligeramente del otro, era eminentemente graciosa en la sonrisa, pero también profundamente desdeñosa en el desprecio.
Sa peau était citée pour sa douceur et son velouté, sa main et ses bras étaient d′une beauté surprenante, et tous les poètes du temps les chantaient comme incomparables.Su piel era citada por su suavidad y su aterciopelado, su mano y sus brazos eran de una belleza sorprendente y todos los poetas de la época los cantaban como incomparables.
Enfin ses cheveux, qui, de blonds qu′ils étaient dans sa jeunesse, étaient devenus châtains, et qu′elle portait frisés très clair et avec beaucoup de poudre, encadraient admirablement son visage, auquel le censeur le plus rigide n′eût pu souhaiter qu′un peu moins de rouge, et le statuaire le plus exigeant qu′un peu plus de finesse dans le nez.Finalmente, sus cabellos, que de rubios que eran en su juventud se habían vuelto castaños, y que llevaba rizados, muy claros y con mucho polvo, enmarcaban admirablemente su rostro, en el que el censor más rígido no hubiera podido desear más que un poco menos de rouge, y el escultor más exigente sólo un poco más de finura en la nariz.
Buckingham resta un instant ébloui; jamais Anne d′Autriche ne lui était apparue aussi belle, au milieu des bals, des fêtes, des carrousels, qu′elle lui apparut en ce moment, vêtue d′une simple robe de satin blanc et accompagnée de doña Estefania, la seule de ses femmes espagnoles qui n′eût pas été chassée par la jalousie du roi et par les persécutions de Richelieu.Buckingham permaneció un instante deslumbrado; jamás Ana de Austria le había parecido tan bella en medio de los bailes, de las fiestas, de los carruseles como le pareció en aquel momento, vestida con un simple vestido de satén blanco y acompañada de doña Estefanía, la única de sus mujeres españolas que no había sido expulsada por los celos del rey y por las persecuciones de Richelieu.
Anne d′Autriche fit deux pas en avant; Buckingham se précipita à ses genoux, et avant que la reine eût pu l′en empêcher, il baisa le bas de sa robe.Ana de Austria dio dos pasos hacia adelante; Buckingham se precipitó a sus rodillas y, antes de que la reina hubiera podido impedírselo, besó los bajos de su vestido.
«Duc, vous savez déjà que ce n′est pas moi qui vous ai fait écrire.-Duque, ya sabéis que no he sido yo quien os ha hecho escribir.
— Oh! oui, madame, oui, Votre Majesté, s′écria le duc; je sais que j′ai été un fou, un insensé de croire que la neige s′animerait, que le marbre s′échaufferait; mais, que voulez-vous, quand on aime, on croit facilement à l′amour; d′ailleurs je n′ai pas tout perdu à ce voyage, puisque je vous vois.-¡Oh! Sí, señora, sí, vuestra majestad -exclamó el duque-, sé que he sido un loco, un insensato por creer que la nieve se animaría, que el mármol se calentaría; mas, ¿qué queréis? Cuando se ama se cree fácilmente en el amor; además, no he perdido todo en este viaje, puesto que os veo.
— Oui, répondit Anne, mais vous savez pourquoi et comment je vous vois, Milord. Je vous vois par pitié pour vous-même; je vous vois parce qu′insensible à toutes mes peines, vous vous êtes obstiné à rester dans une ville où, en restant, vous courez risque de la vie et me faites courir risque de mon honneur; je vous vois pour vous dire que tout nous sépare, les profondeurs de la mer, l′inimitié des royaumes, la sainteté des serments. Il est sacrilège de lutter contre tant de choses, Milord. Je vous vois enfin pour vous dire qu′il ne faut plus nous voir.-Sí -respondió Ana-, pero debéis saber por qué y cómo os veo, milord. Os veo por piedad hacia vos mismo; os veo porque, insensible a todas mis penas, os habéis obstinado en permanecer en una ciudad en la que, permaneciendo, corréis riesgo de la vida y me hacéis a mí correr el riesgo de mi honor; os veo para deciros que todo nos separa, las profundidades del mar, la enemistad de los reinos, la santidad de los juramentos. Es sacrilegio luchar contra tantas cosas, milord. Os veo, en fin para deciros que no tenemos que vernos más.
— Parlez, madame; parlez, reine, dit Buckingham; la douceur de votre voix couvre la dureté de vos paroles. Vous parlez de sacrilège! mais le sacrilège est dans la séparation des coeurs que Dieu avait formés l′un pour l′autre.-Hablad, señora; hablad, reina -dijo Buckingham-; la dulzura de vuestra voz cubre la dureza de vuestras palabras. ¡Vos habláis de sacrilegio! Pero el sacrilegio está en la separación de corazones que Dios había formado el uno para el otro.
— Milord, s′écria la reine, vous oubliez que je ne vous ai jamais dit que je vous aimais.-Milord -exclamó la reina-, olvidáis que nunca os he dicho que os amaba.
— Mais vous ne m′avez jamais dit non plus que vous ne m′aimiez point; et vraiment, me dire de semblables paroles, ce serait de la part de Votre Majesté une trop grande ingratitude. Car, dites-moi, où trouvez-vous un amour pareil au mien, un amour que ni le temps, ni l′absence, ni le désespoir ne peuvent éteindre; un amour qui se contente d′un ruban égaré, d′un regard perdu, d′une parole échappée?-Pero jamás me habéis dicho que no me amarais; y, realmente, decirme semejantes palabras, sería por parte de vuestra majestad una ingratitud demasiado grande. Porque, decidme, ¿dónde encontráis un amor semejante al mío, un amor que ni el tiempo, ni la ausencia, ni la desesperación pueden apagar, un amor que se contenta con una cinta extraviada, con una mirada perdida, con una palabra escapada?
«Il y a trois ans, madame, que je vous ai vue pour la première fois, et depuis trois ans je vous aime ainsi.Hace tres años, señora, que os vi por primera vez, y desde hace tres años os amo así. ¿Queréis que os diga cómo estabais vestida la primera vez que os vi?
«Voulez-vous que je vous dise comment vous étiez vêtue la première fois que je vous vis? voulez-vous que je détaille chacun des ornements de votre toilette? Tenez, je vous vois encore: vous étiez assise sur des carreaux, à la mode d′Espagne; vous aviez une robe de satin vert avec des broderies d′or et d′argent; des manches pendantes et renouées sur vos beaux bras, sur ces bras admirables, avec de gros diamants; vous aviez une fraise fermée, un petit bonnet sur votre tête, de la couleur de votre robe, et sur ce bonnet une plume de héron.¿Queréis que detalle cada uno de los adornos de vuestro tocado? Mirad, aún lo veo; estabais sentada en un cojín cuadrado, a la moda de España; teníais un vestido de satén verde con brocados de oro y de plata; las mangas colgantes y anudadas sobre vuestros hellos brazos, sobre esos brazos admirables, con gruesos diamantes; teníais una gorguera cerrada, un pequeño bonete sobre vuestra cabeza del color de vuestro vestido, y sobre ese bonete una pluma de garza.
«Oh! tenez, tenez, je ferme les yeux, et je vous vois telle que vous étiez alors; je les rouvre, et je vous vois telle que vous êtes maintenant, c′est-à-dire cent fois plus belle encore!¡Oh! Mirad, mirad, cierro los ojos y os veo tal cual erais entonces; los abro y os veo cual sois ahora, es decir, ¡cien veces más bella aún!
— Quelle folie! murmura Anne d′Autriche, qui n′avait pas le courage d′en vouloir au duc d′avoir si bien conservé son portrait dans son coeur; quelle folie de nourrir une passion inutile avec de pareils souvenirs!-¡Qué locura! -murmuró Ana de Austria, que no tenía el valor de admitirle al duque haber conservado tan bien su retrato en su corazón-. ¡Qué locura alimentar una pasión inútil con semejantes recuerdos!
— Et avec quoi voulez-vous donc que je vive? je n′ai que des souvenirs, moi. C′est mon bonheur, mon trésor, mon espérance. Chaque fois que je vous vois, c′est un diamant de plus que je renferme dans l′écrin de mon coeur. Celui-ci est le quatrième que vous laissez tomber et que je ramasse; car en trois ans, madame, je ne vous ai vue que quatre fois: cette première que je viens de vous dire, la seconde chez Mme de Chevreuse, la troisième dans les jardins d′Amiens.-¿Y con qué queréis entonces que yo viva? Yo no tengo más que recuerdos. Es mi felicidad, es mi tesoro, es mi esperanza. Cada vez que os veo, es un diamante más que guardo en el escriño de mi corazón. Este es el cuarto que vos dejáis caer y que yo recojo; porque en tres años, señora, no os he visto más que cuatro veces: esa primera de que acabo de hablaros, la segunda en casa de la señora de Chevreuse, la tercera en los jardines de Amiens.
— Duc, dit la reine en rougissant, ne parlez pas de cette soirée.-Duque -dijo la reina ruborizándose- no habléis de esa noche.
— Oh! parlons-en, au contraire, madame, parlons-en: c′est la soirée heureuse et rayonnante de ma vie. Vous rappelez-vous la belle nuit qu′il faisait? Comme l′air était doux et parfumé, comme le ciel était bleu et tout émaillé d′étoiles! Ah! cette fois, madame, j′avais pu être un instant seul avec vous; cette fois, vous étiez prête à tout me dire, l′isolement de votre vie, les chagrins de votre coeur. Vous étiez appuyée à mon bras, tenez, à celui-ci. Je sentais, en inclinant ma tête à votre côté, vos beaux cheveux effleurer mon visage, et chaque fois qu′ils l′effleuraient je frissonnais de la tête aux pieds. Oh! reine, reine! oh! vous ne savez pas tout ce qu′il y a de félicités du ciel, de joies du paradis enfermées dans un moment pareil. Tenez, mes biens, ma fortune, ma gloire, tout ce qu′il me reste de jours à vivre, pour un pareil instant et pour une semblable nuit! car cette nuit-là, madame, cette nuit-là vous m′aimiez, je vous le jure.-¡Oh! Al contrario, hablemos, señora, hablemos de ella; es la noche feliz y resplandeciente de mi vida. ¿Os acordáis de la bella noche que hacía? ¡Cuán dulce y perfumado era el aire, cuán azul el cielo todo esmaltado de estrellas! ¡Ah! Aquella vez, señora, pude estar un instante a solas con vos; aquella vez vos estabais dispuesta a decirme todo: el aislamiento de vuestra vida, las penas de vuestro corazón. Vos estabais apoyada en mi brazo, mirad, en éste. Al inclinar mi cabeza a vuestro lado, yo sentía vuestros hermosos cabellos rozar mi rostro, y cada vez que me rozaban yo temblaba de la cabeza a los pies. ¡Oh, reina, reina! ¡Oh! No sabéis cuánta felicidad del cielo, cuánta alegría del paraíso hay encerradas en un momento semejante. Mirad, mis bienes, mi fortuna, mi gloria, ¡todos los días que me quedan por vivir a cambio de un momento semejante y de una noche parecida! Porque esa noche, señora, esa noche vos me amabais, os lo juro.
— Milord, il est possible, oui, que l′influence du lieu, que le charme de cette belle soirée, que la fascination de votre regard, que ces mille circonstances enfin qui se réunissent parfois pour perdre une femme se soient groupées autour de moi dans cette fatale soirée; mais vous l′avez vu, Milord, la reine est venue au secours de la femme qui faiblissait: au premier mot que vous avez osé dire, à la première hardiesse à laquelle j′ai eu à répondre, j′ai appelé.-Milord, es posible, sí, que la influencia del lugar, que el encanto de aquella hermosa noche, que la fascinación de vuestra mirada, que esas mil circunstancias, en fin, que se juntan a veces para perder a una mujer, se hayan agrupado en torno mío en aquella noche fatal; pero ya lo visteis, milord; la reina vino en ayuda de la mujer que flaqueaba: a la primera palabra que osasteis decir, a la primera osadía a la que tuve que responder, pedí ayuda.
— Oh! oui, oui, cela est vrai, et un autre amour que le mien aurait succombé à cette épreuve; mais mon amour, à moi, en est sorti plus ardent et plus éternel. Vous avez cru me fuir en revenant à Paris, vous avez cru que je n′oserais quitter le trésor sur lequel mon maître m′avait chargé de veiller. Ah! que m′importent à moi tous les trésors du monde et tous les rois de la terre! Huit jours après, j′étais de retour, madame. Cette fois, vous n′avez rien eu à me dire: j′avais risqué ma faveur, ma vie, pour vous voir une seconde, je n′ai pas même touché votre main, et vous m′avez pardonné en me voyant si soumis et si repentant.-¡Oh! Sí, sí, eso es cierto, y cualquier otro amor distinto al mío habría sucumbido a esa prueba; pero mi amor, en mi caso, ha salido de ella ardiente y más eterno. Creisteis huir de mí volviendo a París, creisteis que no osaría abandonar el tesoro que mi amo me había encargado vigilar. ¡Ah, qué me importan a mí todos los tesoros del mundo ni todos los reyes de la tierra! Ocho días después, yo estaba de regreso, señora. Y esa vez, nada tuvisteis que decirme: yo había arriesgado mi favor, mi vida, por veros un segundo, no toqué siquiera vuestra mano, y vos me perdonasteis al verme tan sometido y arrepentido.
— Oui, mais la calomnie s′est emparée de toutes ces folies dans lesquelles je n′étais pour rien, vous le savez bien, Milord. Le roi, excité par M. le cardinal, a fait un éclat terrible: Mme de Vernet a été chassée, Putange exilé, Mme de Chevreuse est tombée en défaveur, et lorsque vous avez voulu revenir comme ambassadeur en France, le roi lui-même, souvenez-vous-en, Milord, le roi lui-même s′y est opposé.-Sí, pero la calumnia se ha apoderado de todas esas locuras en las que yo no contaba para nada, y vos lo sabéis bien, milord. El rey, excitado por el señor cardenal, organizó un escándalo terrible: la señora de Vernet ha sido echada, Putange exiliado, la señora de Chevreuse ha caído en desgracia, y cuando vos quisisteis volver como embajador de Francia, recordad, milord, que el rey mismo se opuso.
— Oui, et la France va payer d′une guerre le refus de son roi. Je ne puis plus vous voir, madame; eh bien, je veux chaque jour que vous entendiez parler de moi.-Sí, y Francia va a pagar con una guerra el rechazo de su rey. Yo no puedo veros, señora; pues bien, quiero que cada día oigáis hablar de mí.
«Quel but pensez-vous qu′aient eu cette expédition de Ré et cette ligue avec les protestants de La Rochelle que je projette? Le plaisir de vous voir!¿Qué otro objetivo pensáis que han tenido esa expedición de Ré y esa liga con los protestantes de la Rochelle que proyecto? ¡El placer de veros!.
«Je n′ai pas l′espoir de pénétrer à main armée jusqu′à Paris, je le sais bien: mais cette guerre pourra amener une paix, cette paix nécessitera un négociateur, ce négociateur ce sera moi. On n′osera plus me refuser alors, et je reviendrai à Paris, et je vous reverrai, et je serai heureux un instant. Des milliers d′hommes, il est vrai, auront payé mon bonheur de leur vie; mais que m′importera, à moi, pourvu que je vous revoie! Tout cela est peut- être bien fou, peut-être bien insensé; mais, dites-moi, quelle femme a un amant plus amoureux? quelle reine a eu un serviteur plus ardent?No tengo la esperanza de penetrar a mano armada hasta Paris, lo sé de sobra; pero esta guerra podrá llevar a una paz, esa paz necesitará un negociador, ese negociador seré yo. Entonces no se atreverán a rechazarme, y volveré a Paris, y os veré, y seré feliz un instante. Cierto que miles de hombres habrán pagado mi dicha con su vida; pero ¿qué me importaría a mí, dado que os vuelvo a ver? Todo esto es quizá muy loco, quizá muy insensato; pero decidme, ¿qué mujer tiene un amante más enamorado? ¿Qué reina ha tenido un servidor más ardiente?
— Milord, Milord, vous invoquez pour votre défense des choses qui vous accusent encore; Milord, toutes ces preuves d′amour que vous voulez me donner sont presque des crimes.-Milord, milord, invocáis para vuestra defensa cosas que os acusan incluso; milord, todas esas pruebas de amor que queréis darme son casi crímenes.
— Parce que vous ne m′aimez pas, madame: si vous m′aimiez, vous verriez tout cela autrement, si vous m′aimiez, oh! mais, si vous m′aimiez, ce serait trop de bonheur et je deviendrais fou. Ah! Mme de Chevreuse dont vous parliez tout à l′heure, Mme de Chevreuse a été moins cruelle que vous; Holland l′a aimée, et elle a répondu à son amour.-Porque vos no me amáis, señora; si me amaseis, todo esto lo veríais de otro modo; si me amaseis, ¡oh!, si vos me amaseis sería demasiada felicidad y me volvería loco. ¡Ah! La señora de Chevreuse, de la que hace un momento hablabais, la señora de Chevreuse ha sido menos cruel que vos; Holland la amó y ella respondió a su amor.
— Mme de Chevreuse n′était pas reine, murmura Anne d′Autriche, vaincue malgré elle par l′expression d′un amour si profond.-La señora de Chevreuse no era reina -murmuró Ana de Austria, vencida a pesar suyo por la expresión de un amor tan profundo.
— Vous m′aimeriez donc si vous ne l′étiez pas, vous, madame, dites, vous m′aimeriez donc? Je puis donc croire que c′est la dignité seule de votre rang qui vous fait cruelle pour moi; je puis donc croire que si vous eussiez été Mme de Chevreuse, le pauvre Buckingham aurait pu espérer? Merci de ces douces paroles, ô ma belle Majesté, cent fois merci.-¿Me amaríais entonces si no lo fuerais, señora, decid, me amaríais entonces? ¿Puedo, pues, creer que es la dignidad sola de vuestro rango la que os hace cruel para mí? ¿Puedo, pues, creer que si vos hubierais sido la señora de Chevreuse, el pobre Buckingham habría podido esperar? Gracias por esas dulces palabras, mi bella Majestad, cien veces gracias.
— Ah! Milord, vous avez mal entendu, mal interprété; je n′ai pas voulu dire…-¡Ah! Milord, habéis entendido mal, habéis interpretado mal; yo no he querido decir...
— Silence! Silence! dit le duc, si je suis heureux d′une erreur, n′ayez pas la cruauté de me l′enlever. Vous l′avez dit vous-même, on m′a attiré dans un piège, j′y laisserai ma vie peut-être, car, tenez, c′est étrange, depuis quelque temps j′ai des pressentiments que je vais mourir.» Et le duc sourit d′un sourire triste et charmant à la fois.-¡Silencio! ¡Silencio! -dijo el duque-. Si yo soy feliz por un error, no tengáis la crueldad de quitármelo. Lo habéis dicho vos misma, se me ha atraído a una trampa, tal vez deje mi vida en ella porque, mirad, es extraño, pero desde hace algún tiempo tengo presentimientos de que voy a morir -y el duque sonrió con una sonrisa triste y encantadora a la vez.
«Oh! mon Dieu! s′écria Anne d′Autriche avec un accent d′effroi qui prouvait quel intérêt plus grand qu′elle ne le voulait dire elle prenait au duc.-¡Oh, Dios mío! -exclamó Ana de Austria con un acento de terror que probaba que sentía por el duque un interés mayor del que quería confesar.
— Je ne vous dis point cela pour vous effrayer, madame, non; c′est même ridicule ce que je vous dis, et croyez que je ne me préoccupe point de pareils rêves. Mais ce mot que vous venez de dire, cette espérance que vous m′avez presque donnée, aura tout payé, fût-ce même ma vie.-No os digo esto para asustaros, señora, no; es incluso ridículo lo que os digo, y creedme que no me preocupo nada por semejantes sueños. Pero esa palabra que acabáis de decirme, esa esperanza que casi me habéis dado, lo habrá pagado todo, incluso mi vida.
— Eh bien, dit Anne d′Autriche, moi aussi, duc, moi, j′ai des pressentiments, moi aussi j′ai des rêves. J′ai songé que je vous voyais couché sanglant, frappé d′une blessure.-¡Y bien! -dijo Ana de Austria-. Yo también, duque, tengo presentimientos, también yo tengo sueños. He soñado que os veía tendido, sangrando, víctima de una herida.
— Au côté gauche, n′est-ce pas, avec un couteau? interrompitBuckingham.-¿En el lado izquierdo, no es verdad, con un cuchillo? -interrumpió Buckingham.
— Oui, c′est cela, Milord, c′est cela, au côté gauche avec un couteau. Qui a pu vous dire que j′avais fait ce rêve? Je ne l′ai confié qu′à Dieu, et encore dans mes prières.-Sí, eso es, milord, eso es, en el lado izquierdo, con un cuchillo. ¿Quién ha podido deciros que yo había tenido ese sueño? No lo he confiado más que a Dios, a incluso en mis plegarias.
— Je n′en veux pas davantage, et vous m′aimez, madame, c′est bien.-No quiero más, y vos me amáis, señora, está claro.
— Je vous aime, moi?-¿Que yo os amo?
— Oui, vous. Dieu vous enverrait-il les mêmes rêves qu′à moi, si vous ne m′aimiez pas? Aurions-nous les mêmes pressentiments, si nos deux existences ne se touchaient pas par le coeur? Vous m′aimez, ô reine, et vous me pleurerez?-Sí, vos. ¿Os enviaría Dios los mismos sueños que a mí si no me amaseis? ¿Tendríamos los mismos presentimientos si nuestras dos existencias no estuvieran en contacto por el corazón? Vos me amáis, oh, reina, y ¿me lloraréis?
— Oh! mon Dieu! mon Dieu! s′écria Anne d′Autriche, c′est plus que je n′en puis supporter. Tenez, duc, au nom du Ciel, partez, retirez-vous; je ne sais si je vous aime, ou si je ne vous aime pas; mais ce que je sais, c′est que je ne serai point parjure. Prenez donc pitié de moi, et partez. Oh! si vous êtes frappé en France, si vous mourez en France, si je pouvais supposer que votre amour pour moi fût cause de votre mort, je ne me consolerais jamais, j′en deviendrais folle. Partez donc, partez, je vous en supplie.-¡Oh, Dios mío, Dios mío! -exclamó Ana de Austria-. Es más de lo que puedo soportar. Mirad, duque, en el nombre del cielo, partid, retiraos; no sé si os amo o si no os amo, pero lo que sé es que no seré perjura. Tened, pues, piedad de mí y partid. ¡Oh! Si fuerais herido en Francia, si murieseis en Francia, si pudiera suponer que vuestro amor por mí fue causa de vuestra muerte, no me consolaría jamás, me volvería loca por ello. Partid, pues, partid, os lo suplico.
— Oh! que vous êtes belle ainsi! Oh! que je vous aime! ditBuckingham.-¡Oh, qué bella estáis así! ¡Cuánto os amo! -dijo Buckingham.
— Partez! partez! je vous en supplie, et revenez plus tard; revenez comme ambassadeur, revenez comme ministre, revenez entouré de gardes qui vous défendront, de serviteurs qui veilleront sur vous, et alors je ne craindrai plus pour vos jours, et j′aurai du bonheur à vous revoir.-¡Partid, partid! Os lo suplico, y volved más tarde; volved como embajador, volved como ministro, volved rodeado de guardias que os defiendan, de servidores que vigilen por vos, y entonces no temeré más por vuestra vida y sentiré dicha en volveros a ver.
— Oh! est-ce bien vrai ce que vous me dites?-¡Oh! ¿Es cierto lo que me decís?
— Oui…-Sí...
— Eh bien, un gage de votre indulgence, un objet qui vienne de vous et qui me rappelle que je n′ai point fait un rêve; quelque chose que vous ayez porté et que je puisse porter à mon tour, une bague, un collier, une chaîne.-Pues entonces, una prenda de vuestra indulgencia, un objeto que venga de vos y que me recuerde que no he tenido un sueño; algo que vos hayáis llevado y que yo pueda llevar a mi vez, un anillo, un collar, una cadena.
— Et partirez-vous, partirez-vous, si je vous donne ce que vous me demandez?-¿Y os iréis, os iréis si os doy lo que me pedís?
— Oui.-Sí.
— À l′instant même?-¿En el mismo momento?
— Oui.-Sí.
— Vous quitterez la France, vous retournerez en Angleterre?-¿Abandonaréis Francia, volveréis a Inglaterra?
— Oui, je vous le jure!-Sí, os lo juro.
— Attendez, alors, attendez.»-Esperad, entonces, esperad.
Et Anne d′Autriche rentra dans son appartement et en sortit presque aussitôt, tenant à la main un petit coffret en bois de rose à son chiffre, tout incrusté d′or.Y Ana de Austria regresó a sus habitaciones y salió casi al momento, llevando en la mano un pequeño cofre de palo de rosa con sus iniciales, incrustado de oro.
«Tenez, Milord duc, tenez, dit-elle, gardez cela en mémoire de moi.»-Tomad, milord duque -dijo-, guardad esto en recuerdo mío.
Buckingham prit le coffret et tomba une seconde fois à genoux.Buckingham tomó el cofre y cayó por segunda vez de rodillas.
«Vous m′avez promis de partir, dit la reine.-Me habíais prometido iros -dijo la reina.
— Et je tiens ma parole. Votre main, votre main, madame, et je pars.»-Y mantengo mi palabra. Vuestra mano, vuestra mano, señora, y me voy.
Anne d′Autriche tendit sa main en fermant les yeux et en s′appuyant de l′autre sur Estefania, car elle sentait que les forces allaient lui manquer.Ana de Austria tendió su mano cerrando los ojos y apoyándose con la otra en Estefanía, porque sentía que las fuerzas iban a faltarle.
Buckingham appuya avec passion ses lèvres sur cette belle main, puis se relevant:Buckingham apoyó con pasión sus labios sobre aquella bella mano; luego, al alzarse, dijo:
«Avant six mois, dit-il, si je ne suis pas mort, je vous aurai revue, madame, dussé-je bouleverser le monde pour cela.»-Si antes de seis meses no estoy muerto, os habré visto, señora, aunque tenga que desquiciar el mundo para ello.
Et, fidèle à la promesse qu′il avait faite, il s′élança hors de l′appartement.Y, fiel a la promesa hecha, se lanzó fuera de la habitación.
Dans le corridor, il rencontra Mme Bonacieux qui l′attendait, et qui, avec les mêmes précautions et le même bonheur, le reconduisit hors du Louvre.En el corredor encontró a la señora Bonacieux que lo esperaba y que, con las mismas precauciones y la misma fortuna, volvió a conducirlo fuera del Louvre.






CHAPITRE XIII MONSIEUR BONACIEUX/H3I>

Capítulo XIII --El señor Bonacieux

Il y avait dans tout cela, comme on a pu le remarquer, un personnage dont, malgré sa position précaire, on n′avait paru s′inquiéter que fort médiocrement; ce personnage était M. Bonacieux, respectable martyr des intrigues politiques et amoureuses qui s′enchevêtraient si bien les unes aux autres, dans cette époque à la fois si chevaleresque et si galante.Como se ha podido observar, en todo esto había un personaje que, pese a su posición, no había parecido inquietarse más que a medias; este personaje era el señor Bonacieux, respetable mártir de las intrigas políticas y amorosas que tan bien se encadenaban unas a otras, en aquella época a la vez tan caballeresca y tan galante.
Heureusement — le lecteur se le rappelle ou ne se le rappelle pas — heureusement que nous avons promis de ne pas le perdre de vue.Afortunadamente -lo recuerde el lector o no lo recuerde-, afortunadamente hemos prometido no perderlo de vista.
Les estafiers qui l′avaient arrêté le conduisirent droit à la Bastille, où on le fit passer tout tremblant devant un peloton de soldats qui chargeaient leurs mousquets.Los esbirros que lo habían detenido lo condujeron directamente a la Bastilla, donde, todo tembloroso, se le hizo pasar por delante de un pelotón de soldados que cargaban sus mosquetes.
De là, introduit dans une galerie demi-souterraine, il fut, de la part de ceux qui l′avaient amené, l′objet des plus grossières injures et des plus farouches traitements. Les sbires voyaient qu′ils n′avaient pas affaire à un gentilhomme, et ils le traitaient en véritable croquant.Allí, introducido en una galería semisubtenánea, fue objeto, por parte de quienes lo habían llevado, de las más groseras injurias y del más feroz trato. Los esbirros veían que no se las habían con un gentilhombre, y lo trataban como a verdadero patán.
Au bout d′une demi-heure à peu près, un greffier vint mettre fin à ses tortures, mais non pas à ses inquiétudes, en donnant l′ordre de conduire M. Bonacieux dans la chambre des interrogatoires. Ordinairement on interrogeait les prisonniers chez eux, mais avec M. Bonacieux on n′y faisait pas tant de façons.Al cabo de media hora aproximadamente, un escribano vino a poner fin a sus torturas, pero no a sus inquietudes, dando la orden de conducir al señor Bonacieux a la cámara de interrogatorios. Generalmente se interrogaba a los prisioneros en sus casas, pero con el señor Bonacieux no se guardaban tantas formas.
Deux gardes s′emparèrent du mercier, lui firent traverser une cour, le firent entrer dans un corridor où il y avait trois sentinelles, ouvrirent une porte et le poussèrent dans une chambre basse, où il n′y avait pour tous meubles qu′une table, une chaise et un commissaire. Le commissaire était assis sur la chaise et occupé à écrire sur la table.Dos guardias se apoderaron del mercero, le hicieron atravesar un patio, le hicieron adentrarse por un corredor en el que había tres centinelas, abrieron una puerta y lo empujaron en una habitación baja, donde por todo mueble no había más que una mesa, una silla y un comisario.
Les deux gardes conduisirent le prisonnier devant la table et, sur un signe du commissaire, s′éloignèrent hors de la portée de la voix.El comisario estaba sentado en la silla y se hallaba ocupado escribiendo algo sobre la mesa. Los dos guardias condujeron al prisionero ante la mesa y, a una señal del comisario, se alejaron fuera del alcance de la voz.
Le commissaire, qui jusque-là avait tenu sa tête baissée sur ses papiers, la releva pour voir à qui il avait affaire. Ce commissaire était un homme à la mine rébarbative, au nez pointu, aux pommettes jaunes et saillantes, aux yeux petits mais investigateurs et vifs, à la physionomie tenant à la fois de la fouine et du renard. Sa tête, supportée par un cou long et mobile, sortait de sa large robe noire en se balançant avec un mouvement à peu près pareil à celui de la tortue tirant sa tête hors de sa carapace.El comisario, que hasta entonces había mantenido la cabeza inclinada sobre sus papeles, la alzó para ver con quién tenía que habérselas. Aquel comisario era un hombre de facha repelente, la nariz puntiaguda, las mejillas amarillas y salientes, los ojos pequeños pero investigadores y vivos, y la fisonomía tenía al mismo tiempo algo de garduña y de zorro. Su cabeza sostenida por un cuello largo y móvil, salía de su amplio traje negro balanceándose con un movimiento casi parecido al de la tortuga cuando saca su cabeza fuera de su caparazón.
Il commença par demander à M. Bonacieux ses nom et prénoms, son âge, son état et son domicile.Comenzó por preguntar al señor Bonacieux sus apellidos y su nombre, su edad, su estado y su domicilio.
L′accusé répondit qu′il s′appelait Jacques-Michel Bonacieux, qu′il était âgé de cinquante et un ans, mercier retiré et qu′il demeurait rue des Fossoyeurs, n° 11.El acusado respondió que se llamaba Jacques-Michel Bonacieux, que tenía cincuenta y un años, mercero retirado, y que vivía en la calle des Fossoyeurs, número 11.
Le commissaire alors, au lieu de continuer à l′interroger, lui fit un grand discours sur le danger qu′il y a pour un bourgeois obscur à se mêler des choses publiques.Entonces el comisario, en lugar de continuar interrogándole, le soltó un largo discurso sobre el peligro que corre un burgués oscuro mezclándose en asuntos públicos.
Il compliqua cet exorde d′une exposition dans laquelle il raconta la puissance et les actes de M. le cardinal, ce ministre incomparable, ce vainqueur des ministres passés, cet exemple des ministres à venir: actes et puissance que nul ne contrecarrait impunément.Complicó este exordio con una exposición en la que contó el poder y los actos del señor cardenal, aquel ministro incomparable, aquel triunfador de los ministros pasados, aquel ejemplo de los ministros futuros: actos y poder a los que nadie se oponía impunemente.
Après cette deuxième partie de son discours, fixant son regard d′épervier sur le pauvre Bonacieux, il l′invita à réfléchir à la gravité de sa situation.Después de esta segunda parte de su discurso, fijando su mirada de gavilán sobre el pobre Bonacieux, lo invitó a reflexionar sobre la gravedad de la situación.
Les réflexions du mercier étaient toutes faites: il donnait au diable l′instant où M. de La Porte avait eu l′idée de le marier avec sa filleule, et l′instant surtout où cette filleule avait été reçue dame de la lingerie chez la reine.Las reflexiones del mercero estaban ya hechas; lanzaba pestes contra el momento en que el señor de La Porte había tenido la idea de casarlo con su ahijada, y sobre todo contra el momento en que esta ahijada había sido admitida como costurera de la reina.
Le fond du caractère de maître Bonacieux était un profond égoe mêlé à une avarice sordide, le tout assaisonné d′une poltronnerie extrême. L′amour que lui avait inspiré sa jeune femme, étant un sentiment tout secondaire, ne pouvait lutter avec les sentiments primitifs que nous venons d′énumérer.El fondo del carácter de maese Bonacieux era un profundo egoísmo mezclado a una avaricia sórdida todo ello sazonado con una cobardía extrema. El amor que le había inspirado su joven mujer, por ser un sentimiento totalmente secundario, no podía luchar con los sentimientos primitivos que acabamos de enumerar.
Bonacieux réfléchit, en effet, sur ce qu′on venait de lui dire.Bonacieux reflexionó, en efecto, sobre lo que acababan de decirle.
«Mais, monsieur le commissaire, dit-il timidement, croyez bien que je connais et que j′apprécie plus que personne le mérite de l′incomparable Éminence par laquelle nous avons l′honneur d′être gouvernés.-Pero, señor comisario -dijo tímidamente-, estad seguro de que conozco y aprecio más que nadie el mérito de la incomparable Eminencia por la que tenemos el honor de ser gobernados.
— Vraiment? demanda le commissaire d′un air de doute; mais s′il en était véritablement ainsi, comment seriez-vous à la Bastille?-¿De verdad? -preguntó el comisario con aire de duda-. Si realmente fuera así, ¿cómo es que estáis en la Bastilla?
— Comment j′y suis, ou plutôt pourquoi j′y suis, répliqua M. Bonacieux, voilà ce qu′il m′est parfaitement impossible de vous dire, vu que je l′ignore moi-même; mais, à coup sûr, ce n′est pas pour avoir désobligé, sciemment du moins, M. le cardinal.-Cómo estoy, o mejor, por qué estoy -replicó el señor Bonacieux-, eso es lo que me es completamente imposible deciros, dado que yo mismo lo ignoro; pero a buen seguro no es por haber contrariado, conscientemente al menos, al señor cardenal.
— Il faut cependant que vous ayez commis un crime, puisque vous êtes ici accusé de haute trahison.-Sin embargo, es preciso que hayáis cometido un crimen, puesto que estáis aquí acusado de alta traición.
— De haute trahison! s′écria Bonacieux épouvanté, de haute trahison! et comment voulez-vous qu′un pauvre mercier qui déteste les huguenots et qui abhorre les Espagnols soit accusé de haute trahison? Réfléchissez, monsieur, la chose est matériellement impossible.-¡De alta traición! -exclamó Bonacieux-. ¡De alta traición! ¿Y cómo queréis vos que un pobre mercero que detesta a los hugonotes y que aborrece a los españoles esté acusado de alta traición? Reflexionad, señor, es materialmente imposible.
— Monsieur Bonacieux, dit le commissaire en regardant l′accusé comme si ses petits yeux avaient la faculté de lire jusqu′au plus profond des coeurs, monsieur Bonacieux, vous avez une femme?-Señor Bonacieux -dijo el comisario mirando al acusado como si sus pequeños ojos tuvieran la facultad de leer hasta lo más profundo de los corazones-, señor Bonacieux, ¿tenéis mujer?
— Oui, monsieur, répondit le mercier tout tremblant, sentant que c′était là où les affaires allaient s′embrouiller; c′est-à-dire, j′en avais une.-Sí, señor -respondió el mercero todo temblando, sintiendo que ahí era donde el asunto iba a embrollarse-; es decir, la tenía.
— Comment? vous en aviez une! qu′en avez-vous fait, si vous ne l′avez plus?-¿Cómo? ¡La teníais! ¿Pues qué habéis hecho de ella, si ya no la tenéis?
— On me l′a enlevée, monsieur.-Me la han raptado, señor.
— On vous l′a enlevée? dit le commissaire. Ah!»-¿Os la han raptado? -prosiguió el comisario-.
Bonacieux sentit à ce «ah!» que l′affaire s′embrouillait de plus en plus.
«On vous l′a enlevée! reprit le commissaire, et savez-vous quel est l′homme qui a commis ce rapt?¿Y sabéis quién es el hombre que ha cometido ese rapto?
— Je crois le connaître.-Creo conocerlo.
— Quel est-il?-¿Quién es?
— Songez que je n′affirme rien, monsieur le commissaire, et que je soupçonne seulement.-Pensad que yo no afirmo nada, señor comisario, y que yo sólo sospecho.
— Qui soupçonnez-vous? Voyons, répondez franchement.»-¿De quién sospecháis? Veamos, responded con franqueza.
M. Bonacieux était dans la plus grande perplexité: devait-il tout nier ou tout dire? En niant tout, on pouvait croire qu′il en savait trop long pour avouer; en disant tout, il faisait preuve de bonne volonté. Il se décida donc à tout dire.El señor Bonacieux se hallaba en la mayor perplejidad: ¿debía negar todo o decir todo? Negando todo, podría creerse que sabía demasiado para confesar; diciendo todo, daba prueba de buena voluntad. Se decidió por tanto a decirlo todo.
«Je soupçonne, dit-il, un grand brun, de haute mine, lequel a tout à fait l′air d′un grand seigneur; il nous a suivis plusieurs fois, à ce qu′il m′a semblé, quand j′attendais ma femme devant le guichet du Louvre pour la ramener chez moi.»-Sospecho -dijo- de un hombre alto, moreno, de buen aspecto, que tiene todo el aire de un gran señor; nos ha seguido varias veces, según me ha parecido, cuando iba a esperar a mi mujer al postigo del Louvre para llevarla a casa.
Le commissaire parut éprouver quelque inquiétude.El comisario pareció experimentar cierta inquietud.
«Et son nom? dit-il.-¿Y su nombre? -dijo.
— Oh! quant à son nom, je n′en sais rien, mais si je le rencontre jamais, je le reconnaîtrai à l′instant même, je vous en réponds, fût-il entre mille personnes.»-¡Oh! En cuanto a su nombre, no sé nada, pero si alguna vez lo vuelvo a encontrar lo reconoceré al instante, os respondo de ello, aunque fuera entre mil personas.
Le front du commissaire se rembrunit.La frente del comisario se ensombreció.
«Vous le reconnaîtriez entre mille, dites-vous? continua-t-il…-¿Lo reconoceríais entre mil, decís? -continuo.
— C′est-à-dire, reprit Bonacieux, qui vit qu′il avait fait fausse route, c′est-à-dire…-Es decir -prosiguió Bonacieux, que vio que había ido descaminado-, es decir...
— Vous avez répondu que vous le reconnaîtriez, dit le commissaire; c′est bien, en voici assez pour aujourd′hui; il faut, avant que nous allions plus loin, que quelqu′un soit prévenu que vous connaissez le ravisseur de votre femme.-Habéis respondido que lo reconoceríais -dijo el comsario-; está bien, basta por hoy; antes de que sigamos adelante es preciso que alguien sea prevenido de que conocéis al raptor de vuestra mujer.
— Mais je ne vous ai pas dit que je le connaissais! s′écriaBonacieux au désespoir. Je vous ai dit au contraire…-Pero yo no os he dicho que le conociese -exclamó Bonacieux desesperado-. Os he dicho, por el contrario...
— Emmenez le prisonnier, dit le commissaire aux deux gardes.-Llevaos al prisionero -dijo el comisario a los dos guardias.
— Et où faut-il le conduire? demanda le greffier.-¿Y dónde hay que conducirlo? -preguntó el escribano.
— Dans un cachot.-A un calabozo.
— Dans lequel?-¿A cuál?
— Oh! mon Dieu, dans le premier venu, pourvu qu′il ferme bien», répondit le commissaire avec une indifférence qui pénétra d′horreur le pauvre Bonacieux.-¡Oh, Dios mío! Al primero que sea, con tal que cierre bien -respondió el comisario con una indiferencia que llenó de horror al pobre Bonacieux.
«Hélas! hélas! se dit-il, le malheur est sur ma tête; ma femme aura commis quelque crime effroyable; on me croit son complice, et l′on me punira avec elle: elle en aura parlé, elle aura avoué qu′elle m′avait tout dit; une femme, c′est si faible! Un cachot, le premier venu! c′est cela! une nuit est bientôt passée; et demain, à la roue, à la potence! Oh! mon Dieu! mon Dieu! ayez pitié de moi!»-¡Ay! ¡Ay! -se dijo-. La desgracia ha caído sobre mi cabeza; mi mujer habrá cometido algún crimen espantoso; me creen su cómplice, y me castigarán con ella; ella habrá hablado, habrá confesado que me había dicho todo; una mujer, ¡es tan débil! ¡Un calabozo, el primero que sea! ¡Eso es! Una noche pasa pronto; y mañana a la rueda, a la horca. ¡Oh, Dios mío! ¡Tened piedad de mí!
Sans écouter le moins du monde les lamentations de maître Bonacieux, lamentations auxquelles d′ailleurs ils devaient être habitués, les deux gardes prirent le prisonnier par un bras, et l′emmenèrent, tandis que le commissaire écrivait en hâte une lettre que son greffier attendait.Sin escuchar para nada las lamentaciones de maese Bonacieux, lamentaciones a las que por otra parte debían estar acostumbrados, los dos guardias cogieron al prisionero por un brazo y se lo llevaron, mientras el comisario escribía deprisa una carta que su escribano esperaba.
Bonacieux ne ferma pas l′oeil, non pas que son cachot fût par trop désagréable, mais parce que ses inquiétudes étaient trop grandes. Il resta toute la nuit sur son escabeau, tressaillant au moindre bruit; et quand les premiers rayons du jour se glissèrent dans sa chambre, l′aurore lui parut avoir pris des teintes funèbres.Bonacieux no pegó ojo, y no porque su calabozo fuera demasiado desagradable, sino porque sus inquietudes eran demasiado grandes. Permaneció toda la noche sobre su taburete, temblando al menor ruido; y cuando los primeros rayos del día se deslizaron en la habitacion, la aurora le pareció haber tornado tintes fúnebres.
Tout à coup, il entendit tirer les verrous, et il fit un soubresaut terrible. Il croyait qu′on venait le chercher pour le conduire à l′échafaud; aussi, lorsqu′il vit purement et simplement paraître, au lieu de l′exécuteur qu′il attendait, son commissaire et son greffier de la veille, il fut tout près de leur sauter au cou.De golpe oyó correr los cerrojos, y tuvo un sobresalto terrible. Creía que venían a buscarlo para conducirlo al cadalso; así, cuando vio pura y simplemente aparecer, en lugar del verdugo que esperaba, a su comisario y su escribano de la víspera, estuvo a punto de saltarles al cuello.
«Votre affaire s′est fort compliquée depuis hier au soir, mon brave homme, lui dit le commissaire, et je vous conseille de dire toute la vérité; car votre repentir peut seul conjurer la colère du cardinal.-Vuestro asunto se ha complicado desde ayer por la noche, buen hombre -le dijo el comisario-, y os aconsejo decir toda la verdad; porque solo vuestro arrepentimiento puede aplacar la cólera del cardenal.
— Mais je suis prêt à tout dire, s′écria Bonacieux, du moins tout ce que je sais. Interrogez, je vous prie.-Pero si yo estoy dispuesto a decir todo -exclamó Bonacieux-, al menos todo lo que sé. Interrogad, os lo suplico.
— Où est votre femme, d′abord?-Primero, ¿dónde está vuestra mujer?
— Mais puisque je vous ai dit qu′on me l′avait enlevée.-Pero si ya os he dicho que me la habían raptado.
— Oui, mais depuis hier cinq heures de l′après-midi, grâce à vous, elle s′est échappée.-Sí, pero desde ayer a las cinco de la tarde, gracias a vos, se ha escapado.
— Ma femme s′est échappée! s′écria Bonacieux. Oh! la malheureuse! monsieur, si elle s′est échappée, ce n′est pas ma faute, je vous le jure.-¡Mi mujer se ha escapado! -exclamó Bonacieux-. ¡Oh, la desgraciada! Señor si se ha escapado, no es culpa mía os lo juro.
— Qu′alliez-vous donc alors faire chez M. d′Artagnan votre voisin, avec lequel vous avez eu une longue conférence dans la journée?-¿Qué fuisteis, pues, a hacer a casa del señor D′Artagnan, vuestro vecino, con el que tuvisteis una larga conferencia durante el día?
— Ah! oui, monsieur le commissaire, oui, cela est vrai, et j′avoue que j′ai eu tort. J′ai été chez M. d′Artagnan.-¡Ah! Sí, señor comisario, sí, eso es cierto, y confieso que me equivoqué. Estuve en casa del señor D′Artagnan.
— Quel était le but de cette visite?-¿Cuál era el objeto de esa visita?
— De le prier de m′aider à retrouver ma femme. Je croyais que j′avais droit de la réclamer; je me trompais, à ce qu′il paraît, et je vous en demande bien pardon.-Pedirle que me ayudara a encontrar a mi mujer. Creía que tenía derecho a reclamarla; me equivocaba, según parece, y por eso os pido perdón .
— Et qu′a répondu M. d′Artagnan?-¿Y qué respondió el señor D′Artagnan?
— M. d′Artagnan m′a promis son aide; mais je me suis bientôt aperçu qu′il me trahissait.-El señor D′Artagnan me prometió su ayuda; pero pronto me di cuenta de que me traicionaba.
— Vous en imposez à la justice! M. d′Artagnan a fait un pacte avec vous, et en vertu de ce pacte il a mis en fuite les hommes de police qui avaient arrêté votre femme, et l′a soustraite à toutes les recherches.-¡Os burláis de la justicia! El señor D′Artagnan ha hecho un pacto con vos y, en virtud de ese pacto, él ha puesto en fuga a los hombres de policía que habían detenido a vuestra mujer, y la ha sustraído a todas las investigaciones.
— M. d′Artagnan a enlevé ma femme! Ah çà, mais que me dites-vous là?-¡El señor D′Artagnan ha raptado a mi mujer! ¡Vaya! Pero ¿qué me decís?
— Heureusement M. d′Artagnan est entre nos mains, et vous allez lui être confronté.-Por suerte, D′Artagnan está en nuestras manos, y vais a ser careado con él.
— Ah! ma foi, je ne demande pas mieux, s′écria Bonacieux; je ne serais pas fâché de voir une figure de connaissance.-¡Ah? A fe que no pido otra cosa -exclamó Bonacieux-, no me molestará ver un rostro conocido.
— Faites entrer M. d′Artagnan», dit le commissaire aux deux gardes.-Haced entrar al señor D′Artagnan -dijo el comisario a los dos guardias.
Les deux gardes firent entrer Athos.Los dos guardias hicieron entrar a Athos.
«Monsieur d′Artagnan, dit le commissaire en s′adressant à Athos, déclarez ce qui s′est passé entre vous et monsieur.-Señor D′Artagnan -dijo el comisario dirigiéndose a Athos-, declarad lo que ha pasado entre vos y el señor.
— Mais! s′écria Bonacieux, ce n′est pas M. d′Artagnan que vous me montrez là!-¡Pero -exclamó Bonacieux- si no es el señor D′Artagnan ése que me mostráis!
— Comment! ce n′est pas M. d′Artagnan? s′écria le commissaire.-¡Cómo! ¿No es el señor D′Artagnan? -exclamó el comisario.
— Pas le moins du monde, répondit Bonacieux.-En modo alguno -respondió Bonacieux.
— Comment se nomme monsieur? demanda le commissaire.-¿Cómo se llama el señor? -preguntó el comisario.
— Je ne puis vous le dire, je ne le connais pas.-No puedo decíroslo, no lo conozco.
— Comment! vous ne le connaissez pas?-¡Cómo! ¿No lo conocéis?
— Non.-No.
— Vous ne l′avez jamais vu?-¿No lo habéis visto jamás?
— Si fait; mais je ne sais comment il s′appelle.-Sí, lo he visto, pero no sé cómo se llama.
— Votre nom? demanda le commissaire.-¿Vuestro nombre? -preguntó el comisario.
— Athos, répondit le mousquetaire.-Athos -respondió el mosquetero.
— Mais ce n′est pas un nom d′homme, ça, c′est un nom de montagne! s′écria le pauvre interrogateur qui commençait à perdre la tête.-Pero eso no es un nombre de hombre, ¡eso es un nombre de montaña! -exclamó el pobre interrogador, que comenzaba a perder la cabeza.
— C′est mon nom, dit tranquillement Athos.-Es mi nombre -dijo tranquilamente Athos.
— Mais vous avez dit que vous vous nommiez d′Artagnan.-Pero vos habéis dicho que os llamabais D′Artagnan.
— Moi?-¿Yo?
— Oui, vous.-Sí, vos.
— C′est-à-dire que c′est à moi qu′on a dit: «Vous êtesM. d′Artagnan?» J′ai répondu: «Vous croyez?» Mes gardes se sontécriés qu′ils en étaient sûrs. Je n′ai pas voulu les contrarier.D′ailleurs je pouvais me tromper.-Veamos, cuando me han dicho: "Vos sois el señor D′Artagnan", yo he respondido: "¿Lo creéis así?" Mis guardias han exclamado que estaban seguros. Yo no he querido contrariarlos. Además, yo podía equivocarme.
— Monsieur, vous insultez à la majesté de la justice.-Señor, insultáis a la majestad de la justicia.
— Aucunement, fit tranquillement Athos.-De ningún modo -dijo tranquilamente Athos.
— Vous êtes M. d′Artagnan.-Vos sois el señor D′Artagnan.
— Vous voyez bien que vous me le dites encore.-Como veis, sois vos el que aún me lo decís.
— Mais, s′écria à son tour M. Bonacieux, je vous dis, monsieur le commissaire, qu′il n′y a pas un instant de doute à avoir. M. d′Artagnan est mon hôte, et par conséquent, quoiqu′il ne me paie pas mes loyers, et justement même à cause de cela, je dois le connaître. M. d′Artagnan est un jeune homme de dix-neuf à vingt ans à peine, et monsieur en a trente au moins. M. d′Artagnan est dans les gardes de M. des Essarts, et monsieur est dans la compagnie des mousquetaires de M. de Tréville: regardez l′uniforme, monsieur le commissaire, regardez l′uniforme.-Pero -exclamó a su vez el señor Bonacieux- os digo, señor comisario, que no tengo la más minima duda. El señor D′Artagnan es mi huésped, y en consecuencia, aunque no me pague mis alquileres, y precisamente por eso, debo conocerlo. El señor D′Artagnan es un joven de diecinueve a veinte años apenas, y este señor tiene treinta por lo menos. El señor D′Artagnan está en los guardias del señor Des Essarts, y este señor está en la compañía de los mosqueteros del señor de Tréville: mirad el uniforme, señor comisario, mirad el uniforme.
— C′est vrai, murmura le commissaire; c′est pardieu vrai.»-Es cierto -murmuró el comisario-; es malditamente cierto.
En ce moment la porte s′ouvrit vivement, et un messager, introduit par un des guichetiers de la Bastille, remit une lettre au commissaire.En aquel momento la puerta se abrió de golpe, y un mensajero, introducido por uno de los carceleros de la Bastilla, entregó una carta al comisario.
«Oh! la malheureuse! s′écria le commissaire.-¡Oh, la desgraciada! -exclamó el comisario.
— Comment? que dites-vous? de qui parlez-vous? Ce n′est pas de ma femme, j′espère!-¿Cómo? ¿Qué decís? ¿De quién habláis? ¡Espero que no sea de mi mujer!
— Au contraire, c′est d′elle. Votre affaire est bonne, allez.-Al contrario, es de ella. Bonito asunto el vuestro.
— Ah çà, s′écria le mercier exaspéré, faites-moi le plaisir de me dire, monsieur, comment mon affaire à moi peut s′empirer de ce que fait ma femme pendant que je suis en prison!-¡Vaya! -exclamó el mercero exasperado-. Haced el favor de decirme, señor, cómo ha podido empeorar por lo que mi mujer haya hecho mientras yo estoy en prisión.
— Parce que ce qu′elle fait est la suite d′un plan arrêté entre vous, plan infernal!-Porque lo que ha hecho es la consecuencia de un plan tramado entre vosotros, un plan infernal.
— Je vous jure, monsieur le commissaire, que vous êtes dans la plus profonde erreur, que je ne sais rien au monde de ce que devait faire ma femme, que je suis entièrement étranger à ce qu′elle a fait, et que, si elle a fait des sottises, je la renie, je la démens, je la maudis.-Os juro, señor comisario, que estáis en el más profundo error; que yo no sé nada de nada de lo que debía hacer mi mujer, que soy completamente extraño a lo que ella ha hecho y, que si ella ha hecho tonterías, reniego de ella, la desmiento, la maldigo.
— Ah çà, dit Athos au commissaire, si vous n′avez plus besoin de moi ici, renvoyez-moi quelque part, il est très ennuyeux, votre monsieur Bonacieux.-¡Bueno! -dijo Athos al comisario-. Si ya no tenéis necesidad de mí aquí, enviadme a alguna parte; vuestro señor Bonacieux es irritante.
— Reconduisez les prisonniers dans leurs cachots, dit le commissaire en désignant d′un même geste Athos et Bonacieux, et qu′ils soient gardés plus sévèrement que jamais.-Volved a llevar a los prisioneros a sus calabozos -dijo el comisario señalando con el mismo gesto a Athos y a Bonacieux-, que sean guardados con mayor severidad que nunca.
— Cependant, dit Athos avec son calme habituel, si c′est à M. d′Artagnan que vous avez affaire, je ne vois pas trop en quoi je puis le remplacer.-Sin embargo -dijo Athos con su calma habitual-, si vos estáis buscando al señor D′Artagnan, no veo demasiado bien en qué puedo yo reemplazarlo.
— Faites ce que j′ai dit! s′écria le commissaire, et le secret le plus absolu! Vous entendez!»-¡Haced lo que he dicho! -exclamó el comisario-. Y en el secreto más absoluto. ¡Ya habéis oído!
Athos suivit ses gardes en levant les épaules, et M. Bonacieux en poussant des lamentations à fendre le coeur d′un tigre.Athos siguió a sus guardias encogiéndose de hombros, y el señor Bonacieux lanzando lamentaciones capaces de ablandar el corazón de un tigre.
On ramena le mercier dans le même cachot où il avait passé la nuit, et l′on l′y laissa toute la journée. Toute la journée Bonacieux pleura comme un véritable mercier, n′étant pas du tout homme d′épée, il nous l′a dit lui-même.Llevaron al mercero al mismo calabozo en que había pasado la noche, y lo dejaron solo toda la jornada. Durante toda la jornada el señor Bonacieux lloró como un verdadero mercero, dado que no era un hombre de espada, tal como él mismo nos ha dicho.
Le soir, vers les neuf heures, au moment où il allait se décider à se mettre au lit, il entendit des pas dans son corridor. Ces pas se rapprochèrent de son cachot, sa porte s′ouvrit, des gardes parurent.Por la noche, hacia las ocho, en el momento en que iba a decidirse a meterse en la cama, oyó pasos en su corredor. Aquellos pasos se acercaron a su calabozo, su puerta se abrió y aparecieron los guardias.
«Suivez-moi, dit un exempt qui venait à la suite des gardes.-Seguidme -dijo un exento que venía tras los guardias.
— Vous suivre! s′écria Bonacieux; vous suivre à cette heure-ci! et où cela, mon Dieu?-¡Que os siga! -exclamó Bonacieux-. ¿Que os siga a esta hora? ¿Y adónde, Dios mío?
— Où nous avons l′ordre de vous conduire.-Adonde tenemos orden de llevaros.
— Mais ce n′est pas une réponse, cela.-Pero eso no es una respuesta.
— C′est cependant la seule que nous puissions vous faire.-Sin embargo, es la única que podemos daros.
— Ah! mon Dieu, mon Dieu, murmura le pauvre mercier, pour cette fois je suis perdu!»-¡Ay, Dios mío, Dios mío! -murmuró el pobre mercero-. Esta vez sí que estoy perdido.
Et il suivit machinalement et sans résistance les gardes qui venaient le quérir.Y siguió maquinalmente y sin resistencia a los guardias que venían a buscarlo.
Il prit le même corridor qu′il avait déjà pris, traversa une première cour, puis un second corps de logis; enfin, à la porte de la cour d′entrée, il trouva une voiture entourée de quatre gardes à cheval. On le fit monter dans cette voiture, l′exempt se plaça près de lui, on ferma la portière à clef, et tous deux se trouvèrent dans une prison roulante.Tomó el mismo corredor que ya había tomado, atravesó un primer patio, luego un segundo cuerpo de edificios; finalmente, a la puerta del patio de entrada, encontró un coche rodeado de cuatro guardias a caballo. Lo hicieron subir en aquel coche, el exento se colocó tras él, cerraron la portezuela con llave, y los dos se encontraron en una prisión rodante.
La voiture se mit en mouvement, lente comme un char funèbre. À travers la grille cadenassée, le prisonnier apercevait les maisons et le pavé, voilà tout; mais, en véritable Parisien qu′il était, Bonacieux reconnaissait chaque rue aux bornes, aux enseignes, aux réverbères. Au moment d′arriver à Saint-Paul, lieu où l′on exécutait les condamnés de la Bastille, il faillit s′évanouir et se signa deux fois. Il avait cru que la voiture devait s′arrêter là. La voiture passa cependant.El coche se puso en movimiento, lento como un carromato fúnebre. A través de la reja cerrada con candado, el prisionero veía las casas y el camino, eso era todo; pero, como auténtico parisiense que era, Bonacieux reconocía cada calle por los guardacantones, por las muestras, por los reverberos. En el momento de llegar a Saint-Paul, lugar donde se ejecutaba a los condenados de la Bastilla, estuvo a punto de desvanecerse y se persignó dos veces. Había creído que el coche debía detenerse allí. Sin embargo, el coche siguió.
Plus loin, une grande terreur le prit encore, ce fut en côtoyant le cimetière Saint-Jean où on enterrait les criminels d′État. Une seule chose le rassura un peu, c′est qu′avant de les enterrer on leur coupait généralement la tête, et que sa tête à lui était encore sur ses épaules. Mais lorsqu′il vit que la voiture prenait la route de la Grève, qu′il aperçut les toits aigus de l′hôtel de ville, que la voiture s′engagea sous l′arcade, il crut que tout était fini pour lui, voulut se confesser à l′exempt, et, sur son refus, poussa des cris si pitoyables que l′exempt annonça que, s′il continuait à l′assourdir ainsi, il lui mettrait un bâillon.Más lejos, un gran terror lo invadió otra vez. Fue al bordear el cementerio de Saint-Jean, donde se enterraba a los criminales de Estado. Sólo una cosa lo tranquilizó algo, y es que antes de enterrarlos se les cortaba por regla general la cabeza, y su cabeza estaba aún sobre sus hombros. Pero cuando vio que el coche tomaba la ruta de la Grève, cuando vio los techos picudos del Ayuntamiento, cuando el coche se adentró bajo la arcada, creyó que todo había terminado para él, quiso confesarse con el exento, y, tras su negativa, lanzó gritos tan lastimeros que el exento le anunció que, si seguía ensordeciéndole así, le pondría una mordaza.
Cette menace rassura quelque peu Bonacieux: si l′on eût dû l′exécuter en Grève, ce n′était pas la peine de le bâillonner, puisqu′on était presque arrivé au lieu de l′exécution. En effet, la voiture traversa la place fatale sans s′arrêter. Il ne restait plus à craindre que la Croix-du-Trahoir: la voiture en prit justement le chemin.Aquella amenaza tranquilizó algo a Bonacieux: si hubieran tenido que ejecutarlo en Grève, no merecía la pena amordazarlo, porque estaban a punto de llegar al lugar de la ejecución. En efecto, el coche cruzó la plaza fatal sin detenerse. Ya sólo quedaba que temer la Croix-du-Trahoir: precisamente el coche tomó el camino de ella.
Cette fois, il n′y avait plus de doute, c′était à la Croix-du- Trahoir qu′on exécutait les criminels subalternes. Bonacieux s′était flatté en se croyant digne de Saint-Paul ou de la place de Grève: c′était à la Croix-du-Trahoir qu′allaient finir son voyage et sa destinée! Il ne pouvait voir encore cette malheureuse croix, mais il la sentait en quelque sorte venir au-devant de lui. Lorsqu′il n′en fut plus qu′à une vingtaine de pas, il entendit une rumeur, et la voiture s′arrêta. C′était plus que n′en pouvait supporter le pauvre Bonacieux, déjà écrasé par les émotions successives qu′il avait éprouvées; il poussa un faible gémissement, qu′on eût pu prendre pour le dernier soupir d′un moribond, et il s′évanouit.Esta vez no había duda, era la Croix-du-Trahoir, donde se ejecutaba a los criminales subalternos. Bonacieux se había jactado creyéndose digno de Saint-Paul o de la plaza de Grève: ¡era en la Croix-duTrahoir donde iban a terminar su viaje y su destino! No podía ver todavía aquella maldita cruz, pero la sentía en cierto modo venir a su encuentro. Cuando no estuvo más que a una veintena de pasos, oyó un rumor y el coche se detuvo. Era más de lo que podía soportar el pobre Bonacieux, ya derrumbado por las sucesivas emociones que había experimentado; lanzó un débil gemido, que hubiera podido tomarse por el último suspiro de un moribundo, y se desvaneció.






CHAPITRE XIV -- L′HOMME DE MEUNG

Capítulo XIV -- El hombre de Meung

Ce rassemblement était produit non point par l′attente d′un homme qu′on devait pendre, mais par la contemplation d′un pendu.Aquella reunión era producida no por la espera de un hombre al que debían colgar, sino por la contemplación de un ahorcado.
La voiture, arrêtée un instant, reprit donc sa marche, traversa la foule, continua son chemin, enfila la rue Saint-Honoré, tourna la rue des Bons-Enfants et s′arrêta devant une porte basse.El coche, detenido un instante, prosiguió, pues, su marcha, atravesó la multitud, continuó su camino, enfiló la calle Saint-Honoré, volvió la calle des Bons-Enfants y se detuvo ante una puerta baja.
La porte s′ouvrit, deux gardes reçurent dans leurs bras Bonacieux, soutenu par l′exempt; on le poussa dans une allée, on lui fit monter un escalier, et on le déposa dans une antichambre.La puerta se abrió, dos guardias recibieron en sus brazos a Bonacieux, sostenido por el exento; lo metieron por una avenida, lo hicieron subir una escalera y lo depositaron en una antecámara.
Tous ces mouvements s′étaient opérés pour lui d′une façon machinale.Todos estos movimientos eran realizados por él de una forma maquinal.
Il avait marché comme on marche en rêve; il avait entrevu les objets à travers un brouillard; ses oreilles avaient perçu des sons sans les comprendre; on eût pu l′exécuter dans ce moment qu′il n′eût pas fait un geste pour entreprendre sa défense, qu′il n′eût pas poussé un cri pour implorer la pitié.Había andado como se anda en sueños; había entrevisto los objetos a través de una niebla; sus oídos habían percibido los sonidos sin comprenderlos; hubieran podido ejecutarlo en aquel momento sin que él hubiera hecho un gesto para emprender su defensa, sin que hubiera lanzado un grito para implorar piedad.
Il resta donc ainsi sur la banquette, le dos appuyé au mur et les bras pendants, à l′endroit même où les gardes l′avaient déposé.Permaneció, pues, sentado de este modo en la banqueta, con la espalda apoyada en la pared y los brazos colgantes, en la misma postura en que los guardias lo habían depositado.
Cependant, comme, en regardant autour de lui, il ne voyait aucun objet menaçant, comme rien n′indiquait qu′il courût un danger réel, comme la banquette était convenablement rembourrée, comme la muraille était recouverte d′un beau cuir de Cordoue, comme de grands rideaux de damas rouge flottaient devant la fenêtre, retenus par des embrasses d′or, il comprit peu à peu que sa frayeur était exagérée, et il commença de remuer la tête à droite et à gauche et de bas en haut.Sin embargo, como al mirar en torno suyo no viese ningún objeto amenazador, como nada indicase que corría un peligro real, como la banqueta estaba convenientemente blanda, como la pared estaba recubierta de hermoso cuero de Córdoba, como grandes cortinas de damasco rojo flotaban ante la ventana, retenidas por alzapaños de oro, comprendió poco a poco que su terror era exagerado, y comenzó a mover la cabeza de derecha a izquierda y de arriba abajo.
À ce mouvement, auquel personne ne s′opposa, il reprit un peu de courage et se risqua à ramener une jambe, puis l′autre; enfin, en s′aidant de ses deux mains, il se souleva sur sa banquette et se trouva sur ses pieds.Con este movimiento, al que nadie se opuso, recuperó algo de valor y se arriesgó a encoger una pierna, luego la otra; por fin, ayudándose de sus dos manos, se levantó de la banqueta y se encontró sobre sus pies.
En ce moment, un officier de bonne mine ouvrit une portière, continua d′échanger encore quelques paroles avec une personne qui se trouvait dans la pièce voisine, et se retournant vers le prisonnier:En aquel momento, un oficial de buen aspecto abrió una portezuela, continuó cambiando aún algunas palabras con una persona que se encontraba en la habitación vecina y, volviéndose hacia el prisionero, dijo:
«C′est vous qui vous nommez Bonacieux? dit-il.-¿Sois vos quien se llama Bonacieux?
— Oui, monsieur l′officier, balbutia le mercier, plus mort que vif, pour vous servir.-Sí, señor oficial -balbuceó el mercero, más muerto que vivo-, para serviros.
— Entrez», dit l′officier.-Entrad -dijo el oficial.
Et il s′effaça pour que le mercier pût passer. Celui-ci obéit sans réplique, et entra dans la chambre où il paraissait être attendu.Y se echó a un lado para que el mercero pudiera pasar. Aquel obedeció sin réplica y entró en la habitación en la que parecía ser esperado.
C′était un grand cabinet, aux murailles garnies d′armes offensives et défensives, clos et étouffé, et dans lequel il y avait déjà du feu, quoique l′on fût à peine à la fin du mois de septembre. Une table carrée, couverte de livres et de papiers sur lesquels était déroulé un plan immense de la ville de La Rochelle, tenait le milieu de l′appartement.Era un gran gabinete, de paredes adornadas con armas ofensivas y defensivas, cerrado y sofocante, y en el que ya había fuego aunque todavía apenas fuera a finales del mes de septiembre. Una mesa cuadrada, cubierta de libros y papeles sobre los que había, desenrollado, un piano inmenso de la ciudad de La Rochelle, estaba en medio de la pieza.
Debout devant la cheminée était un homme de moyenne taille, à la mine haute et fière, aux yeux perçants, au front large, à la figure amaigrie qu′allongeait encore une royale surmontée d′une paire de moustaches. Quoique cet homme eût trente-six à trente- sept ans à peine, cheveux, moustache et royale s′en allaient grisonnant. Cet homme, moins l′épée, avait toute la mine d′un homme de guerre, et ses bottes de buffle encore légèrement couvertes de poussière indiquaient qu′il avait monté à cheval dans la journée.De pie ante la chimenea estaba un hombre de mediana talla, de aspecto altivo y orgulloso, de ojos penetrantes, de frente amplia, de rostro enteco que alargaba más incluso una perilla coronada por un par de mostachos. Aunque aquel hombre tuviera de treinta y seis a treinta y siete años apenas, pelo, mostacho y perilla iban agrisándose. Aquel hombre, menos la espada, tenía todo el aspecto de un hombre de guerra, y sus botas de búfalo, aún ligeramente cubiertas de polvo, indicaban que había montado a caballo durante el día.
Cet homme, c′était Armand-Jean Duplessis, cardinal de Richelieu, non point tel qu′on nous le représente, cassé comme un vieillard, souffrant comme un martyr, le corps brisé, la voix éteinte, enterré dans un grand fauteuil comme dans une tombe anticipée, ne vivant plus que par la force de son génie, et ne soutenant plus la lutte avec l′Europe que par l′éternelle application de sa pensée, mais tel qu′il était réellement à cette époque, c′est-à-dire adroit et galant cavalier, faible de corps déjà, mais soutenu par cette puissance morale qui a fait de lui un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé; se préparant enfin, après avoir soutenu le duc de Nevers dans son duché de Mantoue, après avoir pris Nîmes, Castres et Uzès, à chasser les Anglais de l′île de Ré et à faire le siège de La Rochelle.Aquel hombre era Armand-Jean Duplessis, cardenal de Richelieu, no tal como nos lo representaran cascado como un viejo, sufriendo como un mártir, el cuerpo quebrado, la voz apagada, enterrado en un gran sillón como en una tumba anticipada que no viviera más que por la fuerza de un genio ni sostuviera la lucha con Europa más que con la eterna aplicación de su pensamiento sino tal cual era realmente en esa época, es decir, diestro y galante caballero débil de cuerpo ya, pero sostenido por esa potencia moral que hizo de él uno de los hombres más extraordinarios que hayan existido; preparándose, en fin, tras haber sostenido al duque de Nevers en su ducado de Mantua, tras haber tomado Nîmes, Castres y Uzes, a expulsar a los ingleses de la isla de Ré y a sitiar La Rochelle.
À la première vue, rien ne dénotait donc le cardinal, et il était impossible à ceux-là qui ne connaissaient point son visage de deviner devant qui ils se trouvaient.A primera vista, nada denotaba, pues, al cardenal y era imposible a quienes no conocían su rostro adivinar ante quién se encontraban.
Le pauvre mercier demeura debout à la porte, tandis que les yeux du personnage que nous venons de décrire se fixaient sur lui, et semblaient vouloir pénétrer jusqu′au fond du passé.El pobre mercero permaneció de pie a la puerta, mientras los ojos del personaje que acabamos de describir se fijaban en él y parecían penetrar hasta el fondo del pasado.
«C′est là ce Bonacieux? demanda-t-il après un moment de silence.- Está ahí ese Bonacieux? -pregunto tras un momento de silencio.
— Oui, Monseigneur, reprit l′officier.-Sí, monseñor -contestó el oficial.
— C′est bien, donnez-moi ces papiers et laissez-nous.»-Esta bien, dadme esos papeles y dejadnos.
L′officier prit sur la table les papiers désignés, les remit à celui qui les demandait, s′inclina jusqu′à terre, et sortit.El oficial cogió de la mesa los papeles señalados, los entregó a quien se los pedía, se inclinó hasta el suelo y salió.
Bonacieux reconnut dans ces papiers ses interrogatoires de la Bastille. De temps en temps, l′homme de la cheminée levait les yeux de dessus les écritures, et les plongeait comme deux poignards jusqu′au fond du coeur du pauvre mercier.Bonacieux reconoció en aquellos papeles sus interrogatorios de la Bastilla. De vez en cuando, el hombre de la chimenea alzaba los ojos por encima de la escritura y los hundía como dos puñales hasta el fondo del corazón del pobre mercero.
Au bout de dix minutes de lecture et dix secondes d′examen, le cardinal était fixé.Al cabo de diez minutos de lectura y de diez segundos de examen, el cardenal se había decidido.
«Cette tête-là n′a jamais conspiré», murmura-t-il; mais n′importe, voyons toujours.-Esa cabeza no ha conspirado nunca -murmuró-; pero no importa, veamos de todas formas.
— Vous êtes accusé de haute trahison, dit lentement le cardinal.-Estáis acusado de alta traición -dijo lentamente el cardenal.
— C′est ce qu′on m′a déjà appris, Monseigneur, s′écria Bonacieux, donnant à son interrogateur le titre qu′il avait entendu l′officier lui donner; mais je vous jure que je n′en savais rien.»-Es lo que ya me han informado, monseñor -exclamó Bonacieux, dando a su interrogador el título que había oído al oficial darle-; pero yo os juro que no sabía nada de ello.
Le cardinal réprima un sourire.El cardenal reprimió una sonrisa.
«Vous avez conspiré avec votre femme, avec Mme de Chevreuse et avec Milord duc de Buckingham.-Habéis conspirado con vuestra mujer, con la señora de Chevreuse y con milord el duque de Buckingham.
— En effet, Monseigneur, répondit le mercier, je l′ai entendue prononcer tous ces noms-là.-En realidad, monseñor -respondió el mercero-, he oído pronunciar todos esos nombres.
— Et à quelle occasion?-¿Y en qué ocasión?
— Elle disait que le cardinal de Richelieu avait attiré le duc de Buckingham à Paris pour le perdre et pour perdre la reine avec lui.-Ella decía que el cardenal de Richelieu había atraído al duque de Buckingham a París para perderlo y para perder a la reina con él.
— Elle disait cela? s′écria le cardinal avec violence.-¿Ella decía eso? -exclamó el cardenal con violencia.
— Oui, Monseigneur; mais moi je lui ai dit qu′elle avait tort de tenir de pareils propos, et que Son Éminence était incapable…-Sí, monseñor; pero yo le he dicho que se equivocaba por mantener tales opiniones, y que Su Eminencia era incapaz...
— Taisez-vous, vous êtes un imbécile, reprit le cardinal.-Callaos, sois un imbécil -prosiguió el cardenal.
— C′est justement ce que ma femme m′a répondu, Monseigneur.-Es precisamente eso lo que mi mujer me respondió, monseñor.
— Savez-vous qui a enlevé votre femme?-¿Sabéis quién ha raptado a vuestra mujer?
— Non, Monseigneur.-No, monseñor.
— Vous avez des soupçons, cependant?-Sin embargo, ¿tenéis sospechas?
— Oui, Monseigneur; mais ces soupçons ont paru contrarier M. le commissaire, et je ne les ai plus.-Sí, monseñor, pero esas sospechas han parecido contrariar al señor comisario y ya no las tengo.
— Votre femme s′est échappée, le saviez-vous?-Vuestra mujer se ha escapado, ¿lo sabíais?
— Non, Monseigneur, je l′ai appris depuis que je suis en prison, et toujours par l′entremise de M. le commissaire, un homme bien aimable!»-No, monseñor, lo he sabido después de haber entrado en prisión, y siempre por la mediación del señor comisario, un hombre muy amable.
Le cardinal réprima un second sourire.El cardenal reprimió una segunda sonrisa.
«Alors vous ignorez ce que votre femme est devenue depuis sa fuite?-Entonces, ¿ignoráis lo que ha sido de vuestra mujer después de su fuga?
— Absolument, Monseigneur; mais elle a dû rentrer au Louvre.-Completamente, monseñor; habrá debido volver al Louvre.
— À une heure du matin elle n′y était pas rentrée encore.-A la una de la mañana no había vuelto aún.
— Ah! mon Dieu! mais qu′est-elle devenue alors?-¡Ah D¡os mío! Pero entonces ¿qué habrá s¡do de ella?
— On le saura, soyez tranquille; on ne cache rien au cardinal; le cardinal sait tout.-Ya lo sabremos, estad tranquilo; nada se oculta al cardenal; el cardenal lo sabe todo.
— En ce cas, Monseigneur, est-ce que vous croyez que le cardinal consentira à me dire ce qu′est devenue ma femme?-En tal caso, monseñor, ¿creéis que el cardenal consent¡rá en dec¡rme qué ha ocurr¡do con mi mujer?
— Peut-être; mais il faut d′abord que vous avouiez tout ce que vous savez relativement aux relations de votre femme avec Mme de Chevreuse.-Quizá; pero es preciso primero que confeséis todo lo que sepáis relativo a las relaciones de vuestra mujer con la señora de Chevreuse.
— Mais, Monseigneur, je n′en sais rien; je ne l′ai jamais vue.-Pero, monseñor, yo no sé nada; no la he visto nunca.
— Quand vous alliez chercher votre femme au Louvre, revenait-elle directement chez vous?-Cuando ¡ba¡s a buscar a vuestra mujer al Louvre, ¿volvía ella d¡rectamente a casa?
— Presque jamais: elle avait affaire à des marchands de toile, chez lesquels je la conduisais.-Cas¡ nunca: tenía que ver a vendedores de tela, a cuyas casas yo la llevaba.
— Et combien y en avait-il de marchands de toile?-¿Y cuántos vendedores de telas había?
— Deux, Monseigneur.-Dos, monseñor.
— Où demeurent-ils?-¿Dónde viven?
— Un, rue de Vaugirard; l′autre, rue de La Harpe.-Uno en la calle de Vaug¡rard; el otro en la calle de La Harpe.
— Entriez-vous chez eux avec elle?-¿Entrasteis en sus casas con ella?
— Jamais, Monseigneur; je l′attendais à la porte.-Nunca, monseñor; la esperaba a la puerta.
— Et quel prétexte vous donnait-elle pour entrer ainsi toute seule?-¿Y qué pretexto os daba para entrar así completamente sola?
— Elle ne m′en donnait pas; elle me disait d′attendre, et j′attendais.-No me lo daba; me decía que esperase, y yo esperaba.
— Vous êtes un mari complaisant, mon cher monsieur Bonacieux!» dit le cardinal.-Sois un marido complaciente, mi querido señor Bonacieux -dijo el cardenal.
«Il m′appelle son cher monsieur! dit en lui-même le mercier.Peste! les affaires vont bien!»"¡Ella me llama su querido señor! -dijo para sí mismo el mercero-. ¡Diablos, las cosas van bien!"
«Reconnaîtriez-vous ces portes?-¿Reconoceríais esas puertas?
— Oui.-Sí.
— Savez-vous les numéros?- Sabéis los números?
— Oui.
— Quels sont-ils?-¿Cuáles son?
— N° 25, dans la rue de Vaugirard; n° 75, dans la rue de LaHarpe.-Número 25 en la calle de Vaugirard; número 75 en la calle de La Harpe.
— C′est bien», dit le cardinal.-Está bien -dijo el cardenal.
À ces mots, il prit une sonnette d′argent, et sonna; l′officier rentra.A estas palabras, cogió una campanilla de plata y llamó; el official volvió a entrar.
«Allez, dit-il à demi-voix, me chercher Rochefort; et qu′il vienne à l′instant même, s′il est rentré.-Idme a buscar a Rochefort -dijo a media voz-, y que venga inmediatamente si ha vuelto.
— Le comte est là, dit l′officier, il demande instamment à parlerà Votre Éminence!»-El conde está ahí -dijo el official-, pide hablar al instante con Vuestra Eminencia.
«À Votre Éminence! murmura Bonacieux, qui savait que tel était le titre qu′on donnait d′ordinaire à M. le cardinal;… à Votre Éminence!»-¡Con Vuestra Eminencia! -murmuró Bonacieux, que sabía que tal era el título que ordinariamente se daba al señor cardenal-. ¡Con Vuestra Eminencia!
«Qu′il vienne alors, qu′il vienne!» dit vivement Richelieu.-¡Que venga entonces, que venga! -dijo vivamente Richelieu.
L′officier s′élança hors de l′appartement, avec cette rapidité que mettaient d′ordinaire tous les serviteurs du cardinal à lui obéir.El official se lanzó fuera de la habitación con esa rapidez que ponían de ordinario todos los servidores del cardenal en obedecerle.
«À Votre Éminence!» murmurait Bonacieux en roulant des yeux égarés.-¡Con Vuestra Eminencia! -murmuraba Bonacieux haciendo girar los ojos extraviados.
Cinq secondes ne s′étaient pas écoulées depuis la disparition de l′officier, que la porte s′ouvrit et qu′un nouveau personnage entra.No habían transcurrido cinco segundos desde la desaparición del official, cuando la puerta se abrió y un nuevo personaje entró.
«C′est lui, s′écria Bonacieux.-¡Es él! -exclamó Bonacieux.
— Qui lui? demanda le cardinal.-¿Quién es él? -preguntó el cardenal.
— Celui qui m′a enlevé ma femme.»-El que ha raptado a mi mujer.
Le cardinal sonna une seconde fois. L′officier reparut.El cardenal llamó por segunda vez. El official reapareció.
«Remettez cet homme aux mains de ses deux gardes, et qu′il attende que je le rappelle devant moi.-Devolved este hombre a manos de sus dos guardias, y que espere a que yo lo llame ante mí.
— Non, Monseigneur! non, ce n′est pas lui! s′écria Bonacieux; non, je m′étais trompé: c′est un autre qui ne lui ressemble pas du tout! Monsieur est un honnête homme.-¡No, monseñor! ¡No, no es él! -exclamó Bonacieux-. No, me he equivocado, es otro que se le parece algo. El señor es un hombre honrado.
— Emmenez cet imbécile!» dit le cardinal.-Llevaos a este imbécil -dijo el cardenal.
L′officier prit Bonacieux sous le bras, et le reconduisit dans l′antichambre où il trouva ses deux gardes.El official cogió a Bonacieux por debajo del brazo y volvió a llevarlo a la antecámara donde encontró a sus dos guardias.
Le nouveau personnage qu′on venait d′introduire suivit des yeux avec impatience Bonacieux jusqu′à ce qu′il fût sorti, et dès que la porte se fut refermée sur lui:El nuevo personaje al que se acababa de introducir siguió con ojos de impaciencia a Bonacieux hasta que éste hubo salido, y cuando 1a puerta fue cerrada tras él, dijo aproximándose rápidamente al cardenal.
«Ils se sont vus, dit-il en s′approchant vivement du cardinal.-Han sido vistos.
— Qui? demanda Son Éminence.-¿Quiénes? -preguntó Su Eminencia.
— Elle et lui.-Ella y él.
— La reine et le duc? s′écria Richelieu.-¿La reina y el duque? -exclamó Richelieu.
— Oui.-Sí.
— Et où cela?-¿Y dónde?
— Au Louvre.-En el Louvre.
— Vous en êtes sûr?-¿Estáis seguro?
— Parfaitement sûr.-Completamente.
— Qui vous l′a dit?-¿Quién os lo ha dicho?
— Mme de Lannoy, qui est toute à Votre Éminence, comme vous le savez.-La señora de Lannoy, que es completamente de Vuestra Eminencia, como sabéis.
— Pourquoi ne l′a-t-elle pas dit plus tôt?-¿Por qué no lo ha dicho antes?
— Soit hasard, soit défiance, la reine a fait coucherMme de Fargis dans sa chambre, et l′a gardée toute la journée.-Sea por casualidad o por desconfianza, la reina ha hecho acostarse a la señora de Fargis en su habitación, y la ha tenido allí toda la jornada.
— C′est bien, nous sommes battus. Tâchons de prendre notre revanche.-Está bien, hemos perdido. Tratemos de tomar nuestra revancha.
— Je vous y aiderai de toute mon âme, Monseigneur, soyez tranquille.-Os ayudaré con toda mi alma, monseñor, estad tranquilo.
— Comment cela s′est-il passé?-¿Cuándo ha sido?
— À minuit et demi, la reine était avec ses femmes…-Alas doce y media de la noche, la reina estaba con sus mujeres...
— Où cela?-¿Dónde?
— Dans sa chambre à coucher…-En su cuarto de costura...
— Bien.-Bien.
— Lorsqu′on est venu lui remettre un mouchoir de la part de sa dame de lingerie…-Cuando han venido a entregarle un pañuelo de parte de su costurera...
— Après?-¿Después?
— Aussitôt la reine a manifesté une grande émotion, et, malgré le rouge dont elle avait le visage couvert, elle a pâli.-Al punto la reina ha manifestado una gran emoción, y pese al rouge con que tenía el rostro cubierto, ha palidecido.
— Après! après!-¡Y después! ¡Después!
— Cependant, elle s′est levée, et d′une voix altérée: «Mesdames, a-t-elle dit, attendez-moi dix minutes, puis je reviens.» Et elle a ouvert la porte de son alcôve, puis elle est sortie.-Sin embargo, se ha levantado, y con voz alterada, ha dicho: "Señoras, esperadme diez minutos, luego vengo." Y ha abierto la puerta de su alcoba, y luego ha salido.
— Pourquoi Mme de Lannoy n′est-elle pas venue vous prévenir à l′instant même?-¿Por qué la señora de Lannoy no ha venido a preveniros al instante?
— Rien n′était bien certain encore; d′ailleurs, la reine avait dit: «Mesdames, attendez-moi»; et elle n′osait désobéir à la reine.-Nada era seguro todavía; además, la reina había dicho: "Señoras, esperadme"; y no se atrevía a desobedecer a la reina.
— Et combien de temps la reine est-elle restée hors de la chambre?-¿Y cuánto tiempo ha estado la reina fuera de su cuarto?
— Trois quarts d′heure.-Tres cuartos de hora.
— Aucune de ses femmes ne l′accompagnait?-¿La acompañaba alguna de sus mujeres?
— Doña Estefania seulement.-Doña Estefanía solamente.
— Et elle est rentrée ensuite?-¿Y luego ha vuelto?
— Oui, mais pour prendre un petit coffret de bois de rose à son chiffre, et sortir aussitôt.-Sí, pero para coger un pequeño cofre de palo de rosa con sus iniciales y salir en seguida.
— Et quand elle est rentrée, plus tard, a-t-elle rapporté le coffret?-Y cuando ha vuelto más tarde, ¿traía el cofre?
— Non.-No.
— Mme de Lannoy savait-elle ce qu′il y avait dans ce coffret?-¿La señora de Lannoy sabía qué había en ese cofre?
— Oui: les ferrets en diamants que Sa Majesté a donnés à la reine.-Sí, los herretes de diamantes que Su Majestad ha dado a la reina.
— Et elle est rentrée sans ce coffret?-¿Y ha vuelto sin ese cofre?
— Oui.-Sí.
— L′opinion de Mme de Lannoy est qu′elle les a remis alors àBuckingham?-¿La opinión de la señora de Lannoy es que se los ha entregado a Buckingham?
— Elle en est sûre.-Está segura.
— Comment cela?-¿Y cómo?
— Pendant la journée, Mme de Lannoy, en sa qualité de dame d′atour de la reine, a cherché ce coffret, a paru inquiète de ne pas le trouver et a fini par en demander des nouvelles à la reine.-Durante el día, la señora de Lannoy, en su calidad de azafata de atavío de la reina, ha buscado ese cofre, se ha mostrado inquieta al no encontrarlo y ha terminado por pedir noticias a la reina.
— Et alors, la reine…?-¿Y entonces, la reina?...
— La reine est devenue fort rouge et a répondu qu′ayant brisé la veille un de ses ferrets, elle l′avait envoyé raccommoder chez son orfèvre.-La reina se ha puesto muy roja y ha respondido que por haber roto la víspera uno de sus herretes lo había enviado a reparar a su orfebre.
— Il faut y passer et s′assurer si la chose est vraie ou non.-Hay que pasar por él y asegurarse si la cosa es cierta o no.
— J′y suis passé.-Ya he pasado.
— Eh bien, l′orfèvre?-Y bien, ¿el orfebre?
— L′orfèvre n′a entendu parler de rien.-El orfebre no ha oído hablar de nada.
— Bien! bien! Rochefort, tout n′est pas perdu, et peut-être… peut-être tout est-il pour le mieux!-¡Bien! ¡Bien! Rochefort, no todo está perdido, y quizá..., quizá todo sea para mejor.
— Le fait est que je ne doute pas que le génie de Votre Éminence…-El hecho es que no dudo de que el genio de Vuestra Eminencia...
— Ne répare les bêtises de mon agent, n′est-ce pas?-Reparará las tonterías de mi guardia, ¿no es eso?
— C′est justement ce que j′allais dire, si Votre Éminence m′avait laissé achever ma phrase.-Es precisamente lo que iba a decir si Vuestra Eminencia me hubiera dejado acabar mi frase.
— Maintenant, savez-vous où se cachaient la duchesse de Chevreuse et le duc de Buckingham?-Ahora, ¿sabéis dónde se ocultaban la duquesa de Chevreuse y el duque de Buckingham?
— Non, Monseigneur, mes gens n′ont pu rien me dire de positif là- dessus.-No, monseñor, mis gentes no han podido decirme nada positivo al respecto.
— Je le sais, moi.-Yo sí lo sé.
— Vous, Monseigneur?-¿Vos, monseñor?
— Oui, ou du moins je m′en doute. Ils se tenaient, l′un rue deVaugirard, n° 25, et l′autre rue de La Harpe, n° 75.-Sí, o al menos lo creo. Estaban el uno en la calle de Vaugirard, número 25, y la otra en la calle de La Harpe, número 75.
— Votre Éminence veut-elle que je les fasse arrêter tous deux?-¿Quiere Vuestra Eminencia que los haga arrestar a los dos?
— Il sera trop tard, ils seront partis.-Será demasiado tarde, habrán partido.
— N′importe, on peut s′en assurer.-No importa, podemos asegurarnos.
— Prenez dix hommes de mes gardes, et fouillez les deux maisons.-Tomad diez hombres de mis guardias y registrad las dos casas.
— J′y vais, Monseigneur.»-Voy monseñor.
Et Rochefort s′élança hors de l′appartement.Y Rochefort se abalanzó fuera de la habitación.
Le cardinal, resté seul, réfléchit un instant et sonna une troisième fois.El cardenal, ya solo, reflexionó un instante y llamó por tecera vez.
Le même officier reparut.Apareció el mismo oficial.
«Faites entrer le prisonnier», dit le cardinal.-Haced entrar al prisionero -dijo el cardenal.
Maître Bonacieux fut introduit de nouveau, et, sur un signe du cardinal, l′officier se retira.Maese Bonacieux fue introducido de nuevo y, a una seña del cardenal, el oficial se retiró.
«Vous m′avez trompé, dit sévèrement le cardinal.-Me habéis engañado -dijo severamente el cardenal.
— Moi, s′écria Bonacieux, moi, tromper Votre Éminence!-¡Yo! -exclamó Bonacieux-. ¡Yo engañar a Vuestra Eminencia!
— Votre femme, en allant rue de Vaugirard et rue de La Harpe, n′allait pas chez des marchands de toile.-Vuestra mujer, al ir a la calle de Vaugirard y a la calle de La Harpe, no iba a casa de vendedores de telas.
— Et où allait-elle, juste Dieu?-¿Y adónde iba, santo cielo?
— Elle allait chez la duchesse de Chevreuse et chez le duc deBuckingham.-Iba a casa de la duquesa de Chevreuse y a casa del duque de Buckingham.
— Oui, dit Bonacieux rappelant tous ses souvenirs; oui, c′est cela, Votre Éminence a raison. J′ai dit plusieurs fois à ma femme qu′il était étonnant que des marchands de toile demeurassent dans des maisons pareilles, dans des maisons qui n′avaient pas d′enseignes, et chaque fois ma femme s′est mise à rire. Ah! Monseigneur, continua Bonacieux en se jetant aux pieds de l′Éminence, ah! que vous êtes bien le cardinal, le grand cardinal, l′homme de génie que tout le monde révère.»-Sí -dijo Bonacieux echando mano de todos sus recursos-, sí, eso es, Vuestra Eminencia tiene razón. Muchas veces le he dicho a mi mujer que era sorprendente que vendedores de telas vivan en casas semejantes, en casas que no tenían siquiera muestras, y las dos veces mi mujer se ha echado a reír. ¡Ah, monseñor! -continuó Bonacieux arrojándose a los pies de la Eminencia-. ¡Ah! ¡Con cuánto motivo sois el cardenal, el gran cardenal, el hombre de genio al que todo el mundo reverencia!
Le cardinal, tout médiocre qu′était le triomphe remporté sur un être aussi vulgaire que l′était Bonacieux, n′en jouit pas moins un instant; puis, presque aussitôt, comme si une nouvelle pensée se présentait à son esprit, un sourire plissa ses lèvres, et tendant la main au mercier:El cardenal, por mediocre que fuera el triunfo alcanzado sobre un ser tan vulgar como era Bonacieux, no dejó de gozarlo durante un instante; luego, casi al punto, como si un nuevo pensamiento se presentara a su espíritu, una sonrisa frunció sus labios y, tendiendo la mano al mercero, le dijo:
«Relevez-vous, mon ami, lui dit-il, vous êtes un brave homme.-Alzaos, amigo mío, sois un buen hombre.
— Le cardinal m′a touché la main! j′ai touché la main du grand homme! s′écria Bonacieux; le grand homme m′a appelé son ami!-¡El cardenal me ha tocado la mano! ¡Yo he tocado la mano del gran hombre! -exclamó Bonacieux-. ¡El gran hombre me ha llamado su amigo!
— Oui, mon ami; oui! dit le cardinal avec ce ton paterne qu′il savait prendre quelquefois, mais qui ne trompait que les gens qui ne le connaissaient pas; et comme on vous a soupçonné injustement, eh bien, il vous faut une indemnité: tenez! prenez ce sac de cent pistoles, et pardonnez-moi.-Sí, amigo mío, sí -dijo el cardenal con aquel tono paternal que sabía adoptar a veces, pero que sólo engañaba a quien no le conocía-; y como se ha sospechado de vos injustamente, hay que daros una indemnización. ¡Tomad! Coged esa bolsa de cien pistolas, y perdonadme.
— Que je vous pardonne, Monseigneur! dit Bonacieux hésitant à prendre le sac, craignant sans doute que ce prétendu don ne fût qu′une plaisanterie. Mais vous étiez bien libre de me faire arrêter, vous êtes bien libre de me faire torturer, vous êtes bien libre de me faire pendre: vous êtes le maître, et je n′aurais pas eu le plus petit mot à dire. Vous pardonner, Monseigneur! Allons donc, vous n′y pensez pas!-¡Que yo os perdone, monseñor! -dijo Bonacieux dudando en tomar la bolsa, temiendo sin duda que aquel don no fuera más que una chanza-. Pero vos sois libre de hacerme arrestar, sois bien libre de hacerme torturar, sois bien libre de hacerme prender; sois el amo, y yo no tendría la más minima palabra que decir. ¿Perdonaros, monseñor? ¡Vamos, no penséis más en ello!
— Ah! mon cher monsieur Bonacieux! vous y mettez de la générosité, je le vois, et je vous en remercie. Ainsi donc, vous prenez ce sac, et vous vous en allez sans être trop mécontent?-¡Ah, mi querido Bonacieux! Sois generoso ya lo veo, y os lo agradezco. Tomad, pues, esa bolsa. ¿Os vais sin estar demasiado descontento?
— Je m′en vais enchanté, Monseigneur.-Me voy encantado, monseñor.
— Adieu donc, ou plutôt à revoir, car j′espère que nous nous reverrons.-Adiós, entonces, o mejor, hasta la vista, porque espero que nos volvamos a ver.
— Tant que Monseigneur voudra, et je suis bien aux ordres de Son Éminence.-Siempre que monseñor quiera, estoy a las órdenes de Su Eminencia.
— Ce sera souvent, soyez tranquille, car j′ai trouvé un charme extrême à votre conversation.-Será a menudo, estad tranquilo, porque he hallado un gusto extremo con vuestra conversación.
— Oh! Monseigneur!-¡Oh, monseñor!
— Au revoir, monsieur Bonacieux, au revoir.-Hasta la vista, señor Bonacieux, hasta la vista.
Et le cardinal lui fit un signe de la main, auquel Bonacieux répondit en s′inclinant jusqu′à terre; puis il sortit à reculons, et quand il fut dans l′antichambre, le cardinal l′entendit qui, dans son enthousiasme, criait à tue-tête: «Vive Monseigneur! vive Son Éminence! vive le grand cardinal!» Le cardinal écouta en souriant cette brillante manifestation des sentiments enthousiastes de maître Bonacieux; puis, quand les cris de Bonacieux se furent perdus dans l′éloignement:Y el cardenal le hizo una señal con la mano, a la que Bonacieux respondió inclinándose hasta el suelo; luego salió a reculones, y cuando estuvo en la antecámara el cardenal le oyó que en su entusiasmo, se desgañitaba a grito pelado: "¡Viva monseñor! ¡Viva Su Eminencia! ¡Viva el gran cardenal!" El cardenal escuchó sonriendo aquella brillante manifestación de sentimientos entusiastas de maese Bonacieux; luego, cuando los gritos de Bonacieux se hubieron perdido en la lejanía:
«Bien, dit-il, voici désormais un homme qui se fera tuer pour moi.»-Bien -dijo-. De ahora en adelante será un hombre que se haga matar por mí.
Et le cardinal se mit à examiner avec la plus grande attention la carte de La Rochelle qui, ainsi que nous l′avons dit, était étendue sur son bureau, traçant avec un crayon la ligne où devait passer la fameuse digue qui, dix-huit mois plus tard, fermait le port de la cité assiégée.Y el cardenal se puso a examinar con la mayor atención el mapa de La Rochelle que, como hemos dicho, estaba extendido sobre su escritorio, trazando con un lápiz la línea por donde debía pasar el famoso dique que dieciocho meses más tarde cerraba el puerto de la ciudad sitiada.
Comme il en était au plus profond de ses méditations stratégiques, la porte se rouvrit, et Rochefort rentra.Cuando se hallaba en lo más profundo de sus meditaciones estratégicas, la puerta volvió a abrirse y Rochefort entró.
«Eh bien? dit vivement le cardinal en se levant avec une promptitude qui prouvait le degré d′importance qu′il attachait à la commission dont il avait chargé le comte.-¿Y bien? -dijo vivamente el cardenal, levantándose con la presteza que probaba el grado de importancia que concedía a la comisión que había encargado al conde.
— Eh bien, dit celui-ci, une jeune femme de vingt-six à vingt- huit ans et un homme de trente-cinq à quarante ans ont logé effectivement, l′un quatre jours et l′autre cinq, dans les maisons indiquées par Votre Éminence: mais la femme est partie cette nuit, et l′homme ce matin.-¡Y bien! -dijo éste-. Una mujer de veintiséis a veintiocho años y un hombre de treinta y cinco a cuarenta años se han alojado, efectivamente, el uno cuatro días y la otra cinco, en las casas indicadas por Vuestra Eminencia; pero la mujer ha partido esta noche pasada y el hombre esta mañana.
— C′étaient eux! s′écria le cardinal, qui regardait à la pendule; et maintenant, continua-t-il, il est trop tard pour faire courir après: la duchesse est à Tours, et le duc à Boulogne. C′est à Londres qu′il faut les rejoindre.-¡Eran ellos! -exclamó el cardenal, que miraba el péndulo-. Y ahora -continuó-, es demasiado tarde para correr tras ellos: la duquesa está en Tours y el duque en Boulogne. Es en Londres donde hay que alcanzarlos.
— Quels sont les ordres de Votre Éminence?-¿Cuáles son las órdenes de Vuestra Eminencia?
— Pas un mot de ce qui s′est passé; que la reine reste dans une sécurité parfaite; qu′elle ignore que nous savons son secret; qu′elle croie que nous sommes à la recherche d′une conspiration quelconque. Envoyez-moi le garde des sceaux Séguier.-Ni una palabra de lo que ha pasado; que la reina permanezca totalmente segura; que ignore que sabemos su secreto, que crea que estamos a la busca de una conspiración cualquiera. Enviadme al guardasellos Séguier.
— Et cet homme, qu′en a fait Votre Éminence?-¿Y ese hombre, ¿qué ha hecho de él Vuestra Eminencia?
— Quel homme? demanda le cardinal.-¿Qué hombre? -preguntó el cardenal.
— Ce Bonacieux?-El tal Bonacieux.
— J′en ai fait tout ce qu′on pouvait en faire. J′en ai fait l′espion de sa femme.»-He hecho todo lo que se podía hacer con él. Lo he convertido en espía de su mujer.
Le comte de Rochefort s′inclina en homme qui reconnaît la grande supériorité du maître, et se retira.El conde de Rochefort se inclinó como hombre que reconocía la gran superioridad del maestro, y se retiró.
Resté seul, le cardinal s′assit de nouveau, écrivit une lettre qu′il cacheta de son sceau particulier, puis il sonna. L′officier entra pour la quatrième fois.Una vez que se quedó solo, el cardenal se sentó de nuevo, escribió una carta que selló con su sello particular, luego llamó. El oficial entró por cuarta vez.
«Faites-moi venir Vitray, dit-il, et dites-lui de s′apprêter pour un voyage.»-Hacedme venir a Vitray -dijo- y decidle que se apreste para un viaje.
Un instant après, l′homme qu′il avait demandé était debout devant lui, tout botté et tout éperonné.Un instante después, el hombre que había pedido estaba de pie ante él, calzado con botas y espuelas.
«Vitray, dit-il, vous allez partir tout courant pour Londres. Vous ne vous arrêterez pas un instant en route. Vous remettrez cette lettre à Milady. Voici un bon de deux cents pistoles, passez chez mon trésorier et faites-vous payer. Il y en a autant à toucher si vous êtes ici de retour dans six jours et si vous avez bien fait ma commission.»-Vitray -dijo-, vais a partir inmediatamente para Londres. No os detendréis un instante en el camino. Entregaréis esta carta a milady. Aquí tenéis un vale de doscientas pistolas, pasad por casa de mi tesorero y haceos pagar. Hay otro tanto a recoger si estáis aquí de regreso dentro de seis días y si habéis hecho bien mi comisión.
Le messager, sans répondre un seul mot, s′inclina, prit la lettre, le bon de deux cents pistoles, et sortit.El mensajero, sin responder una sola palabra se inclinó, cogió la carta, el vale de doscientas pistolas y salió.
Voici ce que contenait la lettre:He aquí lo que contenía la carta:
«Milady,"Milady,
«Trouvez-vous au premier bal où se trouvera le duc de Buckingham. Il aura à son pourpoint douze ferrets de diamants, approchez-vous de lui et coupez-en deux.Asistid al primer baile a que asista el duque de Buckingham. Tendrá en su jubón doce herretes de diamantes, acercaos a él y quitadle dos.
«Aussitôt que ces ferrets seront en votre possession, prévenez- moi.»Tan pronto como esos herretes estén en vuestro poder, avisadme."






CHAPITRE XV -- GENS DE ROBE ET GENS D′ÉPÉE

Capítulo XV -- Gentes de toga y gentes de espada

Le lendemain du jour où ces événements étaient arrivés, Athos n′ayant point reparu, M. de Tréville avait été prévenu par d′Artagnan et par Porthos de sa disparition.Al día siguiente de aquel en que estos acontecimientos tuvieron lugar, no habiendo reaparecido Athos todavía, el señor de Tréville fue avisado por D′Artagnan y por Porthos de su desaparición.
Quant à Aramis, il avait demandé un congé de cinq jours, et il était à Rouen, disait-on, pour affaires de famille.En cuanto a Aramis, había solicitado un permiso de cinco días y estaba en Rouen, según decían, por asuntos de familia.
M. de Tréville était le père de ses soldats. Le moindre et le plus inconnu d′entre eux, dès qu′il portait l′uniforme de la compagnie, était aussi certain de son aide et de son appui qu′aurait pu l′être son frère lui-même.El señor de Tréville era el padre de sus soldados. El menor y más desconocido de ellos, desde el momento en que llevaba el uniforme de la compañía, estaba tan seguro de su ayuda y de su apoyo como habría podido estarlo de su propio hermano.
Il se rendit donc à l′instant chez le lieutenant criminel. On fit venir l′officier qui commandait le poste de la Croix-Rouge, et les renseignements successifs apprirent qu′Athos était momentanément logé au For-l′Évêque.Se presentó, pues, al momento ante el teniente de lo criminal. Se hizo venir al oficial que mandaba el puesto de la Croix-Rouge, y los informes sucesivos mostraron que Athos se hallaba alojado momentáneamente en Fort-l′Évêque.
Athos avait passé par toutes les épreuves que nous avons vuBonacieux subir.Athos había pasado por todas las pruebas que hemos visto sufrir a Bonacieux.
Nous avons assisté à la scène de confrontation entre les deux captifs. Athos, qui n′avait rien dit jusque-là de peur que d′Artagnan, inquiété à son tour, n′eût point le temps qu′il lui fallait, Athos déclara, à partir de ce moment, qu′il se nommait Athos et non d′Artagnan.Hemos asistido a la escena de careo entre los dos cautivos. Athos, que nada había dicho hasta entonces por miedo a que D′Artagnan, inquieto a su vez no hubiera tenido el tiempo que necesitaba, Athos declaró a partir de ese momento que se llamaba Athos y no D′Artagan .
Il ajouta qu′il ne connaissait ni monsieur, ni madame Bonacieux, qu′il n′avait jamais parlé ni à l′un, ni à l′autre; qu′il était venu vers les dix heures du soir pour faire visite à M. d′Artagnan, son ami, mais que jusqu′à cette heure il était resté chez M. de Tréville, où il avait dîné; vingt témoins, ajouta-t-il, pouvaient attester le fait, et il nomma plusieurs gentilshommes distingués, entre autres M. le duc de La Trémouille.Añadió que no conocía ni al señor ni a la señora Bonacieux, que jamás había hablado con el uno ni con la otra; que hacia las diez de la noche había ido a hacer una visita al señor D′Artagnan, su amigo, pero que hasta esa hora había estado en casa del señor de Tréville donde había cenado: veinte testigos -añadió- podían atestiguar el hecho y nombró a varios gentileshombres distinguidos, entre otros al señor duque de La Trémouille.
Le second commissaire fut aussi étourdi que le premier de la déclaration simple et ferme de ce mousquetaire, sur lequel il aurait bien voulu prendre la revanche que les gens de robe aiment tant à gagner sur les gens d′épée; mais le nom de M. de Tréville et celui de M. le duc de La Trémouille méritaient réflexion.El segundo comisario quedó tan aturdido como el primero por la declaración simple y firme de aquel mosquetero, sobre el cual de buena gana habrían querido tomar la revancha que las gentes de toga tanto gustan de obtener sobre las gentes de espada; pero el nombre del señor de Tréville y el del señor duque de La Trémouille merecían reflexión.
Athos fut aussi envoyé au cardinal, mais malheureusement le cardinal était au Louvre chez le roi.También Athos fue enviado al cardenal, pero desgraciadamente el cardenal estaba en el Louvre con el rey.
C′était précisément le moment où M. de Tréville, sortant de chez le lieutenant criminel et de chez le gouverneur du For-l′Évêque, sans avoir pu trouver Athos, arriva chez Sa Majesté.Era precisamente el momento en que el señor de Tréville, al salir de casa del teniente de lo criminal y de la del gobernador del Fort-l′Evêque, sin haber podido encontrar a Athos, llegó al palacio de Su Majestad.
Comme capitaine des mousquetaires, M. de Tréville avait à toute heure ses entrées chez le roi.Como capitán de los mosqueteros, el señor de Tréville tenía a toda hora acceso al rey.
On sait quelles étaient les préventions du roi contre la reine, préventions habilement entretenues par le cardinal, qui, en fait d′intrigues, se défiait infiniment plus des femmes que des hommes. Une des grandes causes surtout de cette prévention était l′amitié d′Anne d′Autriche pour Mme de Chevreuse. Ces deux femmes l′inquiétaient plus que les guerres avec l′Espagne, les démêlés avec l′Angleterre et l′embarras des finances. À ses yeux et dans sa conviction, Mme de Chevreuse servait la reine non seulement dans ses intrigues politiques, mais, ce qui le tourmentait bien plus encore, dans ses intrigues amoureuses.Ya se sabe cuáles eran las prevenciones del rey contra la reina, prevenciones hábilmente mantenidas por el cardenal que, en cuestión de intrigas, desconfiaba infinitamente más de las mujeres que de los hombres. Una de las grandes causas de esa prevención era sobre todo la amistad de Ana de Austria con la señora de Chevreuse. Estas dos mujeres le inquietaban más que las guerras con España, las complicaciones con Inglaterra y la penuria de las finanzas. A sus ojos y en su pensamiento, la señora de Chevreuse servía a la reina no sólo en sus intrigas políticas, sino, cosa que le atormentaba más aún, en sus intrigas amorosas.
Au premier mot de ce qu′avait dit M. le cardinal, que Mme de Chevreuse, exilée à Tours et qu′on croyait dans cette ville, était venue à Paris et, pendant cinq jours qu′elle y était restée, avait dépisté la police, le roi était entré dans une furieuse colère. Capricieux et infidèle, le roi voulait être appelé Louis le Juste et Louis le Chaste. La postérité comprendra difficilement ce caractère, que l′histoire n′explique que par des faits et jamais par des raisonnements.A la primera frase que le había dicho el señor cardenal, que la señora de Chevreuse, exiliada en Tours y a la que se creía en esa ciudad, había venido a Paris y que durante los cinco días que había permanecido en ella había despistado a la policía, el rey se había encolerizado con furia. Caprichoso a infiel, el rey quería ser llamado Luis el Justo y Luis el Casto. La posteridad comprenderá difícilmente este carácter que la historia sólo explica por hechos y nunca por razonamientos.
Mais lorsque le cardinal ajouta que non seulement Mme de Chevreuse était venue à Paris, mais encore que la reine avait renoué avec elle à l′aide d′une de ces correspondances mystérieuses qu′à cette époque on nommait une cabale; lorsqu′il affirma que lui, le cardinal, allait démêler les fils les plus obscurs de cette intrigue, quand, au moment d′arrêter sur le fait, en flagrant délit, nanti de toutes les preuves, l′émissaire de la reine près de l′exilée, un mousquetaire avait osé interrompre violemment le cours de la justice en tombant, l′épée à la main, sur d′honnêtes gens de loi chargés d′examiner avec impartialité toute l′affaire pour la mettre sous les yeux du roi, — Louis XIII ne se contint plus, il fit un pas vers l′appartement de la reine avec cette pâle et muette indignation qui, lorsqu′elle éclatait, conduisait ce prince jusqu′à la plus froide cruauté.Pero cuando el cardenal añadió que no solamente la señora de Chevreuse había venido a París, sino que además la reina se había relacionado con ella con ayuda de una de esas correspondencias misteriosas que en aquella época se denominaba una cábala, cuando afirmó que él, el cardenal, estaba a punto de desenredar los hilos más oscuros de aquella intriga, cuando, en el momento de arrestar con las manos en la masa, en flagrante delito, provisto de todas las pruebas, al emisario de la reina junto a la exiliada, un mosquetero había osado interrumpir violentamente el curso de la justicia cayendo, espada en mano, sobre honradas gentes de ley encargadas de examinar con imparcialidad todo el asunto para ponerlo ante los ojos del rey, Luis XIII no se contuvo más y dio un paso hacia las habitaciones de la reina con esa pálida y muda indignación que, cuando estallaba, llevaba a ese príncipe hasta la más fría crueldad.
Et cependant, dans tout cela, le cardinal n′avait pas encore dit un mot du duc de Buckingham.Y, sin embargo, en todo aquello el cardenal no había dicho aún una palabra del duque de Buckingham.
Ce fut alors que M. de Tréville entra, froid, poli et dans une tenue irréprochable.Fue entonces cuando el señor de Tréville entró, frío, cortés y con una vestimenta irreprochable.
Averti de ce qui venait de se passer par la présence du cardinal et par l′altération de la figure du roi, M. de Tréville se sentit fort comme Samson devant les Philistins.Advertido de lo que acababa de pasar por la presencia del cardenal y por la alteración del rostro del rey, el señor de Tréville se sintió fuerte como Sansón ante los Filisteos.
Louis XIII mettait déjà la main sur le bouton de la porte; au bruit que fit M. de Tréville en entrant, il se retourna.Luis XIII ponía ya la mano sobre el pomo de la puerta; al ruido que hizo el señor de Tréville al entrar, se volvió.
«Vous arrivez bien, monsieur, dit le roi, qui, lorsque ses passions étaient montées à un certain point, ne savait pas dissimuler, et j′en apprends de belles sur le compte de vos mousquetaires.-Llegáis en el momento justo, señor -dijo el rey que, cuando sus pasiones habían subido a cierto punto, no sabía disimular-, y me entero de cosas muy bonitas a cuenta de vuestros mosqueteros.
— Et moi, dit froidement M. de Tréville, j′en ai de belles à apprendre à Votre Majesté sur ses gens de robe.-Y yo -respondió fríamente el señor de Tréville- tengo muy bonitas cosas de que informarle sobre sus gentes de toga.
— Plaît-il? dit le roi avec hauteur.-¿De verdad? -dijo el rey con altivez.
— J′ai l′honneur d′apprendre à Votre Majesté, continua M. de Tréville du même ton, qu′un parti de procureurs, de commissaires et de gens de police, gens fort estimables mais fort acharnés, à ce qu′il paraît, contre l′uniforme, s′est permis d′arrêter dans une maison, d′emmener en pleine rue et de jeter au For-l′Évêque, tout cela sur un ordre que l′on a refusé de me représenter, un de mes mousquetaires, ou plutôt des vôtres, Sire, d′une conduite irréprochable, d′une réputation presque illustre, et que Votre Majesté connaît favorablement, M. Athos.-Tengo el honor de informar a Vuestra Majestad -continuó el señor de Tréville en el mismo tono- de que una partida de procuradores, de comisarios y de gentes de policía, gentes todas muy estimables pero muy encarnizadas, según parece, contra el uniforme, se ha permitido arrestar en una casa, llevar en plena calle y arrojar en el Fort-l′Evêque, y todo con una orden que se han negado a presentar, a uno de mis mosqueteros, o mejor dicho, de los vuestros, sire, de conducta irreprochable, de reputación casi ilustre y a quien Vuestra Majestad conoce favorablemente: el señor Athos.
— Athos, dit le roi machinalement; oui, au fait, je connais ce nom.-Athos -dijo el rey maquinalmente-. Sí, por cierto, conozco ese nombre.
— Que Votre Majesté se le rappelle, dit M. de Tréville; M. Athos est ce mousquetaire qui, dans le fâcheux duel que vous savez, a eu le malheur de blesser grièvement M. de Cahusac. — à propos, Monseigneur, continua Tréville en s′adressant au cardinal, M. de Cahusac est tout à fait rétabli, n′est-ce pas?-Que Vuestra Majestad lo recuerde -dijo el señor de Tréville-. El señor Athos es ese mosquetero que en el importuno duelo que sabéis tuvo la desgracia de herir gravemente al señor de Cahusac. A propósito, monseñor -continuó Tréville, dirigiéndose al cardenal-, el señor de Cahusac está completamente restablecido, ¿no es así?
— Merci! dit le cardinal en se pinçant les lèvres de colère.-¡Gracias! -dijo el cardenal mordiéndose los labios de cólera.
— M. Athos était donc allé rendre visite à l′un de ses amis alors absent, continua M. de Tréville, à un jeune Béarnais, cadet aux gardes de Sa Majesté, compagnie des Essarts; mais à peine venait- il de s′installer chez son ami et de prendre un livre en l′attendant, qu′une nuée de recors et de soldats mêlés ensemble vint faire le siège de la maison, enfonça plusieurs portes…»-El señor Athos había ido a hacer una visita a uno de sus amigos entonces ausente -prosiguió el señor de Tréville-. A un joven bearnés, cadete en los guardias de Su Majestad en la compañía de Des Essarts; pero apenas acababa de instalarse en casa de su amigo y de coger un libro para esperarlo, cuando una nube de corchetes y de soldados, todos juntos, sitiaron la casa, hundieron varias puertas...
Le cardinal fit au roi un signe qui signifiait: «C′est pour l′affaire dont je vous ai parlé.»El cardenal hizo una seña al rey que significaba: "Es por el asunto de que os he hablado."
«Nous savons tout cela, répliqua le roi, car tout cela s′est fait pour notre service.-Ya sabemos todo eso -replicó el rey- porque todo eso se ha hecho a nuestro servicio.
— Alors, dit Tréville, c′est aussi pour le service de Votre Majesté qu′on a saisi un de mes mousquetaires innocent, qu′on l′a placé entre deux gardes comme un malfaiteur, et qu′on a promené au milieu d′une populace insolente ce galant homme, qui a versé dix fois son sang pour le service de Votre Majesté et qui est prêt à le répandre encore.-Entonces -dijo Tréville-, es también por servicio de Vuestra Majestad por lo que se coge a uno de mis mosqueteros inocentes, por lo que se le pone entre dos guardias como a un malhechor, y por lo que pasea en medio de una población insolente a ese hombre galantes que ha vertido diez veces su sangre al servicio de Vuestra Majestad y que está dispuesto a verterla todavía.
— Bah! dit le roi ébranlé, les choses se sont passées ainsi?-¡Bah! -dijo el rey, vacilando-. ¿Han pasado así las cosas?
— M. de Tréville ne dit pas, reprit le cardinal avec le plus grand flegme, que ce mousquetaire innocent, que ce galant homme venait, une heure auparavant, de frapper à coups d′épée quatre commissaires instructeurs délégués par moi afin d′instruire une affaire de la plus haute importance.-El señor de Tréville no dice -dijo el cardenal con la mayor flema- que ese mosquetero inocente, ese hombre galante una hora antes, acababa de herir a estocadas a cuatro comisarios instructores delegados por mí para instruir un asunto de la más alta importancia.
— Je défie Votre Éminence de le prouver, s′écria M. de Tréville avec sa franchise toute gasconne et sa rudesse toute militaire, car, une heure auparavant M. Athos, qui, je le confierai à Votre Majesté, est un homme de la plus haute qualité, me faisait l′honneur, après avoir dîné chez moi, de causer dans le salon de mon hôtel avec M. le duc de La Trémouille et M. le comte de Châlus, qui s′y trouvaient.»-Desafío a Vuestra Eminencia a probarlo -exclamó el señor de Tréville con su franqueza completamente gascona y su rudeza militar-. Porque una hora antes, el señor Athos, quien debo confiar a Vuestra Majestad que es un hombre de la mayor calidad, me hacía el honor, después de haber cenado conmigo, de charlar en el salón de mi palacio con el señor duque de La Trémouille y el señor conde de Chalus, que se encontraban allí.
Le roi regarda le cardinal.El rey miró al cardenal.
«Un procès-verbal fait foi, dit le cardinal répondant tout haut à l′interrogation muette de Sa Majesté, et les gens maltraités ont dressé le suivant, que j′ai l′honneur de présenter à Votre Majesté.-Un atestado da fe de ello -dijo el cardenal, respondiendo en voz alta a la interrogación muda de Su Majestad- y las gentes maltratadas han redactado el siguiente, que tengo el honor de presentar a Vuestra Majestad.
— Procès-verbal de gens de robe vaut-il la parole d′honneur, répondit fièrement Tréville, d′homme d′épée?-¿Atestado de gentes de toga vale tanto como la palabra de honor de un hombre de espada? -respondió orgullosamente Tréville.
— Allons, allons, Tréville, taisez-vous, dit le roi.-Vamos, vamos, Tréville, callaos -dijo el rey.
— Si Son Éminence a quelque soupçon contre un de mes mousquetaires, dit Tréville, la justice de M. le cardinal est assez connue pour que je demande moi-même une enquête.-Si su Eminencia tiene alguna sospecha contra uno de mis mosqueteros -dijo Tréville-, la justicia del señor cardenal es bastante conocida como para que yo mismo pida una investigación.
— Dans la maison où cette descente de justice a été faite, continua le cardinal impassible, loge, je crois, un Béarnais ami du mousquetaire.-En la casa en que se ha hecho esa inspección judicial -continuó el cardenal, impasible- se aloja, según creo, un bearnés amigo del mosquetero.
— Votre Éminence veut parler de M. d′Artagnan?-¿Vuestra Eminencia se refiere al señor D′Artagnan?
— Je veux parler d′un jeune homme que vous protégez, Monsieur deTréville.-Me refiero a un joven al que vos protegéis, señor de Tréville.
— Oui, Votre Éminence, c′est cela même.-Sí, Eminencia, es ese mismo.
— Ne soupçonnez-vous pas ce jeune homme d′avoir donné de mauvais conseils…-No sospecháis que ese joven haya dado malos consejos...
— À M. Athos, à un homme qui a le double de son âge? interrompit M. de Tréville; non, Monseigneur. D′ailleurs, M. d′Artagnan a passé la soirée chez moi.-¿A Athos, a un hombre que le dobla en edad? -interrumpió el señor de Tréville-. No, monseñor. Además, el señor D′Artagnan ha pasado la noche conmigo.
— Ah çà, dit le cardinal, tout le monde a donc passé la soirée chez vous?-¡Vaya! -dijo el cardenal-. Todo el mundo ha pasado la noche con usted.
— Son Éminence douterait-elle de ma parole? dit Tréville, le rouge de la colère au front.-¿Dudaría Su Eminencia de mi palabra? -dijo Tréville, con el rubor de la cólera en la frente.
— Non, Dieu m′en garde! dit le cardinal; mais, seulement, à quelle heure était-il chez vous?-¡No, Dios me guarde de ello! -dijo el cardenal-. Sólo que... ¿a qué hora estaba él con vos?
— Oh! cela je puis le dire sciemment à Votre Éminence, car, comme il entrait, je remarquai qu′il était neuf heures et demie à la pendule, quoique j′eusse cru qu′il était plus tard.-¡Puedo decirlo a sabiendas a Vuestra Eminencia porque cuando él entraba me fijé que eran las nueve y media en el péndulo, aunque yo hubiera creído que era más tarde!
— Et à quelle heure est-il sorti de votre hôtel?-¿Y a qué hora ha salido de vuestro palacio?
— À dix heures et demie: une heure après l′événement.-A las diez y media, una hora después del suceso.
— Mais, enfin, répondit le cardinal, qui ne soupçonnait pas un instant la loyauté de Tréville, et qui sentait que la victoire lui échappait, mais, enfin, Athos a été pris dans cette maison de la rue des Fossoyeurs.-En fin -respondió el cardenal, que no sospechaba ni por un momento de la lealtad de Tréville, y que sentía que la victoria se le escapaba-, en fin, Athos ha sido detenido en esa casa de la calle des Fossoyeurs.
— Est-il défendu à un ami de visiter un ami? à un mousquetaire de ma compagnie de fraterniser avec un garde de la compagnie de M. des Essarts?-¿Le está prohibido a un amigo visitar a otro amigo? ¿A un mosquetero de mi compañía confraternizar con un guardia de la compañía del señor Des Essarts?
— Oui, quand la maison où il fraternise avec cet ami est suspecte.-Sí, cuando la casa en la que confraterniza con ese amigo es sospechosa.
— C′est que cette maison est suspecte, Tréville, dit le roi; peut-être ne le saviez-vous pas?-Es que esa casa es sospechosa, Tréville -dijo el rey-. Quizá no lo sabíais.
— En effet, Sire, je l′ignorais. En tout cas, elle peut être suspecte partout; mais je nie qu′elle le soit dans la partie qu′habite M. d′Artagnan; car je puis vous affirmer, Sire, que, si j′en crois ce qu′il a dit, il n′existe pas un plus dévoué serviteur de Sa Majesté, un admirateur plus profond de M. le cardinal.-En efecto, sire, lo ignoraba. En cualquier caso, puede ser sospechosa en cualquier parte; pero niego que lo sea en la parte que habita el señor D′Artagnan; porque puedo afirmaros, sire, que de creer en lo que ha dicho, no existe ni un servidor más fiel de Su Majestad, ni un admirador más profundo del señor cardenal.
— N′est-ce pas ce d′Artagnan qui a blessé un jour Jussac dans cette malheureuse rencontre qui a eu lieu près du couvent des Carmes-Déchaussés? demanda le roi en regardant le cardinal, qui rougit de dépit.-¿No es ese D′Artagnan el que hirió un día a Jussac en ese desafortunado encuentro que tuvo lugar junto al convento de los Carmelitas Descalzos? -preguntó el rey mirando al cardenal, que enrojeció de despecho.
— Et le lendemain, Bernajoux. Oui Sire, oui, c′est bien cela, etVotre Majesté a bonne mémoire.-Y al día siguiente a Bernajoux. Sí, sire; sí, ése es, y Vuestra Majestad tiene buena memoria.
— Allons, que résolvons-nous? dit le roi.-Entonces, ¿qué decidimos? -dijo el rey.
— Cela regarde Votre Majesté plus que moi, dit le cardinal.J′affirmerais la culpabilité.-Eso atañe a Vuestra Majestad más que a mí -dijo el cardenal-. Yo afirmaría la culpabilidad.
— Et moi je la nie, dit Tréville. Mais Sa Majesté a des juges, et ses juges décideront.-Y yo la niego -dijo Tréville-. Pero Su Majestad tiene jueces y sus jueces decidirán.
— C′est cela, dit le roi, renvoyons la cause devant les juges: c′est leur affaire de juger, et ils jugeront.-Eso es -dijo el rey-. Remitamos la causa a los jueces; su misión es juzgar, y juzgarán.
— Seulement, reprit Tréville, il est bien triste qu′en ce temps malheureux où nous sommes, la vie la plus pure, la vertu la plus incontestable n′exemptent pas un homme de l′infamie et de la persécution. Aussi l′armée sera-t-elle peu contente, je puis en répondre, d′être en butte à des traitements rigoureux à propos d′affaires de police.»-Sólo que -prosiguió Tréville- es muy triste que, en estos tiempos desgraciados que vivimos la vida más pura, la virtud más irrefutable no eximan a un hombre de la infamia y de la persecución. Y el ejército no estará demasiado contento, puedo responder de ello, de estar expuesto a tratos rigurosos por asuntos de policía.
Le mot était imprudent; mais M. de Tréville l′avait lancé avec connaissance de cause. Il voulait une explosion, parce qu′en cela la mine fait du feu, et que le feu éclaire.La frase era imprudente, pero el señor de Tréville la había lanzado con conocimiento de causa. Quería una explosión, por eso de que la mina hace fuego, y el fuego ilumina.
«Affaires de police! s′écria le roi, relevant les paroles de M. de Tréville: affaires de police! et qu′en savez-vous, monsieur? Mêlez-vous de vos mousquetaires, et ne me rompez pas la tête. Il semble, à vous entendre, que, si par malheur on arrête un mousquetaire, la France est en danger. Eh! que de bruit pour un mousquetaire! j′en ferai arrêter dix, ventrebleu! cent, même; toute la compagnie! et je ne veux pas que l′on souffle mot.-¡Asuntos de policía! -exclamó el rey, repitiendo las palabras del señor de Tréville-. ¡Asuntos de policía! ¿Y qué sabéis vos de eso, señor? Mezclaos con vuestros mosqueteros y no me rompáis la cabeza. En vuestra opinión parece que si por desgracia se detiene a un mosquetero, Francia está en peligro. ¡Cuánto escándalo por un mosquetero! ¡Vive el cielo que haré detener a diez! ¡Cien, incluso; toda la compañía! Y no quiero que se oiga ni una palabra.
— Du moment où ils sont suspects à Votre Majesté, dit Tréville, les mousquetaires sont coupables; aussi, me voyez-vous, Sire, prêt à vous rendre mon épée; car après avoir accusé mes soldats, M. le cardinal, je n′en doute pas, finira par m′accuser moi-même; ainsi mieux vaut que je me constitue prisonnier avec M. Athos, qui est arrêté déjà, et M. d′Artagnan, qu′on va arrêter sans doute.-Desde el momento en que son sospechosos a Vuestra Majestad -dijo Tréville-, los mosqueteros son culpables; por eso me veis, sire, dispuesto a devolveros mi espada; porque, después de haber acusado a mis soldados, no dudo que el señor cardenal terminará por acusarme a mí mismo; así, pues, es mejor que me constituya prisionero con el señor Athos, que ya está detenido, y con el señor d′Artagnan, a quien se arrestará sin duda.
— Tête gasconne, en finirez-vous? dit le roi.-Cabezota gascón ¿terminaréis? -dijo el rey.
— Sire, répondit Tréville sans baisser le moindrement la voix, ordonnez qu′on me rende mon mousquetaire, ou qu′il soit jugé.-Sire -respondió Tréville sin bajar ni por asomo la voz-, ordenad que se me devuelva mi mosquetero o que sea juzgado.
— On le jugera, dit le cardinal.-Se le juzgará -dijo el cardenal.
— Eh bien, tant mieux; car, dans ce cas, je demanderai àSa Majesté la permission de plaider pour lui.»-¡Pues bien tanto mejor! Porque en tal caso pediré a Su Majestad permiso para abogar por él.
Le roi craignit un éclat.El rey temió un estallido.
«Si Son Éminence, dit-il, n′avait pas personnellement des motifs…»-Si Su Eminencia -dijo- no tiene personalmente motivos...
Le cardinal vit venir le roi, et alla au-devant de lui:El cardenal vio venir al rey y se le adelantó.
«Pardon, dit-il, mais du moment où Votre Majesté voit en moi un juge prévenu, je me retire.-Perdón -dijo-, pero desde el momento en que Vuestra Majestad ve en mí un juez predispuesto, me retiro.
— Voyons, dit le roi, me jurez-vous, par mon père, que M. Athos était chez vous pendant l′événement, et qu′il n′y a point pris part?-Veamos -dijo el rey-. ¿Me juráis vos, por mi padre, que el señor Athos estaba con vos durante el suceso y que no ha tomado parte en él?
— Par votre glorieux père et par vous-même, qui êtes ce que j′aime et ce que je vénère le plus au monde, je le jure!-Por vuestro glorioso padre y por vos mismo, que sois lo que yo amo y venero más en el mundo, ¡lo juro!
— Veuillez réfléchir, Sire, dit le cardinal. Si nous relâchons ainsi le prisonnier, on ne pourra plus connaître la vérité.-¿Queréis reflexionar, sire? -dijo el cardenal-. Si soltamos de este modo al prisionero, no podremos conocer nunca la verdad.
— M. Athos sera toujours là, reprit M. de Tréville, prêt à répondre quand il plaira aux gens de robe de l′interroger. Il ne désertera pas, monsieur le cardinal; soyez tranquille, je réponds de lui, moi.-El señor Athos seguirá estando ahí -prosigió el señor de Tréville-, dispuesto a responder cuando plazca a las gentes de toga interrogarlo. No escapará, señor cardenal, estad tranquilo, yo mismo respondo de él.
— Au fait, il ne désertera pas, dit le roi; on le retrouvera toujours, comme dit M. de Tréville. D′ailleurs, ajouta-t-il en baissant la voix et en regardant d′un air suppliant Son Éminence, donnons-leur de la sécurité: cela est politique.»-Claro que no desertará -dijo el rey-. Se le encontrará siempre, como dice el señor de Tréville. Además -añadió, bajando la voz y mirando con aire suplicante a Su Eminencia-, démosle seguridad: eso es política.
Cette politique de Louis XIII fit sourire Richelieu.Esta política de Luis XIII hizo sonreír a Richelieu.
«Ordonnez, Sire, dit-il, vous avez le droit de grâce.-Ordenad, sire -dijo-. Tenéis el derecho de gracia.
— Le droit de grâce ne s′applique qu′aux coupables, dit Tréville, qui voulait avoir le dernier mot, et mon mousquetaire est innocent. Ce n′est donc pas grâce que vous allez faire, Sire, c′est justice.-El derecho de gracia no se aplica más que a los culpables -dijo Tréville, que quería tener la última palabra- y mi mosquetero es inocente. No es, pues, gracia lo que vais a conceder, sire, es justicia.
— Et il est au For-l′Évêque? dit le roi.-¿Y está en Fort-l′Evêque? -dijo el rey.
— Oui, Sire, et au secret, dans un cachot, comme le dernier des criminels.-Sí, sire, y en secreto, en un calabozo, como el último de los criminales.
— Diable! diable! murmura le roi, que faut-il faire?-¡Diablos! ¡Diablos! -murmuró el rey-. ¿Qué hay que hacer?
— Signer l′ordre de mise en liberté, et tout sera dit, reprit le cardinal; je crois, comme Votre Majesté, que la garantie de M. de Tréville est plus que suffisante.»-Firmar la orden de puesta en libertad y todo estará dicho -añadió el cardenal-. Yo creo, como Vuestra Majestad, que la garantía del señor de Tréville es más que suficiente.
Tréville s′inclina respectueusement avec une joie qui n′était pas sans mélange de crainte; il eût préféré une résistance opiniâtre du cardinal à cette soudaine facilité.Tréville se inclinó respetuosamente con una alegría que no estaba exenta de temor; hubiera preferido una resistencia porfiada del cardenal a aquella repentina facilidad.
Le roi signa l′ordre d′élargissement, et Tréville l′emporta sans retard.El rey firmó la orden de excarcelación y Tréville se la llevó sin demora.
Au moment où il allait sortir, le cardinal lui fit un sourire amical, et dit au roi:En el momento en que iba a salir, el cardenal le dirigió una sonrisa amistosa y dijo al rey:
«Une bonne harmonie règne entre les chefs et les soldats, dans vos mousquetaires, Sire; voilà qui est bien profitable au service et bien honorable pour tous.»-Una buena armonía reina entre los jefes y los soldados de vuestros mosqueteros, sire; eso es muy beneficioso para el servicio y muy honorable para todos.
«Il me jouera quelque mauvais tour incessamment, se disait Tréville; on n′a jamais le dernier mot avec un pareil homme. Mais hâtons-nous, car le roi peut changer d′avis tout à l′heure; et au bout du compte, il est plus difficile de remettre à la Bastille ou au For-l′Évêque un homme qui en est sorti, que d′y garder un prisonnier qu′on y tient.»-Me jugará alguna mala pasada de un momento a otro -decía Tréville-. Nunca se tiene la última palabra con un hombre semejante. Pero démonos prisa porque el rey puede cambiar de opinión en seguridad, y á fin de cuentas es más difícil volver a meter en la Bastilla o en Fort-l′Evêque a un hombre que ha salido de ahí que guardar un prisionero que ya se tiene.
M. de Tréville fit triomphalement son entrée au For-l′Évêque, où il délivra le mousquetaire, que sa paisible indifférence n′avait pas abandonné.El señor de Tréville hizo triunfalmente su entrada en el Fort-l′Évêque, donde liberó al mosquetero, a quien su apacible indiferencia no había abandonado.
Puis, la première fois qu′il revit d′Artagnan:Luego, la primera vez que volvió a ver a D′Artagnan, le dijo:
«Vous l′échappez belle, lui dit-il; voilà votre coup d′épée à Jussac payé. Reste bien encore celui de Bernajoux, mais il ne faudrait pas trop vous y fier.»-Escapáis de una buena, vuestra estocada a Jussac está pagada. Queda todavía la de Bernajoux, y no debéis fiaros demasiado.
Au reste, M. de Tréville avait raison de se défier du cardinal et de penser que tout n′était pas fini, car à peine le capitaine des mousquetaires eut-il fermé la porte derrière lui, que Son Éminence dit au roi:Por lo demás, el señor de Tréville tenía razón en desconfiar del cardenal y en pensar que no todo estaba terminado, porque apenas hubo cerrado el capitán de los mosqueteros la puerta tras él cuando Su Eminencia dijo al rey:
«Maintenant que nous ne sommes plus que nous deux, nous allons causer sérieusement, s′il plaît à Votre Majesté. Sire, M. de Buckingham était à Paris depuis cinq jours et n′en est parti que ce matin.»-Ahora que no estamos más que nosotros dos, vamos a hablar seriamente, si place a Vuestra Majestad. Sire, el señor de Buckingham estaba en París desde hace cinco días y hasta esta mañana no ha partido.






CHAPITRE XVI -- OנM. LE GARDE DES SCEAUX SÉGUIER CHERCHA PLUS D′UNE FOIS LA CLOCHE POUR LA SONNER, COMME IL LE FAISAIT AUTREFOIS

Capítulo XVI -- Donde el señor guardasellos Séguier buscó más de una vez la campana para tocarla como lo hacía antaño

Il est impossible de se faire une idée de l′impression que ces quelques mots produisirent sur Louis XIII. Il rougit et pâlit successivement; et le cardinal vit tout d′abord qu′il venait de conquérir d′un seul coup tout le terrain qu′il avait perdu.Es imposible hacerse una idea de la impresión que estas pocas palabras produjeron en Luis XIII. Enrojeció y palideció sucesivamente; y el cardenal vio en seguida que acababa de conquistar de un solo golpe todo el terreno que había perdido.
«M. de Buckingham à Paris! s′écria-t-il, et qu′y vient-il faire?-¡El señor de Buckingham en Paris! -exclamó- ¿Y qué viene a hacer?
— Sans doute conspirer avec nos ennemis les huguenots et lesEspagnols.-Sin duda, a conspirar con vuestros enemigos los hugonotes y los españoles.
— Non, pardieu, non! conspirer contre mon honneur avecMme de Chevreuse, Mme de Longueville et les Condé!-¡No, pardiez, no! ¡A conspirar contra mi honor con la señora de Chevreuse, la señora de Longueville y los Condé!
— Oh! Sire, quelle idée! La reine est trop sage, et surtout aime trop Votre Majesté.-¡Oh sire, qué idea! La reina es demasiado prudente y, sobre todo, ama demasiado a Vuestra Majestad.
— La femme est faible, monsieur le cardinal, dit le roi; et quant à m′aimer beaucoup, j′ai mon opinion faite sur cet amour.-La mujer es débil, señor cardenal -dijo el rey-; y en cuanto a amarme mucho, tengo hecha mi opinión sobre ese amor.
— Je n′en maintiens pas moins, dit le cardinal, que le duc deBuckingham est venu à Paris pour un projet tout politique.-No por ello dejo de mantener -dijo el cardenal- que el duque de Buckingham ha venido a Paris por un plan completamente politico.
— Et moi je suis sûr qu′il est venu pour autre chose, monsieur le cardinal; mais si la reine est coupable, qu′elle tremble!-Y yo estoy seguro de que ha venido por otra cosa, señor cardenal; pero si la reina es culpable, ¡que tiemble!
— Au fait, dit le cardinal, quelque répugnance que j′aie à arrêter mon esprit sur une pareille trahison, Votre Majesté m′y fait penser: Mme de Lannoy, que, d′après l′ordre de Votre Majesté, j′ai interrogée plusieurs fois, m′a dit ce matin que la nuit avant celle-ci Sa Majesté avait veillé fort tard, que ce matin elle avait beaucoup pleuré et que toute la journée elle avait écrit.-Por cierto -dijo el cardenal-, por más que me repugne detener mi espíritu en una traición semejante, Vuestra Majestad me da que pensar: la señora de Lannoy, a quien por orden de Vuestra Majestad he interrogado varias veces, me ha dicho esta mañana que la noche pasada Su Majestad había estado en vela hasta muy tarde, que esta mañana había llorado mucho y que durante todo el día había estado escribiendo.
— C′est cela, dit le roi; à lui sans doute, Cardinal, il me faut les papiers de la reine.-A él indudablemente -dijo el rey-. Cardenal, necesito los papeles de la reina.
— Mais comment les prendre, Sire? Il me semble que ce n′est ni moi, ni Votre Majesté qui pouvons nous charger d′une pareille mission.-Pero ¿cómo cogerlos, sire? Me parece que no es Vuestra Majestad ni yo quienes podemos encargarnos de una misión semejante.
— Comment s′y est-on pris pour la maréchale d′Ancre? s′écria le roi au plus haut degré de la colère; on a fouillé ses armoires, et enfin on l′a fouillée elle-même.-¿Cómo se cogieron cuando la mariscala D′Ancre? -exclamó el rey en el más alto grado de cólera-. Se registraron sus armarios y por último se la registró a ella misma.
— La maréchale d′Ancre n′était que la maréchale d′Ancre, une aventurière florentine, Sire, voilà tout; tandis que l′auguste épouse de Votre Majesté est Anne d′Autriche, reine de France, c′est-à-dire une des plus grandes princesses du monde.-La mariscala D′Ancre no era más que la mariscala D′Ancre, una aventurera florentina, sire, eso es todo, mientras que la augusta esposa de Vuestra Majestad es Ana de Austria, reina de Francia, es decir, una de las mayores princesas del mundo.
— Elle n′en est que plus coupable, monsieur le duc! Plus elle a oublié la haute position où elle était placée, plus elle est bas descendue. Il y a longtemps d′ailleurs que je suis décidé à en finir avec toutes ces petites intrigues de politique et d′amour. Elle a aussi près d′elle un certain La Porte…-Por eso es más culpable, señor duque. Cuanto más ha olvidado la alta posición en que estaba situada, tanto más bajo ha descendido. Además, hace tiempo que estoy decidido a terminar con todas sus pequeñas intrigas de política y de amor. A su lado tiene también a un tal La Porte...
— Que je crois la cheville ouvrière de tout cela, je l′avoue, dit le cardinal.-A quien yo creo la clave de todo esto, lo confieso -dijo el cardenal.
— Vous pensez donc, comme moi, qu′elle me trompe? dit le roi.-Entonces, ¿vos pensáis, como yo, que ella me engaña? -dijo el rey.
— Je crois, et je le répète à Votre Majesté, que la reine conspire contre la puissance de son roi, mais je n′ai point dit contre son honneur.-Yo creo, y lo repito a Vuestra Majestad, que la reina conspira contra el poder de su rey, pero nunca he dicho contra su honor.
— Et moi je vous dis contre tous deux; moi je vous dis que la reine ne m′aime pas; je vous dis qu′elle en aime un autre; je vous dis qu′elle aime cet infâme duc de Buckingham! Pourquoi ne l′avez- vous pas fait arrêter pendant qu′il était à Paris?-Y yo os digo que contra los dos; yo os digo que la reina no me ama; yo os digo que ama a otro; ¡os digo que ama a ese infame duque de Buckingham! ¿Por qué no lo habéis hecho arrestar mientras estaba en París?
— Arrêter le duc! arrêter le premier ministre du roi Charles Ier!Y pensez-vous, Sire? Quel éclat! et si alors les soupçons deVotre Majesté, ce dont je continue à douter, avaient quelqueconsistance, quel éclat terrible! quel scandale désespérant!-¡Arrestar al duque! ¡Arrestar al primer ministro del rey Carlos I! Pensad en ello, sire. ¡Qué escándalo! Y si las sospechas de Vuestra Majestad, de las que yo sigo dudando, tuvieran alguna consistencia, ¡qué escándalo terrible! ¡Qué escándalo desesperante!
— Mais puisqu′il s′exposait comme un vagabond et un larronneur, il fallait…»-Pero puesto que se exponía como un vagabundo y un ladronzuelo, había...
Louis XIII s′arrêta lui-même, effrayé de ce qu′il allait dire, tandis que Richelieu, allongeant le cou, attendait inutilement la parole qui était restée sur les lèvres du roi.Luis XIII se detuvo por sí mismo espantado de lo que iba a decir, mientras que Richelieu, estirando el cuello, esperaba inútilmente la palabra que había quedado en los labios del rey.
«Il fallait?-¿Había?
— Rien, dit le roi, rien. Mais, pendant tout le temps qu′il a étéà Paris, vous ne l′avez pas perdu de vue?-Nada -dijo el rey-, nada. Pero en todo el tiempo que ha estado en Paris, ¿le habéis perdido de vista?
— Non, Sire.-No, sire.
— Où logeait-il?- Dónde se alojaba?
— Rue de La Harpe, n° 75.-In la calle de La Harpe, número 75.
— Où est-ce, cela?-¿Dónde está eso?
— Du côté du Luxembourg.-Junto al Luxemburgo.
— Et vous êtes sûr que la reine et lui ne se sont pas vus?-¿Y estáis seguro de que la reina y él no se han visto?
— Je crois la reine trop attachée à ses devoirs, Sire.-Creo que la reina está demasiado vinculada a sus deberes, sire.
— Mais ils ont correspondu, c′est à lui que la reine a écrit toute la journée; monsieur le duc, il me faut ces lettres!-Pero se han escrito; es a él a quien la reina ha escrito durante todo el día; señor duque, ¡necesito esas cartas!
— Sire, cependant…-Pero, sire...
— Monsieur le duc, à quelque prix que ce soit, je les veux.-Señor duque, al precio que sea las quiero.
— Je ferai pourtant observer à Votre Majesté…-Haré observar, sin embargo, a Vuestra Majestad...
— Me trahissez-vous donc aussi, monsieur le cardinal, pour vous opposer toujours ainsi à mes volontés? êtes-vous aussi d′accord avec l′Espagnol et avec l′Anglais, avec Mme de Chevreuse et avec la reine?-¿Me traicionáis vos también, señor cardenal, para oponeros siempre así a mis deseos? ¿Estáis de acuerdo con los españoles y con los ingleses, con la señora de Chevreuse y con la reina?
— Sire, répondit en soupirant le cardinal, je croyais être à l′abri d′un pareil soupçon.-Sire -respondió suspirando el cardenal-, creía estar al abrigo de semejante sospecha.
— Monsieur le cardinal, vous m′avez entendu; je veux ces lettres.-Señor cardenal, ya me habéis oído: quiero esas cartas.
— Il n′y aurait qu′un moyen.-No habría más que un medio.
— Lequel?- ¿Cuál?
— Ce serait de charger de cette mission M. le garde des sceaux Séguier. La chose rentre complètement dans les devoirs de sa charge.-Sería encargar de esta misión al señor guardasellos Séguier. La cosa entra por entero en los deberes de su cargo.
— Qu′on l′envoie chercher à l′instant même!-¡Que envíen a buscarlo ahora mismo!
— Il doit être chez moi, Sire; je l′avais fait prier de passer, et lorsque je suis venu au Louvre, j′ai laissé l′ordre, s′il se présentait, de le faire attendre.-Debe estar en mi casa, sire; hice que le rogasen pasarse por allí, y cuando he venido al Louvre he dejado la orden de hacerle esperar si se presentaba.
— Qu′on aille le chercher à l′instant même!-¡Que vayan a buscarlo ahora mismo!
— Les ordres de Votre Majesté seront exécutés; mais…-Las órdenes de Vuestra Majestad serán cumplidas, pero...
— Mais quoi?-¿Pero qué?
— Mais la reine se refusera peut-être à obéir.-La reina se negará quizá a obedecer.
— À mes ordres?-¿Mis órdenes?
— Oui, si elle ignore que ces ordres viennent du roi.-Sí, si ignora que esas órdenes vienen del rey.
— Eh bien, pour qu′elle n′en doute pas, je vais la prévenir moi- même.-Pues bien para que no lo dude, voy a prevenirla yo mismo.
— Votre Majesté n′oubliera pas que j′ai fait tout ce que j′ai pu pour prévenir une rupture.-Vuestra Majestad no debe olvidar que he hecho todo cuanto he podido para prevenir una ruptura.
— Oui, duc, je sais que vous êtes fort indulgent pour la reine, trop indulgent peut-être; et nous aurons, je vous en préviens, à parler plus tard de cela.-Sí duque, sé que vos sois muy indulgente con la reina, demasiado indulgente quizá, y os prevengo que luego tendremos que hablar de esto.
— Quand il plaira à Votre Majesté; mais je serai toujours heureux et fier, Sire, de me sacrifier à la bonne harmonie que je désire voir régner entre vous et la reine de France.-Cuando le plazca a Vuestra Majestad; pero siempre estaré feliz y orgulloso, sire, de sacrificarme a la buena armonía que deseo ver reinar entre vos y la reina de Francia.
— Bien, cardinal, bien; mais en attendant envoyez chercher M. le garde des sceaux; moi, j′entre chez la reine.-Bien, cardenal, bien; pero mientras tanto enviad en busca del señor guardasellos; yo entro en los aposentos de la reina.
Et Louis XIII, ouvrant la porte de communication, s′engagea dans le corridor qui conduisait de chez lui chez Anne d′Autriche.Y abriendo la puerta de comunicación, Luis XIII se adentró por el corredor que conducía de sus habitaciones a las de Ana de Austria.
La reine était au milieu de ses femmes, Mme de Guitaut, Mme de Sablé, Mme de Montbazon et Mme de Guéménée. Dans un coin était cette camériste espagnole doña Estefania, qui l′avait suivie de Madrid. Mme de Guéménée faisait la lecture, et tout le monde écoutait avec attention la lectrice, à l′exception de la reine, qui, au contraire, avait provoqué cette lecture afin de pouvoir, tout en feignant d′écouter, suivre le fil de ses propres pensées.La reina estaba en medio de sus mujeres, la señora de Guitaut, la señora de Sablé, la señora de Montbazon y la señora de Guéménée. En un rincón estaba aquella camarista española, doña Estefanía, que la había seguido desde Madrid. La señora de Guéménée leía, y todo el mundo escuchaba con atención a la lectora, a excepción de la reina que, por el contrario, había provocado aquella lectura a fin de poder seguir el hilo de sus propios pensamientos mientras fingía escuchar.
Ces pensées, toutes dorées qu′elles étaient par un dernier reflet d′amour, n′en étaient pas moins tristes. Anne d′Autriche, privée de la confiance de son mari, poursuivie par la haine du cardinal, qui ne pouvait lui pardonner d′avoir repoussé un sentiment plus doux, ayant sous les yeux l′exemple de la reine mère, que cette haine avait tourmentée toute sa vie — quoique Marie de Médicis, s′il faut en croire les mémoires du temps, eût commencé par accorder au cardinal le sentiment qu′Anne d′Autriche finit toujours par lui refuser —, Anne d′Autriche avait vu tomber autour d′elle ses serviteurs les plus dévoués, ses confidents les plus intimes, ses favoris les plus chers. Comme ces malheureux doués d′un don funeste, elle portait malheur à tout ce qu′elle touchait, son amitié était un signe fatal qui appelait la persécution. Mme de Chevreuse et Mme de Vernel étaient exilées; enfin La Porte ne cachait pas à sa maîtresse qu′il s′attendait à être arrêté d′un instant à l′autre.Estos pensamientos, pese a lo dorados que estaban por un último reflejo de amor, no eran menos tristes. Ana de Austria, privada de la confianza de su marido, perseguida por el odio del cardenal, que no podía perdonarle haber rechazado un sentimiento más dulce, con los ojos puestos en el ejemplo de la reina madre, a quien aquel odio había atormentado toda su vida -aunque María de Médicis, si hay que creer las Memorias de la época, hubiera comenzado por conceder al cardenal el sentimiento que Ana de Austria terminó siempre por negarle-. Ana de Austria había visto caer a su alrededor a sus servidores más abnegados, sus confidentes más íntimos, sus favoritos más queridos. Como esos desgraciados dotados de un don funesto, llevaba la desgracia a cuanto tocaba; su amistad era un signo fatal que apelaba a la persecución. La señora Chevreuse y la señora de Vernet estaban exiliadas; finalmente, La Porte no ocultaba a su ama que esperaba ser arrestado de un momento a otro.
C′est au moment où elle était plongée au plus profond et au plus sombre de ces réflexions, que la porte de la chambre s′ouvrit et que le roi entra.Fue el instante en que estaba sumida en la más profunda y sombría de estas reflexiones cuando la puerta de la habitación se abrio y entró el rey.
La lectrice se tut à l′instant même, toutes les dames se levèrent, et il se fit un profond silence.La lectora se calló al momento, todas las damas se levantaron y se hizo un profundo silencio.
Quant au roi, il ne fit aucune démonstration de politesse; seulement, s′arrêtant devant la reine:En cuanto al rey, no hizo ninguna demostración de cortesía; sólo, deteniéndose ante la reina, dijo con voz alterada:
«Madame, dit-il d′une voix altérée, vous allez recevoir la visite de M. le chancelier, qui vous communiquera certaines affaires dont je l′ai chargé.»-Señora, vais a recibir la visita del señor canciller, que os comunicará ciertos asuntos que le he encargado.
La malheureuse reine, qu′on menaçait sans cesse de divorce, d′exil et de jugement même, pâlit sous son rouge et ne put s′empêcher de dire:La desgraciada reina, a la que amenazaba constantemente con el divorcio, el exilio e incluso el juicio, palideció bajo el rougey no pudo impedirse decir:
«Mais pourquoi cette visite, Sire? Que me dira M. le chancelier que Votre Majesté ne puisse me dire elle-même?»-Pero ¿por qué esta visita, sire? ¿Qué va a decirme el señor canciller que Vuestra Majestad no pueda decirme por sí misma?
Le roi tourna sur ses talons sans répondre, et presque au même instant le capitaine des gardes, M. de Guitaut, annonça la visite de M. le chancelier.El rey giró sobre sus talones sin responder y casi en ese mismo instante el capitán de los guardias, el señor de Guitaut, anunció la visita del señor canciller.
Lorsque le chancelier parut, le roi était déjà sorti par une autre porte.Cuando el canciller apareció, el rey había salido ya por otra puerta.
Le chancelier entra demi-souriant, demi-rougissant. Comme nous le retrouverons probablement dans le cours de cette histoire, il n′y a pas de mal à ce que nos lecteurs fassent dès à présent connaissance avec lui.El canciller entró medio sonriendo, medio ruborizándose. Como probablemente volveremos a encontrarlo en el curso de esta historia, no estaría mal que nuestros lectores traben desde ahora conocimiento con él.
Ce chancelier était un plaisant homme. Ce fut Des Roches le Masle, chanoine à Notre-Dame, et qui avait été autrefois valet de chambre du cardinal, qui le proposa à Son Éminence comme un homme tout dévoué. Le cardinal s′y fia et s′en trouva bien.El tal canciller era un hombre agradable. Fue Des Roches de Masle, canónigo de Notre-Dame y que en otro tiempo había sido ayuda de cámara del cardenal, quien le propuso a Su Eminencia como un hombre totalmente adicto. El cardenal se fio y le fue bien.
On racontait de lui certaines histoires, entre autres celle-ci:Contaban de él algunas historias, entre otras ésta:
Après une jeunesse orageuse, il s′était retiré dans un couvent pour y expier au moins pendant quelque temps les folies de l′adolescence.Tras una juventud tormentosa, se había retirado a un convento para expiar al menos durante algún tiempo las locuras de la adolescencia.
Mais, en entrant dans ce saint lieu, le pauvre pénitent n′avait pu refermer si vite la porte, que les passions qu′il fuyait n′y entrassent avec lui. Il en était obsédé sans relâche, et le supérieur, auquel il avait confié cette disgrâce, voulant autant qu′il était en lui l′en garantir, lui avait recommandé pour conjurer le démon tentateur de recourir à la corde de la cloche et de sonner à toute volée. Au bruit dénonciateur, les moines seraient prévenus que la tentation assiégeait un frère, et toute la communauté se mettrait en prières.Pero, al entrar en aquel santo lugar, el pobre penitente no pudo cerrar la puerta con la rapidez suficiente para que las pasiones de que huía no entraran con él. Estaba obsesionado sin tregua, y el superior, a quien había confiado esa desgracia, queriendo ayudarlo en lo que pudiese, le había recomendado para conjurar al demonio tentador recurrir a la cuerda de la campana y echarla al vuelo. Al ruido delator, los monjes sabrían que la tentación asediaba a un hermano, y toda la comunidad se pondría a rezar.
Le conseil parut bon au futur chancelier. Il conjura l′esprit malin à grand renfort de prières faites par les moines; mais le diable ne se laisse pas déposséder facilement d′une place où il a mis garnison; à mesure qu′on redoublait les exorcismes, il redoublait les tentations, de sorte que jour et nuit la cloche sonnait à toute volée, annonçant l′extrême désir de mortification qu′éprouvait le pénitent.El consejo pareció bueno al futuro canciller. Conjuró al espíritu maligno con gran acompañamiento de plegarias hechas por los monjes; pero el diablo no se deja desposeer fácilmente de una plaza en la que ha sentado sus reales; a medida que redoblaban los exorcismos, redoblaba él las tentaciones; de suerte que día y noche la campana repicaba anunciando el extremo deseo de mortificación que experimentaba el penitente.
Les moines n′avaient plus un instant de repos. Le jour, ils ne faisaient que monter et descendre les escaliers qui conduisaient à la chapelle; la nuit, outre complies et matines, ils étaient encore obligés de sauter vingt fois à bas de leurs lits et de se prosterner sur le carreau de leurs cellules.Los monjes no tenían ni un instante de reposo. Por el día no hacían más que subir y bajar las escaleras que conducían a la capilla; por la noche, además de completas y maitines, estaban obligados a saltar veinte veces fuera de sus camas y a prosternarse en las baldosas de sus celdas.
On ignore si ce fut le diable qui lâcha prise ou les moines qui se lassèrent; mais, au bout de trois mois, le pénitent reparut dans le monde avec la réputation du plus terrible possédé qui eût jamais existé.Se ignora si fue el diablo quien soltó la presa o fueron los monjes quienes se cansaron; pero al cabo de tres meses, el diablo reapareció en el mundo con la reputación del más terrible poseso que jamás haya existido.
En sortant du couvent, il entra dans la magistrature, devint président à mortier à la place de son oncle, embrassa le parti du cardinal, ce qui ne prouvait pas peu de sagacité; devint chancelier, servit Son Éminence avec zèle dans sa haine contre la reine mère et sa vengeance contre Anne d′Autriche; stimula les juges dans l′affaire de Chalais, encouragea les essais de M. de Laffemas, grand gibecier de France; puis enfin, investi de toute la confiance du cardinal, confiance qu′il avait si bien gagnée, il en vint à recevoir la singulière commission pour l′exécution de laquelle il se présentait chez la reine.Al salir del convento entró en la magistratura, se convirtió en presidente con birrete en el puesto de su tío, abrazó el partido del cardenal, cosa que no probaba poca sagacidad; se hizo canciller, sirvió a su eminencia con celo en su odio contra la reina madre y en su venganza contra Ana de Austria; estimuló a los jueces en el asunto de Chalais, alentó los ensayos del señor de Laffemas, gran ahorcador de Francia; finalmente, investido de toda la confianza del cardenal, confianza que tan bien se había ganado, vino a recibir la singular comisión para cuya ejecución se presentaba en el aposento de la reina.
La reine était encore debout quand il entra, mais à peine l′eut- elle aperçu, qu′elle se rassit sur son fauteuil et fit signe à ses femmes de se rasseoir sur leurs coussins et leurs tabourets, et, d′un ton de suprême hauteur:La reina estaba aún de pie cuando él entró, pero apenas lo hubo visto se volvió a sentar en su sillón a hizo seña a sus mujeres de volverse a sentar en sus cojines y taburetes, y con un tono de suprema altivez preguntó:
«Que désirez-vous, monsieur, demanda Anne d′Autriche, et dans quel but vous présentez-vous ici?- Qué deseáis, señor y con qué fin os presentáis aquí?
— Pour y faire au nom du roi, madame, et sauf tout le respect que j′ai l′honneur de devoir à Votre Majesté, une perquisition exacte dans vos papiers.-Para hacer en nombre del rey, señora, y salvo el respeto que tengo el honor de deber a Vuestra Majestad, una indagación completa en vuestros papeles.
— Comment, monsieur! une perquisition dans mes papiers… à moi! mais voilà une chose indigne!-¡Cómo, señor! Una indagación en mis papeles... ¡A mil ¡Qué cosa más indigna!
— Veuillez me le pardonner, madame, mais, dans cette circonstance, je ne suis que l′instrument dont le roi se sert. Sa Majesté ne sort-elle pas d′ici, et ne vous a-t-elle pas invitée elle-même à vous préparer à cette visite?-Os ruego que me perdonéis, señora, pero en esta circunstancia no soy sino el instrumento de que el rey se sirve. ¿No acaba de salir de aquí Su Majestad y no os ha invitado ella misma a prepararos para esta visita?
— Fouillez donc, monsieur; je suis une criminelle, à ce qu′il paraît: Estefania, donnez les clefs de mes tables et de mes secrétaires.»-Registrad, pues, señor; soy una criminal según parece: Estefanía, dadle las llaves de mis mesas y de mis secreteres.
Le chancelier fit pour la forme une visite dans les meubles, mais il savait bien que ce n′était pas dans un meuble que la reine avait dû serrer la lettre importante qu′elle avait écrite dans la journée.El canciller hizo una visita por pura formalidad a los muebles, pero sabía de sobra que no era en un mueble donde la reina había debido guardar la importante carta que había escrito durante el día.
Quand le chancelier eut rouvert et refermé vingt fois les tiroirs du secrétaire, il fallut bien, quelque hésitation qu′il éprouvât, il fallut bien, dis-je, en venir à la conclusion de l′affaire, c′est-à-dire à fouiller la reine elle-même. Le chancelier s′avança donc vers Anne d′Autriche, et d′un ton très perplexe et d′un air fort embarrassé:Cuando el canciller hubo abierto y cerrado veinte veces los cajones del secreter, tuvo, pese a los titubeos que experimentaba, tuvo, digo, que llegar a la conclusión del asunto, es decir, a registrar a la propia reina. El canciller avanzó, pues, hacia Ana de Austria, y con un tono muy perplejo y aire muy embarazado, dijo:
«Et maintenant, dit-il, il me reste à faire la perquisition principale.-Y ahora sólo me queda por hacer la indagación principal.
— Laquelle? demanda la reine, qui ne comprenait pas ou plutôt qui ne voulait pas comprendre.-¿Cuál? -preguntó la reina, que no comprendía o que, mejor dicho, no quería comprender.
— Sa Majesté est certaine qu′une lettre a été écrite par vous dans la journée; elle sait qu′elle n′a pas encore été envoyée à son adresse. Cette lettre ne se trouve ni dans votre table, ni dans votre secrétaire, et cependant cette lettre est quelque part.-Su Majestad está segura de que ha sido escrita por vos una carta durante el día; sabe que aún no ha sido enviada a su destinatario. Esa carta no se encuentra ni en vuestra mesa ni en vuestro secreter y, sin embargo, esa carta está en alguna parte.
— Oserez-vous porter la main sur votre reine? dit Anne d′Autriche en se dressant de toute sa hauteur et en fixant sur le chancelier ses yeux, dont l′expression était devenue presque menaçante.-¿Os atreveríais a poner la mano sobre vuestra reina? -dijo Ana de Austria, irguiéndose en toda su altivez y fijando sobre el canciller sus ojos, cuya expresión se había vuelto casi amenazadora.
— Je suis un fidèle sujet du roi, madame; et tout ce queSa Majesté ordonnera, je le ferai.-Yo soy un súbdito fiel del rey, señora; y todo cuanto Su Majestad ordene lo haré.
— Eh bien, c′est vrai, dit Anne d′Autriche, et les espions de M. le cardinal l′ont bien servi. J′ai écrit aujourd′hui une lettre, cette lettre n′est point partie. La lettre est là.»-Pues bien es cierto -dijo Ana de Austria-, y los espías del señor cardenal le han servido bien. Hoy he escrito una carta, esa carta no está en ninguna parte. La carta está aquí.
Et la reine ramena sa belle main à son corsage.Y la reina llevó su bella mano a su blusa.
«Alors donnez-moi cette lettre, madame, dit le chancelier.-Entonces, dadme esa carta, señora -dijo el canciller.
— Je ne la donnerai qu′au roi, monsieur, dit Anne.-No se la daré más que al rey, señor -dijo Ana.
— Si le roi eût voulu que cette lettre lui fût remise, madame, il vous l′eût demandée lui-même. Mais, je vous le répète, c′est moi qu′il a chargé de vous la réclamer, et si vous ne la rendiez pas…-Si el rey hubiera querido que esa carta le hubiera sido entregada, señora, os la hubiera pedido él mismo. Pero, os lo repito, es a mí a quien ha encargado reclamárosla, y si no la entregáis...
— Eh bien?-¿Y bien?
— C′est encore moi qu′il a chargé de vous la prendre.-También me ha encargado cogérosla.
— Comment, que voulez-vous dire?-Cómo, ¿qué queréis decir?
— Que mes ordres vont loin, madame, et que je suis autorisé à chercher le papier suspect sur la personne même de Votre Majesté.-Que mis órdenes van lejos, señora, y que estoy autorizado a buscar el papel sospechoso en la persona misma de Vuestra Majestad.
— Quelle horreur! s′écria la reine.-¡Qué horror! -exclamó la reina.
— Veuillez donc, madame, agir plus facilement.-¿Queréis pues, hacer las cosas fáciles?
— Cette conduite est d′une violence infâme; savez-vous cela, monsieur?-Esa conducta es de una violencia infame, ¿lo sabíais, señor?
— Le roi commande, madame, excusez-moi.-El rey manda, señora, perdonadme.
— Je ne le souffrirai pas; non, non, plutôt mourir!» s′écria la reine, chez laquelle se révoltait le sang impérieux de l′Espagnole et de l′Autrichienne.-No lo soportaré; no, no, ¡antes morir! -exclamó la reina, en la que se revolvía la sangre imperiosa de la española y de la austríaca.
Le chancelier fit une profonde révérence, puis avec l′intention bien patente de ne pas reculer d′une semelle dans l′accomplissement de la commission dont il s′était chargé, et comme eût pu le faire un valet de bourreau dans la chambre de la question, il s′approcha d′Anne d′Autriche des yeux de laquelle on vit à l′instant même jaillir des pleurs de rage.El canciller hizo una profunda reverencia, luego, con la intención bien patente de no retroceder un ápice en el cumplimiento de la comisión que se le había encargado y como hubiera podido hacerlo un ayudante de verdugo en la cámara de torturas, se acercó a Ana de Austria, de cuyos ojos se vieron en el mismo instante brotar lágrimas de rabia.
La reine était, comme nous l′avons dit, d′une grande beauté.Como hemos dicho, la reina era de una gran belleza.
La commission pouvait donc passer pour délicate, et le roi en était arrivé, à force de jalousie contre Buckingham, à n′être plus jaloux de personne.El cometido podía, pues, pasar por delicado, y el rey había llegado, a fuerza de celos contra Buckingham, a no estar celoso de nadie.
Sans doute le chancelier Séguier chercha des yeux à ce moment le cordon de la fameuse cloche; mais, ne le trouvant pas, il en prit son parti et tendit la main vers l′endroit où la reine avait avoué que se trouvait le papier.Sin duda el canciller Séguier buscó en ese momento con los ojos el cordón de la famosa campana; pero al no encontrarlo, tomó su decisión y tendió la mano hacia el lugar en que la reina había confesado que se encontraba el papel.
Anne d′Autriche fit un pas en arrière, si pâle qu′on eût dit qu′elle allait mourir; et, s′appuyant de la main gauche, pour ne pas tomber, à une table qui se trouvait derrière elle, elle tira de la droite un papier de sa poitrine et le tendit au garde des sceaux.Ana de Austria dio un paso hacia atrás, tan pálida que se hubiera dicho que iba a morir; y apoyándose con la mano izquierda, para no caer, en una mesa que se encontraba tras ella, sacó con la derecha un papel de su pecho y lo tendió al guardasellos.
«Tenez, monsieur, la voilà, cette lettre, s′écria la reine d′une voix entrecoupée et frémissante, prenez-la, et me délivrez de votre odieuse présence.»-Tomad, señor, ahí está la carta -exclamó la reina, con voz entrecortada y temblorosa-. Cogedla y libradme de vuestra odiosa presencia.
Le chancelier, qui de son côté tremblait d′une émotion facile à concevoir, prit la lettre, salua jusqu′à terre et se retira.El canciller, que por su parte tembiaba por una emoción fácil de concebir, cogió la carta, saludó hasta el suelo y se retiró.
À peine la porte se fut-elle refermée sur lui, que la reine tomba à demi évanouie dans les bras de ses femmes.Apenas se hubo cerrado la puerta tras él, cuando la reina cayó semidesvanecida en brazos de sus mujeres.
Le chancelier alla porter la lettre au roi sans en avoir lu un seul mot. Le roi la prit d′une main tremblante, chercha l′adresse, qui manquait, devint très pâle, l′ouvrit lentement, puis, voyant par les premiers mots qu′elle était adressée au roi d′Espagne, il lut très rapidement.El canciller fue a llevar la carta al rey sin haber leído una sola palabra. El rey la cogió con la mano temblorosa, buscó el destinatario, que faltaba; se puso muy pálido, la abrió lentamente; luego, al ver por las primeras letras que estaba dirigida al rey de España, leyó con rapidez.
C′était tout un plan d′attaque contre le cardinal. La reine invitait son frère et l′empereur d′Autriche à faire semblant, blessés qu′ils étaient par la politique de Richelieu, dont l′éternelle préoccupation fut l′abaissement de la maison d′Autriche, de déclarer la guerre à la France et d′imposer comme condition de la paix le renvoi du cardinal: mais d′amour, il n′y en avait pas un seul mot dans toute cette lettre.Era todo un plan de ataque contra el cardenal. La reina invitaba a su hermano y al emperador de Austria a fingir, heridos como estaban por la política de Richelieu, cuya eterna preocupación fue el sometimiento de la casa de Austria, que declaraban la guerra a Francia y que imponían como condición de la paz el despido del cardenal; pero de amor no había una sola palabra en toda aquella carta.
Le roi, tout joyeux, s′informa si le cardinal était encore au Louvre. On lui dit que Son Éminence attendait, dans le cabinet de travail, les ordres de Sa Majesté.El rey, todo contento, se informó de si el cardenal estaba aún en el Louvre. Se le dijo que Su Eminencia esperaba, en el gabinete de trabajo, las órdenes de Su Majestad.
Le roi se rendit aussitôt près de lui.El rey se dirigió al punto a su lado.
«Tenez, duc, lui dit-il, vous aviez raison, et c′est moi qui avais tort; toute l′intrigue est politique, et il n′était aucunement question d′amour dans cette lettre, que voici. En échange, il y est fort question de vous.»-Tomad, duque -le dijo-; teníais razón y era yo el que estaba equivocado; toda la intriga es política, y no había ningún asunto de amor en esta carta. En cambio se trata, y mucho, de vos.
Le cardinal prit la lettre et la lut avec la plus grande attention; puis, lorsqu′il fut arrivé au bout, il la relut une seconde fois.El cardenal tomó la carta y la leyó con la mayor atención; luego, cuando hubo llegado al fin la releyó una segunda vez.
«Eh bien, Votre Majesté, dit-il, vous voyez jusqu′où vont mes ennemis: on vous menace de deux guerres, si vous ne me renvoyez pas. À votre place, en vérité, Sire, je céderais à de si puissantes instances, et ce serait de mon côté avec un véritable bonheur que je me retirerais des affaires.-¡Bien! -dijo-. Vuestra Majestad ya ve hasta dónde llegan mis enemigos: se os amenaza con dos guerras si no me echáis. En verdad, yo en vuestro lugar, sire, cedería a tan poderosas instancias y, por mi parte, yo me retiraría de los asuntos públicos con verdadera dicha.
— Que dites-vous là, duc?-¿Qué decís, duque?
— Je dis, Sire, que ma santé se perd dans ces luttes excessives et dans ces travaux éternels. Je dis que, selon toute probabilité, je ne pourrai pas soutenir les fatigues du siège de La Rochelle, et que mieux vaut que vous nommiez là ou M. de Condé, ou M. de Bassompierre, ou enfin quelque vaillant homme dont c′est l′état de mener la guerre, et non pas moi qui suis homme d′Église et qu′on détourne sans cesse de ma vocation pour m′appliquer à des choses auxquelles je n′ai aucune aptitude. Vous en serez plus heureux à l′intérieur, Sire, et je ne doute pas que vous n′en soyez plus grand à l′étranger.-Digo, sire, que mi salud se pierde en estas luchas excesivas y en estos trabajos eternos. Digo que lo más probable es que yo no pueda soportar las fatigas del asedio de La Rochelle, y que más valdría que nombrarais para él al señor de Condé, o al señor de Basompierre o a algún valiente que se halle en situación de dirigir la guerra, y no a mí, que soy un hombre de iglesia, al que se aleja constantemente de mi vocación para aplicarme a cosas para las que no tengo ninguna aptitud. Seréis más feliz en el interior, sire, y no dudo que seréis más grande en el extranjero.
— Monsieur le duc, dit le roi, je comprends, soyez tranquille; tous ceux qui sont nommés dans cette lettre seront punis comme ils le méritent, et la reine elle-même.-Señor duque -dijo el rey- comprendo, estad tranquilo; todos los que son nombrados en esa carta serán castigados como merecen, y la reina también.
— Que dites-vous là, Sire? Dieu me garde que, pour moi, la reine éprouve la moindre contrariété! elle m′a toujours cru son ennemi, Sire, quoique Votre Majesté puisse attester que j′ai toujours pris chaudement son parti, même contre vous. Oh! si elle trahissait Votre Majesté à l′endroit de son honneur, ce serait autre chose, et je serais le premier à dire: «Pas de grâce, Sire, pas de grâce pour la coupable!» Heureusement il n′en est rien, et Votre Majesté vient d′en acquérir une nouvelle preuve.-¿Qué decís, sire? Dios me guarde de que, por mí, la reina sufra la menor contrariedad. Ella siempre me ha creído su enemigo, sire, aunque Vuestra Majestad puede atestiguar que yo siempre la he apoyado calurosamente, incluso contra vos. ¡Oh, si ella traicionase a Vuestra Majestad en su honor, sería otra cosa, y yo sería el primero en decir: "¡Nada de gracia sire, nada de gracia para la culpable!" Afortunadamente no es nada de eso, y Vuestra Majestad acaba de adquirir una nueva prueba.
— C′est vrai, monsieur le cardinal, dit le roi, et vous aviez raison, comme toujours; mais la reine n′en mérite pas moins toute ma colère.-Es cierto, señor cardenal -dijo el rey-, y teníais razón, como siempre; pero no por ello deja la reina de merecer toda mi cólera.
— C′est vous, Sire, qui avez encouru la sienne; et véritablement, quand elle bouderait sérieusement Votre Majesté, je le comprendrais; Votre Majesté l′a traitée avec une sévérité!…-Sois vos, sire, quien habéis incurrido en la suya; y si realmente ella hiciera ascos seriamente a Vuestra Majestad, yo lo comprendería; Vuestra Majestad la ha tratado con una severidad...
— C′est ainsi que je traiterai toujours mes ennemis et les vôtres, duc, si haut placés qu′ils soient et quelque péril que je coure à agir sévèrement avec eux.-Así es como trataré siempre a mis enemigos y a los vuestros, duque, por alto que estén colocados y sea cual sea el peligro que yo coma por actuar severamente con ellos.
— La reine est mon ennemie, mais n′est pas la vôtre, Sire; au contraire, elle est épouse dévouée, soumise et irréprochable; laissez-moi donc, Sire, intercéder pour elle près de Votre Majesté.-La reina es mi enemiga, pero no la vuestra, sire; al contrario, es una esposa abnegada, sumisa a irreprochable; dejadme, pues, sire, interceder por ello junto a Vuestra Majestad.
— Qu′elle s′humilie alors, et qu′elle revienne à moi la première!-¡Entonces que se humille, y que venga a mí la primera!
— Au contraire, Sire, donnez l′exemple; vous avez eu le premier tort, puisque c′est vous qui avez soupçonné la reine.-Al contrario, sire, dad ejemplo: vos habéis cometido el primer error, puesto que sois vos quien habéis sospechado de la reina.
— Moi, revenir le premier? dit le roi; jamais!- ¿Que yo vaya el primero? -dijo el rey-. ¡Jamás!
— Sire, je vous en supplie.-Sire, os lo suplico.
— D′ailleurs, comment reviendrais-je le premier?-Además, ¿cómo iría yo el primero?
— En faisant une chose que vous sauriez lui être agréable.-Haciendo una cosa que sabéis que le gustaría.
— Laquelle?-¿Cuál?
— Donnez un bal; vous savez combien la reine aime la danse; je vous réponds que sa rancune ne tiendra point à une pareille attention.-Dad un baile; ya sabéis cuánto le gusta a la reina la danza; os prometo que su rencor no resistirá ante semejante tentación.
— Monsieur le cardinal, vous savez que je n′aime pas tous les plaisirs mondains.-Señor cardenal, vos sabéis que no me gustan todos esos placeres mundanos.
— La reine ne vous en sera que plus reconnaissante, puisqu′elle sait votre antipathie pour ce plaisir; d′ailleurs ce sera une occasion pour elle de mettre ces beaux ferrets de diamants que vous lui avez donnés l′autre jour à sa fête, et dont elle n′a pas encore eu le temps de se parer.-Por eso la reina os quedará más agradecida, puesto que sabe vuestra antipatía por ese placer; además, será una ocasión para ella de ponerse esos bellos herretes de diamantes que acabáis de darle por su cumpleaños el otro día, y que aún no ha tenido tiempo de ponerse.
— Nous verrons, monsieur le cardinal, nous verrons, dit le roi, qui, dans sa joie de trouver la reine coupable d′un crime dont il se souciait peu, et innocente d′une faute qu′il redoutait fort, était tout prêt à se raccommoder avec elle; nous verrons, mais, sur mon honneur, vous êtes trop indulgent.-Ya veremos, señor cardenal, ya veremos -dijo el rey, que en su alegría por hallar a la reina culpable de un crimen que le importaba poco a inocente de una falta que temía mucho, estaba dispuesto a reconciliarse con ella-. Ya veremos; pero, por mi honor, sois demasiado indulgente.
— Sire, dit le cardinal, laissez la sévérité aux ministres, l′indulgence est la vertu royale; usez-en, et vous verrez que vous vous en trouverez bien.»-Sire -dijo el cardenal- dejad la severidad a los ministros, la indulgencia es la virtud real; usadla y veréis cómo os encontraréis bien.
Sur quoi le cardinal, entendant la pendule sonner onze heures, s′inclina profondément, demandant congé au roi pour se retirer, et le suppliant de se raccommoder avec la reine.Tras esto, el cardenal, oyendo dar en el péndulo las once, se inclinó profundamente pidiendo permiso al rey para retirarse y suplicándole que se reconciliase con la reina.
Anne d′Autriche, qui, à la suite de la saisie de sa lettre, s′attendait à quelque reproche, fut fort étonnée de voir le lendemain le roi faire près d′elle des tentatives de rapprochement. Son premier mouvement fut répulsif, son orgueil de femme et sa dignité de reine avaient été tous deux si cruellement offensés, qu′elle ne pouvait revenir ainsi du premier coup; mais, vaincue par le conseil de ses femmes, elle eut enfin l′air de commencer à oublier. Le roi profita de ce premier moment de retour pour lui dire qu′incessamment il comptait donner une fête.Ana de Austria, que a consecuencia de la confiscación de su carta esperaba algún reproche, quedó muy sorprendida al ver al día siguiento al rey hacer tentativas de acercamiento hacia ella. Su primer movimiento fue de repulsa, su orgullo de mujer y su dignidad de reina habían sido, los dos, tan cruelmente ofendidos que no podía reconciliarse así, a la primera; pero, vencida por el consejo de sus mujeres, tuvo finalmente aspecto de comenzar a olvidar. El rey aprovechó aquel primer momento de retorno para decirle que contaba con dar de un momento a otro una fiesta.
C′était une chose si rare qu′une fête pour la pauvre Anne d′Autriche, qu′à cette annonce, ainsi que l′avait pensé le cardinal, la dernière trace de ses ressentiments disparut sinon dans son coeur, du moins sur son visage. Elle demanda quel jour cette fête devait avoir lieu, mais le roi répondit qu′il fallait qu′il s′entendît sur ce point avec le cardinal.Era una cosa tan rara una fiesta para la pobre Ana de Austria que, como había pensado el cardenal, ante este anuncio la última huella de sus resentimientos desapareció, si no de su corazón, al menos de su rostro. Ella preguntó qué día debía tener lugar aquella fiesta, pero el rey respondió que tenía que entenderse sobre este punto con el cardenal.
En effet, chaque jour le roi demandait au cardinal à quelle époque cette fête aurait lieu, et chaque jour le cardinal, sous un prétexte quelconque, différait de la fixer.En efecto, todos los días el rey preguntaba al cardenal en qué época tendría lugar aquella fiesta, y todos los días, el cardenal, con un pretexto cualquiera, difería fijarla.
Dix jours s′écoulèrent ainsi.Así pasaron diez días.
Le huitième jour après la scène que nous avons racontée, le cardinal reçut une lettre, au timbre de Londres, qui contenait seulement ces quelques lignes:El octavo día después de la escena que hemos contado, el cardenal recibió una carta, con sello de Londres, que contenía solamente estas pocas líneas:
«Je les ai; mais je ne puis quitter Londres, attendu que je manque d′argent; envoyez-moi cinq cents pistoles, et quatre ou cinq jours après les avoir reçues, je serai à Paris.»"Los tengo; pero no puedo abandonar Londres, dado que me falta dinero; enviadme quinientas pistolas, y, cuatro o cinco días después de haberlas recibido, estaré en Paris."
Le jour même où le cardinal avait reçu cette lettre, le roi lui adressa sa question habituelle.El mismo día en que el cardenal hubo recibido esta carta, el rey le dirigió su pregunta habitual.
Richelieu compta sur ses doigts et se dit tout bas:Richelieu contó con los dedos y se dijo en voz baja:
«Elle arrivera, dit-elle, quatre ou cinq jours après avoir reçu l′argent; il faut quatre ou cinq jours à l′argent pour aller, quatre ou cinq jours à elle pour revenir, cela fait dix jours; maintenant faisons la part des vents contraires, des mauvais hasards, des faiblesses de femme, et mettons cela à douze jours.-Ella llegará, según dice, cuatro o cinco días después de haber recibido el dinero; se necesitan cuatro o cinco días para que el dinero llegue, cuatro o cinco para que ella vuelva, lo cual hacen diez días; ahora demos su parte a los vientos contrarios, a la mala suerte, a las debilidades de mujer y pongamos doce días.
— Eh bien, monsieur le duc, dit le roi, vous avez calculé?-¡Y bien, señor duque! -dijo el rey-. ¿Habéis calculado?
— Oui, Sire: nous sommes aujourd′hui le 20 septembre; les échevins de la ville donnent une fête le 3 octobre. Cela s′arrangera à merveille, car vous n′aurez pas l′air de faire un retour vers la reine.»-Sí, siré; hoy estamos a 20 de septiembre; los regidores de la ciudad dan una fiesta el 3 de octubre. Resultará todo de maravilla, porque así no parecerá que volvéis a la reina.
Puis le cardinal ajouta:Luego el cardenal añadió:
«À propos, Sire, n′oubliez pas de dire à Sa Majesté, la veille de cette fête, que vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants.»-A propósito, sire, no olvidéis decir a Su Majestad, la víspera de esa fiesta, que deseáis ver cómo le sientan sus herretes de diamantes.






CHAPITRE XVII -- LE MÉNAGE BONACIEUX

Capítulo XVII -- El matrimonio Bonacieux

C′était la seconde fois que le cardinal revenait sur ce point des ferrets de diamants avec le roi. Louis XIII fut donc frappé de cette insistance, et pensa que cette recommandation cachait un mystère.Era la segunda vez que el cardenal insistía en ese punto de los herretes de diamantes con el rey. Luis XIII quedó sorprendido, pues, por aquella insistencia, y pensó que tal recomendación ocultaba algún misterio.
Plus d′une fois le roi avait été humilié que le cardinal, dont la police, sans avoir atteint encore la perfection de la police moderne, était excellente, fût mieux instruit que lui-même de ce qui se passait dans son propre ménage. Il espéra donc, dans une conversation avec Anne d′Autriche, tirer quelque lumière de cette conversation et revenir ensuite près de Son Éminence avec quelque secret que le cardinal sût ou ne sût pas, ce qui, dans l′un ou l′autre cas, le rehaussait infiniment aux yeux de son ministre.Más de una vez el rey había sido humillado porque el cardenal -cuya policía, sin haber alcanzado la perfección de la policía moderna, era excelente- estuviese mejor informado que él mismo de lo que pasaba en su propio matrimonio. Esperó, pues, sacar, de un encuentro con Ana de Austria, alguna luz de aquella conversación y volver luego junto a Su Eminencia con algún secreto que el cardenal supiese o no supiese, lo cual, tanto en un caso como en otro, le realzaba infinitamente a los ojos de su ministro.
Il alla donc trouver la reine, et, selon son habitude, l′aborda avec de nouvelles menaces contre ceux qui l′entouraient. Anne d′Autriche baissa la tête, laissa s′écouler le torrent sans répondre et espérant qu′il finirait par s′arrêter; mais ce n′était pas cela que voulait Louis XIII; Louis XIII voulait une discussion de laquelle jaillît une lumière quelconque, convaincu qu′il était que le cardinal avait quelque arrière-pensée et lui machinait une surprise terrible comme en savait faire Son Éminence. Il arriva à ce but par sa persistance à accuser.Fue, pues, en busca de la reina y, según su costumbre, la abordó con nuevas amenazas contra quienes la rodeaban. Ana de Austria bajó la cabeza y dejó pasar el torrente sin responder, esperando que terminaría por detenerse; pero no era eso lo que quería Luis XIII; Luis XIII quería una discusión de la que saliese alguna luz nueva, convencido como estaba de que el cardenal tenía alguna segunda intención y maquinaba una sorpresa terrible como sabía hacer Su Eminencia. Y llegó a esa meta con su persistencia en acusar.
«Mais, s′écria Anne d′Autriche, lassée de ces vagues attaques; mais, Sire, vous ne me dites pas tout ce que vous avez dans le coeur. Qu′ai-je donc fait? Voyons, quel crime ai-je donc commis? Il est impossible que Votre Majesté fasse tout ce bruit pour une lettre écrite à mon frère.»-Pero -exclamó Ana de Austria, cansada de aquellos vagos ataques-, pero sire, no me decís todo lo que tenéis en el corazón. ¿Qué he hecho yo? Veamos, ¿qué nuevo crimen he cometido? Es posible que Vuestra Majestad haga todo este escándalo por una carta escrita a mi hermano.
Le roi, attaqué à son tour d′une manière si directe, ne sut que répondre; il pensa que c′était là le moment de placer la recommandation qu′il ne devait faire que la veille de la fête.El rey, atacado a su vez de una manera tan directa, no supo qué responder; pensó que aquel era el momento de colocar la recomendación que no debía hacer más que la víspera de la fiesta.
«Madame, dit-il avec majesté, il y aura incessamment bal à l′hôtel de ville; j′entends que, pour faire honneur à nos braves échevins, vous y paraissiez en habit de cérémonie, et surtout parée des ferrets de diamants que je vous ai donnés pour votre fête. Voici ma réponse.»-Señora -dijo con majestad-, habrá dentro de poco un baile en el Ayuntamiento; espero que para honrar a nuestros valientes regidores aparezcáis en traje de ceremonia y sobre todo adornada con los herretes de diamantes que os he dado por vuestro cumpleaños. Esa es mi respuesta.
La réponse était terrible. Anne d′Autriche crut que Louis XIII savait tout, et que le cardinal avait obtenu de lui cette longue dissimulation de sept ou huit jours, qui était au reste dans son caractère. Elle devint excessivement pâle, appuya sur une console sa main d′une admirable beauté, et qui semblait alors une main de cire, et regardant le roi avec des yeux épouvantés, elle ne répondit pas une seule syllabe.La respuesta era terrible. Ana de Austria creyó que Luis XIII lo sabía todo, y que el cardenal había conseguido de él ese largo disimulo de siete a ocho días, que cuadraba por lo demas con su carácter. Se puso excesivamente pálida, apoyó sobre una consola su mano de admirable belleza y que parecía en ese momento una mano de cera y, mirando al rey con los ojos espantados, no respondió ni una sola sílaba.
«Vous entendez, madame, dit le roi, qui jouissait de cet embarras dans toute son étendue, mais sans en deviner la cause, vous entendez?-¿Habéis oído, señora? -dijo el rey, que gozaba con aquel embarazo en toda su extensión, pero sin adivinar la causa-. ¿Habéis oído?
— Oui, Sire, j′entends, balbutia la reine.-Sí, sire, he oído -balbuceó la reina.
— Vous paraîtrez à ce bal?-¿Iréis a ese baile?
— Oui.-Sí.
— Avec vos ferrets?-Con vuestros herretes?
— Oui.»
La pâleur de la reine augmenta encore, s′il était possible; le roi s′en aperçut, et en jouit avec cette froide cruauté qui était un des mauvais côtés de son caractère.La palidez de la reina aumentó aún más, si es que era posible; el rey se percató de ello, y lo disfrutó con esa fría crueldad que era una de las partes malas de su carácter.
«Alors, c′est convenu, dit le roi, et voilà tout ce que j′avais à vous dire.-Entonces, convenido -dijo el rey-. Eso era todo lo que tenía que deciros.
— Mais quel jour ce bal aura-t-il lieu?» demanda Anne d′Autriche.-Pero ¿qué día tendrá lugar el baile? -preguntó Ana de Austria.
Louis XIII sentit instinctivement qu′il ne devait pas répondre à cette question, la reine l′ayant faite d′une voix presque mourante.Luis XIII sintió instintivamente que no debía responder a aquella pregunta, pues la reina la había hecho con una voz casi moribunda.
«Mais très incessamment, madame, dit-il; mais je ne me rappelle plus précisément la date du jour, je la demanderai au cardinal.-Muy pronto, señora -dijo-; pero no me acuerdo con precisión de la fecha del día, se la preguntaré al cardenal.
— C′est donc le cardinal qui vous a annoncé cette fête? s′écria la reine.-¿Ha sido el cardenal quien os ha anunciado esa fiesta? -exclamó la reina.
— Oui, madame, répondit le roi étonné; mais pourquoi cela?-Sí, señora -respondió el rey asombrado-. Pero ¿por qué?
— C′est lui, qui vous a dit de m′inviter à y paraître avec ces ferrets?-¿Ha sido él quien os ha dicho que me invitéis a aparecer con los herretes?
— C′est-à-dire, madame…-Es decir, señora...
— C′est lui, Sire, c′est lui!-¡Ha sido él, sire, ha sido él!
— Eh bien qu′importe que ce soit lui ou moi? y a-t-il un crime à cette invitation?-¡Y bien! ¿Qué importa que haya sido él o yo? ¿Hay algún crimen en esa invitación?
— Non, Sire.-No, sire.
— Alors vous paraîtrez?-Entonces, ¿os presentaréis?
— Oui, Sire.-Sí, sire.
— C′est bien, dit le roi en se retirant, c′est bien, j′y compte.»-Está bien -dijo el rey, retirándose-. Está bien, cuento con ello.
La reine fit une révérence, moins par étiquette que parce que ses genoux se dérobaient sous elle.La reina hizo una reverencia, menos por etiqueta que porque sus rodillas flaqueaban bajo ella.
Le roi partit enchanté.El rey partió encantado.
«Je suis perdue, murmura la reine, perdue, car le cardinal sait tout, et c′est lui qui pousse le roi, qui ne sait rien encore, mais qui saura tout bientôt. Je suis perdue! Mon Dieu! mon Dieu! mon Dieu!»-Estoy perdida -murmuró la reina-. Perdida porque el cardenal lo sabe todo, y es él quien empuja al rey, que todavía no sabe nada, pero que sabrá todo muy pronto. ¡Estoy perdida! ¡Dios mío, Dios mío Dios mío!
Elle s′agenouilla sur un coussin et pria, la tête enfoncée entre ses bras palpitants.Se arrodilló sobre un cojín y rezó con la cabeza hundida entre sus brazos palpitantes.
En effet, la position était terrible. Buckingham était retourné à Londres, Mme de Chevreuse était à Tours. Plus surveillée que jamais, la reine sentait sourdement qu′une de ses femmes la trahissait, sans savoir dire laquelle. La Porte ne pouvait pas quitter le Louvre. Elle n′avait pas une âme au monde à qui se fier.En efecto, la posición era terrible. Buckingham había vuelto a Londres, la señora de Chevreuse estaba en Tours. Más vigilada que nunca, la reina sentía sordamente que una de sus mujeres la traicionaba, sin saber decir cuál. La Porte no podía abandonar el Louvre. No tenía a nadie en el mundo en quien fiarse.
Aussi, en présence du malheur qui la menaçait et de l′abandon qui était le sien, éclata-t-elle en sanglots.Por eso, en presencia de la desgracia que la amenazaba y del abandono que era el suyo, estalló en sollozos.
«Ne puis-je donc être bonne à rien à Votre Majesté?» dit tout à coup une voix pleine de douceur et de pitié.-¿No puedo yo servir para nada a Vuestra Majestad? -dijo de pronto una voz llena de dulzura y de piedad.
La reine se retourna vivement, car il n′y avait pas à se tromper à l′expression de cette voix: c′était une amie qui parlait ainsi.La reina se volvió vivamente, porque no había motivo para equivocarse en la expresión de aquella voz: era una amiga quien así hablaba.
En effet, à l′une des portes qui donnaient dans l′appartement de la reine apparut la jolie Mme Bonacieux; elle était occupée à ranger les robes et le linge dans un cabinet, lorsque le roi était entré; elle n′avait pas pu sortir, et avait tout entendu.En efecto, en una de las puertas que daban a la habitación de la reina apareció la bonita señora Bonacieux; estaba ocupada en colocar los vestidos y la ropa en un gabinete cuando el rey había entrado; no había podido salir, y había oído todo.
La reine poussa un cri perçant en se voyant surprise, car dans son trouble elle ne reconnut pas d′abord la jeune femme qui lui avait été donnée par La Porte.La reina lanzó un grito agudo al verse sorprendida, porque en su turbación no reconoció al principio a la joven que le había sido dada por La Porte.
«Oh! ne craignez rien, madame, dit la jeune femme en joignant les mains et en pleurant elle-même des angoisses de la reine; je suis à Votre Majesté corps et âme, et si loin que je sois d′elle, si inférieure que soit ma position, je crois que j′ai trouvé un moyen de tirer Votre Majesté de peine.-¡Oh, no temáis nada, señora! -dijo la joven juntando las manos y llorando ella misma las angustias de la reina-. Pertenezco a Vuestra Majestad en cuerpo y alma, y por lejos que esté de ella, por inferior que sea mi posición, creo que he encontrado un medio para librar a Vuestra Majestad de preocupaciones.
— Vous! ô Ciel! vous! s′écria la reine; mais voyons regardez-moi en face. Je suis trahie de tous côtés, puis-je me fier à vous?-¡Vos! ¡Oh, cielos! ¡Vos! -exclamó la reina-. Pero veamos, miradme a la cara. Me traicionan por todas partes, ¿puedo fiarme de vos?
— Oh! madame! s′écria la jeune femme en tombant à genoux: sur mon âme, je suis prête à mourir pour Votre Majesté!»-¡Oh, señora! -exclamó la joven cayendo de rodillas-. Por mi alma, ¡estoy dispuesta a morir por Vuestra Majestad!
Ce cri était sorti du plus profond du coeur, et, comme le premier, il n′y avait pas à se tromper.Esta exclamación había salido del fondo del corazón y, como el primero, no podía engañar.
«Oui, continua Mme Bonacieux, oui, il y a des traîtres ici; mais, par le saint nom de la Vierge, je vous jure que personne n′est plus dévoué que moi à Votre Majesté. Ces ferrets que le roi redemande, vous les avez donnés au duc de Buckingham, n′est-ce pas? Ces ferrets étaient enfermés dans une petite boîte en bois de rose qu′il tenait sous son bras? Est-ce que je me trompe? Est-ce que ce n′est pas cela?-Sí -continuó la señora Bonacieux-. Sí, aquí hay traidores; pero por el santo nombre de la Virgen, os juro que nadie es más adicta que yo a Vuestra Majestad. Esos herretes que el rey pide de nuevo se los habéis dado al duque de Buckingham, ¿no es así? ¿Esos herretes estaban guardados en una cajita de palo de rosa que él llevaba bajo el brazo? ¿Me equivoco acaso? ¿No es as?
— Oh! mon Dieu! mon Dieu! murmura la reine dont les dents claquaient d′effroi.-¡Oh, Dios mío! ¡Dios mío! -murmuró la reina cuyos dientes castañeaban de terror.
— Eh bien, ces ferrets, continua Mme Bonacieux, il faut les ravoir.-Pues bien, esos herretes -prosiguió la señora Bonacieux- hay que recuperarlos.
— Oui, sans doute, il le faut, s′écria la reine; mais comment faire, comment y arriver?-Sí, sin duda, hay que hacerlo -exclamó la reina-. Pero ¿cómo, cómo conseguirlo?
— Il faut envoyer quelqu′un au duc.-Hay que enviar a alguien al duque.
— Mais qui?… qui?… à qui me fier?-Pero ¿quién...? ¿Quién...? ¿De quién fiarme?
— Ayez confiance en moi, madame; faites-moi cet honneur, ma reine, et je trouverai le messager, moi!-Tened confianza en mí, señora; hacedme ese honor, mi reina, y yo encontraré el mensajero.
— Mais il faudra écrire!-¡Pero será preciso escribir!
— Oh! oui. C′est indispensable. Deux mots de la main deVotre Majesté et votre cachet particulier.-¡Oh, sí! Es indispensable. Dos palabras de mano de Vuestra Majestady vuestro sello particular.
— Mais ces deux mots, c′est ma condamnation. C′est le divorce, l′exil!-Pero esas dos palabras, ¡son mi condena, son el divorcio, el exilio!
— Oui, s′ils tombent entre des mains infâmes! Mais je réponds que ces deux mots seront remis à leur adresse.-¡Sí, si caen en manos infames! Pero yo respondo de que esas dos palabras sean remitidas a su destinatario.
— Oh! mon Dieu! il faut donc que je remette ma vie, mon honneur, ma réputation entre vos mains!-¡Oh, Dios mío! ¡Es preciso, pues, que yo ponga mi vida, mi honor, mi reputación en vuestras manos!
— Oui! oui, madame, il le faut, et je sauverai tout cela, moi!-¡Sí, sí, señora, lo es, y yo salvaré todo esto!
— Mais comment? dites-le-moi au moins.-Pero ¿cómo? Decídmelo al menos.
— Mon mari a été remis en liberté il y a deux ou trois jours; je n′ai pas encore eu le temps de le revoir. C′est un brave et honnête homme qui n′a ni haine, ni amour pour personne. Il fera ce que je voudrai: il partira sur un ordre de moi, sans savoir ce qu′il porte, et il remettra la lettre de Votre Majesté, sans même savoir qu′elle est de Votre Majesté, à l′adresse qu′elle indiquera.»-Mi marido ha sido puesto en libertad hace tres días; aún no he tenido tiempo de volverlo a ver. Es un hombre bueno y honesto que no tiene odio ni amor por nadie. Hará lo que yo quiera; partirá a una orden mía, sin saber lo que lleva, y entregará la carta de Vuestra Majestad, sin saber siquiera que es de Vuestra Majestad, al destinatario que se le indique.
La reine prit les deux mains de la jeune femme avec un élan passionné, la regarda comme pour lire au fond de son coeur, et ne voyant que sincérité dans ses beaux yeux, elle l′embrassa tendrement.La reina tomó las dos manos de la joven en un arrebato apasionado, la miró como para leer en el fondo de su corazón, y al no ver más que sinceridad en sus bellos ojos la abrazó tiernamente.
«Fais cela, s′écria-t-elle, et tu m′auras sauvé la vie, tu m′auras sauvé l′honneur!-¡Haz eso -exclamó-, y me habrás salvado la vida, habrás salvado mi honor!
— Oh! n′exagérez pas le service que j′ai le bonheur de vous rendre; je n′ai rien à sauver à Votre Majesté, qui est seulement victime de perfides complots.-¡Oh! No exageréis el servicio que yo tengo la dicha de haceros; yo no tengo que salvar de nada a Vuestra Majestad, que es solamente víctima de pérfidas conspiraciones.
— C′est vrai, c′est vrai, mon enfant, dit la reine, et tu as raison.-Es cierto, es cierto, hija mía -dijo la reina-. Y tienes razón.
— Donnez-moi donc cette lettre, madame, le temps presse.»-Dadme, pues, esa carta, señora, el tiempo apremia.
La reine courut à une petite table sur laquelle se trouvaient encre, papier et plumes: elle écrivit deux lignes, cacheta la lettre de son cachet et la remit à Mme Bonacieux.La reina corrió a una pequeña mesa sobre la que había tinta, papel y plumas; escribió dos líneas, selló la carta con su sello y la entregó a la señora Bonacieux.
«Et maintenant, dit la reine, nous oublions une chose nécessaire.-Y ahora -dijo la reina-, nos olvidamos de una cosa muy necesaria. . .
— Laquelle?-¿Cuál?
— L′argent.»-El dinero.
Mme Bonacieux rougit.La señora Bonacieux se ruborizó.
«Oui, c′est vrai, dit-elle, et j′avouerai à Votre Majesté que mon mari…-Sí, es cierto -dijo-. Confesaré a Vuestra Majestad que mi marido. . .
— Ton mari n′en a pas, c′est cela que tu veux dire.-Tu marido no lo tiene, es eso lo que quieres decir.
— Si fait, il en a, mais il est fort avare, c′est là son défaut. Cependant, que Votre Majesté ne s′inquiète pas, nous trouverons moyen…-Claro que sí, lo tiene pero es muy avaro, es su defecto. Sin embargo que Vuestra Majestad no se inquiete, encontraremos el medio...
— C′est que je n′en ai pas non plus, dit la reine (ceux qui liront les Mémoires de Mme de Motteville ne s′étonneront pas de cette réponse); mais, attends.»-Es que yo tampoco tengo -dijo la reina (quienes lean las Memorias de la señora de Motteville no se extrañarán de esta respuesta)-. Pero espera.
Anne d′Autriche courut à son écrin.Ana de Austria corrió a su escriño.
«Tiens, dit-elle, voici une bague d′un grand prix à ce qu′on assure; elle vient de mon frère le roi d′Espagne, elle est à moi et j′en puis disposer. Prends cette bague et fais-en de l′argent, et que ton mari parte.-Toma -dijo-. Ahí tienes un anillo de gran precio, según aseguran; procede de mi hermano el rey de España, es mío y puedo disponer de él. Toma ese anillo y hazlo dinero, y que tu marido parta.
— Dans une heure vous serez obéie.-Dentro de una hora seréis obedecida.
— Tu vois l′adresse, ajouta la reine, parlant si bas qu′à peine pouvait-on entendre ce qu′elle disait: à Milord duc de Buckingham, à Londres.-Ya ves el destinatario -añadió la reina hablando tan bajo que apenas podía oírse lo que decía: A Milord el duque de Buckingham, en Londres.
— La lettre sera remise à lui-même.-La carta le será entregada personalmente.
— Généreuse enfant!» s′écria Anne d′Autriche.-¡Muchacha generosa! -exclamó Ana de Austria.
Mme Bonacieux baisa les mains de la reine, cacha le papier dans son corsage et disparut avec la légèreté d′un oiseau.La señora Bonacieux besó las manos de la reina, ocultó el papel en su blusa y desapareció con la ligereza de un pájaro.
Dix minutes après, elle était chez elle; comme elle l′avait dit à la reine, elle n′avait pas revu son mari depuis sa mise en liberté; elle ignorait donc le changement qui s′était fait en lui à l′endroit du cardinal, changement qu′avaient opéré la flatterie et l′argent de Son Éminence et qu′avaient corroboré, depuis, deux ou trois visites du comte de Rochefort, devenu le meilleur ami de Bonacieux, auquel il avait fait croire sans beaucoup de peine qu′aucun sentiment coupable n′avait amené l′enlèvement de sa femme, mais que c′était seulement une précaution politique.Diez minutos más tarde estaba en su casa; como le había dicho a la reina no había vuelto a ver a su marido desde su puesta en libertad; por tanto ignoraba el cambio que se había operado en él respecto del cardenal, cambio que habían logrado la lisonja y el dinero de Su Eminencia y que habían corroborado, luego, dos o tres visitas del conde de Rochefort, convertido en el mejor amigo de Bonacieux, al que había hecho creer sin mucho esfuerzo que ningún sentimiento culpable le había llevado al rapto de su mujer, sino que era solamente una precaución política.
Elle trouva M. Bonacieux seul: le pauvre homme remettait à grand- peine de l′ordre dans la maison, dont il avait trouvé les meubles à peu près brisés et les armoires à peu près vides, la justice n′étant pas une des trois choses que le roi Salomon indique comme ne laissant point de traces de leur passage. Quant à la servante, elle s′était enfuie lors de l′arrestation de son maître. La terreur avait gagné la pauvre fille au point qu′elle n′avait cessé de marcher de Paris jusqu′en Bourgogne, son pays natal.Encontró al señor Bonacieux solo; el pobre hombre ponía a duras penas orden en la casa, cuyos muebles había encontrado casi rotos y cuyos armarios casi vacíos, pues no es la justicia ninguna de las tres cosas que el rey Salomón indica que no dejan huellas de su paso. En cuanto a la criada, había huido cuando el arresto de su amo. El terror había ganado a la pobre muchacha hasta el punto de que no había dejado de andar desde Paris hasta Bourgogne, su país natal.
Le digne mercier avait, aussitôt sa rentrée dans sa maison, fait part à sa femme de son heureux retour, et sa femme lui avait répondu pour le féliciter et pour lui dire que le premier moment qu′elle pourrait dérober à ses devoirs serait consacré tout entier à lui rendre visite.El digno mercero había participado a su mujer, tan pronto como estuvo de vuelta en casa, su feliz retorno, y su mujer le había respondido para felicitarle y para decirle que el primer momento que pudiera escamotear a sus deberes sería consagrado por entero a visitarle.
Ce premier moment s′était fait attendre cinq jours, ce qui, dans toute autre circonstance, eût paru un peu bien long à maître Bonacieux; mais il avait, dans la visite qu′il avait faite au cardinal et dans les visites que lui faisait Rochefort, ample sujet à réflexion, et, comme on sait, rien ne fait passer le temps comme de réfléchir.Aquel primer momento se había hecho esperar cinco días, lo cual en cualquier otra circunstancia hubiera parecido algo largo a maese Bonacieux; pero en la visita que había hecho al cardenal y en las visitas que le hacía Rochefort, había amplio tema de reflexión, y como se sabe, nada hace pasar el tiempo como reflexionar.
D′autant plus que les réflexions de Bonacieux étaient toutes couleur de rose. Rochefort l′appelait son ami, son cher Bonacieux, et ne cessait de lui dire que le cardinal faisait le plus grand cas de lui. Le mercier se voyait déjà sur le chemin des honneurs et de la fortune.Tanto más cuanto que las reflexiones de Bonacieux eran todas color de rosa. Rochefort le llamaba su amigo, su querido Bonacieux, y no cesaba de decirle que el cardenal le hacía el mayor caso. El mercero se veía ya en el camino de los honores y de la fortuna.
De son côté, Mme Bonacieux avait réfléchi, mais, il faut le dire, à tout autre chose que l′ambition; malgré elle, ses pensées avaient eu pour mobile constant ce beau jeune homme si brave et qui paraissait si amoureux. Mariée à dix-huit ans à M. Bonacieux, ayant toujours vécu au milieu des amis de son mari, peu susceptibles d′inspirer un sentiment quelconque à une jeune femme dont le coeur était plus élevé que sa position, Mme Bonacieux était restée insensible aux séductions vulgaires; mais, à cette époque surtout, le titre de gentilhomme avait une grande influence sur la bourgeoisie, et d′Artagnan était gentilhomme; de plus, il portait l′uniforme des gardes, qui, après l′uniforme des mousquetaires, était le plus apprécié des dames. Il était, nous le répétons, beau, jeune, aventureux; il parlait d′amour en homme qui aime et qui a soif d′être aimé; il y en avait là plus qu′il n′en fallait pour tourner une tête de vingt-trois ans, et Mme Bonacieux en était arrivée juste à cet âge heureux de la vie.Por su parte, la señora Bonacieux había reflexionado, pero hay que decirlo, por otro motivo muy distinto que la ambición; a pesar suyo, sus pensamientos habían tenido por móvil constante aquel hermoso joven tan valiente y que parecía tan amoroso. Casada a los dieciocho años con el señor Bonacieux, habiendo vivido siempre en medio de los amigos de su marido, poco susceptibles de inspirar un sentimiento cualquiera a una joven cuyo corazón era más elevado que su posición, la señora Bonacieux había permanecido insensible a las seducciones vulgares; pero, en esa época sobre todo, el título de gentilhombre tenía gran influencia sobre la burguesía y D′Artagnan era geltihombre; además, llevaba el uniforme de los guardias que después del uniforme de los mosqueteros era el más apreciado de las damas. Era, lo repetimos, hermoso, joven, aventurero; hablaba de amor como hombre que ama y que tiene sed de ser amado; tenía más de lo que es preciso para enloquecer a una cabeza de veintitrés años y la señora Bonacieux había llegado precisamente a esa dichosa edad de la vida.
Les deux époux, quoiqu′ils ne se fussent pas vus depuis plus de huit jours, et que pendant cette semaine de graves événements eussent passé entre eux, s′abordèrent donc avec une certaine préoccupation; néanmoins, M. Bonacieux manifesta une joie réelle et s′avança vers sa femme à bras ouverts.Aunque los dos esposos no se hubieran visto desde hacía más de ocho días, y aunque graves acontecimientos habían pasado entre ellos, se abordaron, pues, con cierta preocupación; sin embargo, el señor Bonacieux manifestó una alegría real y avanzó hacia su mujer con los brazos abiertos.
Mme Bonacieux lui présenta le front.La señora Bonacieux le presentó la frente.
«Causons un peu, dit-elle.-Hablemos un poco -dijo ella.
— Comment? dit Bonacieux étonné.-¿Cómo? -dijo Bonacieux, extrañado.
— Oui, sans doute, j′ai une chose de la plus haute importance à vous dire.-Sí, tengo una cosa de la mayor importancia que deciros.
— Au fait, et moi aussi, j′ai quelques questions assez sérieuses à vous adresser. Expliquez-moi un peu votre enlèvement, je vous prie.-Por cierto, que yo también tengo que haceros algunas preguntas bastante serias. Explicadme un poco vuestro rapto, por favor.
— Il ne s′agit point de cela pour le moment, dit Mme Bonacieux.-Por el momento no se trata de eso -dijo la señora Bonacieux.
— Et de quoi s′agit-il donc? de ma captivité?-¿Y de qué se trata entonces? ¿De mi cautividad?
— Je l′ai apprise le jour même; mais comme vous n′étiez coupable d′aucun crime, comme vous n′étiez complice d′aucune intrigue, comme vous ne saviez rien enfin qui pût vous compromettre, ni vous, ni personne, je n′ai attaché à cet événement que l′importance qu′il méritait.-Me enteré de ella el mismo día; pero como no erais culpable de ningún crimen, como no erais cómplice de ninguna intriga, como no sabíais nada, en fin, que pudiera comprometeros, ni a vos ni a nadie, no he dado a ese suceso más importancia de la que merecía.
— Vous en parlez bien à votre aise, madame! reprit Bonacieux blessé du peu d′intérêt que lui témoignait sa femme; savez-vous que j′ai été plongé un jour et une nuit dans un cachot de la Bastille?-¡Habláis muy a vuestro gusto señora! -prosiguió Bonacieux, herido por el poco interés que le testimoniaba su mujer-. ¿Sabéis que he estado metido un día y una noche en un calabozo de la Bastilla?
— Un jour et une nuit sont bientôt passés; laissons donc votre captivité, et revenons à ce qui m′amène près de vous.-Un día y una noche que pasan muy pronto; dejemos, pues, vuestra cautividad, y volvamos a lo que me ha traído a vuestro lado.
— Comment? ce qui vous amène près de moi! N′est-ce donc pas le désir de revoir un mari dont vous êtes séparée depuis huit jours? demanda le mercier piqué au vif.-¿Cómo? ¡Lo que os trae a mi lado! ¿No es, pues, el deseo de volver a ver a un marido del que estáis separada desde hace ocho días? -pregunto el mercero picado en lo más vivo.
— C′est cela d′abord, et autre chose ensuite.-Es eso en primer lugar, y además otra cosa.
— Parlez!-¡Hablad!
— Une chose du plus haut intérêt et de laquelle dépend notre fortune à venir peut-être.-Una cosa del mayor interés y de la que depende nuestra fortuna futura quizá.
— Notre fortune a fort changé de face depuis que je vous ai vue, madame Bonacieux, et je ne serais pas étonné que d′ici à quelques mois elle ne fît envie à beaucoup de gens.-Nuestra fortuna ha cambiado mucho de cara desde que os vi, señora Bonacieux, y no me extrañaría que de aquí a algunos meses causara la envidia de mucha gente.
— Oui, surtout si vous voulez suivre les instructions que je vais vous donner.-Sí, sobre todo si queréis seguir las instrucciones que voy a daros.
— À moi?- ¿A mî?
— Oui, à vous. Il y a une bonne et sainte action à faire, monsieur, et beaucoup d′argent à gagner en même temps.»-Sí, a vos. Hay una buena y santa acción que hacer, señor, y mucho dinero que ganar al mismo tiempo.
Mme Bonacieux savait qu′en parlant d′argent à son mari, elle le prenait par son faible.La señora Bonacieux sabía que hablando de dinero a su marido le cogía por el lado débil.
Mais un homme, fût-ce un mercier, lorsqu′il a causé dix minutes avec le cardinal de Richelieu, n′est plus le même homme.Pero aunque un hombre sea mercero, cuando ha hablado diez minutos con el cardenal Richelieu, no es el mismo hombre.
«Beaucoup d′argent à gagner! dit Bonacieux en allongeant les lèvres.-¡Mucho dinero que ganar! -dijo Bonacieux estirando los labios.
— Oui, beaucoup.-Sí, mucho.
— Combien, à peu près?-¿Cuánto, más o menos?
— Mille pistoles peut-être.-Quizá mil pistolas.
— Ce que vous avez à me demander est donc bien grave?-¿Lo que vais a pedirme es, pues, muy grave?
— Oui.-Sí.
— Que faut-il faire?-¿Qué hay que hacer?
— Vous partirez sur-le-champ, je vous remettrai un papier dont vous ne vous dessaisirez sous aucun prétexte, et que vous remettrez en main propre.-Saldréis inmediatamente, yo os entregaré un papel del que no os desprenderéis bajo ningún pretexto, y que pondréis en propia mano de alguien.
— Et pour où partirai-je?-¿Y adónde tengo que ir?
— Pour Londres.-A Londres.
— Moi, pour Londres! Allons donc, vous raillez, je n′ai pas affaire à Londres.-¡Yo a Londres! Vamos, estáis de broma, yo no tengo nada que hacer en Londres.
— Mais d′autres ont besoin que vous y alliez.-Pero otros necesitan que vos vayáis.
— Quels sont ces autres? Je vous avertis, je ne fais plus rien en aveugle, et je veux savoir non seulement à quoi je m′expose, mais encore pour qui je m′expose.-¿Quiénes son esos otros? Os lo advierto, no voy a hacer nada más a ciegas, y quiero saber no sólo a qué me expongo, sino también por quién me expongo.
— Une personne illustre vous envoie, une personne illustre vous attend: la récompense dépassera vos désirs, voilà tout ce que je puis vous promettre.-Una persona ilustre os envía, una persona ilustre os, espera; la recompensa superará vuestros deseos, he ahí cuanto puedo prometeros.
— Des intrigues encore, toujours des intrigues! merci, je m′en défie maintenant, et M. le cardinal m′a éclairé là-dessus.-¡Intrigas otra vez, siempre intrigas! Gracias, yo ahora no me fío, y el cardenal me ha instruido sobre eso.
— Le cardinal! s′écria Mme Bonacieux, vous avez vu le cardinal?-¡El cardenal! -exclamó la señora Bonacieux-. ¡Habéis visto al cardenal!
— Il m′a fait appeler, répondit fièrement le mercier.-El me hizo llamar -respondió orgullosamente el mercero.
— Et vous vous êtes rendu à son invitation, imprudent que vous êtes.-Y vos aceptasteis su invitación, ¡qué imprudente!
— Je dois dire que je n′avais pas le choix de m′y rendre ou de ne pas m′y rendre, car j′étais entre deux gardes. Il est vrai encore de dire que, comme alors je ne connaissais pas Son Éminence, si j′avais pu me dispenser de cette visite, j′en eusse été fort enchanté.-Debo decir que no estaba en mi mano aceptar o no aceptar, porque yo estaba entre dos guardias. Es cierto además que, como entonces yo no conocía a Su Eminencia, si hubiera podido dispensarme de esa visita, hubiera estado muy encantado.
— Il vous a donc maltraité? il vous a donc fait des menaces?-¿Os ha maltratado entonces? ¿Os ha amenazado acaso?
— Il m′a tendu la main et m′a appelé son ami, — son ami! entendez-vous, madame? — je suis l′ami du grand cardinal!-Me ha tendido la mano y me ha llamado su amigo, ¡su amigo! ¿Oís, señora? ¡Yo soy el amigo del gran cardenal!
— Du grand cardinal!-¡Del gran cardenal!
— Lui contesteriez-vous ce titre, par hasard, madame?-¿Le negaríais, por casualidad ese título, señora?
— Je ne lui conteste rien, mais je vous dis que la faveur d′un ministre est éphémère, et qu′il faut être fou pour s′attacher à un ministre; il est des pouvoirs au-dessus du sien, qui ne reposent pas sur le caprice d′un homme ou l′issue d′un événement; c′est à ces pouvoirs qu′il faut se rallier.-Yo no le niego nada, pero os digo que el favor de un ministro es efímero, y que hay que estar loco para vincularse a un ministro; hay poderes que están por encima del suyo, que no descansan en el capricho de un hombre o en el resultado de un acontecimiento; de esos poderes es de los que hay que burlarse.
— J′en suis fâché, madame, mais je ne connais pas d′autre pouvoir que celui du grand homme que j′ai l′honneur de servir.-Lo siento, señora, pero no conozco otro poder que el del gran hombre a quien tengo el honor de servir.
— Vous servez le cardinal?-¿Vos servís al cardenal?
— Oui, madame, et comme son serviteur je ne permettrai pas que vous vous livriez à des complots contre la sûreté de l′État, et que vous serviez, vous, les intrigues d′une femme qui n′est pas française et qui a le coeur espagnol. Heureusement, le grand cardinal est là, son regard vigilant surveille et pénètre jusqu′au fond du coeur.»-Sí, señora, y como su servidor no permitiré que os dediquéis a conspiraciones contra el Estado, y que vos misma sirváis a las intrigas de una mujer que no es francesa y que tiene el corazón español. Afortunadamente el cardenal está ahí, su mirada alerta vigila y penetra hasta el fondo del corazón.
Bonacieux répétait mot pour mot une phrase qu′il avait entendu dire au comte de Rochefort; mais la pauvre femme, qui avait compté sur son mari et qui, dans cet espoir, avait répondu de lui à la reine, n′en frémit pas moins, et du danger dans lequel elle avait failli se jeter, et de l′impuissance dans laquelle elle se trouvait. Cependant connaissant la faiblesse et surtout la cupidité de son mari elle ne désespérait pas de l′amener à ses fins.Bonacieux repetía palabra por palabra una frase que había oído decir al conde de Rochefort; pero la pobre mujer, que había contado con su marido y que, en aquella esperanza, había respondido por él a la reina, no tembló menos, tanto por el peligro en el que ella había estado a punto de arrojarse, como por la impotencia en que se encontraba. Sin embargo, conociendo la debilidad y sobre todo la codicia de su marido, no desesperaba de atraerle a sus fines.
«Ah! vous êtes cardinaliste, monsieur, s′écria-t-elle ah! vous servez le parti de ceux qui maltraitent votre femme et qui insultent votre reine!-¡Ah! Sois cardenalista, señor -exclamó-. ¡Conque servís al partido de los que maltratan a vuestra mujer a insultan a vuestra reina!
— Les intérêts particuliers ne sont rien devant les intérêts de tous. Je suis pour ceux qui sauvent l′État», dit avec emphase Bonacieux.-Los intereses particulares no son nada ante los intereses de todos. Yo estoy de parte de quienes salvan al Estado -dijo con énfasis Bonacieux.
C′était une autre phrase du comte de Rochefort, qu′il avait retenue et qu′il trouvait l′occasion de placer.Era otra frase del conde de Rochefort, que él había retenido y que hallaba ocasión de meter.
«Et savez-vous ce que c′est que l′État dont vous parlez? dit Mme Bonacieux en haussant les épaules. Contentez-vous d′être un bourgeois sans finesse aucune, et tournez-vous du côté qui vous offre le plus d′avantages.-¿Y sabéis lo que es el Estado de que habláis? -dijo la señora Bonacieux, encogiéndose de hombros-. Contentaos con ser un burgués sin fineza ninguna, y dad la espalda a quien os ofrece muchas ventajas.
— Eh! eh! dit Bonacieux en frappant sur un sac à la panse arrondie et qui rendit un son argentin; que dites-vous de ceci, madame la prêcheuse?-¡Eh eh! -dijo Bonacieux, golpeando sobre una bolsa de panza redondeada y que devolvió un sonido argentino-. ¿Qué decís vos de esto, señora predicadora?
— D′où vient cet argent?-¿De dónde viene ese dinero?
— Vous ne devinez pas?-¿No lo adivináis?
— Du cardinal?-¿Del cardenal?
— De lui et de mon ami le comte de Rochefort.-De él y de mi amigo el conde de Rochefort.
— Le comte de Rochefort! mais c′est lui qui m′a enlevée!-¡El conde de Rochefort! ¡Pero si ha sido él quien me ha raptado!
— Cela se peut, madame.-Puede ser, señora.
— Et vous recevez de l′argent de cet homme?-¿Y vos recibís dinero de ese hombre?
— Ne m′avez-vous pas dit que cet enlèvement était tout politique?-¿No me habéis dicho vos que ese rapto era completamente politico?
— Oui; mais cet enlèvement avait pour but de me faire trahir ma maîtresse, de m′arracher par des tortures des aveux qui pussent compromettre l′honneur et peut-être la vie de mon auguste maîtresse.-Sí; pero ese rapto tenía por objeto hacerme traicionar a mi ama, arrancarme mediante torturas confesiones que pudieran comprometer el honor y quizá la vida de mi augusta ama.
— Madame, reprit Bonacieux, votre auguste maîtresse est une perfide Espagnole, et ce que le cardinal fait est bien fait.-Señora -prosiguió Bonacieux- vuestra augusta ama es una pérfida española, y lo que el cardenal hace está bien hecho.
— Monsieur, dit la jeune femme, je vous savais lâche, avare et imbécile, mais je ne vous savais pas infâme!-Señor -dijo la joven-, os sabía cobarde, avaro a imbécil, ¡pero no os sabía infame!
— Madame, dit Bonacieux, qui n′avait jamais vu sa femme en colère, et qui reculait devant le courroux conjugal; madame, que dites-vous donc?-Señora -dijo Bonacieux, que no había visto nunca a su mujer encolerizada y que se echaba atrás ante la ira conyugal-. Señora, ¿qué decís?
— Je dis que vous êtes un misérable! continua Mme Bonacieux, qui vit qu′elle reprenait quelque influence sur son mari. Ah! vous faites de la politique, vous! et de la politique cardinaliste encore! Ah! vous vous vendez, corps et âme, au démon pour de l′argent.-¡Digo que sois un miserable! -continuó la señora Bonacieux, que vio que recuperaba alguna influencia sobre su marido-. ¡Ah, hacéis política vos! ¡Y encima política cardenalista! ¡Ah, os venderíais en cuerpo y alma al demonio por dinero!
— Non, mais au cardinal.-No, pero al cardenal sí.
— C′est la même chose! s′écria la jeune femme. Qui dit Richelieu, dit Satan.-¡Es la misma cosa! -exclamó la joven-. Quien dice Richelieu dice Satán.
— Taisez-vous, madame, taisez-vous, on pourrait vous entendre!-Callaos, señora, callaos, podrían oírnos.
— Oui, vous avez raison, et je serais honteuse pour vous de votre lâcheté.-Sí, tenéis razón, y sería vergonzoso para vos vuestra propia cobardía.
— Mais qu′exigez-vous donc de moi? voyons!-Pero ¿qué exigís entonces de mí? Veamos.
— Je vous l′ai dit: que vous partiez à l′instant même, monsieur, que vous accomplissiez loyalement la commission dont je daigne vous charger, et à cette condition j′oublie tout, je pardonne, et il y a plus — elle lui tendit la main — je vous rends mon amitié.»-Ya os lo he dicho: que partáis al instante, señor, que cumpláis lealmente la comisión que yo me digno encargaros y, con esta condición, olvido todo, perdono; y hay más -ella le tendió la mano-: os devuelvo mi amistad.
Bonacieux était poltron et avare; mais il aimait sa femme: il fut attendri. Un homme de cinquante ans ne tient pas longtemps rancune à une femme de vingt-trois. Mme Bonacieux vit qu′il hésitait:Bonacieux era cobarde y avaro; pero amaba a su mujer: se enterneció. Un hombre de cincuenta años no guarda durante mucho tiempo rencor a una mujer de veintitrés. La señora Bonacieux vio que dudaba.
«Allons, êtes-vous décidé? dit-elle.-Entonces, ¿estáis decidido? -dijo ella.
— Mais, ma chère amie, réfléchissez donc un peu à ce que vous exigez de moi; Londres est loin de Paris, fort loin, et peut-être la commission dont vous me chargez n′est-elle pas sans dangers.-Pero, querida amiga, reflexionad un poco en lo que exigís de mí; Londres está lejos de Paris, muy lejos, y quizá la comisión que me encarguéis no esté exenta de peligro.
— Qu′importe, si vous les évitez!-¡Qué importa si los evitáis!
— Tenez, madame Bonacieux, dit le mercier, tenez, décidément, je refuse: les intrigues me font peur. J′ai vu la Bastille, moi. Brrrrou! c′est affreux, la Bastille! Rien que d′y penser, j′en ai la chair de poule. On m′a menacé de la torture. Savez-vous ce que c′est que la torture? Des coins de bois qu′on vous enfonce entre les jambes jusqu′à ce que les os éclatent! Non, décidément, je n′irai pas. Et morbleu! que n′y allez-vous vous-même? car, en vérité, je crois que je me suis trompé sur votre compte jusqu′à présent: je crois que vous êtes un homme, et des plus enragés encore!-Mirad, señora Bonacieux -dijo el mercero-. Mirad, decididamente, me niego: las intrigas me dan miedo. He visto la Bastilla. ¡Brrrr! ¡La Bastilla es horrible! Nada más pensar en ella se me pone la carne de gallina. Me han amenazado con la tortura. ¿Sabéis vos lo que es la tortura? Cuñas de madera que os meten entre las piernas hasta que los huesos estallan! No, decididamente, no iré. Y ¡pardiez!, ¿por qué no vais vos misma? Porque en verdad creo que hasta ahora he estado engañado sobre vos: ¡creo que sois un hombre, y de los más rabiosos incluso!
— Et vous, vous êtes une femme, une misérable femme, stupide et abrutie. Ah! vous avez peur! Eh bien, si vous ne partez pas à l′instant même, je vous fais arrêter par l′ordre de la reine, et je vous fais mettre à cette Bastille que vous craignez tant.»-Y vos, vos sois una mujer, una miserable mujer, estúpida y tonta. ¡Ah, tenéis miedo! Pues bien, si no partís ahora mismo, os hago detener por orden de la reina, y os hago meter en la Bastilla que tanto teméis.
Bonacieux tomba dans une réflexion profonde, il pesa mûrement les deux colères dans son cerveau, celle du cardinal et celle de la reine: celle du cardinal l′emporta énormément.Bonacieux cayó en una reflexión profunda; pesó detenidamente las dos cóleras en su cerebro, la del cardenal y la de la reina; la del cardenal prevaleció con mucha diferencia.
«Faites-moi arrêter de la part de la reine, dit-il, et moi je me réclamerai de Son Éminence.»-Hacedme detener de parte de la reina -dijo- y yo apelaré a Su Eminencia.
Pour le coup, Mme Bonacieux vit qu′elle avait été trop loin, et elle fut épouvantée de s′être si fort avancée. Elle contempla un instant avec effroi cette figure stupide, d′une résolution invincible, comme celle des sots qui ont peur.Por vez primera, la señora Bonacieux vio que había ido demasiado lejos, y quedó asustada por haber avanzado tanto. Contempló un instante con horror aquel rostro estúpido, de una resolución invencible, como el de esos tontos que tienen miedo.
«Eh bien, soit! dit-elle. Peut-être, au bout du compte, avez-vous raison: un homme en sait plus long que les femmes en politique, et vous surtout, monsieur Bonacieux, qui avez causé avec le cardinal. Et cependant, il est bien dur, ajouta-t-elle, que mon mari, un homme sur l′affection duquel je croyais pouvoir compter, me traite aussi disgracieusement et ne satisfasse point à ma fantaisie.-¡Pues entonces, sea! -dijo-. Quizá, a fin de cuentas, tengáis razón: un hombre sabe mucho más que las mujeres de política, y vos sobre todo, señor Bonacieux, que habéis hablado con el cardenal. Y sin embargo, es muy duro -añadió- que mi marido, que un hombre con cuyo afecto yo creía poder contar me trate tan descortésmente y no satisfaga en nada mi fantasía.
— C′est que vos fantaisies peuvent mener trop loin, repritBonacieux triomphant, et je m′en défie.-Es que vuestras fantasías pueden llevar muy lejos -respondió Bonacieux, triunfante- y desconfío de ellas.
— J′y renoncerai donc, dit la jeune femme en soupirant; c′est bien, n′en parlons plus.-Renunciaré, pues, a ellas -dijo la joven suspirando-. Está bien, no hablemos más.
— Si, au moins, vous me disiez quelle chose je vais faire àLondres, reprit Bonacieux, qui se rappelait un peu tard queRochefort lui avait recommandé d′essayer de surprendre les secretsde sa femme.-Si al menos me dijerais qué tenía que hacer en Londres -prosiguió Bonacieux, que recordaba un poco tarde que Rochefort le había encomendado tratar de sorprender los secretos de su mujer.
— Il est inutile que vous le sachiez, dit la jeune femme, qu′une défiance instinctive repoussait maintenant en arrière: il s′agissait d′une bagatelle comme en désirent les femmes, d′une emplette sur laquelle il y avait beaucoup à gagner.»-Es inútil que lo sepáis -dijo la joven, a quien una desconfianza instintiva impulsaba ahora hacia trás-: era una bagatela de las que gustan a las mujeres, una compra con la que había mucho que ganar.
Mais plus la jeune femme se défendait, plus au contraire Bonacieux pensa que le secret qu′elle refusait de lui confier était important. Il résolut donc de courir à l′instant même chez le comte de Rochefort, et de lui dire que la reine cherchait un messager pour l′envoyer à Londres.Pero cuanto más se resistía la joven, tanto más pensaba Bonacieux que el secreto que ella se negaba a confiarle era importante. Por eso decidió correr inmediatamente a casa del conde de Rochefort y decirle que la reina buscaba un mensajero para enviarlo a Londres.
«Pardon, si je vous quitte, ma chère madame Bonacieux, dit-il; mais, ne sachant pas que vous me viendriez voir, j′avais pris rendez-vous avec un de mes amis, je reviens à l′instant même, et si vous voulez m′attendre seulement une demi-minute, aussitôt que j′en aurai fini avec cet ami, je reviens vous prendre, et, comme il commence à se faire tard, je vous reconduis au Louvre.-Perdonadme si os dejo, querida señora Bonacieux -dijo él-; pero por no saber que vendríais hoy he quedado citado con uno de mis amigos; vuelvo ahora mismo, y si queréis esperarme, aunque sólo sea medio minuto, tan pronto como haya terminado con ese amigo, vuelvo para recogeros y, como comienza a hacerse tarde, acompañaros al Louvre.
— Merci, monsieur, répondit Mme Bonacieux: vous n′êtes point assez brave pour m′être d′une utilité quelconque, et je m′en retournerai bien au Louvre toute seule.-Gracias, señor -respondió la señora Bonacieux-; no sois lo suficientemente valiente para serme de ninguna utilidad, y volveré al Louvre perfectamente sola.
— Comme il vous plaira, madame Bonacieux, reprit l′ex-mercier.Vous reverrai-je bientôt?-Como os plazca, señora Bonacieux -respondió el exmercero-. ¿Os veré pronto?
— Sans doute; la semaine prochaine, je l′espère, mon service me laissera quelque liberté, et j′en profiterai pour revenir mettre de l′ordre dans nos affaires, qui doivent être quelque peu dérangées.-Claro que sí; espero que la próxima semana mi servicio me deje alguna libertad, y la aprovecharé para venir a ordenar nuestras cosas, que deben estar algo desordenadas.
— C′est bien; je vous attendrai. Vous ne m′en voulez pas?-Está bien; os esperaré. ¿No me guardáis rencor?
— Moi! pas le moins du monde.-¡Yo! Por nada del mundo.
— À bientôt, alors?-¿Hasta pronto entonces?
— À bientôt.»-Hasta pronto.
Bonacieux baisa la main de sa femme, et s′éloigna rapidement.Bonacieux besó la mano de su mujer y se alejó rápidamente.
«Allons, dit Mme Bonacieux, lorsque son mari eut refermé la porte de la rue, et qu′elle se trouva seule, il ne manquait plus à cet imbécile que d′être cardinaliste! Et moi qui avais répondu à la reine, moi qui avais promis à ma pauvre maîtresse… Ah! mon Dieu, mon Dieu! elle va me prendre pour quelqu′une de ces misérables dont fourmille le palais, et qu′on a placées près d′elle pour l′espionner! Ah! monsieur Bonacieux! je ne vous ai jamais beaucoup aimé; maintenant, c′est bien pis: je vous hais! et, sur ma parole, vous me le paierez!»-¡Vaya! -dijo la señora Bonacieux cuando su marido hubo cerrado la puerta de la calle y ella se encontró sola-. ¡Sólo le faltaba a este imbécil ser cardenalista! Y yo que había asegurado a la reina, yo que había prometido a mi pobre ama... ¡Ay, Dios mío, Dios mío! Me va a tomar por una de esas miserables que pupulan por palacio y que han puesto junto a ella para espiarla. ¡Ay, señor Bonacieux! Nunca os he amado mucho, pero ahora es mucho peor: os odio, y ¡palabra que me la pagaréis!
Au moment où elle disait ces mots, un coup frappé au plafond lui fit lever la tête, et une voix, qui parvint à elle à travers le plancher, lui cria:En el momento en que decía estas palabras, un golpe en el techo la hizo alzar la cabeza, y una voz, que vino a ella a través del piso, gritó:
«Chère madame Bonacieux, ouvrez-moi la petite porte de l′allée, et je vais descendre près de vous.»-Querida señora Bonacieux, abridme la puerta pequeña de la avenida y bajo junto a vos.






CHAPITRE XVIII -- L′AMANT ET LE MARI

Capítulo XVlll -- El amante y el marido

«Ah! madame, dit d′Artagnan en entrant par la porte que lui ouvrait la jeune femme, permettez-moi de vous le dire, vous avez là un triste mari.-¡Ay, señora! -dijo D′Artagnan entrando por la puerta que le abría la joven-. Permitidme decíroslo, tenéis un triste marido.
— Vous avez donc entendu notre conversation? demanda vivementMme Bonacieux en regardant d′Artagnan avec inquiétude.-¡Entonces habéis oído nuestra conversación! -preguntó vivamente la señora Bonacieux, mirando a D′Artagnan con inquietud.
— Tout entière.-Toda entera.
— Mais comment cela? mon Dieu!-Dios mío, ¿cómo?
— Par un procédé à moi connu, et par lequel j′ai entendu aussi la conversation plus animée que vous avez eue avec les sbires du cardinal.-Mediante un procedimiento conocido por mí, gracias al cual oí también la conversación más animada que tuvisteis con los esbirros del cardenal.
— Et qu′avez-vous compris dans ce que nous disions?-¿Y qué habéis comprendido de lo que decíamos?
— Mille choses: d′abord, que votre mari est un niais et un sot, heureusement; puis, que vous étiez embarrassée, ce dont j′ai été fort aise, et que cela me donne une occasion de me mettre à votre service, et Dieu sait si je suis prêt à me jeter dans le feu pour vous; enfin que la reine a besoin qu′un homme brave, intelligent et dévoué fasse pour elle un voyage à Londres. J′ai au moins deux des trois qualités qu′il vous faut, et me voilà.»-Mil cosas: en primer lugar, que vuestro marido es un necio y un imbécil, afortunadamente; luego, que estáis en un apuro, cosa que me ha encantado y que me da ocasión de ponerme a vuestro servicio, y Dios sabe si estoy dispuesto a arrojarme al fuego por vos; finalmente que la reina necesita que un hombre valiente, inteligente y adicto haga por ella un viaje a Londres. Yo tengo al menos dos de las tres cualidades que necesitáis, y heme aquí.
Mme Bonacieux ne répondit pas, mais son coeur battait de joie, et une secrète espérance brilla à ses yeux.La señora Bonacieux no respondió, pero su corazón batía de alegría y una secreta esperanza brilló en sus ojos.
«Et quelle garantie me donnerez-vous, demanda-t-elle, si je consens à vous confier cette mission?-¿Y qué garantía me daréis -preguntó- si consiento en confiaros esta misión?
— Mon amour pour vous. Voyons, dites, ordonnez: que faut-il faire?-Mi amor por vos. Veamos, decid, ordenad: ¿qué hay que hacer?
— Mon Dieu! mon Dieu! murmura la jeune femme, dois-je vous confier un pareil secret, monsieur? Vous êtes presque un enfant!-¡Dios mío, Dios mío! -murmuró la joven-. Debo confiaros un secreto semejante, señor. ¡Sois casi un niño!
— Allons, je vois qu′il vous faut quelqu′un qui vous réponde de moi.-Bueno, veo que os falta alguien que os responda por mí.
— J′avoue que cela me rassurerait fort.-Confieso que eso me tranquilizarla mucho.
— Connaissez-vous Athos?-¿Conocéis a Athos?
— Non.-No.
— Porthos?-¿A Porthos?
— Non.-No.
— Aramis?-¿A Aramis?
— Non. Quels sont ces messieurs?-No. ¿Quiénes son esos señores?
— Des mousquetaires du roi. Connaissez-vous M. de Tréville, leur capitaine?-Mosqueteros del rey. ¿Conocéis al señor de Tréville, su capitán?
— Oh! oui, celui-là, je le connais, non pas personnellement, mais pour en avoir entendu plus d′une fois parler à la reine comme d′un brave et loyal gentilhomme.-¡Oh, sí, a ese lo conozco. ¡No personalmente, sino por haber oído hablar de él más de una vez a la reina como de un valiente y leal gentilhombre.
— Vous ne craignez pas que lui vous trahisse pour le cardinal, n′est-ce pas?-¿No teméis que él os traicione por el cardenal, no es así?
— Oh! non, certainement.-¡Oh, no, seguro que no!
— Eh bien, révélez-lui votre secret, et demandez-lui, si important, si précieux, si terrible qu′il soit, si vous pouvez me le confier.-Pues bien, reveladle vuestro secreto y preguntadle si por importante, por precioso, por terrible que sea podéis confiármelo.
— Mais ce secret ne m′appartient pas, et je ne puis le révéler ainsi.-Pero ese secreto no me pertenece y no puedo revelarlo de ese modo.
— Vous l′alliez bien confier à M. Bonacieux, dit d′Artagnan avec dépit.-Ibais a confiar de buena gana en el señor Bonacieux -dijo D′Artagnan con despecho.
— Comme on confie une lettre au creux d′un arbre, à l′aile d′un pigeon, au collier d′un chien.-Como se confía una carta al hueco de un árbol, al ala de un pichón, al collar de un perro.
— Et cependant, moi, vous voyez bien que je vous aime.-Sin embargo yo, como veis, os amo.
— Vous le dites.-Vos lo decís.
— Je suis un galant homme!-¡Soy un hombre galante!
— Je le crois.-Lo creo.
— Je suis brave!-¡Soy valiente!
— Oh! cela, j′en suis sûre.-¡Oh, de eso estoy segura!
— Alors, mettez-moi donc à l′épreuve.»-Entonces, ponedme a prueba.
Mme Bonacieux regarda le jeune homme, retenue par une dernière hésitation. Mais il y avait une telle ardeur dans ses yeux, une telle persuasion dans sa voix, qu′elle se sentit entraînée à se fier à lui. D′ailleurs elle se trouvait dans une de ces circonstances où il faut risquer le tout pour le tout. La reine était aussi bien perdue par une trop grande retenue que par une trop grande confiance. Puis, avouons-le, le sentiment involontaire qu′elle éprouvait pour ce jeune protecteur la décida à parler.La señora Bonacieux miró al joven, contenida por una última duda. Pero había tal ardor en sus ojos, tal persuasión en su voz, que se sintió arrastrada a fiarse de él. Además, se hallaba en una de esas circunstancias en que hay que arriesgar el todo por el todo. La reina estaba tan perdida por una exagerada discreción como por una excesiva confianza. Además, confesémoslo, el sentimiento involuntario que experimentaba por aquel joven proector la decidió a hablar.
«Écoutez, lui dit-elle, je me rends à vos protestations et je cède à vos assurances. Mais je vous jure devant Dieu qui nous entend, que si vous me trahissez et que mes ennemis me pardonnent, je me tuerai en vous accusant de ma mort.-Escuchad -le dijo-. Me rindo a vuestras protestas y cedo ante vuestras palabras. Pero os juro ante Dios que nos oye, que si me traicionáis y mis enemigos me perdonan, me mataré acusándoos de mi muerte.
— Et moi, je vous jure devant Dieu, madame, dit d′Artagnan, que si je suis pris en accomplissant les ordres que vous me donnez, je mourrai avant de rien faire ou dire qui compromette quelqu′un.»-Y yo yo os juro ante Dios, señora -dijo D′Artagnan-, que, si soy cogido durante el cumplimiento de las órdenes que vais a darme, moriré antes de hacer o decir nada que comprometa a alguien.
Alors la jeune femme lui confia le terrible secret dont le hasard lui avait déjà révélé une partie en face de la Samaritaine. Ce fut leur mutuelle déclaration d′amour.Entonces la joven le confió el terrible secreto del que el azar le había revelado ya una parte frente a la Samaritana. Esta fue su mutua declaración de amor.
D′Artagnan rayonnait de joie et d′orgueil. Ce secret qu′il possédait, cette femme qu′il aimait, la confiance et l′amour, faisaient de lui un géant.D′Artagnan resplandecía de alegría y de orgullo. Aquel secreto que poseía, aquella mujer a la que amaba, la confianza y el amor hacían de él un gigante.
«Je pars, dit-il, je pars sur-le-champ.-Parto -dijo-. Parto al instante.
— Comment! vous partez! s′écria Mme Bonacieux, et votre régiment, votre capitaine?-¡Cómo! ¿Partís? -exclamó la señora Bonacieux-. ¿Y vuestro regimiento , vuestro capitán?
— Sur mon âme, vous m′aviez fait oublier tout cela, chèreConstance! oui, vous avez raison, il me faut un congé.-Por mi alma, me habéis hecho olvidar todo eso, querida Constance. Sí, tenéis razón, necesito un permiso.
— Encore un obstacle, murmura Mme Bonacieux avec douleur.-Un obstáculo todavía -murmuró la señora Bonacieux con dolor.
— Oh! celui-là, s′écria d′Artagnan après un moment de réflexion, je le surmonterai, soyez tranquille.-¡Oh, ese -exclamó D′Artagnan, tras un momento de reflexión- lo superaré , estad tranquila!
— Comment cela?-¿Cómo?
— J′irai trouver ce soir même M. de Tréville, que je chargerai de demander pour moi cette faveur à son beau-frère, M. des Essarts.-Iré a buscar esta misma noche al señor de Tréville, a quien encargaré que pida para mí este favor a su cuñado el señor des Essarts.
— Maintenant, autre chose.-Ahora, otra cosa.
— Quoi? demanda d′Artagnan, voyant que Mme Bonacieux hésitait à continuer.-¿Qué? -preguntó D′Artagnan, viendo que la señora Bonacieux dudaba en continuar.
— Vous n′avez peut-être pas d′argent?-¿Quizá no tengáis dinero?
— Peut-être est de trop, dit d′Artagnan en souriant.-Quizá demasiado -dijo D′Artagnan, sonriendo.
— Alors, reprit Mme Bonacieux en ouvrant une armoire et en tirant de cette armoire le sac qu′une demi-heure auparavant caressait si amoureusement son mari, prenez ce sac.-Entonces -prosiguió la señora Bonacieux abriendo un armario y sacando de ese armario la bolsa que media hora antes acariciaba tan amorosamente su marido- tomad esta bolsa.
— Celui du cardinal! s′écria en éclatant de rire d′Artagnan qui, comme on s′en souvient, grâce à ses carreaux enlevés, n′avait pas perdu une syllabe de la conversation du mercier et de sa femme.-¡El del cardenal! -exclamó estallando de risa D′Artagnan que, como se recordará, gracias a sus baldosas levantadas no se había perdido una sílaba de la conversación del mercero y de su mujer.
— Celui du cardinal, répondit Mme Bonacieux; vous voyez qu′il se présente sous un aspect assez respectable.-El del cardenal -dijo la señora Bonacieux-. Como veis, se presenta bajo un aspecto bastante respetable.
— Pardieu! s′écria d′Artagnan, ce sera une chose doublement divertissante que de sauver la reine avec l′argent de Son Éminence!-¡Pardiez! -exclamó D′Artagnan-. Será una cosa doblemente divertida: ¡Salvar a la reina con el dinero de Su Eminencia!
— Vous êtes un aimable et charmant jeune homme, ditMme Bonacieux. Croyez que Sa Majesté ne sera point ingrate.-Sois un joven amable y encantador -dijo la señora Bonacieux-. Estad seguro de que Su Majestad no será nada ingrata.
— Oh! je suis déjà grandement récompensé! s′écria d′Artagnan. Je vous aime, vous me permettez de vous le dire; c′est déjà plus de bonheur que je n′en osais espérer.-¡Oh, yo ya estoy bien recompensado! -exclamó D′Artagnan-. Os amo, vos me permitís decíroslo: es ya más dicha de la que me atrevía a esperar.
— Silence! dit Mme Bonacieux en tressaillant.-¡Silencio! -dijo la señora Bonacieux, estremeciéndose.
— Quoi?-¿Qué?
— On parle dans la rue.-Están hablando en la calle.
— C′est la voix…-Es la voz...
— De mon mari. Oui, je l′ai reconnue!»-De mi marido. ¡Sí, lo he reconocido!
D′Artagnan courut à la porte et poussa le verrou.D′Artagnan corrió a lá puerta y pasó el cerrojo.
«Il n′entrera pas que je ne sois parti, dit-il, et quand je serai parti, vous lui ouvrirez.-Que no entre hasta que yo no haya salido, y cuando yo salga, vos le abrís.
— Mais je devrais être partie aussi, moi. Et la disparition de cet argent, comment la justifier si je suis là?-Pero también yo debería haberme marchado. Y la desaparición de ese dinero, ¿cómo justificarla si estoy yo aquí?
— Vous avez raison, il faut sortir.-Tenéis razón, hay que salir.
— Sortir, comment? On nous verra si nous sortons.-¿Salir? ¿Y cómo? Nos verá si salimos.
— Alors il faut monter chez moi.-Entonces hay que subir a mi casa.
— Ah! s′écria Mme Bonacieux, vous me dites cela d′un ton qui me fait peur.»-¡Ah! -exclamó la señora Bonacieux-. Me decís eso en un tono que me da miedo.
Mme Bonacieux prononça ces paroles avec une larme dans les yeux. D′Artagnan vit cette larme, et, troublé, attendri, il se jeta à ses genoux.La señora Bonacieux pronunció estas palabras con una lágrima en los ojos. D′Artagnan vio esa lágrima y, turbado, enternecido, se arrojó a sus pies.
«Chez moi, dit-il, vous serez en sûreté comme dans un temple, je vous en donne ma parole de gentilhomme.-En mi casa -dijo- estaréis tan segura como en un templo, os doy mi palabra de gentilhombre.
— Partons, dit-elle, je me fie à vous, mon ami.»-Partamos -dijo ella-. Me fío de vos, amigo mío.
D′Artagnan rouvrit avec précaution le verrou, et tous deux, légers comme des ombres, se glissèrent par la porte intérieure dans l′allée, montèrent sans bruit l′escalier et rentrèrent dans la chambre de d′Artagnan.D′Artagnan volvió a abrir con precaución el cerrojo y los dos juntos, ligeros como sombras, se deslizaron por la puerta interior hacia la avenida, subieron sin ruido la escalera y entraron en la habitación de D′Artagnan.
Une fois chez lui, pour plus de sûreté, le jeune homme barricada la porte; ils s′approchèrent tous deux de la fenêtre, et par une fente du volet ils virent M. Bonacieux qui causait avec un homme en manteau.Una vez allí, para mayor seguridad, el joven atrancó la puerta; se acercaron los dos a la ventana, y por una rendija del postigo vieron al señor Bonacieux que hablaba con un hombre de capa.
À la vue de l′homme en manteau, d′Artagnan bondit, et, tirant son épée à demi, s′élança vers la porte.A la vista del hombre de capa, D′Artagnan dio un salto y, sacando a medias la espada, se lanzó hacia la puerta.
C′était l′homme de Meung.Era el hombre de Meung.
«Qu′allez-vous faire? s′écria Mme Bonacieux; vous nous perdez.-¿Qué vais a hacer? -exclamó la señora Bonacieux-. Nos perdéis.
— Mais j′ai juré de tuer cet homme! dit d′Artagnan.-¡Pero he jurado matar a ese hombre! -dijo D′Artagnan.
— Votre vie est vouée en ce moment et ne vous appartient pas. Au nom de la reine, je vous défends de vous jeter dans aucun péril étranger à celui du voyage.-Vuestra vida está consagrada en este momento y no os pertenece. En nombre de la reina, os prohíbo meteros en ningún peligro extraño al del viaje.
— Et en votre nom, n′ordonnez-vous rien?-Y en vuestro nombre, ¿no ordenáis nada?
— En mon nom, dit Mme Bonacieux avec une vive émotion; en mon nom, je vous en prie. Mais écoutons, il me semble qu′ils parlent de moi.»-En mi nombre -dijo la señora Bonacieux, con viva emoción-, en mi nombre, os lo suplico. Pero escuchemos, me parece que hablan de mí.
D′Artagnan se rapprocha de la fenêtre et prêta l′oreille.D′Artagnan se acercó a la ventana y prestó oído.
M. Bonacieux avait rouvert sa porte, et voyant l′appartement vide, il était revenu à l′homme au manteau qu′un instant il avait laissé seul.El señor Bonacieux había abierto su puerta, y al ver la habitación vacía, había vuelto junto al hombre de la capa al que había dejado solo un instante.
«Elle est partie, dit-il, elle sera retournée au Louvre.-Se ha marchado -dijo-. Habrá vuelto al Louvre.
— Vous êtes sûr, répondit l′étranger, qu′elle ne s′est pas doutée dans quelles intentions vous êtes sorti?-¿Estáis seguro -respondió el extranjero- de que no ha sospechado de las intenciones con que habéis salido?
— Non, répondit Bonacieux avec suffisance; c′est une femme trop superficielle.-No respondió Bonacieux con suficiencia-. Es una mujer demasiado superficial.
— Le cadet aux gardes est-il chez lui?-El cadete de los guardias, ¿está en su casa?
— Je ne le crois pas; comme vous le voyez, son volet est fermé, et l′on ne voit aucune lumière briller à travers les fentes.-No lo creo; como veis, su postigo está cerrado y no se ve brillar ninguna luz a través de las rendijas.
— C′est égal, il faudrait s′en assurer.-Es igual, habría que asegurarse.
— Comment cela?-¿Cómo?
— En allant frapper à sa porte.-Yendo a llamar a su puerta.
— Je demanderai à son valet.-Preguntaré a su criado.
— Allez.»-Id.
Bonacieux rentra chez lui, passa par la même porte qui venait de donner passage aux deux fugitifs, monta jusqu′au palier de d′Artagnan et frappa.Bonacieux regresó a su casa, pasó por la misma puerta que acababa de dar paso a los dos fugitivos, subió hasta el rellano de D′Artagnan y llamó.
Personne ne répondit. Porthos, pour faire plus grande figure, avait emprunté ce soir-là Planchet. Quant à d′Artagnan, il n′avait garde de donner signe d′existence.Nadie respondió. Porthos, para dárselas de importante, había tomado prestado aquella tarde a Planchet. En cuanto a D′Artagnan, tenía mucho cuidado con dar la menor señal de existencia.
Au moment où le doigt de Bonacieux résonna sur la porte, les deux jeunes gens sentirent bondir leurs coeurs.En el momento en que el dedo de Bonacieux resonó sobre la puerta, los dos jóvenes sintieron saltar sus corazones.
«Il n′y a personne chez lui, dit Bonacieux.-No hay nadie en su casa -dijo Bonacieux.
— N′importe, rentrons toujours chez vous, nous serons plus en sûreté que sur le seuil d′une porte.-No importa, volvamos a la vuestra, estaremos más seguros que en el umbral de una puerta.
— Ah! mon Dieu! murmura Mme Bonacieux, nous n′allons plus rien entendre.-¡Ay, Dios mío! -murmuró la señora Bonacieux-. No vamos a oír nada.
— Au contraire, dit d′Artagnan, nous n′entendrons que mieux.»-Al contrario -dijo D′Artagnan- les oiremos mejor.
D′Artagnan enleva les trois ou quatre carreaux qui faisaient de sa chambre une autre oreille de Denys, étendit un tapis à terre, se mit à genoux, et fit signe à Mme Bonacieux de se pencher, comme il le faisait vers l′ouverture.D′Artagnan levantó las tres o cuatro baldosas que hacían de su habitación otra oreja de Dionisio, extendió un tapiz en el suelo, se puso de rodillas a hizo señas a la señora Bonacieux de inclinarse, como él hacía, hacia la abertura.
«Vous êtes sûr qu′il n′y a personne? dit l′inconnu.-¿Estáis seguro de que no hay nadie? -dijo el desconcido.
— J′en réponds, dit Bonacieux.-Respondo de ello -dijo Bonacieux.
— Et vous pensez que votre femme?…-¿Y pensáis que vuestra mujer...?
— Est retournée au Louvre.-Ha vuelto al Louvre.
— Sans parler à aucune personne qu′à vous?-¿Sin hablar con nadie más que con vos?
— J′en suis sûr.-Estoy seguro.
— C′est un point important, comprenez-vous?-Es un punto importante, ¿comprendéis?
— Ainsi, la nouvelle que je vous ai apportée a donc une valeur…?-Entonces, ¿la noticia que os he llevado tiene un valor...?
— Très grande, mon cher Bonacieux, je ne vous le cache pas.-Muy grande, mi querido Bonacieux, no os lo oculto.
— Alors le cardinal sera content de moi?-Entonces, ¿el cardenal estará contento conmigo?
— Je n′en doute pas.-No lo dudo.
— Le grand cardinal!-¡El gran cardenal!
— Vous êtes sûr que, dans sa conversation avec vous, votre femme n′a pas prononcé de noms propres?-¿Estáis seguro de que en su conversación con vos vuestra mujer no ha pronunciado nombres propios?
— Je ne crois pas.-No lo creo.
— Elle n′a nommé ni Mme de Chevreuse, ni M. de Buckingham, niMme de Vernet?-¿No ha nombrado ni a la señora de Chevreuse, ni al señor de Buckingham,ni a la señora de Vernel?
— Non, elle m′a dit seulement qu′elle voulait m′envoyer à Londres pour servir les intérêts d′une personne illustre.»-No, ella me ha dicho sólo que queria enviarme a Londres para servir a los intereses de una persona ilustre.
«Le traître! murmura Mme Bonacieux.-¡Traidor! -murmuró la señora Bonacieux.
— Silence!» dit d′Artagnan en lui prenant une main qu′elle lui abandonna sans y penser.-¡Silencio! -dijo D Artagnan cogiéndole una mano que ella le abandonó sin pensar.
«N′importe, continua l′homme au manteau, vous êtes un niais de n′avoir pas feint d′accepter la commission, vous auriez la lettre à présent; État qu′on menace était sauvé, et vous…-No importa -continuó el hombre de la capa-. Sois un necio por no haber fingido aceptar el encargo, ahora tendríais la carta; el Estado al que se amenaza estaría a salvo, y vos...
— Et moi?-¿Y yo?
— Eh bien, vous! le cardinal vous donnait des lettres de noblesse…-Pues bien, vos , el cardenal os daría títulos de nobleza..
— Il vous l′a dit?-¿Os lo ha dicho?
— Oui, je sais qu′il voulait vous faire cette surprise.-Sí, yo sé que quería daros esa sorpresa.
— Soyez tranquille, reprit Bonacieux; ma femme m′adore, et il est encore temps.»-Estad tranquilo -prosiguió Bonacieux-. Mi mujer me adora, todavía hay tiempo.
«Le niais! murmura Mme Bonacieux.-¡Imbécil! -murmuró la señora Bonacieux.
— Silence!» dit d′Artagnan en lui serrant plus fortement la main.-¡Silencio! -dijo D′Artagnan, apretándole más fuerte la mano.
«Comment est-il encore temps? reprit l′homme au manteau.-¿Cómo que aún hay tiempo? -prosiguió el hombre de la capa.
— Je retourne au Louvre, je demande Mme Bonacieux, je dis que j′ai réfléchi, je renoue l′affaire, j′obtiens la lettre, et je cours chez le cardinal.-Vuelvo al Louvre, pregunto por la señora Bonacieux, le digo que lo he pensado, que me hago cargo del asunto, obtengo la carts y corro adonde el cardenal.
— Eh bien, allez vite; je reviendrai bientôt savoir le résultat de votre démarche.»-¡Bien! Id deprisa; yo volveré pronto para saber el resultado de vuestra gestión.
L′inconnu sortit.El desconocido salió.
«L′infâme! dit Mme Bonacieux en adressant encore cette épithète à son mari.-¡Infame! -dijo la señora Bonacieux, dirigiendo todavía este epíteto a su marido.
— Silence!» répéta d′Artagnan en lui serrant la main plus fortement encore.-¡Silencio! -repitió D′Artagnan apretándole la mano más fuertemente aún.
Un hurlement terrible interrompit alors les réflexions de d′Artagnan et de Mme Bonacieux. C′était son mari, qui s′était aperçu de la disparition de son sac et qui criait au voleur.Un aullido terrible interrumpió entonces las reflexiones de D′Artagnan y de la señora Bonacieux. Era su marido, que se había percatado de la desaparición de su bolsa y que maldecía al ladrón.
«Oh! mon Dieu! s′écria Mme Bonacieux, il va ameuter tout le quartier.»-¡Oh, Dios mío! -exclamó la señora Bonacieux-. Va a alborotar a todo el barrio.
Bonacieux cria longtemps; mais comme de pareils cris, attendu leur fréquence, n′attiraient personne dans la rue des Fossoyeurs, et que d′ailleurs la maison du mercier était depuis quelque temps assez mal famée, voyant que personne ne venait, il sortit en continuant de crier, et l′on entendit sa voix qui s′éloignait dans la direction de la rue du Bac.Bonacieux chilló mucho tiempo; pero como semejantes gritos, dada su frecuencia, no atraían a nadie en la calle des Fossoyeurs y, como por otra parte la casa del mercero tenía desde hacía algún tiempo mala fama al ver que nadie acudía salió gritando, y se oyó su voz que se alejaba en dirección de la calle du Bac.
«Et maintenant qu′il est parti, à votre tour de vous éloigner, dit Mme Bonacieux; du courage, mais surtout de la prudence, et songez que vous vous devez à la reine.-Y ahora que se ha marchado, os tots alejaros a vos -dijo la señora Bonacieux-. Valor, pero sobre todo prudencia, y pensad que os debéis a la reina.
— À elle et à vous! s′écria d′Artagnan. Soyez tranquille, belle Constance, je reviendrai digne de sa reconnaissance; mais reviendrai-je aussi digne de votre amour?»-¡A ella y a vos! -exclamó D′Artagnan-. Estad tranquila, bella Constance volveré digno de su reconocimiento; pero ¿volveré tan digno de vuestro amor?
La jeune femme ne répondit que par la vive rougeur qui colora ses joues. Quelques instants après, d′Artagnan sortit à son tour, enveloppé, lui aussi, d′un grand manteau que retroussait cavalièrement le fourreau d′une longue épée.La joven no respondió más que con el vivo rubor que coloreó sus mejillas. Algunos instantes después, D′Artagnan salía a su vez, envuelto, él también, en una gran capa que alzaba caballerosamente la vaina de una larga espada.
Mme Bonacieux le suivit des yeux avec ce long regard d′amour dont la femme accompagne l′homme qu′elle se sent aimer; mais lorsqu′il eut disparu à l′angle de la rue, elle tomba à genoux, et joignant les mains:La señora Bonacieux le siguió con los ojos, con esa larga mirada de amor con que la mujer acompaña al hombre del que se siente amar; pero cuando hubo desaparecido por la esquina de la calle, cayó de rodillas y, uniendo las manos, exclamó:
«O mon Dieu! s′écria-t-elle, protégez la reine, protégez-moi!»-¡Oh, Dios mío! ¡Proteged a la reina, protegedme a m퟼a name="19">






CHAPITRE XIX -- PLAN DE CAMPAGNE

Capítulo XIX -- Plan de campaña

D′Artagnan se rendit droit chez M. de Tréville. Il avait réfléchi que, dans quelques minutes, le cardinal serait averti par ce damné inconnu, qui paraissait être son agent, et il pensait avec raison qu′il n′y avait pas un instant à perdre.D′Artagnan se dirigió directamente a casa del señor de Tréville. Había pensado que, en pocos minutos, el cardenal sería advertido por aquel maldito desconocido que parecía ser su agente, y pensaba con razón que no había un instante que perder.
Le coeur du jeune homme débordait de joie. Une occasion où il y avait à la fois gloire à acquérir et argent à gagner se présentait à lui, et, comme premier encouragement, venait de le rapprocher d′une femme qu′il adorait. Ce hasard faisait donc presque du premier coup, pour lui, plus qu′il n′eût osé demander à la Providence.El corazón del joven desbordaba de alegría. Ante él se presentaba una ocasión en la que había a la vez gloria que adquirir y dinero que ganar, y como primer aliento acababa de acercarle a una mujer a la que adoraba. Este azar, de golpe, hacía por él más que lo que hubiera osado pedir a la Providencia.
M. de Tréville était dans son salon avec sa cour habituelle de gentilshommes. D′Artagnan, que l′on connaissait comme un familier de la maison, alla droit à son cabinet et le fit prévenir qu′il l′attendait pour chose d′importance.El señor de Tréville estaba en su salón con su corte habitual de gentileshombres. D′Artagnan, a quien se conocía como familiar de la casa, fue derecho a su gabinete y le avisó de que le esperaba para una cosa importante.
D′Artagnan était là depuis cinq minutes à peine, lorsque M. de Tréville entra. Au premier coup d′oeil et à la joie qui se peignait sur son visage, le digne capitaine comprit qu′il se passait effectivement quelque chose de nouveau.D′Artagnan estaba allí hacía apenas cinco minutos cuando el señor de Tréville entró. A la primera ojeada y ante la alegría que se pintó sobre su rostro, el digno capitán comprendió que efectivamente pasaba algo nuevo.
Tout le long de la route, d′Artagnan s′était demandé s′il se confierait à M. de Tréville, ou si seulement il lui demanderait de lui accorder carte blanche pour une affaire secrète. Mais M. de Tréville avait toujours été si parfait pour lui, il était si fort dévoué au roi et à la reine, il haait si cordialement le cardinal, que le jeune homme résolut de tout lui dire.Durante todo el camino, D′Artagnan se había preguntado si se confiaría al señor de Tréville o si solamente le pediría concederle carta blanca para un asunto secreto. Pero el señor de Tréville había sido siempre tan perfecto para él, era tan adicto al rey y a la reina, odiaba tan cordialmente al cardenal, que el joven resolvió decirle todo.
«Vous m′avez fait demander, mon jeune ami? dit M. de Tréville.-¿Me habéis hecho llamar, mi joven amigo? -dijo el señor de Tréville.
— Oui, monsieur, dit d′Artagnan, et vous me pardonnerez, je l′espère, de vous avoir dérangé, quand vous saurez de quelle chose importante il est question.-Sí, señor -dijo D′Artagnan-, y espero que me perdonéis por haberos molestado cuando sepáis el importante asunto de que se trata.
— Dites alors, je vous écoute.-Decid entonces, os escucho.
— Il ne s′agit de rien de moins, dit d′Artagnan, en baissant la voix, que de l′honneur et peut-être de la vie de la reine.-No se trata de nada menos -dijo D′Artagnan bajando la voz que del honor y quizá de la vida de la reina.
— Que dites-vous là? demanda M. de Tréville en regardant tout autour de lui s′ils étaient bien seuls, et en ramenant son regard interrogateur sur d′Artagnan.-¿Qué decís? -preguntó el señor de Tréville mirando en torno suyo si estaban completamente solos y volviendo a poner su mirada interrogadora en D′Artagnan.
— Je dis, monsieur, que le hasard m′a rendu maître d′un secret…-Digo, señor, que el azar me ha hecho dueño de un secreto...
— Que vous garderez, j′espère, jeune homme, sur votre vie.-Que yo espero que guardaréis, joven, por encima de vuestra vida.
— Mais que je dois vous confier, à vous, Monsieur, car vous seul pouvez m′aider dans la mission que je viens de recevoir de Sa Majesté.-Pero que debo confiaros a vos, señor, porque sólo vos podéis ayudarme en la misión que acabo de recibir de Su Majestad.
— Ce secret est-il à vous?-¿Ese secreto es vuestro?
— Non, monsieur, c′est celui de la reine.-No, señor, es de la reina.
— Êtes-vous autorisé par Sa Majesté à me le confier?-¿Estáis autorizado por Su Majestad para confiármelo?
— Non, monsieur, car au contraire le plus profond mystère m′est recommandé.-No, señor, porque, al contrario, se me ha recomendado el más profundo misterio.
— Et pourquoi donc allez-vous le trahir vis-à-vis de moi?-¿Por qué entonces ibais a traicionarlo por mí?
— Parce que, je vous le dis, sans vous je ne puis rien, et que j′ai peur que vous ne me refusiez la grâce que je viens vous demander, si vous ne savez pas dans quel but je vous la demande.-Porque ya os digo que sin vos no puedo nada y porque tengo miedo de que me neguéis la gracia que vengo a pediros si no sabéis con qué objeto os lo pido.
— Gardez votre secret, jeune homme, et dites-moi ce que vous désirez.-Guárdad vuestro secreto, joven, y decidme lo que deseáis.
— Je désire que vous obteniez pour moi, de M. des Essarts, un congé de quinze jours.-Deseo que obtengáis para mí, del señor des Essarts, un permiso de quince días.
— Quand cela?-¿Cuándo?
— Cette nuit même.-Esta misma noche.
— Vous quittez Paris?-¿Abandonáis Paris?
— Je vais en mission.-Voy con una misión.
— Pouvez-vous me dire où?-¿Podéis decirme adónde?
— À Londres.-A Londres.
— Quelqu′un a-t-il intérêt à ce que vous n′arriviez pas à votre but?-¿Está alguien interesado en que no lleguéis a vuestra meta?
— Le cardinal, je le crois, donnerait tout au monde pour m′empêcher de réussir.-El cardenal, según creo, daría todo el oro del mundo por impedirme alcanzarlo.
— Et vous partez seul?-¿Y vais solo?
— Je pars seul.-Voy solo.
— En ce cas, vous ne passerez pas Bondy; c′est moi qui vous le dis, foi de Tréville.-En ese caso, no pasaréis de Bondy. Os lo digo yo, palabra de Tréville.
— Comment cela?-¿Por qué?
— On vous fera assassiner.-Porque os asesinarán.
— Je serai mort en faisant mon devoir.-Moriré cumpliendo con mi deber.
— Mais votre mission ne sera pas remplie.-Pero vuestra misión no será cumplida.
— C′est vrai, dit d′Artagnan.-Es cierto -dijo D′Artagnan.
— Croyez-moi, continua Tréville, dans les entreprises de ce genre, il faut être quatre pour arriver un.-Creedme -continuó Tréville-, en las empresas de este género hay que ser cuatro para que llegue uno.
— Ah! vous avez raison, Monsieur, dit d′Artagnan; mais vous connaissez Athos, Porthos et Aramis, et vous savez si je puis disposer d′eux.-¡Ah!, tenéis razón, señor! - dijo D′Artagnan-. Vos conocéis a Athos, Porthos y Aramis y vos sabéis si puedo disponer de ellos.
— Sans leur confier le secret que je n′ai pas voulu savoir?-¿Sin confiarles el secreto que yo no he querido saber?
— Nous nous sommes juré, une fois pour toutes, confiance aveugle et dévouement à toute épreuve; d′ailleurs vous pouvez leur dire que vous avez toute confiance en moi, et ils ne seront pas plus incrédules que vous.-Nos hemos jurado, de una vez por todas, confianza ciega y abnegación a toda prueba; además, podéis decirles que tenéis toda vuestra confianza en mí, y ellos no serán más incrédulos que vos.
— Je puis leur envoyer à chacun un congé de quinze jours, voilà tout: à Athos, que sa blessure fait toujours souffrir, pour aller aux eaux de Forges! à Porthos et à Aramis, pour suivre leur ami, qu′ils ne veulent pas abandonner dans une si douloureuse position. L′envoi de leur congé sera la preuve que j′autorise leur voyage.-Puedo enviarles a cada uno un permiso de quince días, eso es todo: a Athos, a quien su herida hace siempre sufrir, para ir a tomar las aguas de Forges; a Porthos y a Aramis para que acompañen a su amigo, a quien no quieren abandonar en una situación tan dolorosa. El envío de su permiso será la prueba de que autorizo su viaje.
— Merci, monsieur, et vous êtes cent fois bon.-Gracias, señor, sois cien veces bueno.
— Allez donc les trouver à l′instant même, et que tout s′exécute cette nuit. Ah! et d′abord écrivez-moi votre requête à M. des Essarts. Peut-être aviez-vous un espion à vos trousses, et votre visite, qui dans ce cas est déjà connue du cardinal, sera légitimée ainsi.»-Id a buscarlos ahora mismo, y que se haga todo esta noche. ¡Ah!, y lo primero escribid vuestra petición al señor Des Essarts. Quizá tengáis algún espía a vuestros talones, y vuestra visita, que en tal caso ya es conocida del cardenal, será legitimada de este modo.
D′Artagnan formula cette demande, et M. de Tréville, en la recevant de ses mains, assura qu′avant deux heures du matin les quatre congés seraient au domicile respectif des voyageurs.D′Artagnan formuló aquella solicitud, y el señor de Tréville, al recibirla en sus manos, aseguró que antes de las dos de la mañana los cuatro permisos estarían en los domicilios respectivos de los viajeros.
«Ayez la bonté d′envoyer le mien chez Athos, dit d′Artagnan. Je craindrais, en rentrant chez moi, d′y faire quelque mauvaise rencontre.-Tened la bondad de enviar el mío a casa de Athos -dijo D′Artagnan-. Temo que de volver a mi casa tenga algún mal encuentro.
— Soyez tranquille. Adieu et bon voyage! À propos!» ditM. de Tréville en le rappelant.-Estad tranquilo. ¡Adiós, y buen viaje! A propósito -dijo el señor de Tréville llamándole.
D′Artagnan revint sur ses pas.D′Artagnan volvió sobre sus pasos.
«Avez-vous de l′argent?»-¿Tenéis dinero?
D′Artagnan fit sonner le sac qu′il avait dans sa poche.D′Artagnan hizo sonar la bolsa que tenía en su bolsillo.
«Assez? demanda M. de Tréville.-¿Bastante? -preguntó el señor de Tréville.
— Trois cents pistoles.-Trescientas pistolas.
— C′est bien, on va au bout du monde avec cela; allez donc.»-Está bien, con eso se va al fin del mundo; id pues.
D′Artagnan salua M. de Tréville, qui lui tendit la main; d′Artagnan la lui serra avec un respect mêlé de reconnaissance. Depuis qu′il était arrivé à Paris, il n′avait eu qu′à se louer de cet excellent homme, qu′il avait toujours trouvé digne, loyal et grand.D′Artagnan saludó al señor de Tréville, que le tendió la mano; D′Artagnan la estrechó con un respeto mezclado de gratitud. Desde que había llegado a Paris, no había tenido más que motivos de elogio para aquel hombre excelente a quien siempre había encontrado digno, leal y grande.
Sa première visite fut pour Aramis; il n′était pas revenu chez son ami depuis la fameuse soirée où il avait suivi Mme Bonacieux. Il y a plus: à peine avait-il vu le jeune mousquetaire, et à chaque fois qu′il l′avait revu, il avait cru remarquer une profonde tristesse empreinte sur son visage.Su primera visita fue para Aramis; no había vuelto a casa de su amigo desde la famosa noche en que había seguido a la señora Bonacieux. Hay más: apenas había visto al joven mosquetero, y cada vez que lo había vuelto a ver, había creído observar una profunda tristeza en su rostro.
Ce soir encore, Aramis veillait sombre et rêveur; d′Artagnan lui fit quelques questions sur cette mélancolie profonde; Aramis s′excusa sur un commentaire du dix-huitième chapitre de saint Augustin qu′il était forcé d′écrire en latin pour la semaine suivante, et qui le préoccupait beaucoup.Aquella noche, Aramis velaba, sombrío y soñador; D′Artagnan le hizo algunas preguntas sobre aquella melancolía profunda; Aramis se excusó alegando un comentario del capítulo dieciocho de San Agustín que tenía que escribir en latín para la semana siguiente, y que le preocupaba mucho.
Comme les deux amis causaient depuis quelques instants, un serviteur de M. de Tréville entra porteur d′un paquet cacheté.Cuando los dos amigos hablaban desde hacía algunos instantes, un servidor del señor de Tréville entró llevando un sobre sellado.
«Qu′est-ce là? demanda Aramis.-¿Qué es eso? -preguntó Aramis.
— Le congé que monsieur a demandé, répondit le laquais.-El permiso que el señor ha pedido -respondió el lacayo.
— Moi, je n′ai pas demandé de congé.-Yo no he pedido ningún permiso.
— Taisez-vous et prenez, dit d′Artagnan. Et vous, mon ami, voici une demi-pistole pour votre peine; vous direz à M. de Tréville que M. Aramis le remercie bien sincèrement. Allez.»-Callaos y tomadlo -dijo D′Artagnan-. Y vos, amigo mío, tomad esta media pistola por la molestia; le diréis al señor de Tréville que el señor Aramis se lo agradece sinceramente. Idos.
Le laquais salua jusqu′à terre et sortit.El lacayo saludó hasta el suelo y salió.
«Que signifie cela? demanda Aramis.-¿Qué significa esto? -preguntó Aramis.
— Prenez ce qu′il vous faut pour un voyage de quinze jours, et suivez-moi.-Coged lo que os hace falta para un viaje de quince días y seguidme.
— Mais je ne puis quitter Paris en ce moment, sans savoir…»-Pero no puedo dejar Paris en este momento sin saber...
Aramis s′arrêta.Aramis se etuvo.
«Ce qu′elle est devenue, n′est-ce pas? continua d′Artagnan.-Lo que ha pasado con ella, ¿no es eso? -continuó D′Artagnan.
— Qui? reprit Aramis.-¿Quién? -prosiguió Aramis.
— La femme qui était ici, la femme au mouchoir brodé.-La mujer que estaba aquí, la mujer del pañuelo bordado.
— Qui vous a dit qu′il y avait une femme ici? répliqua Aramis en devenant pâle comme la mort.-¿Quién os ha dicho que aquí había una mujer? -replicó Aramis tornándose pálido como la muerte.
— Je l′ai vue.-Yo la vi.
— Et vous savez qui elle est?-¿Y sabéis quién es?
— Je crois m′en douter, du moins.-Creo sospecharlo al menos.
— Écoutez, dit Aramis, puisque vous savez tant de choses, savez- vous ce qu′est devenue cette femme?-Escuchad -dijo Aramis-, puesto que sabéis tantas cosas, ¿sabéis qué ha sido de esa mujer?
— Je présume qu′elle est retournée à Tours.-Presumo que ha vuelto a Tours.
— À Tours? oui, c′est bien cela, vous la connaissez. Mais comment est-elle retournée à Tours sans me rien dire?-¿A Tours? Sí, eso puede ser, la conocéis. Pero ¿cómo ha vuelto a Tours sin decirme nada?
— Parce qu′elle a craint d′être arrêtée.-Porque temió ser detenida.
— Comment ne m′a-t-elle pas écrit?-¿Cómo no me ha escrito?
— Parce qu′elle craint de vous compromettre.-Porque temió comprometeros.
— D′Artagnan, vous me rendez la vie! s′écria Aramis. Je me croyais méprisé, trahi. J′étais si heureux de la revoir! Je ne pouvais croire qu′elle risquât sa liberté pour moi, et cependant pour quelle cause serait-elle revenue à Paris?-¡D′Artagnan, me devolvéis la vida! -exclamó Aramis-. Me creía despreciado, traicionado. ¡Estaba tan contento de volverla a ver! Yo no podía creer que arriesgase su libertad por mí, y sin embargo, ¿por qué causa habrá vuelto a Paris?
— Pour la cause qui aujourd′hui nous fait aller en Angleterre.-Por la causa que hoy nos hace ir a Inglaterra.
— Et quelle est cette cause? demanda Aramis.-¿Y cuál es esa causa? -preguntó Aramis.
— Vous le saurez un jour, Aramis; mais, pour le moment, j′imiterai la retenue de la nièce du docteur.»-La sabréis un día, Aramis; por el momento, yo imitaré la discreción de la nieta del doctor.
Aramis sourit, car il se rappelait le conte qu′il avait fait certain soir à ses amis.Aramis sonrió, porque se acordaba del cuento que había referido cierta noche a sus amigos.
«Eh bien, donc, puisqu′elle a quitté Paris et que vous en êtes sûr, d′Artagnan, rien ne m′y arrête plus, et je suis prêt à vous suivre. Vous dites que nous allons?…-¡Pues bien! Dado que ella ha abandonado Paris y que vos estáis seguro de ello, D′Artagnan, nada me detiene aquí y yo estoy dispuesto a seguiros. Decís que vamos a...
— Chez Athos, pour le moment, et si vous voulez venir, je vous invite même à vous hâter, car nous avons déjà perdu beaucoup de temps. À propos, prévenez Bazin.-A casa de Athos por el momento, y, si queréis venir, os invito a daros prisa, porque hemos perdido ya demasiado tiempo. A propósito, avisad a Bazin.
— Bazin vient avec nous? demanda Aramis.-¿Bazin viene con nosotros? -preguntó Aramis.
— Peut-être. En tout cas, il est bon qu′il nous suive pour le moment chez Athos.»-Quizá. En cualquier caso, está bien que por ahora nos siga a casa de Athos.
Aramis appela Bazin, et après lui avoir ordonné de le venir joindre chez Athos:Aramis llamó a Bazin, y tras haberle ordenado ir a reunirse con él a casa de Athos,
«Partons donc», dit-il en prenant son manteau, son épée et ses trois pistolets, et en ouvrant inutilement trois ou quatre tiroirs pour voir s′il n′y trouverait pas quelque pistole égarée. Puis, quand il se fut bien assuré que cette recherche était superflue, il suivit d′Artagnan en se demandant comment il se faisait que le jeune cadet aux gardes sût aussi bien que lui quelle était la femme à laquelle il avait donné l′hospitalité, et sût mieux que lui ce qu′elle était devenue.tomando su capa, su espada y sus tres pistolas, y abriendo inútilmente tres o cuatro cajones para ver si encontraba en ellos alguna pistola extraviada, dijo: -Partamos, pues. Luego, cuando estuvo bien seguro de que aquella búsqueda era superflua, siguió a D′Artagnan, preguntándose cómo era que el joven cadete de los guardias había sabido quién era la mujer a la que él había dado hospitalidad y conociese mejor que él lo que había sido de ella.
Seulement, en sortant, Aramis posa sa main sur le bras de d′Artagnan, et le regardant fixement:Al salir, Aramis puso su mano sobre el brazo de D′Artagnan y, mirándole fijamente, dijo:
«Vous n′avez parlé de cette femme à personne? dit-il.-¿Vos no habéis hablado de esa mujer a nadie?
— À personne au monde.-A nadie en el mundo.
— Pas même à Athos et à Porthos?-¿Ni siquiera a Athos y a Porthos?
— Je ne leur en ai pas soufflé le moindre mot.-No les he soplado ni la menor palabra.
— À la bonne heure.»-En buena hora.
Et, tranquille sur ce point important, Aramis continua son chemin avec d′Artagnan, et tous deux arrivèrent bien tôt chez Athos.Y tranquilo respecto a este importante punto, Aramis continuó su camino con D′Artagnan, y pronto los dos juntos llegaron a casa de Athos.
Ils le trouvèrent tenant son congé d′une main et la lettre deM. de Tréville de l′autre.Lo encontraron con su permiso en una mano y la carta del señor de Tréville en la otra.
«Pouvez-vous m′expliquer ce que signifient ce congé et cette lettre que je viens de recevoir?» dit Athos étonné.-¿Podéis explicarme lo que significa este permiso y esta carta que acabo de recibir? -dijo Athos asombrado.
«Mon cher Athos, je veux bien, puisque votre santé l′exige absolument, que vous vous reposiez quinze jours. Allez donc prendre les eaux de Forges ou telles autres qui vous conviendront, et rétablissez-vous promptement."Mi querido Athos: Puesto que vuestra salud lo exige de modo indispensable, quiero que descanséis quince días. Id, pues, a tomar las aguas de Forges o cualquiera otra que os convenga, y restableceros pronto.
«Votre affectionnéVuestro afectísimo
«Tréville»Tréville."
«Eh bien, ce congé et cette lettre signifient qu′il faut me suivre, Athos.-Pues bien, ese permiso y esa carta significan que hay que seguirme, Athos.
— Aux eaux de Forges?-¿A las aguas de Forges?
— Là ou ailleurs.-Allí o a otra parte.
— Pour le service du roi?-¿Para servicio del rey?
— Du roi ou de la reine: ne sommes-nous pas serviteurs de LeursMajestés?»-Del rey o de la reina. ¿No somos servidores de Sus Majestades?
En ce moment, Porthos entra.En aquel momento entró Porthos.
«Pardieu, dit-il, voici une chose étrange: depuis quand, dans les mousquetaires, accorde-t-on aux gens des congés sans qu′ils les demandent?-¡Pardiez! -dijo-. Vaya cosa más extraña. ¿Desde cuándo entre los mosqueteros se concede a la gente permisos sin que los pidan?
— Depuis, dit d′Artagnan, qu′ils ont des amis qui les demandent pour eux.-Desde que tienen amigos que los piden para ellos -dijo D′Artagnan.
— Ah! ah! dit Porthos, il paraît qu′il y a du nouveau ici?-¡Ah, ah! -dijo Porthos-. Parece que hay novedades.
— Oui, nous partons, dit Aramis.-Sí, nos vamos -dijo Aramis.
— Pour quel pays? demanda Porthos.-¿Adónde? -preguntó Porthos.
— Ma foi, je n′en sais trop rien, dit Athos; demande cela à d′Artagnan.-A fe que no sé nada -dijo Athos-; pregúntaselo a D′Artagnan.
— Pour Londres, messieurs, dit d′Artagnan.-A Londres, señores -dijo D′Artagnan.
— Pour Londres! s′écria Porthos; et qu′allons-nous faire àLondres?-¡A Londres! -exclamó Porthos-. ¿Y qué vamos a hacer nosotros en Londres?
— Voilà ce que je ne puis vous dire, messieurs, et il faut vous fier à moi.-Eso es lo que no puedo deciros, señores, y tenéis que fiaros de mí.
— Mais pour aller à Londres, ajouta Porthos, il faut de l′argent, et je n′en ai pas.-Pero para ir a Londres -añadió Porthos-, se necesita dinero, y yo no lo tengo.
— Ni moi, dit Aramis.-Ni yo -dijo Aramis.
— Ni moi, dit Athos.-Ni yo -dijo Athos.
— J′en ai, moi, reprit d′Artagnan en tirant son trésor de sa poche et en le posant sur la table. Il y a dans ce sac trois cents pistoles; prenons-en chacun soixante-quinze; c′est autant qu′il en faut pour aller à Londres et pour en revenir. D′ailleurs, soyez tranquilles, nous n′y arriverons pas tous, à Londres.-Yo lo tengo -prosiguió D′Artagnan sacando su tesoro de su bolso y depositándolo sobre la mesa-. En esa bolsa hay trescientas pistolas; tomemos cada uno setenta y cinco; es más de lo que se necesita para ir a Londres y volver. Además, estad tranquilos, no todos llegaremos a Londres.
— Et pourquoi cela?-Y eso ¿por qué?
— Parce que, selon toute probabilité, il y en aura quelques-uns d′entre nous qui resteront en route.-Porque según todas las probabilidades, habrá alguno de nosotros que se quede en el camino.
— Mais est-ce donc une campagne que nous entreprenons?-¿Es acaso una campaña lo que emprendemos?
— Et des plus dangereuses, je vous en avertis.-Y de las más peligrosas, os lo advierto.
— Ah çà, mais, puisque nous risquons de nous faire tuer, ditPorthos, je voudrais bien savoir pourquoi, au moins?-¡Vaya! Pero dado que corremos el riesgo de hacernos matar -dijo Porthos-, me gustaría saber por qué al menos.
— Tu en seras bien plus avancé! dit Athos.-Lo sabrás más adelante -dijo Athos.
— Cependant, dit Aramis, je suis de l′avis de Porthos.-Sin embargo -dijo Aramis-, yo soy de la opinión de Porthos.
— Le roi a-t-il l′habitude de vous rendre des comptes? Non; il vous dit tout bonnement: "Messieurs, on se bat en Gascogne ou dans les Flandres; allez vous battre", et vous y allez. Pourquoi? vous ne vous en inquiétez même pas.-¿Suele el rey rendiros cuenta? No, os dice buenamente: Señores se pelea en Gascuña o en Flandes, id a batiros; y vos vais. ¿Por qué? No os preocupáis siquiera.
— D′Artagnan a raison, dit Athos, voilà nos trois congés qui viennent de M. de Tréville, et voilà trois cents pistoles qui viennent je ne sais d′où. Allons nous faire tuer où l′on nous dit d′aller. La vie vaut-elle la peine de faire autant de questions? D′Artagnan, je suis prêt à te suivre.-D′Artagnan tiene razón -dijo Athos-, aquí están nuestros tres permisos que proceden del señor de Tréville, y ahí hay trescientas pistolas que vienen de no sé dónde. Vamos a hacernos matar allí donde se nos dice que vayamos. ¿Vale la vida la pena de hacer tantas preguntas? D′Artagnan, yo estoy dispuesto a seguirte.
— Et moi aussi, dit Porthos.-Y yo también -dijo Porthos.
— Et moi aussi, dit Aramis. Aussi bien, je ne suis pas fâché de quitter Paris. J′ai besoin de distractions.-Y yo también -dijo Aramis-. Además, no me molesta dejar París. Necesito distracciones.
— Eh bien, vous en aurez, des distractions, messieurs, soyez tranquilles, dit d′Artagnan.-¡Pues bien, tendréis distracciones, señores, estad tranquilos! -dijo D′Artagnan.
— Et maintenant, quand partons-nous? dit Athos.-Y ahora, ¿cuándo partimos? -dijo Athos.
— Tout de suite, répondit d′Artagnan, il n′y a pas une minute à perdre.-Inmediatamente -respondió D′Artagnan-; no hay un minuto que perder.
— Holà! Grimaud, Planchet, Mousqueton, Bazin! crièrent les quatre jeunes gens appelant leurs laquais, graissez nos bottes et ramenez les chevaux de l′hôtel.»-¡Eh, Grimaud, Planchet, Mosquetón, Bazin! -gritaron los cuatro jóvenes llamando a sus lacayos-. Dad grasa a nuestras botas y traed los caballos de palacio.
En effet, chaque mousquetaire laissait à l′hôtel général comme à une caserne son cheval et celui de son laquais.En efecto, cada mosquetero dejaba en el palacio general, como en un cuartel, su caballo y el de su criado.
Planchet, Grimaud, Mousqueton et Bazin partirent en toute hâte.Planchet, Grimaud, Mosquetón y Bazin partieron a todo correr.
«Maintenant, dressons le plan de campagne, dit Porthos. Où allons- nous d′abord?-Ahora, establezcamos el plan de campaña -dijo Porthos-. ¿Dónde vamos primero?
— À Calais, dit d′Artagnan; c′est la ligne la plus directe pour arriver à Londres.-A Calais -dijo D′Artagnan-; es la línea más recta para llegar a Londres.
— Eh bien, dit Porthos, voici mon avis.-¡Bien! -dijo Porthos-. Mi opinión es ésta.
— Parle.-Habla.
— Quatre hommes voyageant ensemble seraient suspects: d′Artagnan nous donnera à chacun ses instructions, je partirai en avant par la route de Boulogne pour éclairer le chemin; Athos partira deux heures après par celle d′Amiens; Aramis nous suivra par celle de Noyon; quant à d′Artagnan, il partira par celle qu′il voudra, avec les habits de Planchet, tandis que Planchet nous suivra en d′Artagnan et avec l′uniforme des gardes.-Cuatro hombres que viajan juntos serían sospechosos; D′Artagnan nos dará a cada uno sus instrucciones, yo partiré delante por la ruta de Boulogne para aclarar el camino; Athos partirá dos horas después por la de Amiens; Aramis nos seguirá por la de Noyon; en cuanto a D′Artagnan, partirá por la que quiera, con los vestidos de Planchet, mientras Planchet nos seguirá vestido de D′Artagnan y con el uniforme de los guardias.
— Messieurs, dit Athos, mon avis est qu′il ne convient pas de mettre en rien des laquais dans une pareille affaire: un secret peut par hasard être trahi par des gentilshommes, mais il est presque toujours vendu par des laquais.-Señores -dijo Athos-, mi opinión es que no conviene meter para nada lacayos en un asunto semejante; un secreto puede ser traicionado por azar por gentileshombres, pero es casi siempre vendido por lacayos.
— Le plan de Porthos me semble impraticable, dit d′Artagnan, en ce que j′ignore moi-même quelles instructions je puis vous donner. Je suis porteur d′une lettre, voilà tout. Je n′ai pas et ne puis faire trois copies de cette lettre, puisqu′elle est scellée; il faut donc, à mon avis, voyager de compagnie. Cette lettre est là, dans cette poche. Et il montra la poche où était la lettre. Si je suis tué, l′un de vous la prendra et vous continuerez la route; s′il est tué, ce sera le tour d′un autre, et ainsi de suite; pourvu qu′un seul arrive, c′est tout ce qu′il faut.-El plan de Porthos me parece impracticable -dijo D′Artagnan-, porque yo mismo ignoro qué instrucciones puedo daros. Yo soy portador de una carta, eso es todo. No la sé y por tanto no puedo hacer tres copias de esa carta, puesto que está sellada; en mi opinión, hay que viajar en compañía. Esa carta está aquí, en mi bolsillo -y mostró el bolsillo en que estaba la carta-. Si muero, uno de vosotros la cogerá y continuaréis la ruta; si éste muere, le tocará a otro, y así sucesivamente; con tal que uno solo llegue, se habrá hecho lo que había que hacer.
— Bravo, d′Artagnan! ton avis est le mien, dit Athos. Il faut être conséquent, d′ailleurs: je vais prendre les eaux, vous m′accompagnerez; au lieu des eaux de Forges, je vais prendre les eaux de mer; je suis libre. On veut nous arrêter, je montre la lettre de M. de Tréville, et vous montrez vos congés; on nous attaque, nous nous défendons; on nous juge, nous soutenons mordicus que nous n′avions d′autre intention que de nous tremper un certain nombre de fois dans la mer; on aurait trop bon marché de quatre hommes isolés, tandis que quatre hommes réunis font une troupe. Nous armerons les quatre laquais de pistolets et de mousquetons; si l′on envoie une armée contre nous, nous livrerons bataille, et le survivant, comme l′a dit d′Artagnan, portera la lettre.-¡Bravo, D′Artagnan! Tu opinión es la mía -dijo Athos-. Además, hay que ser consecuente: voy a tomar las aguas, vosotros me acompañáis; en lugar de Forges, voy a tomar baños de mar: soy libre. Si se nos quiere detener, muestro la carta del señor de Tréville, y vosotros mostráis vuestros permisos; si se nos ataca, nosotros nos defenderemos; si se nos juzga, defenderemos erre que erre que no teníamos otra intención que meternos cierto número de veces en el mar; darían buena cuenta de cuatro hombres aislados, mientras que cuatro hombres juntos son una tropa. Armaremos a los cuatro lacayos de pistolas y mosquetones; si se envía un ejército contra nosotros, libraremos batalla, y el superviviente, como ha dicho D′Artagnan, llevará la carta.
— Bien dit, s′écria Aramis; tu ne parles pas souvent, Athos, mais quand tu parles, c′est comme saint Jean Bouche d′or. J′adopte le plan d′Athos. Et toi, Porthos?-Bien dicho -exclamó Aramis-; no hablas con frecuencia, Athos, pero cuando hablas es como San Juan Boca de Oro. Adopto el plan de Athos. ¿Y tú, Porthos?
— Moi aussi, dit Porthos, s′il convient à d′Artagnan. D′Artagnan, porteur de la lettre, est naturellement le chef de l′entreprise; qu′il décide, et nous exécuterons.-Yo también -dijo Porthos-, si conviene a D′Artagnan. D′Artagnan, portador de la carta, es naturalmente el jefe de la empresa; que él decida y nosotros obedeceremos.
— Eh bien, dit d′Artagnan, je décide que nous adoptions le plan d′Athos et que nous partions dans une demi-heure.-Pues bien -dijo D′Artagnan-, decido que adoptemos el plan de Athos y que partamos dentro de media hora.
— Adopté!» reprirent en choeur les trois mousquetaires.-¡Adoptado! -contestaron a coro los tres mosqueteros.
Et chacun, allongeant la main vers le sac, prit soixante-quinze pistoles et fit ses préparatifs pour partir à l′heure convenue.Y cada cual alargando la mano hacia la bolsa, cogió setenta y cinco pistolas a hizo sus preparativos para partir a la hora convenida.






CHAPITRE XX VOYAGE

Capítulo XX -- El viaje

À deux heures du matin, nos quatre aventuriers sortirent de Paris par la barrière Saint-Denis; tant qu′il fit nuit, ils restèrent muets; malgré eux, ils subissaient l′influence de l′obscurité et voyaient des embûches partout.A las dos de la mañana, nuestros cuatro aventureros salieron de Paris por la puerta de Saint-Denis; mientras fue de noche, permanecieron mudos; a su pesar, sufrían la influencia de la oscuridad y veían acechanzas por todas partes.
Aux premiers rayons du jour, leurs langues se délièrent; avec le soleil, la gaieté revint: c′était comme à la veille d′un combat, le coeur battait, les yeux riaient; on sentait que la vie qu′on allait peut-être quitter était, au bout du compte, une bonne chose.A los primeros rayos del día, sus lenguas se soltaron; con el sol, la alegría volvió: era como en la víspera de un combate, el corazón palpitaba, los ojos reían; se sentía que la vida que quizá se iba a abandonar era, a fin de cuentas, algo bueno.
L′aspect de la caravane, au reste, était des plus formidables: les chevaux noirs des mousquetaires, leur tournure martiale, cette habitude de l′escadron qui fait marcher régulièrement ces nobles compagnons du soldat, eussent trahi le plus strict incognito.El aspecto de la caravana, por lo demás, era de lo más formidable: los caballos negros de los mosqueteros, su aspecto marcial, esa costumbre de escuadrón que hace marchar regularmente a esos nobles compañeros del soldado hubieran traicionado el incógnito más estricto.
Les valets suivaient, armés jusqu′aux dents.Los seguían los criados, armados hasta los dientes.
Tout alla bien jusqu′à Chantilly, où l′on arriva vers les huit heures du matin. Il fallait déjeuner. On descendit devant une auberge que recommandait une enseigne représentant saint Martin donnant la moitié de son manteau à un pauvre. On enjoignit aux laquais de ne pas desseller les chevaux et de se tenir prêts à repartir immédiatement.Todo fue bien hasta Chantilly, adonde llegaron hacia las ocho de la mañana. Había que desayunar. Descendieron ante un albergue que recomendaba una muestra que representaba a San Martín dando la mitad de su capa a un pobre. Ordenaron a los lacayos no desensillar los caballos y mantenerse dispuestos para volver a partir inmediatamente.
On entra dans la salle commune, et l′on se mit à table. Un gentilhomme, qui venait d′arriver par la route de Dammartin, était assis à cette même table et déjeunait. Il entama la conversation sur la pluie et le beau temps; les voyageurs répondirent: il but à leur santé; les voyageurs lui rendirent sa politesse.Entraron en la sala común y se sentaron en una mesa. Un gentilhombre que acababa de llegar por la ruta de San Martín estaba sentado en aquella misma mesa y desayunaba. El entabló conversación sobre cosas sin importancia y los viajeros respondieron; él bebió a su salud y los viajeros le devolvieron la cortesia.
Mais au moment où Mousqueton venait annoncer que les chevaux étaient prêts et où l′on se levait de table l′étranger proposa à Porthos la santé du cardinal. Porthos répondit qu′il ne demandait pas mieux, si l′étranger à son tour voulait boire à la santé du roi. L′étranger s′écria qu′il ne connaissait d′autre roi que Son Éminence. Porthos l′appela ivrogne; l′étranger tira son épée.Pero en el momento en que Mosquetón venía a anunciar que los caballos estaban listos y que se levantaba la mesa, el extranjero propuso a Porthos beber a la salud del cardenal. Porthos respondio que no deseaba otra cosa si el desconocido, a su vez, quería beber a la salud del rey. El desconocido exclamó que no conocía más rey que Su Eminencia. Porthos lo llamó borracho; el desconocido saco su espada.
«Vous avez fait une sottise, dit Athos; n′importe, il n′y a plus à reculer maintenant: tuez cet homme et venez nous rejoindre le plus vite que vous pourrez.»-Habéis hecho una tontería -dijo Athos-; no importa, ya no se puede retroceder ahora: matad a ese hombre y venid a reuniros con nosotros lo más rápido que podáis.
Et tous trois remontèrent à cheval et repartirent à toute bride, tandis que Porthos promettait à son adversaire de le perforer de tous les coups connus dans l′escrime.Y los tres volvieron a montar a caballo y partieron a rienda suelta, mientras que Porthos prometía a su adversario perforarle con todas las estocadas conocidas en la esgrima.
«Et d′un! dit Athos au bout de cinq cents pas.-¡Unol -dijo Athos al cabo de quinientos pasos.
— Mais pourquoi cet homme s′est-il attaqué à Porthos plutôt qu′à tout autre? demanda Aramis.-Pero ¿por qué ese hombre ha atacado a Porthos y no a cualquier otro? -preguntó Aramis.
— Parce que, Porthos parlant plus haut que nous tous il l′a pris pour le chef, dit d′Artagnan.-Porque por hablar Porthos más alto que todos nosotros, le ha tomado por el jefe -dijo D′Artagnan.
— J′ai toujours dit que ce cadet de Gascogne était un puits de sagesse», murmura Athos.-Siempre he dicho que este cadete de Gascuña era un pozo de sabiduría -murmuró Athos.
Et les voyageurs continuèrent leur route.Y los viajeros continuaron su ruta.
À Beauvais, on s′arrêta deux heures, tant pour faire souffler les chevaux que pour attendre Porthos. Au bout de deux heures, comme Porthos n′arrivait pas, ni aucune nouvelle de lui, on se remit en chemin.En Beauvais se detuvieron dos horas, tanto para dejar respirar a los caballos como para esperar a Porthos. Al cabo de dos horas, como Porthos no llegaba, ni noticia alguna de él, volvieron a ponerse en camino.
À une lieue de Beauvais, à un endroit où le chemin se trouvait resserré entre deux talus, on rencontra huit ou dix hommes qui, profitant de ce que la route était dépavée en cet endroit, avaient l′air d′y travailler en y creusant des trous et en pratiquant des ornières boueuses.A una legua de Beauvais, en un lugar en que el camino se encontraba encajonado entre dos taludes, encontraron ocho o diez hombres que, aprovechando que la ruta estaba desempedrada en aquel lugar, fingían trabajar en ella cavando agujeros y haciendo rodadas en el fango.
Aramis, craignant de salir ses bottes dans ce mortier artificiel, les apostropha durement. Athos voulut le retenir, il était trop tard. Les ouvriers se mirent à railler les voyageurs, et firent perdre par leur insolence la tête même au froid Athos qui poussa son cheval contre l′un d′eux.Aramis, temiendo ensuciarse sus botas en aquel mortero artificial, los apostrofó duramente. Athos quiso retenerlo; era demasiado tarde. Los obreros se pusieron a insultar a los viajeros a hicieron perder con su insolencia la cabeza incluso al frío Athos, que lanzó su caballo contra uno de ellos.
Alors chacun de ces hommes recula jusqu′au fossé et y prit un mousquet caché; il en résulta que nos sept voyageurs furent littéralement passés par les armes. Aramis reçut une balle qui lui traversa l′épaule, et Mousqueton une autre balle qui se logea dans les parties charnues qui prolongent le bas des reins. Cependant Mousqueton seul tomba de cheval, non pas qu′il fût grièvement blessé, mais, comme il ne pouvait voir sa blessure, sans doute il crut être plus dangereusement blessé qu′il ne l′était.Entonces, todos aquellos hombres retrocedieron hasta una zanja y cogieron mosquetes ocultos; resultó de ello que nuestros siete viajeros fueron literalmente pasados por las armas. Aramis recibió una bala que le atravesó el hombro, y Mosquetón otra que se alojó en las partes carnosas que prolongan el bajo de los riñones. Sin embargo, Mosquetón sólo se cayó del caballo, no porque estuviera gravemente herido, sino porque como no podía ver su herida creyó sin duda estar más peligrosamente herido de lo que lo estaba.
«C′est une embuscade, dit d′Artagnan, ne brûlons pas une amorce, et en route.»-Es una emboscada -dijo D′Artagnan-, no piquemos el cebo, y en marcha.
Aramis, tout blessé qu′il était, saisit la crinière de son cheval, qui l′emporta avec les autres. Celui de Mousqueton les avait rejoints, et galopait tout seul à son rang.Aramis, aunque herido como estaba se agarró a las crines de su caballo, que le llevó con los otros. El de Mosquetón se les había reunido y galopaba completamente solo a su lado.
«Cela nous fera un cheval de rechange, dit Athos.-Así tendremos un caballo de recambio -dijo Athos.
— J′aimerais mieux un chapeau, dit d′Artagnan, le mien a été emporté par une balle. C′est bien heureux, ma foi, que la lettre que je porte n′ait pas été dedans.-Preferiría tener un sombrero -dijo D′Artagnan-; el mío se lo ha llevado una bala. Ha sido una suerte que la carta que llevo no haya estado dentro.
— Ah çà, mais ils vont tuer le pauvre Porthos quand il passera, dit Aramis.-¡Vaya, van a matar al pobre Porthos cuando pase! -dijo Aramis.
— Si Porthos était sur ses jambes, il nous aurait rejoints maintenant, dit Athos. M′est avis que, sur le terrain, l′ivrogne se sera dégrisé.»-Si Porthos estuviera sobre sus piernas, ya se nos habría unido -dijo Athos-. Mi opinión es que, sobre la marcha, el borracho se ha despejado.
Et l′on galopa encore pendant deux heures, quoique les chevaux fussent si fatigués, qu′il était à craindre qu′ils ne refusassent bientôt le service.Y galoparon aún durante dos horas, aunque los caballos estuvieran tan fatigados que era de temer que negasen muy pronto el servicio.
Les voyageurs avaient pris la traverse, espérant de cette façon être moins inquiétés, mais, à Crève-coeur, Aramis déclara qu′il ne pouvait aller plus loin. En effet, il avait fallu tout le courage qu′il cachait sous sa forme élégante et sous ses façons polies pour arriver jusque-là. À tout moment il pâlissait, et l′on était obligé de le soutenir sur son cheval; on le descendit à la porte d′un cabaret, on lui laissa Bazin qui, au reste, dans une escarmouche, était plus embarrassant qu′utile, et l′on repartit dans l′espérance d′aller coucher à Amiens.Los viajeros habían cogido la trocha, esperando de esta forma ser menos inquietados; pero en Crèvecoeur, Aramis declaró que no podía seguir. En efecto, había necesitado de todo su coraje que ocultaba bajo su forma elegante y sus ademanes corteses para llegar hasta allí. A cada momento palidecía, y tenían que sostenerlo sobre su caballo; lo bajaron a la puerta de una taberna, le dejaron a Bazin que, por lo demás, en una escaramuza era más embarazoso que útil, y volvieron a partir con la esperanza de ir a dormir a Amiens.
«Morbleu! dit Athos, quand ils se retrouvèrent en route, réduits à deux maîtres et à Grimaud et Planchet, morbleu! je ne serai plus leur dupe, et je vous réponds qu′ils ne me feront pas ouvrir la bouche ni tirer l′épée d′ici à Calais. J′en jure…-¡Pardiez! -dijo Athos cuando se encontraron en camino, reducidos a dos amos y a Grimaud y Planchet-. ¡Pardiez! No seré yo su víctima, y os aseguro que no me harán abrir la boca ni sacar la espada de aquí a Calais... Lo juro...
— Ne jurons pas, dit d′Artagnan, galopons, si toutefois nos chevaux y consentent.»-No juremos -dijo D′Artagnan-, golopemos si nuestros caballos consienten en ello.
Et les voyageurs enfoncèrent leurs éperons dans le ventre de leurs chevaux, qui, vigoureusement stimulés, retrouvèrent des forces. On arriva à Amiens à minuit, et l′on descendit à l′auberge du Lis d′Or.Y los viajeros hundieron sus espuelas en el vientre de sus caballos, que, vigorosamente estimulados, volvieron a encontrar fuerzas. Llegaron a Amiens a medianoche y descendieron en el albergue del Lis d′Or.
L′hôtelier avait l′air du plus honnête homme de la terre, il reçut les voyageurs son bougeoir d′une main et son bonnet de coton de l′autre; il voulut loger les deux voyageurs chacun dans une charmante chambre, malheureusement chacune de ces chambres était à l′extrémité de l′hôtel. D′Artagnan et Athos refusèrent; l′hôte répondit qu′il n′y en avait cependant pas d′autres dignes de Leurs Excellences; mais les voyageurs déclarèrent qu′ils coucheraient dans la chambre commune, chacun sur un matelas qu′on leur jetterait à terre. L′hôte insista, les voyageurs tinrent bon; il fallut faire ce qu′ils voulurent.El hostelero tenía el aspecto del más honesto hombre de la tierra; recibió a los viajeros con su palmatoria en una mano y su bonete de algodón en la otra; quiso alojar a los dos viajeros a cada uno en una habitación encantadora, pero desgraciadamente cada una de aquellas habitaciones estaba en una punta del hotel. D′Artagnan y Athos las rechazaron; el hostelero respondió,que no había otras dignas de Sus Excelencias; pero los viajeros declararon que se acostarían en la habitación común, cada uno sobre un colchón que pondrían en el suelo. El hostelero insistió, los viajeros se obstinaron: hubo que hacer lo que querían.
Ils venaient de disposer leur lit et de barricader leur porte en dedans, lorsqu′on frappa au volet de la cour; ils demandèrent qui était là, reconnurent la voix de leurs valets et ouvrirent.Acababan de disponer el lecho y de atrancar la puerta por dentro, cuando llamaron al postigo del patio; preguntaron quién estaba allí, reconocieron la voz de sus criados y abrieron.
En effet, c′étaient Planchet et Grimaud.En efecto, eran Planchet y Grimaud.
«Grimaud suffira pour garder les chevaux, dit Planchet; si ces messieurs veulent, je coucherai en travers de leur porte; de cette façon-là, ils seront sûrs qu′on n′arrivera pas jusqu′à eux.-Grimaud bastará para guardar los caballos -dijo Planchet-; si los señores quieren, yo me acostaré atravesando la puerta; de esta forma, estarán seguros de que nadie llegará hasta ellos.
— Et sur quoi coucheras-tu? dit d′Artagnan.-¿Y en qué te acostarás? -dijo D′Artagnan.
— Voici mon lit», répondit Planchet.-He aquí mi cama -respondió Planchet.
Et il montra une botte de paille.Y mostró un haz de paja.
«Viens donc, dit d′Artagnan, tu as raison: la figure de l′hôte ne me convient pas, elle est trop gracieuse.-Ven entonces -dijo D′Artagnan-; tienes razón: la cara del hostelero no me gusta, es demasiado graciosa.
— Ni à moi non plus», dit Athos.-Ni a mí tampoco -dijo Athos.
Planchet monta par la fenêtre, s′installa en travers de la porte, tandis que Grimaud allait s′enfermer dans l′écurie, répondant qu′à cinq heures du matin lui et les quatre chevaux seraient prêts.Planchet subió por la ventana y se instaló atravesado junto a la puerta, mientras Grimaud iba a encerrarse en la cuadra, respondiendo de que a las cinco él y los cuatro caballos estarían dispuestos.
La nuit fut assez tranquille, on essaya bien vers les deux heures du matin d′ouvrir la porte, mais comme Planchet se réveilla en sursaut et cria: Qui va là? on répondit qu′on se trompait, et on s′éloigna.La noche fue bastante tranquila. Hacia las dos de la mañana intentaron abrir la puerta, pero cuando Ptanchet se despertó sobresaltado y gritó: "¿Quién va?", le respondieron que se equivocaban, y se alejaron.
À quatre heures du matin, on entendit un grand bruit dans les écuries. Grimaud avait voulu réveiller les garçons d′écurie, et les garçons d′écurie le battaient. Quand on ouvrit la fenêtre, on vit le pauvre garçon sans connaissance, la tête fendue d′un coup de manche à fourche.A las cuatro de la mañana, se oyó un gran escándalo en las cuadras; Grimaud había querido despertar a los mozos de cuadra, y los mozos de cuadra le golpeaban. Cuando abrieron la ventana, se vio al pobre muchacho sin conocimiento, la cabeza hendida por un golpe del mango de un horcón.
Planchet descendit dans la cour et voulut seller les chevaux; les chevaux étaient fourbus. Celui de Mousqueton seul, qui avait voyagé sans maître pendant cinq ou six heures la veille, aurait pu continuer la route; mais, par une erreur inconcevable, le chirurgien vétérinaire qu′on avait envoyé chercher, à ce qu′il paraît, pour saigner le cheval de l′hôte, avait saigné celui de Mousqueton.Planchet bajó entonces al patio y quiso ensillar los caballos; los caballos estaban extenuados. Sólo el de Mosquetón, que había viajado sin amo durante cinco o seis horas la víspera, habría podido continuar la ruta; pero por un error inconcebible, el veterinario al que se había mandado a buscar, según parecía, para sangrar al caballo del hostelero, había sangrado al de Mosquetón.
Cela commençait à devenir inquiétant: tous ces accidents successifs étaient peut-être le résultat du hasard, mais ils pouvaient tout aussi bien être le fruit d′un complot. Athos et d′Artagnan sortirent, tandis que Planchet allait s′informer s′il n′y avait pas trois chevaux à vendre dans les environs. À la porte étaient deux chevaux tout équipés, frais et vigoureux. Cela faisait bien l′affaire. Il demanda où étaient les maîtres; on lui dit que les maîtres avaient passé la nuit dans l′auberge et réglaient leur compte à cette heure avec le maître.Aquello comenzaba a ser inquietante: todos aquellos accidentes sucesivos eran quizá resultado del azar, pero podían también ser muy bien fruto de una conspiración. Athos y D′Artagnan salieron, mientras Planchet iba a informarse de si había tres caballos en venta por los alrededores. A la puerta había dos caballos completamente equipados, fuertes y vigorosos. Aquello arreglaba el asunto. Preguntó dónde estaban los dueños; le dijeron que los dueños habían pasado la noche en el albergue y saldaban su cuenta en aquel momento con el amo.
Athos descendit pour payer la dépense, tandis que d′Artagnan et Planchet se tenaient sur la porte de la rue; l′hôtelier était dans une chambre basse et reculée, on pria Athos d′y passer.Athos bajó para pagar el gasto, mientras D′Artagnan y Planchet estaban en la puerta de la caller el hostelero se hallaba en una habitación baja y alejada, a la que rogó a Athos que pasase.
Athos entra sans défiance et tira deux pistoles pour payer: l′hôte était seul et assis devant son bureau, dont un des tiroirs était entrouvert. Il prit l′argent que lui présenta Athos, le tourna et le retourna dans ses mains, et tout à coup, s′écriant que la pièce était fausse, il déclara qu′il allait le faire arrêter, lui et son compagnon, comme faux-monnayeurs.Athos entró sin desconfianza y sacó dos pistolas para pagar: el hostelero estaba solo y sentado ante su mesa, uno de cuyos cajones estaba entreabierto. Tomó el dinero que le ofreció Athos, lo hizo dar vueltas y más vueltas en sus manos y de pronto, gritando que la moneda era falsa, declaró que iba a hacerle detener, a él y a su compañero, por monederos falsos.
«Drôle! dit Athos, en marchant sur lui, je vais te couper les oreilles!»-¡Bribón! -dijo Athos, avanzando hacia él-. ¡Voy a cortarte las orejas!
Au même moment, quatre hommes armés jusqu′aux dents entrèrent par les portes latérales et se jetèrent sur Athos.En aquel mismo instante, cuatro hombres armados hasta los dientes entraron por las puertas laterales y se arrojaron sobre Athos.
«Je suis pris, cria Athos de toutes les forces de ses poumons; au large, d′Artagnan! pique, pique!» et il lâcha deux coups de pistolet.-¡Me han cogido! -gritó Athos con todas las fuerzas de sus pulmones-. ¡Largaos, D′Artagnan! ¡Pica espuelas, pícalas! -y soltó dos tiros de pistola.
D′Artagnan et Planchet ne se le firent pas répéter à deux fois, ils détachèrent les deux chevaux qui attendaient à la porte, sautèrent dessus, leur enfoncèrent leurs éperons dans le ventre et partirent au triple galop.D′Artagnan y Planchet no se lo hicieron repetir dos veces, soltaron los dos caballos que esperaban a la puerta, saltaron encima, les hundieron las espuelas en el vientre y partieron a galope tendido.
«Sais-tu ce qu′est devenu Athos? demanda d′Artagnan à Planchet en courant.-¿Sabes qué ha sido de Athos? -preguntó D′Artagnan a Planchet mientras corrían.
— Ah! monsieur, dit Planchet, j′en ai vu tomber deux à ses deux coups, et il m′a semblé, à travers la porte vitrée, qu′il ferraillait avec les autres.-¡Ay, señor! -dijo Planchet-. He visto caer a dos por los dos disparos, y me ha parecido, a través de la vidriera, que luchaba con la espada con los otros.
— Brave Athos! murmura d′Artagnan. Et quand on pense qu′il faut l′abandonner! Au reste, autant nous attend peut-être à deux pas d′ici. En avant, Planchet, en avant! tu es un brave homme.-¡Bravo, Athos! -murmuró D′Artagnan-. ¡Cuando pienso que hay que abandonarlo! De todos modos, quizá nos espera otro tanto a dos pasos de aquí. ¡Adelante, Planchet, adelante! Eres un valiente.
— Je vous l′ai dit, monsieur, répondit Planchet, les Picards, ça se reconnaît à l′user; d′ailleurs je suis ici dans mon pays, ça m′excite.»-Ya os lo dije, señor -respondió Planchet-; en los picardos, eso se ve con el uso, estoy en mi tierra, y eso me excita.
Et tous deux, piquant de plus belle, arrivèrent à Saint-Omer d′une seule traite. À Saint-Omer, ils firent souffler les chevaux la bride passée à leurs bras, de peur d′accident, et mangèrent un morceau sur le pouce tout debout dans la rue; après quoi ils repartirent.Y los dos juntos, picando espuelas, llegaron a Saint-Omer de un solo tirón. En Saint-Omer hicieron respirar a los caballos brida en mano, por miedo a contratiempos, y comieron un bocado deprisa y de pie en la calle; tras lo cual, volvieron a partir.
À cent pas des portes de Calais, le cheval de d′Artagnan s′abattit, et il n′y eut pas moyen de le faire se relever: le sang lui sortait par le nez et par les yeux, restait celui de Planchet, mais celui-là s′était arrêté, et il n′y eut plus moyen de le faire repartir.A cien pasos de las puertas de Calais, el caballo de D′Artagnan cayó, y ya no hubo medio de hacerlo levantarse: la sangre le salía por la nariz y por los ojos; quedaba sólo el de Planchet, pero éste se había parado y no hubo medio de hacerle andar.
Heureusement, comme nous l′avons dit, ils étaient à cent pas de la ville; ils laissèrent les deux montures sur le grand chemin et coururent au port. Planchet fit remarquer à son maître un gentilhomme qui arrivait avec son valet et qui ne les précédait que d′une cinquantaine de pas.Afortunadamente, como hemos dicho, estaban a cien pasos de la ciudad; dejaron las dos monturas en la carretera y corrieron al puerto. Planchet hizo observar a su amo un gentilhombre que llegaba con su criado y que no les precedía más que en una cincuentena de pasos.
Ils s′approchèrent vivement de ce gentilhomme, qui paraissait fort affairé. Il avait ses bottes couvertes de poussière, et s′informait s′il ne pourrait point passer à l′instant même en Angleterre.Se aproximaron rápidamente a aquel hombre que parecía muy agitado. Tenía las botas cubiertas de polvo y se informaba sobre si podría pasar en aquel mismo momento a Inglaterra.
«Rien ne serait plus facile, répondit le patron d′un bâtiment prêt à mettre à la voile; mais, ce matin, est arrivé l′ordre de ne laisser partir personne sans une permission expresse de M. le cardinal.-Nada sería más fácil -le respondió el patrón de un navío dispuesto a hacerse a la vela-; pero esta mañana ha llegado la orden de no dejar partir a nadie sin un permiso expreso del señor cardenal.
— J′ai cette permission, dit le gentilhomme en tirant un papier de sa poche; la voici.-Tengo ese permiso -dijo el gentilhombre sacando un papel de su bolso-; aquí está.
— Faites-la viser par le gouverneur du port, dit le patron, et donnez-moi la préférence.-Hacedlo visar por el gobernador del puerto -dijo el patrón y dadme preferencia.
— Où trouverai-je le gouverneur?-¿Dónde encontraré al gobernador?
— À sa campagne.-En su casa de campo.
— Et cette campagne est située?-¿Y dónde está situada esa casa?
À un quart de lieue de la ville; tenez, vous la voyez d′ici, au pied de cette petite Éminence, ce toit en ardoises.-A un cuarto de legua de la villa; mirad, desde aquí la veréis al pie de aquella pequeña prominencia, aquel techo de pizarra.
— Très bien!» dit le gentilhomme.-¡Muy bien! -dijo el gentilhombre.
Et, suivi de son laquais, il prit le chemin de la maison de campagne du gouverneur.Y seguido de su lacayo, tomó el cam¡no de la casa de campo del gobernador.
D′Artagnan et Planchet suivirent le gentilhomme à cinq cents pas de distance.D′Artagnan y Planchet siguieron al gentilhombre a quinientos pasos de distancia.
Une fois hors de la ville, d′Artagnan pressa le pas et rejoignit le gentilhomme comme il entrait dans un petit bois.Una vez fuera de la villa, D′Artagnan apresuró el paso y alcanzó al gentilhombre cuando éste entraba en un bosquecillo.
«Monsieur, lui dit d′Artagnan, vous me paraissez fort pressé?-Señor -le dijo D′Artagnan-, parece que tenéis mucha prisa.
— On ne peut plus pressé, monsieur.-No puedo tener más, señor.
— J′en suis désespéré, dit d′Artagnan, car, comme je suis très pressé aussi, je voulais vous prier de me rendre un service.-Estoy desesperado -dijo D′Artagnan-, porque como también tengo prisa, querría pediros un favor.
— Lequel?-¿Cuál?
— De me laisser passer le premier.-Que me dejéis pasar primero.
— Impossible, dit le gentilhomme, j′ai fait soixante lieues en quarante-quatre heures, et il faut que demain à midi je sois à Londres.-Imposible -dijo el gentilhombre-; he hecho sesenta leguas en cuarenta y cuatro horas y es preciso que mañana a mediodía esté en Londres.
— J′ai fait le même chemin en quarante heures, et il faut que demain à dix heures du matin je sois à Londres.-Y yo he hecho el mismo camino en cuarenta horas y es preciso que mañana a las diez de la mañana esté en Londres.
— Désespéré, monsieur; mais je suis arrivé le premier et je ne passerai pas le second.-Caso perdido, señor; pero yo he llegado el primero y no pasaré el segundo.
— Désespéré, monsieur; mais je suis arrivé le second et je passerai le premier.-Caso perdido, señor; pero yo he llegado el segundo y pasaré el primero.
— Service du roi! dit le gentilhomme.-¡Servicio del rey! -dijo el gentilhombre.
— Service de moi! dit d′Artagnan.-¡Servicio mío! -dijo D′Artagnan.
— Mais c′est une mauvaise querelle que vous me cherchez là, ce me semble.-Me parece que es una mala pelea la que me buscáis.
— Parbleu! que voulez-vous que ce soit?-¡Pardiez! ¿Qué queréis que sea?
— Que désirez-vous?-¿Qué deseáis?
— Vous voulez le savoir?-¿Queréis saberlo?
— Certainement.-Por supuesto.
— Eh bien, je veux l′ordre dont vous êtes porteur, attendu que je n′en ai pas, moi, et qu′il m′en faut un.-Pues bien, quiero la orden de que sois portador, dado que yo no la tengo y dado que necesito una.
— Vous plaisantez, je présume.-¿Bromeáis, verdad?
— Je ne plaisante jamais.-No bromeo nunca.
— Laissez-moi passer!-¡Dejadme pasar!
— Vous ne passerez pas.-No pasaréis.
— Mon brave jeune homme, je vais vous casser la tête. Holà,Lubin! mes pistolets.-Mi valiente joven, voy a romperos la cabeza. ¡Eh, Lubin, mis pistolas!
— Planchet, dit d′Artagnan, charge-toi du valet, je me charge du maître.»-Planchet -dijo D′Artagnan-, encárgate tú del criado, yo me encargo del amo.
Planchet, enhardi par le premier exploit, sauta sur Lubin, et comme il était fort et vigoureux, il le renversa les reins contre terre et lui mit le genou sur la poitrine.Planchet, enardecido por la primera proeza, saltó sobre Lubin, y como era fuerte y vigoroso, dio con sus riñones en el suelo y le puso la rodilla en el pecho.
«Faites votre affaire, monsieur, dit Planchet; moi, j′ai fait la mienne.»-Cumplid vuestro cometido, señor -dijo Planchet-, que yo ya he hecho el mío.
Voyant cela, le gentilhomme tira son épée et fondit sur d′Artagnan; mais il avait affaire à forte partie.Al ver esto, el gentilhombre sacó su espada y se abalanzó sobre D′Artagnan; pero tenía que habérselas con un adversario terrible.
En trois secondes d′Artagnan lui fournit trois coups d′épée en disant à chaque coup:En tres segundos D′Artagnan le suministró tres estocadas, diciendo a cada una:
«Un pour Athos, un pour Porthos, un pour Aramis.»-Una por Athos, otra por Porthos, y otra por Aramis.
Au troisième coup, le gentilhomme tomba comme une masse.A la tercera, el gentilhombre cayó como una mole.
D′Artagnan le crut mort, ou tout au moins évanoui, et s′approcha pour lui prendre l′ordre; mais au moment où il étendait le bras afin de le fouiller, le blessé qui n′avait pas lâché son épée, lui porta un coup de pointe dans la poitrine en disant:D′Artagnan le creyó muerto, o al menos desvanecido, y se aproximó a él para cogerle la orden, pero en el momento en que extendía el brazo para registrarlo, el herido, que no había soltado su espada, le asestó un pinchazo en el pecho diciendo:
«Un pour vous.-Una por vos.
— Et un pour moi! au dernier les bons!» s′écria d′Artagnan furieux, en le clouant par terre d′un quatrième coup d′épée dans le ventre.-¡Y una por mí! ¡Para el final la buena! -exclamó D′Artagnan furioso, clavándole en tierra con una cuarta estocada en el vientre.
Cette fois, le gentilhomme ferma les yeux et s′évanouit.Aquella vez el gentilhombre cerró los ojos y se desvaneció.
D′Artagnan fouilla dans la poche où il l′avait vu remettre l′ordre de passage, et le prit. Il était au nom du comte de Wardes.D′Artagnan registró el bolsillo en que había visto poner la orden de paso y la cogió. Estaba a nombre del conde de Wardes.
Puis, jetant un dernier coup d′oeil sur le beau jeune homme, qui avait vingt-cinq ans à peine et qu′il laissait là, gisant, privé de sentiment et peut-être mort, il poussa un soupir sur cette étrange destinée qui porte les hommes à se détruire les uns les autres pour les intérêts de gens qui leur sont étrangers et qui souvent ne savent pas même qu′ils existent.Luego, lanzando una última ojeada sobre el hermoso joven, que apenas tenía veinticinco años y al que dejaba allí tendido, privado del sentido y quizá muerto, lanzó un suspiro sobre aquel extraño destino que lleva a los hombres a destruirse unos a otros por intereses de personas que les son extrañas y que a menudo no saben siquiera que existen.
Mais il fut bientôt tiré de ces réflexions par Lubin, qui poussait des hurlements et criait de toutes ses forces au secours.Pero muy pronto fue sacado de estas cavilaciones por Lubin, que lanzaba aullidos y pedía ayuda con todas sus fuerzas.
Planchet lui appliqua la main sur la gorge et serra de toutes ses forces.Planchet le puso la mano en la garganta y apretó con todas sus fuerzas.
«Monsieur, dit-il, tant que je le tiendrai ainsi, il ne criera pas, j′en suis bien sûr; mais aussitôt que je le lâcherai, il va se remettre à crier. Je le reconnais pour un Normand et les Normands sont entêtés.»-Señor -dijo- mientras lo tenga así, no gritará, de eso estoy seguro; pero tan pronto como lo suelte, volverá a gritar. Es, según creo, normando, y los normandos son cabezotas.
En effet, tout comprimé qu′il était, Lubin essayait encore de filer des sons.
«Attends!» dit d′Artagnan.-¡Espera! -dijo D′Artagnan.
Et prenant son mouchoir, il le bâillonna.Y cogiendo su pañuelo lo amordazó.
«Maintenant, dit Planchet, lions-le à un arbre.»-Ahora -dijo Planchet- atémoslo a un árbol.
La chose fut faite en conscience, puis on tira le comte de Wardes près de son domestique; et comme la nuit commençait à tomber et que le garrotté et le blessé étaient tous deux à quelques pas dans le bois, il était évident qu′ils devaient rester jusqu′au lendemain.La cosa fue hecha a conciencia, luego arrastraron al conde de Wardes junto a su doméstico; y como la noche comenzaba a caer y el atado y el herido estaban algunos pasos dentro del bosque, era evidente que debían quedarse allí hasta el día siguiente.
«Et maintenant, dit d′Artagnan, chez le gouverneur!-¡Y ahora -dijo D′Artagnan-, a casa del gobernador!
— Mais vous êtes blessé, ce me semble? dit Planchet.-Pero estáis herido, me parece -dijo Planchet.
— Ce n′est rien, occupons-nous du plus pressé; puis nous reviendrons à ma blessure, qui, au reste, ne me paraît pas très dangereuse.»-No es nada; ocupémonos de lo que más urge; luego ya volveremos a mi herida que, además, no me parece muy peligrosa.
Et tous deux s′acheminèrent à grands pas vers la campagne du digne fonctionnaire.Y los dos se encaminaron deprisa hacia la casa de campo del digno funcionario.
On annonça M. le comte de Wardes.Anunciaron al señor conde de Wardes.
D′Artagnan fut introduit.D′Artagnan fue introducido.
«Vous avez un ordre signé du cardinal? dit le gouverneur.-¿Tenéis una orden firmada del cardenal? -dijo el gobernador.
— Oui, monsieur, répondit d′Artagnan, le voici.-Sí, señor -respondió D′Artagnan-, aquí está.
— Ah! ah! il est en règle et bien recommandé, dit le gouverneur.-¡Ah, ah! Está en regla y bien certificada -dijo el gobernador.
— C′est tout simple, répondit d′Artagnan, je suis de ses plus fidèles.-Es muy simple -respondió D′Artagnan-,soy uno de sus más fieles-.
— Il paraît que Son Éminence veut empêcher quelqu′un de parvenir en Angleterre.-Parece que Su Eminencia quiere impedir a alguien llegar a Inglaterra.
— Oui, un certain d′Artagnan, un gentilhomme béarnais qui est parti de Paris avec trois de ses amis dans l′intention de gagner Londres.-Sí, a un tal D′Artagnan, un gentilhombre bearnés que ha salido de París con tres amigos suyos con la intención de llegar a Londres.
— Le connaissez-vous personnellement? demanda le gouverneur.-¿Le conocéis vos personalmente? -preguntó el gobernador.
— Qui cela?-¿A quién?
— Ce d′Artagnan?-A ese D′Artagnan.
— À merveille.-De maravilla.
— Donnez-moi son signalement alors.-Dadme sus señas entonces.
— Rien de plus facile.»-Nada más fácil.
Et d′Artagnan donna trait pour trait le signalement du comte de Wardes.Y D′Artagnan hizo rasgo por rasgo la descripción del conde de Wardes.
«Est-il accompagné? demanda le gouverneur.-¿Va acompañado? -preguntó el gobernador.
— Oui, d′un valet nommé Lubin.-Sí, de un criado llamado Lubin.
— On veillera sur eux, et si on leur met la main dessus, Son Éminence peut être tranquille, ils seront reconduits à Paris sous bonne escorte.-Se tendrá cuidado con ellos y, si les ponemos la mano encima, Su Eminencia puede estar tranquilo, serán devueltos a Paris con una buena escolta.
— Et ce faisant, monsieur le gouverneur, dit d′Artagnan, vous aurez bien mérité du cardinal.-Y si lo hacéis, señor gobernador -dijo D′Artagnan-, habréis hecho méritos ante el cardenal.
— Vous le reverrez à votre retour, monsieur le comte?-Lo veréis a vuestro regreso, señor conde?
— Sans aucun doute.-Sin ninguna duda.
— Dites-lui, je vous prie, que je suis bien son serviteur.-Os suplico que le digáis que soy su servidor.
— Je n′y manquerai pas.»-No dejaré de hacerlo.
Et joyeux de cette assurance, le gouverneur visa le laissez-passer et le remit à d′Artagnan.Y contento por esta promesa, el goberandor visó el pase y lo entregó a D′Artagnan.
D′Artagnan ne perdit pas son temps en compliments inutiles, il salua le gouverneur, le remercia et partit.D′Artagnan no perdió su tiempo en cumplidos inútiles, saludó al gobernador, le dio las gracias y partió.
Une fois dehors, lui et Planchet prirent leur course, et faisant un long détour, ils évitèrent le bois et rentrèrent par une autre porte.Una vez fuera, él y Planctîet tomaron su camino y, dando un gran rodeo, evitaron el bosque y volvieron a entrar por otra puerta.
Le bâtiment était toujours prêt à partir, le patron attendait sur le port.El navío continuaba dispuesto para partir, el patrón esperaba en el puerto.
«Eh bien? dit-il en apercevant d′Artagnan.-¿Y bien? -dijo al ver a D′Artagnan.
— Voici ma passe visée, dit celui-ci.-Aquí está mi pase visado -dijo éste.
— Et cet autre gentilhomme?-¿Y aquel otro gentilhombre?
— Il ne partira pas aujourd′hui, dit d′Artagnan, mais soyez tranquille, je paierai le passage pour nous deux.-No pasará hoy -dijo D′Artagnan-, pero estad tranquilo, yo pagaré el pasaje por nosotros dos.
— En ce cas, partons, dit le patron.-En tal caso, partamos -dijo el patrón.
— Partons!» répéta d′Artagnan.-¡Partamos! -repitió D′Artagnan.
Et il sauta avec Planchet dans le canot; cinq minutes après, ils étaient à bord.Y saltó con Planchet al bote; cinco minutos después estaban a bordo.
Il était temps: à une demi-lieue en mer, d′Artagnan vit briller une lumière et entendit une détonation.Justo a tiempo: a media legua en alta mar, D′Artagnan vio brillar una luz y oyó una detonación.
C′était le coup de canon qui annonçait la fermeture du port.Era el cañonazo que anunciaba el cierre del puerto.
Il était temps de s′occuper de sa blessure; heureusement, comme l′avait pensé d′Artagnan, elle n′était pas des plus dangereuses: la pointe de l′épée avait rencontré une côte et avait glissé le long de l′os; de plus, la chemise s′était collée aussitôt à la plaie, et à peine avait-elle répandu quelques gouttes de sang.Era momento de ocuparse de su herida; afortunadamente, como D′Artagnan había pensado, no era de las más peligrosas: la punta de la espada había encontrado una costilla y se había deslizado a lo largo del hueso; además, la camisa se había pegado al punto a la herida, y apenas si había destilado algunas gotas de sangre.
D′Artagnan était brisé de fatigue: on lui étendit un matelas sur le pont, il se jeta dessus et s′endormit.D′Artagnan estaba roto de fatiga; extendieron para él un colchón en el puente, se echó encima y se durmió.
Le lendemain, au point du jour, il se trouva à trois ou quatre lieues seulement des côtes d′Angleterre; la brise avait été faible toute la nuit, et l′on avait peu marché.Al día siguiente, al levantar el día se encontró a tres o cuatro leguas aún de las costas de Inglaterra; la brisa había sido débil toda la noche y habían andado poco.
À dix heures, le bâtiment jetait l′ancre dans le port de Douvres.A las diez, el navío echaba el ancla en el puerto de Douvres.
À dix heures et demie, d′Artagnan mettait le pied sur la terre d′Angleterre, en s′écriant:A las diez y media, D′Artagnan ponía el pie en tierra de Inglaterra, exclamando:
«Enfin, m′y voilà!»-¡Por fin, heme aquí!
Mais ce n′était pas tout: il fallait gagner Londres. EnAngleterre, la poste était assez bien servie. D′Artagnan etPlanchet prirent chacun un bidet, un postillon courut devant eux;en quatre heures ils arrivèrent aux portes de la capitale.Pero aquello no era todo; había que ganar Londres. En Inglaterra, la posta estaba bastante bien servida. D′Artagnan y Planchet tomaron cada uno una jaca, un postillón corrió por delante de ellos; en cuatro horas se plantaron en las puertas de la capital.
D′Artagnan ne connaissait pas Londres, d′Artagnan ne savait pas un mot d′anglais; mais il écrivit le nom de Buckingham sur un papier, et chacun lui indiqua l′hôtel du duc.D′Artagnan no conocía Londres, D′Artagnan no sabía ni una palabra de inglés; pero escribió el nombre de Buckingham en un papel, y todos le indicaron el palacio del duque.
Le duc était à la chasse à Windsor, avec le roi.El duque estaba cazando en Windsor, con el rey.
D′Artagnan demanda le valet de chambre de confiance du duc, qui, l′ayant accompagné dans tous ses voyages, parlait parfaitement français; il lui dit qu′il arrivait de Paris pour affaire de vie et de mort, et qu′il fallait qu′il parlât à son maître à l′instant même.D′Artagnan preguntó por el ayuda de cámara de confianza del duque, el cual, por haberle acompañado en todos sus viajes, hablaba perfectamente francés; le dijo que llegaba de Paris para un asunto de vida o muerte, y que era preciso que hablase con su amo al instante.
La confiance avec laquelle parlait d′Artagnan convainquit Patrice; c′était le nom de ce ministre du ministre. Il fit seller deux chevaux et se chargea de conduire le jeune garde. Quant à Planchet, on l′avait descendu de sa monture, raide comme un jonc: le pauvre garçon était au bout de ses forces; d′Artagnan semblait de fer.La confianza con que hablaba D′Artagnan convenció a Patrice, que así se llamaba este ministro del ministro. Hizo ensillar dos caballos y se encargó de conducir al joven guardia. En cuanto a Planchet, le habían bajado de su montura rígido como un junco; el pobre muchacho se hallaba en el límite de sus fuerzas; D′Artagnan parecía de hierro.
On arriva au château; là on se renseigna: le roi et Buckingham chassaient à l′oiseau dans des marais situés à deux ou trois lieues de là.Llegaron al castillo; allí se informaron: el rey y Buckingham cazaban pájaros en las marismas situadas a dos o tres leguas de allí.
En vingt minutes on fut au lieu indiqué. Bientôt Patrice entendit la voix de son maître, qui appelait son faucon.A los veinte minutos estuvieron en el lugar indicado. Pronto Patrice oyó la voz de su señor que llamaba a su halcón.
«Qui faut-il que j′annonce à Milord duc? demanda Patrice.-¿A quién debo anunciar a milord el duque? -preguntó Patrice.
— Le jeune homme qui, un soir, lui a cherché une querelle sur lePont-Neuf, en face de la Samaritaine.-Al joven que una noche buscó querella con él en el Pont-Neuf, frente a la Samaritaine.
— Singulière recommandation!-¡Singular recomendación!
— Vous verrez qu′elle en vaut bien une autre.»-Ya veréis cómo vale tanto como cualquier otra.
Patrice mit son cheval au galop, atteignit le duc et lui annonça dans les termes que nous avons dits qu′un messager l′attendait.Patrice puso su caballo al galope, alcanzó al duque y le anunció en los términos que hemos dicho que un mensajero le esperaba.
Buckingham reconnut d′Artagnan à l′instant même, et se doutant que quelque chose se passait en France dont on lui faisait parvenir la nouvelle, il ne prit que le temps de demander où était celui qui la lui apportait; et ayant reconnu de loin l′uniforme des gardes, il mit son cheval au galop et vint droit à d′Artagnan. Patrice, par discrétion, se tint à l′écart.Buckingham reconoció a D′Artagnan al instante, y temiendo que en Francis pasaba algo cuya noticia se le hacía llegar, no perdió más que el tiempo de preguntar dónde estaba quien la traía; y habiendo reconocido de lejos el uniforme de los guardias puso su caballo al galope y vino derecho a D′Artagnan. Patrice, por discreción, se mantuvo aparte.
«Il n′est point arrivé malheur à la reine? s′écria Buckingham, répandant toute sa pensée et tout son amour dans cette interrogation.-¿No le ha ocurrido ninguna desgracia a la reina? -exclamó Buckingham, pintándose en esta pregunta todo su pensamiento y todo su amor.
— Je ne crois pas; cependant je crois qu′elle court quelque grand péril dont Votre Grâce seule peut la tirer.-No lo creo; sin embargo, creo que corre algún gran peligro del que sólo Vuestra Gracia puede sacarla.
— Moi? s′écria Buckingham. Eh quoi! je serais assez heureux pour lui être bon à quelque chose! Parlez! parlez!-¿Yo? -exclamó Buckingham-. ¡Bueno, me sentiría muy feliz de servirla para alguna cosa! ¡Hablad! ¡Hablad!
— Prenez cette lettre, dit d′Artagnan.-Tomad esta carta -dijo D′Artagnan.
— Cette lettre! de qui vient cette lettre?-¡Esta carta! ¿De quién viene esta carta?
— De Sa Majesté, à ce que je pense.-De Su Majestad, según pienso.
— De Sa Majesté!» dit Buckingham, pâlissant si fort que d′Artagnan crut qu′il allait se trouver mal.-¡De Su Majestad! -dijo Buckingham palideciendo hasta tal punto que D′Artagnan creyó que iba a marearse.
Et il brisa le cachet.Y rompió el sello.
«Quelle est cette déchirure? dit-il en montrant à d′Artagnan un endroit où elle était percée à jour.-¿Qué es este desgarrón? -dijo mostrando a D′Artagnan un lugar en el que se hallaba atravesada de parte a parte.
— Ah! ah! dit d′Artagnan, je n′avais pas vu cela; c′est l′épée du comte de Wardes qui aura fait ce beau coup en me trouant la poitrine.-¡Ah, ah! -dijo D′Artagnan-. No había visto eso; es la espada del conde de Wardes la que ha hecho ese hermoso agujero al agujerearme el pecho.
— Vous êtes blessé? demanda Buckingham en rompant le cachet.-¿Estáis herido? -preguntó Buckingham rompiendo el sello.
— Oh! rien! dit d′Artagnan, une égratignure.-¡Oh! ¡No es nada! -dijo D′Artagnan-. Un rasguño.
— Juste Ciel! qu′ai-je lu! s′écria le duc. Patrice, reste ici, ou plutôt rejoins le roi partout où il sera, et dis à Sa Majesté que je la supplie bien humblement de m′excuser, mais qu′une affaire de la plus haute importance me rappelle à Londres. Venez, monsieur, venez.»-¡Justo cielo! ¡Qué he leído! -exclamó el duque-. Patrice, quédate aquí, o mejor, reúnete con el rey donde esté, y di a Su Majestad que le suplico humildemente excusarme, pero un asunto de la más alta importancia me llama a Londres. Venid, señor, venid.
Et tous deux reprirent au galop le chemin de la capitale. Y los dos juntos volvieron a tomar al galope el camino de la capital.






CHAPITRE XXI -- LA COMTESSE DE WINTER

Capítulo XXI -- La condesa de Winter

Tout le long de la route, le duc se fit mettre au courant par d′Artagnan non pas de tout ce qui s′était passé, mais de ce que d′Artagnan savait. En rapprochant ce qu′il avait entendu sortir de la bouche du jeune homme de ses souvenirs à lui, il put donc se faire une idée assez exacte d′une position de la gravité de laquelle, au reste, la lettre de la reine, si courte et si peu explicite qu′elle fût, lui donnait la mesure. Mais ce qui l′étonnait surtout, c′est que le cardinal, intéressé comme il l′était à ce que le jeune homme ne mît pas le pied en Angleterre, ne fût point parvenu à l′arrêter en route. Ce fut alors, et sur la manifestation de cet étonnement, que d′Artagnan lui raconta les précautions prises, et comment, grâce au dévouement de ses trois amis qu′il avait éparpillés tout sanglants sur la route, il était arrivé à en être quitte pour le coup d′épée qui avait traversé le billet de la reine, et qu′il avait rendu à M. de Wardes en si terrible monnaie. Tout en écoutant ce récit, fait avec la plus grande simplicité, le duc regardait de temps en temps le jeune homme d′un air étonné, comme s′il n′eût pas pu comprendre que tant de prudence, de courage et de dévouement s′alliât avec un visage qui n′indiquait pas encore vingt ans.Durante el camino, el duque se hizo poner al corriente por D′Artagnan no de cuanto había pasado, sino de lo que D′Artagnan sabía. Al unir lo que había oído salir de la boca del joven a sus recuerdos propios, pudo, pues, hacerse una idea bastante exacta de una situación, de cuya gravedad, por lo demás, la carta de la reina, por corta y poco explícita que fuese, le daba la medida. Pero lo que le extrañaba sobre todo es que el cardenal, interesado como estaba en que aquel joven no pusiera el pie en Inglaterra, no hubiera logrado detenerlo en ruta. Fue entonces, y ante la manifestación de esta sorpresa, cuando D′Artagnan le contó las precauciones tomadas, y cómo gracias a la abnegación de sus tres amigos, que había diseminado todo ensangrentados en el camino, había llegado a librarse, salvo la estocada que había atravesado el billete de la reina y que había devuelto al señor de Wardes en tan terrible moneda. Al escuchar este relato hecho con la mayor simplicidad, el duque miraba de vez en cuando al joven con aire asombrado, como si no hubiera podido comprender que tanta prudencia, coraje y abnegación hubieran venido a un rostro que no indicaba tod¿ via los veinte años.
Les chevaux allaient comme le vent, et en quelques minutes ils furent aux portes de Londres. D′Artagnan avait cru qu′en arrivant dans la ville le duc allait ralentir l′allure du sien, mais il n′en fut pas ainsi: il continua sa route à fond de train, s′inquiétant peu de renverser ceux qui étaient sur son chemin. En effet, en traversant la Cité deux ou trois accidents de ce genre arrivèrent; mais Buckingham ne détourna pas même la tête pour regarder ce qu′étaient devenus ceux qu′il avait culbutés. D′Artagnan le suivait au milieu de cris qui ressemblaient fort à des malédictions.Los caballos iban como el viento y en algunos minutos estuvieron a las puertas de Londres. D′Artagnan había creído que al llegar a la ciudad el duque aminoraría la marcha del suyo, pero no fue así: continuó su camino a todo correr, inquietándose poco de si derribaba a quienes se hallaban en su camino. En efecto, al atravesar la ciudad, ocurrieron dos o tres accidentes de este género; pero Buckingham no volvió siquiera la cabeza para mirar qué había sido de aquellos a los que había volteado. D′Artagnan le seguía en medio de gritos que se parecían mucho a maldiciones.
En entrant dans la cour de l′hôtel, Buckingham sauta à bas de son cheval, et, sans s′inquiéter de ce qu′il deviendrait, il lui jeta la bride sur le cou et s′élança vers le perron. D′Artagnan en fit autant, avec un peu plus d′inquiétude, cependant, pour ces nobles animaux dont il avait pu apprécier le mérite; mais il eut la consolation de voir que trois ou quatre valets s′étaient déjà élancés des cuisines et des écuries, et s′emparaient aussitôt de leurs montures.Al entrar en el patio del palacio, Buckingham saltó de su caballo y, sin preocuparse por lo que le ocurriría, lanzó la brida sobre el cuello y se abalanzó hacia la escalinata. D′Artagnan hizo otro tanto, con alguna inquietua más sin embargo, por aquellos nobles animales cuyo mérito había podido apreciar; pero tuvo el consuelo de ver que tres o cuatro criados se habían lanzado de las cocinas y las cuadras y se apoderaban al punto de sus monturas.
Le duc marchait si rapidement, que d′Artagnan avait peine à le suivre. Il traversa successivement plusieurs salons d′une élégance dont les plus grands seigneurs de France n′avaient pas même l′idée, et il parvint enfin dans une chambre à coucher qui était à la fois un miracle de goût et de richesse. Dans l′alcôve de cette chambre était une porte, prise dans la tapisserie, que le duc ouvrit avec une petite clef d′or qu′il portait suspendue à son cou par une chaîne du même métal. Par discrétion, d′Artagnan était resté en arrière; mais au moment où Buckingham franchissait le seuil de cette porte, il se retourna, et voyant l′hésitation du jeune homme:El duque caminaba tan rápidamente que D′Artagnan apenas podía seguirlo. Atravesó sucesivamente varios salones de una elegancia de la que los mayores señores de Francia no tenían siquiera idea, y llegó por fin a un dormitorio que era a la vez un milagro de gusto y de riqueza. En la alcoba de esta habitación había una puerta, oculta en la tapicería, que el duque abrió con una llavecita de oro que llevaba colgada de su cuello por una cadena del mismo metal. Por discreción, D′Artagnan se había quedado atrás; pero en el momento en que Buckingham franqueaba el umbral de aquella puerta, se volvió, y viendo la indecisión del joven:
«Venez, lui dit-il, et si vous avez le bonheur d′être admis en la présence de Sa Majesté, dites-lui ce que vous avez vu.»-Venid -le dijo-, y si tenéis la dicha de ser admitido en presencia de Su Majestad, decidle lo que habéis visto.
Encouragé par cette invitation, d′Artagnan suivit le duc, qui referma la porte derrière lui.Alentado por esta invitación, D′Artagnan siguió al duque, que cerró la puerta tras él.
Tous deux se trouvèrent alors dans une petite chapelle toute tapissée de soie de Perse et brochée d′or, ardemment éclairée par un grand nombre de bougies. Au-dessus d′une espèce d′autel, et au- dessous d′un dais de velours bleu surmonté de plumes blanches et rouges, était un portrait de grandeur naturelle représentant Anne d′Autriche, si parfaitement ressemblant, que d′Artagnan poussa un cri de surprise: on eût cru que la reine allait parler.Los dos se encontraron entonces en una pequeña capilla tapizada toda ella de seda de Persia y brocada de oro, ardientemente iluminada por un gran número de bujías. Encima de una especie de altar, y debajo de un dosel de terciopelo azul coronado de plumas btancas y rojas, había un retrato de tamaño natural representando a Ana de Austria, tan perfectamente parecido que D′Artagnan lanzó un grito de sorpresa: se hubiera creído que la reina iba a hablar.
Sur l′autel, et au-dessous du portrait, était le coffret qui renfermait les ferrets de diamants.Sobre el altar, y debajo del retrato, estaba el cofre que guardaba los herretes de diamantes.
Le duc s′approcha de l′autel, s′agenouilla comme eût pu faire un prêtre devant le Christ; puis il ouvrit le coffret.El duque se acercó al altar, se arrodilló como hubiera podido hacerlo un sacerdote ante Cristo; luego abrió el cofre.
«Tenez, lui dit-il en tirant du coffre un gros noeud de ruban bleu tout étincelant de diamants; tenez, voici ces précieux ferrets avec lesquels j′avais fait le serment d′être enterré. La reine me les avait donnés, la reine me les reprend: sa volonté, comme celle de Dieu, soit faite en toutes choses.»-Mirad -le dijo sacando del cofre un grueso nudo de cinta azul todo resplandeciente de diamantes-. Mirad, aquí están estos preciosos herretes con los que había hecho juramento de ser enterrado. La reina me los había dado, la reina me los pide; que en todo se haga su voluntad, como la de Dios.
Puis il se mit à baiser les uns après les autres ces ferrets dont il fallait se séparer. Tout à coup, il poussa un cri terrible.Luego se puso a besar unos tras otros aquellos herretes de los que tenía que separarse. De pronto, lanzó un grito terrible.
«Qu′y a-t-il? demanda d′Artagnan avec inquiétude, et que vous arrive-t-il, Milord?-¿Qué pasa? -preguntó D′Artagnan con inquietud-. ¿Y qué os ocurre, milord?
— Il y a que tout est perdu, s′écria Buckingham en devenant pâle comme un trépassé; deux de ces ferrets manquent, il n′y en a plus que dix.-Todo está perdido -exclamó Buckingham, volviéndose pálido como un muerto-; dos de estos herretes faltan, no hay más que diez.
— Milord les a-t-il perdus, ou croit-il qu′on les lui ait volés?-Milord, ¿los ha perdido o cree que se los han robado?
— On me les a volés, reprit le duc, et c′est le cardinal qui a fait le coup. Tenez, voyez, les rubans qui les soutenaient ont été coupés avec des ciseaux.-Me los han robado -repuso el duque-. Y es el cardenal quien ha dado el golpe. Mirad, las cintas que los sostenían han sido cortadas con tijeras.
— Si Milord pouvait se douter qui a commis le vol… Peut-être la personne les a-t-elle encore entre les mains.-Si milord pudiera sospechar quién ha cometido el robo... Quizá esa persona los tenga aún en sus manos.
— Attendez, attendez! s′écria le duc. La seule fois que j′ai mis ces ferrets, c′était au bal du roi, il y a huit jours, à Windsor. La comtesse de Winter, avec laquelle j′étais brouillé, s′est rapprochée de moi à ce bal. Ce raccommodement, c′était une vengeance de femme jalouse. Depuis ce jour, je ne l′ai pas revue. Cette femme est un agent du cardinal.-¡Esperad, esperad! -exclamó el duque-. La única vez que me he puesto estos herretes fue en el baile del rey, hace ocho días, en Windsor. La condesa de Winter, con quien estaba enfadado, se me acercó durante ese baile. Aquella reconciliación era una venganza de mujer celosa. Desde ese día no la he vuelto a ver. Esa mujer es un agente del cardenal.
— Mais il en a donc dans le monde entier! s′écria d′Artagnan.-¡Pero los tiene entonces en todo el mundo! -exclamó D′Artagnan.
— Oh! oui, oui, dit Buckingham en serrant les dents de colère; oui, c′est un terrible lutteur. Mais cependant, quand doit avoir lieu ce bal?-¡Oh, sí sí! -dijo Buckingham, apretando los dientes de cólera-. Sí, es un luchador terrible. Pero, no obstante, ¿cuándo ha de tener lugar ese baile?
— Lundi prochain.-El próximo lunes.
— Lundi prochain! cinq jours encore, c′est plus de temps qu′il ne nous en faut. Patrice! s′écria le duc en ouvrant la porte de la chapelle, Patrice!»-¡El próximo lunes! Todavía cinco días; es más tiempo del que necesitamos. ¡Patrice! -exclamó el duque, abriendo la puerta de la capilla-. ¡Patrice!
Son valet de chambre de confiance parut.Su ayuda de cámara de confianza apareció.
«Mon joaillier et mon secrétaire!»-¡Mi joyero y mi secretario!
Le valet de chambre sortit avec une promptitude et un mutisme qui prouvaient l′habitude qu′il avait contractée d′obéir aveuglément et sans réplique.El ayuda de cámara salió con una presteza y un mutismo que probaban el hábito que había contraído de obedecer ciegamente y sin réplica.
Mais, quoique ce fût le joaillier qui eût été appelé le premier, ce fut le secrétaire qui parut d′abord. C′était tout simple, il habitait l′hôtel. Il trouva Buckingham assis devant une table dans sa chambre à coucher, et écrivant quelques ordres de sa propre main.Pero aunque fuera el joyero llamado en primer lugar, fue el secretario quien apareció antes. Era muy simple, vivía en palacio. Encontró a Buckingham sentado ante una mesa en su dormitorio y escribiendo algunas órdenes de su propio puño.
«Monsieur Jackson, lui dit-il, vous allez vous rendre de ce pas chez le lord-chancelier, et lui dire que je le charge de l′exécution de ces ordres. Je désire qu′ils soient promulgués à l′instant même.-Señor Jackson -le dijo-, vais a daros un paseo hasta casa del lord-canciller y decirle que le encargo la ejecución de estas órdenes. Deseo que sean promulgadas al instante.
— Mais, Monseigneur, si le lord-chancelier m′interroge sur les motifs qui ont pu porter Votre Grâce à une mesure si extraordinaire, que répondrai-je?-Pero, monseñor, si el lord-canciller me interroga por los motivos que han podido llevar a Vuestra Gracia a una medida tan extraordinaria, ¿qué responderé?
— Que tel a été mon bon plaisir, et que je n′ai de compte à rendre à personne de ma volonté.-Que tal ha sido mi capricho, y que no tengo que dar cuenta a nadie de mi voluntad.
— Sera-ce la réponse qu′il devra transmettre à Sa Majesté, reprit en souriant le secrétaire, si par hasard Sa Majesté avait la curiosité de savoir pourquoi aucun vaisseau ne peut sortir des ports de la Grande-Bretagne?-¿Será esa la respuesta que deberá transmitir a Su Majestad -repuso sonriendo el secretario- si por casualidad Su Majestad tuviera la curiosidad de saber por qué ningún bajel puede salir de los puertos de Gran Bretaña?
— Vous avez raison, monsieur, répondit Buckingham; il dirait en ce cas au roi que j′ai décidé la guerre, et que cette mesure est mon premier acte d′hostilité contre la France.»-Tenéis razón señor -respondió Buckingham- En tal caso le dirá al rey que he decidido la guerra, y que esta medida es mi primer acto de hostilidad contra Francia.
Le secrétaire s′inclina et sortit.El secretario se inclinó y salió.
«Nous voilà tranquilles de ce côté, dit Buckingham en se retournant vers d′Artagnan. Si les ferrets ne sont point déjà partis pour la France, ils n′y arriveront qu′après vous.-Ya estamos tranquilos por ese lado -dijo Buckingham, volviéndose hacia D′Artagnan-. Si los herretes no han partido ya para Francia, no llegarán antes que vos.
— Comment cela?-Y eso, ¿por qué?
— Je viens de mettre un embargo sur tous les bâtiments qui se trouvent à cette heure dans les ports de Sa Majesté, et, à moins de permission particulière, pas un seul n′osera lever l′ancre.»-Acabo de embargar a todos los navíos que se encuentran en este momento en los puertos de Su Majestad, y a menos que haya un permiso particular, ni uno solo se atreverá a levar anclas.
D′Artagnan regarda avec stupéfaction cet homme qui mettait le pouvoir illimité dont il était revêtu par la confiance d′un roi au service de ses amours. Buckingham vit, à l′expression du visage du jeune homme, ce qui se passait dans sa pensée, et il sourit.D′Artagnan miró con estupefacción a aquel hombre que ponía el poder ¡limitado de que estaba revestido por la confianza de un rey al servicio de sus amores. Buckingham vio en la expresión del rostro del joven lo que pasaba en su pensamiento y sonrió.
«Oui, dit-il, oui, c′est qu′Anne d′Autriche est ma véritable reine; sur un mot d′elle, je trahirais mon pays, je trahirais mon roi, je trahirais mon Dieu. Elle m′a demandé de ne point envoyer aux protestants de La Rochelle le secours que je leur avais promis, et je l′ai fait. Je manquais à ma parole, mais qu′importe! j′obéissais à son désir; n′ai-je point été grandement payé de mon obéissance, dites? car c′est à cette obéissance que je dois son portrait.»-Sí -dijo- sí, es que Ana de Austria es mi verdadera reina; a una palabra de ella traicionaría a mi país, traicionaría a mi rey, traicionaría a mi Dios. Ella me pidió no enviar a los protestantes de La Rochelle la ayuda que yo les había prometido, y no lo he hecho. Faltaba así a mi palabra, ¡pero no importa! Obedecía a su deseo. ¿No he sido suficientemente pagado por mi obediencia? Porque a esa obediencia debo precisamente su retrato.
D′Artagnan admira à quels fils fragiles et inconnus sont parfois suspendues les destinées d′un peuple et la vie des hommes.D′Artagnan admiró de qué hilos frágiles y desconocidos están a veces suspendidos los destinos de un pueblo y la vida de los hombres.
Il en était au plus profond de ses réflexions, lorsque l′orfèvre entra: c′était un Irlandais des plus habiles dans son art, et qui avouait lui-même qu′il gagnait cent mille livres par an avec le duc de Buckingham.Estaba él en lo más profundo de sus reflexiones, cuando entró el orfebre: era un irlandés de los más hábiles en su arte, y que confesaba él mismo ganar cien mil libras al año con el duque de Buckingham.
«Monsieur O′Reilly, lui dit le duc en le conduisant dans la chapelle, voyez ces ferrets de diamants, et dites-moi ce qu′ils valent la pièce.»-Señor O′Reilly -le dijo el duque, conduciéndolo a la capilla-, ved estos herretes de diamantes y decidme cuánto vale cada pieza.
L′orfèvre jeta un seul coup d′oeil sur la façon élégante dont ils étaient montés, calcula l′un dans l′autre la valeur des diamants, et sans hésitation aucune:El orfebre lanzó una sola ojeada sobre la forma elegante en que estaban engastados, calculó uno con otro el valor de los diamantes y sin duda alguna:
«Quinze cents pistoles la pièce, Milord, répondit-il.-Mil quinientas pistolas la pieza, milord -respondió.
— Combien faudrait-il de jours pour faire deux ferrets comme ceux-là? Vous voyez qu′il en manque deux.-¿Cuántos días se necesitarían para hacer dos herretes como estos? Como veis, faltan dos.
— Huit jours, Milord.-Ocho días, milord.
— Je les paierai trois mille pistoles la pièce, il me les faut après-demain.-Los pagaré a tres mil pistolas la pieza, pero los necesito para pasado mañana.
— Milord les aura.-Los tendrá, milord.
— Vous êtes un homme précieux, monsieur O′Reilly, mais ce n′est pas le tout: ces ferrets ne peuvent être confiés à personne, il faut qu′ils soient faits dans ce palais.-Sois un hombre preciso, señor O′Reilly, pero esto no es todo; esos erretes no pueden ser confiados a nadie, es preciso que sean hechos en este palacio.
— Impossible, Milord, il n′y a que moi qui puisse les exécuter pour qu′on ne voie pas la différence entre les nouveaux et les anciens.-Imposible, milord, sólo yo puedo realizarlos para que no se vea la diferencia entre los nuevos y los viejos.
— Aussi, mon cher monsieur O′Reilly, vous êtes mon prisonnier, et vous voudriez sortir à cette heure de mon palais que vous ne le pourriez pas; prenez-en donc votre parti. Nommez-moi ceux de vos garçons dont vous aurez besoin, et désignez-moi les ustensiles qu′ils doivent apporter.»-Entonces, mi querido señor O′Reilly, sois mi prisionero, y aunque ahora quisierais salir de mi palacio no podríais; decidid, pues. Decidme los nombres de los ayudantes que necesitáis, y designad los utensilios que deben traer.
L′orfèvre connaissait le duc, il savait que toute observation était inutile, il en prit donc à l′instant même son parti.El orfebre conocía al duque, sabía que cualquier observación era inútil, y por eso tomó al instante su decisión.
«Il me sera permis de prévenir ma femme? demanda-t-il.-¿Me será permitido avisar a mi mujer? -preguntó.
— Oh! il vous sera même permis de la voir, mon cher monsieur O′Reilly: votre captivité sera douce, soyez tranquille; et comme tout dérangement vaut un dédommagement, voici, en dehors du prix des deux ferrets, un bon de mille pistoles pour vous faire oublier l′ennui que je vous cause.»-¡Oh! Os será incluso permitido verla, mi querido señor O′Reilly; vuestro cautiverio será dulce, estad tranquilo; y como toda molestia vale una compensación, además del precio de los dos herretes, aquí tenéis un buen millar de pistolas para haceros olvidar la molestia que os causo.
D′Artagnan ne revenait pas de la surprise que lui causait ce ministre, qui remuait à pleines mains les hommes et les millions.D′Artagnan no volvía del asombro que le causaba aquel ministro, que movía a su placer hombres y millones.
Quant à l′orfèvre, il écrivit à sa femme en lui envoyant le bon de mille pistoles, et en la chargeant de lui retourner en échange son plus habile apprenti, un assortiment de diamants dont il lui donnait le poids et le titre, et une liste des outils qui lui étaient nécessaires.En cuanto al orfebre, escribía a su mujer enviándole el bono de mil pistolas y encargándola devolverle a cambio su aprendiz más hábil, un surtido de diamantes cuyo peso y título le daba, y una lista de los instrumentos que le eran necesarios.
Buckingham conduisit l′orfèvre dans la chambre qui lui était destinée, et qui, au bout d′une demi-heure, fut transformée en atelier. Puis il mit une sentinelle à chaque porte, avec défense de laisser entrer qui que ce fût, à l′exception de son valet de chambre Patrice. Il est inutile d′ajouter qu′il était absolument défendu à l′orfèvre O′Reilly et à son aide de sortir sous quelque prétexte que ce fût. Ce point réglé, le duc revint à d′Artagnan.Buckingham condujo al orfebre a la habitación que le estaba destinada y que, al cabo de media hora, fue transformada en taller. Luego puso un centinela en cada puerta con prohibición de dejar entrar a quienquiera que fuese, a excepción de su ayuda de cámara Patrice. Es inútil añadir que al orfebre O′Reilly y a su ayudante les estaba absolutamente prohibido salir bajo el pretexto que fuera. Arreglado este punto, el duque volvió a D′Artagnan.
«Maintenant, mon jeune ami, dit-il, l′Angleterre est à nous deux; que voulez-vous, que désirez-vous?-Ahora, joven amigo mío -dijo-, Inglaterra es nuestra. ¿Qué queréis qué deseáis?
— Un lit, répondit d′Artagnan; c′est, pour le moment, je l′avoue, la chose dont j′ai le plus besoin.»-Una cama -respondió D′Artagnan-. Os confieso que por el momento es lo que más necesito.
Buckingham donna à d′Artagnan une chambre qui touchait à la sienne. Il voulait garder le jeune homme sous sa main, non pas qu′il se défiât de lui, mais pour avoir quelqu′un à qui parler constamment de la reine.Buckingham dio a D′Artagnan una habitación que pegaba con la suya. Quería tener al joven bajo su mano, no porque desconfiase de él, sino para tener alguien con quien hablar constantemente de la reina.
Une heure après fut promulguée dans Londres l′ordonnance de ne laisser sortir des ports aucun bâtiment chargé pour la France, pas même le paquebot des lettres. Aux yeux de tous, c′était une déclaration de guerre entre les deux royaumes.Una hora después fue promulgada en Londres la ordenanza de no dejar salir de los puertos ningún navío cargado para Francia, ni siquiera el paquebote de las camas. A los ojos de todos, aquello era una declaración de guerra entre los dos reinos.
Le surlendemain, à onze heures, les deux ferrets en diamants étaient achevés, mais si exactement imités, mais si parfaitement pareils, que Buckingham ne put reconnaître les nouveaux des anciens, et que les plus exercés en pareille matière y auraient été trompés comme lui.Dos días después, a las once, los dos herretes en diamantes estaban acabados y tan perfectamente imitados, tan perfectamente parejos que Buckingham no pudo reconocer los nuevos de los antiguos, y los más expertos en semejante materia se habrían equivocado igual que él.
Aussitôt il fit appeler d′Artagnan.Al punto hizo llamar a D′Artagnan.
«Tenez, lui dit-il, voici les ferrets de diamants que vous êtes venu chercher, et soyez mon témoin que tout ce que la puissance humaine pouvait faire, je l′ai fait.-Mirad -le dijo-. Aquí están los herretes de diamantes que habéis venido a buscar, y sed mi testigo de que todo cuanto el poder humano podía hacer lo he hecho.
— Soyez tranquille, Milord: je dirai ce que j′ai vu; mais VotreGrâce me remet les ferrets sans la boîte?-Estad tranquilo, milord, diré lo que he visto; pero ¿me entrega Vuestra Gracia los herretes sin la caja?
— La boîte vous embarrasserait. D′ailleurs la boîte m′est d′autant plus précieuse, qu′elle me reste seule. Vous direz que je la garde.-La caja os sería un embarazo. Además, la caja es para mí tanto más preciosa cuanto que sólo me queda ella. Diréis que la conservo yo.
— Je ferai votre commission mot à mot, Milord.-Haré vuestro encargo palabra por palabra, milord.
— Et maintenant, reprit Buckingham en regardant fixement le jeune homme, comment m′acquitterai-je jamais envers vous?»-Y ahora -prosiguió Buckingham, mirando fijamente al joven-, ¿cómo saldaré mi deuda con vos?
D′Artagnan rougit jusqu′au blanc des yeux. Il vit que le duc cherchait un moyen de lui faire accepter quelque chose, et cette idée que le sang de ses compagnons et le sien lui allait être payé par de l′or anglais lui répugnait étrangement.D′Artagnan enrojeció hasta el blanco de los ojos. Vio que el duque buscaba un medio de hacerle aceptar algo, y aquella idea de que la sangre de sus compañeros y la suya iban a ser pagadas por el oro inglés le repugnaba extrañamente.
«Entendons-nous, Milord, répondit d′Artagnan, et pesons bien les faits d′avance, afin qu′il n′y ait point de méprise. Je suis au service du roi et de la reine de France, et fais partie de la compagnie des gardes de M. des Essarts, lequel, ainsi que son beau-frère M. de Tréville, est tout particulièrement attaché à Leurs Majestés. J′ai donc tout fait pour la reine et rien pour Votre Grâce. Il y a plus, c′est que peut-être n′eussé-je rien fait de tout cela, s′il ne se fût agi d′être agréable à quelqu′un qui est ma dame à moi, comme la reine est la vôtre.-Entendámonos milord -respondió D′Artagnan-, y sopesemos bien los hechos por adelantado, a fin de que no haya desprecio en ello. Estoy al servicio del rey y de la reina de Francia, y formo parte de la compañía de los guardias del señor des Essarts quien, como su cuñado el señor de Tréville, está particularmente vinculado a Sus Majestades. Por tanto, lo he hecho todo por la reina y nada por Vuestra Gracia. Es más, quizá no hubiera hecho nada de todo esto si no hubiera tratado de ser agradable a alguien que es mi dama, como la reina lo es vuestra.
— Oui, dit le duc en souriant, et je crois même connaître cette autre personne, c′est…-Sí -dijo el duque, sonriendo-, y creo incluso conocer a esa persona, es...
— Milord, je ne l′ai point nommée, interrompit vivement le jeune homme.-Milord, yo no la he nombrado -interrumpió vivamente el joven.
— C′est juste, dit le duc; c′est donc à cette personne que je dois être reconnaissant de votre dévouement.-Es justo -dijo el duque-. Es, pues, a esa persona a quien debo estar agradecido por vuestra abnegación.
— Vous l′avez dit, Milord, car justement à cette heure qu′il est question de guerre, je vous avoue que je ne vois dans votre Grâce qu′un Anglais, et par conséquent qu′un ennemi que je serais encore plus enchanté de rencontrer sur le champ de bataille que dans le parc de Windsor ou dans les corridors du Louvre; ce qui, au reste, ne m′empêchera pas d′exécuter de point en point ma mission et de me faire tuer, si besoin est, pour l′accomplir; mais, je le répète à Votre Grâce, sans qu′elle ait personnellement pour cela plus à me remercier de ce que je fais pour moi dans cette seconde entrevue, que de ce que j′ai déjà fait pour elle dans la première.-Vos lo habéis dicho, milord, porque precisamente en este momento en que se trata de guerra, os confieso que no veo en Vuestra Gracia más que a un inglés, y por consiguiente a un enemigo al que estaría más encantado de encontrar en el campo de batalla que en el parque de Windsor o en los corredores del Louvre; lo cual, por lo demás, no me impedirá ejecutar punto por punto mi misión y hacerme matar si es necesario para cumplirla; pero, lo repito a Vuestra Gracia, sin que tenga que agradecerme personalmente lo que por mí hago en esta segunda entrevista más de lo que hice por ella en la primera.
— Nous disons, nous: "Fier comme un Écossais", murmuraBuckingham.-Nosotros decimos: "Orgulloso como un escocés" -murmuró Buckingham.
— Et nous disons, nous: "Fier comme un Gascon", répondit d′Artagnan. Les Gascons sont les Écossais de la France.»-Y nosotros decimos: "Orgulloso como un gascón" -respondió D′Artagnan. Los gascones son los escoceses de Francia.
D′Artagnan salua le duc et s′apprêta à partir.D′Artagnan saludó al duque y se dispuso a partir.
«Eh bien, vous vous en allez comme cela? Par où? Comment?-¡Y bien! ¿Os vais as? ¿Por dónde? ¿Cómo?
— C′est vrai.-Es cierto.
— Dieu me damne! les Français ne doutent de rien!-¡Dios me condene! Los franceses no temen a nada.
— J′avais oublié que l′Angleterre était une île, et que vous en étiez le roi.-Había olvidado que Inglaterra era una isla y que vos erais el rey.
— Allez au port, demandez le brick le Sund, remettez cette lettre au capitaine; il vous conduira à un petit port où certes on ne vous attend pas, et où n′abordent ordinairement que des bâtiments pêcheurs.-Id al puerto, buscad el bricbarca Sund, entregad esta carta al capitán; él os conducirá a un pequeño puerto donde ciertamente no os esperan, y donde no atracan por regla general más que barcos de pesca.
— Ce port s′appelle?-¿Cómo se llama ese puerto?
— Saint-Valery; mais, attendez donc: arrivé là, vous entrerez dans une mauvaise auberge sans nom et sans enseigne, un véritable bouge à matelots; il n′y a pas à vous tromper, il n′y en a qu′une.-Saint-Valèry; pero, esperad: llegado allí, entraréis en un mal albergue sin nombre y sin muestra, un verdadero garito de marineros; no podéis confundiros, no hay más que uno.
— Après?-¿Después?
— Vous demanderez l′hôte, et vous lui direz: Forward.-Preguntaréis por el hostelero, y le diréis: Forward.
— Ce qui veut dire?-Lo cual quiere decir...
— En avant: c′est le mot d′ordre. Il vous donnera un cheval tout sellé et vous indiquera le chemin que vous devez suivre; vous trouverez ainsi quatre relais sur votre route. Si vous voulez, à chacun d′eux, donner votre adresse à Paris, les quatre chevaux vous y suivront; vous en connaissez déjà deux, et vous m′avez paru les apprécier en amateur: ce sont ceux que nous montions; rapportez-vous en à moi, les autres ne leur sont point inférieurs. Ces quatre chevaux sont équipés pour la campagne. Si fier que vous soyez, vous ne refuserez pas d′en accepter un et de faire accepter les trois autres à vos compagnons: c′est pour nous faire la guerre, d′ailleurs. La fin excuse les moyens, comme vous dites, vous autres Français, n′est-ce pas?-Adelante: es la contraseña. Os dará un caballo completamente ensillado y os indicará el camino que debéis seguir; encontraréis de ese modo cuatro relevos en vuestra ruta. Si en cada uno de ellos queréis dar vuestra dirección de Paris, los cuatro caballos os seguirán; ya conocéis dos, y me ha parecido que sabéis apreciarlos como aficionado: son los que hemos montado; creedme, los otros no les son inferiores. Estos cuatro caballos están equipados para campaña. Por orgulloso que seáis, no os negaréis a aceptar uno ni hacer aceptar los otros tres a vuestros compañeros: además son para hacer la guerra. El fin excluye los medios, como vos decís, como dicen los franceses, ¿no es así?
— Oui, Milord, j′accepte, dit d′Artagnan; et s′il plaît à Dieu, nous ferons bon usage de vos présents.-Sí, milord, acepto -dijo D′Artagnan-. Y si place a Dios, haremos buen uso de vuestros presentes.
— Maintenant, votre main, jeune homme; peut-être nous rencontrerons-nous bientôt sur le champ de bataille; mais, en attendant, nous nous quitterons bons amis, je l′espère.-Ahora, vuestra mano, joven; quizá nos encontremos pronto en el campo de batalla; pero mientras tanto, nos dejaremos como buenos amigos, eso espero.
— Oui, Milord, mais avec l′espérance de devenir ennemis bientôt.-Sí, milord, pero con la esperanza de convertirnos pronto en enemigos.
— Soyez tranquille, je vous le promets.-Estad tranquilo, os lo prometo.
— Je compte sur votre parole, Milord.»-Cuento con vuestra palabra, milord.
D′Artagnan salua le duc et s′avança vivement vers le port.D′Artagnan saludó al duque y avanzó vivamente hacia el puerto.
En face la Tour de Londres, il trouva le bâtiment désigné, remit sa lettre au capitaine, qui la fit viser par le gouverneur du port, et appareilla aussitôt.Frente a la Torre de Londres encontró el navio designado, entregó su carta al capitán, que la hizo visar por el gobernador del puerto, y aparejó al punto.
Cinquante bâtiments étaient en partance et attendaient.Cincuenta navíos estaban en franquicia y esperaban.
En passant bord à bord de l′un d′eux, d′Artagnan crut reconnaître la femme de Meung, la même que le gentilhomme inconnu avait appelée «Milady», et que lui, d′Artagnan, avait trouvée si belle; mais grâce au courant du fleuve et au bon vent qui soufflait, son navire allait si vite qu′au bout d′un instant on fut hors de vue.Al pasar junto a la borda de uno de ellos, D′Artagnan creyó reconocer a la mujer de Meung, la misma a la que el gentilhombre desconocido había llamado "milady", y que él, D′Artagnan, había encontrado tan bella; pero gracias a la corriente del río y al buen viento que soplaba, su navío iba tan deprisa que al cabo de un instante estuvieron fuera del alcance de los ojos.
Le lendemain, vers neuf heures du matin, on aborda à Saint-Valery.Al día siguiente, hacia las nueve de la mañana, llegaron a Saint-Valèry.
D′Artagnan se dirigea à l′instant même vers l′auberge indiquée, et la reconnut aux cris qui s′en échappaient: on parlait de guerre entre l′Angleterre et la France comme de chose prochaine et indubitable, et les matelots joyeux faisaient bombance.D′Artagnan se dirigió al instante hacia el albergue indicado, y lo reconoció por los gritos que de él salían: se hablaba de guerra entre Inglaterra y Francia como de algo próximo a indudable, y los marineros contentos alborotaban en medio de la juerga.
D′Artagnan fendit la foule, s′avança vers l′hôte, et prononça le mot Forward. À l′instant même, l′hôte lui fit signe de le suivre, sortit avec lui par une porte qui donnait dans la cour, le conduisit à l′écurie où l′attendait un cheval tout sellé, et lui demanda s′il avait besoin de quelque autre chose.D′Artagnan hendió la multitud, avanzó hacia el hostelero y pronunció la palabra Forword. Al instante el huésped le hizo seña de que le siguiese, salió con él por una puerta que daba al patio, lo condujo a la cuadra donde lo esperaba un caballo completamente ensillado, y le preguntó si necesitaba alguna otra cosa.
«J′ai besoin de connaître la route que je dois suivre, dit d′Artagnan.-Necesito conocer la ruta que debo seguir -dijo D′Artagnan.
— Allez d′ici à Blangy, et de Blangy à Neufchâtel. À Neufchâtel, entrez à l′auberge de la Herse d′Or, donnez le mot d′ordre à l′hôtelier, et vous trouverez comme ici un cheval tout sellé.-Id de aquí a Blangy, y de Blangy a Neufchátel. En Neufchátel entrad en el albergue de la Herse d′Ord, dad la contraseña al hotelero, y, como aquí, encontraréis un caballo totalmente ensillado.
— Dois-je quelque chose? demanda d′Artagnan.-¿Debo algo? -preguntó D′Artagnan.
— Tout est payé, dit l′hôte, et largement. Allez donc, et queDieu vous conduise!-Todo está pagado -dijo el hostelero-, y con largueza. Id, pues, y que Dios os guíe.
— Amen!» répondit le jeune homme en partant au galop.-¡Amén! -respondió el joven, partiendo al galope.
Quatre heures après, il était à Neufchâtel.Cuatro horas después estaba en Neufchátel.
Il suivit strictement les instructions reçues; à Neufchâtel, comme à Saint-Valery, il trouva une monture toute sellée et qui l′attendait; il voulut transporter les pistolets de la selle qu′il venait de quitter à la selle qu′il allait prendre: les fontes étaient garnies de pistolets pareils.Siguió estrictamente las instrucciones recibidas; en Neufchátel, como en Saint-Valèry, encontró una montura totalmente ensillada y aguardándolo; quiso llevar las pistolas de la silla que acababa de dejar a la silla que iba a tomar: las guardas del arzón estaban provistas de pistolas parecidas.
«Votre adresse à Paris?- Vuestra dirección en Paris?
— Hôtel des Gardes, compagnie des Essarts.-Palacio de los Guardias, compañía Des Essarts.
— Bien, répondit celui-ci.-Bien -respondió éste.
— Quelle route faut-il prendre? demanda à son tour d′Artagnan.-¿Qué ruta hay que tomar? -preguntó a su vez D′Artagnan.
— Celle de Rouen; mais vous laisserez la ville à votre droite. Au petit village d′Écouis, vous vous arrêterez, il n′y a qu′une auberge, l′Écu de France. Ne la jugez pas d′après son apparence; elle aura dans ses écuries un cheval qui vaudra celui-ci.-La de Rouen; pero dejaréis la ciudad a vuestra derecha. En la Pequeña aldea de Ecouis os detendréis, no hay más que un albergue, el Ecu de France. No lo juzguéis por su apariencia: en sus cuadras tendrá un caballo que valdrá tanto como éste.
— Même mot d′ordre?-¿La misma contraseña?
— Exactement.-Exactamente.
— Adieu, maître!-¡Adiós, maese!
— Bon voyage, gentilhomme! avez-vous besoin de quelque chose?»-¡Buen viaje, gentilhombre!
D′Artagnan fit signe de la tête que non, et repartit à fond de train. À Écouis, la même scène se répéta: il trouva un hôte aussi prévenant, un cheval frais et reposé; il laissa son adresse comme il l′avait fait, et repartit du même train pour Pontoise. À Pontoise, il changea une dernière fois de monture, et à neuf heures il entrait au grand galop dans la cour de l′hôtel de M. de Tréville.¿Tenéis necesidad de alguna cosa? D′Artagnan hizo con la cabeza señal de que no, y volvió a partir a todo galope. En Ecouis, la misma escena se repitió: encontró un hostelero tan previsor, un caballo fresco y descansado; dejó sus señas como lo había hecho y volvió a partir al mismo galope para Pontoise. En Pontoise, cambió por última vez de montura y a las nueve entraba a todo galope en el patio del palacio del señor de Tréville.
Il avait fait près de soixante lieues en douze heures.Había hecho cerca de sesenta leguas en doce horas.
M. de Tréville le reçut comme s′il l′avait vu le matin même; seulement, en lui serrant la main un peu plus vivement que de coutume, il lui annonça que la compagnie de M. des Essarts était de garde au Louvre et qu′il pouvait se rendre à son poste.El señor de Tréville lo recibió como si lo hubiera visto aquella misma mañana; sólo que, apretándole la mano un poco más vivamente que de costumbre, le anunció que la compañía del señor Des Essarts estaba de guardia en el Louvre y que podía incorporarse a su puesto.






CHAPITRE XXII -- LE BALLET DE LA MERLAISON

Capítulo XXII -- El ballet de la Merlaison

Le lendemain, il n′était bruit dans tout Paris que du bal queMM. les échevins de la ville donnaient au roi et à la reine, etdans lequel Leurs Majestés devaient danser le fameux ballet de laMerlaison, qui était le ballet favori du roi.Al día siguiente no se hablaba en todo Paris más que del baile que los señores regidores de la villa darían al rey y a la reina, y en el cual sus Majestades debian bailar el famoso ballet de la Merlaison, que era el ballet favorito del rey.
Depuis huit jours on préparait, en effet, toutes choses à l′Hôtel de Ville pour cette solennelle soirée. Le menuisier de la ville avait dressé des échafauds sur lesquels devaient se tenir les dames invitées; l′épicier de la ville avait garni les salles de deux cents flambeaux de cire blanche, ce qui était un luxe inouퟰour cette époque; enfin vingt violons avaient été prévenus, et le prix qu′on leur accordait avait été fixé au double du prix ordinaire, attendu, dit ce rapport, qu′ils devaient sonner toute la nuit.En efecto, desde hacía ocho días se preparaba todo en el Ayuntamiento para aquella velada solemne. El carpintero de la villa había levantado los estrados sobre los que debían permanecer las damas invitadas; el tendera del Ayuntamiento había adornado las salas con doscientas velas de cera blanca, lo cual era un lujo inaudito para aquella época; en fin, veinte violines habían sido avisados, y el precio que se les daba había sido fijado en el doble del precio ordinario, dado que, según este informe, debían tocar durante toda la noche.
À dix heures du matin, le sieur de La Coste, enseigne des gardes du roi, suivi de deux exempts et de plusieurs archers du corps, vint demander au greffier de la ville, nommé Clément, toutes les clefs des portes, des chambres et bureaux de l′Hôtel. Ces clefs lui furent remises à l′instant même; chacune d′elles portait un billet qui devait servir à la faire reconnaître, et à partir de ce moment le sieur de La Coste fut chargé de la garde de toutes les portes et de toutes les avenues.A las diez de la mañana, el señor de La Coste, abanderado de los guardias del rey, seguido de dos exentos y de varios arqueros del cuerpo, vino a pedir al escribano de la villa, llamado Clément, todas las llaves de puertas, habitaciones y oficinas del Ayuntamiento. Aquellas llaves le fueron entregadas al instante; cada una de ellas llevaba un billete que debía servir para hacerla reconocer, y a partir de aquel momento el señor de La Coste quedó encargado de la guardia de todas las puertas y todas las avenidas.
À onze heures vint à son tour Duhallier, capitaine des gardes, amenant avec lui cinquante archers qui se répartirent aussitôt dans l′Hôtel de Ville, aux portes qui leur avaient été assignées.A las once vino a su vez Duhallier, capitán de los guardias, trayendo consigo cincuenta arqueros que se repartieron al punto por el Ayuntamiento, en las puertas que les habían sido asignadas.
À trois heures arrivèrent deux compagnies des gardes, l′une française l′autre suisse. La compagnie des gardes françaises était composée moitié des hommes de M. Duhallier, moitié des hommes de M. des Essarts.A las tres llegaron dos compañías de guardias, una francesa, otra suiza. La compañía de los guardias franceses estaba compuesta: la mitad por hombres del señor Duhallier, la otra mitad por hombres del señor des Essarts.
À six heures du soir les invités commencèrent à entrer. À mesure qu′ils entraient, ils étaient placés dans la grande salle, sur les échafauds préparés.A las seis de la tarde, los invitados comenzaron a entrar. A medida que entraban, eran colocados en el salón, sobre los estrados preparados.
À neuf heures arriva Mme la Première présidente. Comme c′était, après la reine, la personne la plus considérable de la fête, elle fut reçue par messieurs de la ville et placée dans la loge en face de celle que devait occuper la reine.A las nueve llegó la señora primera presidenta. Como era después de la reina la persona de mayor consideración de la fiesta, fue recibida por los señores del Ayuntamiento y colocada en el palco frontero al que debía ocupar la reina.
À dix heures on dressa la collation des confitures pour le roi, dans la petite salle du côté de l′église Saint-Jean, et cela en face du buffet d′argent de la ville, qui était gardé par quatre archers.A las diez se trajo la colación de confituras para el rey en la salita del lado de la iglesia Saint-Jean, y ello frente al aparador de plata del Ayuntamiento, que era guardado por cuatro arqueros.
À minuit on entendit de grands cris et de nombreuses acclamations: c′était le roi qui s′avançait à travers les rues qui conduisent du Louvre à l′Hôtel de Ville, et qui étaient toutes illuminées avec des lanternes de couleur.A medianoche se oyeron grandes gritos y numerosas aclamaciones: era el rey que avanzaba a través de las calles que conducen del Louvre al palacio del Ayuntamiento, y que estaban iluminadas con linternas de color.
Aussitôt MM. les échevins, vêtus de leurs robes de drap et précédés de six sergents tenant chacun un flambeau à la main, allèrent au-devant du roi, qu′ils rencontrèrent sur les degrés, où le prévôt des marchands lui fit compliment sur sa bienvenue, compliment auquel Sa Majesté répondit en s′excusant d′être venue si tard, mais en rejetant la faute sur M. le cardinal, lequel l′avait retenue jusqu′à onze heures pour parler des affaires de l′État.Al punto los señores regidores, vestidos con sus trajes de paño y precedidos por seis sargentos, cada uno de los cuales llevaba un hachón en la mano, fueron ante el rey, a quien encontraron en las gradas, donde el preboste de los comerciantes le dio la bienvenida, cumplida la cual Su Majestad respondió excusándose de haber venido tan tarde, pero cargando la culpa sobre el señor cardenal, que lo había retenido hasta las once para hablar de los asuntos del Estado.
Sa Majesté, en habit de cérémonie, était accompagnée de S.A.R.Monsieur, du comte de Soissons, du grand prieur, du duc deLongueville, du duc d′Elbeuf, du comte d′Harcourt, du comte de LaRoche-Guyon, de M. de Liancourt, de M. de Baradas, du comte deCramail et du chevalier de Souveray.Su Majestad, en traje de ceremonia, estaba acompañado por S. A. R. Monsieur, por el conde de Soissons, por el gran prior, por el duque de Longueville, por el duque D′Elbeuf, por el conde D′Harcourt, por el conde de La Roche-Guyon, por el señor de Liancourt, por el señor de Baradas, por el conde de Cramail y por el caballero de Souveray.
Chacun remarqua que le roi avait l′air triste et préoccupé.Todos observaron que el rey tenía aire triste y preocupado.
Un cabinet avait été préparé pour le roi, et un autre pour Monsieur. Dans chacun de ces cabinets étaient déposés des habits de masques. Autant avait été fait pour la reine et pour Mme la présidente. Les seigneurs et les dames de la suite de Leurs Majestés devaient s′habiller deux par deux dans des chambres préparées à cet effet.Se había preparado para el rey un gabinete, y otro para Monsieur. En cada uno de estos gabinetes había depositados trajes de máscara. Otro tanto se había hecho para la reina y para la señora presidenta. Los señores y las damas del séquito de Sus Majestades debían vestirse de dos en dos en habitaciones preparadas a este efecto.
Avant d′entrer dans le cabinet, le roi recommanda qu′on le vînt prévenir aussitôt que paraîtrait le cardinal.Antes de entrar en el gabinete, el rey ordenó que viniesen a prevenirlo tan pronto como apareciese el cardenal.
Une demi-heure après l′entrée du roi, de nouvelles acclamations retentirent: celles-là annonçaient l′arrivée de la reine: les échevins firent ainsi qu′ils avaient fait déjà et, précédés des sergents, ils s′avancèrent au devant de leur illustre convive.Media hora después de la entrada del rey, nuevas aclamaciones sonaron: éstas anunciaban la llegada de la reina . Los regidores hicieron lo que ya habían hecho antes y precedidos por los sargentos se adelantaron al encuentro de su ilustre invitada.
La reine entra dans la salle: on remarqua que, comme le roi, elle avait l′air triste et surtout fatigué.La reina entró en la sala: se advirtió que, como el rey, tenía aire triste y sobre todo fatigado.
Au moment où elle entrait, le rideau d′une petite tribune qui jusque-là était resté fermé s′ouvrit, et l′on vit apparaître la tête pâle du cardinal vêtu en cavalier espagnol. Ses yeux se fixèrent sur ceux de la reine, et un sourire de joie terrible passa sur ses lèvres: la reine n′avait pas ses ferrets de diamants.En el momento en que entraba, la cortina de una pequeña tribuna que hasta entonces había permanecido cerrada se abrió, y se vio aparecer la cabeza pálida del cardenal vestido de caballero español. Sus ojos se fijaron sobre los de la reina, y una sonrisa de alegría terrible pasó por sus labios: la reina no tenía sus herretes de diamantes.
La reine resta quelque temps à recevoir les compliments de messieurs de la ville et à répondre aux saluts des dames.La reina permaneció algún tiempo recibiendo los cumplidos de los señores del Ayuntamiento y respondiendo a los saludos de las damas.
Tout à coup, le roi apparut avec le cardinal à l′une des portes de la salle. Le cardinal lui parlait tout bas, et le roi était très pâle.De pronto el rey apareció con el cardenal en una de las puertas de la sala. El cardenal le hablaba en voz baja y el rey estaba muy pálido.
Le roi fendit la foule et, sans masque, les rubans de son pourpoint à peine noués, il s′approcha de la reine, et d′une voix altérée:El rey hendió la multitud y, sin máscara, con las cintas de su jubón apenas anudadas, se aproximó a la reina y con voz alterada le dijo:
«Madame, lui dit-il, pourquoi donc, s′il vous plaît, n′avez-vous point vos ferrets de diamants, quand vous savez qu′il m′eût été agréable de les voir?»-Señora, ¿por qué, si os place, no tenéis vuestros herretes de diamantes cuando sabéis que me hubiera agradado verlos?
La reine étendit son regard autour d′elle, et vit derrière le roi le cardinal qui souriait d′un sourire diabolique.La reina tendió su mirada en torno a ella, y vio detrás del rey al cardenal que sonreía con una sonrisa diabólica.
«Sire, répondit la reine d′une voix altérée, parce qu′au milieu de cette grande foule j′ai craint qu′il ne leur arrivât malheur.-Sire -respondió la reina con voz alterada-, porque en medio de esta gran muchedumbre he temido que les ocurriera alguna desgracia.
— Et vous avez eu tort, madame! Si je vous ai fait ce cadeau, c′était pour que vous vous en pariez. Je vous dis que vous avez eu tort.»-¡Pues os habéis equivocado, señora! Si os he hecho ese regalo ha sido para que os adornarais con él. Os digo que os habéis equivocado.
Et la voix du roi était tremblante de colère; chacun regardait et écoutait avec étonnement, ne comprenant rien à ce qui se passait.Y la voz del rey estaba temblorosa de cólera; todos miraban y escuchaban con asombro, sin comprender nada de lo que pasaba.
«Sire, dit la reine, je puis les envoyer chercher au Louvre, où ils sont, et ainsi les désirs de Votre Majesté seront accomplis.-Sire -dijo la reina- puedo enviarlos a buscar al Louvre, donde están, y así los deseos de Vuestra Majestad serán cumplidos.
— Faites, madame, faites, et cela au plus tôt: car dans une heure le ballet va commencer.»-Hacedlo, señora, hacedlo, y cuanto antes; porque dentro de una hora va a comenzar el ballet.
La reine salua en signe de soumission et suivit les dames qui devaient la conduire à son cabinet.La reina saludó en señal de sumisión y siguió a las damas que debían conducirla a su gabinete.
De son côté, le roi regagna le sien.Por su parte, el rey volvió al suyo.
Il y eut dans la salle un moment de trouble et de confusion.Hubo en la sala un momento de desconcierto y confusión.
Tout le monde avait pu remarquer qu′il s′était passé quelque chose entre le roi et la reine; mais tous deux avaient parlé si bas, que, chacun par respect s′étant éloigné de quelques pas, personne n′avait rien entendu. Les violons sonnaient de toutes leurs forces, mais on ne les écoutait pas.Todo el mundo había podido notar que algo había pasado entre el rey y la reina; pero los dos habían hablado tan bajo que, habiéndose alejado todos por respeto algunos pasos, nadie había oído nada. Los violines tocaban con toda su fuerza, pero no los escuchaban.
Le roi sortit le premier de son cabinet; il était en costume de chasse des plus élégants, et Monsieur et les autres seigneurs étaient habillés comme lui. C′était le costume que le roi portait le mieux, et vêtu ainsi il semblait véritablement le premier gentilhomme de son royaume.El rey salió el primero de su gabinete; iba en traje de caza de los más elegantes y Monsieur y los otros señores iban vestidos como él. Era el traje que mejor llevaba el rey, y así vestido parecía verdaderamente el primer gentilhombre de su reino.
Le cardinal s′approcha du roi et lui remit une boîte. Le roi l′ouvrit et y trouva deux ferrets de diamants.El cardenal se acercó al rey y le entregó una caja. El rey la abrió y encontró en ella dos herretes de diamantes.
«Que veut dire cela? demanda-t-il au cardinal.-¿Qué quiere decir esto? -preguntó al cardenal.
— Rien, répondit celui-ci; seulement si la reine a les ferrets, ce dont je doute, comptez-les, Sire, et si vous n′en trouvez que dix, demandez à Sa Majesté qui peut lui avoir dérobé les deux ferrets que voici.»-Nada -respondió éste-. Sólo que si la reina tiene los herretes, cosa que dudo, contadlos, Sire, y si no encontráis más que diez, preguntad a Su Majestad quién puede haberle robado los dos herretes que hay ahí.
Le roi regarda le cardinal comme pour l′interroger; mais il n′eut le temps de lui adresser aucune question: un cri d′admiration sortit de toutes les bouches. Si le roi semblait le premier gentilhomme de son royaume, la reine était à coup sûr la plus belle femme de France.El rey miró al cardenal como para interrogarle; pero no tuvo tiempo de dirigirle ninguna pregunta: un grito de admiración salió de todas las bocas. Si el rey parecía el primer gentilhombre de su reino, la reina era a buen seguro la mujer más bella de Francia.
Il est vrai que sa toilette de chasseresse lui allait à merveille; elle avait un chapeau de feutre avec des plumes bleues, un surtout en velours gris perle rattaché avec des agrafes de diamants, et une jupe de satin bleu toute brodée d′argent. Sur son épaule gauche étincelaient les ferrets soutenus par un noeud de même couleur que les plumes et la jupe.Es cierto que su tocado de cazadora le iba de maravilla; tenía un sombrero de fieltro con plumas azules, un corpiño de terciopelo gris perla unido con broches de diamantes, y una falda de satén azul toda bordada de plata. En su hombro izquierdo resplandecían los herretes sostenidos por un nudo del mismo color que las plumas y la falda.
Le roi tressaillit de joie et le cardinal de colère; cependant, distants comme ils l′étaient de la reine, ils ne pouvaient compter les ferrets; la reine les avait, seulement en avait-elle dix ou en avait-elle douze?El rey se estremecía de alegría y el cardenal de cólera; sin embargo, distantes como estaban de la reina, no podían contar los herretes; la reina los tenía, sólo que, ¿tenía diez o tenía doce?
En ce moment, les violons sonnèrent le signal du ballet. Le roi s′avança vers Mme la présidente, avec laquelle il devait danser, et S.A.R. Monsieur avec la reine. On se mit en place, et le ballet commença.En aquel momento, los violines hicieron sonar la señal del baile. El rey avanzó hacia la señora presidenta, con la que debía bailar, y S. A. Monsieur con la reina. Se pusieron en sus puestos y el baile comenzó.
Le roi figurait en face de la reine, et chaque fois qu′il passait près d′elle, il dévorait du regard ces ferrets, dont il ne pouvait savoir le compte. Une sueur froide couvrait le front du cardinal.El rey estaba en frente de la reina, y cada vez que pasaba a su lado, devoraba con la mirada aquellos herretes, cuya cuenta no podía saber. Un sudor frío cubría la frente del cardenal.
Le ballet dura une heure; il avait seize entrées.El baile duró una hora: tenía dieciséis intermedios.
Le ballet finit au milieu des applaudissements de toute la salle, chacun reconduisit sa dame à sa place; mais le roi profita du privilège qu′il avait de laisser la sienne où il se trouvait, pour s′avancer vivement vers la reine.El baile terminó en medio de los aplausos de toda la sala, cada cual llevó a su dama a su sitio, pero el rey aprovechó el privilegio que tenía de dejar a la suya donde se encontraba para avanzar deprisa hacia la reina.
«Je vous remercie, madame, lui dit-il, de la déférence que vous avez montrée pour mes désirs, mais je crois qu′il vous manque deux ferrets, et je vous les rapporte.»-Os agradezco, señora -le dijo-, la deferencia que habéis mostrado hacia mis deseos, pero creo que os faltan dos herretes, y yo os los devuelvo.
À ces mots, il tendit à la reine les deux ferrets que lui avait remis le cardinal.Y con estas palabras, tendió a la reina los dos herretes que le había entregado el cardenal.
«Comment, Sire! s′écria la jeune reine jouant la surprise, vous m′en donnez encore deux autres; mais alors cela m′en fera donc quatorze?»-¡Cómo, Sire! -exclamó la joven reina fingiendo sorpresa-. ¿Me dais aún otros dos? Entonces con éstos tendré catorce.
En effet, le roi compta, et les douze ferrets se trouvèrent sur l′épaule de Sa Majesté.En efecto, el rey contó y los doce herretes se hallaron en los hombros de Su Majestad.
Le roi appela le cardinal:El rey llamó al cardenal.
«Eh bien, que signifie cela, monsieur le cardinal? demanda le roi d′un ton sévère.-Y bien, ¿qué significa esto, monseñor cardenal? -preguntó el rey en tono severo.
— Cela signifie, Sire, répondit le cardinal, que je désirais faire accepter ces deux ferrets à Sa Majesté, et que n′osant les lui offrir moi-même, j′ai adopté ce moyen.-Eso significa, Sire -respondió el cardenal-, que yo deseaba que Su Majestad aceptara esos dos herretes y, no atreviéndome a ofrecérselos yo mismo, he adoptado este medio.
— Et j′en suis d′autant plus reconnaissante à Votre Éminence, répondit Anne d′Autriche avec un sourire qui prouvait qu′elle n′était pas dupe de cette ingénieuse galanterie, que je suis certaine que ces deux ferrets vous coûtent aussi cher à eux seuls que les douze autres ont coûté à Sa Majesté.»-Y yo quedo tanto más agradecida a Vuestra Eminencia -respondió Ana de Austria con una sonrisa que probaba que no era víctima de aquella ingeniosa galantería-, cuanto que estoy segura de que estos dos herretes os cuestan tan caros ellos solos como los otros doce han costado a Su Majestad.
Puis, ayant salué le roi et le cardinal, la reine reprit le chemin de la chambre où elle s′était habillée et où elle devait se dévêtir.Luego, habiendo saludado al rey y al cardenal, la reina tomó el camino de la habitación en que se había vestido y en que debía desvestirse.
L′attention que nous avons été obligés de donner pendant le commencement de ce chapitre aux personnages illustres que nous y avons introduits nous a écartés un instant de celui à qui Anne d′Autriche devait le triomphe inouퟱu′elle venait de remporter sur le cardinal, et qui, confondu, ignoré, perdu dans la foule entassée à l′une des portes, regardait de là cette scène compréhensible seulement pour quatre personnes: le roi, la reine, Son Éminence et lui.La atención que nos hemos visto obligados a prestar durante el comienzo de este capítulo a los personajes ilustres que en él hemos introducido, nos han alejado un instante de aquel a quien Ana de Austria debía el triunfo inaudito que acababa de obtener sobre el cardenal y que, confundido, ignorado perdido en la muchedumbre apiñada en una de las puertas, miraba desde allí esta escena sólo comprensible para cuatro personas: el rey, la reina Su Eminencia y él.
La reine venait de regagner sa chambre, et d′Artagnan s′apprêtait à se retirer, lorsqu′il sentit qu′on lui touchait légèrement l′épaule; il se retourna, et vit une jeune femme qui lui faisait signe de la suivre. Cette jeune femme avait le visage couvert d′un loup de velours noir, mais malgré cette précaution, qui, au reste, était bien plutôt prise pour les autres que pour lui, il reconnut à l′instant même son guide ordinaire, la légère et spirituelle Mme Bonacieux.La reina acababa de ganar su habitación y D′Artagnan se aprestaba a retirarse cundo sintió que le tocaban ligeramente en el hombro; se volvió y vio a una mujer joven que le hacía señas de seguirla. Aquella joven tenía el rostro cubierto por un antifaz de terciopelo negro, mas pese a esta precaución que, por lo demás, estaba tomada más para los otros que para él, reconoció al instante mismo a su guía habitual, la ligera a ingeniosa señora Bonacieux.
La veille ils s′étaient vus à peine chez le suisse Germain, où d′Artagnan l′avait fait demander. La hâte qu′avait la jeune femme de porter à la reine cette excellente nouvelle de l′heureux retour de son messager fit que les deux amants échangèrent à peine quelques paroles. D′Artagnan suivit donc Mme Bonacieux, mû par un double sentiment, l′amour et la curiosité. Pendant toute la route, et à mesure que les corridors devenaient plus déserts, d′Artagnan voulait arrêter la jeune femme, la saisir, la contempler, ne fût- ce qu′un instant; mais, vive comme un oiseau, elle glissait toujours entre ses mains, et lorsqu′il voulait parler, son doigt ramené sur sa bouche avec un petit geste impératif plein de charme lui rappelait qu′il était sous l′empire d′une puissance à laquelle il devait aveuglément obéir, et qui lui interdisait jusqu′à la plus légère plainte; enfin, après une minute ou deux de tours et de détours, Mme Bonacieux ouvrit une porte et introduisit le jeune homme dans un cabinet tout à fait obscur. Là elle lui fit un nouveau signe de mutisme, et ouvrant une seconde porte cachée par une tapisserie dont les ouvertures répandirent tout à coup une vive lumière, elle disparut.La víspera apenas si se habían visto en el puesto del suizo Germain, donde D′Artagnan la había hecho llamar. La prisa que tenía la joven por llevar a la reina la excelente noticia del feliz retorno de su mensajero hizo que los dos amantes apenas cambiaran algunas palabras. D′Artagnan siguió, pues, a la señora Bonacieux movido por un doble sentimiento: el amor y la curiosidad. Durante todo el camino, y a medida que los corredores se hacían más desiertos, D′Artagnan quería detener a la joven, cogerla, contemplarla, aunque no fuera más que un instante; pero vivaz como un pájaro, se deslizaba siempre entre sus manos, y cuando él quería hablar, su dedo puesto en su boca con un leve gesto imperativo lleno de encanto le recordaba que estaba bajo el imperio de una potencia a la que debía obedecer ciegamente, y que le prohibía incluso la más ligera queja; por fin, tras un minuto o dos de vueltas y revueltas, la señora Bonacieux abrió una puerta a introdujo al joven en un gabinete completamente oscuro. Allí le hizo una nueva señal de mutismo, y abriendo una segunda puerta oculta por una tapicería cuyas aberturas esparcieron de pronto viva luz, desapareció.
D′Artagnan demeura un instant immobile et se demandant où il était, mais bientôt un rayon de lumière qui pénétrait par cette chambre, l′air chaud et parfumé qui arrivait jusqu′à lui, la conversation de deux ou trois femmes, au langage à la fois respectueux et élégant, le mot de Majesté plusieurs fois répété, lui indiquèrent clairement qu′il était dans un cabinet attenant à la chambre de la reine.D′Artagnan permaneció un instante inmóvil y preguntándose dónde estaba, pero pronto un rayo de luz que penetraba por aquella habitación, el aire cálido y perfumado que llegaba hasta él, la conversación de dos o tres mujeres, en lenguaje a la vez respetuoso y elegante, la palabra Majestad muchas veces repetida, le indicaron claramente que estaba en un gabinete contiguo a la habitación de la reina.
Le jeune homme se tint dans l′ombre et attendit.El joven permaneció en la sombra y esperó.
La reine paraissait gaie et heureuse, ce qui semblait fort étonner les personnes qui l′entouraient, et qui avaient au contraire l′habitude de la voir presque toujours soucieuse. La reine rejetait ce sentiment joyeux sur la beauté de la fête, sur le plaisir que lui avait fait éprouver le ballet, et comme il n′est pas permis de contredire une reine, qu′elle sourie ou qu′elle pleure, chacun renchérissait sur la galanterie de MM. les échevins de la ville de Paris.La reina se mostraba alegre y feliz, lo cual parecía asombrar a las personas que la rodeaban y que tenían por el contrario la costumbre de verla casi siempre preocupada. La reina achacaba aquel sentimiento gozoso a la belleza de la fiesta, al placer que le había hecho experimentar el baile, y como no está permitido contradecir a una reina, sonría o llore, todos ponderaban la galantería de los señores regidores del Ayuntamiento de Paris.
Quoique d′Artagnan ne connût point la reine, il distingua sa voix des autres voix, d′abord à un léger accent étranger, puis à ce sentiment de domination naturellement empreint dans toutes les paroles souveraines. Il l′entendait s′approcher et s′éloigner de cette porte ouverte, et deux ou trois fois il vit même l′ombre d′un corps intercepter la lumière.Aunque D′Artagnan no conociese a la reina, distinguió su voz de las otras voces, en primer lugar por un ligero acento extranjero, luego por ese sentimiento de dominación, impreso naturalmente en todas las palabras soberanas. La oyó acercarse y alejarse de aquella puerta abierta, y dos o tres veces vio incluso la sombra de un cuerpo interceptar la luz.
Enfin, tout à coup une main et un bras adorables de forme et de blancheur passèrent à travers la tapisserie; d′Artagnan comprit que c′était sa récompense: il se jeta à genoux, saisit cette main et appuya respectueusement ses lèvres; puis cette main se retira laissant dans les siennes un objet qu′il reconnut pour être une bague; aussitôt la porte se referma, et d′Artagnan se retrouva dans la plus complète obscurité.Finalmente, de pronto, una mano y un brazo adorables de forma y de blancura pasaron a través de la tapicería; D′Artagnan comprendió que aquella era su recompensa: se postró de rodillas, cogió aquella mano y apoyó respetuosamente sus labios; luego aquella mano se retiró dejando en las suyas un objeto que reconoció como un anillo; al punto la puerta volvió a cerrarse y D′Artagnan se encontró de nuevo en la más completa oscuridad.
D′Artagnan mit la bague à son doigt et attendit de nouveau; il était évident que tout n′était pas fini encore.D′Artagnan puso el anillo en su dedo y esperó otra vez; era evidente que no todo había terminado aún.
Après la récompense de son dévouement venait la récompense de son amour. D′ailleurs, le ballet était dansé, mais la soirée était à peine commencée: on soupait à trois heures, et l′horloge Saint- Jean, depuis quelque temps déjà, avait sonné deux heures trois quarts.Después de la recompensa de su abnegación venía la recompensa de su amor. Además, el ballet había acabado, pero la noche apenas había comenzado: se cenaba a las tres y el reloj de Saint-Jean hacía algún tiempo que había tocado ya las dos y tres cuartos.
En effet, peu à peu le bruit des voix diminua dans la chambre voisine; puis on l′entendit s′éloigner; puis la porte du cabinet où était d′Artagnan se rouvrit, et Mme Bonacieux s′y élança.En efecto, poco a poco el ruido de las voces disminuyó en la habitación vecina; se las oyó alejarse; luego, la puerta del gabinete donde estaba D′Artagnan se volvió a abrir y la señora Bonacieux se adelantó.
«Vous, enfin! s′écria d′Artagnan.-¡Vos por fin! -exclamó D′Artagnan.
— Silence! dit la jeune femme en appuyant sa main sur les lèvres du jeune homme: silence! et allez-vous-en par où vous êtes venu.-¡Silencio! -dijo la joven, apoyando su mano sobre los labios del joven-. ¡Silencio! E idos por donde habéis venido.
— Mais où et quand vous reverrai-je? s′écria d′Artagnan.-Pero ¿cuándo os volveré a ver? -exclamó D′Artagnan.
— Un billet que vous trouverez en rentrant vous le dira. Partez, partez!»-Un billete que encontraréis al volver a vuestra casa lo dirá. ¡Marchaos, marchaos!
Et à ces mots elle ouvrit la porte du corridor et poussa d′Artagnan hors du cabinet.Y con estas palabras abrió la puerta del corredor y empujó a D′Artagnan fuera del gabinete.
D′Artagnan obéit comme un enfant, sans résistance et sans objection aucune, ce qui prouve qu′il était bien réellement amoureux.D′Artagnan obedeció cómo un niño, sin resistencia y sin obción alguna, lo que prueba que estaba realmente muy enamorado.






CHAPITRE XXIII -- LE RENDEZ-VOUS

Capítulo XXIII -- La cita

D′Artagnan revint chez lui tout courant, et quoiqu′il fût plus de trois heures du matin, et qu′il eût les plus méchants quartiers de Paris à traverser, il ne fit aucune mauvaise rencontre. On sait qu′il y a un dieu pour les ivrognes et les amoureux.D′Artagnan volvió a su casa a todo correr, y aunque eran más de las tres de la mañana y aunque tuvo que atravesar los peores barrios de Paris, no tuvo ningún mal encuentro. Ya se sabe que hay un dios que vela por los borrachos y los enamorados.
Il trouva la porte de son allée entrouverte, monta son escalier, et frappa doucement et d′une façon convenue entre lui et son laquais. Planchet, qu′il avait renvoyé deux heures auparavant de l′Hôtel de Ville en lui recommandant de l′attendre, vint lui ouvrir la porte.Encontró la puerta de su casa entreabierta, subió su escalera, y llamó suavemente y de una forma convenida entre él y su lacayo. Planchet, a quien dos horas antes había enviado del palacio del Ayuntamiento recomendándole que lo esperase, vino a abrirle la puerta.
«Quelqu′un a-t-il apporté une lettre pour moi? demanda vivement d′Artagnan.-¿Alguien ha traído una carta para mî? -preguntó vivamente D′Artagnan.
— Personne n′a apporté de lettre, monsieur, répondit Planchet; mais il y en a une qui est venue toute seule.-Nadie ha traído ninguna carta, señor -respondió Planchet-; pero hay una que ha venido totalmente sola.
— Que veux-tu dire, imbécile?-¿Qué quieres decir, imbécil?
— Je veux dire qu′en rentrant, quoique j′eusse la clef de votre appartement dans ma poche et que cette clef ne m′eût point quitté, j′ai trouvé une lettre sur le tapis vert de la table, dans votre chambre à coucher.-Quiero decir que al volver, aunque tenía la llave de vuestra casa en mi bolsillo y aunque esa llave no me haya abandonado, he encontrado una carta sobre el tapiz verde de la mesa, en vuestro dormitorio.
— Et où est cette lettre?-¿Y dónde está esa carta?
— Je l′ai laissée où elle était, monsieur. Il n′est pas naturel que les lettres entrent ainsi chez les gens. Si la fenêtre était ouverte encore, ou seulement entrebâillée je ne dis pas; mais non, tout était hermétiquement fermé. Monsieur, prenez garde, car il y a très certainement quelque magie là-dessous.»-La he dejado donde estaba, señor. No es natural que las cartas entren así en casa de las gentes. Si la ventana estuviera abierta, o solamente entreabierta, no digo que no; pero no, todo estaba herméticamente cerrado. Señor, tened cuidado, porque a buen seguro hay alguna magia en ella.
Pendant ce temps, le jeune homme s′élançait dans la chambre et ouvrait la lettre; elle était de Mme Bonacieux, et conçue en ces termes:Durante este tiempo, el joven se había lanzado a la habitación y abierto la carta; era de la señora Bonacieux y estaba concebida en estos términos:
«On a de vifs remerciements à vous faire et à vous transmettre. Trouvez-vous ce soir vers dix heures à Saint-Cloud, en face du pavillon qui s′élève à l′angle de la maison de M. d′Estrées. C. B.""Hay vivos agradecimientos que haceros y que transmitiros. Estad esta noche hacia las diez en Saint-Cloud, frente al pabellón que se alza en la esquina de la casa del señor D′Estrées.«C. B.»
En lisant cette lettre, d′Artagnan sentait son coeur se dilater et s′étreindre de ce doux spasme qui torture et caresse le coeur des amants.Al leer aquella carta, D′Artagnan sentía su corazón dilatarse y encogerse con ese dulce espasmo que tortura y acaricia el corazón de los amantes.
C′était le premier billet qu′il recevait, c′était le premier rendez-vous qui lui était accordé. Son coeur, gonflé par l′ivresse de la joie, se sentait prêt à défaillir sur le seuil de ce paradis terrestre qu′on appelait l′amour.Era el primer billete que recibía, era la primera cita que se le concedía. Su corazón, henchido por la embriaguez de la alegría, se sentía presto a desfallecer sobre el umbral de aquel paraíso terrestre que se llamaba el amor.
«Eh bien! monsieur, dit Planchet, qui avait vu son maître rougir et pâlir successivement; eh bien! n′est-ce pas que j′avais deviné juste et que c′est quelque méchante affaire?-¡Y bien, señor! -dijo Planchet, que había visto a su amo enrojecer y palidecer sucesivamente-. ¿No es justo lo que he adivinado y que se trata de algún asunto desagradable?
— Tu te trompes, Planchet, répondit d′Artagnan, et la preuve, c′est que voici un écu pour que tu boives à ma santé.-Te equivocas, Planchet -respondió D′Artagnan-, y la prueba es que ahí tienes un escudo para que bebas a mi salud.
— Je remercie monsieur de l′écu qu′il me donne, et je lui promets de suivre exactement ses instructions; mais il n′en est pas moins vrai que les lettres qui entrent ainsi dans les maisons fermées…-Agradezco al señor el escudo que me da, y le prometo seguir exactamente sus instrucciones; pero no es menos cierto que las cartas que entran así en las casas cerradas...
— Tombent du ciel, mon ami, tombent du ciel.-Caen del cielo, amigo mío, caen del cielo.
— Alors, monsieur est content? demanda Planchet.-Entonces, ¿el señor está contento? -preguntó Planchet.
— Mon cher Planchet, je suis le plus heureux des hommes!-¡Mi querido Planchet, soy el más feliz de los hombres!
— Et je puis profiter du bonheur de monsieur pour aller me coucher?-¿Puedo aprovechar la felicidad del señor para irme a acostar?
— Oui, va.-Sí, vete.
— Que toutes les bénédictions du Ciel tombent sur monsieur, mais il n′en est pas moins vrai que cette lettre…»-Que todas las bendiciones del cielo caigan sobre el señor, pero no es menos cierto que esa carta...
Et Planchet se retira en secouant la tête avec un air de doute que n′était point parvenu à effacer entièrement la libéralité de d′Artagnan.Y Planchet se retiró moviendo la cabeza con aire de duda que no había conseguido borrar enteramente la liberalidad de D′Artagnan.
Resté seul, d′Artagnan lut et relut son billet, puis il baisa et rebaisa vingt fois ces lignes tracées par la main de sa belle maîtresse. Enfin il se coucha, s′endormit et fit des rêves d′or.Al quedarse solo, D′Artagnan leyó y releyó su billete, luego besó y volvió a besar veinte veces aquellas líneas trazadas por la mano de , su bella amante. Finalmente se acostó, se durmió y tuvo sueños dorados.
À sept heures du matin, il se leva et appela Planchet, qui, au second appel, ouvrit la porte, le visage encore mal nettoyé des inquiétudes de la veille.A las siete de la mañana se levantó y llamó a Planchet, que a la segunda llamada abrió la puerta, el rostro todavía mal limpio de las inquietudes de la víspera.
«Planchet, lui dit d′Artagnan, je sors pour toute la journée peut- être; tu es donc libre jusqu′à sept heures du soir; mais, à sept heures du soir, tiens-toi prêt avec deux chevaux.-Planchet -le dijo D′Artagnan-, salgo por todo el día quizá; eres, pues, libre hasta las siete de la tarde; pero a las siete de la tarde, estate dispuesto con dos caballos.
— Allons! dit Planchet, il paraît que nous allons encore nous faire traverser la peau en plusieurs endroits.-¡Vaya! -dijo Planchet-. Parece que todavía vamos a hacernos agujerear la piel en varios lugares.
— Tu prendras ton mousqueton et tes pistolets.-Cogerás tu mosquetón y tus pistolas.
— Eh bien, que disais-je? s′écria Planchet. Là, j′en étais sûr, maudite lettre!-¡Bueno! ¿Qué decía yo? -exclamó Planchet-. Estaba seguro; , esa maldita carta...
— Mais rassure-toi donc, imbécile, il s′agit tout simplement d′une partie de plaisir.-Tranquilízate, imbécil, se trata simplemente de una partida de placer.
— Oui! comme les voyages d′agrément de l′autre jour, où il pleuvait des balles et où il poussait des chausse-trapes.-Sí, como los viajes de recreo del otro día, en los que llovían las balas y donde había trampas.
— Au reste, si vous avez peur, monsieur Planchet, reprit d′Artagnan, j′irai sans vous; j′aime mieux voyager seul que d′avoir un compagnon qui tremble.-Además, si tenéis miedo, señor Planchet -prosiguió D′Artagnan-, iré sin vos; prefiero viajar solo antes que tener un compañero que tiembla.
— Monsieur me fait injure, dit Planchet; il me semblait cependant qu′il m′avait vu à l′oeuvre.-El señor me injuria -dijo Planchet-; me parece, sin embargo, que me ha visto en acción.
— Oui, mais j′ai cru que tu avais usé tout ton courage d′une seule fois.-Sí, pero creo que gastaste todo tu valor de una sola vez.
— Monsieur verra que dans l′occasion il m′en reste encore; seulement je prie monsieur de ne pas trop le prodiguer, s′il veut qu′il m′en reste longtemps.-El señor verá que cuando la ocasión se presente todavía me queda; sólo que ruego al señor no prodigarlo demasiado si quiere que me quede por mucho tiempo.
— Crois-tu en avoir encore une certaine somme à dépenser ce soir?-¿Crees tener todavía cierta cantidad para gastar esta noche?
— Je l′espère.-Eso espero.
— Eh bien, je compte sur toi.-Pues bien, cuento contigo.
— À l′heure dite, je serai prêt; seulement je croyais que monsieur n′avait qu′un cheval à l′écurie des gardes.-A la hora indicada estaré dispuesto; sólo que yo creía que el señor no tenía más que un caballo en la cuadra de los guardias.
— Peut-être n′y en a-t-il qu′un encore dans ce moment-ci, mais ce soir il y en aura quatre.-Quizá no haya en estos momentos más que uno, pero esta noche habrá cuatro.
— Il paraît que notre voyage était un voyage de remonte?-Parece que nuestro viaje fuera un viaje de remonta.
— Justement», dit d′Artagnan.-Exactamente -dijo D′Artagnan.
Et ayant fait à Planchet un dernier geste de recommandation, il sortit.Y tras hacer a Planchet un último gesto de recomendación salió.
M. Bonacieux était sur sa porte. L′intention de d′Artagnan était de passer outre, sans parler au digne mercier; mais celui-ci fit un salut si doux et si bénin, que force fut à son locataire non seulement de le lui rendre, mais encore de lier conversation avec lui.El señor Bonacieux estaba a su puerta. La intención de D′Artagnan era pasar de largo sin hablar al digno mercero; pero éste hizo un saludo tan suave y tan benigno que su inquilino hubo por fuerza no sólo de devolvérselo, sino incluso de trabar conversación con él.
Comment d′ailleurs ne pas avoir un peu de condescendance pour un mari dont la femme vous a donné un rendez-vous le soir même à Saint-Cloud, en face du pavillon de M. d′Estrées! D′Artagnan s′approcha de l′air le plus aimable qu′il put prendre.Por otra parte, ¿cómo no tener un poco de condescendencia para con un marido cuya mujer os ha dado una cita para esa misma noche en Saint-Cloud, frente al pabellón del señor D′Estrées? D′Artagnan se acercó con el aire más amable que pudo adoptar.
La conversation tomba tout naturellement sur l′incarcération du pauvre homme. M. Bonacieux, qui ignorait que d′Artagnan eût entendu sa conversation avec l′inconnu de Meung, raconta à son jeune locataire les persécutions de ce monstre de M. de Laffemas, qu′il ne cessa de qualifier pendant tout son récit du titre de bourreau du cardinal et s′étendit longuement sur la Bastille, les verrous, les guichets, les soupiraux, les grilles et les instruments de torture.La conversación recayó naturalmente sobre el encarcelamiento del pobre hombre. El señor Bonacieux, que ignoraba que D′Artagnan había oído su conversación con el desconocido de Meung, contó a su joven inquilino las persecuciones de aquel monstruo del señor de Laffemas, a quien no cesó de calificar durante todo su relato de verdugo del cardenal, y se extendió largamente sobre la Bastilla, los cerrojos, los postigos, los tragaluces, las rejas y los instrumentos de tortura.
D′Artagnan l′écouta avec une complaisance exemplaire puis, lorsqu′il eut fini:D′Artagnan lo escuchó con una complacencia ejemplar; luego, cuando hubo terminado:
«Et Mme Bonacieux, dit-il enfin, savez-vous qui l′avait enlevée? car je n′oublie pas que c′est à cette circonstance fâcheuse que je dois le bonheur d′avoir fait votre connaissance.-Y la señora Bonacieux -dijo por fin-, ¿sabéis quién la había raptado? Porque no olvido que gracias a esa circunstancia molesta debo la dicha de haberos conocido.
— Ah! dit M. Bonacieux, ils se sont bien gardés de me le dire, et ma femme de son côté m′a juré ses grands dieux qu′elle ne le savait pas. Mais vous-même, continua M. Bonacieux d′un ton de bonhomie parfaite, qu′êtes-vous devenu tous ces jours passés? je ne vous ai vu, ni vous ni vos amis, et ce n′est pas sur le pavé de Paris, je pense, que vous avez ramassé toute la poussière que Planchet époussetait hier sur vos bottes.-¡Ah! -dijo el señor Bonacieux-. Se han guardado mucho de decírmelo, y mi mujer por su parte, me ha jurado por todos los dioses que ella no lo sabía. Pero y de vos -continuó el señor Bonacieux en un tono de ingenuidad perfecta-, ¿qué ha sido de vos todos estos días pasados? No os he visto ni a vos ni a vuestros amigos, y no creo que haya sido en el pavimento de París donde habéis cogido todo el polvo que Planchet quitaba ayer de vuestras botas.
— Vous avez raison, mon cher monsieur Bonacieux, mes amis et moi nous avons fait un petit voyage.-Tenéis razón, mi querido señor Bonacieux, mis amigos y yo hemos hecho un pequeño viaje.
— Loin d′ici?-¿Lejos de aquí?
— Oh! mon Dieu non, à une quarantaine de lieues seulement; nous avons été conduire M. Athos aux eaux de Forges, où mes amis sont restés.-¡Oh, Dios mío, no, a unas cuarenta leguas sólo! Hemos ido a llevar al señor Athos a las aguas de Forges, donde mis amigos se han quedado.
— Et vous êtes revenu, vous, n′est-ce pas? reprit M. Bonacieux en donnant à sa physionomie son air le plus malin. Un beau garçon comme vous n′obtient pas de longs congés de sa maîtresse, et nous étions impatiemment attendu à Paris, n′est-ce pas?-¿Y vos habéis vuelto, verdad? -prosiguió el señor Bonacieux dando a su fisonomía su aire más maligno-. Un buen mozo como vos no consigue largos permisos de su amante, y erais impacientemente esperado en Paris, ¿no es así?
— Ma foi, dit en riant le jeune homme, je vous l′avoue, d′autant mieux, mon cher monsieur Bonacieux, que je vois qu′on ne peut rien vous cacher. Oui, j′étais attendu, et bien impatiemment, je vous en réponds.»-A fe -dijo riendo el joven-, os lo confieso, mi querido señor Bonacieux, tanto más cuanto que veo que no se os puede ocultar nada. Sí, era esperado, y muy impacientemente, os respondo de ello.
Un léger nuage passa sur le front de Bonacieux, mais si léger, que d′Artagnan ne s′en aperçut pas.Una ligera nube pasó por la frente de Bonacieux, pero tan ligera que D′Artagnan no se dio cuenta.
«Et nous allons être récompensé de notre diligence? continua le mercier avec une légère altération dans la voix, altération que d′Artagnan ne remarqua pas plus qu′il n′avait fait du nuage momentané qui, un instant auparavant, avait assombri la figure du digne homme.-¿Y vamos a ser recompensados por nuestra diligencia? -continuó el mercero con una ligera alteración en la voz, alteración que D′Artagnan no notó como tampoco había notado la nube momentánea que un instante antes había ensombrecido el rostro del digno hombre.
— Ah! faites donc le bon apôtre! dit en riant d′Artagnan.-¡Vaya! ¿Vais a sermonearme? -dijo riendo D′Artagnan.
— Non, ce que je vous en dis, reprit Bonacieux, c′est seulement pour savoir si nous rentrons tard.-No, lo que os digo es sólo -repuso Bonacieux-, es sólo para saber si volveremos tarde.
— Pourquoi cette question, mon cher hôte? demanda d′Artagnan; est-ce que vous comptez m′attendre?-¿Por qué esa pregunta, querido huésped? -preguntó D′Artagnan-. ¿Es que contáis con esperarme?
— Non, c′est que depuis mon arrestation et le vol qui a été commis chez moi, je m′effraie chaque fois que j′entends ouvrir une porte, et surtout la nuit. Dame, que voulez-vous! je ne suis point homme d′épée, moi!-No, es que desde mi arresto y el robo que han cometido en mi casa, me asusto cada vez que oigo abrir una puerta, y sobre todo por la noche. ¡Maldita sea! ¿Qué queréis? Yo no soy un hombre de espada.
— Eh bien, ne vous effrayez pas si je rentre à une heure, à deux ou trois heures du matin; si je ne rentre pas du tout, ne vous effrayez pas encore.»-¡Bueno! No os asustéis si regreso a la una, a las dos o a las tres de la mañana; y si no regreso, tampoco os asustéis.
Cette fois, Bonacieux devint si pâle, que d′Artagnan ne put faire autrement que de s′en apercevoir, et lui demanda ce qu′il avait.Aquella vez Bonacieux se quedó tan pálido que D′Artagnan no pudo dejar de darse cuenta, y le preguntó qué tenía.
«Rien, répondit Bonacieux, rien. Depuis mes malheurs seulement, je suis sujet à des faiblesses qui me prennent tout à coup, et je viens de me sentir passer un frisson. Ne faites pas attention à cela, vous qui n′avez à vous occuper que d′être heureux.-Nada -respondió Bonacieux-, nada. Desde estas desgracias, estoy sujeto a desmayos que se apoderan de mí de pronto, y acabo de sentir pasar por mí un estremecimiento. No le hagáis caso, vos no tenéis más que ocuparos de ser feliz.
— Alors j′ai de l′occupation, car je le suis.-Entonces tengo ocupación, porque lo soy.
— Pas encore, attendez donc, vous avez dit: à ce soir.-No todavía, esperar entonces, vos mismo lo habéis dicho: esta noche.
— Eh bien, ce soir arrivera, Dieu merci! et peut-être l′attendez- vous avec autant d′impatience que moi. Peut-être, ce soir, Mme Bonacieux visitera-t-elle le domicile conjugal.-¡Bueno, esta noche llegará, a Dios gracias! Y quizá la estéis esperando vos con tanta impaciencia como yo. Quizá esta noche la señora Bonacieux visite el domicilio conyugal.
— Mme Bonacieux n′est pas libre ce soir, répondit gravement le mari; elle est retenue au Louvre par son service.-La señora Bonacieux no está libre esta noche -respondió con tono grave el marido-; está retenida en el Louvre por su servicio.
— Tant pis pour vous, mon cher hôte, tant pis; quand je suis heureux, moi, je voudrais que tout le monde le fût; mais il paraît que ce n′est pas possible.»-Tanto peor para vos, mi querido huésped, tanto peor; cuando soy feliz quisiera que todo el mundo lo fuese; pero parece que no es posible.
Et le jeune homme s′éloigna en riant aux éclats de la plaisanterie que lui seul, pensait-il, pouvait comprendre.Y el joven se alejó riéndose a carcajadas que sólo él, eso pensaba, podía comprender.
«Amusez-vous bien!» répondit Bonacieux d′un air sépulcral.-¡Divertíos mucho! -respondió Bonacieux con un acento sepulcral.
Mais d′Artagnan était déjà trop loin pour l′entendre, et l′eut-il entendu, dans la disposition d′esprit où il était, il ne l′eût certes pas remarqué.Pero D′Artagnan estaba ya demasiado lejos para oírlo y, aunque lo hubiera oído, en la disposición de ánimo en que estaba, no lo hubiera ciertamente notado.
Il se dirigea vers l′hôtel de M. de Tréville; sa visite de la veille avait été, on se le rappelle, très courte et très peu explicative.Se dirigió hacia el palacio del señor de Tréville; su visita de la víspera había sido como se recordará, muy corta y muy poco explicativa.
Il trouva M. de Tréville dans la joie de son âme. Le roi et la reine avaient été charmants pour lui au bal. Il est vrai que le cardinal avait été parfaitement maussade.Encontró al señor de Tréville con la alegría en el alma. El rey y la reina habían estado encantadores con él en el baile. Cierto que el cardenal había estado perfectamente desagradable.
À une heure du matin, il s′était retiré sous prétexte qu′il était indisposé. Quant à Leurs Majestés, elles n′étaient rentrées au Louvre qu′à six heures du matin.A la una de la mañana se había retirado so pretexto de que estaba indispuesto. En cuanto a Sus Majestades, no habían vuelto al Louvre hasta las seis de la mañana.
«Maintenant, dit M. de Tréville en baissant la voix et en interrogeant du regard tous les angles de l′appartement pour voir s′ils étaient bien seuls, maintenant parlons de vous, mon jeune ami, car il est évident que votre heureux retour est pour quelque chose dans la joie du roi, dans le triomphe de la reine et dans l′humiliation de Son Éminence. Il s′agit de bien vous tenir.-Ahora -dijo el señor de Tréville bajando la voz a interrogando con la mirada a todos los ángulos de la habitación para ver si estaban completamente solos-, ahora hablemos de vos, joven amigo, porque es evidente que vuestro feliz retorno tiene algo que ver con la alegría del rey, con el triunfo de la reina y con la humillación de su Eminencia. Se trata de protegeros.
— Qu′ai-je à craindre, répondit d′Artagnan, tant que j′aurai le bonheur de jouir de la faveur de Leurs Majestés?-¿Qué he de temer -respondió D′Artagnan- mientras tenga la dicha de gozar del favor de Sus Majestades?
— Tout, croyez-moi. Le cardinal n′est point homme à oublier une mystification tant qu′il n′aura pas réglé ses comptes avec le mystificateur, et le mystificateur m′a bien l′air d′être certain Gascon de ma connaissance.-Todo, creedme. El cardenal no es hombre que olvide una mistificación mientras no haya saldado sus cuentas con el mistificador, y el mistificador me parece ser cierto gascón de mi conocimiento.
— Croyez-vous que le cardinal soit aussi avancé que vous et sache que c′est moi qui ai été à Londres?-¿Creéis que el cardenal esté tan adelantado como vos y sepa que soy yo quien ha estado en Londres?
— Diable! vous avez été à Londres. Est-ce de Londres que vous avez rapporté ce beau diamant qui brille à votre doigt? Prenez garde, mon cher d′Artagnan, ce n′est pas une bonne chose que le présent d′un ennemi; n′y a-t-il pas là-dessus certain vers latin… Attendez donc…-¡Diablos! ¿Habéis estado en Londres? De Londres es de donde habéis traído ese hermoso diamante que brilla en vuestro dedo? Tened cuidado, mi querido D′Artagnan, no hay peor cosa que el presente de un enemigo. ¿No hay sobre esto cierto verso latino?... Esperad...
— Oui, sans doute, reprit d′Artagnan, qui n′avait jamais pu se fourrer la première règle du rudiment dans la tête, et qui, par ignorance, avait fait le désespoir de son précepteur; oui, sans doute, il doit y en avoir un.-Sí, sin duda -prosiguió D′Artagnan, que nunca había podido meterse la primera regla de los rudimentos en la cabeza y que, por ignorancia, había provocado la desesperación de su preceptor-; sí, sin duda, debe haber uno.
— Il y en a un certainement, dit M. de Tréville, qui avait une teinte de lettres, et M. de Benserade me le citait l′autre jour… Attendez donc… Ah! m′y voici:-Hay uno, desde luego -dijo el señor de Tréville, que tenía cierta capa de letras- y el señor de Benserade me lo citaba el otro día... Esperad, pues... Áh, ya está:
… timeo Danaos et donaña ferentesTimeo Danaos et dona ferentes
«Ce qui veut dire: "Défiez-vous de l′ennemi qui vous fait des présents."-Ese diamante no proviene de un enemigo, señor -repuso D′Artagnan-, proviene de la reina.
— Ce diamant ne vient pas d′un ennemi, monsieur, reprit d′Artagnan, il vient de la reine.Lo cual quiere decir: "Desconfiad del enemigo que os hace presentes".
— De la reine! oh! oh! dit M. de Tréville. Effectivement, c′est un véritable bijou royal, qui vaut mille pistoles comme un denier. Par qui la reine vous a-t-elle fait remettre ce cadeau?-¡De la reina! ¡Oh, oh! -dijo el señor de Tréville-. Efectivamente es una auténtica joya real, que vale mil pistolas por lo menos. ¿Por quién os ha hecho dar este regalo?
— Elle me l′a remis elle-même.-Me lo ha entregado ella misma.
— Où cela?-Y eso, ¿dónde?
— Dans le cabinet attenant à la chambre où elle a changé de toilette.-En el gabinete contiguo a la habitación en que se cambió de tocado.
— Comment?-¿Cómo?
— En me donnant sa main à baiser.-Dándome su mano a besar.
— Vous avez baisé la main de la reine! s′écria M. de Tréville en regardant d′Artagnan.-¡Habéis besado la mano de la reina! -exclamó el señor de Tréville mirando a D′Artagnan.
— Sa Majesté m′a fait l′honneur de m′accorder cette grâce!-¡Su Majestad me ha hecho el honor de concederme esa gracia!
— Et cela en présence de témoins? Imprudente, trois fois imprudente!-Y eso, ¿en presencia de testigos? Imprudente, tres veces imprudente.
— Non, monsieur, rassurez-vous, personne ne l′a vue», reprit d′Artagnan. Et il raconta à M. de Tréville comment les choses s′étaient passées.-No, señor, tranquilizaos, nadie lo vio -repuso D′Artagnan. Y le contó al señor de Tréville cómo habían ocurrido las cosas.
«Oh! les femmes, les femmes! s′écria le vieux soldat, je les reconnais bien à leur imagination romanesque; tout ce qui sent le mystérieux les charme; ainsi vous avez vu le bras, voilà tout; vous rencontreriez la reine, que vous ne la reconnaîtriez pas; elle vous rencontrerait, qu′elle ne saurait pas qui vous êtes.-¡Oh, las mujeres, las mujeres! -exclamó el viejo soldado-. Las reconozco en su imaginación novelesca; todo lo que huele a misterio les encanta; así que vos habéis visto el brazo, eso es todo; os encontraríais con la reina y no la reconoceríais; ella os encontraría y no sabría quién sois vos.
— Non, mais grâce à ce diamant…, reprit le jeune homme.-No, pero gracias a este diamante... -repuso el joven.
— Écoutez, dit M. de Tréville, voulez-vous que je vous donne un conseil, un bon conseil, un conseil d′ami?-Escuchad -dijo el señor de Tréville-. ¿Queréis que os dé un consejo, un buen consejo, un consejo de amigo?
— Vous me ferez honneur, monsieur, dit d′Artagnan.-Me haréis un honor, señor -dijo D′Artagnan.
— Eh bien, allez chez le premier orfèvre venu et vendez-lui ce diamant pour le prix qu′il vous en donnera; si juif qu′il soit, vous en trouverez toujours bien huit cents pistoles. Les pistoles n′ont pas de nom, jeune homme, et cette bague en a un terrible, ce qui peut trahir celui qui la porte.-Pues bien, id al primer orfebre que encontréis y vendedie ese diamante por el precio que os dé; por judío que sea, siempre encontreréis ochocientas pistolas. Las pistolas no tienen nombre, joven, y ese anillo tiene uno terrible, y que puede traicionar a quien lo lleve.
— Vendre cette bague! une bague qui vient de ma souveraine! jamais, dit d′Artagnan.-¡Vender este anillo! ¡Un anillo que viene de mi soberana! ¡Jamás! -dijo D′Artagnan.
— Alors tournez-en le chaton en dedans, pauvre fou, car on sait qu′un cadet de Gascogne ne trouve pas de pareils bijoux dans l′écrin de sa mère.-Entonces volved el engaste hacia dentro, pobre loco, porque es de todos sabido que un cadete de Gascuña no encuentra joyas semejantes en el escriño de su madre.
— Vous croyez donc que j′ai quelque chose à craindre? demanda d′Artagnan.-¿Pensáis, pues, que tengo algo que temer? -preguntó d′Artagnan.
— C′est-à-dire, jeune homme, que celui qui s′endort sur une mine dont la mèche est allumée doit se regarder comme en sûreté en comparaison de vous.-Equivale a decir, joven, que quien se duerme sobre una mina cuya mecha está encendida debe considerarse a salvo en comparación con vos.
— Diable! dit d′Artagnan, que le ton d′assurance deM. de Tréville commençait à inquiéter: diable, que faut-il faire?-¡Diablo! -dijo D′Artagnan, a quien el tono de seguridad del señor de Tréville comenzaba a inquietar-. ¡Diablo! ¿Qué debo hacer?
— Vous tenir sur vos gardes toujours et avant toute chose. Le cardinal a la mémoire tenace et la main longue; croyez-moi, il vous jouera quelque tour.-Estar vigilante siempre y ante cualquier cosa. El cardenal tiene la memoria tenaz y la mano larga; creedme, os jugará una mala pasada.
— Mais lequel?-Pero ¿cuál?
— Eh! le sais-je, moi! est-ce qu′il n′a pas à son service toutes les ruses du démon? Le moins qui puisse vous arriver est qu′on vous arrête.-¿Y qué sé yo? ¿No tiene acaso a su servicio todas las trampas del demonio? Lo menos que puede pasaros es que se os arreste.
— Comment! on oserait arrêter un homme au service de Sa Majesté?-¡Cómo! ¿Se atreverían a arrestar a un hombre al servicio de Su Majestad?
— Pardieu! on s′est bien gêné pour Athos! En tout cas, jeune homme, croyez-en un homme qui est depuis trente ans à la cour: ne vous endormez pas dans votre sécurité, ou vous êtes perdu. Bien au contraire, et c′est moi qui vous le dis, voyez des ennemis partout. Si l′on vous cherche querelle, évitez-la, fût-ce un enfant de dix ans qui vous la cherche; si l′on vous attaque de nuit ou de jour, battez en retraite et sans honte; si vous traversez un pont, tâtez les planches, de peur qu′une planche ne vous manque sous le pied; si vous passez devant une maison qu′on bâtit, regardez en l′air de peur qu′une pierre ne vous tombe sur la tête; si vous rentrez tard, faites-vous suivre par votre laquais, et que votre laquais soit armé, si toutefois vous êtes sûr de votre laquais. Défiez-vous de tout le monde, de votre ami, de votre frère, de votre maîtresse, de votre maîtresse surtout.»-¡Pardiez! Mucho les ha preocupado con Athos. En cualquier caso, joven, creed a un hombre que está hace treinta años en la corte; no os durmáis en vuestra seguridad, estaréis perdido. Al contrario, y soy yo quien os lo digo, ved enemigos por todas partes. Si alguien os busca pelea, evitadla, aunque sea un niño de diez años el que la busca; si os atacan de noche o de día, batíos en retirada y sin vergüenza; si cruzáis un puente, tantead las planchas, no vaya a ser que una os falte bajo el pie; si pasáis ante una casa que están construyendo, mirad al aire, no vaya a ser que una piedra os caiga encima de la cabeza; si volvéis a casa tarde, haceos seguir por vuestro criado, y que vuestro criado esté armado, si es que estáis seguro de vuestro criado. Desconfiad de todo el mundo, de vuestro amigo, de vuestro hermano, de vuestra amante, de vuestra amante sobre todo.
D′Artagnan rougit.D′Artagnan enrojeció.
«De ma maîtresse, répéta-t-il machinalement; et pourquoi plutôt d′elle que d′un autre?-De mi amante -repitió él maquinalmente-. ¿Y por qué más de ella que de cualquier otro?
— C′est que la maîtresse est un des moyens favoris du cardinal, il n′en a pas de plus expéditif: une femme vous vend pour dix pistoles, témoin Dalila. Vous savez les Écritures, hein?»-Es que la amante es uno de los medios favoritos del cardenal; no lo hay más expeditivo: una mujer os vende por diez pistolas, testigo Dalila. ¿Conocéis las Escrituras, no?
D′Artagnan pensa au rendez-vous que lui avait donné Mme Bonacieux pour le soir même; mais nous devons dire, à la louange de notre héros, que la mauvaise opinion que M. de Tréville avait des femmes en général ne lui inspira pas le moindre petit soupçon contre sa jolie hôtesse.D′Artagnan pensó en la cita que le había dado la señora Bonacieux para aquella misma noche; pero debemos decir, en elogio de nuestro heroe, que la mala opinión que el señor de Tréville tenía de las mujeres en general, no le inspiró la más ligera sospecha contra su preciosa huéspeda.
«Mais, à propos, reprit M. de Tréville, que sont devenus vos trois compagnons?-Pero, a propósito -prosiguió el señor de Tréville-. ¿Qué ha sido de vuestros tres compañeros?
— J′allais vous demander si vous n′en aviez pas appris quelques nouvelles.-Iba a preguntaros si vos habíais sabido alguna noticia.
— Aucune, monsieur.-Ninguna, señor.
— Eh bien, je les ai laissés sur ma route: Porthos à Chantilly, avec un duel sur les bras; Aramis à Crèvecoeur, avec une balle dans l′épaule; et Athos à Amiens, avec une accusation de faux- monnayeur sur le corps.-Pues bien yo los dejé en mi camino: a Porthos en Chantilly, con un duelo entre las manos; a Aramis en Crévocoeur, con una bala en el hombro, y a Athos en Amiens, con una acusación de falso monedero encima.
— Voyez-vous! dit M. de Tréville; et comment vous êtes-vous échappé, vous?-¡Lo veis! -dijo el señor de Tréville-. Y vos, ¿cómo habéis escapado?
— Par miracle, monsieur, je dois le dire, avec un coup d′épée dans la poitrine, et en clouant M. le comte de Wardes sur le revers de la route de Calais, comme un papillon à une tapisserie.-Por milagro, señor, debo decirlo, con una estocada en el pecho y clavando al señor conde de Wardes en el dorso de la ruta de Calais como a una mariposa en una tapicería.
— Voyez-vous encore! de Wardes, un homme au cardinal, un cousin de Rochefort. Tenez, mon cher ami, il me vient une idée.-¡Lo veis todavía! De Wardes, un hombre del cardenal, un primo de Rochefort. Mirad, amigo mío, se me ocurre una idea.
— Dites, monsieur.-Decid, señor.
— À votre place, je ferais une chose.-En vuestro lugar, yo haría una cosa.
— Laquelle?-¿Cuál?
— Tandis que Son Éminence me ferait chercher à Paris, je reprendrais, moi, sans tambour ni trompette, la route de Picardie, et je m′en irais savoir des nouvelles de mes trois compagnons. Que diable! ils méritent bien cette petite attention de votre part.-Mientras Su Eminencia me hace buscar en Paris, yo, sin tambor ni trompeta, tomaría la ruta de Picardía, y me ¡ría a saber noticias de mis tres compañeros. ¡Qué diablo! Bien merecen ese pequeño detalle por vuestra parte.
— Le conseil est bon, monsieur, et demain je partirai.-El consejo es bueno, señor, y mañana partiré.
— Demain! et pourquoi pas ce soir?-¡Mañana! ¿Y por qué no esta noche?
— Ce soir, monsieur, je suis retenu à Paris par une affaire indispensable.-Esta noche, señor, estoy retenido en Paris por un asunto indispensable.
— Ah! jeune homme! jeune homme! quelque amourette? Prenez garde, je vous le répète: c′est la femme qui nous a perdus, tous tant que nous sommes. Croyez-moi, partez ce soir.-¡Ah, joven, joven! ¿Algún amorcillo? Tened cuidado, os lo repito; fue la mujer la que nos perdió a todos nosotros, y la que nos perderá aún a todos nosotros. Creedme, partid esta noche.
— Impossible! monsieur.-¡Imposible, señor!
— Vous avez donc donné votre parole?-¿Habéis dado vuestra palabra?
— Oui, monsieur.-Sí, señor.
— Alors c′est autre chose; mais promettez-moi que si vous n′êtes pas tué cette nuit, vous partirez demain.-Entonces es otra cosa; pero prometedme que, si no sois muerto esta noche, mañana partiréis.
— Je vous le promets.-Os lo prometo.
— Avez-vous besoin d′argent?-¿Necesitáis dinero?
— J′ai encore cinquante pistoles. C′est autant qu′il m′en faut, je le pense.-Tengo todavía cincuenta pistolas. Es todo lo que me hace falta, según pienso.
— Mais vos compagnons?-Pero ¿vuestros compañeros?
— Je pense qu′ils ne doivent pas en manquer. Nous sommes sortis de Paris chacun avec soixante-quinze pistoles dans nos poches.-Pienso que no deben necesitarlo. Salimos de Paris cada uno con setenta y cinco pistolas en nuestros bolsillos.
— Vous reverrai-je avant votre départ?-¿Os volveré a ver antes de vuestra partida?
— Non, pas que je pense, monsieur, à moins qu′il n′y ait du nouveau.-No, creo que no, señor, a menos que haya alguna novedad.
— Allons, bon voyage!-¡Entonces, buen viaje!
— Merci, monsieur.»-Gracias, señor.
Et d′Artagnan prit congé de M. de Tréville, touché plus que jamais de sa sollicitude toute paternelle pour ses mousquetaires.Y D′Artagnan se despidió del señor de Tréville, emocionado como nunca por su solicitud completamente paternal hacia sus mosqueteros.
Il passa successivement chez Athos, chez Porthos et chez Aramis. Aucun d′eux n′était rentré. Leurs laquais aussi étaient absents, et l′on n′avait des nouvelles ni des uns, ni des autres.Pasó sucesivamente por casa de Athos, de Porthos y de Aramis. Ninguno de los tres había vuelto. Sus criados tambien estaban ausentes, y no había noticia ni de los unos ni de los otros.
Il se serait bien informé d′eux à leurs maîtresses, mais il ne connaissait ni celle de Porthos, ni celle d′Aramis; quant à Athos, il n′en avait pas.
En passant devant l′hôtel des Gardes, il jeta un coup d′oeil dans l′écurie: trois chevaux étaient déjà rentrés sur quatre. Planchet, tout ébahi, était en train de les étriller, et avait déjà fini avec deux d′entre eux.
«Ah! monsieur, dit Planchet en apercevant d′Artagnan, que je suis aise de vous voir!-¡Ah, señor! -dijo Planchet al divisar a D′Artagnan-. ¡Qué contento estoy de verle!
— Et pourquoi cela, Planchet? demanda le jeune homme.-¿Y eso por qué, Planchet? -preguntó el oven.
— Auriez-vous confiance en M. Bonacieux, notre hôte?-¿Confiáis en el señor Bonacieux, nuestro huésped?
— Moi? pas le moins du monde.-¿Yo? Lo menos del mundo.
— Oh! que vous faites bien, monsieur.-¡Oh, hacéis bien, señor!
— Mais d′où vient cette question?-Pero ¿a qué viene esa pregunta?
— De ce que, tandis que vous causiez avec lui, je vous observais sans vous écouter; monsieur, sa figure a changé deux ou trois fois de couleur.-A que mientras hablabais con él, yo os observaba sin escucharos; señor, su rostro ha cambiado dos o tres veces de color.
— Bah!-¡Bah!
— Monsieur n′a pas remarqué cela, préoccupé qu′il était de la lettre qu′il venait de recevoir; mais moi, au contraire, que l′étrange façon dont cette lettre était parvenue à la maison avait mis sur mes gardes, je n′ai pas perdu un mouvement de sa physionomie.-El señor no ha podido notarlo, preocupado como estaba por la carta que acababa de recibir; pero, por el contrario, yo, a quien la extraña forma en que esa carta había llegado a la casa había puesto en guardia no me he perdido ni un solo gesto de su fisonomía.
— Et tu l′as trouvée…?-¿Y cómo la has encontrado?
— Traîtreuse, monsieur.-Traidora señor.
— Vraiment!-¿De verdad?
— De plus, aussitôt que monsieur l′a eu quitté et qu′il a disparu au coin de la rue, M. Bonacieux a pris son chapeau, a fermé sa porte et s′est mis à courir par la rue opposée.-Además, tan pronto como el señor le ha dejado y ha desaparecido por la esquina de la calle, el señor Bonacieux ha cogido su sombrero, ha cerrado su puerta y se ha puesto a correr en dirección contraria.
— En effet, tu as raison, Planchet, tout cela me paraît fort louche, et, sois tranquille, nous ne lui paierons pas notre loyer que la chose ne nous ait été catégoriquement expliquée.-En efecto, tienes razón, Planchet, todo esto me parece muy sospechoso, y estáte tranquilo, no le pagaremos nuestro alquiler hasta que la cosa no haya sido categóricamente explicada.
— Monsieur plaisante, mais monsieur verra.-El señor se burla, pero ya verá.
— Que veux-tu, Planchet, ce qui doit arriver est écrit!-¿Qué quieres, Planchet? Lo que tenga que ocurrir está escrito.
— Monsieur ne renonce donc pas à sa promenade de ce soir?-¿El señor no renuncia entonces a su paseo de esta noche?
— Bien au contraire, Planchet, plus j′en voudrai à M. Bonacieux, et plus j′irai au rendez-vous que m′a donné cette lettre qui t′inquiète tant.-Al contrario, Planchet, cuanto más moleste al señor Bonacleux, tanto más iré a la cita que me ha dado esa carta que tanto lo inquieta.
— Alors, si c′est la résolution de monsieur…-Entonces, si la resolución del señor...
— Inébranlable, mon ami; ainsi donc, à neuf heures tiens-toi prêt ici, à l′hôtel; je viendrai te prendre.»-Inquebrantable, amigo mío; por tanto, a las nueves estate preparado aquí, en el palacio; yo vendré a recogerte.
Planchet, voyant qu′il n′y avait plus aucun espoir de faire renoncer son maître à son projet, poussa un profond soupir, et se mit à étriller le troisième cheval.Planchet, viendo que no había ninguna esperanza de hacer renunciar a su amo a su proyecto, lanzó un profundo suspiro y se puso a almohazar al tercer caballo.
Quant à d′Artagnan, comme c′était au fond un garçon plein de prudence, au lieu de rentrer chez lui, il s′en alla dîner chez ce prêtre gascon qui, au moment de la détresse des quatre amis, leur avait donné un déjeuner de chocolat.En cuanto a D′Artagnan, como en el fondo era un muchacho lleno de prudencia, en lugar de volver a su casa, se fue a cenar con aquel cura gascón que, en los momentos de penuria de los cuatro amigos, les había dado un desayuno de chocolate.






CHAPITRE XXIV -- LE PAVILLON

Capítulo XXIV -- El pabellón

À neuf heures, d′Artagnan était à l′hôtel des Gardes; il trouva Planchet sous les armes. Le quatrième cheval était arrivé.A las nueve, D′Artagnan estaba en el palacio de los Guardias; encontró a Planchet armado. El cuarto caballo había llegado.
Planchet était armé de son mousqueton et d′un pistolet. D′Artagnan avait son épée et passa deux pistolets à sa ceinture, puis tous deux enfourchèrent chacun un cheval et s′éloignèrent sans bruit. Il faisait nuit close, et personne ne les vit sortir. Planchet se mit à la suite de son maître, et marcha par-derrière à dix pas.Planchet estaba armado con su mosquetón y una pistola. D′Artagnan tenía su espada y pasó dos pistolas a su cintura, luego los dos montaron cada uno en un caballo y se alejaron sin ruido. Hacía noche cerrada, y nadie los vio salir. Planchet se puso a continuación de su amo, y marchó a diez pasos tras él.
D′Artagnan traversa les quais, sortit par la porte de la Conférence et suivit alors le chemin, bien plus beau alors qu′aujourd′hui, qui mène à Saint-Cloud.D′Artagnan cruzó los muelles, salió por la puerta de la Conférence y siguió luego el camino, más hermoso entonces que hoy, que conduce a Saint-Cloud.
Tant qu′on fut dans la ville, Planchet garda respectueusement la distance qu′il s′était imposée; mais dès que le chemin commença à devenir plus désert et plus obscurs il se rapprocha tout doucement: si bien que, lorsqu′on entra dans le bois de Boulogne, il se trouva tout naturellement marcher côte à côte avec son maître. En effet, nous ne devons pas dissimuler que l′oscillation des grands arbres et le reflet de la lune dans les taillis sombres lui causaient une vive inquiétude. D′Artagnan s′aperçut qu′il se passait chez son laquais quelque chose d′extraordinaire.Mientras estuvieron en la ciudad, Planchet guardó respetuosamente la distancia que se había impuesto; pero cuando el camino comenzó a volverse más desierto y más oscuro, fue acercándose lentamente; de tal modo que cuando entraron en el bosque de Boulogne, se encontró andando codo a codo con su amo. En efecto, no debemos disimular que la oscilación de los corpulentos árboles y el reflejo de la luna en los sombríos matojos le causaban viva inquietud. D′Artagnan se dio cuenta de que algo extraordinario ocurría en su lacayo.
«Eh bien, monsieur Planchet, lui demanda-t-il, qu′avons-nous donc?-¡Y bien, señor Planchet! -le preguntó-. ¿Nos pasa algo?
— Ne trouvez-vous pas, monsieur, que les bois sont comme les églises?-¿No os parece, señor, que los bosques son como iglesias?
— Pourquoi cela, Planchet?-¿Y eso por qué, Planchet?
— Parce qu′on n′ose point parler haut dans ceux-ci comme dans celles-là.-Porque tanto en éstas como en aquéllos nadie se atreve a hablar en voz alta.
— Pourquoi n′oses-tu parler haut, Planchet? parce que tu as peur?-¿Por qué no te atreves a hablar en voz alta, Planchet? ¿Porque tienes miedo?
— Peur d′être entendu, oui, monsieur.-Miedo a ser oído, sí, señor.
— Peur d′être entendu! Notre conversation est cependant morale, mon cher Planchet, et nul n′y trouverait à redire.-¡Miedo a ser oído! Nuestra conversación es sin embargo moral, mi querido Planchet, y nadie encontraría nada qué decir de ella.
— Ah! monsieur! reprit Planchet en revenant à son idée mère, que ce M. Bonacieux a quelque chose de sournois dans ses sourcils et de déplaisant dans le jeu de ses lèvres!-¡Ay, señor! -repuso Planchet volviendo a su idea madre-. Ese señor Bonacieux tiene algo de sinuoso en sus cejas y de desagradable en el juego de sus labios.
— Qui diable te fait penser à Bonacieux?-¿Quién diablos te hace pensar en Bonacieux?
— Monsieur, l′on pense à ce que l′on peut et non pas à ce que l′on veut.-Señor, se piensa en lo que se puede y no en lo que se quiere.
— Parce que tu es un poltron, Planchet.-Porque eres un cobarde, Planchet.
— Monsieur, ne confondons pas la prudence avec la poltronnerie; la prudence est une vertu.-Señor, no confundamos la prudencia con la cobardía; la prudencia es una virtud.
— Et tu es vertueux, n′est-ce pas, Planchet?-Y tú eres virtuoso, ¿no es así, Planchet?
— Monsieur, n′est-ce point le canon d′un mousquet qui brille là- bas? Si nous baissions la tête?-Señor, ¿no es aquello el cañón de un mosquete que brilla? ¿Y si bajáramos la cabeza?
— En vérité, murmura d′Artagnan, à qui les recommandations de M. de Tréville revenaient en mémoire; en vérité, cet animal finirait par me faire peur.»-En verdad -murmuró D′Artagnan, a quien las recomendaciones del señor de Tréville volvían a la memoria-, en verdad, este animal terminará por meterme miedo.
Et il mit son cheval au trot.Y puso su caballo al trote.
Planchet suivit le mouvement de son maître, exactement comme s′il eût été son ombre, et se retrouva trottant près de lui.Planchet siguió el movimiento de su amo, exactamente como si hubiera sido su sombra, y se encontró trotando tras él.
«Est-ce que nous allons marcher comme cela toute la nuit, monsieur? demanda-t-il.-¿Es que vamos a caminar así toda la noche, señor? -preguntó.
— Non, Planchet, car tu es arrivé, toi.-No, Planchet, porque tú has llegado ya.
— Comment, je suis arrivé? et monsieur?-¿Cómo que he llegado? ¿Y el señor?
— Moi, je vais encore à quelques pas.-Yo voy a seguir todavía algunos pasos.
— Et monsieur me laisse seul ici?-¿Y el señor me deja aquí solo?
— Tu as peur, Planchet?-¿Tienes miedo Planchet?
— Non, mais je fais seulement observer à monsieur que la nuit sera très froide, que les fraîcheurs donnent des rhumatismes, et qu′un laquais qui a des rhumatismes est un triste serviteur, surtout pour un maître alerte comme monsieur.-No, pero sólo hago observar al señor que la noche será muy fría, que los relentes dan reumatismos y que un lacayo que tiene reumatismos es un triste servidor, sobre todo para un amo alerta como el señor.
— Eh bien, si tu as froid, Planchet, tu entreras dans un de ces cabarets que tu vois là-bas, et tu m′attendras demain matin à six heures devant la porte.-Bueno, si tienes frío, Planchet, entra en una de esas tabernas que ves allá abajo, y me esperas mañana a las seis delante de la puerta.
— Monsieur, j′ai bu et mangé respectueusement l′écu que vous m′avez donné ce matin; de sorte qu′il ne me reste pas un traître sou dans le cas où j′aurais froid.-Señor, he comido y bebido respetuosamente el escudo que me disteis esta mañana, de suerte que no me queda ni un maldito centavo en caso de que tuviera frío.
— Voici une demi-pistole. À demain.»-Aquí tienes media pistola. Hasta mañana.
D′Artagnan descendit de son cheval, jeta la bride au bras de Planchet et s′éloigna rapidement en s′enveloppant dans son manteau.D′Artagnan descendió de su caballo, arrojó la brida en el brazo de Planchet y se alejó rápidamente envolviéndose en su capa.
«Dieu que j′ai froid!» s′écria Planchet dès qu′il eut perdu son maître de vue; — et pressé qu′il était de se réchauffer, il se hâta d′aller frapper à la porte d′une maison parée de tous les attributs d′un cabaret de banlieue.-¡Dios, qué frío tengo! -exclamó Planchet cuando hubo perdido de vista a su amo y, apremiado como estaba por calentarse, se fue a todo correr a llamar a la puerta de una casa adornada con todos los atributos de una taberna de barrio.
Cependant d′Artagnan, qui s′était jeté dans un petit chemin de traverse, continuait sa route et atteignait Saint-Cloud; mais, au lieu de suivre la grande rue, il tourna derrière le château, gagna une espèce de ruelle fort écartée, et se trouva bientôt en face du pavillon indiqué. Il était situé dans un lieu tout à fait désert. Un grand mur, à l′angle duquel était ce pavillon, régnait d′un côté de cette ruelle, et de l′autre une haie défendait contre les passants un petit jardin au fond duquel s′élevait une maigre cabane.Sin embargo, D′Artagnan, que se había metido por un pequeño atajo, continuaba su camino y llegaba a Saint-Cloud; pero en lugar de seguir la carretera principal, dio la vuelta por detrás del castillo, ganó una especie de calleja muy apartada y pronto se encontró frente al pabellón indicado. Estaba situado en un lugar completamente desierto. Un gran muro, en cuyo ángulo estaba aquel pabellón dominaba un lado de la calleja, y por el otro un seto defendía de los transeúntes un pequeño jardín en cuyo fondo se alzaba una pobre cabaña.
Il était arrivé au rendez-vous, et comme on ne lui avait pas dit d′annoncer sa présence par aucun signal, il attendit.Había llegado a la cita, y como no le habían dicho anunciar su presencia con ninguna señal, esperó.
Nul bruit ne se faisait entendre, on eût dit qu′on était à cent lieues de la capitale. D′Artagnan s′adossa à la haie après avoir jeté un coup d′oeil derrière lui. Par-delà cette haie, ce jardin et cette cabane, un brouillard sombre enveloppait de ses plis cette immensité où dort Paris, vide, béant, immensité où brillaient quelques points lumineux, étoiles funèbres de cet enfer.Ningún ruido se dejaba oír, se hubiera dicho que estaba a cien legUas de la capital. D′Artagnan se pegó al seto después de haber lanzado una ojeada detrás de sí. Por encima de aquel seto, aquel jardín y aquella cabaña, una niebla sombría envolvía en sus pliegues aquella inmensidad en que duerme París, vacía, abierta inmensidad donde brillaban algunos puntos luminosos, estrellas fúnebres de aquel infierno.
Mais pour d′Artagnan tous les aspects revêtaient une forme heureuse, toutes les idées avaient un sourire, toutes les ténèbres étaient diaphanes. L′heure du rendez-vous allait sonner.Pero para D′Artagnan todos los aspectos revestían una forma feliz, todas las ideas tenían una sonrisa, todas las tinieblas eran diáfanas. La hora de la cita iba a sonar.
En effet, au bout de quelques instants, le beffroi de Saint-Cloud laissa lentement tomber dix coups de sa large gueule mugissante.En efecto, al cabo de algunos instantes, el campanario de Saint-Cloud dejó caer lentamente diez golpes de su larga lengua mugiente.
Il y avait quelque chose de lugubre à cette voix de bronze qui se lamentait ainsi au milieu de la nuit.Había algo lúgubre en aquella voz de bronce que se lamentaba así en medio de la noche.
Mais chacune de ces heures qui composaient l′heure attendue vibrait harmonieusement au coeur du jeune homme.Pero cada una de aquellas horas que componían la hora esperada vibraba armoniosamente en el corazón del joven.
Ses yeux étaient fixés sur le petit pavillon situé à l′angle de la rue et dont toutes les fenêtres étaient fermées par des volets, excepté une seule du premier étage.Sus ojos estaban fijos en el pequeño pabellón situado en el ángulo del muro, cuyas ventanas estaban todas cerradas con los postigos, salvo una sola del primer piso.
À travers cette fenêtre brillait une lumière douce qui argentait le feuillage tremblant de deux ou trois tilleuls qui s′élevaient formant groupe en dehors du parc. Évidemment derrière cette petite fenêtre, si gracieusement éclairée, la jolie Mme Bonacieux l′attendait.A través de aquella ventana brillaba una luz suave que argentaba el follaje tembloroso de dos o tres tilos que se elevaban formando grupo fuera del parque. Evidentemente, detrás de aquella ventanita, tan graciosamente iluminada, le aguardaba la señora Bonacieux.
Bercé par cette douce idée, d′Artagnan attendit de son côté une demi-heure sans impatience aucune, les yeux fixés sur ce charmant petit séjour dont d′Artagnan apercevait une partie de plafond aux moulures dorées, attestant l′élégance du reste de l′appartement.Acunado por esta idea, D Artagnan esperó por su parte media hora sin impaciencia alguna, con los ojos fijos sobre aquella casita de la que D′Artagnan percibía una parte del techo de molduras doradas, atestiguando la elegancia del resto del apartamento.
Le beffroi de Saint-Cloud sonna dix heures et demie.El campanario de Saint-Cloud hizo sonar las diez y media.
Cette fois-ci, sans que d′Artagnan comprît pourquoi, un frisson courut dans ses veines. Peut-être aussi le froid commençait-il à le gagner et prenait-il pour une impression morale une sensation tout à fait physique.Aquella vez, sin que D′Artagnan comprendiese por qué, un temblor recorrió sus venas. Quizá también el frío comenzaba a apoderarse de él y tornaba por una sensación moral lo que sólo era una sensación completamente física.
Puis l′idée lui vint qu′il avait mal lu et que le rendez-vous était pour onze heures seulement.Luego le vino la idea de que había leído mal y que la cita era para las once solamente.
Il s′approcha de la fenêtre, se plaça dans un rayon de lumière, tira sa lettre de sa poche et la relut; il ne s′était point trompé: le rendez-vous était bien pour dix heures.Se acercó a la ventana, se situó en un rayo de luz, sacó la carta de su bolsillo y la releyó; no se había equivocado, efectivamente la cita era para las diez.
Il alla reprendre son poste, commençant à être assez inquiet de ce silence et de cette solitude.Volvió a ponerse en su sitio, empezando a inquietarse por aquel silencio y aquella soledad.
Onze heures sonnèrent.Dieron las once.
D′Artagnan commença à craindre véritablement qu′il ne fût arrivé quelque chose à Mme Bonacieux.D′Artagnan comenzó a temer verdaderamente que le hubiera ocurrido algo a la señora Bonacieux.
Il frappa trois coups dans ses mains, signal ordinaire des amoureux; mais personne ne lui répondit: pas même l′écho.Dio tres palmadas, señal ordinaria de los enamorados; pero nadie le respondió, ni siquiera el eco.
Alors il pensa avec un certain dépit que peut-être la jeune femme s′était endormie en l′attendant.Entonces pensó con cierto despecho que quizá la joven se había dormido mientras lo esperaba.
Il s′approcha du mur et essaya d′y monter; mais le mur était nouvellement crépi, et d′Artagnan se retourna inutilement les ongles.Se acercó a la pared y trató de subir, pero la pared estaba recientemente revocada, y D′Artagnan se rompió inútilmente las uñas.
En ce moment il avisa les arbres, dont la lumière continuait d′argenter les feuilles, et comme l′un d′eux faisait saillie sur le chemin, il pensa que du milieu de ses branches son regard pourrait pénétrer dans le pavillon.En aquel momento se fijó en los árboles, cuyas hojas la luz continuaba argentando, y como uno de ellos emergía sobre el camino, pensó que desde el centro de sus ramas su mirada podría penetrar en el pabellón.
L′arbre était facile. D′ailleurs d′Artagnan avait vingt ans à peine, et par conséquent se souvenait de son métier d′écolier. En un instant il fut au milieu des branches, et par les vitres transparentes ses yeux plongèrent dans l′intérieur du pavillon.El árbol era fácil. Además D′Artagnan tenía apenas veinte años, y por lo tanto se acordaba de su oficio de escolar. En un instante estuvo en el centro de las ramas, y por los vidrios transparentes sus ojos se hundieron en el interior del pabellón.
Chose étrange et qui fit frissonner d′Artagnan de la plante des pieds à la racine des cheveux, cette douce lumière, cette calme lampe éclairait une scène de désordre épouvantable; une des vitres de la fenêtre était cassée, la porte de la chambre avait été enfoncée et, à demi brisée pendait à ses gonds; une table qui avait dû être couverte d′un élégant souper gisait à terre; les flacons en éclats, les fruits écrasés jonchaient le parquet; tout témoignait dans cette chambre d′une lutte violente et désespérée; d′Artagnan crut même reconnaître au milieu de ce pêle-mêle étrange des lambeaux de vêtements et quelques taches sanglantes maculant la nappe et les rideaux.Cosa extraña, que hizo temblar a D′Artagnan de la planta de los pies a la raíz de sus cabellos, aquella suave luz, aquella tranquila lámpara iluminaba una escena de desorden espantoso; uno de los cristales de la ventana estaba roto, la puerta de la habitación había sido hundida y medio rota pendía de sus goznes; una mesa que hubiera debido estar cubierta con una elegante cena yacía por tierra; frascos en añicos, frutas aplastadas tapizaban el piso; todo en aquella habitación daba testimonio de una lucha violenta y desesperada; D′Artagnan creyó incluso reconocer en medio de aquel desorden extraño trozos de vestidosy algunas manchas de sangre maculando el mantel y las cortinas.
Il se hâta de redescendre dans la rue avec un horrible battement de coeur, il voulait voir s′il ne trouverait pas d′autres traces de violence.Se dio prisa por descender a la calle con una palpitación horrible en el corazón; quería ver si encontraba otras huellas de violencia.
La petite lueur suave brillait toujours dans le calme de la nuit. D′Artagnan s′aperçut alors, chose qu′il n′avait pas remarquée d′abord, car rien ne le poussait à cet examen, que le sol, battu ici, troué là, présentait des traces confuses de pas d′hommes, et de pieds de chevaux. En outre, les roues d′une voiture, qui paraissait venir de Paris, avaient creusé dans la terre molle une profonde empreinte qui ne dépassait pas la hauteur du pavillon et qui retournait vers Paris.Aquella breve luz suave brillaba siempre en la calma de la noche. D′Artagnan se dio cuenta entonces, cosa que él no había observado al principio, porque nada le empujaba a tal examen, que el suelo, batido aquí, pisoteado allá, presentaba huellas confusas de pasos de hombres y de pies de caballos. Además, las ruedas de un coche, que parecía venir de París, habían cavado en la tierra blanda una profunda huella que no pasaba más allá del pabellón y que volvía hacia Paris.
Enfin d′Artagnan, en poursuivant ses recherches, trouva près du mur un gant de femme déchiré. Cependant ce gant, par tous les points où il n′avait pas touché la terre boueuse, était d′une fraîcheur irréprochable. C′était un de ces gants parfumés comme les amants aiment à les arracher d′une jolie main.Finalmente, prosiguiendo sus búsquedas, D′Artagnan encontró junto al muro un guante de mujer desgarrado. Sin embargo, aquel guante, en todos aquellos puntos en que no había tocado la tierra embarrada, era de una frescura irreprochable. Era uno de esos guantes perfumados que los amantes gustan quitar de una hermosa mano.
À mesure que d′Artagnan poursuivait ses investigations, une sueur plus abondante et plus glacée perlait sur son front, son coeur était serré par une horrible angoisse, sa respiration était haletante; et cependant il se disait, pour se rassurer, que ce pavillon n′avait peut-être rien de commun avec Mme Bonacieux; que la jeune femme lui avait donné rendez-vous devant ce pavillon, et non dans ce pavillon; qu′elle avait pu être retenue à Paris par son service, par la jalousie de son mari peut-être.A medida que D′Artagnan proseguía sus investigaciones, un sudor más abundante y más helado perlaba su frente, su corazón estaba oprimido por una horrible angustia, su respiración era palpitante; y sin embargo se decía a sí mismo para tranquilizarse que aquel pabellón no tenía nada en común con la señora Bonacieux; que la joven le había dado cita ante aquel pabellón y no en el pabellón, que podía estar retenida en Paris por su servicio, quizá por los celos de su marido.
Mais tous ces raisonnements étaient battus en brèche, détruits, renversés par ce sentiment de douleur intime, qui dans certaines occasions, s′empare de tout notre être et nous crie, par tout ce qui est destiné chez nous à entendre, qu′un grand malheur plane sur nous.Pero todos estos razonamientos eran severamente criticados, destruidos, arrollados por aquel sentimiento de dolor íntimo que, en ciertas ocasiones, se apodera de todo nuestro ser y nos grita, para todo cuanto en nosotros está destinado a oírnos, que una gran desgracia planea sobre nosotros.
Alors d′Artagnan devint presque insensé: il courut sur la grande route, prit le même chemin qu′il avait déjà fait, s′avança jusqu′au bac, et interrogea le passeur.Entonces D′Artagnan enloqueció casi: corrió por la carretera, tomb el mismo camino que ya había andado, avanzó hasta la barca e interrogó al barquero.
Vers les sept heures du soir, le passeur avait fait traverser la rivière à une femme enveloppée d′une mante noire, qui paraissait avoir le plus grand intérêt à ne pas être reconnue; mais, justement à cause des précautions qu′elle prenait, le passeur avait prêté une attention plus grande, et il avait reconnu que la femme était jeune et jolie.Hacia las siete de la tarde el barquero había cruzado el río con una mujer envuelta en un mantón negro, que parecía tener el mayor interés en no ser reconocida; pero precisamente debido a esas precauciones que tomaba, el barquero le había prestado una atención mayor, y había visto que la mujer era joven y hermosa.
Il y avait alors, comme aujourd′hui, une foule de jeunes et jolies femmes qui venaient à Saint-Cloud et qui avaient intérêt à ne pas être vues, et cependant d′Artagnan ne douta point un instant que ce ne fût Mme Bonacieux qu′avait remarquée le passeur.Entonces, como hoy, había gran cantidad de mujeres jóvenes y hermosas que iban a Saint-Cloud y que tenían interés en no ser vistas, y sin embargo D′Artagnan no dudó un solo instante que no fuera la señora Bonacieux la que el barquero había visto.
D′Artagnan profita de la lampe qui brillait dans la cabane du passeur pour relire encore une fois le billet de Mme Bonacieux et s′assurer qu′il ne s′était pas trompé, que le rendez-vous était bien à Saint-Cloud et non ailleurs, devant le pavillon de M. d′Estrées et non dans une autre rue.D′Artagnan aprovechó la lámpara que brillaba en la cabaña del barquero para volver a leer una vez más el billete de la señora Bonacieux y asegurarse de que no se había engañado, que la cita era en Saint-Cloud y no en otra parte, ante el pabellón del señor D′Estrées y no en otra calle.
Tout concourait à prouver à d′Artagnan que ses pressentiments ne le trompaient point et qu′un grand malheur était arrivé.Todo ayudaba a probar a D′Artagnan que sus presentimientos no lo engañaban y que una gran desgracia había ocurrido.
Il reprit le chemin du château tout courant; il lui semblait qu′en son absence quelque chose de nouveau s′était peut-être passé au pavillon et que des renseignements l′attendaient là.Volvió a tomar el camino del castillo a todo correr; le parecía que en su ausencia algo nuevo había podido pasar en el pabellón y que las informaciones lo esperaban allí.
La ruelle était toujours déserte, et la même lueur calme et douce s′épanchait de la fenêtre.La calleja continuaba desierta, y la misma luz suave y calma salía desde la ventana.
D′Artagnan songea alors à cette masure muette et aveugle mais qui sans doute avait vu et qui peut-être pouvait parler.D′Artagnan pensó entonces en aquella casucha muda y ciega, pero que sin duda había visto y que quizá podía hablar.
La porte de clôture était fermée, mais il sauta par-dessus la haie, et malgré les aboiements du chien à la chaîne, il s′approcha de la cabane.La puerta de la cerca estaba cerrada, pero saltó por encima del seto, y pese a los ladridos del perm encadenado, se acercó a la cabaña.
Aux premiers coups qu′il frappa, rien ne répondit.A los primeros golpes que dio, no respondió nadie.
Un silence de mort régnait dans la cabane comme dans le pavillon; cependant, comme cette cabane était sa dernière ressource, il s′obstina.Un silencio de muerte reinaba tanto en la cabaña como en el pabellón; no obstante, como aquella cabaña era su último recurso, insistió.
Bientôt il lui sembla entendre un léger bruit intérieur, bruit craintif, et qui semblait trembler lui-même d′être entendu.Pronto le pareció oír un ligero ruido interior, ruido temeroso, y que parecía temblar él mismo de ser oído.
Alors d′Artagnan cessa de frapper et pria, avec un accent si plein d′inquiétude et de promesses, d′effroi et de cajolerie, que sa voix était de nature à rassurer de plus peureux. Enfin un vieux volet vermoulu s′ouvrit, ou plutôt s′entrebâilla, et se referma dès que la lueur d′une misérable lampe qui brûlait dans un coin eut éclairé le baudrier, la poignée de l′épée et le pommeau des pistolets de d′Artagnan. Cependant, si rapide qu′eût été le mouvement, d′Artagnan avait eu le temps d′entrevoir une tête de vieillard.Entonces D′Artagnan dejó de golpear y rogó con un acento tan lleno de inquietud y de promesas, de terror y zalamería, que su voz era capaz por naturaleza de tranquilizar al más miedoso. Por fin, un viejo postigo carcomido se abrió, o mejor se entreabrió, y se volvió a cerrar cuando la claridad de una miserable lámpara que ardía en un rincón hubo iluminado el tahalí, el puño de la espada y la empuñadura de las pistolas de D′Artagnan. Sin embargo, por rápido que fuera el movimiento, D′Artagnan había tenido tiempo de vislumbrar una cabeza de anciano.
«Au nom du Ciel! dit-il, écoutez-moi: j′attendais quelqu′un qui ne vient pas, je meurs d′inquiétude. Serait-il arrivé quelque malheur aux environs? Parlez.»-¡En nombre del cielo, escuchadme! Yo esperaba a alguien que no viene, me muero de inquietud. ¿No habrá ocurrido alguna desgracia por los alrededores? Hablad.
La fenêtre se rouvrit lentement, et la même figure apparut de nouveau: seulement elle était plus pâle encore que la première fois.La ventana volvió a abrirse lentamente, y el mismo rostro apareció de nuevo, sólo que ahora más pálido aún que la primera vez.
D′Artagnan raconta nament son histoire, aux noms près; il dit comment il avait rendez-vous avec une jeune femme devant ce pavillon, et comment, ne la voyant pas venir, il était monté sur le tilleul et, à la lueur de la lampe, il avait vu le désordre de la chambre.D′Artagnan contó ingenuamente su historia, nombres excluidos; dijo cómo tenía una cita con una joven ante aquel pabellón, y cómo, al no verla venir, se había subido al tilo y, a la luz de la lámpara, había visto el desorden de la habitación.
Le vieillard l′écouta attentivement, tout en faisant signe que c′était bien cela: puis, lorsque d′Artagnan eut fini, il hocha la tête d′un air qui n′annonçait rien de bon.El viejo lo escuchó atentamente, al tiempo que hacía señas de que estaba bien todo aquello; luego, cuando D′Artagnan hubo terminado, movió la cabeza con un aire que no anunciaba nada bueno.
«Que voulez-vous dire? s′écria d′Artagnan. Au nom du Ciel! voyons, expliquez-vous.-¿Qué queréis decir? -exclamó D′Artagnan-. ¡En nombre del cielo, explicaos!
— Oh! monsieur, dit le vieillard, ne me demandez rien; car si je vous disais ce que j′ai vu, bien certainement il ne m′arriverait rien de bon.-¡Oh, señor -dijo el viejo-, no me pidáis nada! Porque si os dijera lo que he visto, a buen seguro que no me ocurrira nada bueno.
— Vous avez donc vu quelque chose? reprit d′Artagnan. En ce cas, au nom du Ciel! continua-t-il en lui jetant une pistole, dites, dites ce que vous avez vu, et je vous donne ma foi de gentilhomme que pas une de vos paroles ne sortira de mon coeur.»-¿Habéis visto entonces algo? -repuso D′Artagnan-. En tal críso, en nombre del cielo -continuó, entregándole una pistola-, decid, decid lo que habéis visto, y os doy mi palabra de gentilhombre de que ninguna de vuestras palabras saldrá de mi corazón.
Le vieillard lut tant de franchise et de douleur sur le visage de d′Artagnan, qu′il lui fit signe d′écouter et qu′il lui dit à voix basse:El viejo leyó tanta franqueza y dolor en el rostro de D′Artagnan que le hizo seña de escuchar y le dijo en voz baja:
«Il était neuf heures à peu près, j′avais entendu quelque bruit dans la rue et je désirais savoir ce que ce pouvait être, lorsqu′en m′approchant de ma porte je m′aperçus qu′on cherchait à entrer. Comme je suis pauvre et que je n′ai pas peur qu′on me vole, j′allai ouvrir et je vis trois hommes à quelques pas de là. Dans l′ombre était un carrosse avec des chevaux attelés et des chevaux de main. Ces chevaux de main appartenaient évidemment aux trois hommes qui étaient vêtus en cavaliers.-Serían las nueve poco más o menos, había oído yo algún ruido en la calle y quería saber qué podía ser, cuando al acercarme a mi puerta me di cuenta de que alguien trataba de entrar. Como soy pobre y no tengo miedo a que me roben, fui a abrir y vi a tres hombres a algunos pasos de allí. En la sombra había una carroza con caballos enganchados y caballos de mano. Esos caballos de mano pertenecían evidentemente a los tres hombres que estaban vestidos de caballeros.
«— Ah, mes bons messieurs! m′écriai-je, que demandez-vous?"Ah, mis buenos señores -exclamé yo-, ¿qué queréis?"
«— Tu dois avoir une échelle? me dit celui qui paraissait le chef de l′escorte."Debes tener una escalera", me dijo aquel que parecía el jefe del séquito.
«— Oui, monsieur; celle avec laquelle je cueille mes fruits."Sí, señor; una con la que recojo la fruta."
«— Donne-nous la, et rentre chez toi, voilà un écu pour le dérangement que nous te causons. Souviens-toi seulement que si tu dis un mot de ce que tu vas voir et de ce que tu vas entendre (car tu regarderas et tu écouteras, quelque menace que nous te fassions, j′en suis sûr), tu es perdu."Dánosla, y vuelve a tu casa. Ahí tienes un escudo por la molestia que te causamos. Recuerda solamente que si dices una palabra de lo que vas a ver y de lo que vas a oír (porque mirarás y escucharás pese a las amenazas que te hagamos, estoy seguro), estás perdido."
«À ces mots, il me jeta un écu, que je ramassai, et il prit mon échelle.A estas palabras, me lanzó un escudo que yo recogí, y él tomó mi escalera.
«Effectivement, après avoir refermé la porte de la haie derrière eux, je fis semblant de rentrer à la maison; mais j′en sortis aussitôt par la porte de derrière, et, me glissant dans l′ombre, je parvins jusqu′à cette touffe de sureau, du milieu de laquelle je pouvais tout voir sans être vu.Efectivamente, después de haber cerrado la puerta del seto tras ellos hice ademán de volver a la casa; pero salí en seguida por la puerta de atrás y deslizándome en la sombra llegué hasta esa mata de saúco, desde cuyo centro podía ver todo sin ser visto.
«Les trois hommes avaient fait avancer la voiture sans aucun bruit, ils en tirèrent un petit homme, gros, court, grisonnant, mesquinement vêtu de couleur sombre, lequel monta avec précaution à l′échelle, regarda sournoisement dans l′intérieur de la chambre, redescendit à pas de loup et murmura à voix basse:Los tres hombres habían hecho avanzar el coche sin ningún ruido, sacaron de él a un hombrecito grueso, pequeño, de pelo gris, mezquinamente vestido de color oscuro, el cual se subió con precaución a la escalera miró disimuladamente en el interior del cuarto, volvió a bajar a paso de lobo y murmuró en voz baja:
«— C′est elle!"¡Ella es!"
«Aussitôt celui qui m′avait parlé s′approcha de la porte du pavillon, l′ouvrit avec une clef qu′il portait sur lui, referma la porte et disparut, en même temps les deux autres hommes montèrent à l′échelle. Le petit vieux demeurait à la portière, le cocher maintenait les chevaux de la voiture, et un laquais les chevaux de selle.Al punto aquel que me había hablado se acercó a la puerta del pabellón, la abrió con una llave que llevaba encima, volvió a cerrar la puerta y desapareció; al mismo tiempo los otros dos subieron a la escalera. El viejo permanecía en la portezuela el cochero sostenía a los caballos del coche y un lacayo los caballos de silla.
Tout à coup de grands cris retentirent dans le pavillon, une femme accourut à la fenêtre et l′ouvrit comme pour se précipiter. Mais aussitôt qu′elle aperçut les deux hommes, elle se rejeta en arrière; les deux hommes s′élancèrent après elle dans la chambre.De pronto resonaron grandes gritos en el pabellón, una mujer corrió a la ventana y la abrió como para precipitarse por ella. Pero tan pronto como se dio cuenta de los dos hombres, retrocedió; los dos hombres se lanzaron tras ella dentro de la habitación.
Alors je ne vis plus rien; mais j′entendis le bruit des meubles que l′on brise. La femme criait et appelait au secours. Mais bientôt ses cris furent étouffés; les trois hommes se rapprochèrent de la fenêtre, emportant la femme dans leurs bras; deux descendirent par l′échelle et la transportèrent dans la voiture, où le petit vieux entra après elle. Celui qui était resté dans le pavillon referma la croisée, sortit un instant après par la porte et s′assura que la femme était bien dans la voiture: ses deux compagnons l′attendaient déjà à cheval, il sauta à son tour en selle, le laquais reprit sa place près du cocher; le carrosse s′éloigna au galop escorté par les trois cavaliers, et tout fut fini. À partir de ce moment-là, je n′ai plus rien vu, rien entendu.»Entonces ya no vi nada más; pero oía ruido de muebles que se rompen. La mujer gritaba y pedía ayuda. Pero pronto sus gritos fueron ahogados; los tres hombres se acercaron a la ventana, llevando a la mujer en sus brazos; dos descendieron por la escalera y la transportaron al coche, donde el viejo entró junto a ella. El que se había quedado en el pabellón volvió a cerrar la ventana, salió un instante después por la puerta y se aseguró de que la mujer estaba en el coche: sus dos compañeros le esperaban ya a caballo, saltó él a su vez a la silla; el lacayo ocupó su puesto junto al cochero; la carroza se alejó al galope escoltada por los tres caballeros, y todo terminó. A partir de ese momento, yo no he visto nada ni he oído nada.
D′Artagnan, écrasé par une si terrible nouvelle, resta immobile et muet, tandis que tous les démons de la colère et de la jalousie hurlaient dans son coeur.D′Artagnan, abrumado por una noticia tan terrible, quedó inmóvil y mudo, mientras todos los demonios de la cólera y los celos aullaban en su corazón.
«Mais, mon gentilhomme, reprit le vieillard, sur lequel ce muet désespoir causait certes plus d′effet que n′en eussent produit des cris et des larmes; allons, ne vous désolez pas, ils ne vous l′ont pas tuée, voilà l′essentiel.-Pero, señor gentilhombre -prosiguió el viejo, en el que aquella muda desesperación producía ciertamente más afecto del que hubieran producido los gritos y las lágrimas-; vamos, no os aflijáis, no os la han matado, eso es lo esencial.
— Savez-vous à peu près, dit d′Artagnan, quel est l′homme qui conduisait cette infernale expédition?-¿Sabéis aproximadamente -dijo D′Artagnan- quién era el hombre que dirigía esa infernal expedición?
— Je ne le connais pas.-No lo conozco.
— Mais puisqu′il vous a parlé, vous avez pu le voir.-Pero, puesto que os ha hablado, habéis podido verlo.
— Ah! c′est son signalement que vous me demandez?-¡Ah! ¿Son sus señas lo que me pedís?
— Oui.-Sí.
— Un grand sec, basané, moustaches noires, oeil noir, l′air d′un gentilhomme.-Un hombre alto, enjuto, moreno, de bigotes negros, la mirada oscura, con aire de gentilhombre.
— C′est cela, s′écria d′Artagnan; encore lui! toujours lui! C′est mon démon, à ce qu′il paraît! Et l′autre?-¡El es! -exclamó D′Artagnan-. ¡Otra vez él! ¡Siempre él! Es mi demonio, según parece. ¿Y el otro?
— Lequel?-¿Cuál?
— Le petit.-El pequeño.
— Oh! celui-là n′est pas un seigneur, j′en réponds: d′ailleurs il ne portait pas l′épée, et les autres le traitaient sans aucune considération.-¡Oh, ese no era un señor, os lo aseguro! Además, no llevaba espada, y los otros le trataban sin ninguna consideración.
— Quelque laquais, murmura d′Artagnan. Ah! pauvre femme! pauvre femme! qu′en ont-ils fait?-Algún lacayo -murmuró D′Artagnan-. ¡Ah, pobre mujer! ¡Pobre mujer! ¿Qué te han hecho?
— Vous m′avez promis le secret, dit le vieillard.-Me habéis prometido el secreto -dijo el viejo.
— Et je vous renouvelle ma promesse, soyez tranquille, je suis gentilhomme. Un gentilhomme n′a que sa parole, et je vous ai donné la mienne.»-Y os renuevo mi promesa, estad tranquilo, yo soy gentilhombre. Un gentilhombre no tiene más que una palabra, y yo os he dado la mía.
D′Artagnan reprit, l′âme navrée, le chemin du bac. Tantôt il ne pouvait croire que ce fût Mme Bonacieux, et il espérait le lendemain la retrouver au Louvre; tantôt il craignait qu′elle n′eût eu une intrigue avec quelque autre et qu′un jaloux ne l′eût surprise et fait enlever. Il flottait, il se désolait, il se désespérait.D′Artagnan volvió a tomar, con el alma afligida, el camino de la barca. Tan pronto se resistía a creer que se tratara de la señora Bonacieux, y esperaba encontrarla al día siguiente en el Louvre, como temía que ella tuviera una intriga con algún otro y que un celoso la hubiera sorprendido y raptado. Vacilaba, se desolaba, se desesperaba.
«Oh! si j′avais là mes amis! s′écriait-il, j′aurais au moins quelque espérance de la retrouver; mais qui sait ce qu′ils sont devenus eux-mêmes!»-¡Oh, si tuviese aquí a mis amigos! -exclamó-. Tendría al menos alguna esperanza de volverla a encontrar; pero ¿quién sabe qué habrá sido de ellos?
Il était minuit à peu près; il s′agissait de retrouver Planchet. D′Artagnan se fit ouvrir successivement tous les cabarets dans lesquels il aperçut un peu de lumière; dans aucun d′eux il ne retrouva Planchet.Era medianoche poco más o menos; se trataba de encontrar a Planchet. D Artagnan se hizo abrir sucesivamente todas las tabernas en las que percibió algo de luz; en ninguna de ellas encontró a Planchet.
Au sixième, il commença de réfléchir que la recherche était un peu hasardée. D′Artagnan n′avait donné rendez-vous à son laquais qu′à six heures du matin, et quelque part qu′il fût, il était dans son droit.En la sexta, comenzó a pensar que la búsqueda era un poco aventurada. D′Artagnan no había citado a su lacayo más que a las seis de la mañana y, estuviese donde estuviese, estaba en su derecho.
D′ailleurs, il vint au jeune homme cette idée, qu′en restant aux environs du lieu où l′événement s′était passé, il obtiendrait peut-être quelque éclaircissement sur cette mystérieuse affaire. Au sixième cabaret, comme nous l′avons dit, d′Artagnan s′arrêta donc, demanda une bouteille de vin de première qualité, s′accouda dans l′angle le plus obscur et se décida à attendre ainsi le jour; mais cette fois encore son espérance fut trompée, et quoiqu′il écoutât de toutes ses oreilles, il n′entendit, au milieu des jurons, des lazzi et des injures qu′échangeaient entre eux les ouvriers, les laquais et les rouliers qui composaient l′honorable société dont il faisait partie, rien qui pût le mettre sur la trace de la pauvre femme enlevée. Force lui fut donc, après avoir avalé sa bouteille par désoeuvrement et pour ne pas éveiller des soupçons, de chercher dans son coin la posture la plus satisfaisante possible et de s′endormir tant bien que mal. D′Artagnan avait vingt ans, on se le rappelle, et à cet âge le sommeil a des droits imprescriptibles qu′il réclame impérieusement, même sur les coeurs les plus désespérés.Además al joven le vino la idea de que, quedándose en los alrededores del lugar en que había ocurrido el suceso, quizá obtendría algún esclarecimiento sobre aquel misterioso asunto. En la sexta taberna, como hemos dicho, D′Artagnan se detuvo, pidió una botella de vino de primera calidad, se acodó en el ángulo más oscuro y se decidió a esperar el día de este modo; pero también esta vez su esperanza quedó frustrada, y aunque escuchaba con los oídos abiertos, no oyó, en medio de los juramentos, las burlas y las injurias que entre sí cambiaban los obreros, los lacayos y los carreteros que componían la honorable sociedad de que formaba parte, nada que pudiera ponerle sobre las huellas de la pobre mujer raptada. Así pues, tras haber tragado su botella por ociosidad y para no despertar sospechas, trató de buscar en su rincón la postura más satisfactoria posible y de dormirse mal que bien. D′Artagnan tenía veinte años, como se recordará, y a esa edad el sueño tiene derechos imprescriptibles que reclaman imperiosamente incluso en los corazones más desesperados.
Vers six heures du matin, d′Artagnan se réveilla avec ce malaise qui accompagne ordinairement le point du jour après une mauvaise nuit. Sa toilette n′était pas longue à faire; il se tâta pour savoir si on n′avait pas profité de son sommeil pour le voler, et ayant retrouvé son diamant à son doigt, sa bourse dans sa poche et ses pistolets à sa ceinture, il se leva, paya sa bouteille et sortit pour voir s′il n′aurait pas plus de bonheur dans la recherche de son laquais le matin que la nuit. En effet, la première chose qu′il aperçut à travers le brouillard humide et grisâtre fut l′honnête Planchet qui, les deux chevaux en main, l′attendait à la porte d′un petit cabaret borgne devant lequel d′Artagnan était passé sans même soupçonner son existence.Hacia las seis de la mañana, D′Artagnan se despertó con ese malestar que acompaña ordinariamente al alba tras una mala noche. No era muy largo de hacer su aseo; se tanteó para saber si no se habían aprovechado de su sueño para robarle, y habiendo encontrado su diamante en su dedo, su bolsa en su bolsillo y sus pistolas en su cintura, se levantó, pagó su botella y salió para ver si tenía más suerte en la búsqueda de su lacayo por la mañana que por la noche. En efecto, lo primero que percibió a través de la niebla húmeda y grisácea fue al honrado Planchet, que con los dos caballos de la mano esperaba a la puerta de una pequeña taberna miserable ante la cual D′Artagnan había pasado sin sospechar siquiera su existencia.






CHAPITRE XXV – PORTHOS

Capítulo XXV -- Porthos

Au lieu de rentrer chez lui directement, d′Artagnan mit pied à terre à la porte de M. de Tréville, et monta rapidement l′escalier. Cette fois, il était décidé à lui raconter tout ce qui venait de se passer. Sans doute il lui donnerait de bons conseils dans toute cette affaire; puis, comme M. de Tréville voyait presque journellement la reine, il pourrait peut-être tirer de Sa Majesté quelque renseignement sur la pauvre femme à qui l′on faisait sans doute payer son dévouement à sa maîtresse.En lugar de regresar a su casa directamente, D′Artagnan puso pie en tierra ante la puerta del señor de Tréville y subió rápidamente la escalera. Aquella vez estaba decidido a contarle todo lo que acababa de pasar. Sin duda, él daría buenos consejos en todo aquel asunto; además, como el señor de Tréville veía casi a diario a la reina, quizá podría sacar a Su Majestad alguna información sobre la pobre mujer a quien sin duda se hacía pagar su adhesión a su señora.
M. de Tréville écouta le récit du jeune homme avec une gravité qui prouvait qu′il voyait autre chose, dans toute cette aventure, qu′une intrigue d′amour; puis, quand d′Artagnan eut achevé:El señor de Tréville escuchó el relato del joven con una gravedad que probaba que había algo más en toda aquella aventura que una intriga de amor; luego, cuando D′Artagnan hubo acabado:
«Hum! dit-il, tout ceci sent Son Éminence d′une lieue.-¡Hum! -dijo-. Todo esto huele a Su Eminencia a una legua.
— Mais, que faire? dit d′Artagnan.-Pero ¿qué hacer? -dijo D′Artagnan.
— Rien, absolument rien, à cette heure, que quitter Paris, comme je vous l′ai dit, le plus tôt possible. Je verrai la reine, je lui raconterai les détails de la disparition de cette pauvre femme, qu′elle ignore sans doute; ces détails la guideront de son côté, et, à votre retour, peut-être aurai-je quelque bonne nouvelle à vous dire. Reposez vous en sur moi.»-Nada, absolutamente nada ahora sólo abandonar Paris como os he dicho, lo antes posible. Yo veré a la reina, le contaré los detalles de la desaparición de esa pobre mujer, que ella sin duda ignora; estos detalles la orientarán por su lado, y a vuestro regreso, quizá tenga yo alguna buena nueva que deciros. Dejadlo en mis manos.
D′Artagnan savait que, quoique Gascon, M. de Tréville n′avait pas l′habitude de promettre, et que lorsque par hasard il promettait, il tenait plus qu′il n′avait promis. Il le salua donc, plein de reconnaissance pour le passé et pour l′avenir, et le digne capitaine, qui de son côté éprouvait un vif intérêt pour ce jeune homme si brave et si résolu, lui serra affectueusement la main en lui souhaitant un bon voyage.D′Artagnan sabía que, aunque gascón el señor de Tréville no tenía la costumbre de prometer, y que cuando por azar prometía, mantenía, y con creces, lo que habia prometido. Saludó, pues, lleno de agradecimiento por el pasado y por el futuro, y el digno capitán, que por su lado sentía vivo interés por aquel joven tan valiente y tan resuelto, le apretó afectuosamente la mano deseándole un buen viaje.
Décidé à mettre les conseils de M. de Tréville en pratique à l′instant même, d′Artagnan s′achemina vers la rue des Fossoyeurs, afin de veiller à la confection de son portemanteau. En s′approchant de sa maison, il reconnut M. Bonacieux en costume du matin, debout sur le seuil de sa porte. Tout ce que lui avait dit, la veille, le prudent Planchet sur le caractère sinistre de son hôte revint alors à l′esprit de d′Artagnan, qui le regarda plus attentivement qu′il n′avait fait encore. En effet, outre cette pâleur jaunâtre et maladive qui indique l′infiltration de la bile dans le sang et qui pouvait d′ailleurs n′être qu′accidentelle, d′Artagnan remarqua quelque chose de sournoisement perfide dans l′habitude des rides de sa face. Un fripon ne rit pas de la même façon qu′un honnête homme, un hypocrite ne pleure pas les mêmes larmes qu′un homme de bonne foi. Toute fausseté est un masque, et si bien fait que soit le masque, on arrive toujours, avec un peu d′attention, à le distinguer du visage.Decidido a poner los consejos del señor de Tréville en práctica en aquel mismo instante, D′Artagnan se encaminó hacia la calle des Fossoyeurs, a fin de velar por la preparación de su equipaje. Al acercarse a su casa, reconoció al señor Bonacieux en traje de mañana, de pie ante el umbral de su puerta. Todo lo que le había dicho la víspera el prudente Planchet sobre el carácter siniestro de su huésped volvió entonces a la memoria de D′Artagnan que lo miró más atentamente de lo que hasta entonces había hecho. En efecto, además de aquella palidez amarillenta y enfermiza que indica la filtración de la bilis en la sangre y que por el otro lado podía ser sólo accidental, D′Artagnan observó algo de sinuosamente pérfido en la tendencia a las arrugas de su cara. Un bribón no ríe de igual forma que un hombre honesto, un hipócrita no llora con las lágrimas que un hombre de buena fe. Toda falsedad es una máscara, y por bien hecha que esté la máscara, siempre se llega, con un poco de atención, a distinguirla del rostro.
Il sembla donc à d′Artagnan que M. Bonacieux portait un masque, et même que ce masque était des plus désagréables à voir.Le pareció pues, a D′Artagnan que el señor Bonacieux llevaba una máscara, a incluso que aquella máscara era de las más desagradables de ver.
En conséquence il allait, vaincu par sa répugnance pour cet homme, passer devant lui sans lui parler, quand, ainsi que la veille, M. Bonacieux l′interpella.En consecuencia, vencido por su repugnancia hacia aquel hombre, iba a pasar por delante de él sin hablarle cuando, como la víspera, el señor Bonacieux lo interpeló:
«Eh bien, jeune homme, lui dit-il, il paraît que nous faisons de grasses nuits? Sept heures du matin, peste! Il me semble que vous retournez tant soit peu les habitudes reçues, et que vous rentrez à l′heure où les autres sortent.-¡Y bien, joven -le dijo-, parece que andamos de juerga! ¡Diablos, las siete de la mañana! Me parece que os apartáis de las costumbres recibidas y que volvéis a la hora en que los demás salen.
— On ne vous fera pas le même reproche, maître Bonacieux, dit le jeune homme, et vous êtes le modèle des gens rangés. Il est vrai que lorsque l′on possède une jeune et jolie femme, on n′a pas besoin de courir après le bonheur: c′est le bonheur qui vient vous trouver; n′est-ce pas, monsieur Bonacieux?»-No se os hará a vos el mismo reproche, maese Bonacieux -dijo el joven-, y sois modelo de las gentes ordenadas. Es cierto que cuando se pone una mujer joven y bonita, no hay necesidad de correr detrás de la felicidad; es la felicidad la que viene a buscaros, ¿no es así, señor Bonacieux?
Bonacieux devint pâle comme la mort et grimaça un sourire.Bonacieux se puso pálido como la muerte y muequeó una sonrisa.
«Ah! ah! dit Bonacieux, vous êtes un plaisant compagnon. Mais où diable avez-vous été courir cette nuit, mon jeune maître? Il paraît qu′il ne faisait pas bon dans les chemins de traverse.»-¡Ah, ah! -dijo Bonacieux-. Sois un compañero bromista. Pero ¿dónde diablos habéis andado de correría esta noche, mi joven amigo? Parece que no hacía muy buen tiempo en los atajos.
D′Artagnan baissa les yeux vers ses bottes toutes couvertes de boue; mais dans ce mouvement ses regards se portèrent en même temps sur les souliers et les bas du mercier; on eût dit qu′on les avait trempés dans le même bourbier; les uns et les autres étaient maculés de taches absolument pareilles.D′Artagnan bajó los ojos hacia sus botas todas cubiertas de barro; pero en aquel movimiento sus miradas se dirigieron al mismo tiempo hacia los zapatos y las medias del mercero; se hubiera dicho que los había mojado en el mismo cenegal; unos y otros tenían manchas completamente semejantes.
Alors une idée subite traversa l′esprit de d′Artagnan. Ce petit homme gros, court, grisonnant, cette espèce de laquais vêtu d′un habit sombre, traité sans considération par les gens d′épée qui composaient l′escorte, c′était Bonacieux lui-même. Le mari avait présidé à l′enlèvement de sa femme.Entonces una idea súbita cruzó la mente de D′Artagnan. Aquel hombrecito grueso, rechoncho, cuyos cabellos agrisaban ya, aquella especie de lacayo vestido con un traje oscuro, tratado sin consideración por las gentes de espada que componían la escolta, era el mismo Bonacieux. El marido había presidido el rapto de su mujer.
Il prit à d′Artagnan une terrible envie de sauter à la gorge du mercier et de l′étrangler; mais, nous l′avons dit, c′était un garçon fort prudent, et il se contint. Cependant la révolution qui s′était faite sur son visage était si visible, que Bonacieux en fut effrayé et essaya de reculer d′un pas; mais justement il se trouvait devant le battant de la porte, qui était fermée, et l′obstacle qu′il rencontra le força de se tenir à la même place.Le entraron a D′Artagnan unas terribles ganas de saltar a la garganta del mercero y de estrangularlo; pero ya hemos dicho que era un muchacho muy prudente y se contuvo. Sin embargo, la revolución que se había operado en su rostro era tan visible que Bonacieux quedó espantado y trató de retroceder un paso; pero precisamente se encontraba delante del batiente de la puerta, que estaba cerrada, y el obstáculo que encontró le forzó a quedarse en el mismo sitio.
«Ah çà! mais vous qui plaisantez, mon brave homme, dit d′Artagnan, il me semble que si mes bottes ont besoin d′un coup d′éponge, vos bas et vos souliers réclament aussi un coup de brosse. Est-ce que de votre côté vous auriez couru la prétantaine, maître Bonacieux? Ah! diable, ceci ne serait point pardonnable à un homme de votre âge et qui, de plus, a une jeune et jolie femme comme la vôtre.-¡Vaya, sois vos quien bromeáis, mi valiente amigo! -dijo D′Artagnan-. Me parece que si mis botas necesitan una buena esponja, vuestras medias y vuestros zapatos también reclaman un buen cepillado. ¿Es que también vos os habéis corrido una juerga, maese Bonaceux? ¡Diablos! Eso sería imperdonable en un hombre de vuestra edad y que además tiene una mujer joven y bonita como la vuestra.
— Oh! mon Dieu, non, dit Bonacieux; mais hier j′ai été à Saint- Mandé pour prendre des renseignements sur une servante dont je ne puis absolument me passer, et comme les chemins étaient mauvais, j′en ai rapporté toute cette fange, que je n′ai pas encore eu le temps de faire disparaître.»-¡Oh, Dios mío, no! -dijo Bonacieux-. Ayer estuve en Saint-Mandé para informarme de una sirvienta de la que no puedo prescindir, y como los caminos estaban en malas condiciones he traído todo ese fango que aún no he tenido tiempo de hacer desaparecer.
Le lieu que désignait Bonacieux comme celui qui avait été le but de sa course fut une nouvelle preuve à l′appui des soupçons qu′avait conçus d′Artagnan. Bonacieux avait dit Saint-Mandé, parce que Saint-Mandé est le point absolument opposé à Saint-Cloud.El lugar que designaba Bonacieux como meta de correría fue una nueva prueba en apoyo de las sospechas que había concebido D′Artagnan. Bonacieux había dicho Saint-Mandé porque Saint-Mandé es el punto completamente opuesto a Saint-Cloud.
Cette probabilité lui fut une première consolation. Si Bonacieux savait où était sa femme, on pourrait toujours, en employant des moyens extrêmes, forcer le mercier à desserrer les dents et à laisser échapper son secret. Il s′agissait seulement de changer cette probabilité en certitude.Aquella probabilidad fue para él un primer consuelo. Si Bonacieux sabía dónde estaba su mujer, siempre se podría, empleando medios extremos, forzar al mercero a soltar la lengua y dejar escapar su secreto. Se trataba sólo de convertir esta probabilidad en certidumbre.
«Pardon, mon cher monsieur Bonacieux, si j′en use avec vous sans façon, dit d′Artagnan; mais rien n′altère comme de ne pas dormir, j′ai donc une soif d′enragé; permettez-moi de prendre un verre d′eau chez vous; vous le savez, cela ne se refuse pas entre voisins.»-Perdón, mi querido señor Bonacieux, si prescindo con vos de los modales -dijo D′Artagnan-; pero nada me altera más que no dormir, tengo una sed implacable; permitidme tomar un vaso de agua de vuestra casa; ya lo sabéis, eso no se niega entre vecinos.
Et sans attendre la permission de son hôte, d′Artagnan entra vivement dans la maison, et jeta un coup d′oeil rapide sur le lit. Le lit n′était pas défait. Bonacieux ne s′était pas couché. Il rentrait donc seulement il y avait une heure ou deux; il avait accompagné sa femme jusqu′à l′endroit où on l′avait conduite, ou tout au moins jusqu′au premier relais.Y sin esperar el permiso de su huésped, D′Artagnan entró rápidamente en la casa y lanzó una rápida ojeada sobre la cama. La cama no estaba deshecha. Bonacieux no se había acostado. Acababa de volver hacía una o dos horas; había acompañado a su mujer hasta el lugar al que la habían conducido, o por lo menos hasta el primer relevo.
«Merci, maître Bonacieux, dit d′Artagnan en vidant son verre, voilà tout ce que je voulais de vous. Maintenant je rentre chez moi, je vais faire brosser mes bottes par Planchet, et quand il aura fini, je vous l′enverrai si vous voulez pour brosser vos souliers.»-Gracias, maese Bonacieux -dijo D′Artagnan vaciando su vaso-, eso es todo cuanto quería de vos. Ahora vuelvo a mi casa, voy a ver si Planchet me limpia las botas y, cuando haya terminado, os lo mandaré por si queréis limpiaros vuestros zapatos.
Et il quitta le mercier tout ébahi de ce singulier adieu et se demandant s′il ne s′était pas enferré lui-même.Y dejó al mercero todo pasmado por aquel singular adiós y preguntándose si no había caído en su propia trampa.
Sur le haut de l′escalier il trouva Planchet tout effaré.En lo alto de la escalera encontró a Planchet todo estupefacto.
«Ah! monsieur, s′écria Planchet dès qu′il eut aperçu son maître, en voilà bien d′une autre, et il me tardait bien que vous rentrassiez.-¡Ah, señor! -exclamó Planchet cuando divisó a su amo-. Ya tenemos otra, y esperaba con impaciencia que regresaseis.
— Qu′y a-t-il donc? demanda d′Artagnan.-Pues, ¿qué pasa? -preguntó D′Artagnan.
— Oh! je vous le donne en cent, monsieur, je vous le donne en mille de deviner la visite que j′ai reçue pour vous en votre absence.-¡Oh, os apuesto cien, señor, os apuesto mil si adivanáis la visita que he recibido para vos en vuestra ausencia!
— Quand cela?-¿Y eso cuándo?
— Il y a une demi-heure, tandis que vous étiez chezM. de Tréville.-Hará una media hora, mientras vos estabais con el señor de Tréville.
— Et qui donc est venu? Voyons, parle.-¿Y quién ha venido? Vamos, habla.
— M. de Cavois.-El señor de Cavois.
— M. de Cavois?-¿El señor de Cavois?
— En personne.-En persona.
— Le capitaine des gardes de Son Éminence?-¿El capitán de los guardias de Su Eminencia?
— Lui-même.-El mismo.
— Il venait m′arrêter?-¿Venía a arrestarme?
— Je m′en suis douté, monsieur, et cela malgré son air patelin.-Es lo que me temo, señor, y eso pese a su aire zalamero.
— Il avait l′air patelin, dis-tu?-¿Tenía el aire zalamero, dices?
— C′est-à-dire qu′il était tout miel, monsieur.-Quiero decir que era todo mieles, señor.
— Vraiment?-¿De verdad?
— Il venait, disait-il, de la part de Son Éminence, qui vous voulait beaucoup de bien, vous prier de le suivre au Palais-Royal.-Venía, según dijo, de parte de Su Eminencia, que os quería mucho, a rogaros seguirle al Palais Royal.
— Et tu lui as répondu?-Y tú, ¿qué le has contestado?
— Que la chose était impossible, attendu que vous étiez hors de la maison, comme il le pouvait voir.-Que era imposible, dado que estabais fuera de casa, como podía él mismo ver.
— Alors qu′a-t-il dit?-¿Y entonces qué ha dicho?
— Que vous ne manquiez pas de passer chez lui dans la journée; puis il a ajouté tout bas: «Dis à ton maître que Son Éminence est parfaitement disposée pour lui, et que sa fortune dépend peut-être de cette entrevue.»-Que no dejaseis de pasar por allí durante el día; luego ha añadido en voz baja: "Dile a tu amo que Su Eminencia está completamente dispuesto hacia él, y que su fortuna depende quizá de esa entrevista".
— Le piège est assez maladroit pour le cardinal, reprit en souriant le jeune homme.-La trampa es bastante torpe para ser del cardenal -repuso sonriendo el joven.
— Aussi, je l′ai vu, le piège, et j′ai répondu que vous seriez désespéré à votre retour.-También yo he visto la trampa y he respondido que os desesperaríais a vuestro regreso.
— Où est-il allé? a demandé M. de Cavois. À Troyes en Champagne, ai-je répondu. Et quand est-il parti?"¿Dónde ha ido?", ha preguntado el señor de Cavois. "A Troyes, en Champagne", le he respondido. "¿Y cuándo se ha marchado?"
— Hier soir.»"Ayer tarde".
— Planchet, mon ami, interrompit d′Artagnan, tu es véritablement un homme précieux.-Planchet, amigo mío -interrumpió D′Artagnan-, eres realmente un hombre precioso.
— Vous comprenez, monsieur, j′ai pensé qu′il serait toujours temps, si vous désirez voir M. de Cavois, de me démentir en disant que vous n′étiez point parti; ce serait moi, dans ce cas, qui aurais fait le mensonge, et comme je ne suis pas gentilhomme, moi, je puis mentir.-¿Comprendéis, señor? He pensado que siempre habría tiempo, si deseáis ver al señor de Cavois, de desmentirme diciendo que no os habíais marchado; sería yo en tal caso quien habría mentido, y como no soy gentilhombre, puedo mentir.
— Rassure-toi, Planchet, tu conserveras ta réputation d′homme véridique: dans un quart d′heure nous partons.-Tranquilízate, Planchet, tu conservarás tu reputación de hombre verdadero: dentro de un cuarto de hora partimos.
— C′est le conseil que j′allais donner à monsieur; et où allons- nous, sans être trop curieux?-Es el consejo que iba a dar al señor; y, ¿adónde vamos, si se puede saber?
— Pardieu! du côté opposé à celui vers lequel tu as dit que j′étais allé. D′ailleurs, n′as-tu pas autant de hâte d′avoir des nouvelles de Grimaud, de Mousqueton et de Bazin que j′en ai, moi, de savoir ce que sont devenus Athos, Porthos et Aramis?-¡Pardiez! Hacia el lado contrario del que tú has dicho que había ido. Además, ¿no tienes prisa por tener nuevas con Grimaud, de Mosquetón y de Bazin, como las tengo yo de saber qué ha pasado de Athos, Porthos y Aramis?
— Si fait, monsieur, dit Planchet, et je partirai quand vous voudrez; l′air de la province vaut mieux pour nous, à ce que je crois, en ce moment, que l′air de Paris. Ainsi donc…-Claro que sí, señor -dijo Planchet-, y yo partiré cuando queráis; el aire de la provincia nos va mejor, según creo, en este momento que el aire de Paris. Por eso, pues...
— Ainsi donc, fais notre paquet, Planchet, et partons; moi, je m′en vais devant, les mains dans mes poches, pour qu′on ne se doute de rien. Tu me rejoindras à l′hôtel des Gardes. À propos, Planchet, je crois que tu as raison à l′endroit de notre hôte, et que c′est décidément une affreuse canaille.-Por eso, pues, hagamos nuestro petate, Planchet y partamos; yo iré delante, con las manos en los bolsillos para que nadie sospeche nada. Tú te reunirás conmigo en el palacio de los Guardias. A propósito, Planchet, creo que times razón respecto a nuestro huésped, y que decididamente es un horrible canalla.
— Ah! croyez-moi, monsieur, quand je vous dis quelque chose; je suis physionomiste, moi, allez!»-¡Ah!, creedme, señor, cuando os digo algo; yo soy fisonomista, y bueno.
D′Artagnan descendit le premier, comme la chose avait été convenue; puis, pour n′avoir rien à se reprocher, il se dirigea une dernière fois vers la demeure de ses trois amis: on n′avait reçu aucune nouvelle d′eux, seulement une lettre toute parfumée et d′une écriture élégante et menue était arrivée pour Aramis. D′Artagnan s′en chargea. Dix minutes après, Planchet le rejoignait dans les écuries de l′hôtel des Gardes. D′Artagnan, pour qu′il n′y eût pas de temps perdu, avait déjà sellé son cheval lui-même.D′Artagnan descendió el primero, como había convenido; luego, para no tener nada que reprocharse, se dirigió una vez más al domicilio de sus tres amigos: no se había recibido ninguna noticia de ellos; sólo una carta toda perfumada y de una escritura elegante y menuda había llegado para Aramis. D′Artagnan se hizo cargo de ella. Diez minutos después, Planchet se reunió en las cuadras del palacio de los Guardias. D′Artagnan, para no perder tiempo, ya había ensillado su caballo él mismo.
«C′est bien, dit-il à Planchet, lorsque celui-ci eut joint le portemanteau à l′équipement; maintenant selle les trois autres, et partons.-Está bien -le dijo a Planchet cuando éste tuvo unido el maletín de grupa al equipo-; ahora ensilla los otros tres, y partamos.
— Croyez-vous que nous irons plus vite avec chacun deux chevaux? demanda Planchet avec son air narquois.-¿Creéis que iremos más deprisa con dos caballos cada uno? -preguntó Planchet con aire burlón.
— Non, monsieur le mauvais plaisant, répondit d′Artagnan, mais avec nos quatre chevaux nous pourrons ramener nos trois amis, si toutefois nous les retrouvons vivants.-No, señor bromista -respondió D′Artagnan-, pero con nuestros cuatro caballos podremos volver a traer a nuestros tres amigos, si es que todavía los encontramos vivos.
— Ce qui serait une grande chance, répondit Planchet, mais enfin il ne faut pas désespérer de la miséricorde de Dieu.-Lo cual será una gran suerte -respondió Planchet-, pero en fin, no hay que desesperar de la misericordia de Dios.
— Amen», dit d′Artagnan en enfourchant son cheval.-Amén -dijo D′Artagnan, montando a horcajadas en su caballo.
Et tous deux sortirent de l′hôtel des Gardes, s′éloignèrent chacun par un bout de la rue, l′un devant quitter Paris par la barrière de la Villette et l′autre par la barrière de Montmartre, pour se rejoindre au-delà de Saint-Denis, manoeuvre stratégique qui, ayant été exécutée avec une égale ponctualité, fut couronnée des plus heureux résultats. D′Artagnan et Planchet entrèrent ensemble à Pierrefitte.Y los dos salieron del palacio de los Guardias, alejándose cada uno por una punta de la calle, debiendo el uno dejar Paris por la barrera de La Villette y el otro por la barrera de Montmartre, para reunirse más allá de Saint-Denis, maniobra estratégica que ejecutada con igual puntualidad fue coronada por los más felices resultados. D′Artagnan y Planchet entraron juntos en Pierrefitte.
Planchet était plus courageux, il faut le dire, le jour que la nuit.Planchet estaba más animado, todo hay que decirlo, por el día que por la noche.
Cependant sa prudence naturelle ne l′abandonnait pas un seul instant; il n′avait oublié aucun des incidents du premier voyage, et il tenait pour ennemis tous ceux qu′il rencontrait sur la route. Il en résultait qu′il avait sans cesse le chapeau à la main, ce qui lui valait de sévères mercuriales de la part de d′Artagnan, qui craignait que, grâce à cet excès de politesse, on ne le prît pour le valet d′un homme de peu.Sin embargo, su prudencia natural no le abandonaba un solo instante; no había olvidado ninguno de los incidentes del primer viaje, y tenía por enemigos a todos los que encontraba en camino. Resultaba de ello que sin cesar tenía el sombrero en la mano, lo que le valía severas reprimendas de parte de D′Artagnan, quien temía que, debido a tal exceso de cortesía, se le tomase por un criado de un hombre de poco valer.
Cependant, soit qu′effectivement les passants fussent touchés de l′urbanité de Planchet, soit que cette fois personne ne fût aposté sur la route du jeune homme, nos deux voyageurs arrivèrent à Chantilly sans accident aucun et descendirent à l′hôtel du Grand Saint Martin, le même dans lequel ils s′étaient arrêtés lors de leur premier voyage.Sin embargo, sea que efectivamente los viandantes quedaran conmovidos por la urbanidad de Planchet, sea que aquella vez ninguno fue apostado en la ruta del joven, nuestros dos viajeros llegaron a Chantilly sin accidente alguno y se apearon ante el hostal del Grand Saint Martin, el mismo en el que se habían detenido durante su primer viaje.
L′hôte, en voyant un jeune homme suivi d′un laquais et de deux chevaux de main, s′avança respectueusement sur le seuil de la porte. Or, comme il avait déjà fait onze lieues, d′Artagnan jugea à propos de s′arrêter, que Porthos fût ou ne fût pas dans l′hôtel. Puis peut-être n′était-il pas prudent de s′informer du premier coup de ce qu′était devenu le mousquetaire. Il résulta de ces réflexions que d′Artagnan, sans demander aucune nouvelle de qui que ce fût, descendit, recommanda les chevaux à son laquais, entra dans une petite chambre destinée à recevoir ceux qui désiraient être seuls, et demanda à son hôte une bouteille de son meilleur vin et un déjeuner aussi bon que possible, demande qui corrobora encore la bonne opinion que l′aubergiste avait prise de son voyageur à la première vue.El hostelero, al ver al joven seguido de su lacayo y de dos caballos de mano, se adelantó respetuosamente hasta el umbral de la puerta. Ahora bien, como ya había hecho once leguas, D′Artagnan juzgó a propósito detenerse, estuviera o no estuviera Porthos en el hostal. Además, quizá no fuera prudente informarse a la primera de lo que había sido del mosquetero. Resultó de estas reflexiones que D′Artagnan, sin pedir ninguna noticia de lo que había ocurrido, se apeó, encomendó los caballos a su lacayo, entró en una pequeña habitación destinada a recibir a quienes deseaban estar solos, y pidió a su hostelero una botella de su mejor vino y el mejor desayuno posible, petición que corroboró más aún la buena opinion que el alberguista se había hecho de su viajero a la primera ojeada.
Aussi d′Artagnan fut-il servi avec une célérité miraculeuse.Por eso D′Artagnan fue servido con una celeridad milagrosa.
Le régiment des gardes se recrutait parmi les premiers gentilshommes du royaume, et d′Artagnan, suivi d′un laquais et voyageant avec quatre chevaux magnifiques, ne pouvait, malgré la simplicité de son uniforme, manquer de faire sensation. L′hôte voulut le servir lui-même; ce que voyant, d′Artagnan fit apporter deux verres et entama la conversation suivante:El regimiento de los guardias se reclutaba entre los primeros gentilhombres del reino, y D′Artagnan, seguido de un lacayo y viajando con cuatro magníficos caballos, no podía, pese a la sencillez de su uniforme, dejar de causar sensación. El hostelero quiso servirle en persona; al ver lo cual, D′Artagnan hizo traer dos vasos y entabló la siguiente conversación:
«Ma foi, mon cher hôte, dit d′Artagnan en remplissant les deux verres, je vous ai demandé de votre meilleur vin et si vous m′avez trompé, vous allez être puni par où vous avez péché, attendu que, comme je déteste boire seul, vous allez boire avec moi. Prenez donc ce verre, et buvons. À quoi boirons-nous, voyons, pour ne blesser aucune susceptibilité? Buvons à la prospérité de votre établissement!-A fe mía, mi querido hostelero -dijo D′Artagnan llenando los dos vasos-, os he pedido vuestro mejor vino, y si me habéis engañado vais a ser castigado por donde pecasteis, dado que como detesto beber solo, vos vais a beber conmigo. Tomad, pues, ese vaso y bebamos. ¿Por qué brindaremos, para no herir ninguna suceptibilidad? ¡Bebamos por la prosperidad de vuestro establecimiento!
— Votre Seigneurie me fait honneur, dit l′hôte, et je la remercie bien sincèrement de son bon souhait.-Vuestra señoría me hace un honor -dijo el hostelero-, y le agradezco sinceramente su buen deseo.
— Mais ne vous y trompez pas, dit d′Artagnan, il y a plus d′égoe peut-être que vous ne le pensez dans mon toast: il n′y a que les établissements qui prospèrent dans lesquels on soit bien reçu; dans les hôtels qui périclitent, tout va à la débandade, et le voyageur est victime des embarras de son hôte; or, moi qui voyage beaucoup et surtout sur cette route, je voudrais voir tous les aubergistes faire fortune.-Pero no os engañéis -dijo D′Artagnan-, hay quizá más egoísmo de lo que pensáis en mi brindis: sólo en los establecimientos que prosperan le recibien bien a uno; en los hostales en decadencia todo va manga por hombro, y el viajero es víctima de los apuros de su huésped; pero yo que viajo mucho y sobre todo por esta ruta, quisiera ver a todos los alberguistas hacer fortuna.
— En effet, dit l′hôte, il me semble que ce n′est pas la première fois que j′ai l′honneur de voir monsieur.-En efecto -dijo el hostelero-, me parece que no es la primera vez que tengo el honor de ver al señor.
— Bah? je suis passé dix fois peut-être à Chantilly, et sur les dix fois je me suis arrêté au moins trois ou quatre fois chez vous. Tenez, j′y étais encore il y a dix ou douze jours à peu près; je faisais la conduite à des amis, à des mousquetaires, à telle enseigne que l′un d′eux s′est pris de dispute avec un étranger, un inconnu, un homme qui lui a cherché je ne sais quelle querelle.-Bueno, he pasado diez veces quizá por Chantilly, y de las diez veces tres o cuatro por lo menos me he detenido en vuestra casa. Mirad, la última vez hará diez o doce días aproximadamente; yo acompañaba a unos amigos, mosqueteros, y la prueba es que uno de ellos se vio envuelto en una disputa con un extraño, con un desconocido, un hombre que le buscó no sé qué querella.
— Ah! oui vraiment! dit l′hôte, et je me le rappelle parfaitement. N′est-ce pas de M. Porthos que Votre Seigneurie veut me parler?-¡Ah! ¡Sí, es cierto! -dijo el hostelero-. Y me acuerdo perfectamente. ¿No es del señor Porthos de quien Vuestra Señoría quiere hablarme?
— C′est justement le nom de mon compagnon de voyage.-Ese es precisamente el nombre de mi compañero de viaje.
«Mon Dieu! mon cher hôte, dites-moi, lui serait-il arrivé malheur?¡Dios mío! Querido huésped, decidme, ¿le ha ocurrido alguna desgracia?
— Mais Votre Seigneurie a dû remarquer qu′il n′a pas pu continuer sa route.-Pero Vuestra Señoría tuvo que darse cuenta de que no pudo continuar su viaje.
— En effet, il nous avait promis de nous rejoindre, et nous ne l′avons pas revu.-En efecto, nos había prometido reunirse con nosotros, y no lo hemos vuelto a ver.
— Il nous a fait l′honneur de rester ici.-El nos ha hecho el honor de quedarse aquí.
— Comment! il vous a fait l′honneur de rester ici?- Cómo? ¿Os ha hecho el honor de quedarse aquí?
— Oui, monsieur, dans cet hôtel; nous sommes même bien inquiets.- Sí, señor, en el hostal; incluso estamos muy inquietos.
— Et de quoi?-¿Y por qué?
— De certaines dépenses qu′il a faites.-Por ciertos gastos que ha hecho.
— Eh bien, mais les dépenses qu′il a faites, il les paiera.-¡Bueno, los gastos que ha hecho él los pagará!
— Ah! monsieur, vous me mettez véritablement du baume dans le sang! Nous avons fait de fort grandes avances, et ce matin encore le chirurgien nous déclarait que si M. Porthos ne le payait pas, c′était à moi qu′il s′en prendrait, attendu que c′était moi qui l′avais envoyé chercher.-¡Ay, señor, realmente me ponéis bálsamo en la sangre! Hemos hecho fuertes adelantos, y esta mañana incluso el cirujano nos declaraba que, si el señor Porthos no le pagaba, sería yo quien tendría que hacerse cargo de la cuenta, dado que era yo quien le había enviado a buscar.
— Mais Porthos est donc blessé?-Pero, entonces, ¿Porthos está herido?
— Je ne saurais vous le dire, monsieur.-No sabría decíroslo, señor.
— Comment, vous ne sauriez me le dire? vous devriez cependant être mieux informé que personne.-¿Cómo que no sabríais decírmelo? Sin embargo, vos deberíais estar mejor informado que nadie.
— Oui, mais dans notre état nous ne disons pas tout ce que nous savons, monsieur, surtout quand on nous a prévenus que nos oreilles répondraient pour notre langue.-Sí, pero en nuestra situación no decimos todo lo que sabemos, señor, sobre todo porque nos ha prevenido que nuestras orejas responderán por nuestra lengua.
— Eh bien, puis-je voir Porthos?-¡Y bien! ¿Puedo ver a Porthos?
— Certainement, monsieur. Prenez l′escalier, montez au premier et frappez au n° 1. Seulement, prévenez que c′est vous.-Desde luego, señor. Tomad la escalera, subid al primero y llamad en el número uno. Sólo que prevenidle que sois vos.
— Comment! que je prévienne que c′est moi?-¡Cómo! ¿Que le prevenga que soy yo?
— Oui, car il pourrait vous arriver malheur.-Sí porque os podría ocurrir alguna desgracia.
— Et quel malheur voulez-vous qu′il m′arrive?-¿Y qué desgracia queréis que me ocurra?
— M. Porthos peut vous prendre pour quelqu′un de la maison et, dans un mouvement de colère, vous passer son épée à travers le corps ou vous brûler la cervelle.-El señor Porthos puede tomaros por alguien de la casa y en un movimiento de cólera pasaros su espada a través del cuerpo o saltaros la tapa de los sesos.
— Que lui avez-vous donc fait?-¿Qué le habéis hecho, pues?
— Nous lui avons demandé de l′argent.-Le hemos pedido el dinero.
— Ah! diable, je comprends cela; c′est une demande que Porthos reçoit très mal quand il n′est pas en fonds; mais je sais qu′il devait y être.-¡Ah, diablos! Ya comprendo; es una petición que Porthos recibe muy mal cuando no tiene fondos; pero yo sé que debía tenerlos.
— C′est ce que nous avions pensé aussi, monsieur; comme la maison est fort régulière et que nous faisons nos comptes toutes les semaines, au bout de huit jours nous lui avons présenté notre note; mais il paraît que nous sommes tombés dans un mauvais moment, car, au premier mot que nous avons prononcé sur la chose, il nous a envoyés à tous les diables; il est vrai qu′il avait joué la veille.-Es lo que nosotros hemos pensado, señor; como la casa es muy regular y nosotros hacemos nuestras cuentas todas las semanas, al cabo de ocho días le hemos presentado nuestra nota; pero parece que hemos llegado en un mal momento, porque a la primera palabra que hemos pronunciado sobre el tema, nos ha enviado al diablo; es cierto que la víspera había jugado.
— Comment, il avait joué la veille! et avec qui?-¿Cómo que había jugado la víspera? ¿Y con quién?
— Oh! mon Dieu, qui sait cela? avec un seigneur qui passait et auquel il avait fait proposer une partie de lansquenet.-¡Oh, Dios mío! Eso, ¿quién lo sabe? Con un señor que estaba de paso y al que propuso una partida de sacanete.
— C′est cela, le malheureux aura tout perdu.-Ya está, el desgraciado lo habrá perdido todo.
— Jusqu′à son cheval, monsieur, car lorsque l′étranger a été pour partir, nous nous sommes aperçus que son laquais sellait le cheval de M. Porthos. Alors nous lui en avons fait l′observation, mais il nous a répondu que nous nous mêlions de ce qui ne nous regardait pas et que ce cheval était à lui. Nous avons aussitôt fait prévenir M. Porthos de ce qui se passait, mais il nous à fait dire que nous étions des faquins de douter de la parole d′un gentilhomme, et que, puisque celui-là avait dit que le cheval était à lui, il fallait bien que cela fût.-Hasta su caballo, señor, porque cuando el extraño iba a partir, nos hemos dado cuenta de que su lacayo ensillaba el caballo del señor Porthos. Entonces nosotros le hemos hecho la observación, pero nos ha respondido que nos metiésemos en lo que nos importaba y que aquel caballo era suyo. En seguida hemos informado al señor Porthos de lo que pasaba, pero él nos ha dicho que éramos unos bellacos por dudar de la palabra de un gentilhombre, y que, dado que él había dicho que el caballo era suyo, era necesario que así fuese.
— Je le reconnais bien là, murmura d′Artagnan.-Lo reconozco perfectamente en eso -murmuró D′Artagnan.
— Alors, continua l′hôte, je lui fis répondre que du moment où nous paraissions destinés à ne pas nous entendre à l′endroit du paiement, j′espérais qu′il aurait au moins la bonté d′accorder la faveur de sa pratique à mon confrère le maître de l′Aigle d′Or; mais M. Porthos me répondit que mon hôtel étant le meilleur, il désirait y rester.-Entonces -continuó el hostelero-, le hice saber que, desde el momento en que parecíamos destinados a no entendernos en el asunto del pago, esperaba que al menos tuviera la bondad de conceder el honor de su trato a mi colega el dueño del Aigle d′Or; pero el señor Porthos me respondió que mi hostal era el mejor y que deseaba quedarse en él.
«Cette réponse était trop flatteuse pour que j′insistasse sur son départ. Je me bornai donc à le prier de me rendre sa chambre, qui est la plus belle de l′hôtel, et de se contenter d′un joli petit cabinet au troisième. Mais à ceci M. Porthos répondit que, comme il attendait d′un moment à l′autre sa maîtresse, qui était une des plus grandes dames de la cour, je devais comprendre que la chambre qu′il me faisait l′honneur d′habiter chez moi était encore bien médiocre pour une pareille personne.Tal respuesta era demasiado halagadora para que yo insistiese en su partida. Me limité, pues, a rogarle que me devolviera su habitación, que era la más hermosa del hotel, y se contentase con un precioso gabinetito en el tercer piso. Pero a esto el señor Porthos respondió que como esperaba de un momento a otro a su amante, que era una de las mayores damas de la corte yo debía comprender que la habitación que el me hacía el honor de habitar en mi casa era todavía mediocre para semejante persona.
«Cependant, tout en reconnaissant la vérité de ce qu′il disait, je crus devoir insister; mais, sans même se donner la peine d′entrer en discussion avec moi, il prit son pistolet, le mit sur sa table de nuit et déclara qu′au premier mot qu′on lui dirait d′un déménagement quelconque à l′extérieur ou à l′intérieur, il brûlerait la cervelle à celui qui serait assez imprudent pour se mêler d′une chose qui ne regardait que lui. Aussi, depuis ce temps-là, monsieur, personne n′entre plus dans sa chambre, si ce n′est son domestique.Sin embargo, reconociendo y todo la verdad de lo que decía, creí mi deber insistir; pero sin tomarse siquiera la molestia de entrar en discusión conmigo, cogió su pistola, la puso sobre su mesilla de noche y declaró que a la primera palabra que se le dijera de una mudanza cualquiera, fuera o dentro del hostal, abriría la tapa de los sesos a quien fuese lo bastante imprudente para meterse en una cosa que no le importaba más que él. Por eso, señor, desde ese momento nadie entra ya en su habitación, a no ser su doméstico.
— Mousqueton est donc ici?-¿Mosquetón está, pues, aquí?
— Oui, monsieur; cinq jours après son départ, il est revenu de fort mauvaise humeur de son côté; il paraît que lui aussi a eu du désagrément dans son voyage. Malheureusement, il est plus ingambe que son maître, ce qui fait que pour son maître il met tout sens dessus dessous, attendu que, comme il pense qu′on pourrait lui refuser ce qu′il demande, il prend tout ce dont il a besoin sans demander.-Sí, señor; cinco días después de su partida ha vuelto del peor humor posible; parece que él también ha tenido sinsabores durante su viaje. Por desgracia, es más ligero de piernas que su amo, lo cual hace que por su amo ponga todo patas arriba, dado que, pensando que podría nagársele lo que pide, coge cuanto necesita sin pedirlo.
— Le fait est, répondit d′Artagnan, que j′ai toujours remarqué dans Mousqueton un dévouement et une intelligence très supérieurs.-El hecho es -respondió D′Artagnan- que siempre he observado en Mosquetón una adhesión y una inteligencia muy superiores.
— Cela est possible, monsieur; mais supposez qu′il m′arrive seulement quatre fois par an de me trouver en contact avec une intelligence et un dévouement semblables, et je suis un homme ruiné.-Es posible, señor; pero suponed que tengo la oportunidad de ponerme en contacto, sólo cuatro veces al año, con una inteligencia y una adhesión semejantes, y soy un hombre arruinado.
— Non, car Porthos vous paiera.-No, porque Porthos os pagará.
— Hum! fit l′hôtelier d′un ton de doute.-¡Hum! -dijo el hostelero en tono de duda.
— C′est le favori d′une très grande dame qui ne le laissera pas dans l′embarras pour une misère comme celle qu′il vous doit.-Es el favorito de una gran dama que no lo dejará en el apuro por una miseria como la que os debe...
— Si j′ose dire ce que je crois là-dessus…-Si yo me atreviera a decir lo que creo sobre eso...
— Ce que vous croyez?-¿Qué creéis vos?
— Je dirai plus: ce que je sais.-Yo diría incluso más: lo que sé.
— Ce que vous savez?-¿Qué sabéis?
— Et même ce dont je suis sûr.-E incluso aquello de que estoy seguro.
— Et de quoi êtes-vous sûr, voyons?-Veamos, ¿y de qué estáis seguro?
— Je dirai que je connais cette grande dame.-Yo diría que conozco a esa gran dama.
— Vous?-¿Vos?
— Oui, moi.-Sí, yo.
— Et comment la connaissez-vous?-¿Y cómo la conocéis?
— Oh! monsieur, si je croyais pouvoir me fier à votre discrétion…-¡Oh, señor! Si yo creyera poder confiarme a vuestra discreción . . .
— Parlez, et foi de gentilhomme, vous n′aurez pas à vous repentir de votre confiance.-Hablad, y a fe de gentilhombre que no tendréis que arrepentiros de vuestra confianza.
— Eh bien, monsieur, vous concevez, l′inquiétude fait faire bien des choses.-Pues bien, señor, ya sabéis, la inquietud hace hacer muchas cosas.
— Qu′avez-vous fait?-¿Qué habéis hecho?
— Oh! d′ailleurs, rien qui ne soit dans le droit d′un créancier.-¡Oh! Nada que no esté en el derecho de un acreedor.
— Enfin?- Y...?
— M. Porthos nous a remis un billet pour cette duchesse, en nous recommandant de le jeter à la poste. Son domestique n′était pas encore arrivé. Comme il ne pouvait pas quitter sa chambre, il fallait bien qu′il nous chargeât de ses commissions.- El señor Porthos nos ha entregado un billete para esa duquesa, encargándonos echarlo al correo. Su doméstico no había llegado todavía. Como no podía dejar su habitación, era preciso que nos hiciéramos cargo de sus recados.
— Ensuite?-¿Y después?
— Au lieu de mettre la lettre à la poste, ce qui n′est jamais bien sûr, j′ai profité de l′occasion de l′un de mes garçons qui allait à Paris, et je lui ai ordonné de la remettre à cette duchesse elle-même. C′était remplir les intentions de M. Porthos, qui nous avait si fort recommandé cette lettre, n′est-ce pas?-En lugar de echar la carta a la posta, cosa que nunca es segura, aproveché la ocasión de uno de mis mozos que iba a Paris y le ordené entregársela a la duquesa en persona. Era cumplir con las intenciones del señor Porthos, que nos había encomendado encarecidamente aquella carta, ¿no es así?
— À peu près.-Más o menos.
— Eh bien, monsieur, savez-vous ce que c′est que cette grande dame?-Pues bien, señor, ¿sabéis lo que es esa gran dama?
— Non; j′en ai entendu parler à Porthos, voilà tout.-No; yo he oído hablar a Porthos de ella, eso es todo.
— Savez-vous ce que c′est que cette prétendue duchesse?-¿Sabéis lo que es esa presunta duquesa?
— Je vous le répète, je ne la connais pas.-Os repito, no la conozco.
— C′est une vieille procureuse au Châtelet, monsieur, nommée Mme Coquenard, laquelle a au moins cinquante ans, et se donne encore des airs d′être jalouse. Cela me paraissait aussi fort singulier, une princesse qui demeure rue aux Ours.-Es una vieja procuradora del Châtelet, señor, llamada señora Coquenard, la cual tiene por lo menos cincuenta años y se da incluso aires de estar celosa. Ya me parecía demasiado singular una princesa viviendo en la calle aux Ours.
— Comment savez-vous cela?-¿Cómo sabéis eso?
— Parce qu′elle s′est mise dans une grande colère en recevant la lettre, disant que M. Porthos était un volage, et que c′était encore pour quelque femme qu′il avait reçu ce coup d′épée.-Porque montó en gran cólera al recibir la carta, diciendo que el señor Porthos era un veleta y que además habría recibido la estocada por alguna mujer.
— Mais il a donc reçu un coup d′épée?-Pero entonces, ¿ha recibido una estocada?
— Ah! mon Dieu! qu′ai-je dit là?-¡Ah Dios mío! ¿Qué he dicho?
— Vous avez dit que Porthos avait reçu un coup d′épée.-Habéis dicho que Porthos había recibido una estocada.
— Oui; mais il m′avait si fort défendu de le dire!-Sí, pero él me había prohibido terminantemente decirlo.
— Pourquoi cela?-Y eso, ¿por qué?
— Dame! monsieur, parce qu′il s′était vanté de perforer cet étranger avec lequel vous l′avez laisse en dispute, et que c′est cet étranger, au contraire, qui, malgré toutes ses rodomontades, l′a couché sur le carreau. Or, comme M. Porthos est un homme fort glorieux, excepté envers la duchesse, qu′il avait cru intéresser en lui faisant le récit de son aventure, il ne veut avouer à personne que c′est un coup d′épée qu′il a reçu.-¡Maldita sea! Señor, porque se había vanagloriado de perforar a aquel extraño con el que vos lo dejasteis peleando, y fue por el contrario el extranjero el que, pese a todas sus baladronadas, le hizo morder el polvo. Pero como el señor Porthos es un hombre muy glorioso, excepto para la duquesa, a la que él había creído interesar haciéndole el relato de su aventura, no quiere confesar a nadie que es una estocada lo que ha recibido.
— Ainsi c′est donc un coup d′épée qui le retient dans son lit?-Entonces, ¿es una estocada lo que le retiene en su cama?
— Et un maître coup d′épée, je vous l′assure. Il faut que votre ami ait l′âme chevillée dans le corps.-Y una estocada magistral, os lo aseguro. Es preciso que vuestro amigo tenga siete vidas como los gatos.
— Vous étiez donc là?-¿Estabais vos all′?
— Monsieur, je les avais suivis par curiosité, de sorte que j′ai vu le combat sans que les combattants me vissent.-Señor, yo los seguí por curiosidad, de suerte que vi el combate sin que los combatientes me viesen.
— Et comment cela s′est-il passé?-¿Y cómo pasaron las cosas?
— Oh! la chose n′a pas été longue, je vous en réponds. Ils se sont mis en garde; l′étranger a fait une feinte et s′est fendu; tout cela si rapidement, que lorsque M. Porthos est arrivé à la parade, il avait déjà trois pouces de fer dans la poitrine. Il est tombé en arrière. L′étranger lui a mis aussitôt la pointe de son épée à la gorge; et M. Porthos, se voyant à la merci de son adversaire, s′est avoué vaincu. Sur quoi, l′étranger lui a demandé son nom et apprenant qu′il s′appelait M. Porthos, et non M. d′Artagnan, lui a offert son bras, l′a ramené à l′hôtel, est monté à cheval et a disparu.-Oh la cosa no fue muy larga, os lo aseguro; se pusieron en guardia; el extranjero hizo una finta y se lanzó a fondo; todo esto tan rápidamente que cuando el señor Porthos llegó a la parada, tenía ya tres pulgadas de hierro en el pecho. Cayó hacia atrás. El desconocido le puso al punto la punta de su espada en la garganta, y el señor Porthos, viéndose a merced de su adversario, se declaró vencido. A lo cual el desconocido le pidió su nombre, y al enterarse de que se llamaba Porthos y no señor D′Artagnan, le ofreció su brazo, le trajo al hostal, montó a caballo y desapareció.
— Ainsi c′est à M. d′Artagnan qu′en voulait cet étranger?-¿Así que era al señor D′Artagnan al que quería ese desconocido?
— Il paraît que oui.-Parece que sí.
— Et savez-vous ce qu′il est devenu?-¿Y sabéis vos qué ha sido de él?
— Non; je ne l′avais jamais vu jusqu′à ce moment et nous ne l′avons pas revu depuis.-No, no lo había visto hasta entonces y no lo hemos vuelto a ver después.
— Très bien; je sais ce que je voulais savoir. Maintenant, vous dites que la chambre de Porthos est au premier, n° 1?-Muy bien; sé lo que quería saber. Ahora, ¿decís que la habitación de Porthos está en el primer piso, número uno?
— Oui, monsieur, la plus belle de l′auberge; une chambre que j′aurais déjà eu dix fois l′occasion de louer.-Sí, señor, la habitación más hermosa del albergue, una habitación que ya habría tenido diez ocasiones de alquilar.
— Bah! tranquillisez vous, dit d′Artagnan en riant; Porthos vous paiera avec l′argent de la duchesse Coquenard.-¡Bah! Tranquilizaos -dijo D′Artagnan riendo-. Porthos os pagará con el dinero de la duquesa Coquenard.
— Oh! monsieur, procureuse ou duchesse, si elle lâchait les cordons de sa bourse, ce ne serait rien; mais elle a positivement répondu qu′elle était lasse des exigences et des infidélités de M. Porthos, et qu′elle ne lui enverrait pas un denier.-¡Oh, señor! Procuradora o duquesa si soltara los cordones de su bolsa, nada importaría; pero ha respondido taxativamente que estaba harta de las exigencias y de las infidelidades del señor Porthos, y que no le enviaría ni un denario.
— Et avez-vous rendu cette réponse à votre hôte?-¿Y vos habéis dado esa respuesta a vuestro huésped?
— Nous nous en sommes bien gardés: il aurait vu de quelle manière nous avions fait la commission.-Nos hemos guardado mucho de ello: se habría dado cuenta de la forma en que habíamos hecho el encargo.
— Si bien qu′il attend toujours son argent?-Es decir, que sigue esperando su dinero.
— Oh! mon Dieu, oui! Hier encore, il a écrit; mais, cette fois, c′est son domestique qui a mis la lettre à la poste.-¡Oh, Dios mío, claro que sí! Ayer incluso escribió; pero esta vez ha sido su doméstico el que ha puesto la carta en la posta.
— Et vous dites que la procureuse est vieille et laide.-¿Y decís que la procuradora es vieja y fea?
— Cinquante ans au moins, monsieur, et pas belle du tout, à ce qu′a dit Pathaud.-Unos cincuenta años por lo menos, señor, no muy bella, según lo que ha dicho Pathaud.
— En ce cas, soyez tranquille, elle se laissera attendrir; d′ailleurs Porthos ne peut pas vous devoir grand-chose.-En tal caso, estad tranquilo, se dejará enternecer; además Porthos no puede deberos gran cosa.
— Comment, pas grand-chose! Une vingtaine de pistoles déjà, sans compter le médecin. Oh! il ne se refuse rien, allez! on voit qu′il est habitué à bien vivre.-¡Cómo que no gran cosa! Una veintena de pistolas ya, sin contar el médico. No se priva de nada; se ve que está acostumbrado a vivir bien.
— Eh bien, si sa maîtresse l′abandonne, il trouvera des amis, je vous le certifie. Ainsi, mon cher hôte, n′ayez aucune inquiétude, et continuez d′avoir pour lui tous les soins qu′exige son état.-Bueno, si su amante le abandona, encontrará amigos, os lo aseguro. Por eso, mi querido hostelero, no tengáis ninguna inquietud, y continuad teniendo con él todos los cuidados que exige su estado.
— Monsieur m′a promis de ne pas parler de la procureuse et de ne pas dire un mot de la blessure.-El señor me ha prometido no hablar de la procuradora y no decir una palabra de la herida.
— C′est chose convenue; vous avez ma parole.-Está convenido; tenéis mi palabra.
— Oh! c′est qu′il me tuerait, voyez-vous!-¡Oh, es que me mataría!
— N′ayez pas peur; il n′est pas si diable qu′il en a l′air.-No tengáis miedo; no es tan malo como parece.
En disant ces mots, d′Artagnan monta l′escalier, laissant son hôte un peu plus rassuré à l′endroit de deux choses auxquelles il paraissait beaucoup tenir: sa créance et sa vie.Al decir estas palabras, D′Artagnan subió la escalera, dejando a su huésped un poco más tranquilo respecto a dos cosas que parecían preocuparle: su deuda y su vida.
Au haut de l′escalier, sur la porte la plus apparente du corridor était tracé, à l′encre noire, un n° 1 gigantesque; d′Artagnan frappa un coup, et, sur l′invitation de passer outre qui lui vint de l′intérieur, il entra.En lo alto de la escalera, sobre la puerta más aparente del corredor, había trazado, con tinta negra, un número uno gigantesco; D′Artagnan llamó con un golpe y, tras la invitación a pasar adelante que le vino del interior, entró.
Porthos était couché, et faisait une partie de lansquenet avec Mousqueton, pour s′entretenir la main, tandis qu′une broche chargée de perdrix tournait devant le feu, et qu′à chaque coin d′une grande cheminée bouillaient sur deux réchauds deux casseroles, d′où s′exhalait une double odeur de gibelotte et de matelote qui réjouissait l′odorat. En outre, le haut d′un secrétaire et le marbre d′une commode étaient couverts de bouteilles vides.Porthos estaba acostado y jugaba una partida de sacanete con Mosquetón para entretener la mano, mientras un asador cargado con perdices giraba ante el fuego y en cada rincón de una gran chimenea hervían sobre dos hornillos dos cacerolas de las que salía doble olor a estofado de conejo y a caldereta de pescado que alegraba el olfato. Además, lo alto de un secreter y el mármol de una cómoda estaban cubiertos de botellas vacías.
À la vue de son ami, Porthos jeta un grand cri de joie; et Mousqueton, se levant respectueusement, lui céda la place et s′en alla donner un coup d′oeil aux deux casseroles, dont il paraissait avoir l′inspection particulière.A la vista de su amigo Porthos lanzó un gran grito de alegría y Mosquetón, levantándose respetuosamente, le cedió el sitio y fue a echar una ojeada a las cacerolas de las que parecía encargase particularmente.
«Ah! pardieu! c′est vous, dit Porthos à d′Artagnan, soyez le bienvenu, et excusez-moi si je ne vais pas au-devant de vous. Mais, ajouta-t-il en regardant d′Artagnan avec une certaine inquiétude, vous savez ce qui m′est arrivé?-¡Ah! Pardiez sois vos -dijo Porthos a D′Artagnan-; sed bienvenidos, y excusadme si no voy hasta vos. Pero -añadió mirando a D′Artagnan con cierta inquietud- vos sabéis lo que me ha pasado.
— Non.-No.
— L′hôte ne vous a rien dit?-¿El hostelero no os ha dicho nada?
— J′ai demandé après vous, et je suis monté tout droit.»-Le he preguntado por vos y he subido inmediatamente.
— Porthos parut respirer plus librement.Porthos pareció respirar con mayor libertad.
«Et que vous est-il donc arrivé, mon cher Porthos? continua d′Artagnan.-¿Y qué os ha pasado, mi querido Porthos? -continuó D′Artagnan.
— Il m′est arrivé qu′en me fendant sur mon adversaire, à qui j′avais déjà allongé trois coups d′épée, et avec lequel je voulais en finir d′un quatrième, mon pied a porté sur une pierre, et je me suis foulé le genou.-Lo que me ha pasado fue que al lanzarme a fondo sobre mi adversario, a quien ya había dado tres estocadas, y con el que quería acabar de una cuarta, mi pie fue a chocar con una piedra y me torcí una rodilla.
— Vraiment?-¿De verdad?
— D′honneur! Heureusement pour le maraud, car je ne l′aurais laissé que mort sur la place, je vous en réponds.-¡Palabra de honor! Afortunadamente para el tunante, porque no lo habría dejado sino muerto en el sitio, os lo garantizo.
— Et qu′est-il devenu?-¿Y qué fue de él?
— Oh! je n′en sais rien; il en a eu assez, et il est parti sans demander son reste; mais vous, mon cher d′Artagnan, que vous est- il arrivé?-¡Oh, no sé nada! Ya tenía bastante, y se marchó sin pedir lo que faltaba; pero a vos, mi querido D′Artagnan, ¿qué os ha pasado?
— De sorte, continua d′Artagnan, que cette foulure, mon cherPorthos, vous retient au lit?-¿De modo, mi querido Porthos -continuó D′Artagnan-, que ese esguince os retiene en el lecho?
— Ah! mon Dieu, oui, voilà tout; du reste, dans quelques jours je serai sur pied.-¡Ah, Dios mío, sí, eso es todo! Por lo demás, dentro de pocos días ya estaré en pie.
— Pourquoi alors ne vous êtes-vous pas fait transporter à Paris?Vous devez vous ennuyer cruellement ici.-Entonces, ¿por qué no habéis hecho que os lleven a París? Debéis aburriros cruelmente aquí.
— C′était mon intention; mais, mon cher ami, il faut que je vous avoue une chose.-Era mi intención, pero, querido amigo, es preciso que os confiese una cosa.
— Laquelle?- Cuál?
— C′est que, comme je m′ennuyais cruellement, ainsi que vous le dites, et que j′avais dans ma poche les soixante-quinze pistoles que vous m′aviez distribuées j′ai, pour me distraire, fait monter près de moi un gentilhomme qui était de passage, et auquel j′ai proposé de faire une partie de dés. Il a accepté, et, ma foi, mes soixante-quinze pistoles sont passées de ma poche dans la sienne, sans compter mon cheval, qu′il a encore emporté par dessus le marché. Mais vous, mon cher d′Artagnan?- Es que, como me aburría cruelmente, como vos decís, y tenía en mi bolsillo las sesenta y cinco pistolas que vos me habéis dado, para distraerme hice subir a mi cuarto a un gentilhombre que estaba de paso y al cual propuse jugar una partidita de dados. El aceptó y, por mi honor, mis sesenta y cinco pistolas pasaron de mi bolso al suyo, además de mi caballo, que encima se llevó por añadidura. Pero ¿y vos, mi querido D′Artagnan?
— Que voulez-vous, mon cher Porthos, on ne peut pas être privilégié de toutes façons, dit d′Artagnan; vous savez le proverbe: "Malheureux au jeu, heureux en amour." Vous êtes trop heureux en amour pour que le jeu ne se venge pas; mais que vous importent, à vous, les revers de la fortune! n′avez-vous pas, heureux coquin que vous êtes, n′avez-vous pas votre duchesse, qui ne peut manquer de vous venir en aide?-¿Qué queréis, mi querido Porthos? No se puede ser afortunado en todo -dijo D′Artagnan-; ya sabéis el proverbio: "Desgraciado en el juego, afortunado en amores." Sois demasiado afortunado en amores para que el juego no se vengue; pero ¡qué os importan a vos los reveses de la fortuna! ¿No tenéis, maldito pillo que sois, no tenéis a vuestra duquesa, que no puede dejar de venir en vuestra ayuda?
— Eh bien, voyez, mon cher d′Artagnan, comme je joue de guignon, répondit Porthos de l′air le plus dégagé du monde! je lui ai écrit de m′envoyer quelque cinquante louis dont j′avais absolument besoin, vu la position où je me trouvais…-Pues bien, mi querido D′Artagnan, para que veáis mi mala suerte -respondió Porthos con el aire más desenvuelto del mundo-, le escribí que me enviase cincuenta luises, de los que estaba absolutamente necesitado dada la posición en que me hallaba...
— Eh bien?-¿Y?
— Eh bien, il faut qu′elle soit dans ses terres, car elle ne m′a pas répondu.-Y... no debe estar en sus tierras, porque no me ha contestado.
— Vraiment?-¿De veras?
— Non. Aussi je lui ai adressé hier une seconde épître plus pressante encore que la première; mais vous voilà, mon très cher, parlons de vous. Je commençais, je vous l′avoue, à être dans une certaine inquiétude sur votre compte.-Sí. Ayer incluso le dirigí una segunda epístola, más apremiante aún que la primera. Pero estáis vos aquí, querido amigo, hablemos de vos. Os confieso que comenzaba a tener cierta inquietud por culpa vuestra.
— Mais votre hôte se conduit bien envers vous, à ce qu′il paraît, mon cher Porthos, dit d′Artagnan, montrant au malade les casseroles pleines et les bouteilles vides.-Pero vuestro hostelero se ha comportado bien con vos, según parece, mi querido Porthos -dijo D′Artagnan señalando al enfermo las cacerolas llenas y las botellas vacías.
— Couci-couci! répondit Porthos. Il y a déjà trois ou quatre jours que l′impertinent m′a monté son compte, et que je les ai mis à la porte, son compte et lui; de sorte que je suis ici comme une façon de vainqueur, comme une manière de conquérant. Aussi, vous le voyez, craignant toujours d′être forcé dans la position, je suis armé jusqu′aux dents.-iAsí, así! -respondió Porthos-. Hace tres o cuatro días que el impertinente me ha subido su cuenta, y yo les he puesto en la puerta, a su cuenta y a él, de suerte que estoy aquí como una especie de vencedor, como una especie de conquistador. Por eso, como veis, temiendo a cada momento ser violentado en mi posición, estoy armado hasta los dientes.
— Cependant, dit en riant d′Artagnan, il me semble que de temps en temps vous faites des sorties.»-Sin embargo -dijo riendo D′Artagnan-, me parece que de vez en cuando hacéis salidas.
Et il montrait du doigt les bouteilles et les casseroles.Y señalaba con el dedo las botellas y las cacerolas.
«Non, pas moi, malheureusement! dit Porthos. Cette misérable foulure me retient au lit, mais Mousqueton bat la campagne, et il rapporte des vivres. Mousqueton, mon ami, continua Porthos, vous voyez qu′il nous arrive du renfort, il nous faudra un supplément de victuailles.-¡No yo, por desgracia! -dijo Porthos-. Este miserable esguince me retiene en el lecho; es Mosquetón quien bate el campo y trae víveres. Mosquetón, amigo mío -continuó Porthos-, ya veis que nos han llegado refuerzos, necesitaremos un suplemento de vituallas.
— Mousqueton, dit d′Artagnan, il faudra que vous me rendiez un service.-Mosquetón -dijo D′Artagnan-, tendréis que hacerme un favor.
— Lequel, monsieur?-¿Cuál, señor?
— C′est de donner votre recette à Planchet; je pourrais me trouver assiégé à mon tour, et je ne serais pas fâché qu′il me fît jouir des mêmes avantages dont vous gratifiez votre maître.-Dad vuestra receta a Planchet; yo también podría encontrarme sitiado, y no me molestaría que me hicieran gozar de las mismas ventajas con que vos gratificáis a vuestro amo.
— Eh! mon Dieu! monsieur, dit Mousqueton d′un air modeste, rien de plus facile. Il s′agit d′être adroit, voilà tout. J′ai été élevé à la campagne, et mon père, dans ses moments perdus, était quelque peu braconnier.-¡Ay, Dios mío, señor! -dijo Mosquetón con aire modesto-. Nada más fácil. Se trata de ser diestro, eso es todo. He sido educado en el campo, y mi padre, en sus momentos de apuro, era algo furtivo.
— Et le reste du temps, que faisait-il?-Y el resto del tiempo, ¿qué hacía?
— Monsieur, il pratiquait une industrie que j′ai toujours trouvée assez heureuse.-Señor, practicaba una industria que a mí siempre me ha parecido bastante afortunada.
— Laquelle?-¿Cuál?
— Comme c′était au temps des guerres des catholiques et des huguenots, et qu′il voyait les catholiques exterminer les huguenots, et les huguenots exterminer les catholiques, le tout au nom de la religion, il s′était fait une croyance mixte, ce qui lui permettait d′être tantôt catholique, tantôt huguenot. Or il se promenait habituellement, son escopette sur l′épaule, derrière les haies qui bordent les chemins, et quand il voyait venir un catholique seul, la religion protestante l′emportait aussitôt dans son esprit. Il abaissait son escopette dans la direction du voyageur; puis, lorsqu′il était à dix pas de lui, il entamait un dialogue qui finissait presque toujours par l′abandon que le voyageur faisait de sa bourse pour sauver sa vie. Il va sans dire que lorsqu′il voyait venir un huguenot, il se sentait pris d′un zèle catholique si ardent, qu′il ne comprenait pas comment, un quart d′heure auparavant, il avait pu avoir des doutes sur la supériorité de notre sainte religion. Car, moi, monsieur, je suis catholique, mon père, fidèle à ses principes, ayant fait mon frère aîné huguenot.-Como era en los tiempos de las guerras de los católicos y de los hugonotes, y como él veía a los católicos exterminar a los hugonotes, y a los hugonotes exterminar a los católicos, y todo en nombre de la religión, se había hecho una creencia mixta, lo que le permitía ser tan pronto católico como hugonote. Se paseaba habitualmente, con la escopeta al hombro, detrás de los setos que bordean los caminos, y cuando veía venir a un católico solo, la religión protestante dominaba en su espíritu al punto. Bajaba su escopeta en dirección del viajero; luego, cuando estaba a diez pasos de él, entablaba un diálogo que terminaba casi siempre por al abandono que el viajero hacía de su bolsa para salvar la vida. Por supuesto, cuando veía venir a un hugonote, se sentía arrebatado por un celo católico tan ardiente que no comprendía cómo un cuarto de hora antes había podido tener dudas sobre la superioridad de nuestra santa religión. Porque yo, señor, soy católico; mi padre, fiel a sus principios, hizo a mi hermano mayor hugonote.
— Et comment a fini ce digne homme? demanda d′Artagnan.-¿Y cómo acabó ese digno hombre? -preguntó D′Artagnan.
— Oh! de la façon la plus malheureuse, monsieur. Un jour, il s′était trouvé pris dans un chemin creux entre un huguenot et un catholique à qui il avait déjà eu affaire, et qui le reconnurent tous deux; de sorte qu′ils se réunirent contre lui et le pendirent à un arbre; puis ils vinrent se vanter de la belle équipée qu′ils avaient faite dans le cabaret du premier village, où nous étions à boire, mon frère et moi.-¡Oh! De la forma más desgraciada, señor. Un día se encontró cogido en una encrucijada entre un hugonote y un católico con quienes ya había tenido que vérselas y le reconocieron los dos, de suerte que se unieron contra él y lo colgaron de un árbol; luego vinieron a vanagloriarse del hermoso desatino que habían hecho en la taberna de la primera aldea, donde estábamos bebiendo nosotros, mi hermano y yo.
— Et que fîtes-vous? dit d′Artagnan.-¿Y qué hicisteis? -dijo D′Artagnan.
— Nous les laissâmes dire, reprit Mousqueton. Puis comme, en sortant de ce cabaret, ils prenaient chacun une route opposée, mon frère alla s′embusquer sur le chemin du catholique, et moi sur celui du protestant. Deux heures après, tout était fini, nous leur avions fait à chacun son affaire, tout en admirant la prévoyance de notre pauvre père qui avait pris la précaution de nous élever chacun dans une religion différente.-Les dejamos decir -prosiguió Mosquetón-. Luego, como al salir de la taberna cada uno tomó un camino opuesto, mi hermano fue a emboscarse en el camino del católico, y yo en el del protestante. Dos horas después todo había acabado, nosotros les habíamos arreglado el asunto a cada uno, admirándonos al mismo tiempo de la previsión de nuestro pobre padre, que había tomado la precaución de educarnos a cada uno en una religión diferente.
— En effet, comme vous le dites, Mousqueton, votre père me paraît avoir été un gaillard fort intelligent. Et vous dites donc que, dans ses moments perdus, le brave homme était braconnier?-En efecto, como decís, Mosquetón, vuestro padre me parece que fue un mozo muy inteligente. ¿Y decís que, en sus ratos perdidos, el buen hombre era furtivo?
— Oui, monsieur, et c′est lui qui m′a appris à nouer un collet et à placer une ligne de fond. Il en résulte que lorsque j′ai vu que notre gredin d′hôte nous nourrissait d′un tas de grosses viandes bonnes pour des manants, et qui n′allaient point à deux estomacs aussi débilités que les nôtres, je me suis remis quelque peu à mon ancien métier. Tout en me promenant dans le bois de M. le Prince, j′ai tendu des collets dans les passées; tout en me couchant au bord des pièces d′eau de Son Altesse, j′ai glissé des lignes dans les étangs. De sorte que maintenant, grâce à Dieu, nous ne manquons pas, comme monsieur peut s′en assurer, de perdrix et de lapins, de carpes et d′anguilles, tous aliments légers et sains, convenables pour des malades.-Sí, señor, y fue él quien me enseñó a anudar un lazo y a colocar una caña. Por eso, cuando yo vi que nuestro bribón de hostelero nos alimentaba con un montón de viandas bastas, buenas sólo para patanes, y que no le iban a dos estómagos tan debilitados como los nuestros, me puse a recordar algo mi antiguo oficio. Al pasearme por los bosques del señor Principe, he tendido lazos en las pasadas; y si me tumbaba junto a los estanques de Su Alteza, he dejado deslizar sedas en sus aguas. De suerte que ahora, gracias a Dios, no nos faltan, como el señor puede asegurarse, perdices y conejos, carpas y anguilas, alimentos todos ligeros y sanos, adecuados para los enfermos.
— Mais le vin, dit d′Artagnan, qui fournit le vin? c′est votre hôte?-Pero ¿y el vino? -dijo D′Artagnan-. ¿Quién proporciona el vino? ¿Vuestro hostelero?
— C′est-à-dire, oui et non.-Es decir, sí y no.
— Comment, oui et non?-¿Cómo sí y no?
— Il le fournit, il est vrai, mais il ignore qu′il a cet honneur.-Lo proporciona él, es cierto, pero ignora que tiene ese honor.
— Expliquez-vous, Mousqueton, votre conversation est pleine de choses instructives.-Explicaos, Mosquetón, vuestra conversación está llena de cosas instructivas.
— Voici, monsieur. Le hasard a fait que j′ai rencontré dans mes pérégrinations un Espagnol qui avait vu beaucoup de pays, et entre autres le Nouveau Monde.-Mirad, señor. El azar hizo que yo encontrara en mis peregrinaciones a un español que había visto muchos países, y entre otros el Nuevo Mundo.
— Quel rapport le Nouveau Monde peut-il avoir avec les bouteilles qui sont sur ce secrétaire et sur cette commode?-¿Qué relación puede tener el Nuevo Mundo con las botellas que están sobre el secreter y sobre esa cómoda?
— Patience, monsieur, chaque chose viendra à son tour.-Paciencia, señor, cada cosa a su tiempo.
— C′est juste, Mousqueton; je m′en rapporte à vous, et j′écoute.-Es justo, Mosquetón; a vos me remito y escucho.
— Cet Espagnol avait à son service un laquais qui l′avait accompagné dans son voyage au Mexique. Ce laquais était mon compatriote, de sorte que nous nous liâmes d′autant plus rapidement qu′il y avait entre nous de grands rapports de caractère. Nous aimions tous deux la chasse par-dessus tout, de sorte qu′il me racontait comment, dans les plaines de pampas, les naturels du pays chassent le tigre et les taureaux avec de simples noeuds coulants qu′ils jettent au cou de ces terribles animaux. D′abord, je ne voulais pas croire qu′on pût en arriver à ce degré d′adresse, de jeter à vingt ou trente pas l′extrémité d′une corde où l′on veut; mais devant la preuve il fallait bien reconnaître la vérité du récit. Mon ami plaçait une bouteille à trente pas, et à chaque coup il lui prenait le goulot dans un noeud coulant. Je me livrai à cet exercice, et comme la nature m′a doué de quelques facultés, aujourd′hui je jette le lasso aussi bien qu′aucun homme du monde. Eh bien, comprenez-vous? Notre hôte a une cave très bien garnie, mais dont la clef ne le quitte pas; seulement, cette cave a un soupirail. Or, par ce soupirail, je jette le lasso; et comme je sais maintenant où est le bon coin, j′y puise. Voici, monsieur, comment le Nouveau Monde se trouve être en rapport avec les bouteilles qui sont sur cette commode et sur ce secrétaire. Maintenant, voulez-vous goûter notre vin, et, sans prévention, vous nous direz ce que vous en pensez.-Ese español tenía a su servicio un lacayo que le había acompañado en su viaje a México. El tal lacayo era compatriota mío, de suerte que pronto nos hicimos amigos, tanto más rápidamente cuanto que entre nosotros había grandes semejanzas de carácter. Los dos amamos la caza por encima de todo, de suerte que me contaba cómo, en las llanuras de las pampas, los naturales del país cazan al tigre y los toros con simples nudos corredizos que lanzan al cuello de esos terribles animales. Al principio yo no podía creer que se llegase a tal grado de destreza, de lanzar a veinte o treinta pasos el extremo de una cuerda donde se quiere; pero ante las pruebas había que admitir la verdad del relato. Mi amigo colocaba una botella a treinta pasos, y a cada golpe, cogía el gollete en un nudo corredizo. Yo me dediqué a este ejercicio, y coo la naturaleza me ha dotado de algunas facultades, hoy lanzo el lazo tan bien como cualquier hombre del mundo. ¿Comprendéis ahora? Nuestro hostelero tiene una cava muy bien surtida, pero no deja un momento la llave; sólo que esa cava tiene un tragaluz. Y por ese tragaluz yo lanzo el lazo, y como ahora ya sé dónde está el buen rincón, lo voy sacando. Así es, señor, como el Nuevo Mundo se encuentra en relación con las botellas que hay sobre esa cómoda y sobre ese secreter. Ahora, gustad nuestro vino y sin prevención decidnos lo que pensáis de él.
— Merci, mon ami, merci; malheureusement, je viens de déjeuner.-Gracias, amigo mío, gracias; desgraciadamente acabo de desayunar.
— Eh bien, dit Porthos, mets la table, Mousqueton, et tandis que nous déjeunerons, nous, d′Artagnan nous racontera ce qu′il est devenu lui-même, depuis dix jours qu′il nous a quittés.-¡Y bien! -dijo Porthos-. Ponte a la mesa, Mosquetón, y mientras nosotros desayunamos, D′Artagnan nos contará lo que ha sido de él desde hace ocho días que nos dejó.
— Volontiers», dit d′Artagnan.-De buena gana -dijo D′Artagnan.
Tandis que Porthos et Mousqueton déjeunaient avec des appétits de convalescents et cette cordialité de frères qui rapproche les hommes dans le malheur, d′Artagnan raconta comment Aramis blessé avait été forcé de s′arrêter à Crèvecoeur, comment il avait laissé Athos se débattre à Amiens entre les mains de quatre hommes qui l′accusaient d′être un faux-monnayeur, et comment, lui, d′Artagnan, avait été forcé de passer sur le ventre du comte de Wardes pour arriver jusqu′en Angleterre.Mientras Porthos y Mosquetón desayunaban con apetito de convalecientes y con esa cordialidad de hermanos que acerca a los hombres en la desgracia, D′Artagnan contó cómo Aramis, herido, había sido obligado a detenerse en Crèvecceur, cómo había dejado a Athos debatirse en Amiens entre las manos de cuatro hombres que lo acusaban de monedero falso,y cómo él, D′Artagnan, se había visto obligado a pasar por encima del vientre del conde de Wardes para llegar a Inglaterra.
Mais là s′arrêta la confidence de d′Artagnan; il annonça seulement qu′à son retour de la Grande-Bretagne il avait ramené quatre chevaux magnifiques, dont un pour lui et un autre pour chacun de ses compagnons, puis il termina en annonçant à Porthos que celui qui lui était destiné était déjà installé dans l′écurie de l′hôtel.Pero ahí se detuvo la confidencia de D′Artagnan; anunció solamente que a su regreso de Gran Bretaña había traído cuatro caballos magníficos, uno para él y otro para cada uno de sus tres compañeros; luego terminó anunciando a Porthos que el que le estaba destinado se hallaba instalado en las cuadras del hostal.
En ce moment Planchet entra; il prévenait son maître que les chevaux étaient suffisamment reposés, et qu′il serait possible d′aller coucher à Clermont.En aquel momento entró Planchet; avisaba a su amo de que los caballos habían descansado suficientemente y que sería posible ir a dormir a Clermont.
Comme d′Artagnan était à peu près rassuré sur Porthos, et qu′il lui tardait d′avoir des nouvelles de ses deux autres amis, il tendit la main au malade, et le prévint qu′il allait se mettre en route pour continuer ses recherches. Au reste, comme il comptait revenir par la même route, si, dans sept à huit jours, Porthos était encore à l′hôtel du Grand Saint Martin, il le reprendrait en passant.Como D′Artagnan se hallaba más o menos tranquilo respecto a Porthos, y como esperaba con impaciencia tener noticias de sus otros dos amigos, tendió la mano al enfermo y le previno de que se pusiera en ruta para continuar sus búsquedas. Por lo demás, como contaba con volver por el mismo camino, si en siete a ocho días Porthos estaba aún en el hostal del Grand Saint Martin, lo recogería al pasar.
Porthos répondit que, selon toute probabilité, sa foulure ne lui permettrait pas de s′éloigner d′ici là. D′ailleurs il fallait qu′il restât à Chantilly pour attendre une réponse de sa duchesse.Porthos respondió que con toda probabilidad su esguince no le permitiría alejarse de allí. Además, tenía que quedarse en Chantilly para esperar una respuesta de su duquesa.
D′Artagnan lui souhaita cette réponse prompte et bonne; et après avoir recommandé de nouveau Porthos à Mousqueton, et payé sa dépense à l′hôte, il se remit en route avec Planchet, déjà débarrassé d′un de ses chevaux de main.D′Artagnan le deseó una recuperación pronta y buena; y después de haber recomendado de nuevo Porthos a Mosquetón, y pagado su gasto al hostelero se puso en ruta con Planchet, ya desembarazado de uno de los caballos de mano.






CHAPITRE XXVI -- LA THÈSE D′ARAMIS

Capítulo XXVI -- La tesis de Aramis

D′Artagnan n′avait rien dit à Porthos de sa blessure ni de sa procureuse. C′était un garçon fort sage que notre Béarnais, si jeune qu′il fût. En conséquence, il avait fait semblant de croire tout ce que lui avait raconté le glorieux mousquetaire, convaincu qu′il n′y a pas d′amitié qui tienne à un secret surpris, surtout quand ce secret intéresse l′orgueil; puis on a toujours une certaine supériorité morale sur ceux dont on sait la vie.D′Artagnan no había dicho a Porthos nada de su herida ni de su procuradora. Era nuestro bearnés un muchacho muy prudente, aunque fuera joven. En consecuencia, había fingido creer todo lo que le había contado el glorioso mosquetero, convencido de que no hay amistad que soporte un secreto sorprendido, sobre todo cuando este secreto afecta al orgullo; además, siempre se tiene cierta superioridad moral sobre aquellos cuya vida se sabe.
Or d′Artagnan, dans ses projets d′intrigue à venir, et décidé qu′il était à faire de ses trois compagnons les instruments de sa fortune, d′Artagnan n′était pas fâché de réunir d′avance dans sa main les fils invisibles à l′aide desquels il comptait les mener.Y D′Artagnan, en sus proyectos de intriga futuros, y decidido como estaba a hacer de sus tres compañeros los instrumentos de su fortuna, D′Artagnan no estaba molesto por reunir de antemano en su mano los hilos invisibles con cuya ayuda contaba dirigirlos.
Cependant, tout le long de la route, une profonde tristesse lui serrait le coeur: il pensait à cette jeune et jolie Mme Bonacieux qui devait lui donner le prix de son dévouement; mais, hâtons-nous de le dire, cette tristesse venait moins chez le jeune homme du regret de son bonheur perdu que de la crainte qu′il éprouvait qu′il n′arrivât malheur à cette pauvre femme. Pour lui, il n′y avait pas de doute, elle était victime d′une vengeance du cardinal et comme on le sait, les vengeances de Son Éminence étaient terribles. Comment avait-il trouvé grâce devant les yeux du ministre, c′est ce qu′il ignorait lui-même et sans doute ce que lui eût révélé M. de Cavois, si le capitaine des gardes l′eût trouvé chez lui.Sin embargo, a lo largo del camino, una profunda tristeza le oprimía el corazón; pensaba en aquella joven y bonita señora Bonacieux, que debía pagarle el precio de su adhesión; pero, apresurémonos a decirlo, aquella tristeza en el joven provenía no tanto del pesar de su felicidad perdida cuanto de la inquietud que experimentaba porque le pasase algo a aquella pobre mujer. Para él no había ninguna duda: era víctima de una venganza del cardenal y, como se sabe, las venganzas de Su Eminencia eran terribles. Cómo había encontrado él gracia a los ojos del ministro, es lo que él mismo ignoraba y sin duda lo que le hubiese revelado el señor de Cavois si el capitán de los guardias le hubiera encontrado en su casa.
Rien ne fait marcher le temps et n′abrège la route comme une pensée qui absorbe en elle-même toutes les facultés de l′organisation de celui qui pense. L′existence extérieure ressemble alors à un sommeil dont cette pensée est le rêve. Par son influence, le temps n′a plus de mesure, l′espace n′a plus de distance. On part d′un lieu, et l′on arrive à un autre, voilà tout. De l′intervalle parcouru, rien ne reste présent à votre souvenir qu′un brouillard vague dans lequel s′effacent mille images confuses d′arbres, de montagnes et de paysages. Ce fut en proie à cette hallucination que d′Artagnan franchit, à l′allure que voulut prendre son cheval, les six ou huit lieues qui séparent Chantilly de Crèvecoeur, sans qu′en arrivant dans ce village il se souvînt d′aucune des choses qu′il avait rencontrées sur sa route.Nada hace marchar al tiempo ni abrevia el camino como un pensamiento que absorbe en sí mismo todas las facultades del organismo de quien piensa. La existencia exterior parece entonces un sueño cuya ensoñación es ese pensamiento. Gracias a su influencia, el tiempo no tiene medida, el espacio no tiene distancia. Se parte de un lugar y se llega a otro, eso es todo. Del intervalo recorrido nada queda presente a vuestro recuerdo más que una niebla vaga en la que se borran mil imágenes confusas de árboles, de montañas y de paisajes. Fue así, presa de una alucinación, como D′Artagnan franqueó, al trote que quiso tomar su caballo, las seis a ocho leguas que separan Chantilly de Crèvecceur, sin que al llegar a esta ciudad se acordase de nada de lo que había encontrado en su camino.
Là seulement la mémoire lui revint, il secoua la tête aperçut le cabaret où il avait laissé Aramis, et, mettant son cheval au trot, il s′arrêta à la porte.Sólo allí le volvió la memoria, movió la cabeza, divisó la taberna en que había dejado a Aramis y, poniendo su caballo al trote, se detuvo en la puerta.
Cette fois ce ne fut pas un hôte, mais une hôtesse qui le reçut; d′Artagnan était physionomiste, il enveloppa d′un coup d′oeil la grosse figure réjouie de la maîtresse du lieu, et comprit qu′il n′avait pas besoin de dissimuler avec elle et qu′il n′avait rien à craindre de la part d′une si joyeuse physionomie.Aquella vez no fue un hostelero, sino una hostelera quien lo recibió; D′Artagnan era fisonomista, envolvió de una ojeada la gruesa cara alegre del ama del lugar, y comprendió que no había necesidad de disimular con ella ni había nada que temer de parte de una fisonomía tan alegre.
«Ma bonne dame, lui demanda d′Artagnan, pourriez-vous me dire ce qu′est devenu un de mes amis, que nous avons été forcés de laisser ici il y a une douzaine de jours?-Mi buena señora -le preguntó D′Artagnan-, ¿podríais decirme qué ha sido de uno de mis amigos, a quien nos vimos forzados a dejar aquí hace una docena de días?
— Un beau jeune homme de vingt-trois à vingt-quatre ans, doux, aimable, bien fait?-¿Un guapo joven de veintitrés a veinticuatro años, dulce, amable, bien hecho?
— De plus, blessé à l′épaule.-¿Y además herido en un hombro?
— C′est cela!-Eso es.
— Justement.-Precisamente.
— Eh bien, monsieur, il est toujours ici.-Pues bien, señor sigue estando aquí.
— Ah! pardieu, ma chère dame, dit d′Artagnan en mettant pied à terre et en jetant la bride de son cheval au bras de Planchet, vous me rendez la vie; où est-il, ce cher Aramis, que je l′embrasse? car, je l′avoue, j′ai hâte de le revoir.-¡Bien, mi querida señora! -dijo D′Artagnan poniendo pie en tierra y lanzando la brida de su caballo al brazo de Planchet-. Me devolvéis la vida. ¿Dónde está mi querido Aramis, para que lo abrace? Porque, lo confieso, tengo prisa por volverlo a ver.
— Pardon, monsieur, mais je doute qu′il puisse vous recevoir en ce moment.-Perdón, señor, pero dudo de que pueda recibiros en este momento.
— Pourquoi cela? est-ce qu′il est avec une femme?-¿Y eso por qué? ¿Es que está con una mujer?
— Jésus! que dites-vous là! le pauvre garçon! Non, monsieur, il n′est pas avec une femme.-¡Jesús! ¡No digáis eso! ¡El pobre muchacho! No, señor, no está con una mujer.
— Et avec qui est-il donc?-Pues, ¿con quién entonces?
— Avec le curé de Montdidier et le supérieur des jésuites d′Amiens.-Con el cura de Montdidier y el superior de los jesuitas de Amiens.
— Mon Dieu! s′écria d′Artagnan, le pauvre garçon irait-il plus mal?-¡Dios mío! -exclamó D′Artagnan-. El pobre muchacho está peor.
— Non, monsieur, au contraire; mais, à la suite de sa maladie, la grâce l′a touché et il s′est décidé à entrer dans les ordres.-No, señor, al contrario; pero a consecuencia de su enfermedad, la gracia le ha tocado y está decidido a entrar en religión.
— C′est juste, dit d′Artagnan, j′avais oublié qu′il n′était mousquetaire que par intérim.-Es justo -dijo D′Artagnan-, había olvidado que no era mosquetero más que por ínterin.
— Monsieur insiste-t-il toujours pour le voir?-¿El señor insiste en verlo?
— Plus que jamais.-Más que nunca.
— Eh bien, monsieur n′a qu′à prendre l′escalier à droite dans la cour, au second, n° 5.»-Pues bien, el señor no time más que tomar la escalera de la derecha en el patio, en el segundo, número cinco.
D′Artagnan s′élança dans la direction indiquée et trouva un de ces escaliers extérieurs comme nous en voyons encore aujourd′hui dans les cours des anciennes auberges. Mais on n′arrivait pas ainsi chez le futur abbé; les défilés de la chambre d′Aramis étaient gardés ni plus ni moins que les jardins d′Aramis; Bazin stationnait dans le corridor et lui barra le passage avec d′autant plus d′intrépidité qu′après bien des années d′épreuve, Bazin se voyait enfin près d′arriver au résultat qu′il avait éternellement ambitionné.D′Artagnan se lanzó en la dirección indicada y encontró una de esas escaleras exteriores como las que todavía vemos hoy en los patios de los antiguos albergues. Pero no se llegaba así donde el futuro abad; el paso a la habitación de Aramis estaba guardado ni más ni menos que como los jardines de Armida; Bazin estaba en el corredor y le impidió el paso con tanta mayor intrepidez cuanto que, tras muchos años de pruebas, Bazin se veía por fin a punto de llegar al resultado que eternamente había ambicionado.
En effet, le rêve du pauvre Bazin avait toujours été de servir un homme d′Église, et il attendait avec impatience le moment sans cesse entrevu dans l′avenir où Aramis jetterait enfin la casaque aux orties pour prendre la soutane. La promesse renouvelée chaque jour par le jeune homme que le moment ne pouvait tarder l′avait seule retenu au service d′un mousquetaire, service dans lequel, disait-il, il ne pouvait manquer de perdre son âme.En efecto, el sueño del pobre Bazin había sido siempre el de servir a un hombre de iglesia, y esperaba con impaciencia el momento siempre entrevisto en el futuro en que Aramis tiraría por fin la casaca a las ortigas para tomar la sotana. La promesa renovada cada día por el joven de que el momento no podía tardar era lo único que lo había retenido al servicio del mosquetero, servicio en el cual, según decía, no podía dejar de perder su alma.
Bazin était donc au comble de la joie. Selon toute probabilité, cette fois son maître ne se dédirait pas. La réunion de la douleur physique à la douleur morale avait produit l′effet si longtemps désiré: Aramis, souffrant à la fois du corps et de l′âme, avait enfin arrêté sur la religion ses yeux et sa pensée, et il avait regardé comme un avertissement du Ciel le double accident qui lui était arrivé, c′est-à-dire la disparition subite de sa maîtresse et sa blessure à l′épaule.Bazin estaba, pues, en el colmo de la alegría. Según toda probabilidad, aquella vez su maestro no se desdiría. La reunión del dolor físico con el dolor moral había producido el efecto tanto tiempo deseado: Aramis, sufriendo a la vez del cuerpo y del alma, había posado por fin sus ojos y su pensamiento en la religión, y había considerado como una advertencia del cielo el doble accidente que le había ocurrido, es decir, la desaparición súbita de su amante y su herida en el hombro.
On comprend que rien ne pouvait, dans la disposition où il se trouvait, être plus désagréable à Bazin que l′arrivée de d′Artagnan, laquelle pouvait rejeter son maître dans le tourbillon des idées mondaines qui l′avaient si longtemps entraîné. Il résolut donc de défendre bravement la porte; et comme, trahi par la maîtresse de l′auberge, il ne pouvait dire qu′Aramis était absent, il essaya de prouver au nouvel arrivant que ce serait le comble de l′indiscrétion que de déranger son maître dans la pieuse conférence qu′il avait entamée depuis le matin, et qui, au dire de Bazin, ne pouvait être terminée avant le soir.Se comprende que en la disposición en que se encontraba nada podía ser más desagradable para Bazin que la llegada de D′Artagnan, que podía volver a arrojar a su amo en el torbellino de las ideas mundanas que lo habían arrastrado durante tanto tiempo. Resolvió, pues, defender bravamente la puerta; y como, traicionado por la dueña del albergue, no podía decir que Aramis estaba ausente, trato de probar al recién llegado que sería el colmo de la indiscreción molestar a su amo durante la piadosa conferencia que había entablado desde la mañana y que, a decir de Bazin, no podía terminar antes de la noche.
Mais d′Artagnan ne tint aucun compte de l′éloquent discours de maître Bazin, et comme il ne se souciait pas d′entamer une polémique avec le valet de son ami, il l′écarta tout simplement d′une main, et de l′autre il tourna le bouton de la porte n° 5.Pero D′Artagnan no tuvo en cuenta para nada el elocuente discurso de maese Bazin, y como no se preocupaba de entablar polémica con el criado de su amigo, lo apartó simplemente con una mano y con la otra giró el pomo de la puerta número cinco.
La porte s′ouvrit, et d′Artagnan pénétra dans la chambre.La puerta se abrió y D′Artagnan penetró en la habitación.
Aramis, en surtout noir, le chef accommodé d′une espèce de coiffure ronde et plate qui ne ressemblait pas mal à une calotte, était assis devant une table oblongue couverte de rouleaux de papier et d′énormes in-folio; à sa droite était assis le supérieur des jésuites, et à sa gauche le curé de Montdidier. Les rideaux étaient à demi clos et ne laissaient pénétrer qu′un jour mystérieux, ménagé pour une béate rêverie. Tous les objets mondains qui peuvent frapper l′oeil quand on entre dans la chambre d′un jeune homme, et surtout lorsque ce jeune homme est mousquetaire, avaient disparu comme par enchantement; et, de peur sans doute que leur vue ne ramenât son maître aux idées de ce monde, Bazin avait fait main basse sur l′épée, les pistolets, le chapeau à plume, les broderies et les dentelles de tout genre et de toute espèce.Aramis, con un gabán negro, con la cabeza aderezada con una especie de tocado redondo y plano que no se parecía demasiado a un gorro estaba sentado ante una mesa oblonga cubierta de rollos de papel y de enormes infolios; a su derecha estaba sentado el superior de los jesuitas y a su izquierda el cura de Montdidier. Las cortinas estaban echadas a medias y no dejaban penetrar más que una luz misteriosa, aprovechada para una plácida ensoñación. Todos los objetos mundanos que pueden sorprender a la vista cuando se entra en la habitación de un joven, y sobre todo cuando ese joven es mosquetero, habían desaparecido como por encanto; y por miedo, sin duda, a que su vista no volviese a llevar a su amo a las ideas de este mundo, Bazin se había apoderado de la espada, las pistolas, el sombrero de pluma, los brocados y las puntillas de todo género y toda especie.
Mais, en leur lieu et place, d′Artagnan crut apercevoir dans un coin obscur comme une forme de discipline suspendue par un clou à la muraille.En su lugar y sitio D′Artagnan creyó vislumbrar en un rincón oscuro como una forma de disciplina colgada de un clavo de la pared.
Au bruit que fit d′Artagnan en ouvrant la porte, Aramis leva la tête et reconnut son ami. Mais, au grand étonnement du jeune homme, sa vue ne parut pas produire une grande impression sur le mousquetaire, tant son esprit était détaché des choses de la terre.Al ruido que hizo D′Artagnan al abrir la puerta, Aramis alzó la cabeza y reconoció a su amigo. Pero para gran asombro del joven, su vista no pareció producir gran impresión en el mosquetro, tan apartado estaba su espíritu de las cosas de la tierra.
«Bonjour, cher d′Artagnan, dit Aramis; croyez que je suis heureux de vous voir.-Buenos días, querido D′Artagnan -dijo Aramis-;creed que me alegro de veros.
— Et moi aussi, dit d′Artagnan, quoique je ne sois pas encore bien sûr que ce soit à Aramis que je parle.-Y yo también -dijo D′Artagnan-, aunque todavía no esté muy seguro de que sea a Aramis a quien hablo.
— À lui-même, mon ami, à lui-même; mais qui a pu vous faire douter?-Al mismo, amigo mío, al mismo; pero ¿qué os ha podido hacer dudar?
— J′avais peur de me tromper de chambre, et j′ai cru d′abord entrer dans l′appartement de quelque homme Église; puis une autre erreur m′a pris en vous trouvant en compagnie de ces messieurs: c′est que vous ne fussiez gravement malade.»-Tenía miedo de equivocarme de habitación, y he creído entrar en la habitación de algún hombre de iglesia; luego, otro error se ha apoderado de mí al encontraros en compañía de estos señores: que estuvieseis gravemente enfermo.
Les deux hommes noirs lancèrent sur d′Artagnan, dont ils comprirent l′intention, un regard presque menaçant; mais d′Artagnan ne s′en inquiéta pas.Los dos hombres negros lanzaron sobre D′Artagnan, cuya intención comprendieron, una mirada casi amenazadora; pero D′Artagnan no se inquietó por ella.
«Je vous trouble peut-être, mon cher Aramis, continua d′Artagnan; car, d′après ce que je vois, je suis porté à croire que vous vous confessez à ces messieurs.»-Quizá os molesto, mi querido Aramis -continuó D′Artagnan- porque, por lo que veo, estoy tentado de creer que os confesáis a estos señores.
Aramis rougit imperceptiblement.Aramis enrojeció perceptiblemente.
«Vous, me troubler? oh! bien au contraire, cher ami, je vous le jure; et comme preuve de ce que je dis, permettez-moi de me réjouir en vous voyant sain et sauf.-¿Vos molestarme? ¡Oh! Todo lo contrario, querido amigo, os lo juro; y como prueba de lo que digo, permitidme que me alegre de veros sano y salvo.
— Ah! il y vient enfin! pensa d′Artagnan, ce n′est pas malheureux."¡Ah, por fin se acuerda! -pensó D′Artagnan-. No va mal la cosa."
— Car, monsieur, qui est mon ami, vient d′échapper à un rude danger, continua Aramis avec onction, en montrant de la main d′Artagnan aux deux ecclésiastiques.-Porque el señor, que es mi amigo, acaba de escapar a un rudo peligro -continuó Aramis con unción, señalando con la mano a D′Artagnan a los dos eclesiásticos.
— Louez Dieu, monsieur, répondirent ceux-ci en s′inclinant à l′unisson.-Alabad a Dios, señor -respondieron éstos inclinándose al unísono.
— Je n′y ai pas manqué, mes révérends, répondit le jeune homme en leur rendant leur salut à son tour.-No he dejado de hacerlo, reverendos -respondió el joven devolviéndoles a su vez el saludo.
— Vous arrivez à propos, cher d′Artagnan, dit Aramis, et vous allez, en prenant part à la discussion, l′éclairer de vos lumières. M. le principal d′Amiens, M. le curé de Montdidier et moi, nous argumentons sur certaines questions théologiques dont l′intérêt nous captive depuis longtemps; je serais charmé d′avoir votre avis.-Llegáis a propósito, querido D′Artagnan -dijo Aramis-, y vos vais a iluminarnos, tomando parte en la discusión, con vuestras lutes. El señor principal de Amiens, el señor cura de Montdidier y yo, argumentamos sobre ciertas cuestiones teológicas cuyo interés nos cautiva desde hace tiempo; yo estaría encantado de contar con vuestra opinión.
— L′avis d′un homme d′épée est bien dénué de poids, répondit d′Artagnan, qui commençait à s′inquiéter de la tournure que prenaient les choses, et vous pouvez vous en tenir, croyez-moi, à la science de ces messieurs.»-La opinión de un hombre de espada carece de peso -respondió D′Artagnan, que comenzaba a inquietarse por el giro que tomaban las cosas-, y vos podéis ateneros, creo yo, a la ciencia de estos señores.
Les deux hommes noirs saluèrent à leur tour.Los dos hombres negros saludaron a su vez.
«Au contraire, reprit Aramis, et votre avis nous sera précieux; voici de quoi il s′agit: M. le principal croit que ma thèse doit être surtout dogmatique et didactique.-Al contrario -prosiguió Aramis-, y vuestra opinión nos será preciosa. He aquí de lo que se trata: el señor principal tree que mi tesis debe ser sobre todo dogmática y didáctica.
— Votre thèse! vous faites donc une thèse?-¡Vuestra tesis! ¿Hacéis, pues, una tesis?
— Sans doute, répondit le jésuite; pour l′examen qui précède l′ordination, une thèse est de rigueur.-Por supuesto -respondió el jesuita-; para el examen que precede a la ordenación, es de rigor una tesis.
— L′ordination! s′écria d′Artagnan, qui ne pouvait croire à ce que lui avaient dit successivement l′hôtesse et Bazin,… l′ordination!»-¡La ordenación! -exclamó D′Artagnan, que no podía creer en lo que le habían dicho sucesivamente la hostelera y Bazin-. ¡La ordenación!
Et il promenait ses yeux stupéfaits sur les trois personnages qu′il avait devant lui.Y paseaba sus ojos estupefactos sobre los tres personajes que tenía delante de sí.
«Or», continua Aramis en prenant sur son fauteuil la même pose gracieuse que s′il eût été dans une ruelle et en examinant avec complaisance sa main blanche et potelée comme une main de femme, qu′il tenait en l′air pour en faire descendre le sang: «or, comme vous l′avez entendu, d′Artagnan, M. le principal voudrait que ma thèse fût dogmatique, tandis que je voudrais, moi, qu′elle fût idéale. C′est donc pourquoi M. le principal me proposait ce sujet qui n′a point encore été traité, dans lequel je reconnais qu′il y a matière à de magnifiques développements.-Ahora bien -continuó Aramis tomando en su butaca la misma pose graciosa que hubiera tornado de estar en una callejuela, y examinando con complaciencia su mano Blanca y regordeta como mano de mujer, que tenía en el aire para hacer bajar la sangre-; ahora bien, como habéis oído, D′Artagnan, el señor principal quisiera que mi tesis fuera dogmática, mientras que yo querría que fuese ideal. Por eso es por lo que el señor principal me proponía ese punto que no ha sido aún tratado, en el cual reconozco que hay materia para desarrollos magníficos:
«Utraque manus in benedicendo clericis inferioribus necessaria est.» "Utraque manus in benedicendo clericis inferioribus necessaria est."
D′Artagnan, dont nous connaissons l′érudition, ne sourcilla pas plus à cette citation qu′à celle que lui avait faite M. de Tréville à propos des présents qu′il prétendait que d′Artagnan avait reçus de M. de Buckingham.D′Artagnan, cuya erudición conocemos, no parpadeó ante esta cita más de lo que había hecho el señor de Tréville a propósito de los presentes que pretendía D′Artagnan haber recibido del señor de Buckingham.
«Ce qui veut dire, reprit Aramis pour lui donner toute facilité: les deux mains sont indispensables aux prêtres des ordres inférieurs, quand ils donnent la bénédiction.-Lo cual quiere decir -prosiguió Aramis para facilitarle las cosas-: las dos manos son indispensables a los sacerdotes de órdenes inferiores cuando dan la bendición.
— Admirable sujet! s′écria le jésuite.-¡Admirable tema! -exclamó el jesuita.
— Admirable et dogmatique!» répéta le curé qui, de la force de d′Artagnan à peu près sur le latin, surveillait soigneusement le jésuite pour emboîter le pas avec lui et répéter ses paroles comme un écho.-¡Admirable y dogmático! -repitió el cura, que de igual fuerza aproximadamente que D′Artagnan en latín, vigilaba cuidadosamente al jesuita para pisarle los talones y repetir sus palabras como un eco.
Quant à d′Artagnan, il demeura parfaitement indifférent à l′enthousiasme des deux hommes noirs.En cuanto a D′Artagnan, permaneció completamente indiferente al entusiasmo de los dos hombres negros.
«Oui, admirable! prorsus admirabile! continua Aramis, mais qui exige une étude approfondie des Pères et des Écritures. Or j′ai avoué à ces savants ecclésiastiques, et cela en toute humilité, que les veilles des corps de garde et le service du roi m′avaient fait un peu négliger l′étude. Je me trouverai donc plus à mon aise, facilius natans, dans un sujet de mon choix, qui serait à ces rudes questions théologiques ce que la morale est à la métaphysique en philosophie.»-¡Sí, admirable! ¡Prorsus admirabile! -continuó Aramis-. Pero exige un estudio en profundidad de los Padres de la Iglesia y de las Escrituras. Ahora bien, yo he confesado a estos sabios eclesiásticos, y ello con toda humildad, que las vigilias de los cuerpos de guardia y el servicio del rey me habían hecho descuidar algo el estudio. Me encontraría, pues, más a mi gusto, facilius natans, en un tema de mi elección, que sería a esas rudas cuestiones teológicas lo que la moral es a la metafísica en filosofía.
D′Artagnan s′ennuyait profondément, le curé aussi.D′Artagnan se aburría profundamente, el cura también.
«Voyez quel exorde! s′écria le jésuite.-¡Ved qué exordio! -exclamó el jesuita.
Exordium, répéta le curé pour dire quelque chose.-Exordium -repitió el cura por decir algo.
Quemadmodum minter coelorum immensitatem.»- Quemadmodum inter coelorum inmensitatem .
Aramis jeta un coup d′oeil de côté sur d′Artagnan, et il vit que son ami bâillait à se démonter la mâchoire.Aramis lanzó una ojeada hacia el lado de D′Artagnan y vio que su amigo bostezaba hasta desencajarse la mandíbula.
«Parlons français, mon père, dit-il au jésuite, M. d′Artagnan goûtera plus vivement nos paroles.-Hablemos francés, padre mío -le dijo al jesuita-. El señor D′Artagnan gustará con más viveza de nuestras palabras.
— Oui, je suis fatigué de la route, dit d′Artagnan, et tout ce latin m′échappe.-Sí, yo estoy cansado de la ruta -dijo D′Artagnan-, y todo ese latín se me escapa.
— D′accord, dit le jésuite un peu dépité, tandis que le curé, transporté d′aise, tournait sur d′Artagnan un regard plein de reconnaissance; eh bien, voyez le parti qu′on tirerait de cette glose.-De acuerdo -dijo el jesuita un poco despechado, mientras el cura, transportado de gozo, volvía hacia D′Artagnan una mirada llena de agradecimiento-; bien, ved el partido que se sacaría de esa glosa.
— Mo, serviteur de Dieu… il n′est que serviteur, entendez- vous bien! Mo bénit avec les mains; il se fait tenir les deux bras, tandis que les Hébreux battent leurs ennemis; donc il bénit avec les deux mains. D′ailleurs, que dit l′Évangile: imponite manus, et non pas manum. Imposez les mains, et non pas la main.-Moisés, servidor de Dios... no es más que servidor, oídlo bien. Moisés bendice con las manos; se hace sostener los dos brazos, mientras los hebreos baten a sus enemigos; por tanto, bendice con las dos manos. Además que el Evangelio dice: Imponite manus, y no manum; imponed las manos, y no la mano.
— Imposez les mains, répéta le curé en faisant un geste. — À saint Pierre, au contraire, de qui les papes sont successeurs, continua le jésuite: Ponite digitos. Présentez les doigts; y êtes-vous maintenant?-Imponed las manos -repitió el cura haciendo un gesto. -Por el contrario, a San Pedro, de quien los papas son sucesores -continuó el jesuita-, Porrigite digitos. Presentad los dedos, ¿estáis ahora?
— Certes, répondit Aramis en se délectant, mais la chose est subtile.-Ciertamente -respondió Aramis lleno de delectación-, pero el asunto es sutil.
— Les doigts! reprit le jésuite; saint Pierre bénit avec les doigts. Le pape bénit donc aussi avec les doigts. Et avec combien de doigts bénit-il? Avec trois doigts, un pour le Père, un pour le Fils, et un pour le Saint-Esprit.»-¡Los dedos! -prosiguió el jesuita- San Pedro bendice con los dedos. El papa bendice por tanto con los dedos también. Y ¿con cuántos dedos bendice? Con tres dedos: uno para el Padre, otro para el Hijo y otro para el Espíritu Santo.
Tout le monde se signa; d′Artagnan crut devoir imiter cet exemple.Todo el mundo se persignó; D′Artagnan se creyó obligado a imitar aquel ejemplo.
«Le pape est successeur de saint Pierre et représente les trois pouvoirs divins; le reste, ordines inferiores de la hiérarchie ecclésiastique, bénit par le nom des saints archanges et des anges. Les plus humbles clercs, tels que nos diacres et sacristains, bénissent avec les goupillons, qui simulent un nombre indéfini de doigts bénissants. Voilà le sujet simplifié, argumentum omni denudatum ornamento. Je ferais avec cela, continua le jésuite, deux volumes de la taille de celui-ci.»-El papa es sucesor de San Pedro y representa los tres poderes divinos; el resto, ordines inferiores de la jerarquía eclesiástica, bendice en el nombre de los santos arcángeles y ángeles. Los clérigos más humildes, como nuestros diáconos y sacristanes, bendicen con los hisopos, que simulan un número indefinido de dedos bendiciendo. Ahí tenéis el tema simplificado, argumentum omni denudatum ornamento. Con eso yo haría -continuó el jesuita- dos volúmenes del tamaño de éste.
Et, dans son enthousiasme, il frappait sur le saint Chrysostome in-folio qui faisait plier la table sous son poids.Y en su entusiamo, golpeaba sobre el San Crisóstomo infolio que hacía doblarse la mesa bajo su peso.
D′Artagnan frémit.D′Artagnan se estremeció.
«Certes, dit Aramis, je rends justice aux beautés de cette thèse, mais en même temps je la reconnais écrasante pour moi. J′avais choisi ce texte; dites-moi, cher d′Artagnan, s′il n′est point de votre goût: Non inutile est desiderium in oblatione, ou mieux encore: un peu de regret ne messied pas dans une offrande au Seigneur.-Por supuesto -dijo Aramis-, hago justicia a las bellezas de semejante tesis, pero al mismo tiempo admito que es abrumadora para mí. Yo había escogido este texto: decidme, querido D′Artagnan, si no es de vuestro gusto: Non inutile est desiderium in oblatione, o mejor aún: Un poco de pesadumbre no viene mal en una ofrenda al Señor.
— Halte-là! s′écria le jésuite, car cette thèse frise l′hérésie; il y a une proposition presque semblable dans l′Augustinus de l′hérésiarque Jansénius, dont tôt ou tard le livre sera brûlé par les mains du bourreau. Prenez garde! mon jeune ami; vous penchez vers les fausses doctrines, mon jeune ami; vous vous perdrez!-¡Alto ahí! -exclamó el jesuita-. Esa tesis roza la herejía; hay una proposición casi semejante en el Augustinus del heresiarca Jansenius, cuyo libro antes o después será quemado por manos del verdugo. Tened cuidado, mi joven amigo; os inclináis, mi joven amigo, hacia las falsas doctrinas; os perderéis.
— Vous vous perdrez, dit le curé en secouant douloureusement la tête.-Os perderéis -dijo el cura moviendo dolorosamente la cabeza.
— Vous touchez à ce fameux point du libre arbitre, qui est un écueil mortel. Vous abordez de front les insinuations des pélagiens et des demi-pélagiens.-Tocáis en ese famoso punto del libre arbitrio que es un escollo mortal. Abordáis de frente las insinuaciones de los pelagianos y de los semipelagianos.
— Mais, mon révérend…, reprit Aramis quelque peu abasourdi de la grêle d′arguments qui lui tombait sur la tête.-Pero, reverendo... -repuso Aramis algo atarullado por la lluvia de argumentos que se le venía encima.
— Comment prouverez-vous, continua le jésuite sans lui donner le temps de parler, que l′on doit regretter le monde lorsqu′on s′offre à Dieu? écoutez ce dilemme: Dieu est Dieu, et le monde est le diable. Regretter le monde, c′est regretter le diable: voilà ma conclusion.-¿Cómo probaréis -continuó el jesuita sin darle tiempo a hablar que se debe echar de menos el mundo que se ofrece a Dios? Escuchad este dilema: Dios es Dios, y el mundo es el diablo. Echar de menos al mundo es echar de menos al diablo; ahí tenéis mi conclusión.
— C′est la mienne aussi, dit le curé.-Es la mía también -dijo el cura.
— Mais de grâce!… dit Aramis.-Pero, por favor... -dijo Aramis.
Desideras diabolum, infortuné! s′écria le jésuite.-¡Desideras diabolum, desgraciado! -exclamó el jesuita.
— Il regrette le diable! Ah! mon jeune ami, reprit le curé en gémissant, ne regrettez pas le diable, c′est moi qui vous en supplie.»-¡Echa de menos al diablo! Ah, mi joven amigo -prosiguió el cura gimiendo-, no echéis de menos al diablo, soy yo quien os lo suplica.
D′Artagnan tournait à l′idiotisme; il lui semblait être dans une maison de fous, et qu′il allait devenir fou comme ceux qu′il voyait. Seulement il était forcé de se taire, ne comprenant point la langue qui se parlait devant lui.D′Artagnan creía volverse idiota; le parecía estar en una casa de locos y que iba a terminar loco como los que veía. Sólo que estaba forzado a callarse por no comprender nada de la lengua que se hablaba ante él.
«Mais écoutez-moi donc, reprit Aramis avec une politesse sous laquelle commençait à percer un peu d′impatience, je ne dis pas que je regrette; non, je ne prononcerai jamais cette phrase qui ne serait pas orthodoxe…»-Pero escuchadme -prosiguió Aramis con una cortesía bajo la que comenzaba a apuntar un poco de impaciencia-; yo no digo que eche de menos; no, yo no pronunciaría jamás esa frase, que no sería ortodoxa. . .
Le jésuite leva les bras au ciel, et le curé en fit autant.El jesuita levantó los brazos al cielo y el cura hizo otro tanto.
«Non, mais convenez au moins qu′on a mauvaise grâce de n′offrir au Seigneur que ce dont on est parfaitement dégoûté. Ai-je raison, d′Artagnan?-No, pero convenid al menos que no admite perdón ofrecer al Señor aquello de lo que uno está completamente harto. ¿Tengo yo razón, D′Artagnan?
— Je le crois pardieu bien!» s′écria celui-ci.-¡Yo así lo creo! -exclamó éste.
Le curé et le jésuite firent un bond sur leur chaise.El cura y el jesuita dieron un salto sobre sus sillas.
«Voici mon point de départ, c′est un syllogisme: le monde ne manque pas d′attraits, je quitte le monde, donc je fais un sacrifice; or l′Écriture dit positivement: Faites un sacrifice au Seigneur.-Aquí tenéis mi punto de partida, es un silogismo: el mundo no carece de atractivos, dejo el mundo; por tanto hago un sacrificio; ahora bien, la Escritura dice positivamente: Haced un sacrificio al Señor.
— Cela est vrai, dirent les antagonistes.-Eso es cierto -dijeron los antagonistas.
— Et puis, continua Aramis en se pinçant l′oreille pour la rendre rouge, comme il se secouait les mains pour les rendre blanches, et puis j′ai fait certain rondeau là-dessus que je communiquai à M. Voiture l′an passé, et duquel ce grand homme m′a fait mille compliments.-Y además -continuó Aramis pellizcándose la oreja para volverla roja, de igual modo que agitaba las manos para volverlas blancas-, además he hecho cierto rondel que le comuniqué al señor Voiture el año pasado, y sobre el cual ese gran hombre me hizo mil cumplidos.
— Un rondeau! fit dédaigneusement le jésuite.-¡Un rondel! -dijo desdeñosamente el jesuita.
— Un rondeau! dit machinalement le curé.-¡Un rondel! -dijo maquinalmente el cura.
— Dites, dites, s′écria d′Artagnan, cela nous changera quelque peu.-Decidlo, decidlo -exclamó D′Artagnan-; cambiará un poco las cosas.
— Non, car il est religieux, répondit Aramis, et c′est de la théologie en vers.-No, porque es religioso -respondió Aramis-, y es teología en verso.
— Diable! fit d′Artagnan.-¡Diablos! -exclamó D′Artagnan.
— Le voici, dit Aramis d′un petit air modeste qui n′était pas exempt d′une certaine teinte d′hypocrisie:-Helo aquí -dijo Aramis con aire modesto que no estaba exento de cierto tinte de hipocresía:
Vous qui pleurez un passé plein de charmes,
Et qui traînez des jours infortunés,
Tous vos malheurs se verront terminés,
Quand à Dieu seul vous offrirez vos larmes,
Vous qui pleurez.
Los que un pasado lleno de encantos lloráis,
y pasáis días desgraciados,
todas vuestras desgracias habrán terminado
cuando sólo a Dios vuestras lágrimas ofrezcáis,
vosotros, los que lloráis.
D′Artagnan et le curé parurent flattés. Le jésuite persista dans son opinion.D′Artagnan y el cura parecieron halagados. El jesuita persistió en su opinión.
«Gardez-vous du goût profane dans le style théologique. Que dit en effet saint Augustin? Severus sit clericorum sermo.-Guardaos del gusto profano en el estilo teológico. ¿Qué dice en efecto San Agustín? Severus sit clericorum sermo.
— Oui, que le sermon soit clair! dit le curé.-¡Sí, que el sermón sea claro! -dijo el cura.
— Or, se hâta d′interrompre le jésuite en voyant que son acolyte se fourvoyait, or votre thèse plaira aux dames, voilà tout; elle aura le succès d′une plaidoirie de maître Patru.-Pero -se apresuró a añadir el jesuita viendo que su acólito se desviaba-, vuestra tesis agradará a las damas, eso es todo; tendrá el éxito de un alegato de maese Patru.
— Plaise à Dieu! s′écria Aramis transporté.-¡Plega a Dios! -exclamó Aramis transportado.
— Vous le voyez, s′écria le jésuite, le monde parle encore en vous à haute voix, altissima voce. Vous suivez le monde, mon jeune ami, et je tremble que la grâce ne soit point efficace.-Ya lo veis -exclamó el jesuita-, el mundo habla todavía en vos en voz alta, altissima voce. Seguís al mundo, mi joven amigo, y tiemblo porque la gracia no sea eficaz.
— Rassurez-vous, mon révérend, je réponds de moi.-Tranquilizaos, reverendo, respondo de mí.
— Présomption mondaine!-¡Presunción mundana!
— Je me connais, mon père, ma résolution est irrévocable.-¡Me conozco, padre mío, mi resolución es irrevocable!
— Alors vous vous obstinez à poursuivre cette thèse?-Entonces, ¿os obstináis en seguir con esa tesis,
— Je me sens appelé à traiter celle-là, et non pas une autre; je vais donc la continuer, et demain j′espère que vous serez satisfait des corrections que j′y aurai faites d′après vos avis.-Me siento llamado a tratar esa tesis, y no otra; voy, pues, a continuarla, y mañana espero que estaréis satifescho de las correcciones que haré según vuestros consejos.
— Travaillez lentement, dit le curé, nous vous laissons dans des dispositions excellentes.-Trabajad lentamente -dijo el cura-, os dejamos en disposiciones excelentes.
— Oui, le terrain est tout ensemencé, dit le jésuite, et nous n′avons pas à craindre qu′une partie du grain soit tombée sur la pierre, l′autre le long du chemin, et que les oiseaux du ciel aient mangé le reste, aves coeli comederunt illam.-Sí, el terreno está completamente sembrado -dijo el jesuita-, y no tenemos que temer que una parte del grano haya caído sobre la piedra, otra al lado del camino, y que los pájaros del cielo hayan comido el resto, aves coeli comederunt illam.
— Que la peste t′étouffe avec ton latin! dit d′Artagnan, qui se sentait au bout de ses forces.-¡Que la peste lo ahogue con tu latín! -dijo D′Artagnan, que se sentía en el límite de sus fuerzas.
— Adieu, mon fils, dit le curé, à demain.-Adiós, hijo mío -dijo el cura-, hasta mañana.
— À demain, jeune téméraire, dit le jésuite; vous promettez d′être une des lumières de l′Église; veuille le Ciel que cette lumière ne soit pas un feu dévorant.»-Hasta mañana, joven temerario -dijo el jesuita-; prometéis ser una de las lumbreras de la Iglesia; ¡quiera el cielo que esa luz no sea un fuego devorador!
D′Artagnan, qui pendant une heure s′était rongé les ongles d′impatience, commençait à attaquer la chair.D′Artagnan, que durante una hora se había mordido las uñas de impaciencia, empezaba a atacar la carne.
Les deux hommes noirs se levèrent, saluèrent Aramis et d′Artagnan, et s′avancèrent vers la porte. Bazin, qui s′était tenu debout et qui avait écouté toute cette controverse avec une pieuse jubilation, s′élança vers eux, prit le bréviaire du curé, le missel du jésuite, et marcha respectueusement devant eux pour leur frayer le chemin.Los dos hombres negros se levantaron, saludaron a Aramis y a D′Artagnan, y avanzaron hacia la puerta. Bazin, que se había quedado de pie y que había escuchado toda aquella controversia con un piadoso júbilo, se lanzó hacia ellos, tomó el breviario del cura, el misal del jesuita y caminó respetuosamente delante de ellos para abrirles paso.
Aramis les conduisit jusqu′au bas de l′escalier et remonta aussitôt près de d′Artagnan qui rêvait encore.Aramis los condujo hasta el comienzo de la escalera y volvió a subir junto a D′Artagnan, que seguía pensando.
Restés seuls, les deux amis gardèrent d′abord un silence embarrassé; cependant il fallait que l′un des deux le rompît le premier, et comme d′Artagnan paraissait décidé à laisser cet honneur à son ami:Una vez solos, los dos amigos guardaron primero un silencio embarazoso; sin embargo era preciso que uno de ellos rompiese a hablar, y como D′Artagnan parecía decidido a dejar este honor a su amigo:
«Vous le voyez, dit Aramis, vous me trouvez revenu à mes idées fondamentales.-Ya lo veis -dijo Aramis-, me encontráis vuelto a mis ideas fundamentales.
— Oui, la grâce efficace vous a touché, comme disait ce monsieur tout à l′heure.-Sí, la gracia eficaz os ha tocado, como decía ese señor hace un momento.
— Oh! ces plans de retraite sont formés depuis longtemps; et vous m′en avez déjà ouퟰarler, n′est-ce pas, mon ami?-¡Oh! Estos planes de retiro están hechos hace mucho tiempo; y vos ya me habíais oído hablar, ¿no es eso, amigo mío?
— Sans doute, mais je vous avoue que j′ai cru que vous plaisantiez.-Claro, pero confieso que creí que bromeabais.
— Avec ces sortes de choses! Oh! d′Artagnan!-¡Con esa clase de cosas! ¡Vamos, D′Artagnan!
— Dame! on plaisante bien avec la mort.-¡Maldita sea! También se bromea con la muerte.
— Et l′on a tort, d′Artagnan: car la mort, c′est la porte qui conduit à la perdition ou au salut.-Y se comete un error, D′Artagnan, porque la muerte es la puerta que conduce a la perdición o a la salvación.
— D′accord; mais, s′il vous plaît, ne théologisons pas, Aramis; vous devez en avoir assez pour le reste de la journée: quant à moi, j′ai à peu près oublié le peu de latin que je n′ai jamais su; puis, je vous l′avouerai, je n′ai rien mangé depuis ce matin dix heures, et j′ai une faim de tous les diables.-De acuerdo, pero si os place, no teologicemos, Aramis; debéis tener bastante para el resto del día; en cuanto a mí, yo he olvidado el poco latín que jamás supe; además debo confesaros que no he comido nada desde esta mañana a las diez, y que tengo un hambre de todos los diablos.
— Nous dînerons tout à l′heure, cher ami; seulement, vous vous rappellerez que c′est aujourd′hui vendredi; or, dans un pareil jour, je ne puis ni voir, ni manger de la chair. Si vous voulez vous contenter de mon dîner, il se compose de tétragones cuits et de fruits.-Ahora mismo comeremos, querido amigo; sólo que, como sabéis, es viernes, y en un día así yo no puedo ver ni comer carne. Si queréis contentaros con mi comida... se compone de tetrágonos cocidos y fruta.
— Qu′entendez-vous par tétragones? demanda d′Artagnan avec inquiétude.-¿Qué entendéis con tetrágonos? -preguntó D′Artagnan con inquietud.
— J′entends des épinards, reprit Aramis, mais pour vous j′ajouterai des oeufs, et c′est une grave infraction à la règle, car les oeufs sont viande, puisqu′ils engendrent le poulet.-Entiendo espinacas -repuso Aramis-; pero para vos añadiré huevos, y es una grave infracción de la regla, porque los huevos son carne, dado que engendran el pollo.
— Ce festin n′est pas succulent, mais n′importe; pour rester avec vous, je le subirai.-Ese festín no es suculento, pero no importa; por estar con vos, lo sufriré.
— Je vous suis reconnaissant du sacrifice, dit Aramis; mais s′il ne profite pas à votre corps, il profitera, soyez-en certain, à votre âme.-Os quedo agradecido por el sacrificio -dijo Aramis-; pero si no aprovecha a nuestro cuerpo, aprovechará, estad seguro, a vuestra alma.
— Ainsi, décidément, Aramis, vous entrez en religion. Que vont dire nos amis, que va dire M. de Tréville? Ils vous traiteront de déserteur, je vous en préviens.-O sea que, decididamente, Aramis, entráis en religión. ¿Qué van a decir nuestros amigos, qué va a decir el señor de Tréville? Os tratarán de desertor, os prevengo.
— Je n′entre pas en religion, j′y rentre. C′est Église que j′avais désertée pour le monde, car vous savez que je me suis fait violence pour prendre la casaque de mousquetaire.-Yo no entro en religión, vuelvo a ella. Es de la iglesia de la que había desertado por el mundo, porque como sabéis tuve que violentarme para tomar la casaca de mosquetero.
— Moi, je n′en sais rien.-Yo no sé nada.
— Vous ignorez comment j′ai quitté le séminaire?-¿Ignoráis vos cómo dejé el seminario?
— Tout à fait.-Completamente.
— Voici mon histoire; d′ailleurs les Écritures disent: «Confessez-vous les uns aux autres», et je me confesse à vous, d′Artagnan.-Aquí tenéis mi historia; por otra parte las Escrituras dicen: "Confesaos los unos a los otros", y yo me confieso a vos, D′Artagnan.
— Et moi, je vous donne l′absolution d′avance, vous voyez que je suis bon homme.-Y yo os doy la absolución de antemano, ya veis que soy bueno.
— Ne plaisantez pas avec les choses saintes, mon ami.-No os burléis de las cosas santas, amigo mío.
— Alors, dites, je vous écoute.-Vamos hablad, hablad, os escucho.
— J′étais donc au séminaire depuis l′âge de neuf ans, j′en avais vingt dans trois jours, j′allais être abbé, et tout était dit. Un soir que je me rendais, selon mon habitude, dans une maison que je fréquentais avec plaisir — on est jeune, que voulez-vous! on est faible, — un officier qui me voyait d′un oeil jaloux lire les vies des saints à la maîtresse de la maison, entra tout à coup et sans être annoncé. Justement, ce soir-là, j′avais traduit un épisode de Judith, et je venais de communiquer mes vers à la dame qui me faisait toutes sortes de compliments, et, penchée sur mon épaule, les relisait avec moi. La pose, qui était quelque peu abandonnée, je l′avoue, blessa cet officier; il ne dit rien, mais lorsque je sortis, il sortit derrière moi, et me rejoignant:-Yo estaba en el seminario desde la edad de nueve años, y dentro de tres días iba a cumplir veinte, iba a ser abate y todo estaba dicho. Una tarde en que estaba, según mi costumbre, en una casa que frecuentaba con placer (uno es joven, ¡qué queréis, somos débiles!), un oficial que me miraba con ojos celosos leer las Vidas de los santos a la dueña de la casa, entró de pronto y sin ser anunciado. Precisamente aquella tarde yo había traducido un episodio de Judith y acababa de comunicar mis versos a la dama que me hacía toda clase de cumplidos e, inclinada sobre mi hombro, los releía conmigo. La postura, que quizá era algo abandonada, lo confieso, molestó al oficial; no dijo nada, pero cuando yo salí, salió detrás de mí y al alcanzarme dijo:
«— Monsieur l′abbé, dit-il, aimez-vous les coups de canne?"Señor abate, ¿os gustan los bastonazos?"
«— Je ne puis le dire, monsieur, répondis-je, personne n′ayant jamais osé m′en donner."No puedo decirlo, señor, respondí, porque nadie ha osado nunca dármelos."
«— Eh bien, écoutez-moi, monsieur l′abbé, si vous retournez dans la maison où je vous ai rencontré ce soir, j′oserai, moi.»"Pues bien, escuchadme, señor abate, si volvéis a la casa en que os he encontrado esta tarde, yo osaré."
«Je crois que j′eus peur, je devins fort pâle, je sentis les jambes qui me manquaient, je cherchai une réponse que je ne trouvai pas, je me tus.Creo que tuve miedo, me puse muy pálido, sentí que las piernas me abandonaban, busqué una respuesta que no encontré, me callé.
«L′officier attendait cette réponse, et voyant qu′elle tardait, il se mit à rire, me tourna le dos et rentra dans la maison. Je rentrai au séminaire.El oficial esperaba aquella respuesta y, viendo que tardaba, se puso a reír, me volvió la espalda y volvió a entrar en la casa. Yo volví al seminario.
«Je suis bon gentilhomme et j′ai le sang vif, comme vous avez pu le remarquer, mon cher d′Artagnan; l′insulte était terrible, et, tout inconnue qu′elle était restée au monde, je la sentais vivre et remuer au fond de mon coeur. Je déclarai à mes supérieurs que je ne me sentais pas suffisamment préparé pour l′ordination, et, sur ma demande, on remit la cérémonie à un an.Soy buen gentilhombre y tengo la sangre ardiente, como habéis podido observar, mi querido D′Artagnan; el insulto era terrible, y por desconocido que hubiera quedado para el resto del mundo, yo lo sentía vivir y removerse en el fondo de mi corazón. Declaré a mis superiores que no me sentía suficientemente preparado para la ordenación, y a petición mía se pospuso la ceremonia por un año.
«J′allai trouver le meilleur maître d′armes de Paris, je fis condition avec lui pour prendre une leçon d′escrime chaque jour, et chaque jour, pendant une année, je pris cette leçon. Puis, le jour anniversaire de celui où j′avais été insulté, j′accrochai ma soutane à un clou, je pris un costume complet de cavalier, et je me rendis à un bal que donnait une dame de mes amies, et où je savais que devait se trouver mon homme. C′était rue des Francs- Bourgeois, tout près de la Force.Fui en busca del mejor maestro de armas de Paris, quedé de acuerdo con él para tomar una lección de esgrima cada día, y durante un año tome aquella lección. Luego, el aniversario de aquél en que había sido insultado, colgé mi sotana de un clavo, me puse un traje completo de caballero y me dirigí a un baile que daba una dama amiga mía, donde yo sabía que debía encontrarse mi hombre. Era en la calle des Francs-Burgeois, al lado de la Force.
«En effet, mon officier y était; je m′approchai de lui, comme il chantait un lai d′amour en regardant tendrement une femme, et je l′interrompis au beau milieu du second couplet.En efecto, mi oficial estaba allí, me acerqué a él, que cantaba un lai de amor mirando tiernamente a una mujer, y le interrumpí en medio de la segunda estrofa.
«— Monsieur, lui dis-je, vous déplaît-il toujours que je retourne dans certaine maison de la rue Payenne, et me donnerez-vous encore des coups de canne, s′il me prend fantaisie de vous désobéir?»"Señor, ¿os sigue desagradando que yo vuelva a cierta casa de la calle Payenne, y volveréis a darme una paliza si me entra el capricho de desobedeceros?"
«L′officier me regarda avec étonnement, puis il dit:El oficial me miró con asombro, luego me dijo:
«— Que me voulez-vous, monsieur? Je ne vous connais pas."¿Qué queréis, señor? No os conozco."
«— Je suis, répondis-je, le petit abbé qui lit les vies des saints et qui traduit Judith en vers."¡Ah, ah! Ya me acuerdo -dijo el oficial con sorna-. ¿Qué queréis?"
«— Ah! ah! je me rappelle, dit l′officier en goguenardant; que me voulez-vous?"Soy -le respondí- el pequeño abate que lee las Vidas de santos y que traduce Judith en verso."
«— Je voudrais que vous eussiez le loisir de venir faire un tour de promenade avec moi."Quisiera que tuvierais tiempo suficiente para dar una vuelta paseando conmigo."
«— Demain matin, si vous le voulez bien, et ce sera avec le plus grand plaisir."Mañana por la mañana, si queréis, y será con el mayor placer."
«— Non, pas demain matin, s′il vous plaît, tout de suite."Mañana por la mañana, no; si os place, ahora mismo."
«— Si vous l′exigez absolument…"Si lo exigís..."
«— Mais oui, je l′exige."Pues sí, lo exijo."
«— Alors, sortons. Mesdames, dit l′officier, ne vous dérangez pas. Le temps de tuer monsieur seulement, et je reviens vous achever le dernier couplet.»"Entonces, salgamos. Señoras -dijo el oficial-, no os molestéis. El tiempo de matar al señor solamente y vuelvo para acabaros la última estrofa.
«Nous sortîmes." Salimos.
«Je le menai rue Payenne, juste à l′endroit où un an auparavant, heure pour heure, il m′avait fait le compliment que je vous ai rapporté. Il faisait un clair de lune superbe. Nous mîmes l′épée à la main, et à la première passe, je le tuai roide.Yo le llevé a la calle Payenne justo al lugar en que un año antes a aquella misma hora me había hecho el cumplido que os he relatado. Hacía un clara de luna soberbio. Sacamos las espadas y, al primer encuentro, le deje en el sitio.
— Diable! fit d′Artagnan.-¡Diablos! -exclamó D′Artagnan.
— Or, continua Aramis, comme les dames ne virent pas revenir leur chanteur, et qu′on le trouva rue Payenne avec un grand coup d′épée au travers du corps, on pensa que c′était moi qui l′avait accommodé ainsi, et la chose fit scandale. Je fus donc pour quelque temps forcé de renoncer à la soutane. Athos, dont je fis la connaissance à cette époque, et Porthos, qui m′avait, en dehors de mes leçons d′escrime, appris quelques bottes gaillardes, me décidèrent à demander une casaque de mousquetaire. Le roi avait fort aimé mon père, tué au siège d′Arras, et l′on m′accorda cette casaque. Vous comprenez donc qu′aujourd′hui le moment est venu pour moi de rentrer dans le sein de l′église-Pero -continuó Aramis- como las damas no vieron volver a su cantor y se le encontró en la calle Payenne con una gran estocada atravesándole el cuerpo, se pensó que había sido yo poque lo había aderezado así, y el asunto terminó en escándalo. Me vi obligado a renunciar por algún tiempo a la sotana. Athos, con quien hice conocimiento en esa época, y Porthos, que me había enseñado, además de algunas lecciones de esgrima, algunas estocadas airosas, me decidieron a pedir una casaca de mosquetero. El rey había apreciado mucho a mi padre, muerto en el sitio de Arras, y me concedieron esta casaca. Como comprenderéis hoy ha llegado para mí el momento de volver al seno de la Iglesia.
— Et pourquoi aujourd′hui plutôt qu′hier et que demain? Que vous est-il donc arrivé aujourd′hui, qui vous donne de si méchantes idées?-¿Y por qué hoy en vez de ayer o de mañana? ¿Qué os ha pasado hoy que os da tan malas ideas?
— Cette blessure, mon cher d′Artagnan, m′a été un avertissement du Ciel.-Esta herida, mi querido D′Artagnan, ha sido para mí un aviso del cielo.
— Cette blessure? bah! elle est à peu près guérie, et je suis sûr qu′aujourd′hui ce n′est pas celle-là qui vous fait le plus souffrir.-¿Esta herida? ¡Bah, está casi curada y estoy seguro de que no es ella la que más os hace sufrir!
— Et laquelle? demanda Aramis en rougissant.-¿Cuál entonces? -preguntó Aramis enrojeciendo.
— Vous en avez une au coeur, Aramis, une plus vive et plus sanglante, une blessure faite par une femme.»-Tenéis una en el corazón, Aramis, unas más viva y más sangrante, una herida hecha por una mujer.
L′oeil d′Aramis étincela malgré lui.Los ojos de Aramis destellaron a pesar suyo.
«Ah! dit-il en dissimulant son émotion sous une feinte négligence, ne parlez pas de ces choses-là; moi, penser à ces choses-là! avoir des chagrins d′amour? Vanitas vanitatum! Me serais-je donc, à votre avis, retourné la cervelle, et pour qui? pour quelque grisette, pour quelque fille de chambre, à qui j′aurais fait la cour dans une garnison, fi!-¡Ah! -dijo disimulando su emoción bajo una fingida negligencia-. No habléis de esas cosas. ¡Pensar yo en eso! ¡Tener yo penas de amor! ; ¡Vanitas vanitatum! Me habría vuelto loco, en vuestra opinión. ¿Y por quién? Por alguna costurerilla, por alguna doncella a quien habría hecho la corte en alguna guarnición. ¡Fuera!
— Pardon, mon cher Aramis, mais je croyais que vous portiez vos visées plus haut.-Perdón, mi querido Aramis, pero yo creía que apuntabais más alto.
— Plus haut? et que suis-je pour avoir tant d′ambition? un pauvre mousquetaire fort gueux et fort obscur, qui hait les servitudes et se trouve grandement déplacé dans le monde!-¿Más alto? ¿Y quién soy yo para tener tanta ambición? ¡Un pobre mosquetero muy bribón y muy oscuro que odia las servidumbres y se encuentra muy desplazado en el mundo!
— Aramis, Aramis! s′écria d′Artagnan en regardant son ami avec un air de doute.-¡Aramis, Aramis! -exclamó D′Artagnan mirando a su amigo con aire de duda.
— Poussière, je rentre dans la poussière. La vie est pleine d′humiliations et de douleurs, continua-t-il en s′assombrissant; tous les fils qui la rattachent au bonheur se rompent tour à tour dans la main de l′homme, surtout les fils d′or. O mon cher d′Artagnan! reprit Aramis en donnant à sa voix une légère teinte d′amertume, croyez-moi, cachez bien vos plaies quand vous en aurez. Le silence est la dernière joie des malheureux; gardez-vous de mettre qui que ce soit sur la trace de vos douleurs, les curieux pompent nos larmes comme les mouches font du sang d′un daim blessé.-Polvo, vuelvo al polvo. La vida está llena de humillaciones y de dolores -continuó ensombreciéndose-; todos los hilos que la atan a la felicidad se rompen una vez tras otra en la mano del hombre, sobre todo los hilos de oro. ¡Oh, mi querido D′Artagnan! -prosiguió Aramis dando a su vez un ligero tinte de amargura-. Creedme, ocultad bien vuestras heridas cuando las tengáis. El silencio es la última alegría de los desgraciados; guardaos de poner a alguien, quienquiera que sea, tras la huella de vuestros dolores; los curiosos empapan nuestras lágrimas como las moscas sacan sangre de un gamo herido.
— Hélas, mon cher Aramis, dit d′Artagnan en poussant à son tour un profond soupir, c′est mon histoire à moi-même que vous faites là.-¡Ay, mi querido Aramis! -dijo D′Artagnan lanzando a su vez un profundo suspiro-. Es mi propia historia la que aquí resumís.
— Comment?-¿Cómo?,
— Oui, une femme que j′aimais, que j′adorais, vient de m′être enlevée de force. Je ne sais pas où elle est, où on l′a conduite; elle est peut-être prisonnière, elle est peut-être morte.-Sí, una mujer a la que amaba, a la que adoraba, acaba de serme raptada a la fuerza. Yo no sé dónde está, dónde la han llevado; quizá esté prisionera, quizá esté muerta.
— Mais vous avez au moins la consolation de vous dire qu′elle ne vous a pas quitté volontairement; que si vous n′avez point de ses nouvelles, c′est que toute communication avec vous lui est interdite, tandis que…-Pero vos al menos tenéis el consuelo de deciros que no os ha abandonado voluntariamente; que si no tenéis noticias suyas es porque toda comunicación con vos le está prohibida, mientras que...
— Tandis que…-Mientras que...
— Rien, reprit Aramis, rien.-Nada -respondió Aramis-, nada.
— Ainsi, vous renoncez à jamais au monde, c′est un parti pris, une résolution arrêtée?-De modo que renunciáis al mundo; ¿es una decisión tomada, una resolución firme?
— À tout jamais. Vous êtes mon ami aujourd′hui, demain vous ne serez plus pour moi qu′une ombre; où plutôt même, vous n′existerez plus. Quant au monde, c′est un sépulcre et pas autre chose.-Para siempre. Vos sois mi amigo, mañana no seréis para mí más que una sombra; o mejor aún, no existiréis. En cuanto al mundo, es un sepulcro y nada más.
— Diable! c′est fort triste ce que vous me dites là.-¡Diablos! Es muy triste lo que me decís.
— Que voulez-vous! ma vocation m′attire, elle m′enlève.-¿Qué queréis? Mi vocación me atrae, ella me lleva.
D′Artagnan sourit et ne répondit point. Aramis continua:D′Artagnan sonrió y no respondió nada. Aramis continuó:
«Et cependant, tandis que je tiens encore à la terre j′eusse voulu vous parler de vous, de nos amis.-Y sin embargo, mientras permanezco en la tierra, habría querido hablar de vos, de nuestros amigos.
— Et moi, dit d′Artagnan, j′eusse voulu vous parler de vous-même, mais je vous vois si détaché de tout; les amours, vous en faites fi; les amis sont des ombres, le monde est un sépulcre.-Y yo -dijo D′Artagnan- habría querido hablaros de vos mismo, pero os veo tan separado de todo; los amores los habéis despechado; los amigos, son sombras; el mundo es un sepulcro.
— Hélas! vous le verrez par vous-même, dit Aramis avec un soupir.-¡Ay! Vos mismo podréis verlo -dijo Aramis con un suspiro.
— N′en parlons donc plus, dit d′Artagnan, et brûlons cette lettre qui, sans doute, vous annonçait quelque nouvelle infidélité de votre grisette ou de votre fille de chambre.-No hablemos, pues, más -dijo D′Artagnan-, y quememos esta carta que, sin duda, os anunciaba alguna nueva infelicidad de vuestra costurerilla o de vuestra doncella.
— Quelle lettre? s′écria vivement Aramis.-¿Qué carta? -exclamó vivamente Aramis.
— Une lettre qui était venue chez vous en votre absence et qu′on m′a remise pour vous.-Una carta que había llegado a vuestra casa en vuestra ausencia y que me han entregado para vos.
— Mais de qui cette lettre?-¿Pero de quién es la carta?
— Ah! de quelque suivante éplorée, de quelque grisette au désespoir; la fille de chambre de Mme de Chevreuse peut-être, qui aura été obligée de retourner à Tours avec sa maîtresse, et qui, pour se faire pimpante, aura pris du papier parfumé et aura cacheté sa lettre avec une couronne de duchesse.-¡Ah! De alguna doncella afligida, de alguna costurerilla desesperada; la doncella de la señora de Chevreuse quizá, que se habrá visto obligada a volver a Tours con su ama y que para dárselas de peripuesta habrá cogido papel perfumado y habrá sellado su carta con una corona de duquesa.
— Que dites-vous là?-¿Qué decís?
— Tiens, je l′aurai perdue! dit sournoisement le jeune homme en faisant semblant de chercher. Heureusement que le monde est un sépulcre, que les hommes et par conséquent les femmes sont des ombres, que l′amour est un sentiment dont vous faites fi!-¡Vaya, la habré perdido! -dijo hipócritamente el joven fingiendo buscarla-. Afortunadamente el mundo es un sepulcro y por tanto las mujeres son sombras, y el amor un sentimiento al que decís ¡fuera!
— Ah! d′Artagnan, d′Artagnan! s′écria Aramis, tu me fais mourir!-¡Ah, D′Artagnan, D′Artagnan! -exclamó Aramis-. Me haces morir.
— Enfin, la voici!» dit d′Artagnan.-Bueno, aquí está -dijo D′Artagnan.
Et il tira la lettre de sa poche.Y sacó la carta de su bolsillo.
Aramis fit un bond, saisit la lettre, la lut ou plutôt la dévora, son visage rayonnait.Aramis dio un salto, cogió la carta, la leyó o, mejor, la devoró; su rostro resplandecía.
«Il paraît que la suivante à un beau style, dit nonchalamment le messager.-Parece que la doncella tiene un hermoso estilo -dijo indolentemente el mensajero.
— Merci, d′Artagnan! s′écria Aramis presque en délire. Elle a été forcée de retourner à Tours; elle ne m′est pas infidèle, elle m′aime toujours. Viens, mon ami, viens que je t′embrasse, le bonheur m′étouffe!»-Gracias, D′Artagnan -exclamó Aramis casi en delirio-. Se ha visto obligada a volver a Tours; no me es infiel, me ama todavía. Ven, amigo mío, ven que te abrace; ¡la dicha me ahoga!
Et les deux amis se mirent à danser autour du vénérable saint Chrysostome, piétinant bravement les feuillets de la thèse qui avaient roulé sur le parquet.Y los dos amigos se pusieron a bailar en torno del venerable San Crisóstomo, pisoteando buenamente las hojas de la tesis que habían rodado sobre el suelo.
En ce moment, Bazin entrait avec les épinards et l′omelette.En aquel momento entró Bazin con las espinacas y la tortilla.
«Fuis, malheureux! s′écria Aramis en lui jetant sa calotte au visage; retourne d′où tu viens, remporte ces horribles légumes et cet affreux entremets! demande un lièvre piqué, un chapon gras, un gigot à l′ail et quatre bouteilles de vieux bourgogne.»-¡Huye, desgraciado! -exclamó Aramis arrojándole su gorra al rostro-. Vuélvete al sitio de donde vienes, llévate esas horribles legumbres y esos horrorosos entremeses. Pide una liebre mechada, un capón gordo, una pierna de cordero al ajo y cuatro botellas de viejo borgoña.
Bazin, qui regardait son maître et qui ne comprenait rien à ce changement, laissa mélancoliquement glisser l′omelette dans les épinards, et les épinards sur le parquet.Bazin, que miraba a su amo y que no comprendía nada de aquel cambio, dejó deslizarse melancólicamente la tortilla en las espinacas, y las espinacas en el suelo.
«Voilà le moment de consacrer votre existence au Roi des Rois, dit d′Artagnan, si vous tenez à lui faire une politesse: Non inutile desiderium in oblatione.-Este es el momento de consagrar vuestra existencia al Rey de Reyes -dijo D′Artagnan-, si es que tenéis que hacerle una cortesía: Non inutile desiderium in oblatione.
— Allez-vous-en au diable avec votre latin! Mon cher d′Artagnan, buvons, morbleu, buvons frais, buvons beaucoup, et racontez-moi un peu ce qu′on fait là-bas.»-¡Idos al diablo con vuestro latín! Mi querido D′Artagran, bebamos, maldita sea, bebamos mucho, y contadme algo de lo que pasa por ahí.






CHAPITRE XXVII -- LA FEMME D′ATHOS

Capítulo XXVII -- La mujer de Athos

«Il reste maintenant à savoir des nouvelles d′Athos, dit d′Artagnan au fringant Aramis, quand il l′eut mis au courant de ce qui s′était passé dans la capitale depuis leur départ, et qu′un excellent dîner leur eut fait oublier à l′un sa thèse, à l′autre sa fatigue. -Ahora sólo queda saber nuevas de Athos -dijo D′Artagnan al fogoso Aramis, una vez que lo hubo puesto al corriente de lo que había pasado en la capital después de su partida, y mientras una excelente comida hacía olvidar a uno su tesis y al otro su fatiga.
— Croyez-vous donc qu′il lui soit arrivé malheur? demanda Aramis.Athos est si froid, si brave et manie si habilement son épée. -¿Creéis, pues, que le habrá ocurrido alguna desgracia? -preguntó Aramis-. Athos es tan frío, tan valiente y maneja tan hábilmente su espada...
— Oui, sans doute, et personne ne reconnaît mieux que moi le courage et l′adresse d′Athos, mais j′aime mieux sur mon épée le choc des lances que celui des bâtons, je crains qu′Athos n′ait été étrillé par de la valetaille, les valets sont gens qui frappent fort et ne finissent pas tôt. Voilà pourquoi, je vous l′avoue, je voudrais repartir le plus tôt possible. -Sí, sin duda, y nadie reconoce más que yo el valor y la habilidad de Athos; pero yo prefiero sobre mi espada el choque de las lanzas al de los bastones; temo que Athos haya sido zurrado por el hatajo de lacayos, los criados son gentes que golpean fuerte y que no terminan pronto. Por eso, os lo confieso, quisiera partir lo antes posible.
— Je tâcherai de vous accompagner, dit Aramis, quoique je ne me sente guère en état de monter à cheval. Hier, j′essayai de la discipline que vous voyez sur ce mur et la douleur m′empêcha de continuer ce pieux exercice. -Yo trataré de acompañaros -dijo Aramis-, aunque aún no me siento en condiciones de montar a caballo. Ayer ensayé la disciplina que veis sobre ese muro, y el dolor me impidió continuar ese piadoso ejercicio.
— C′est qu′aussi, mon cher ami, on n′a jamais vu essayer de guérir un coup d′escopette avec des coups de martinet; mais vous étiez malade, et la maladie rend la tête faible, ce qui fait que je vous excuse. -Es que, amigo mío, nunca se ha visto intentar curar un escopetazo a golpes de disciplina; pero estabais enfermo, y la enfermedad debilita la cabeza, lo que hace que os excuse.
— Et quand partez-vous? -¿Y cuándo partís?
— Demain, au point du jour; reposez-vous de votre mieux cette nuit, et demain, si vous le pouvez, nous partirons ensemble. -Mañana, al despuntar el alba; reposad lo mejor que podáis esta noche y mañana, si podéis, partiremos juntos.
— À demain donc, dit Aramis; car tout de fer que vous êtes, vous devez avoir besoin de repos.» -Hasta mañana, pues -dijo Aramis-; porque por muy de hierro que seáis, debéis tener necesidad de reposo.
Le lendemain, lorsque d′Artagnan entra chez Aramis, il le trouva à sa fenêtre. Al día siguiente, cuando D′Artagnan entró en la habitación de Aramis, lo encontró en su ventana.
«Que regardez-vous donc là? demanda d′Artagnan. -¿Qué miráis ahí? -preguntó D′Artagnan.
— Ma foi! J′admire ces trois magnifiques chevaux que les garçons d′écurie tiennent en bride; c′est un plaisir de prince que de voyager sur de pareilles montures. -¡A fe mía! Admiro esos tres magníficos caballos que los mozos de cuadra tienen de la brida; es un placer de príncipe viajar en semejantes monturas.
— Eh bien, mon cher Aramis, vous vous donnerez ce plaisir-là, car l′un de ces chevaux est à vous. -Pues bien, mi querido Aramis, os daréis ese placer, porque uno de esos caballos es para vos.
— Ah! bah, et lequel? -¡Huy! ¿Cuál?
— Celui des trois que vous voudrez: je n′ai pas de préférence. -El que queráis de los tres, yo no tengo preferencia.
— Et le riche caparaçon qui le couvre est à moi aussi? -¿Y el rico caparazón que te cubre es mío también?
— Sans doute. -Claro.
— Vous voulez rire, d′Artagnan. -¿Queréis reiros, D′Artagnan?
— Je ne ris plus depuis que vous parlez français. -Yo no río desde que vos habláis francés.
— C′est pour moi, ces fontes dorées, cette housse de velours, cette selle chevillée d′argent? -¿Son para mí esas fundas doradas, esa gualdrapa de terciopelo, esa silla claveteada de plata?
— À vous-même, comme le cheval qui piaffe est à moi, comme cet autre cheval qui caracole est à Athos. -Para vos, como el caballo que piafa es para mí, y como ese otro caballo que caracolea es para Athos.
— Peste! ce sont trois bêtes superbes. -¡Peste! Son tres animales soberbios.
— Je suis flatté qu′elles soient de votre goût. -Me halaga que sean de vuestro gusto.
— C′est donc le roi qui vous a fait ce cadeau-là? -¿Es el rey quien os ha hecho ese regalo?
— À coup sûr, ce n′est point le cardinal, mais ne vous inquiétez pas d′où ils viennent, et songez seulement qu′un des trois est votre propriété. -A buen seguro que no ha sido el cardenal; pero no os preocupéis de dónde vienen, y pensad sólo que uno de los tres es de vuestra propiedad.
— Je prends celui que tient le valet roux. -Me quedo con el que lleva el mozo de cuadra pelirrojo.
— À merveille! -¡De maravilla!
— Vive Dieu! s′écria Aramis, voilà qui me fait passer le reste de ma douleur; je monterais là-dessus avec trente balles dans le corps. Ah! sur mon âme, les beaux étriers! Holà! Bazin, venez çà, et à l′instant même.» -¡Vive Dios! -exclamó Aramis-. Eso hace que se me pase lo que quedaba de mi dolor; me montaría en él con treinta balas en el cuerpo. ¡Ah, por mi alma, qué bellos estribos! ¡Hola! Bazin, ven acá ahora mismo.
Bazin apparut, morne et languissant, sur le seuil de la porte. Bazin apareció, sombrío y lánguido, en el umbral de la puerta.
«Fourbissez mon épée, redressez mon feutre, brossez mon manteau, et chargez mes pistolets! dit Aramis. -¡Bruñid mi espada enderezad mi sombrero de fieltro, cepillad mi capa y cargad mis pistolas! -dijo Aramis.
— Cette dernière recommandation est inutile, interrompit d′Artagnan: il y a des pistolets chargés dans vos fontes.» -Esta última recomendación es inútil -interrumpió D′Artagnan-; hay pistolas cargadas en vuestras fundas.
Bazin soupira. Bazin suspiró.
«Allons, maître Bazin, tranquillisez-vous, dit d′Artagnan; on gagne le royaume des cieux dans toutes les conditions. -Vamos, maese Bazin, tranquilizaos -dijo D′Artagnan-; se gana el reino de los cielos en todos los estados.
— Monsieur était déjà si bon théologien! dit Bazin presque larmoyant; il fût devenu évêque et peut-être cardinal. -¡El señor era ya tan buen teólogo! -dijo Bazin casi llorando-. Hubiera llegado a obispo y quizá a cardenal.
— Eh bien, mon pauvre Bazin, voyons, réfléchis un peu; à quoi sert d′être homme d′Église, je te prie? on n′évite pas pour cela d′aller faire la guerre; tu vois bien que le cardinal va faire la première campagne avec le pot en tête et la pertuisane au poing; et M. de Nogaret de La Valette, qu′en dis-tu? il est cardinal aussi, demande à son laquais combien de fois il lui a fait de la charpie. -Y bien, mi pobre Bazin, veamos, reflexiona un poco: ¿para qué sirve ser hombre de iglesia, por favor? No se evita con ello ir a hacer la guerra; como puedes ver, el cardenal va a hacer la primera campaña con el casco en la cabeza y la partesana al puño; y el señor de Nagret de La Valette, ¿qué me dices? También es cardenal; pregúntale a su lacayo cuántas veces tiene que vendarle.
— Hélas! soupira Bazin, je le sais, monsieur, tout est bouleversé dans le monde aujourd′hui.» -¡Ay! -suspiró Bazin-. Ya lo sé, señor, todo está revuelto en este mundo de hoy.
Pendant ce temps, les deux jeunes gens et le pauvre laquais étaient descendus. Durante este tiempo, los dos jóvenes y el pobre lacayo habían descendido.
«Tiens-moi l′étrier, Bazin», dit Aramis. -Tenme el estribo, Bazin -dijo Aramis.
Et Aramis s′élança en selle avec sa grâce et sa légèreté ordinaire; mais après quelques voltes et quelques courbettes du noble animal, son cavalier ressentit des douleurs tellement insupportables, qu′il pâlit et chancela. D′Artagnan qui, dans la prévision de cet accident, ne l′avait pas perdu des yeux, s′élança vers lui, le retint dans ses bras et le conduisit à sa chambre. Y Aramis se lanzó a la silla con su gracia y su ligereza ordinarias; pero tras algunas vueltas y algunas corvetas del noble animal, su caballero se resintió de dolores tan insoportables que palideció y se tambaleó. D′Artagnan, que en previsión de este accidente no lo había perdido de vista, se lanzó hacia él, lo retuvo en sus brazos y lo condujo a su habitación.
«C′est bien, mon cher Aramis, soignez-vous, dit-il, j′irai seul à la recherche d′Athos. -Está bien, mi querido Aramis, cuidaos -dijo-, iré sólo en busca de Athos.
— Vous êtes un homme d′airain, lui dit Aramis. -Sois un hombre de bronce -le dijo Aramis.
— Non, j′ai du bonheur, voilà tout, mais comment allez-vous vivre en m′attendant? plus de thèse, plus de glose sur les doigts et les bénédictions, hein?» -No, tengo suerte, eso es todo; pero ¿cómo vais a vivir mientras me esperáis? Nada de tesis, nada de glosas sobre los dedos y las bendiciones, ¿eh?
Aramis sourit. Aramis sonrió.
«Je ferai des vers, dit-il. -Haré versos -dijo.
— Oui, des vers parfumés à l′odeur du billet de la suivante de Mme de Chevreuse. Enseignez donc la prosodie à Bazin, cela le consolera. Quant au cheval, montez-le tous les jours un peu, et cela vous habituera aux manoeuvres. -Sí, versos perfumados al olor del billete de la doncella de la señora de Chevreuse. Enseñad, pues, prosodia a Bazin, eso le consolará. En cuanto al caballo, montadlo todos los días un poco, y eso os habituará a las maniobras.
— Oh! pour cela, soyez tranquille, dit Aramis, vous me retrouverez prêt à vous suivre.» -¡Oh, por eso estad tranquilo! -dijo Aramis-. Me encontraréis dispuesto a seguiros.
Ils se dirent adieu et, dix minutes après, d′Artagnan, après avoir recommandé son ami à Bazin et à l′hôtesse, trottait dans la direction d′Amiens. Se dijeron adiós y, diez minutos después, D′Artagnan, tras haber recomendado su amigo a Bazin y a la hostelera, trotaba en dirección de Amiens.
Comment allait-il retrouver Athos, et même le retrouverait-il? ¿Cómo iba a encontrar a Athos? ¿Lo encontraría acaso?
La position dans laquelle il l′avait laissé était critique; il pouvait bien avoir succombé. Cette idée, en assombrissant son front, lui arracha quelques soupirs et lui fit formuler tout bas quelques serments de vengeance. De tous ses amis, Athos était le plus âgé, et partant le moins rapproché en apparence de ses goûts et de ses sympathies. La posición en la que lo había dejado era crítica; bien podía haber sucumbido. Aquella idea, ensombreciendo su frente, le arrancó algunos suspiros y le hizo formular en voz baja algunos juramentos de venganza. De todos sus amigos, Athos era el mayor y por tanto el menos cercano en apariencia en cuanto a gustos y simpatías.
Cependant il avait pour ce gentilhomme une préférence marquée. L′air noble et distingué d′Athos, ces éclairs de grandeur qui jaillissaient de temps en temps de l′ombre où il se tenait volontairement enfermé, cette inaltérable égalité d′humeur qui en faisait le plus facile compagnon de la terre, cette gaieté forcée et mordante, cette bravoure qu′on eût appelée aveugle si elle n′eût été le résultat du plus rare sang-froid, tant de qualités attiraient plus que l′estime, plus que l′amitié de d′Artagnan, elles attiraient son admiration. Sin embargo, tenía por aquel gentilhombre una preferencia notable. El aire noble y distinguido de Athos, aquellos destellos de grandeza que brotaban de vez en cuando de la sómbra en que se encerraba voluntariamente, aquella inalterable igualdad de humor que le hacía el compañero más fácil de la tierra, aquella alegría forzada y mordaz, aquel valor que se hubiera llamado ciego si no fuera resultado de la más rara sangre fría, tantas cualidades cautivaban más que la estima, más que la amistad de D′Artagnan, cautivaban su admiración.
En effet, considéré même auprès de M. de Tréville, l′élégant et noble courtisan, Athos, dans ses jours de belle humeur, pouvait soutenir avantageusement la comparaison; il était de taille moyenne, mais cette taille était si admirablement prise et si bien proportionnée, que, plus d′une fois, dans ses luttes avec Porthos, il avait fait plier le géant dont la force physique était devenue proverbiale parmi les mousquetaires; sa tête, aux yeux perçants, au nez droit, au menton dessiné comme celui de Brutus, avait un caractère indéfinissable de grandeur et de grâce; ses mains, dont il ne prenait aucun soin, faisaient le désespoir d′Aramis, qui cultivait les siennes à grand renfort de pâte d′amandes et d′huile parfumée; le son de sa voix était pénétrant et mélodieux tout à la fois, et puis, ce qu′il y avait d′indéfinissable dans Athos, qui se faisait toujours obscur et petit, c′était cette science délicate du monde et des usages de la plus brillante société, cette habitude de bonne maison qui perçait comme à son insu dans ses moindres actions. En efecto, considerado incluso al lado del señor de Tréville, el elegante cortesano Athos, en sus días de buen humor podía sostener con ventaja la comparación; era de talla mediana, pero esa talla estaba tan admirablemente cuajada y tan bien proporcionada que más de una vez, en sus luchas con Porthos, había hecho doblar la rodilla al gigante cuya fuerza física se había vuelto proverbial entre los mosqueteros; su cabeza, de ojos penetrantes, de nariz recta, de mentón dibujado como el de Bruto, tenía un carácter indefinible de grandeza y de gracia; sus manos, de las que no tenía cuidado alguno, causaban la desesperación de Aramis, que cultivaba las suyas con gran cantidad de pastas de almendras y de aceite perfumado; el sonido de su voz era penetrante y melodioso a la vez, y además, lo que había de indefinible en Athos, que se hacía siempre oscuro y pequeño, era esa ciencia delicada del mundo y de los usos de la más brillante sociedad, esos hábitos de buena casa que apuntaba como sin querer en sus menores acciones.
S′agissait-il d′un repas, Athos l′ordonnait mieux qu′aucun homme du monde, plaçant chaque convive à la place et au rang que lui avaient faits ses ancêtres ou qu′il s′était faits lui-même. S′agissait-il de science héraldique, Athos connaissait toutes les familles nobles du royaume, leur généalogie, leurs alliances, leurs armes et l′origine de leurs armes. L′étiquette n′avait pas de minuties qui lui fussent étrangères, il savait quels étaient les droits des grands propriétaires, il connaissait à fond la vénerie et la fauconnerie, et un jour il avait, en causant de ce grand art, étonné le roi Louis XIII lui-même, qui cependant y était passé maître. Si se trataba de una comida, Athos la ordenaba mejor que nadie en el mundo, colocando a cada invitado en el sitio y en el rango que le habían conseguido sus antepasados o que se había conseguido él mismo. Si se trataba de la ciencia heráldica, Athos conocía todas las familias nobles del reino, su genealogía, sus alianzas, sus armas y el origen de sus armas. La etiqueta no tenía minucias que le fuesen extrañas, sabía cuáles eran los derechos de los grandes propietarios, conocía a fondo la montería y la halconería y cierto día, hablando de ese gran arte, había asombrado al rey Luis XIII mismo, que, sin embargo, pasaba por maestro de la materia.
Comme tous les grands seigneurs de cette époque, il montait à cheval et faisait des armes dans la perfection. Il y a plus: son éducation avait été si peu négligée, même sous le rapport des études scolastiques, si rares à cette époque chez les gentilshommes, qu′il souriait aux bribes de latin que détachait Aramis, et qu′avait l′air de comprendre Porthos; deux ou trois fois même, au grand étonnement de ses amis, il lui était arrivé, lorsque Aramis laissait échapper quelque erreur de rudiment, de remettre un verbe à son temps et un nom à son cas. En outre, sa probité était inattaquable, dans ce siècle où les hommes de guerre transigeaient si facilement avec leur religion et leur conscience, les amants avec la délicatesse rigoureuse de nos jours, et les pauvres avec le septième commandement de Dieu. C′était donc un homme fort extraordinaire qu′Athos. Como todos los grandes señores de esa época, montaba a caballo y practicaba la esgrima a la perfección. Hay más: su educación había sido tan poco descuidada, incluso desde el punto de vista de los estudios escolásticos, tan raros en aquella época entre los gentileshombres, que sonreía a los fragmentos de latín que soltaba Aramis y que Porthos fingía comprender; dos o tres veces incluso, para gran asombro de sus amigos, le había ocurrido, cuando Aramis dejaba escapar algún error de rudimento, volver a poner un verbo en su tiempo o un nombre en su caso. Además, su probidad era inatacable en ese siglo en que los hombres de guerra transigían tan fácilmente con su religión o su conciencia, los amantes con la delicadeza rigurosa de nuestros días y los pobres con el séptimo mandamiento de Dios. Era, pues, Athos un hombre muy extraordinario.
Et cependant, on voyait cette nature si distinguée, cette créature si belle, cette essence si fine, tourner insensiblement vers la vie matérielle, comme les vieillards tournent vers l′imbécillité physique et morale. Athos, dans ses heures de privation, et ces heures étaient fréquentes, s′éteignait dans toute sa partie lumineuse, et son côté brillant disparaissait comme dans une profonde nuit. Y sin embargo, se veía a esta naturaleza tan distinguida, a esta criatura tan bella, a esta esencia tan fina, volverse insensiblemente hacia la vida material, como los viejos se vuelven hacia la imbecilidad física y moral. Athos, en sus horas de privación, y esas horas eran frecuentes, se apagaba en toda su parte luminosa, y su lado brillante desaparecía como en una profunda noche.
Alors, le demi-dieu évanoui, il restait à peine un homme. La tête basse, l′oeil terne, la parole lourde et pénible, Athos regardait pendant de longues heures soit sa bouteille et son verre, soit Grimaud, qui, habitué à lui obéir par signes, lisait dans le regard atone de son maître jusqu′à son moindre désir, qu′il satisfaisait aussitôt. La réunion des quatre amis avait-elle lieu dans un de ces moments-là, un mot, échappé avec un violent effort, était tout le contingent qu′Athos fournissait à la conversation. En échange, Athos à lui seul buvait comme quatre, et cela sans qu′il y parût autrement que par un froncement de sourcil plus indiqué et par une tristesse plus profonde. Entonces, desvanecido el semidiós, se convertía apenas en un hombre. Con la cabeza baja, los ojos sin brillo, la palabra pesada y penosa, Athos miraba durante largas horas bien su botella y su vaso, bien a Grimaud que, habituado a obedecerle por señas, leía en la mirada átona de su señor hasta el menor deseo, que satisfacía al punto. La reunión de los cuatro amigos había tenido lugar en uno de estos momentos: un palabra, escapada con un violento esfuerzo, era todo el contingente que Athos proporcionaba a la conversación. A cambio, Athos solo bebía por cuatro, y esto sin que se notase salvo por un fruncido del ceño más acusado y por una tristeza más profunda.
D′Artagnan, dont nous connaissons l′esprit investigateur et pénétrant, n′avait, quelque intérêt qu′il eût à satisfaire sa curiosité sur ce sujet, pu encore assigner aucune cause à ce marasme, ni en noter les occurrences. Jamais Athos ne recevait de lettres, jamais Athos ne faisait aucune démarche qui ne fût connue de tous ses amis. D′Artagnan, de quien conocemos el espíritu investigador y penetrante, por interés que tuviese en satisfacer su curiosidad sobre el tema, no había podido aún asignar ninguna causa a aquel marasmo, ni anotar las ocasiones. Jamás Athos recibía cartas, jamás Athos daba un paso que no fuera conocido por todos sus amigos.
On ne pouvait dire que ce fût le vin qui lui donnât cette tristesse, car au contraire il ne buvait que pour combattre cette tristesse, que ce remède, comme nous l′avons dit, rendait plus sombre encore. On ne pouvait attribuer cet excès d′humeur noire au jeu, car, au contraire de Porthos, qui accompagnait de ses chants ou de ses jurons toutes les variations de la chance, Athos, lorsqu′il avait gagné, demeurait aussi impassible que lorsqu′il avait perdu. On l′avait vu, au cercle des mousquetaires, gagner un soir trois mille pistoles, les perdre jusqu′au ceinturon brodé d′or des jours de gala; regagner tout cela, plus cent louis, sans que son beau sourcil noir eût haussé ou baissé d′une demi-ligne, sans que ses mains eussent perdu leur nuance nacrée, sans que sa conversation, qui était agréable ce soir-là, eût cessé d′être calme et agréable. No se podía decir que fuera el vino lo que le daba aquella tristeza, porque, al contrario, sólo bebía para olvidar esta tristeza, que este remedio, como hemos dicho, volvía más sombría aún. No se podía atribuir aquel exceso de humor negro al juego, porque al contrario de Porthos, quien acompañaba con sus cantos o con sus juramentos todas las variaciones de la suerte, Athos, cuando había ganado, permanecía tan impasible como cuando había perdido. Se le había visto, en el círculo de los mosqueteros, ganar una tarde tres mil pistolas y perder hasta el cinturón brocado de oro de los días de gala; volver a ganar todo esto adernás de cien luises más, sin que su hermosa ceja negra se hubiese levantado o bajado media línea, sin que sus manos perdiesen su matiz nacarado, sin que su conversación, que era agradable aquella tarde, cesase de ser tranquila y agradable.
Ce n′était pas non plus, comme chez nos voisins les Anglais, une influence atmosphérique qui assombrissait son visage, car cette tristesse devenait plus intense en général vers les beaux jours de l′année; juin et juillet étaient les mois terribles d′Athos. No era tampoco, como en nuestros vecinos los ingleses, una influencia atmosférica la que ensombrecía su rostro, porque esa tristeza se hacía más intensa por regla general en los días calurosos del año; junio y julio eran los meses terribles de Athos.
Pour le présent, il n′avait pas de chagrin, il haussait les épaules quand on lui parlait de l′avenir; son secret était donc dans le passé, comme on l′avait dit vaguement à d′Artagnan. Al presente no tenía penas, y se encogía de hombros cuando le hablaban del porvenir; su secreto estaba, pues, en el pasado, como le había dicho vagamente a D′Artagnan.
Cette teinte mystérieuse répandue sur toute sa personne rendait encore plus intéressant l′homme dont jamais les yeux ni la bouche, dans l′ivresse la plus complète, n′avaient rien révélé, quelle que fût l′adresse des questions dirigées contre lui. Aquel tinte misterioso esparcido por toda su persona volvía aún más interesante al hombre cuyos ojos y cuya boca, en la embriaguez más completa, jamás habían revelado nada, sea cual fuere la astucia de las preguntas dirigidas a él.
«Eh bien, pensait d′Artagnan, le pauvre Athos est peut-être mort à cette heure, et mort par ma faute, car c′est moi qui l′ai entraîné dans cette affaire, dont il ignorait l′origine, dont il ignorera le résultat et dont il ne devait tirer aucun profit. -¡Y bien! -pensaba D′Artagnan-. El pobre Athos está quizá muerto en este momento, y muerto por culpa mía, porque soy yo quien lo metió en este asunto, cuyo origen él ignoraba, y cuyo resultado ignorará y del que ningún provecho debía sacar.
— Sans compter, monsieur, répondait Planchet, que nous lui devons probablement la vie. Vous rappelez-vous comme il a crié: "Au large, d′Artagnan! je suis pris." Et après avoir déchargé ses deux pistolets, quel bruit terrible il faisait avec son épée! On eût dit vingt hommes, ou plutôt vingt diables enragés!» -Sin contar, señor -respondió Panchet-, que probablemente le debemos la vida. Acordaos cuando gritó: "¡Largaos, D′Artagnan! Me han cogido" Y después de haber descargado sus dos pistolas, ¡qué ruido terrible hacía con su espada! Se hubiera dicho que eran veinte hombres, o mejor, veinte diablos rabiosos.
Et ces mots redoublaient l′ardeur de d′Artagnan, qui excitait son cheval, lequel n′ayant pas besoin d′être excité emportait son cavalier au galop. Y estas palabras redoblaban el ardor de D′Artagnan, que aguijoneaba a su caballo, el cual sin necesidad de ser aguijoneado llevaba a su caballero al galope.
Vers onze heures du matin, on aperçut Amiens; à onze heures et demie, on était à la porte de l′auberge maudite. Hacia las once de la mañana divisaron Amiens; a las once y media estaban a la puerta del albergue maldito.
D′Artagnan avait souvent médité contre l′hôte perfide une de ces bonnes vengeances qui consolent, rien qu′en espérance. Il entra donc dans l′hôtellerie, le feutre sur les yeux, la main gauche sur le pommeau de l′épée et faisant siffler sa cravache de la main droite. D′Artagnan había meditado contra el hostelero pérfido en una de esas buenas venganzas que consuelan, aunque no sea más que a la esperanza. Entró, pues, en la hostería, con el sombrero sobre los ojos, la mano izquierda en el puño de la espada y haciendo silbar la fusta con la mano derecha.
«Me reconnaissez-vous? dit-il à l′hôte, qui s′avançait pour le saluer. -¿Me conocéis? -dijo al hostelero, que avanzaba para saludarle.
— Je n′ai pas cet honneur, Monseigneur, répondit celui-ci les yeux encore éblouis du brillant équipage avec lequel d′Artagnan se présentait. -No tengo ese honor, monseñor -respondió aquél con los ojos todavía deslumbrados por el brillante equipo con que D′Artagnan se presentaba.
— Ah! vous ne me connaissez pas! -¡Ah, conque no me conocéis!
— Non, Monseigneur. -No, monseñor.
— Eh bien, deux mots vont vous rendre la mémoire. Qu′avez-vous fait de ce gentilhomme à qui vous eûtes l′audace, voici quinze jours passés à peu près, d′intenter une accusation de fausse monnaie?» -Bueno, dos palabras os devolverán la memoria. ¿Qué habéis hecho del gentilhombre al que tuvisteis la audacia, hace quince días poco más o menos, de intentar acusarlo de moneda falsa?
L′hôte pâlit, car d′Artagnan avait pris l′attitude la plus menaçante, et Planchet se modelait sur son maître. El hostelero palideció, porque D′Artagnan había adoptado la actitud más amenazadora, y Panchet hacía lo mismo que su dueño.
«Ah! Monseigneur, ne m′en parlez pas, s′écria l′hôte de son ton de voix le plus larmoyant; ah! Seigneur, combien j′ai payé cette faute! Ah! malheureux que je suis! -¡Ah, monseñor, no me habléis de ello! -exclamó el hostelero con su tono de voz más lacrimoso-. Ah, señor, cómo he pagado esa falta. ¡Desgraciado de mí!
— Ce gentilhomme, vous dis-je, qu′est-il devenu? -Y el gentilhombre, os digo, ¿qué ha sido de él?
— Daignez m′écouter, Monseigneur, et soyez clément. Voyons, asseyez-vous, par grâce!» -Dignaos escucharme, monseñor, y sed clemente. Veamos, sentaos, por favor.
D′Artagnan, muet de colère et d′inquiétude, s′assit, menaçant comme un juge. Planchet s′adossa fièrement à son fauteuil. D′Artagnan, mudo de cólera y de inquietud, se sentó amenazador como un juez. Planchet se pegó orgullosamente a su butaca.
«Voici l′histoire, Monseigneur, reprit l′hôte tout tremblant, car je vous reconnais à cette heure; c′est vous qui êtes parti quand j′eus ce malheureux démêlé avec ce gentilhomme dont vous parlez. -Esta es la historia, Monseñor -prosiguió el hostelero todo tembloroso-, porque os he reconocido ahora: fuisteis vos el que partió cuando yo tuve aquella desgraciada pelea con ese gentilhombre de que vos habláis.
— Oui, c′est moi; ainsi vous voyez bien que vous n′avez pas de grâce à attendre si vous ne dites pas toute la vérité. -Sí, fui yo; así que, como veis, no tenéis gracias que esperar si no decís toda la verdad.
— Aussi veuillez m′écouter, et vous la saurez tout entière. -Hacedme el favor de escucharme y la sabréis toda entera.
— J′écoute. -Escucho.
— J′avais été prévenu par les autorités qu′un faux-monnayeur célèbre arriverait à mon auberge avec plusieurs de ses compagnons, tous déguisés sous le costume de gardes ou de mousquetaires. Vos chevaux, vos laquais, votre figure, Messeigneurs, tout m′avait été dépeint. -Yo había sido prevenido por las autoridades de que un falso monedero célebre llegaría a mi albergue con varios de sus compañeros, todos disfrazados con el traje de guardia o de mosqueteros. Vuestros caballos, vuestros lacayos, vuestra figura, señores, todo me lo habían pintado.
— Après, après? dit d′Artagnan, qui reconnut bien vite d′où venait le signalement si exactement donné. -¿Después, después? -dijo D′Artagnan, que reconoció en seguida de dónde procedían aquellas señas tan exactamente dadas.
— Je pris donc, d′après les ordres de l′autorité, qui m′envoya un renfort de six hommes, telles mesures que je crus urgentes afin de m′assurer de la personne des prétendus faux-monnayeurs. -Tomé entonces, según las órdenes de la autoridad que me envió un refuerzo de seis hombres, las medidas que creí urgentes a fin de detener a los presuntos monederos falsos.
— Encore! dit d′Artagnan, à qui ce mot de faux-monnayeur échauffait terriblement les oreilles. -¡Todavía! -dijo D′Artagnan a quien esta palabra de monedero falso calentaba terriblemente las orejas.
— Pardonnez-moi, Monseigneur, de dire de telles choses, mais elles sont justement mon excuse. L′autorité m′avait fait peur, et vous savez qu′un aubergiste doit ménager l′autorité. -Perdonadme, monseñor, por decir tales cosas, pero precisamente son mi excusa. La autoridad me había metido miedo, y vos sabéis que un alberguista debe tener cuidado con la autoridad.
— Mais encore une fois, ce gentilhomme, où est-il? qu′est-il devenu? Est-il mort? est-il vivant? -Pero una vez más, ese gentilhombre ¿dónde está? ¿Qué ha sido de él? ¿Está muerto? ¿Está vivo?
— Patience, Monseigneur, nous y voici. Il arriva donc ce que vous savez, et dont votre départ précipité, ajouta l′hôte avec une finesse qui n′échappa point à d′Artagnan, semblait autoriser l′issue. Ce gentilhomme votre ami se défendit en désespéré. Son valet, qui, par un malheur imprévu, avait cherché querelle aux gens de l′autorité, déguisés en garçons d′écurie… -Paciencia, monseñor, que ya llegamos. Sucedió, pues, lo que vos sabéis, y vuestra precipitada marcha -añadió el hostelero con una fineza que no escapó a D′Artagnan- parecía autorizar el desenlace. Ese gentilhombre amigo vuestro se defendió a la desesperada. Su criado, que por una desgracia imprevista había buscado pelea a los agentes de la autoridad, disfrazados de mozos de cuadra...
— Ah! misérable! s′écria d′Artagnan, vous étiez tous d′accord, et je ne sais à quoi tient que je ne vous extermine tous! -¡Ah, miserable! -exclamó D′Artagnan-. Estabais todos de acuerdo, y no sé cómo me contengo y no os mato a todos.
— Hélas! non, Monseigneur, nous n′étions pas tous d′accord, et vous l′allez bien voir. Monsieur votre ami (pardon de ne point l′appeler par le nom honorable qu′il porte sans doute, mais nous ignorons ce nom), monsieur votre ami, après avoir mis hors de combat deux hommes de ses deux coups de pistolet, battit en retraite en se défendant avec son épée dont il estropia encore un de mes hommes, et d′un coup du plat de laquelle il m′étourdit. -¡Ay! No, monseñor, no todos estábamos de acuerdo, y vais a verlo en seguida. El señor vuestro amigo (perdón por no llamarlo por el nombre honorable que sin duda lleva, pero nosotros ignoramos ese nombre), el señor vuestro amigo, después de haber puesto de combate a dos hombres de dos pistoletazos, se batió en retirada defendiéndose con su espada, con la que lisió incluso a uno de mis hombres, y con un cintarazo que me dejó aturdido.
— Mais, bourreau, finiras-tu? dit d′Artagnan. Athos, que devientAthos? -Pero, verdugo, ¿acabarás? -dijo D′Artagnan-. Athos, ¿qué ha sido de Athos?
— En battant en retraite, comme j′ai dit à Monseigneur, il trouva derrière lui l′escalier de la cave, et comme la porte était ouverte, il tira la clef à lui et se barricada en dedans. Comme on était sûr de le retrouver là, on le laissa libre. -Al batirse en retirada, como he dicho, señor, encontró tras él la escalera de la bodega, y como la puerta estaba abierta, sacó la llave y se encerró dentro. Como estaban seguros de encontrarlo allí, lo dejaron en paz.
— Oui, dit d′Artagnan, on ne tenait pas tout à fait à le tuer, on ne cherchait qu′à l′emprisonner. -Sí -dijo D′Artagnan-, no se trataba de matarlo, sólo querían hacerlo prisionero.
— Juste Dieu! à l′emprisonner, Monseigneur? il s′emprisonna bien lui-même, je vous le jure. D′abord il avait fait de rude besogne, un homme était tué sur le coup et deux autres étaient blessés grièvement. Le mort et les deux blessés furent emportés par leurs camarades, et jamais je n′ai plus entendu parler ni des uns, ni des autres. Moi-même, quand je repris mes sens, j′allai trouver M. le gouverneur, auquel je racontai tout ce qui s′était passé, et auquel je demandai ce que je devais faire du prisonnier. Mais M. le gouverneur eut l′air de tomber des nues; il me dit qu′il ignorait complètement ce que je voulais dire, que les ordres qui m′étaient parvenus n′émanaient pas de lui et que si j′avais le malheur de dire à qui que ce fût qu′il était pour quelque chose dans toute cette échauffourée, il me ferait pendre. Il paraît que je m′étais trompé, monsieur, que j′avais arrêté l′un pour l′autre, et que celui qu′on devait arrêter était sauvé. -¡Santo Dios! ¿Hacerlo prisionero, monseñor? El mismo se aprisionó, os lo juro. En primer lugar, había trabajado rudamente: un hombre estaba muerto de un golpe y otros dos heridos de gravedad. El muerto y los dos heridos fueron llevados por sus camaradas, y no he oído hablar nunca más de ellos, ni de unos ni de otros. Yo mismo, cuando recuperé el conocimiento, fui a buscar al señor gobernador, al que conté todo lo que había pasado, y al que pregunté qué debía hacer con el prisionero. Pero el señor gobernador fingió caer de las nubes; me dijo que ignoraba por completo a qué me refería, que las órdenes que habían llegado no procedían de él, y que si tenía la desgracia de decir a quienquiera que fuese que él estaba metido en toda aquella escaramuza, me haría prender. Parece que yo me había equivocado, señor, que había arrestado a uno por otro, y que al que debía arrestar estaba a salvo.
— Mais Athos? s′écria d′Artagnan, dont l′impatience se doublait de l′abandon où l′autorité laissait la chose; Athos, qu′est-il devenu? -Pero ¿Athos? -exclamó D′Artagnan, cuya impaciencia aumentaba por el abandono en que la autoridad dejaba el asunto-. ¿Qué ha sido de Athos?
— Comme j′avais hâte de réparer mes torts envers le prisonnier, reprit l′aubergiste, je m′acheminai vers la cave afin de lui rendre sa liberté. Ah! monsieur, ce n′était plus un homme, c′était un diable. À cette proposition de liberté, il déclara que c′était un piège qu′on lui tendait et qu′avant de sortir il entendait imposer ses conditions. Je lui dis bien humblement, car je ne me dissimulais pas la mauvaise position où je m′étais mis en portant la main sur un mousquetaire de Sa Majesté, je lui dis que j′étais prêt à me soumettre à ses conditions. -Como yo tenía prisa por reparar mis errores hacia el prisionero -prosiguió el alberguista-, me encaminé hacia la bodega a fin de devolverle la libertad. ¡Ay, señor, aquello no era un hombre, era un diablo! A la proposición de libertad, declaró que era una trampa que se le tendía y que antes de salir debía imponer sus condiciones. Le dije muy humildemente, porque ante sí mismo yo no disimulaba la mala situación en que me había colocado poniéndole la mano encima a un mosquetero de Su Majestad, le dije que yo estaba dispuesto a someterme a sus condiciones.
«— D′abord, dit-il, je veux qu′on me rende mon valet tout armé.» "En primer lugar -dijo-, quiero que se me devuelva a mi criado completamente armado."
«On s′empressa d′obéir à cet ordre; car vous comprenez bien, monsieur, que nous étions disposés à faire tout ce que voudrait votre ami. M. Grimaud (il a dit ce nom, celui-là, quoiqu′il ne parle pas beaucoup), M. Grimaud fut donc descendu à la cave, tout blessé qu′il était; alors, son maître l′ayant reçu, rebarricada la porte et nous ordonna de rester dans notre boutique. Nos dimos prisa por obedecer aquella orden porque, como comprenderá el señor, nosotros estábamos dispuesto a hacer todo lo que quisiera vuestro amigo. El señor Grimaud (él sí ha dicho su nombre, aunque no habla mucho), el señor Grimaud fue, pues, bajado a la bodega, herido como estaba; entonces su amo, tras haberlo recibido, volvió a atrancar la puerta y nos ordenó quedarnos en nuestra tienda.
— Mais enfin, s′écria d′Artagnan, où est-il? où est Athos? -Pero ¿dónde está? -exclamó D′Artagnan-. ¿Dónde está Athos?
— Dans la cave, monsieur. -En la bodega, señor.
— Comment, malheureux, vous le retenez dans la cave depuis ce temps-là? -¿Cómo desgraciado, lo retenéis en la bodega desde entonces?
— Bonté divine! Non, monsieur. Nous, le retenir dans la cave! vous ne savez donc pas ce qu′il y fait, dans la cave! Ah! si vous pouviez l′en faire sortir, monsieur, je vous en serais reconnaissant toute ma vie, vous adorerais comme mon patron. -¡Bondad divina! No señor. ¡Nosotros retenerlo en la bodega! ¡No sabéis lo que está haciendo en la bodega! ¡Ay si pudieseis hacerlo salir, señor, os quedaría agradecido toda mi vida, os adoraría como a un amo!
— Alors il est là, je le retrouverai là? -Entonces, ¿está allí, allí lo encontraré?
— Sans doute, monsieur, il s′est obstiné à y rester. Tous les jours, on lui passe par le soupirail du pain au bout d′une fourche, et de la viande quand il en demande; mais, hélas! ce n′est pas de pain et de viande qu′il fait la plus grande consommation. Une fois, j′ai essayé de descendre avec deux de mes garçons, mais il est entré dans une terrible fureur. J′ai entendu le bruit de ses pistolets qu′il armait et de son mousqueton qu′armait son domestique. Puis, comme nous leur demandions quelles étaient leurs intentions, le maître a répondu qu′ils avaient quarante coups à tirer lui et son laquais, et qu′ils les tireraient jusqu′au dernier plutôt que de permettre qu′un seul de nous mît le pied dans la cave. Alors, monsieur, j′ai été me plaindre au gouverneur, lequel m′a répondu que je n′avais que ce que je méritais, et que cela m′apprendrait à insulter les honorables seigneurs qui prenaient gîte chez moi. -Sin duda, señor, se ha obstinado en quedarse. Todos los días se le pasa por el tragaluz pan en la punta de un horcón y carne cuando la pide, pero ¡ay!, no es de pan y de carne de lo que hace el mayor consumo. Una vez he tratado de bajar con dos de mis mozos, pero se ha encolerizado de forma terrible. He oído el ruido de sus pistolas, que cargaba, y de su mosquetón, que cargaba su criado. Luego, cuando le hemos preguntado cuáles eran sus intenciones, el amo ha respondido que tenía cuarenta disparos para disparar él y su criado, y que dispararían hasta el último antes de permitir que uno solo de nosotros pusiera el pie en la bodega. Entonces, señor, yo fui a quejarme al gobernador, el cual me respondió que no tenía sino lo que me merecía, y que esto me enseñaría a no insultar a los honorables señores que tomaban albergue en mi casa.
— De sorte que, depuis ce temps?… reprit d′Artagnan ne pouvant s′empêcher de rire de la figure piteuse de son hôte. -¿De suerte que desde entonces?... -prosiguió D′Artagnan no pudiendo impedirse reír de la cara lamentable de su hostelero.
— De sorte que, depuis ce temps, monsieur, continua celui-ci, nous menons la vie la plus triste qui se puisse voir; car, monsieur, il faut que vous sachiez que toutes nos provisions sont dans la cave; il y a notre vin en bouteilles et notre vin en pièce, la bière, l′huile et les épices, le lard et les saucissons; et comme il nous est défendu d′y descendre, nous sommes forcés de refuser le boire et le manger aux voyageurs qui nous arrivent, de sorte que tous les jours notre hôtellerie se perd. Encore une semaine avec votre ami dans ma cave, et nous sommes ruinés. -De suerte que desde entonces, señor -continuó éste-, llevamos la vida más triste que se pueda ver; porque, señor, es preciso que sepáis que nuestras provisiones están en la bodega; allí está nuestro vino embotellado y nuestro vino en cubas, la cerveza, el aceite y las especias, el tocino y las salchichas; y como nos han prohibido bajar, nos hemos visto obligados a negar comida y bebida a los viajeros que nos llegan, de suerte que todos los días nuestra hostería se pierde. Una semana más con vuestro amigo en la bodega y estaremos arruinados.
— Et ce sera justice, drôle. Ne voyait-on pas bien, à notre mine, que nous étions gens de qualité et non faussaires, dites? -Y sería de justicia, bribón. ¿No se ve en nuestra cara que éramos gente de calidad y no falsarios, decid?
— Oui, monsieur, oui, vous avez raison, dit l′hôte. Mais tenez, tenez, le voilà qui s′emporte. -Sí, señor, sí, tenéis razón -dijo el hostelero-, pero mirad, mirad cómo se cobra.
— Sans doute qu′on l′aura troublé, dit d′Artagnan. -Sin duda lo habrán molestado -dijo D′Artagnan.
— Mais il faut bien qu′on le trouble, s′écria l′hôte; il vient de nous arriver deux gentilshommes anglais. -Pero tenemos que molestarlo -exclamó el hostelero-; acaban de llegarnos dos gentileshombres ingleses.
— Eh bien? -¿Y?
— Eh bien, les Anglais aiment le bon vin, comme vous savez, monsieur; ceux-ci ont demandé du meilleur. Ma femme alors aura sollicité de M. Athos la permission d′entrer pour satisfaire ces messieurs; et il aura refusé comme de coutume. Ah! bonté divine! voilà le sabbat qui redouble!» -Pues que los ingleses gustan del buen vino, como vos sabéis, señor, y han pedido del mejor. Mi mujer habrá solicitado al señor Athos permiso para entrar y satisfacer a estos señores; y como de costumbre él se habrá negado. ¡Ay, bondad divina! ¡Ya tenemos otra vez escandalera!
D′Artagnan, en effet, entendit mener un grand bruit du côté de la cave; il se leva et, précédé de l′hôte qui se tordait les mains, et suivi de Planchet qui tenait son mousqueton tout armé, il s′approcha du lieu de la scène. En efecto, D′Artagnan oyó un gran ruido venir del lado de la bodega; se levantó, precedido por el hostelero, que se retorcía las manos, y seguido de anchet, que llevaba su mosquetón cargado, se acercó al lugar de la escena.
Les deux gentilshommes étaient exaspérés, ils avaient fait une longue course et mouraient de faim et de soif. Los dos gentileshombres estaban exasperados, habían hecho un largo viaje y se morían de hambre y de sed.
«Mais c′est une tyrannie, s′écriaient-ils en très bon français, quoique avec un accent étranger, que ce maître fou ne veuille pas laisser à ces bonnes gens l′usage de leur vin. Ça, nous allons enfoncer la porte, et s′il est trop enragé, eh bien! nous le tuerons. -Pero esto es una tiranía -exclamaban ellos en muy buen francés, aunque con acento extranjero-, que ese loco no quiera dejar a estas buenas gentes usar su vino. Vamos a hundir la puerta y, si está demasiado colérico, pues lo matamos.
— Tout beau, messieurs! dit d′Artagnan en tirant ses pistolets de sa ceinture; vous ne tuerez personne, s′il vous plaît. -¡Mucho cuidado, señores! -dijo D′Artagnan sacando sus pistolas de su cintura-. Si os place, no mataréis a nadie.
— Bon, bon, disait derrière la porte la voix calme d′Athos, qu′on les laisse un peu entrer, ces mangeurs de petits enfants, et nous allons voir.» -Bueno, bueno -decía detrás de la puerta la voz tranquila de Athos-, que los dejen entrar un poco a esos traganiños, y ya veremos.
Tout braves qu′ils paraissaient être, les deux gentilshommes anglais se regardèrent en hésitant; on eût dit qu′il y avait dans cette cave un de ces ogres faméliques, gigantesques héros des légendes populaires, et dont nul ne force impunément la caverne. Por muy valientes que parecían ser, los dos gentileshombres se miraron dudando; se hubiera dicho que había en aquella bodega uno de esos ogros famélicos, gigantescos héroes de las leyendas populares, cuya caverna nadie fuerza impunemente.
Il y eut un moment de silence; mais enfin les deux Anglais eurent honte de reculer, et le plus hargneux des deux descendit les cinq ou six marches dont se composait l′escalier et donna dans la porte un coup de pied à fendre une muraille. Hubo un momento de silencio, pero al fin los dos ingleses sintieron vergüenza de volverse atrás y el más osado de ellos descendió los cinco o seis peldaños de que estaba formada la escalera y dio a la puerta una patada como para hundir el muro.
«Planchet, dit d′Artagnan en armant ses pistolets, je me charge de celui qui est en haut, charge-toi de celui qui est en bas. Ah! messieurs! vous voulez de la bataille! eh bien! on va vous en donner! -Planchet -dijo D′Artagnan cargando sus pistolas-, yo me encargo del que está arriba, encárgate tú del que está abajo. ¡Ah, señores, queréis batalla! Pues bien, vamos a dárosla.
— Mon Dieu, s′écria la voix creuse d′Athos, j′entends d′Artagnan, ce me semble. -¡Dios mío! -exclamó la voz hueca de Athos-. Oigo a D′Artagnan, según me parece.
— En effet, dit d′Artagnan en haussant la voix à son tour, c′est moi-même, mon ami. -En efecto -dijo D′Artagnan alzando la voz a su vez-, soy yo, amigo mío.
— Ah! bon! alors, dit Athos, nous allons les travailler, ces enfonceurs de portes.» -¡Ah, bueno! Entonces -dijo Athos-, vamos a trabajar a esos derribapuertas.
Les gentilshommes avaient mis l′épée à la main, mais ils se trouvaient pris entre deux feux; ils hésitèrent un instant encore; mais, comme la première fois, l′orgueil l′emporta, et un second coup de pied fit craquer la porte dans toute sa hauteur. Los gentileshombres habían puesto la espada en la mano, pero se encontraban cogidos entre dos fuegos; dudaron un instante todavía; pero, como en la primera ocasión, venció el orgullo y una segunda patada hizo tambalearse la puerta en toda su altura.
«Range-toi, d′Artagnan, range-toi, cria Athos, range-toi, je vais tirer. -Apártate, D′Artagnan, apártate -gritó Athos-, apártate, voy a disparar.
— Messieurs, dit d′Artagnan, que la réflexion n′abandonnait jamais, messieurs, songez-y! De la patience, Athos. Vous vous engagez là dans une mauvaise affaire, et vous allez être criblés. Voici mon valet et moi qui vous lâcherons trois coups de feu, autant vous arriveront de la cave; puis nous aurons encore nos épées, dont, je vous assure, mon ami et moi nous jouons passablement. Laissez-moi faire vos affaires et les miennes. Tout à l′heure vous aurez à boire, je vous en donne ma parole. -Señores -dijo D′Artagnan, a quien la reflexión no abandonaba nunca-, señores, pensadlo. Paciencia, Athos. Os vais a meter en un mal asunto y vais a ser acribillados. Aquí, mi criado y yo que os soltaremos tres disparos; y otros tantos os llegarán de la bodega; además, todavía tenemos nuestras espadas, que mi amigo y yo, os lo aseguro, manejamos pasablemente. Dejadme que me ocupe de mis asuntos y hs vuestros. Dentro de poco tendréis de beber, os doy mi palabra.
— S′il en reste», grogna la voix railleuse d′Athos. -Si es que queda -gruñó la voz burlona de Athos.
L′hôtelier sentit une sueur froide couler le long de son échine. El hostelero sintió un sudor frío correr a lo largo de su espina.
«Comment, s′il en reste! murmura-t-il. -¿Cómo que si queda? -murmuró.
— Que diable! il en restera, reprit d′Artagnan; soyez donc tranquille, à eux deux ils n′auront pas bu toute la cave. Messieurs, remettez vos épées au fourreau. -¡Qué diablos! Quedara -prosguió D′Artagnan-, estad tránquilo, entre dos no se habrán bebido toda la bodega. Señores, devolved vuestras espadas a sus vainas.
— Eh bien, vous, remettez vos pistolets à votre ceinture. -Bien. Y vos volved a poner vuestras pistolas en vuestro cinto.
— Volontiers.» -De buen grado.
Et d′Artagnan donna l′exemple. Puis, se retournant vers Planchet, il lui fit signe de désarmer son mousqueton. Y D′Artagnan dio ejemplo. Luego, volviéndose hacia Planchet, le hizo señal de desarmar su mosquetón.
Les Anglais, convaincus, remirent en grommelant leurs épées au fourreau. On leur raconta l′histoire de l′emprisonnement d′Athos. Et comme ils étaient bons gentilshommes, ils donnèrent tort à l′hôtelier. Los ingleses, convencidos, devolvieron gruñendo sus espadas a la vaina. Se les contó la historia del apasionamiento de Athos. Y como eran buenos gentileshombres, le quitaron la razón al hostelero.
«Maintenant, messieurs, dit d′Artagnan, remontez chez vous, et, dans dix minutes, je vous réponds qu′on vous y portera tout ce que vous pourrez désirer.» -Ahora, señores -dijo D′Artagnan-, volved a vuestras habitaciones, y dentro de diez minutos os prometo que os llevarán cuanto podáis desear.
Les Anglais saluèrent et sortirent. Los ingleses saludaron y salieron.
«Maintenant que je suis seul, mon cher Athos, dit d′Artagnan, ouvrez-moi la porte, je vous en prie. -Ahora estoy solo, mi querido Athos -dijo D′Artagnan-, abridme la puerta, por favor.
— À l′instant même», dit Athos. -Ahora mismo -dijo Athos.
Alors on entendit un grand bruit de fagots entrechoqués et de poutres gémissantes: c′étaient les contrescarpes et les bastions d′Athos, que l′assiégé démolissait lui-même. Entonces se oyó un gran ruido de haces entrechocando y de vigas gimiendo: eran las contraescarpas y los bastiones de Athos que el sitiado demolía por sí mismo.
Un instant après, la porte s′ébranla, et l′on vit paraître la tête pâle d′Athos qui, d′un coup d′oeil rapide, explorait les environs. Un instante después, la puerta se tambaleó y se vio aparecer la cabeza pálida de Athos, quien con una ojeada rápida exploró los alrededores.
D′Artagnan se jeta à son cou et l′embrassa tendrement puis il voulut l′entraîner hors de ce séjour humide, alors il s′aperçut qu′Athos chancelait. D′Artagnan se lanzó a su cuello y lo abrazó con ternura; luego quiso llevárselo fuera de aquel lugar húmedo; entonces se dio cuenta de que Athos vacilaba.
«Vous êtes blessé? lui dit-il. -¿Estáis herido? -le dijo.
— Moi! pas le moins du monde; je suis ivre mort, voilà tout, et jamais homme n′a mieux fait ce qu′il fallait pour cela. Vive Dieu! mon hôte, il faut que j′en aie bu au moins pour ma part cent cinquante bouteilles. -¡Yo, nada de eso! Estoy totalmente borracho eso es todo, y jamás hombre alguno ha tenido tanto como se necesitaba para ello. ¡Vive Dios! Hostelero, me parece que por lo menos yo solo me he bebido ciento cincuenta botellas.
— Miséricorde! s′écria l′hôte, si le valet en a bu la moitié du maître seulement, je suis ruiné. -¡Misericordia! -exclamó el hostelero-. Si el criado ha bebido la mitad sólo del amo, estoy arruinado.
— Grimaud est un laquais de bonne maison, qui ne se serait pas permis le même ordinaire que moi; il a bu à la pièce seulement; tenez, je crois qu′il a oublié de remettre le fosset. Entendez- vous? cela coule.» -Grimaud es un lacayo de buena casa, que no se habría permitido lo mismo que yo; él ha bebido de la tuba; vaya, creo que se ha olvidado de goner la espita. ¿Oís? Está corriendo.
D′Artagnan partit d′un éclat de rire qui changea le frisson de l′hôte en fièvre chaude. D′Artagnan estalló en una carcajada que cambió el temblor del hostelero en fiebre ardiente.
En même temps, Grimaud parut à son tour derrière son maître, le mousqueton sur l′épaule, la tête tremblante, comme ces satyres ivres des tableaux de Rubens. Il était arrosé par-devant et par- derrière d′une liqueur grasse que l′hôte reconnut pour être sa meilleure huile d′olive. Al mismo tiempo Grimaud apareció detrás de su amo, con el mosquetón al hombro la cabeza temblando como esos sátiros ebrios de los cuadros de Rubens. Estaba rociado por delante y por detrás de un licor pringoso que el hostelero reconoció en seguida por su mejor aceite de oliva.
Le cortège traversa la grande salle et alla s′installer dans la meilleure chambre de l′auberge, que d′Artagnan occupa d′autorité. El cortejo atravesó el salón y fue a instalarse en la mejor habitación del albergue, que D′Artagnan ocupó de manera imperativa.
Pendant ce temps, l′hôte et sa femme se précipitèrent avec des lampes dans la cave, qui leur avait été si longtemps interdite et où un affreux spectacle les attendait. Mientras tanto, el hostelero y su mujer se precipitaron con lámparas en la bodega, que les había sido prohibida durante tanto tiempo y donde un horroroso espectáculo los esperaba.
Au-delà des fortifications auxquelles Athos avait fait brèche pour sortir et qui se composaient de fagots, de planches et de futailles vides entassées selon toutes les règles de l′art stratégique, on voyait çà et là, nageant dans les mares d′huile et de vin, les ossements de tous les jambons mangés, tandis qu′un amas de bouteilles cassées jonchait tout l′angle gauche de la cave et qu′un tonneau, dont le robinet était resté ouvert, perdait par cette ouverture les dernières gouttes de son sang. L′image de la dévastation et de la mort, comme dit le poète de l′Antiquité, régnait là comme sur un champ de bataille. Más allá de las fortificaciones en las que Athos había hecho brecha para salir y que componían haces, tablones y toneles vacíos amontonados según todas las reglas del arte estratégico, se veían aquí y allá, nadando en mares de aceite y de vino, las osamentas de todos los jamones comidos, mientras que un montón de botellas rotas tapizaba todo el ángulo izquierdo de la bodega, y un tonel, cuya espita había quedado abierta, perdía por aquella abertura las últimas gotas de su sangre. La imagen de la devastación y de la muerte, como dice el poeta de la antigüedad, reinaba allí como en un campo de batalla.
Sur cinquante saucissons, pendus aux solives, dix restaient à peine. De las cincuenta salchichas, apenas diez quedaban colgadas de las vigas.
Alors les hurlements de l′hôte et de l′hôtesse percèrent la voûte de la cave, d′Artagnan lui-même en fut ému. Athos ne tourna pas même la tête. Entonces los aullidos del hostelero y de la hostelera taladraron la bóveda de la bodega; hasta el mismo D′Artagnan quedó conmovido. Athos ni siquiera volvió la cabeza.
Mais à la douleur succéda la rage. L′hôte s′arma d′une broche et, dans son désespoir, s′élança dans la chambre où les deux amis s′étaient retirés. Pero al dolor sucedió la rabia. El hostelero se armó de una rama y, en su desesperación, se lanzó a la habitación donde los dos amigos se habían retirado.
«Du vin! dit Athos en apercevant l′hôte. -¡Vino! -dijo Athos al ver al hostelero.
— Du vin! s′écria l′hôte stupéfait, du vin! mais vous m′en avez bu pour plus de cent pistoles; mais je suis un homme ruiné, perdu, anéanti! -¿Vino? -exclamó el hostelero estupefacto-. ¿Vino? Os habéis bebido por valor de más de cien pistolas; soy un hombre arruinado, perdido aniquilado.
— Bah! dit Athos, nous sommes constamment restés sur notre soif. -¡Bah! -dijo Athos-. Nosotros seguimos con sed.
— Si vous vous étiez contentés de boire, encore; mais vous avez cassé toutes les bouteilles. -Si os hubierais contentado con beber, todavía; pero habéis roto todas las botellas.
— Vous m′avez poussé sur un tas qui a dégringolé. C′est votre faute. -Me habéis empujado sobre un montón que se ha venido abajo. Vuestra es la culpa.
— Toute mon huile est perdue! - Todo mi aceite perdido!
— L′huile est un baume souverain pour les blessures, et il fallait bien que ce pauvre Grimaud pansât celles que vous lui avez faites. -Él aceite es un bálsamo soberano para las heridas, y era preciso que el pobre Grimaud se curase las que vos le habéis hecho.
— Tous mes saucissons rongés! -¡Todos mis salchichones roídos!
— Il y a énormément de rats dans cette cave. -Hay muchas ratas en esa bodega.
— Vous allez me payer tout cela, cria l′hôte exaspéré. -Vais a pagarme todo eso -exclamó el hostelero exasperado.
— Triple drôle!» dit Athos en se soulevant. Mais il retomba aussitôt; il venait de donner la mesure de ses forces. D′Artagnan vint à son secours en levant sa cravache. -¡Triple bribón! -dijo Athos levantándose. Pero volvió a caer en seguida; acababa de dar la medida de sus fuerzas. D′Artagnan vino en su ayuda alzando su fusta.
L′hôte recula d′un pas et se mit à fondre en larmes. El hostelero retrocedió un paso y se puso a llorar a mares.
«Cela vous apprendra, dit d′Artagnan, à traiter d′une façon plus courtoise les hôtes que Dieu vous envoie. -Esto os enseñará -dijo D′Artagnan- a tratar de una forma más cortés a los huéspedes que Dios os envía...
— Dieu…, dites le diable! -¿Dios? ¡Mejor diréis el diablo!
— Mon cher ami, dit d′Artagnan, si vous nous rompez encore les oreilles, nous allons nous renfermer tous les quatre dans votre cave, et nous verrons si véritablement le dégât est aussi grand que vous le dites. -Mi querido amigo -dijo D′Artagnan-, si seguís dándonos la murga, vamos a encerrarnos los cuatro en vuestra bodega a ver si el estropicio ha sido tan grande como decís.
— Eh bien, oui, messieurs, dit l′hôte, j′ai tort, je l′avoue; mais à tout péché miséricorde; vous êtes des seigneurs et je suis un pauvre aubergiste, vous aurez pitié de moi. -Bueno, señores -dijo el hostelero-, me he equivocado, lo confieso, pero todo pecado tiene su misericordia; vosotros sois señores, y yo soy un pobre alberguista, tened piedad de mí.
— Ah! si tu parles comme cela, dit Athos, tu vas me fendre le coeur, et les larmes vont couler de mes yeux comme le vin coulait de tes futailles. On n′est pas si diable qu′on en a l′air. Voyons, viens ici et causons.» -Ah, si hablas así -dijo Athos-, vas a ablandarme el corazón, y las lágrimas van a correr de mis ojos como el vino corría de tus toneles. No era tan malo el diablo como lo pintan. Veamos, ven aquí y hablaremos.
L′hôte s′approcha avec inquiétude. El hostelero se acercó con inquietud.
«Viens, te dis-je, et n′aie pas peur, continua Athos. Au moment où j′allais te payer, j′avais posé ma bourse sur la table. -Ven, lo digo, y no tengas miedo -continuó Athos-. En el momento que iba a pagarte, puse mi bolsa sobre la mesa.
— Oui, Monseigneur. -Sí, monseñor.
— Cette bourse contenait soixante pistoles, où est-elle? -Aquella bolsa contenía sesenta pistolas, ¿dónde está?
— Déposée au greffe, Monseigneur: on avait dit que c′était de la fausse monnaie. -Depositada en la escribanía, monseñor; habían dicho que era moneda falsa.
— Eh bien, fais-toi rendre ma bourse, et garde les soixante pistoles. -Pues bien, haz que te devuelvan mi bolsa, y quédate con las sesenta pistolas.
— Mais Monseigneur sait bien que le greffe ne lâche pas ce qu′il tient. Si c′était de la fausse monnaie, il y aurait encore de l′espoir; mais malheureusement ce sont de bonnes pièces. -Pero monseñor sabe bien que el escribano no suelta lo que coge. Si era moneda falsa todavía quedaría la esperanza; pero desgraciadamente son piezas buenas.
— Arrange-toi avec lui, mon brave homme, cela ne me regarde pas, d′autant plus qu′il ne me reste pas une livre. -Arréglatelas, mi buen hombre, eso no me afecta, tanto más cuanto que no me queda una libra.
— Voyons, dit d′Artagnan, l′ancien cheval d′Athos, où est-il? -Veamos -dijo D′Artagnan-, el viejo caballo de Athos, ¿dónde está?
— À l′écurie. -En la cuadra.
— Combien vaut-il? - Cuánto vale?
— Cinquante pistoles tout au plus. -Cincuenta pistolas a lo sumo.
— Il en vaut quatre-vingts; prends-le, et que tout soit dit. -Vale ochenta; quédatelo, y no hay más que hablar.
— Comment! tu vends mon cheval, dit Athos, tu vends mon Bajazet? et sur quoi ferai-je la campagne? sur Grimaud? -¡Cómo! ¿Tú vendes mi caballo? -dijo Athos-. ¿Tú vendes mi Bayaceto? Y ¿en qué haré la guerra? ¿Encima de Grimaud?
— Je t′en amène un autre, dit d′Artagnan. -Te he traído otro -dijo D′Artagnan.
— Un autre? -¿Otro?
— Et magnifique! s′écria l′hôte. -¡Y magnífico! -exclamó el hostelero.
— Alors, s′il y en a un autre plus beau et plus jeune, prends le vieux, et à boire! -Entonces, si hay otro más hermoso y más joven, quédate con el viejo y a beber.
— Duquel? demanda l′hôte tout à fait rasséréné. -¿De qué? -preguntó el hostelero completamente sosegado.
— De celui qui est au fond, près des lattes; il en reste encore vingt-cinq bouteilles, toutes les autres ont été cassées dans ma chute. Montez-en six. -De lo que hay al fondo, junto a las traviesas; todavía quedan veinticinco botellas; todas las demás se rompieron con mi caída. Sube seis.
— Mais c′est un foudre que cet homme! dit l′hôte à part lui; s′il reste seulement quinze jours ici, et qu′il paie ce qu′il boira, je rétablirai mes affaires. -¡Este hombre es una cuba! -dijo el hostelero para sí mismo-. Si se queda aquí quince días y paga lo que bebe, sacará a flote nuestros asuntos.
— Et n′oublie pas, continua d′Artagnan, de monter quatre bouteilles du pareil aux deux seigneurs anglais. -Y no olvides -continuó D′Artagnan- de subir cuatro botellas semejantes para los dos señores ingleses.
— Maintenant, dit Athos, en attendant qu′on nous apporte du vin, conte-moi, d′Artagnan, ce que sont devenus les autres; voyons.» -Ahora -dijo Athos-, mientras esperamos a que nos traigan el vino, cuéntame, D′Artagnan, qué ha sido de los otros; veamos.
D′Artagnan lui raconta comment il avait trouvé Porthos dans son lit avec une foulure, et Aramis à une table entre les deux théologiens. Comme il achevait, l′hôte rentra avec les bouteilles demandées et un jambon qui, heureusement pour lui, était resté hors de la cave. D′Artagnan le contó cómo había encontrado a Porthos en su lecho con un esguince y a Aramis en su mesa con dos teólogos. Cuando acababa, el hostelero volvió con las botellas pedidas y un jamón que, afortunadamente para él, había quedado fuera de la bodega.
«C′est bien, dit Athos en remplissant son verre et celui de d′Artagnan, voilà pour Porthos et pour Aramis; mais vous, mon ami, qu′avez-vous et que vous est-il arrivé personnellement? Je vous trouve un air sinistre. -Está bien -dijo Athos llenando su vaso y el de D′Artagnan por lo que se refiere a Porthos y Aramis; pero vos, amigo mío, ¿qué habéis hecho y qué os ha ocurrido a vos? Encuentro que tenéis un aire siniestro.
— Hélas! dit d′Artagnan, c′est que je suis le plus malheureux de nous tous, moi! -¡Ay! -dijo D′Artagnan-. Es que soy el más desgraciado de todos nosotros.
— Toi malheureux, d′Artagnan! dit Athos. Voyons, comment es-tu malheureux? Dis-moi cela. -¡Tú desgraciado, D′Artagnan! -dijo Athos-. Veamos, ¿cómo eres desgraciado? Dime eso.
— Plus tard, dit d′Artagnan. -Más tarde -dijo D′Artagnan.
— Plus tard! et pourquoi plus tard? parce que tu crois que je suis ivre, d′Artagnan? Retiens bien ceci: je n′ai jamais les idées plus nettes que dans le vin. Parle donc, je suis tout oreilles.» -¡Más tarde! Y ¿por qué más tarde? ¿Porque crees que estoy borracho, D′Artagnan? Acuérdate siempre de esto: nunca tengo las ideas más claras que con el vino. Habla, pues, soy todo oídos.
D′Artagnan raconta son aventure avec Mme Bonacieux. D′Artagnan contó su aventura con la señora Bonacieux.
Athos l′écouta sans sourciller; puis, lorsqu′il eut fini: Athos escuchó sin pestañear; luego, cuando hubo acabado:
«Misères que tout cela, dit Athos, misères!» -Miserias todo eso -dijo Athos-, miserias.
C′était le mot d′Athos. Era la expresión de Athos.
«Vous dites toujours misères! mon cher Athos, dit d′Artagnan; cela vous sied bien mal, à vous qui n′avez jamais aimé.» -¡Siempre decís miserias, mi querido Athos! -dijo D′Artagnan-. Eso os sienta muy mal a vos, que nunca habéis amado.
L′oeil mort d′Athos s′enflamma soudain, mais ce ne fut qu′un éclair, il redevint terne et vague comme auparavant. El ojo muerto de Athos se inflamó de pronto, pero no fue más que un destello; en seguida se volvió apagado y vacío como antes.
«C′est vrai, dit-il tranquillement, je n′ai jamais aimé, moi. -Es cierto -dijo tranquilamente-, nunca he amado.
— Vous voyez bien alors, coeur de pierre, dit d′Artagnan, que vous avez tort d′être dur pour nous autres coeurs tendres. -¿Veis, corazón de piedra -dijo D′Artagnan-, que os equivocáis siendo duro con nuestros corazones tiernos?
— Coeurs tendres, coeurs percés, dit Athos. -Corazones tiernos, corazones rotos -dijo Athos.
— Que dites-vous? -¿Qué decís?
— Je dis que l′amour est une loterie où celui qui gagne, gagne la mort! Vous êtes bien heureux d′avoir perdu, croyez-moi, mon cher d′Artagnan. Et si j′ai un conseil à vous donner, c′est de perdre toujours. -Digo que el amor es una lotería en la que el que gana, gana la muerte. Sois muy afortunado por haber perdido, creedme, mi querido D′Artagnan. Y si tengo algún consejo que daros, es perder siempre.
— Elle avait l′air de si bien m′aimer! -Ella parecía amarme mucho.
— Elle en avait l′air. -Ella parecía.
— Oh! elle m′aimait. -¡Oh, me amaba!
— Enfant! il n′y a pas un homme qui n′ait cru comme vous que sa maîtresse l′aimait, et il n′y a pas un homme qui n′ait été trompé par sa maîtresse. -¡Infantil! No hay un hombre que no haya creído como vos que su amante lo amaba y no hay ningún hombre que no haya sido engañado por su amante.
— Excepté vous, Athos, qui n′en avez jamais eu. -Excepto vos, Athos, que nunca la habéis tenido.
— C′est vrai, dit Athos après un moment de silence, je n′en ai jamais eu, moi. Buvons! -Es cierto -dijo Athos tras un momento de silencio-, yo nunca la he tenido. ¡Bebamos!
— Mais alors, philosophe que vous êtes, dit d′Artagnan, instruisez-moi, soutenez-moi; j′ai besoin de savoir et d′être consolé. -Pero ya que estáis filósofo -dijo D′Artagnan-, instruidme, ayudadme; necesito saber y ser consolado.
— Consolé de quoi? -Consolado ¿de qué?
— De mon malheur. -De mi desgracia.
— Votre malheur fait rire, dit Athos en haussant les épaules; je serais curieux de savoir ce que vous diriez si je vous racontais une histoire d′amour. -Vuestra desgracia da risa -dijo Athos encogiéndose de hombros-; me gustaría saber lo que diríais si yo os contase una historia de amor.
— Arrivée à vous? -¿Sucedida a vos?
— Ou à un de mes amis, qu′importe! -O a uno de mis amigos, qué importa.
— Dites, Athos, dites. -Hablad, Athos, hablad.
— Buvons, nous ferons mieux. -Bebamos, haremos mejor.
— Buvez et racontez. -Bebed y contad.
— Au fait, cela se peut, dit Athos en vidant et remplissant son verre, les deux choses vont à merveille ensemble. -Cierto que es posible -dijo Athos vaciando y volviendo a llenar su vaso-, las dos cosas van juntas de maravilla.
— J′écoute», dit d′Artagnan. -Escucho -dijo D′Artagnan.
Athos se recueillit, et, à mesure qu′il se recueillait, d′Artagnan le voyait pâlir; il en était à cette période de l′ivresse où les buveurs vulgaires tombent et dorment. Lui, il rêvait tout haut sans dormir. Ce somnambulisme de l′ivresse avait quelque chose d′effrayant. Athos se recogió y, a medida que se recogía, D′Artagnan lo veía palidecer; estaba en ese período de la embriaguez en que los bebedores vulgares caen y duermen. El, él soñaba en voz alta sin dormir. Aquel sonambulismo de la bonachera tenía algo de espantoso.
«Vous le voulez absolument? demanda-t-il. -¿Lo queréis? -preguntó.
— Je vous en prie, dit d′Artagnan. -Os lo ruego -dijo D′Artagnan.
— Qu′il soit fait donc comme vous le désirez. Un de mes amis, un de mes amis, entendez-vous bien! pas moi, dit Athos en s′interrompant avec un sourire sombre; un des comtes de ma province, c′est-à-dire du Berry, noble comme un Dandolo ou un Montmorency, devint amoureux à vingt-cinq ans d′une jeune fille de seize, belle comme les amours. À travers la naté de son âge perçait un esprit ardent, un esprit non pas de femme, mais de poète; elle ne plaisait pas, elle enivrait; elle vivait dans un petit bourg, près de son frère qui était curé. Tous deux étaient arrivés dans le pays: ils venaient on ne savait d′où; mais en la voyant si belle et en voyant son frère si pieux, on ne songeait pas à leur demander d′où ils venaient. Du reste, on les disait de bonne extraction. Mon ami, qui était le seigneur du pays, aurait pu la séduire ou la prendre de force, à son gré, il était le maître; qui serait venu à l′aide de deux étrangers, de deux inconnus? Malheureusement il était honnête homme, il l′épousa. Le sot, le niais, l′imbécile! -Sea como deseáis. Uno de mis amigos, uno de mis amigos, oís bien, no yo -dijo Athos interrumpiéndose con una sonrisa sombría-; uno de los condes de mi provincia, es decir, del Berry, noble como un Dandolo o un Montmorency, se enamoró a los veinticinco años de una joven de dieciséis, bella como el amor. A través de la ingenuidad de su edad apuntaba un espíritu ardiente, un espíritu no de mujer, sino de poeta; ella no gustaba embriagaba; vivía en una aldea, junto a su hermano, que era cura. Los dos habían llegado a la región, venían no se sabía de dónde; pero al verla tan hermosa y al ver a su hermano tan piadoso nadie pensó en preguntarles de dónde venían. Por lo demás se los suponía de buena extracción. Mi amigo, que era el señor de ˡ región, hubiera podido seducirla o tomarla por la fuerza, a su gusto, era el amo: ¿quién habría venido en ayuda de dos extraños, de dos desconocidos? Por desgracia era un hombre honesto, la desposó. ¡El tonto, el necio, el imbécil!
— Mais pourquoi cela, puisqu′il l′aimait? demanda d′Artagnan. -Pero ¿por qué, si la amaba? -preguntó D′Artagnan.
— Attendez donc, dit Athos. Il l′emmena dans son château, et en fit la première dame de sa province; et il faut lui rendre justice, elle tenait parfaitement son rang. -Esperad -dijo Athos-. La llevó a su castillo y la hizo la primera dama de su provincia; y hay que hacerle justicia, cumplía perfectamente con su rango.
— Eh bien? demanda d′Artagnan. -¿Y? -preguntó D′Artagnan.
— Eh bien, un jour qu′elle était à la chasse avec son mari, continua Athos à voix basse et en parlant fort vite, elle tomba de cheval et s′évanouit; le comte s′élança à son secours, et comme elle étouffait dans ses habits, il les fendit avec son poignard et lui découvrit l′épaule. Devinez ce qu′elle avait sur l′épaule, d′Artagnan? dit Athos avec un grand éclat de rire. -Y un día que ella estaba de caza con su marido -continuó Athos en voz baja y hablando muy deprisa-, ella se cayó del caballo y se desvaneció: el conde se lanzó en su ayuda, y como se ahogaba en sus vestidos, los hendió con su puñal y quedó al descubierto el hombro. ¿Adivináis lo que tenía en el hombro, D′Artagnan? -dijo Athos con un gran estallido de risa.
— Puis-je le savoir? demanda d′Artagnan. -¿Puedo saberlo? -preguntó D′Artagnan.
— Une fleur de lis, dit Athos. Elle était marquée!» -Una for de lis -dijo Athos-. ¡Estaba marcada!
Et Athos vida d′un seul trait le verre qu′il tenait à la main. Y Athos vació de un solo trago el vaso que tenía en la mano.
«Horreur! s′écria d′Artagnan, que me dites-vous là? -¡Horror! -exclamó D′Artagnan-. ¿Qué me decís?
— La vérité. Mon cher, l′ange était un démon. La pauvre fille avait volé. -La verdad. Querido, el ángel era un demonio. La pobre joven había robado.
— Et que fit le comte? -¿Y qué hizo el conde?
— Le comte était un grand seigneur, il avait sur ses terres droit de justice basse et haute: il acheva de déchirer les habits de la comtesse, il lui lia les mains derrière le dos et la pendit à un arbre. -El conde era un gran señor, tenía sobre sus tierras derecho de horca y cuchillo: acabó de desgarrar los vestidos de la condesa, le ató las manos a la espalda y la colgó de un árbol.
— Ciel! Athos! un meurtre! s′écria d′Artagnan. -¡Cielos! ¡Athos! ¡Un asesinato! -exclamó D′Artagnan.
— Oui, un meurtre, pas davantage, dit Athos pâle comme la mort.Mais on me laisse manquer de vin, ce me semble.» -Sí, un asesinato, nada más -dijo Athos pálido como la muerte-. Pero me parece que me están dejando sin vino.
Et Athos saisit au goulot la dernière bouteille qui restait, l′approcha de sa bouche et la vida d′un seul trait, comme il eût fait d′un verre ordinaire. Y Athos cogió por el gollete la última botella que quedaba, la acercó a su boca y la vació de un solo trago, como si fuera un vaso normal.
Puis il laissa tomber sa tête sur ses deux mains; d′Artagnan demeura devant lui, saisi d′épouvante. Luego se dejó caer con la cabeza entre sus dos manos; D′Artagnan permaneció ante él, parado de espanto.
«Cela m′a guéri des femmes belles, poétiques et amoureuses, dit Athos en se relevant et sans songer à continuer l′apologue du comte. Dieu vous en accorde autant! Buvons! -Eso me ha curado de las mujeres hermosas, poéticas y amorosas -dijo Athos levantándose y sin continuar el apólogo del conde-. ¡Dios os conceda otro tanto! ¡Bebamos!
— Ainsi elle est morte? balbutia d′Artagnan. -¿Así que ella murió? -balbuceó D′Artagnan.
— Parbleu! dit Athos. Mais tendez votre verre. Du jambon, drôle, cria Athos, nous ne pouvons plus boire! -¡Pardiez! -dijo Athos-. Pero tended vuestro vaso. ¡Jamón, pícaro! -gritó Athos-. No podemos beber más.
— Et son frère? ajouta timidement d′Artagnan. -¿Y su hermano? -añadió tímidamente D′Artagnan.
— Son frère? reprit Athos. - Su hermano? -repuso Athos.
— Oui, le prêtre? -Sí, el cura.
— Ah! je m′en informai pour le faire pendre à son tour; mais il avait pris les devants, il avait quitté sa cure depuis la veille. -!Ah! Me informé para colgarlo también; pero había puesto pies en polvorosa, había dejado su curato la víspera.
— A-t-on su au moins ce que c′était que ce misérable? -¿Se supo al menos lo que era aquel miserable?
— C′était sans doute le premier amant et le complice de la belle, un digne homme qui avait fait semblant d′être curé peut-être pour marier sa maîtresse et lui assurer un sort. Il aura été écartelé, je l′espère. -Era sin duda el primer amante y el cómplice de la hermosa, un digno hombre que había fingido ser cura quizá para casar a su amante y asegurarse una fortuna. Espero que haya sido descuartizado.
— Oh! mon Dieu! mon Dieu! fit d′Artagnan, tout étourdi de cette horrible aventure. -¡Oh, Dios mío, Dios mió! -dijo D′Artagnan, completamente aturdido por aquella horrible aventura.
— Mangez donc de ce jambon, d′Artagnan, il est exquis, dit Athos en coupant une tranche qu′il mit sur l′assiette du jeune homme. Quel malheur qu′il n′y en ait pas eu seulement quatre comme celui- là dans la cave! j′aurais bu cinquante bouteilles de plus.» -Comed ese jamón, D′Artagnan, es exquisito -dijo Athos cortando una loncha que puso en el plato del joven-. ¡Qué pena que sólo hubiera cuatro como éste en la bodega!
D′Artagnan ne pouvait plus supporter cette conversation, qui l′eût rendu fou; il laissa tomber sa tête sur ses deux mains et fit semblant de s′endormir. D′Artagnan no podía seguir soportando aquella conversación, que lo enloquecía; dejó caer su cabeza entre sus dos manos y fingió dormirse.
«Les jeunes gens ne savent plus boire, dit Athos en le regardant en pitié, et pourtant celui-là est des meilleurs!…» -Los jóvenes no saben beber -dijo Athos mirándolo con piedad-. ¡Y sin embargo éste es de los mejores..!






CHAPITRE XXVIII – RETOUR

Capítulo XXVIII -- El regreso

D′Artagnan était resté étourdi de la terrible confidence d′Athos; cependant bien des choses lui paraissaient encore obscures dans cette demi-révélation; d′abord elle avait été faite par un homme tout à fait ivre à un homme qui l′était à moitié, et cependant, malgré ce vague que fait monter au cerveau la fumée de deux ou trois bouteilles de bourgogne, d′Artagnan, en se réveillant le lendemain matin, avait chaque parole d′Athos aussi présente à son esprit que si, à mesure qu′elles étaient tombées de sa bouche, elles s′étaient imprimées dans son esprit. Tout ce doute ne lui donna qu′un plus vif désir d′arriver à une certitude, et il passa chez son ami avec l′intention bien arrêtée de renouer sa conversation de la veille mais il trouva Athos de sens tout à fait rassis, c′est-à-dire le plus fin et le plus impénétrable des hommes. D′Artagnan había quedado aturdido por la horrible confesión de Athos; sin embargo, muchas de las cosas parecían oscuras en aquella semirrevelación; en primer lugar, había sido hecha por un hombre completamente ebrio a un hombre que lo estaba a medias, y no obstante, pese a esa ola que hace subir al cerebro el vaho de dos o tres botellas de borgoña, D′Artagnan, al despertarse al día siguiente, tenía cada palabra de Athos tan presente en su espíritu como si a medida que habían caído de su boca se hubieran impreso en su espíritu. Toda aquella duda no hizo sino darle un deseo más vivo de llegar a una certidumbre, y pasó a la habitación de su amigo con la intención bien meditada de reanudar su conversación de la víspera; pero encontró a Athos con la cabeza completamente sentada, es decir, el más fino y más impenetrable de los hombres.
Au reste, le mousquetaire, après avoir échangé avec lui une poignée de main, alla le premier au-devant de sa pensée. Por lo demás, el mosquetero, después de haber cambiado con él un apretón de manos, se le adelantó con el pensamiento.
«J′étais bien ivre hier, mon cher d′Artagnan, dit-il, j′ai senti cela ce matin à ma langue, qui était encore fort épaisse, et à mon pouls qui était encore fort agité; je parie que j′ai dit mille extravagances.» -Estaba muy borracho ayer, mi querido D′Artagnan -dijo-; me he dado cuenta esta mañana por mi lengua, que estaba todavía muy espesa y por mi pulso, que aún estaba muy agitado; apuesto a que dije mil extravagancias.
Et, en disant ces mots, il regarda son ami avec une fixité qui l′embarrassa. Y al decir estas palabras miró a su amigo con una fijeza que lo embarazó.
«Mais non pas, répliqua d′Artagnan, et, si je me le rappelle bien, vous n′avez rien dit que de fort ordinaire. -No -replicó D′Artagnan-, y si no recuerdo mal, no habéis dicho nada muy extraordinario.
— Ah! vous m′étonnez! Je croyais vous avoir raconté une histoire des plus lamentables.» -¡Ah, me asombráis! Creía haberos contado una historia de las más lamentables.
Et il regardait le jeune homme comme s′il eût voulu lire au plus profond de son coeur. Y miraba al joven como si hubiera querido leer en lo más profundo de su corazón.
«Ma foi! dit d′Artagnan, il paraît que j′étais encore plus ivre que vous, puisque je ne me souviens de rien.» -A fe mía -dijo D′Artagnan-, parece que yo estaba aún más borracho que vos, puesto que no me acuerdo de nada.
Athos ne se paya point de cette parole, et il reprit: Athos no se fió de esta palabra y prosiguió:
«Vous n′êtes pas sans avoir remarqué, mon cher ami, que chacun a son genre d′ivresse, triste ou gaie, moi j′ai l′ivresse triste, et, quand une fois je suis gris, ma manière est de raconter toutes les histoires lugubres que ma sotte nourrice m′a inculquées dans le cerveau. C′est mon défaut; défaut capital, j′en conviens; mais, à cela près, je suis bon buveur.» -No habréis dejado de notar, mi querido amigo, que cada cual tiene su clase de borrachera: triste o alegre; yo tengo la borrachera triste, y cuando alguna vez me emborracho, mi manía es contar todas las historias lúgubres que la tonta de mi nodriza me metió en el cerebro. Ese es mi defecto, defecto capital, lo admito; pero, dejando eso a un lado, soy buen bebedor.
Athos disait cela d′une façon si naturelle, que d′Artagnan fut ébranlé dans sa conviction. Athos decía esto de una forma tan natural que D′Artagnan quedó confuso en su convicción.
«Oh! c′est donc cela, en effet, reprit le jeune homme en essayant de ressaisir la vérité, c′est donc cela que je me souviens, comme, au reste, on se souvient d′un rêve, que nous avons parlé de pendus. -Oh, de algo así me acuerdo, en efecto -prosiguió el joven tratando de volver a coger la verdad-, me acuerdo de algo así como que hablamos de ahorcados, pero como se acuerda uno de un sueño.
— Ah! vous voyez bien, dit Athos en pâlissant et cependant en essayant de rire, j′en étais sûr, les pendus sont mon cauchemar, à moi. -¡Ah, lo veis! -dijo Athos palideciendo y, sin embargo, tratando de reír-. Estaba seguro, los ahorcados son mi pesadilla.
— Oui, oui, reprit d′Artagnan, et voilà la mémoire qui me revient; oui, il s′agissait… attendez donc… il s′agissait d′une femme. -Sí, sí -prosiguió D′Artagnan-, y, ya está, la memoria me vuelve: sí, se trataba..., esperad..., se trataba de una mujer.
— Voyez, répondit Athos en devenant presque livide, c′est ma grande histoire de la femme blonde, et quand je raconte celle-là, c′est que je suis ivre mort. -¿Lo veis? -respondió Athos volviéndose casi lívido-. Es mi famosa historia de la mujer rubia, y cuando la cuento es que estoy borracho perdido.
— Oui, c′est cela, dit d′Artagnan, l′histoire de la femme blonde, grande et belle, aux yeux bleus. -Sí, eso es -dijo D′Artagnan-, la historia de la mujer rubia, alta y hermosa, de ojos azules. ;
— Oui, et pendue. -Sí, y colgada. 1
— Par son mari, qui était un seigneur de votre connaissance, continua d′Artagnan en regardant fixement Athos. -Por su marido, que era un señor de vuestro conocimiento continuó D′Artagnan mirando fíjamente a Athos.
— Eh bien, voyez cependant comme on compromettrait un homme quand on ne sait plus ce que l′on dit, reprit Athos en haussant les épaules, comme s′il se fût pris lui-même en pitié. Décidément, je ne veux plus me griser, d′Artagnan, c′est une trop mauvaise habitude.» -¡Y bien! Ya veis cómo se compromete un hombre cuando no sabe lo que se dice -prosiguió Athos encogiéndose de hombros como si tuviera piedad de sí mismo-. Decididamente, no quiero emborracharme más, D′Artagnan, es una mala costumbre.
D′Artagnan garda le silence. D′Artagnan guardó silencio.
Puis Athos, changeant tout à coup de conversation: Luego Athos, cambiando de pronto de conversación:
«À propos, dit-il, je vous remercie du cheval que vous m′avez amené. -A propósito -dijo-, os agradezco el caballo que me habéis traído.
— Est-il de votre goût? demanda d′Artagnan. -¿Es de vuestro gusto? -preguntó D′Artagnan.
— Oui, mais ce n′était pas un cheval de fatigue. -Sí, pero no es un caballo de aguante.
— Vous vous trompez; j′ai fait avec lui dix lieues en moins d′une heure et demie, et il n′y paraissait pas plus que s′il eût fait le tour de la place Saint-Sulpice. -Os equivocáis; he hecho con él diez leguas en menos de hora y media, y no parecía más cansado que si hubiera dado una vuelta a la plaza Saint-Sulpice.
— Ah çà, vous allez me donner des regrets. -Pues me dais un gran disgusto.
— Des regrets? -¿Un gran disgusto?
— Oui, je m′en suis défait. -Sí, porque me he deshecho de él.
— Comment cela? -¿Cómo?
— Voici le fait: ce matin, je me suis réveillé à six heures, vous dormiez comme un sourd, et je ne savais que faire; j′étais encore tout hébété de notre débauche d′hier; je descendis dans la grande salle, et j′avisai un de nos Anglais qui marchandait un cheval à un maquignon, le sien étant mort hier d′un coup de sang. Je m′approchai de lui, et comme je vis qu′il offrait cent pistoles d′un alezan brûlé: «Par Dieu, lui dis-je, mon gentilhomme, moi aussi j′ai un cheval à vendre. -Estos son los hechos: esta mañana me he despertado a las seis, vos dormíais como un tronco, y yo no sabía qué hacer; estaba todavía completamente atontado de nuestra juerga de ayer; bajé al salón y vi a uno de nuestros ingleses que ajustaba un caballo con un tratante por haber muerto ayer el suyo a consecuencia de un vómito de sangre. Me acerqué a él, y como vi que ofrecía cien pistolas por un alazán tostado: "Por Dios -le dije-, gentilhombre, también yo tengo un caballo que vender."
«— Et très beau même, dit-il, je l′ai vu hier, le valet de votre ami le tenait en main. "Y muy bueno incluso -dijo él-. Lo vi ayer, el criado de vuestro amigo lo llevaba de la mano."
«— Trouvez-vous qu′il vaille cent pistoles? "¿Os parece que vale cien pistolas?"
«— Oui, et voulez-vous me le donner pour ce prix-là? "Sí." ¿Y queréis dármelo por ese precio?"
«— Non, mais je vous le joue. "No, pero os lo juego."
«— Vous me le jouez? "¿Me lo jugáis?"
«— Oui. "Sí."
«— À quoi? "¿A qué?"
«— Aux dés.» "A los dados."
«Ce qui fut dit fut fait; et j′ai perdu le cheval. Ah! mais par exemple, continua Athos, j′ai regagné le caparaçon.» Y dicho y hecho; y he perdido el caballo. ¡Ah, pero también -continuó Athos- he vuelto a ganar la montura.
D′Artagnan fit une mine assez maussade. D′Artagnan hizo un gesto bastante disgustado.
«Cela vous contrarie? dit Athos. -¿Os contraría? -dijo Athos.
— Mais oui, je vous l′avoue, reprit d′Artagnan; ce cheval devait servir à nous faire reconnaître un jour de bataille; c′était un gage, un souvenir. Athos, vous avez eu tort. -Pues sí, os lo confieso -prosiguió D′Artagnan-. Ese caballo debía serviros para hacernos reconocer un día de batalla; era una prenda, un recuerdo. Athos, habéis cometido un error.
— Eh! mon cher ami, mettez-vous à ma place, reprit le mousquetaire; je m′ennuyais à périr, moi, et puis, d′honneur, je n′aime pas les chevaux anglais. Voyons, s′il ne s′agit que d′être reconnu par quelqu′un, eh bien, la selle suffira; elle est assez remarquable. Quant au cheval, nous trouverons quelque excuse pour motiver sa disparition. Que diable! un cheval est mortel; mettons que le mien a eu la morve ou le farcin.» -Ay, amigo mío, poneos en mi lugar -prosiguió el mosquetero-; me aburría de muerte, y además, palabra de honor, no me gustan los caballos ingleses. Veamos, si no se trata más que de ser reconocido por alguien, pues bien, la silla bastará; es bastante notable. En cuanto al caballo, ya encontraremos alguna excusa para justificar su desaparición. ¡Qué diablos! Un caballo es mortal; digamos que el mío ha tenido el muermo.
D′Artagnan ne se déridait pas. D′Artagnan no desfruncía el ceño.
«Cela me contrarie, continua Athos, que vous paraissiez tant tenir à ces animaux, car je ne suis pas au bout de mon histoire. -Me contraría -continuó Athos- que tengáis en tanto a esos animales, porque no he acabado mi historia.
— Qu′avez-vous donc fait encore? -¿Pues qué habéis hecho además?
— Après avoir perdu mon cheval, neuf contre dix, voyez le coup, l′idée me vint de jouer le vôtre. -Después de haber perdido mi caballo (nueve contra diez, ved qué suerte), me vino la idea de jugar el vuestro.
— Oui, mais vous vous en tîntes, j′espère, à l′idée? -Sí, pero espero que os hayáis quedado en la idea.
— Non pas, je la mis à exécution à l′instant même. -No, la puse en práctica en aquel mismo instante.
— Ah! par exemple! s′écria d′Artagnan inquiet. -¡Vaya! -exclamó D′Artagnan inquieto.
— Je jouai, et je perdis. -Jugué y perdí.
— Mon cheval? -¿Mi caballo?
— Votre cheval; sept contre huit; faute d′un point…, vous connaissez le proverbe. -Vuestro caballo; siete contra ocho, a falta de un punto..., ya conocéis el proverbio.
— Athos, vous n′êtes pas dans votre bon sens, je vous jure! -Athos no estáis en vuestro sano juicio, ¡os lo juro!
— Mon cher, c′était hier, quand je vous contais mes sottes histoires, qu′il fallait me dire cela, et non pas ce matin. Je le perdis donc avec tous les équipages et harnais possibles. -Querido, ayer, cuando os contaba mis tontas historias, era cuando teníais que decirme eso, y no esta mañana. Los he perdido, pues, con todos los equipos y todos los arneses posibles.
— Mais c′est affreux! -¡Pero es horrible!
— Attendez donc, vous n′y êtes point, je ferais un joueur excellent, si je ne m′entêtais pas; mais je m′entête, c′est comme quand je bois; je m′entêtai donc… -Esperad, no sabéis todo; yo sería un jugador excelente si no me obstinara; pero me obstino, es como cuando bebo; me encabezoné entonces. . .
— Mais que pûtes-vous jouer, il ne vous restait plus rien? -Pero ¿qué pudisteis jugar si no os quedaba nada?
— Si fait, si fait, mon ami; il nous restait ce diamant qui brille à votre doigt, et que j′avais remarqué hier. -Sí quedaba, amigo mío, sí quedaba; nos quedaba ese diamante que brilla en vuestro dedo, y en el que me fijé ayer.
— Ce diamant! s′écria d′Artagnan, en portant vivement la main à sa bague. -¡Este diamante! -exclamó D′Artagnan llevando con presteza la mano a su anillo.
— Et comme je suis connaisseur, en ayant eu quelques-uns pour mon propre compte, je l′avais estimé mille pistoles. -Y como entiendo, por haber tenido algunos propios, lo estimé en mil pistolas.
— J′espère, dit sérieusement d′Artagnan à demi mort de frayeur, que vous n′avez aucunement fait mention de mon diamant? -Espero -dijo seriamente D′Artagnan medio muerto de espanto que no hayáis hecho mención alguna de mi diamante.
— Au contraire, cher ami; vous comprenez, ce diamant devenait notre seule ressource; avec lui, je pouvais regagner nos harnais et nos chevaux, et, de plus, l′argent pour faire la route. -Al contrario, querido amigo; comprended, ese diamante era nuestro único recurso; con él yo podía volver a ganar nuestros arneses y nuestros caballos, y además dinero para el camino.
— Athos, vous me faites frémir! s′écria d′Artagnan. -¡Athos, me hacéis temblar! -exclamó D Artagnan.
— Je parlai donc de votre diamant à mon partenaire, lequel l′avait aussi remarqué. Que diable aussi, mon cher, vous portez à votre doigt une étoile du ciel, et vous ne voulez pas qu′on y fasse attention! Impossible! -Hablé, pues, de vuestro diamante a mi contrincante, que también había reparado en él. ¡Qué diablos, querido, lleváis en vuestro dedo una estrella del cielo, y queréis que no le presten atención! ¡Imposible!
— Achevez, mon cher; achevez! dit d′Artagnan, car, d′honneur! avec votre sang-froid, vous me faites mourir! -¡Acabad, querido, acabad -dijo D′Artagnan-, porque, por mi honor, con vuestra sangre fría me hacéis morir!
— Nous divisâmes donc ce diamant en dix parties de cent pistoles chacune. -Dividimos, pues, ese diamante en diez partes de cien pistolas cada una.
— Ah! vous voulez rire et m′éprouver? dit d′Artagnan que la colère commençait à prendre aux cheveux comme Minerve prend Achille, dans l′Iliade. -¡Ah! ¿Queréis reíros y probarme? -dijo D′Artagnan a quien la cólera comenzaba a cogerle por los cabellos como Minerva coge a Aquiles en la Ilíada.
— Non, je ne plaisante pas, mordieu! j′aurais bien voulu vous y voir, vous! il y avait quinze jours que je n′avais envisagé face humaine et que j′étais là à m′abrutir en m′abouchant avec des bouteilles. -No, no bromeo, por todos los diablos. ¡Me hubiera gustado veros a vos! Hacía quince días que no había visto un rostro humano y que estaba allí embruteciéndome empalmando una botella tras otra.
— Ce n′est point une raison pour jouer mon diamant, cela? répondit d′Artagnan en serrant sa main avec une crispation nerveuse. -Esa no es razón para jugar un diamante -respondió D Artagnan apretando su mano con una crispacion nerviosa.
— Écoutez donc la fin; dix parties de cent pistoles chacune en dix coups sans revanche. En treize coups je perdis tout. En treize coups! Le nombre 13 m′a toujours été fatal, c′était le 13 du mois de juillet que… -Escuchad, pues, el final: diez partes de cien pistolas cada una, en diez tiradas sin revancha. En trece tiradas perdí todo. ¡En trece tiradas! El número trece me ha sido siempre fatal, era el trece del mes de julio cuando...
— Ventrebleu! s′écria d′Artagnan en se levant de table, l′histoire du jour lui faisant oublier celle de la veille. -¡Maldita sea! -exclamó D′Artagnan levantándose de la mesa-. La historia del día hace olvidar la de la noche.
— Patience, dit Athos, j′avais un plan. L′Anglais était un original, je l′avais vu le matin causer avec Grimaud, et Grimaud m′avait averti qu′il lui avait fait des propositions pour entrer à son service. Je lui joue Grimaud, le silencieux Grimaud, divisé en dix portions. -Paciencia -dijo Athos- y tenía un plan. El inglés era un extravagante, yo lo había visto por la mañana hablar con Grimaud y Grimaud me había advertido que le había hecho proposiciones para entrar a su servicio. Me jugué a Grimaud, el silencioso Grimaud dividido en diez porciones.
— Ah! pour le coup! dit d′Artagnan éclatant de rire malgré lui. -¡Ah, vaya golpe! -dijo D′Artagnan estallando de risa a pesa suyo.
— Grimaud lui-même, entendez-vous cela! et avec les dix parts de Grimaud, qui ne vaut pas en tout un ducaton, je regagne le diamant. Dites maintenant que la persistance n′est pas une vertu. -¡El mismo Grimaud! ¿Oís esto? Y con las diez partes de Grimaud que no vale en total un ducado de plata, recuperé el diamante. Ahora decid si la persistencia no es una virtud.
— Ma foi, c′est très drôle! s′écria d′Artagnan consolé et se tenant les côtes de rire. -¡Y a fe que bien rara! -exclamó D′Artagnan consolado y sosteniéndose los hijares de risa.
— Vous comprenez que, me sentant en veine, je me remis aussitôt à jouer sur le diamant. -Como comprenderéis, sintiéndome en vena, me puse al punto a jugar el diamante.
— Ah! diable, dit d′Artagnan assombri de nouveau. -¡Ah, diablos! -dijo D′Artagnan ensombreciéndose de nuevo.
— J′ai regagné vos harnais, puis votre cheval, puis mes harnais, puis mon cheval, puis reperdu. Bref, j′ai rattrapé votre harnais, puis le mien. Voilà où nous en sommes. C′est un coup superbe; aussi je m′en suis tenu là.» -Volví a ganar vuestros arneses, después vuestro caballo, luego mis arneses, luego mi caballo, luego lo volví a perder. En resumen, conseguí vuestro arnés, luego el mío. Ahí estamos. Una tirada soberbia; y ahí me he quedado.
D′Artagnan respira comme si on lui eût enlevé l′hôtellerie de dessus la poitrine. D′Artagnan respiró como si le hubieran quitado la hostería de encima del pecho.
«Enfin, le diamant me reste? dit-il timidement. -En fin, que me queda el diamante -dijo tímidamente.
— Intact! cher ami; plus les harnais de votre Bucéphale et du mien. -¡Intacto, querido amigo! Además de los arneses de vuestro bucéfalo y del mío.
— Mais que ferons-nous de nos harnais sans chevaux? -Pero ¿qué haremos de nuestros arneses sin caballos?
— J′ai une idée sur eux. -Tengo una idea sobre ellos.
— Athos, vous me faites frémir. -Athos, me hacéis temblar.
— Écoutez, vous n′avez pas joué depuis longtemps, vous, d′Artagnan? -Escuchad, vos no habéis jugado hace mucho tiempo, D′Artagnan.
— Et je n′ai point l′envie de jouer. -Y no tengo ganas de jugar.
— Ne jurons de rien. Vous n′avez pas joué depuis longtemps, disais-je, vous devez donc avoir la main bonne. -No juremos. No habéis jugado hace tiempo, decía yo, y por eso debéis tener buena mano.
— Eh bien, après? - ¿Y después?
— Eh bien, l′Anglais et son compagnon sont encore là. J′ai remarqué qu′ils regrettaient beaucoup les harnais. Vous, vous paraissez tenir à votre cheval. A votre place, je jouerais vos harnais contre votre cheval. -Pues que el inglés y su acompañante están todavía ahí. He observado que lamentaban mucho los arneses. Vos parecéis tener en mucho vuestro caballo. En vuestro lugar, yo jugaría vuestros arneses contra vuestro caballo.
— Mais il ne voudra pas un seul harnais. -Pero él no querrá un solo arnés.
— Jouez les deux, pardieu! je ne suis point un égoe comme vous, moi. -Jugad los dos, pardiez. Yo no soy tan egoísta como vos.
— Vous feriez cela? dit d′Artagnan indécis, tant la confiance d′Athos commençait à le gagner à son insu. -¿Haríais eso? -dijo D′Artagnan indeciso, tanto comenzaba a ganarle la confianza, a su costa, de Ahtos.
— Parole d′honneur, en un seul coup. -Palabra de honor, de una sola tirada.
— Mais c′est qu′ayant perdu les chevaux, je tenais énormément à conserver les harnais. -Pero es que, después de haber perdido los caballos, quisiera conservar los arneses.
— Jouez votre diamant, alors. -Jugad entonces vuestro diamante.
— Oh! ceci, c′est autre chose; jamais, jamais. -Oh, esto es otra cosa; nunca, nunca.
— Diable! dit Athos, je vous proposerais bien de jouer Planchet; mais comme cela a déjà été fait, l′Anglais ne voudrait peut-être plus. -¡Diablos! -dijo Athos-. Yo os propondría jugaros a Planchet; pero como eso ya está hecho, quizá el inglés no quiera.
— Décidément, mon cher Athos, dit d′Artagnan, j′aime mieux ne rien risquer. -Decididamente, mi querido Athos -dijo D′Artagnan-, prefiero no arriesgar nada.
— C′est dommage, dit froidement Athos, l′Anglais est cousu de pistoles. Eh! mon Dieu, essayez un coup, un coup est bientôt joué. -¡Es una lástima! -dijo fríamente Athos-. El inglés está forrado de pistolas. ¡Ay, Dios mío! Ensayad una tirada, una tirada se juega
— Et si je perds? -¿Y si pierdo?
— Vous gagnerez. -Ganaréis.
— Mais si je perds? -Pero ¿y si pierdo?
— Eh bien, vous donnerez les harnais. -Pues entonces le daréis los arneses.
— Va pour un coup», dit d′Artagnan. -Vaya entonces una tirada -dijo D′Artagnan.
Athos se mit en quête de l′Anglais et le trouva dans l′écurie, où il examinait les harnais d′un oeil de convoitise. L′occasion était bonne. Il fit ses conditions: les deux harnais contre un cheval ou cent pistoles, à choisir. L′Anglais calcula vite: les deux harnais valaient trois cents pistoles à eux deux; il topa. Athos se puso a buscar al inglés y lo encontró en la cuadra, donde examinaba los arneses con ojos ambiciosos. La ocasión era buena. Puso sus condiciones: los dos arneses contra un caballo o cien pistolas a escoger. El inglés calculó rápido: los dos arneses valían trescienta: pistolas los dos; aceptó.
D′Artagnan jeta les dés en tremblant et amena le nombre trois; sa pâleur effraya Athos, qui se contenta de dire: D′Artagnan echó los dados temblando, y sacó un número tres; su palidez espantó a Athos, que se contentó con decir:
«Voilà un triste coup, compagnon; vous aurez les chevaux tout harnachés, monsieur.» -Qué mala tirada, compañero; tendréis caballos con arneses señor.
L′Anglais, triomphant, ne se donna même la peine de rouler les dés, il les jeta sur la table sans regarder, tant il était sûr de la victoire; d′Artagnan s′était détourné pour cacher sa mauvaise humeur. El inglés, triunfante, no se molestó siquiera en hacer rodar los da dos, los lanzó sobre la mesa sin mirarlos, tan seguro estaba de su victoria; D′Artagnan se había vuelto para ocultar su mal humor.
«Tiens, tiens, tiens, dit Athos avec sa voix tranquille, ce coup de dés est extraordinaire, et je ne l′ai vu que quatre fois dans ma vie: deux as!» -Vaya, vaya, vaya -dijo Athos con su voz tranquila, esa tirado de dados es extraordinaria, no la he visto más que cuatro veces en m vida: dos ases.
L′Anglais regarda et fut saisi d′étonnement, d′Artagnan regarda et fut saisi de plaisir. El inglés miró y quedó asombrado; D′Artagnan miró y quedó encantado.
«Oui, continua Athos, quatre fois seulement: une fois chez M. de Créquy; une autre fois chez moi, à la campagne, dans mon château de… quand j′avais un château; une troisième fois chez M. de Tréville, où il nous surprit tous; enfin une quatrième fois au cabaret, où il échut à moi et où je perdis sur lui cent louis et un souper. -Sí -continuó Athos-, solamente cuatro veces: una vez con el señor de Créquy; otra vez en mi casa, en el campo, en mi castillo de... cuando yo tenía un castillo; una tercera vez con el señor de Tréville donde nos sorprendió a todos; y finalmente, una cuarta vez en la taberna, donde me tocó a mí y donde yo perdí por ella cien luises y una cena.
— Alors, monsieur reprend son cheval, dit l′Anglais. -Entonces el señor recupera su caballo -dijo el inglés.
— Certes, dit d′Artagnan. -Cierto -dijo D′Artagnan
— Alors il n′y a pas de revanche? -¿Entonces no hay revancha?
— Nos conditions disaient: pas de revanche, vous vous le rappelez? -Nuestras condiciones estipulaban que nada de revancha, ¿lo re cordáis?
— C′est vrai; le cheval va être rendu à votre valet, monsieur. -Es cierto; el caballo va a ser devuelto a vuestro criado, señor
— Un moment, dit Athos; avec votre permission, monsieur, je demande à dire un mot à mon ami. -Un momento -dijo Athos-; con vuestro permiso, señor, solicito decir unas palabras a mi amigo.
— Dites.» -Decídselas.
Athos tira d′Artagnan à part. Athos llevó a parte a D′Artagnan.
«Eh bien, lui dit d′Artagnan, que me veux-tu encore, tentateur, tu veux que je joue, n′est-ce pas? -¿Y bien? -le dijo D′Artagnan-. ¿Qué quieres ahora, tentador? Quieres que juegue, ¿no es eso?
— Non, je veux que vous réfléchissiez. -No, quiero que reflexionéis.
— À quoi? -¿En qué?
— Vous allez reprendre le cheval, n′est-ce pas? -¿Vais a tomar el caballo, no es así?
— Sans doute. -Claro.
— Vous avez tort, je prendrais les cent pistoles; vous savez que vous avez joué les harnais contre le cheval ou cent pistoles, à votre choix. -Os equivocáis, yo tomaría las cien pistolas; vos sabéis que os habéis jugado los arneses contra el caballo o cien pistolas, a vuestra elección.
— Oui. -Sí.
— Je prendrais les cent pistoles. -Yo tomaría las cien pistolas.
— Eh bien, moi, je prends le cheval. -Pero yo, yo me quedo con el caballo.
— Et vous avez tort, je vous le répète; que ferons-nous d′un cheval pour nous deux, je ne puis pas monter en croupe; nous aurions l′air des deux fils Aymon qui ont perdu leurs frères; vous ne pouvez pas m′humilier en chevauchant près de moi, en chevauchant sur ce magnifique destrier. Moi, sans balancer un seul instant, je prendrais les cent pistoles, nous avons besoin d′argent pour revenir à Paris. -Os equivocáis, os lo repito. ¿Qué haríamos con un caballo para nosotros dos? Yo no pienso montar en la grupa, tendríamos la pinta de los dos hijos de Aymón, que han perdido a sus hermanos; no podéis humillarme cabalgando a mi lado, cabalgando sobre ese magnífico destrero. Yo, sin dudar un solo instante, cogería las cien pistolas, necesitamos dinero para volver a Paris.
— Je tiens à ce cheval, Athos. -Yo me quedo con el caballo, Athos.
— Et vous avez tort, mon ami; un cheval prend un écart, un cheval bute et se couronne, un cheval mange dans un râtelier où a mangé un cheval morveux: voilà un cheval ou plutôt cent pistoles perdues; il faut que le maître nourrisse son cheval, tandis qu′au contraire cent pistoles nourrissent leur maître. -Pues os equivocáis, amigo mío: un caballo tiene un extraño, un caballo tropieza y se rompe las patas, un caballo come en un pesebre donde ha comido un caballo con muermo: eso es un caballo o cien pistolas perdidas; hace falta que el amo alimente a su caballo, mientras que, por el contrario, cien pistolas alimentan a su amo.
— Mais comment reviendrons-nous? -Pero ¿cómo volveremos?
— Sur les chevaux de nos laquais, pardieu! on verra toujours bien à l′air de nos figures que nous sommes gens de condition. -En los caballos de nuestros lacayos, pardiez. Siempre se verá en el aire de nuestras figuras que somos gentes de condición.
— La belle mine que nous aurons sur des bidets, tandis qu′Aramis et Porthos caracoleront sur leurs chevaux! -Vaya figura que vamos a hacer sobre jacas, mientras Aramis y Porthos caracolean sobre sus caballos.
— Aramis! Porthos! s′écria Athos, et il se mit à rire. -¡Aramis! ¡Porthos! -exclamó Athos, y se echó a reír.
— Quoi? demanda d′Artagnan, qui ne comprenait rien à l′hilarité de son ami. -¿Qué? -preguntó D′Artagnan, que no comprendía nada la hilar¡dad de su amigo.
— Bien, bien, continuons, dit Athos. -Bien, bien, sigamos -dijo Athos.
— Ainsi, votre avis…? -O sea, que vuestra opinión...
— Est de prendre les cent pistoles, d′Artagnan; avec les cent pistoles nous allons festiner jusqu′à la fin du mois; nous avons essuyé des fatigues, voyez-vous, et il sera bon de nous reposer un peu. -Es coger las cien pistolas, D′Artagnan; con las cien pistolas vamos a banquetear hasta fin de mes: hemos enjugado fatigas y estará bien que descansemos un poco.
— Me reposer! oh! non, Athos, aussitôt à Paris je me mets à la recherche de cette pauvre femme. -¡Yo reposar! Oh, no, Athos; tan pronto como esté en Paris me pongo a buscar a esa pobre mujer.
— Eh bien, croyez-vous que votre cheval vous sera aussi utile pour cela que de bons louis d′or? Prenez les cent pistoles, mon ami, prenez les cent pistoles.» -Y bien, ¿creéis que vuestro caballo os será tan útil para eso corno buenos luises de oro? Tomad las cien pistolas, amigo mío, tomad las cien pistolas.
D′Artagnan n′avait besoin que d′une raison pour se rendre. Celle- là lui parut excellente. D′ailleurs, en résistant plus longtemps, il craignait de paraître égoe aux yeux d′Athos; il acquiesça donc et choisit les cent pistoles, que l′Anglais lui compta sur- le-champ. D′Artagnan sólo necesitaba una razón para rendirse. Esta le pareció excelente. Además, resistiendo tanto tiempo, temía parecer egoísta a los ojos de Athos; accedió, pues, y eligió las cien pistolas que el inglés le entregó en el acto.
Puis l′on ne songea plus qu′à partir. La paix signée avec l′aubergiste, outre le vieux cheval d′Athos, coûta six pistoles; d′Artagnan et Athos prirent les chevaux de Planchet et de Grimaud, les deux valets se mirent en route à pied, portant les selles sur leurs têtes. Luego no se pensó más que en partir. Además, hechas las paces con el alberguista, el viejo caballo de Athos costó seis pistolas; D′Artagnan y Athos cogieron los caballos de Planchet y de Grimaud, y los dos criados se pusieron en camino a pie, llevando las sillas sobre sus cabezas.
Si mal montés que fussent les deux amis, ils prirent bientôt les devants sur leurs valets et arrivèrent à Crèvecoeur. De loin ils aperçurent Aramis mélancoliquement appuyé sur sa fenêtre et regardant, comme ma soeur Anne, poudroyer l′horizon. Por mal montados que fueran los dos amigos, pronto tomaron la delantera a sus criados y llegaron a Crèvecoeur. De lejos divisaron a Aramis melancólicamente apoyado en su ventana, y mirando como mi hermana Anne levantarse polvaredas en el horizonte.
«Holà, eh! Aramis! que diable faites-vous donc là? crièrent les deux amis. -¡Hola! ¡Eh, Aramis! ¿Qué diablos hacéis ahí? -gritaron los dos amigos.
— Ah! c′est vous, d′Artagnan, c′est vous Athos, dit le jeune homme; je songeais avec quelle rapidité s′en vont les biens de ce monde, et mon cheval anglais, qui s′éloignait et qui vient de disparaître au milieu d′un tourbillon de poussière, m′était une vivante image de la fragilité des choses de la terre. La vie elle- même peut se résoudre en trois mots: Erat, est, fuit. -¡Ah, sois vos, D′Artagnan; sois vos, Athos! -dijo el joven-. Pensaba con qué rapidez se van los bienes de este mundo, y mi caballo inglés, que se aleja y que acaba de aparecer en medio de un torbellino de polvo, era una imagen viva de la fragilidad de las cosas de la tierra. La vida misma puede resolverse en tres palabras: Erat, est, fuit.
— Cela veut dire au fond? demanda d′Artagnan, qui commençait à se douter de la vérité. -¿Y eso qué quiere decir en el fondo? -preguntó D′Artagnan, que comenzaba a sospechar la verdad.
— Cela veut dire que je viens de faire un marché de dupe: soixante louis, un cheval qui, à la manière dont il file, peut faire au trot cinq lieues à l′heure.» -Esto quiere decir que acaba de hacer un negocio de tontos: sesenta luises por un caballo que, por la manera en que se va, puede hacer al trote cinco leguas por hora.
D′Artagnan et Athos éclatèrent de rire. D′Artagnan y Athos estallaron en carcajadas.
«Mon cher d′Artagnan, dit Aramis, ne m′en veuillez pas trop, je vous prie: nécessité n′a pas de loi; d′ailleurs je suis le premier puni, puisque cet infâme maquignon m′a volé cinquante louis au moins. Ah! vous êtes bons ménagers, vous autres! vous venez sur les chevaux de vos laquais et vous faites mener vos chevaux de luxe en main, doucement et à petites journées.» -Mi querido Athos -dijo Aramis-: no me echéis la culpa, os lo suplico; la necesidad no tiene ley; además yo soy el primer castigado, puesto que este infame chalán me ha robado por lo menos cincuenta luises. Vosotros sí que tenéis buen cuidado; venís sobre los caballos de vuestros lacayos y hacéis que os lleven vuestros caballos de lujo de la mano, despacio y a pequeñas jornadas.
Au même instant un fourgon, qui depuis quelques instants pointait sur la route d′Amiens, s′arrêta, et l′on vit sortir Grimaud et Planchet leurs selles sur la tête. Le fourgon retournait à vide vers Paris, et les deux laquais s′étaient engagés, moyennant leur transport, à désaltérer le voiturier tout le long de la route. En aquel mismo instante, un furgón que desde hacía unos momentos venía por la ruta de Amiens, se detuvo y se vio salir a Grimaud y a Planchet con sus sillas sobre la cabeza. El furgón volvía de vacío hacia París y los dos lacayos se habían comprometido, a cambio de su transporte, a aplacar la sed del cochero durante el camino.
«Qu′est-ce que cela? dit Aramis en voyant ce qui se passait; rien que les selles? -¿Cómo? -dijo Aramis, viendo lo que pasaba-. ¿Nada más que las sillas?
— Comprenez-vous maintenant? dit Athos. -¿Comprendéis ahora? -dijo Athos.
— Mes amis, c′est exactement comme moi. J′ai conservé le harnais, par instinct. Holà, Bazin! portez mon harnais neuf auprès de celui de ces messieurs. -Amigos míos, exactamente igual que yo. Yo he conservado el arnés por instinto. ¡Hola, Bazin! Llevad mi arnés nuevo junto al de esos señores.
— Et qu′avez-vous fait de vos curés? demanda d′Artagnan. -¿Y qué habéis hecho de vuestros curas? -preguntó D′Artagnan.
— Mon cher, je les ai invités à dîner le lendemain, dit Aramis: il y a ici du vin exquis, cela soit dit en passant; je les ai grisés de mon mieux; alors le curé m′a défendu de quitter la casaque, et le jésuite m′a prié de le faire recevoir mousquetaire. -Querido, los invité a comer al día siguiente -dijo Aramis-; hay aquí un vino exquisito, dicho sea de paso; los emborraché lo mejor que pude; entonces el cura me prohibió dejar la casaca y el jesuita me rogó que le haga recibir de mosquetero.
— Sans thèse! cria d′Artagnan, sans thèse! je demande la suppression de la thèse, moi! -¡Sin tesis! -exclamó D′Artagnan-. Sin tesis. Pido la supresión de la tesis.
— Depuis lors, continua Aramis, je vis agréablement. J′ai commencé un poème en vers d′une syllabe; c′est assez difficile, mais le mérite en toutes choses est dans la difficulté. La matière est galante, je vous lirai le premier chant, il a quatre cents vers et dure une minute. -Desde entonces -continuó Aramis-, vivo agradablemente. He comenzado un poema en versos de una sílaba; es bastante difícil, pero el mérito en todo está en la dificultad. La materia es galante, os leeré el primer canto, tiene cuatrocientos versos y dura un minuto.
— Ma foi, mon cher Aramis, dit d′Artagnan, qui détestait presque autant les vers que le latin, ajoutez au mérite de la difficulté celui de la brièveté, et vous êtes sûr au moins que votre poème aura deux mérites. -¡A fe mía, mi querido Aramis! -dijo D′Artagnan, que detestaba casi tanto los versos como el latín-. Añadid al mérito de la dificultad el de la brevedad, y al menos seguro que vuestro poema tiene dos méritos.
— Puis, continua Aramis, il respire des passions honnêtes, vous verrez. Ah çà, mes amis, nous retournons donc à Paris? Bravo, je suis prêt; nous allons donc revoir ce bon Porthos, tant mieux. Vous ne croyez pas qu′il me manquait, ce grand niais-là? Ce n′est pas lui qui aurait vendu son cheval, fût-ce contre un royaume. Je voudrais déjà le voir sur sa bête et sur sa selle. Il aura, j′en suis sûr, l′air du grand mogol.» -Además -continuó Aramis-, respira pasiones, ya veréis. ¡Ah!, amigos míos, ¿volveremos a París? Bravo, yo estoy dispuesto; vamos, pues, a volver a ver a ese bueno de Porthos tanto mejor. ¿Creeríais que echo en falta a ese gran necio? El no hubiera vendido su caballo, ni siquiera a cambio de un reino. Quería verlo ya sobre su animal y su silla. Estoy seguro de que tendrá pinta de Gran Mogol.
On fit une halte d′une heure pour faire souffler les chevaux; Aramis solda son compte, plaça Bazin dans le fourgon avec ses camarades, et l′on se mit en route pour aller retrouver Porthos. Se hizo un alto de una hora para dar respiro a los caballos; Aramis saldó sus cuentas, colocó a Bazin en el furgón con sus camaradas y se pusieron en ruta para ir en busca de Porthos.
On le trouva debout, moins pâle que ne l′avait vu d′Artagnan à sa première visite, et assis à une table où, quoiqu′il fût seul, figurait un dîner de quatre personnes; ce dîner se composait de viandes galamment troussées, de vins choisis et de fruits superbes. Lo encontraron de pie, menos pálido de lo que lo había visto D′Artagnan durante su primera visita, y sentado a una mesa en la que, aunque estuviese solo, había comida para cuatro personas; aquella comida se componía de viandas galanamente aderezadas, de vinos escogidos y de frutos soberbios.
«Ah! pardieu! dit-il en se levant, vous arrivez à merveille, messieurs, j′en étais justement au potage, et vous allez dîner avec moi. -¡Ah, pardiez! -dijo levantándose-. Llegáis a punto, señores, estaba precisamente en la sopa y vais a comer conmigo.
— Oh! oh! fit d′Artagnan, ce n′est pas Mousqueton qui a pris au lasso de pareilles bouteilles, puis voilà un fricandeau piqué et un filet de boeuf… -¡Oh, oh! -dijo D′Artagnan-. No es Mosquetón quien ha cogido a lazo tales botellas; además, aquí hay un fricandó mechado y un filete de buey...
— Je me refais, dit Porthos, je me refais, rien n′affaiblit comme ces diables de foulures; avez-vous eu des foulures, Athos? -Me voy recuperando -dijo Porthos-, me voy recuperando; nada debilita tanto como esos malditos esguinces. ¿Habéis tenido vos esguinces, Athos?
— Jamais; seulement je me rappelle que dans notre échauffourée de la rue Férou je reçus un coup d′épée qui, au bout de quinze ou dix-huit jours, m′avait produit exactement le même effet. -Jamás; sólo recuerdo que en nuestra escaramuza de la calle de Férou recibí una estocada que al cabo de quince o dieciocho días me produjo exactamente el mismo efecto.
— Mais ce dîner n′était pas pour vous seul, mon cher Porthos? ditAramis. -Pero esta comida no era sólo para vos, mi querido Porthos -dijo Aramis.
— Non, dit Porthos; j′attendais quelques gentilshommes du voisinage qui viennent de me faire dire qu′ils ne viendraient pas; vous les remplacerez et je ne perdrai pas au change. Holà, Mousqueton! des sièges, et que l′on double les bouteilles! -No -dijo Porthos-; esperaba a algunos gentileshombres de la vecindad que acaban de comunicarme que no vendrán; vos los reemplazaréis, y yo no perderé en el cambio. ¡Hola, Mosquetón! ¡Sillas, y que se doblen las botellas!
— Savez-vous ce que nous mangeons ici? dit Athos au bout de dix minutes. -¿Sabéis lo que estamos comiendo? -dijo Athos al cabo de diez minutos.
— Pardieu! répondit d′Artagnan, moi je mange du veau piqué aux cardons et à la moelle. -Pardiez -respondió D′Artagnan-; yo como carne de buey mechada con cardos y con tuétanos.
— Et moi des filets d′agneau, dit Porthos. -Y yo chuletas de cordero -dijo Porthos.
— Et moi un blanc de volaille, dit Aramis. -Y yo una pechuga de ave -dijo Aramis.
— Vous vous trompez tous, messieurs, répondit Athos, vous mangez du cheval. -Todos os equivocáis, señores -respondió Athos-; coméis caballo.
— Allons donc! dit d′Artagnan. -¡Vamos! -dijo D′Artagnan.
— Du cheval!» fit Aramis avec une grimace de dégoût. -¿Caballo? -preguntó Aramis con una mueca de disgusto.
Porthos seul ne répondit pas. Sólo Porthos no respondió.
«Oui, du cheval; n′est-ce pas, Porthos, que nous mangeons du cheval? Peut-être même les caparaçons avec! -Sí, caballo, ¿no es cierto, Porthos, que comemos caballo? Quizá incluso con arreos y todo.
— Non, messieurs, j′ai gardé le harnais, dit Porthos. -No, señores; he guardado el arnés -dijo Porthos.
— Ma foi, nous nous valons tous, dit Aramis: on dirait que nous nous sommes donné le mot. -A fe que todos somos iguales -dijo Aramis-; se diría que estábamos de acuerdo.
— Que voulez-vous, dit Porthos, ce cheval faisait honte à mes visiteurs, et je n′ai pas voulu les humilier! -¡Qué queréis! -dijo Porthos-. Este caballo causaba vergüenza a mis visitantes y no he querido humillarlos.
— Puis, votre duchesse est toujours aux eaux, n′est-ce pas? reprit d′Artagnan. -Y en cuanto a vuestra duquesa, sigue en las aguas, ¿no es cierto? -prosiguió D′Artagnan.
— Toujours, répondit Porthos. Or, ma foi, le gouverneur de la province, un des gentilshommes que j′attendais aujourd′hui à dîner, m′a paru le désirer si fort que je le lui ai donné. -Allí sigue -respondió Porthos-. Palabra que el gobernador de la provincia, uno de los gentileshombres que esperaba a cenar hoy, parecía desearlo tanto que se lo he dado.
— Donné! s′écria d′Artagnan. -¡Dado! -exclamó D′Artagnan.
— Oh! mon Dieu! oui, donné! c′est le mot, dit Porthos; car il valait certainement cent cinquante louis, et le ladre n′a voulu me le payer que quatre-vingts. -¡Oh, Dios mío! ¡Sí, dado! Esa es la palabra -dijo Porthos-; porque ciertamente valía ciento cincuenta luises, y el ladrón no ha querido pagármelo más que en ochenta.
— Sans la selle? dit Aramis. -¿Sin la silla? -dijo Aramis.
— Oui, sans la selle. -Sí, sin la silla.
— Vous remarquerez, messieurs, dit Athos, que c′est encorePorthos qui a fait le meilleur marché de nous tous.» -Observaréis, señores -dijo Athos-, que, pese a todo, Porthos ha sido el que mejor negocio ha hecho de todos nosotros.
Ce fut alors un hourra de rires dont le pauvre Porthos fut tout saisi; mais on lui expliqua bientôt la raison de cette hilarité, qu′il partagea bruyamment selon sa coutume. Se produjo entonces un hurra de risas que dejaron al pobre Porthos completamente atónito; pero pronto se le explicó la razón de aquella hilaridad, que él compartió ruidosamente, según su costumbre.
«De sorte que nous sommes tous en fonds? dit d′Artagnan. -¿De modo que todos tenemos dinero? -dijo D′Artagnan.
— Mais pas pour mon compte, dit Athos; j′ai trouvé le vin d′Espagne d′Aramis si bon, que j′en ai fait charger une soixantaine de bouteilles dans le fourgon des laquais: ce qui m′a fort désargenté. -No por lo que mí toca -dijo Athos-; me ha parecido tan bueno el vino español de Aramis que he hecho cargar sesenta botellas en el furgón de los lacayos; eso me ha dejado sin nada.
— Et moi, dit Aramis, imaginez donc que j′avais donné jusqu′à mon dernier sou à l′église de Montdidier et aux jésuites d′Amiens; que j′avais pris en outre des engagements qu′il m′a fallu tenir, des messes commandées pour moi et pour vous, messieurs, que l′on dira, messieurs, et dont je ne doute pas que nous ne nous trouvions à merveille. -En cuanto a mí -dijo Aramis-, imaginaos que di hasta mi último céntimo a la iglesia de Montdidier y a los jesuitas de Amiens, he tenido que hacerme cargo de los compromisos que había contraído, misas encargadas por mí y para vos, señores; que se dirán, señores, y que no dudo que nos han de servir de maravilla.
— Et moi, dit Porthos, ma foulure, croyez-vous qu′elle ne m′a rien coûté? sans compter la blessure de Mousqueton, pour laquelle j′ai été obligé de faire venir le chirurgien deux fois par jour, lequel m′a fait payer ses visites double sous prétexte que cet imbécile de Mousqueton avait été se faire donner une balle dans un endroit qu′on ne montre ordinairement qu′aux apothicaires; aussi je lui ai bien recommandé de ne plus se faire blesser là. -Y yo -dijo Porthos-, ¿creéis que mi esguince no me ha costado nada? Sin contar la herida de Mosquetón, por la que he tenido que hacer venir al cirujano dos veces al día, el cual me ha hecho pagar doble sus visitas, so pretexto de que ese imbécil de Mosquetón había ido a recibir una bala en un lugar que no se enseña generalmente más que a los boticarios; por eso le he recomendado encarecidamente no volver a dejarse herir ahí.
— Allons, allons, dit Athos, en échangeant un sourire avec d′Artagnan et Aramis, je vois que vous vous êtes conduit grandement à l′égard du pauvre garçon: c′est d′un bon maître. -Vamos, vamos -dijo Athos, cambiando una sonrisa con D′Artagnan y Aramis-, veo que os habéis comportado a lo grande con vuestro pobre mozo; es propio de un buen amo.
— Bref, continua Porthos, ma dépense payée, il me restera bien une trentaine d′écus. -En resumen -continuó Porthos-: pagados mis gastos, me quedará una treintena de escudos.
— Et à moi une dizaine de pistoles, dit Aramis. -Y a mí una decena de pistolas -dijo Aramis.
— Allons, allons, dit Athos, il paraît que nous sommes les Crésus de la société. Combien vous reste-t-il sur vos cent pistoles, d′Artagnan? -Vamos -dijo Athos-, parece que nosotros somos los Cresos de la sociedad. De vuestras cien pistolas, ¿cuánto os queda, D′Artagnan?
— Sur mes cent pistoles? D′abord, je vous en ai donné cinquante. -¿De mis cien pistolas? En primer lugar, os he dado cincuenta.
— Vous croyez? -¿Eso creéis?
— Pardieu! — Ah! c′est vrai, je me rappelle. -¡Pardiez! -Ah, es cierto, ahora me acuerdo.
— Puis, j′en ai payé six à l′hôte. -Luego he pagado seis al hostelero.
— Quel animal que cet hôte! pourquoi lui avez-vous donné six pistoles? -¡Qué animal de hostelero! ¿Por qué le habéis dado seis pistolas?
— C′est vous qui m′avez dit de les lui donner. -Es lo que vos me dijisteis que le diese.
— C′est vrai que je suis trop bon. Bref, en reliquat? -Es cierto que soy demasiado bueno. En resumen, ¿qué queda?
— Vingt-cinq pistoles, dit d′Artagnan. -Veinticinco pistolas -dijo D′Artagnan.
— Et moi, dit Athos en tirant quelque menue monnaie de sa poche, moi… -Y yo -dijo Athos, sacando algo de calderilla de su bolsillo-, yo...
— Vous, rien. -Vos, nada.
— Ma foi, ou si peu de chose, que ce n′est pas la peine de rapporter à la masse. -A fe que es tan poco que no merece la pena juntarlo en el montón.
— Maintenant, calculons combien nous possédons en tout: Porthos? -Ahora calculemos cuánto poseemos en total. ¿Porthos?
— Trente écus. -Treinta escudos.
— Aramis? -¿Aramis?
— Dix pistoles. -Diez pistolas.
— Et vous, d′Artagnan? -¿Y vos, D′Artagnan?
— Vingt-cinq. -Veinticinco.
— Cela fait en tout? dit Athos. -Eso hace un total... -dijo Athos.
— Quatre cent soixante-quinze livres! dit d′Artagnan, qui comptait comme Archimède. -Cuatrocientas setenta y cinco libras -dijo D′Artagnan, que contaba como Arquímedes.
— Arrivés à Paris, nous en aurons bien encore quatre cents, ditPorthos, plus les harnais. -Llegados a Paris, tendremos todavía cuatrocientas -dijo Porthos-, además de los arneses.
— Mais nos chevaux d′escadron? dit Aramis. -Pero ¿nuestros caballos de escuadrón? -dijo Aramis.
— Eh bien, des quatre chevaux des laquais nous en ferons deux de maître que nous tirerons au sort; avec les quatre cents livres, on en fera un demi pour un des démontés, puis nous donnerons les grattures de nos poches à d′Artagnan, qui a la main bonne, et qui ira les jouer dans le premier tripot venu, voilà. -Bueno, los cuatro caballos de los lacayos nos servirán como dos de amo, que echaremos a suertes; con las cuatrocientas libras se hará una mitad para uno de los desmontados, luego dejaremos las migajas de nuestros bolsillos a D′Artagnan, que tiene buena mano y que irá a jugarlas al primer garito.
— Dînons donc, dit Porthos, cela refroidit.» -Cenemos entonces -dijo Porthos-; esto se enfría.
Les quatre amis, plus tranquilles désormais sur leur avenir, firent honneur au repas, dont les restes furent abandonnés à MM. Mousqueton, Bazin, Planchet et Grimaud. Los cuatro amigos, más tranquilos desde entonces por su futuro, hicieron honor a la comida, cuyas sobras fueron abandonadas a los señores Mosquetón, Bazin, Planchet y Grimaud.
En arrivant à Paris, d′Artagnan trouva une lettre de M. de Tréville qui le prévenait que, sur sa demande, le roi venait de lui accorder la faveur d′entrer dans les mousquetaires. Al llegar a París, D′Artagnan encontró una carta del señor de Tréville, quien le prevenía de que, a petición suya, el rey acababa de concederle el favor de ingresar en los mosqueteros.
Comme c′était tout ce que d′Artagnan ambitionnait au monde, à part bien entendu le désir de retrouver Mme Bonacieux, il courut tout joyeux chez ses camarades, qu′il venait de quitter il y avait une demi-heure, et qu′il trouva fort tristes et fort préoccupés. Ils étaient réunis en conseil chez Athos: ce qui indiquait toujours des circonstances d′une certaine gravité. Como esto era todo lo que D′Artagnan ambicionaba en el mundo, aparte por supuesto, de volver a encontrar a la señora Bonacieux, corrió todo contento en busca de sus camaradas, a los que acababa de dejar hacía media hora, y a los que encontró muy tristes y muy preocupados. Estaban reunidos todos en consejo en casa de Athos, cosa que indicaba siempre circunstancias de cierta gravedad.
M. de Tréville venait de les faire prévenir que l′intention bien arrêtée de Sa Majesté étant d′ouvrir la campagne le 1er mai, ils eussent à préparer incontinent leurs équipages. El señor de Tréville acababa de hacerles avisar que la intención muy meditada de Su Majestad era iniciar la campaña el primero de mayo, y tenían que preparar de inmediato los equipos.
Les quatre philosophes se regardèrent tout ébahis: M. de Tréville ne plaisantait pas sous le rapport de la discipline. Los cuatro filósofos se miraron todo pasmados: el señor de Tréville no bromeaba en materia de disciplina.
«Et à combien estimez-vous ces équipages? dit d′Artagnan. -¿Y en cuánto estimáis esos esquipos? -dijo D′Artagnan.
— Oh! il n′y a pas à dire, reprit Aramis, nous venons de faire nos comptes avec une lésinerie de Spartiates, et il nous faut à chacun quinze cents livres. -¡Oh! No hay más que decirlo -prosiguió Aramis-, acabamos de hacer nuestras cuentas con una cicatería de espartanos y necesitamos cada uno de nosotros mil quinientas libras.
— Quatre fois quinze font soixante, soit six mille livres, ditAthos. -Cuatro por quinientas son dos mil; o sea, en total seis mil libras -dijo Athos.
— Moi, dit d′Artagnan, il me semble qu′avec mille livres chacun, il est vrai que je ne parle pas en Spartiate, mais en procureur…» -Yo creo -dijo D′Artagnan- que bastará con mil libras cada uno; cierto que no hablo como espartano, sino como procurador...
Ce mot de procureur réveilla Porthos. Esta palabra de procurador despertó a Porthos.
«Tiens, j′ai une idée! dit-il. -¡Vaya, tengo una idea! -dijo.
— C′est déjà quelque chose: moi, je n′en ai pas même l′ombre, fit froidement Athos, mais quant à d′Artagnan, messieurs, le bonheur d′être désormais des nôtres l′a rendu fou; mille livres! je déclare que pour moi seul il m′en faut deux mille. -Algo es algo; yo no tengo siquiera ni la sombra de una -dijo fríamente Athos-; en cuanto a D′Artagnan, señores, la felicidad de ser en adelante uno de nosotros le ha vuelto loco. ¡Mil libras! Declaro que para mí sólo necesito dos mil.
— Quatre fois deux font huit, dit alors Aramis: c′est donc huit mille livres qu′il nous faut pour nos équipages, sur lesquels équipages, il est vrai, nous avons déjà les selles. -Cuatro or dos son ocho -dijo entonces Aramis-; por tanto, son ocho mil liras las que necesitamos para nuestros equipos, equipos de los que, es cierto, tenemos ya las sillas.
— Plus, dit Athos, en attendant que d′Artagnan qui allait remercier M. de Tréville eût fermé la porte, plus ce beau diamant qui brille au doigt de notre ami. Que diable! d′Artagnan est trop bon camarade pour laisser des frères dans l′embarras, quand il porte à son médius la rançon d′un roi.» -Además -dijo Athos, esperando a que D′Artagnan, que iba a dar las gracias al señor de Tréville, hubiese cerrado la puerta-; además de ese hermoso diamante que brilla en el dedo de nuestro amigo. ¡Qué diablo! D′Artagnan es demasiado buen camarada para dejar a sus hermanos en el apuro cuando lleva en su dedo corazon el rescate de un rey.






CHAPITRE XXIX -- LA CHASSE À L′ÉQUIPEMENT

Capítulo XXIX -- La caza del equipo

Le plus préoccupé des quatre amis était bien certainement d′Artagnan, quoique d′Artagnan, en sa qualité de garde, fût bien plus facile à équiper que messieurs les mousquetaires, qui étaient des seigneurs; mais notre cadet de Gascogne était, comme on a pu le voir, d′un caractère prévoyant et presque avare, et avec cela (expliquez les contraires) glorieux presque à rendre des points à Porthos. À cette préoccupation de sa vanité, d′Artagnan joignait en ce moment une inquiétude moins égoe. Quelques informations qu′il eût pu prendre sur Mme Bonacieux, il ne lui en était venu aucune nouvelle. M. de Tréville en avait parlé à la reine; la reine ignorait où était la jeune mercière et avait promis de la faire chercher. El más preocupado de los cuatro amigos era, por supuesto, D′Artagnan, aunque D′Artagnan, en su calidad de guardia, fuera más fácil de equipar que los señores mosqueteros, que eran señores; pero nuestro cadete de Gascuña era, como se habrá podido ver, de un carácter previsor y casi avaro, aunque también fantasioso hasta el punto (explicad los contrarios) de poderse comparar con Porthos. A aquella preocupación de su vanidad D′Artagnan unía en aquel momento una inquietud menos egoísta. Pese a algunas informaciones que había podido recibir sobre la señora Bonacieux, no le había llegado ninguna noticia. El señor de Tréville había hablado de ello a la reina: la reina ignoraba dónde estaba la joven mercera y habría prometido hacerla buscar.
Mais cette promesse était bien vague et ne rassurait guère d′Artagnan. Pero esta promesa era muy vaga y apenas tranquilizadora para D′Artagnan.
Athos ne sortait pas de sa chambre; il était résolu à ne pas risquer une enjambée pour s′équiper. Athos no salía de su habitación: había decidido no arriesgar una zancada para equiparse.
«Il nous reste quinze jours, disait-il à ses amis; eh bien, si au bout de ces quinze jours je n′ai rien trouvé, ou plutôt si rien n′est venu me trouver, comme je suis trop bon catholique pour me casser la tête d′un coup de pistolet, je chercherai une bonne querelle à quatre gardes de Son Éminence ou à huit Anglais, et je me battrai jusqu′à ce qu′il y en ait un qui me tue, ce qui, sur la quantité, ne peut manquer de m′arriver. On dira alors que je suis mort pour le roi, de sorte que j′aurai fait mon service sans avoir eu besoin de m′équiper.» -Nos quedan quince días -les decía a sus amigos-; pues bien, si al cabo de quince días no he encontrado nada mejor, si nada ha venido a encontrarme, como soy buen católico para romperme la cabeza de un disparo, buscaré una buena pelea a cuatro guardias de su Eminencia o a ocho ingleses y me batiré hasta que haya uno que me mate, lo cual, con esa cantidad, no puede dejar de ocurrir. Se dirá entonces que he muerto por el rey, de modo que habré cumplido con mi deber sin tener necesidad de equiparme.
Porthos continuait à se promener, les mains derrière le dos, en hochant la tête de haut en bas et disant: Porthos seguía paseándose con las manos a la espalda, moviendo la cabeza de arriba abajo y diciendo:
«Je poursuivrai mon idée.» -Sigo en mi idea.
Aramis, soucieux et mal frisé, ne disait rien. Aramis, inquieto y despeinado, no decía nada.
On peut voir par ces détails désastreux que la désolation régnait dans la communauté. Por estos detalles desastrosos puede verse que la desolación reinaba en la comunidad.
Les laquais, de leur côté, comme les coursiers d′Hippolyte, partageaient la triste peine de leurs maîtres. Mousqueton faisait des provisions de croûtes; Bazin, qui avait toujours donné dans la dévotion, ne quittait plus les églises; Planchet regardait voler les mouches; et Grimaud, que la détresse générale ne pouvait déterminer à rompre le silence imposé par son maître, poussait des soupirs à attendrir des pierres. Los lacayos, por su parte, como los corceles de Hipólito, compartían la triste pena de sus amos. Mosquetón hacía provisiones de mendrugos de pan; Bazin, que siempre se había dado a la devoción, no dejaba las iglesias; Planchet miraba volar las moscas, y Grimaud, al que la penuria general no podía decidir a romper el silencio impuesto por su amo, lanzaba suspiros como para enternecer a las piedras.
Les trois amis — car, ainsi que nous l′avons dit, Athos avait juré de ne pas faire un pas pour s′équiper — les trois amis sortaient donc de grand matin et rentraient fort tard. Ils erraient par les rues, regardant sur chaque pavé pour savoir si les personnes qui y étaient passées avant eux n′y avaient pas laissé quelque bourse. On eût dit qu′ils suivaient des pistes, tant ils étaient attentifs partout où ils allaient. Quand ils se rencontraient, ils avaient des regards désolés qui voulaient dire: As-tu trouvé quelque chose? Los tres amigos, porque, como hemos dicho, Athos había jurado no dar un paso para equiparse, los tres amigos salían, pues, al alba y volvían muy tarde. Erraban por las calles mirando al suelo para saber si las personas que habían pasado antes que ellos no habían dejado alguna bolsa. Se hubiera dicho que seguían pistas, tan atentos estaban por donde quiera que iban. Cuando se encontraban, teman miradas desoladas que querían decir: ¿Has encontrado algo?
Cependant, comme Porthos avait trouvé le premier son idée, et comme il l′avait poursuivie avec persistance, il fut le premier à agir. C′était un homme d′exécution que ce digne Porthos. D′Artagnan l′aperçut un jour qu′il s′acheminait vers l′église Saint-Leu, et le suivit instinctivement: il entra au lieu saint après avoir relevé sa moustache et allongé sa royale, ce qui annonçait toujours de sa part les intentions les plus conquérantes. Comme d′Artagnan prenait quelques précautions pour se dissimuler, Porthos crut n′avoir pas été vu. D′Artagnan entra derrière lui. Porthos alla s′adosser au côté d′un pilier; d′Artagnan, toujours inaperçu, s′appuya de l′autre. Sin embargo como Porthos había sido el primero en dar con su idea y como había persistido en ella, fue el primero en actuar. Era un hombre de acción aquel digno Porthos. D′Artagnan lo vio un día encantinarse hacia la iglesia de Saint-Leu, y lo siguió instintivamente: entró en el lugar santo después de haberse atusado el mostacho y estirado su perilla, lo cual anunciaba de su parte las intenciones más conquistadoras. Como D′Artagnan tomaba algunas precauciones para esconderse, Porthos creyó no haber sido visto. D′Artagnan entró tras él; Porthos fue a situarse al lado de un pilar; D′Artagnan, siempre sin ser visto, se apoyó en otro.
Justement il y avait un sermon, ce qui faisait que l′église était fort peuplée. Porthos profita de la circonstance pour lorgner les femmes: grâce aux bons soins de Mousqueton l′extérieur était loin d′annoncer la détresse de l′intérieur; son feutre était bien un peu râpé, sa plume était bien un peu déteinte, ses broderies étaient bien un peu ternies, ses dentelles étaient bien éraillées; mais dans la demi-teinte toutes ces bagatelles disparaissaient, et Porthos était toujours le beau Porthos. Precisamente había sermón, lo cual hacía que la iglesia estuviera abarrotada. Porthos aprovechó la circunstancia para echar una ojeada a las mujeres; gracias a los buenos cuidados de Mosquetón, el, exterior estaba lejos de anunciar las penurias del interior: su sombrero estaba ciertamente algo pelado, su pluma descolorida, sus brocados algo deslustrados, sus puntillas bastante raídas, pero a media luz todas estas bagatelas desaparecían y Porthos seguía siendo el bello Porthos.
D′Artagnan remarqua, sur le banc le plus rapproché du pilier où Porthos et lui étaient adossés, une espèce de beauté mûre, un peu jaune, un peu sèche, mais raide et hautaine sous ses coiffes noires. Les yeux de Porthos s′abaissaient furtivement sur cette dame, puis papillonnaient au loin dans la nef. D′Artagnan observó en el banco más cercano al pilar donde Porthos y él estaban adosados una especie de beldad madura, algo amarillenta, algo seca, pero tiesa y altiva bajo sus cofias negras. Los ojos de Porthos se dirigían furtivamente hacia aquella dama, luego mariposeaban a lo lejos por la nave.
De son côté, la dame, qui de temps en temps rougissait, lançait avec la rapidité de l′éclair un coup d′oeil sur le volage Porthos, et aussitôt les yeux de Porthos de papillonner avec fureur. Il était clair que c′était un manège qui piquait au vif la dame aux coiffes noires, car elle se mordait les lèvres jusqu′au sang, se grattait le bout du nez, et se démenait désespérément sur son siège. Por su parte, la dama, que de vez en cuando se ruborizaba, lanzaba con la rapidez del rayo una mirada sobre el voluble Porthos, y al punto los ojos de Porthos se ponían a mariposear con furor. Era claro que se trataba de un manejo que hería vivamente a la dama de las cofias negras, porque se mordía los labios hasta hacerse sangre, se arañaba la punta de la nariz y se agitaba desesperadamente en su asiento.
Ce que voyant, Porthos retroussa de nouveau sa moustache, allongea une seconde fois sa royale, et se mit à faire des signaux à une belle dame qui était près du choeur, et qui non seulement était une belle dame, mais encore une grande dame sans doute, car elle avait derrière elle un négrillon qui avait apporté le coussin sur lequel elle était agenouillée, et une suivante qui tenait le sac armorié dans lequel on renfermait le livre où elle lisait sa messe. Al verlo, Porthos se atusó de nuevo su mostacho, estiró una segunda vez su perilla y se puso a hacer señales a una bella dama que estaba junto al coro, y que no solamente era una bella dama, sino que sin duda se trataba de una gran dama, porque tenía tras ella un negrito que había llevado el cojín sobre el que estaba arrodillada, y una doncella que sostenía el bolso bordado con escudo de armas en que se guardaba el libro con que seguía la misa.
La dame aux coiffes noires suivit à travers tous ses détours le regard de Porthos, et reconnut qu′il s′arrêtait sur la dame au coussin de velours, au négrillon et à la suivante. La dama de las cofias negras siguió a través de sus vueltas la mirada de Porthos, y comprobó que se detenía sobre la dama del cojín de terciopelo, del negrito y de la doncella.
Pendant ce temps, Porthos jouait serré: c′était des clignements d′yeux, des doigts posés sur les lèvres, de petits sourires assassins qui réellement assassinaient la belle dédaignée. Mientras tanto, Porthos jugaba fuerte: guiños de ojos, dedos puestos sobre los labios, sonrisitas asesinas que realmente asesinaban a la hermosa desdeñada.
Aussi poussa-t-elle, en forme de mea culpa et en se frappant la poitrine, un hum! tellement vigoureux que tout le monde, même la dame au coussin rouge, se retourna de son côté; Porthos tint bon: pourtant il avait bien compris, mais il fit le sourd. Por eso, en forma de mea culpa y golpeándose el pecho, ella lanzó un ¡hum! tan vigoroso que todo el mundo, incluso la dama del cojín rojo, se volvió hacia su lado; Porthos permaneció impasible, aunque había comprendido bien, pero se hizo el sordo.
La dame au coussin rouge fit un grand effet, car elle était fort belle, sur la dame aux coiffes noires, qui vit en elle une rivale véritablement à craindre; un grand effet sur Porthos, qui la trouva plus jolie que la dame aux coiffes noires; un grand effet sur d′Artagnan, qui reconnut la dame de Meung, de Calais et de Douvres, que son persécuteur, l′homme à la cicatrice, avait saluée du nom de Milady. La dama del cojín rojo causó gran efecto, porque era muy bella, en la dama de las cofias negras, que vio en ella una rival realmente peligrosa: un gran efecto sobre Porthos, que la encontró más hermosa que la dama de las cofias negras; un gran efecto sobre D′Artagnan, que reconoció a la dama de Meung, de Calais y de Douvres, a la que su perseguidor, el hombre de la cicatriz, había saludado con el nombre de milady.
D′Artagnan, sans perdre de vue la dame au coussin rouge, continua de suivre le manège de Porthos, qui l′amusait fort; il crut deviner que la dame aux coiffes noires était la procureuse de la rue aux Ours, d′autant mieux que l′église Saint-Leu n′était pas très éloignée de ladite rue. D′Artagnan, sin perder de vista a la dama del cojín rojo, continuó siguiendo los manejos de Porthos, que le divertían mucho; creyó adivinar que la dama de las cofias negras era la procuradora de la calle Aux Ours, tanto más cuanto que la iglesia de Saint-Leu no estaba muy alejada de la citada calle.
Il devina alors par induction que Porthos cherchait à prendre sa revanche de sa défaite de Chantilly, alors que la procureuse s′était montrée si récalcitrante à l′endroit de la bourse. Adivinó entonces por inducción que Porthos trataba de tomarse la revancha por la derrota de Chantilly, cuando la procuradora se había mostrado tan recalcitrante respecto a la bolsa.
Mais, au milieu de tout cela, d′Artagnan remarqua aussi que pas une figure ne correspondait aux galanteries de Porthos. Ce n′étaient que chimères et illusions; mais pour un amour réel, pour une jalousie véritable, y a-t-il d′autre réalité que les illusions et les chimères? Pero en medio de todo aquello, D′Artagnan notó también que su rostro no correspondía a las galanterías de Porthos. Aquello no eran más que quimeras ilusiones; pero para un amor real, para unos celos verdaderos, ¿hay otra realidad que las ilusiones y las quimeras?
Le sermon finit: la procureuse s′avança vers le bénitier; Porthos l′y devança, et, au lieu d′un doigt, y mit toute la main. La procureuse sourit, croyant que c′était pour elle que Porthos se mettait en frais: mais elle fut promptement et cruellement détrompée: lorsqu′elle ne fut plus qu′à trois pas de lui, il détourna la tête, fixant invariablement les yeux sur la dame au coussin rouge, qui s′était levée et qui s′approchait suivie de son négrillon et de sa fille de chambre. El sermón acabó; la procuradora avanzó hacia la pila de agua bendita; Porthos se adelantó y, en lugar de un dedo, metió toda la mano. La procuradora sonrió, creyendo que era para ella, por lo que Porthos hacía aquel extraordinario, pero pronto y cruelmente fue desengañada: cuando sólo estaba a tres pasos de él, éste volvió la cabeza, fijando de modo invariable los ojos sobre la dama del cojín rojo, que se había levantado y que se acercaba seguida de su negrito y de su doncella.
Lorsque la dame au coussin rouge fut près de Porthos, Porthos tira sa main toute ruisselante du bénitier; la belle dévote toucha de sa main effilée la grosse main de Porthos, fit en souriant le signe de la croix et sortit de l′église. Cuando la dama del cojín rojo estuvo junto a Porthos, Porthos sacó su mano toda chorreante de la pila; la bella devota tocó con su mano afilada la gruesa mano de Porthos, hizo, sonriendo, la señal de la cruz y selió de la iglesia.
C′en fut trop pour la procureuse: elle ne douta plus que cette dame et Porthos fussent en galanterie. Si elle eût été une grande dame, elle se serait évanouie, mais comme elle n′était qu′une procureuse, elle se contenta de dire au mousquetaire avec une fureur concentrée: Aquello fue demasiado para la procuradora; no dudó de que aquella dama y Porthos estaban requebrándose. Si hubiera sido una gran dama, se habría desmayado; pero como no era más que una procuradora, se contentó con decir al mosquetero con un furor concentrado:
«Eh! monsieur Porthos, vous ne m′en offrez pas à moi, d′eau bénite?» -¡Eh, señor Porthos! ¿No me vais a ofrecer a mí agua bendita?
Porthos fit, au son de cette voix, un soubresaut comme ferait un homme qui se réveillerait après un somme de cent ans. Al oír aquella voz, Porthos se sobresaltó como lo haría un hombre que se despierta tras un sueño de cien años.
«Ma… madame! s′écria-t-il, est-ce bien vous? Comment se porte votre mari, ce cher monsieur Coquenard? Est-il toujours aussi ladre qu′il était? Où avais-je donc les yeux, que je ne vous ai pas même aperçue pendant les deux heures qu′a duré ce sermon? -Se..., señora -exclamó él-. ¿Sois vos? ¿Cómo va vuestro marido, mi querido señor Coquenard? ¿Sigue tan pícaro como siempre? ¿Dónde tenía yo los ojos, que no os he visto siquiera en las dos horas que ha durado ese sermón?
— J′étais à deux pas de vous, monsieur, répondit la procureuse; mais vous ne m′avez pas aperçue parce que vous n′aviez d′yeux que pour la belle dame à qui vous venez de donner de l′eau bénite.» -Estaba a dos pasos de vos, señor -respondió la procuradora-, y no me habéis visto porque no teníais ojos más que para la hermosa dama a quien acabáis de dar agua bendita.
Porthos feignit d′être embarrassé. Porthos fingió estar apurado.
«Ah! dit-il, vous avez remarqué… -¡Ah! -dijo-. Habéis notado...
— Il eût fallu être aveugle pour ne pas le voir. -Hay que estar ciego para no verlo.
— Oui, dit négligemment Porthos, c′est une duchesse de mes amies avec laquelle j′ai grand-peine à me rencontrer à cause de la jalousie de son mari, et qui m′avait fait prévenir qu′elle viendrait aujourd′hui, rien que pour me voir, dans cette chétive église, au fond de ce quartier perdu. -Sí -dijo displicentemente Porthos-; es una duquesa amiga mía con la que tengo muchos problemas para encontrarme por los celos de su marido, y que me había avisado que vendría hoy, sólo para verme, a esta pore iglesia, en este barrio perdido.
— Monsieur Porthos, dit la procureuse, auriez-vous la bonté de m′offrir le bras pendant cinq minutes, je causerais volontiers avec vous? -Señor Porthos -dijo la procuradora- ¿tendríais la bondad de ofrecerme el brazo durante cinco minutos? Hablaría de buena gana con vos.
— Comment donc, madame», dit Porthos en se clignant de l′oeil à lui-même comme un joueur qui rit de la dupe qu′il va faire. -Por supuesto, señora -dijo Porthos, guiñándose un ojo a sí mismo como un jugador que ríe de la víctima que va a hacer.
Dans ce moment, d′Artagnan passait poursuivant Milady; il jeta un regard de côté sur Porthos, et vit ce coup d′oeil triomphant. En aquel momento, D′Artagnan pasaba persiguiendo a milady; lanzó una ojeada hacia Porthos y vio aquella mirada triunfante.
«Eh! eh! se dit-il à lui même en raisonnant dans le sens de la morale étrangement facile de cette époque galante, en voici un qui pourrait bien être équipé pour le terme voulu.» -¡Vaya, vaya! -se dijo a sí mismo, razonando sobre el sentido de la moral extrañamente fácil de aquella época galante-. Ahí hay uno que fácilmente podrá equiparse en el plazo previsto.
Porthos, cédant à la pression du bras de sa procureuse comme une barque cède au gouvernail, arriva au cloître Saint-Magloire, passage peu fréquenté, enfermé d′un tourniquet à ses deux bouts. On n′y voyait, le jour, que mendiants qui mangeaient ou enfants qui jouaient. Porthos, cediendo a la presión del brazo de su procuradora como una barca cede al gobernalle, llegó al claustro de Saint-Magloire, pasaje poco frecuentado, encerrado por molinetes en sus dos extremos. No se veía, por el día, más que mendigos comiendo o niños jugando.
«Ah! monsieur Porthos! s′écria la procureuse, quand elle se fut assurée qu′aucune personne étrangère à la population habituelle de la localité ne pouvait les voir ni les entendre; ah! monsieur Porthos! vous êtes un grand vainqueur, à ce qu′il paraît! -¡Ah, señor Porthos! -exclamó la procuradora cuando se hubo tranquilizado de que nadie extraño a la población habitual de la localidad podía verlos ni oírlos-. Vaya, señor Porthos, estáis hecho un conquistador, según parece.
— Moi, madame! dit Porthos en se rengorgeant, et pourquoi cela? -¿Yo, señora? -dijo Porthos engallándose-. ¿Y eso por qué?
— Et les signes de tantôt, et l′eau bénite? Mais c′est une princesse pour le moins, que cette dame avec son négrillon et sa fille de chambre! -¿Y las señas de hace un momento, y el agua bendita? Pero por lo menos es una princesa esa dama, con su negrito y su doncella.
— Vous vous trompez; mon Dieu, non, répondit Porthos, c′est tout bonnement une duchesse. -Os equivocáis. Dios mío, no -respondió Porthos-, es simplemente una duquesa.
— Et ce coureur qui attendait à la porte, et ce carrosse avec un cocher à grande livrée qui attendait sur son siège?» -¿Y ese recadero que la esperaba en la puerta, y esa carroza con un cochero de lujosa librea que esperaba en su pescante?
Porthos n′avait vu ni le coureur, ni le carrosse; mais, de son regard de femme jalouse, Mme Coquenard avait tout vu. Porthos no había visto ni el recadero ni la canoza; pero con su mirada de mujer celosa, la señora Coquenard lo había visto todo.
Porthos regretta de n′avoir pas, du premier coup, fait la dame au coussin rouge princesse. Porthos lamentó no haber hecho a la dama del cojín rojo princesa a la primera.
«Ah! vous êtes l′enfant chéri des belles, monsieur Porthos! reprit en soupirant la procureuse. -¡Ah, sois un muchacho amado por las hermosas, señor Porthos! -prosiguió suspirando la procuradora.
— Mais, répondit Porthos, vous comprenez qu′avec un physique comme celui dont la nature m′a doué, je ne manque pas de bonnes fortunes. -Pero -respondió Porthos- comprenderéis que con un físico como el que la naturaleza me ha dotado, no dejo de tener aventuras.
— Mon Dieu! comme les hommes oublient vite! s′écria la procureuse en levant les yeux au ciel. -¡Dios mío! ¡Qué pronto olvidan los hombres! -exclamó la procuradora alzando los ojos al cielo.
— Moins vite encore que les femmes, ce me semble, répondit Porthos; car enfin, moi, madame, je puis dire que j′ai été votre victime, lorsque blessé, mourant, je me suis vu abandonné des chirurgiens; moi, le rejeton d′une famille illustre, qui m′étais fié à votre amitié, j′ai manqué mourir de mes blessures d′abord, et de faim ensuite dans une mauvaise auberge de Chantilly, et cela sans que vous ayez daigné répondre une seule fois aux lettres brûlantes que je vous ai écrites. -Menos pronto que las mujeres -respondió Porthos-; porque, en fin, señora, yo puedo decir que he sido víctima, cuando herido, moribundo, me he visto abandonado a los cirujanos; yo, el vástago de una familia ilustre, que me habíia fiado de vuestra amistad, he estado a punto de morir de mis heridas, primero; y de hambre después, en un mal albergue de Chantilly, y eso sin que vos os hayáis dignado responder una sola vez a las ardientes cartas que os he escrito.
— Mais, monsieur Porthos…, murmura la procureuse, qui sentait qu′à en juger par la conduite des plus grandes dames de ce temps- là, elle était dans son tort. -Pero, señor Porthos... -murmuró la procuradora, que se daba cuenta de que, a juzgar por la conducta de las mayores damas de su tiempo, había cometido un error.
— Moi qui avais sacrifié pour vous la comtesse de Penaflor… -Yo, que había sacrificado por vos a la condesa de Peñaflor...
— Je le sais bien. -Lo sé.
— La baronne de… -A la baronesa de...
— Monsieur Porthos, ne m′accablez pas. -Señor Porthos, no me abruméis.
— La duchesse de… -A la duquesa de...
— Monsieur Porthos, soyez généreux! -Señor Porthos, sed generoso.
— Vous avez raison, madame, et je n′achèverai pas. -Tenéis razón, señora; además, no acabaría.
— Mais c′est mon mari qui ne veut pas entendre parler de prêter. -Pero es que mi marido no quiere oír hablar de prestar.
— Madame Coquenard, dit Porthos, rappelez-vous la première lettre que vous m′avez écrite et que je conserve gravée dans ma mémoire.» -Señora Coquenard -dijo Porthos-, acordaos de la primera carta que me escribisteis y que conservo grabada en mi memoria.
La procureuse poussa un gémissement. La procuradora lanzó un gemido.
«Mais c′est qu′aussi, dit-elle, la somme que vous demandiez à emprunter était un peu bien forte. -Pero es que, además -dijo ella-, la suma que pedíais prestada era algo fuerte.
— Madame Coquenard, je vous donnais la préférence. Je n′ai eu qu′à écrire à la duchesse de… Je ne veux pas dire son nom, car je ne sais pas ce que c′est que de compromettre une femme; mais ce que je sais, c′est que je n′ai eu qu′à lui écrire pour qu′elle m′en envoyât quinze cents.» -Señora Coquenard, os daba preferencia. No he tenido más que escribir a la duquesa de... No quiero decir su nombre, porque no sé lo que es comprometer a una mujer; pero lo que sí sé es que yo no he tenido más que escribirle para que me enviase mil quinientos.
La procureuse versa une larme. La procuradora derramó una lágrima.
«Monsieur Porthos, dit-elle, je vous jure que vous m′avez grandement punie, et que si dans l′avenir vous vous retrouviez en pareille passe, vous n′auriez qu′à vous adresser à moi. -Señor Porthos -dijo-, os juro que me habéis castigado de sobra y que si en el futuro os encontráis en semejante paso, no tendréis más que dirigiros a mí.
— Fi donc, madame! dit Porthos comme révolté, ne parlons pas argent, s′il vous plaît, c′est humiliant. -Dejémoslo, señora -dijo Porthos, como sublevado-; no hablemos de dinero, por favor, es humillante.
— Ainsi, vous ne m′aimez plus!» dit lentement et tristement la procureuse. -¡Así que no me amáis ya! -dijo lenta y tristemente la procuradora.
Porthos garda un majestueux silence. Porthos guardó un silencio majestuoso.
«C′est ainsi que vous me répondez? Hélas! je comprends. -¿Así es como me respondéis? ¡Ay, comprendo!
— Songez à l′offense que vous m′avez faite, madame: elle est restée là, dit Porthos, en posant la main à son coeur et en l′y appuyant avec force. -Pensad en la ofensa que me habéis hecho, señora; se me ha quedado aquí -dijo Porthos, poniendo la mano en su corazón y apretando con fuerza.
— Je la réparerai; voyons, mon cher Porthos! -¡Yo la repararé, mi querido Porthos!
— D′ailleurs, que vous demandais-je, moi? reprit Porthos avec un mouvement d′épaules plein de bonhomie; un prêt, pas autre chose. Après tout, je ne suis pas un homme déraisonnable. Je sais que vous n′êtes pas riche, madame Coquenard, et que votre mari est obligé de sangsurer les pauvres plaideurs pour en tirer quelques pauvres écus. Oh! si vous étiez comtesse, marquise ou duchesse, ce serait autre chose, et vous seriez impardonnable.» -Además, ¿qué os pedía? -prosiguió Porthos con un movimiento de hombros lleno de sencillez-. Un préstamo, nada más. Después de todo, no soy un hombre poco razonable. Sé que no sois rica, señora Coquenard, que vuestro marido está obligado a sangrar a los pobres litigantes para sacar unos pobres escudos. Si fueseis condesa, marquesa o duquesa, sería distinto, y en tal caso no podría perdonaros.
La procureuse fut piquée. La procuradora se picó.
«Apprenez, monsieur Porthos, dit-elle, que mon coffre-fort, tout coffre-fort de procureuse qu′il est, est peut-être mieux garni que celui de toutes vos mijaurées ruinées. -Sabed, señor Porthos -dijo ella-, que mi caja fuerte, por muy caja fuerte de procuradora que sea, está quizá mejor provista que la de todas vuestras remilgadas anruinadas.
— Double offense que vous m′avez faite alors, dit Porthos en dégageant le bras de la procureuse de dessous le sien; car si vous êtes riche, madame Coquenard, alors votre refus n′a plus d′excuse. -Doble ofensa la que me hacéis entonces -dijo Porthos soltando el brazo de la procuradora de debajo del suyo-; porque si vos sois rica, señora Coquenard, entonces no hay excusa que valga en vuestra negativa.
— Quand je dis riche, reprit la procureuse, qui vit qu′elle s′était laissé entraîner trop loin, il ne faut pas prendre le mot au pied de la lettre. Je ne suis pas précisément riche, je suis à mon aise. -Cuando digo rica -prosiguió la procuradora, que vio que se había dejado arrastrar demasiado lejos-, no hay que tomar la palabra al pie de la letra. No soy lo que se dice rica, pero vivo holgada.
— Tenez, madame, dit Porthos, ne parlons plus de tout cela, je vous en prie. Vous m′avez méconnu; toute sympathie est éteinte entre nous. -Mirad, señora -dijo Porthos-, no hablemos más de todo eso, os lo suplico. Me habéis despreciado; entre nosotros la simpatía se apagó.
— Ingrat que vous êtes! -¡Qué ingrato sois!
— Ah! je vous conseille de vous plaindre! dit Porthos. -¡Ah, encima podéis quejaros! -dijo Porthos.
— Allez donc avec votre belle duchesse! je ne vous retiens plus. -¡Idos, pues, con vuestra bella duquesa! Yo no os retengo.
— Eh! elle n′est déjà point si décharnée, que je crois! -¡Vaya, por lo menos no está tan seca como creo!
— Voyons, monsieur Porthos, encore une fois, c′est la dernière: m′aimez-vous encore? -Veamos, señor Porthos, una vez más, la última: ¿Aún me amáis?
— Hélas! madame, dit Porthos du ton le plus mélancolique qu′il put prendre, quand nous allons entrer en campagne, dans une campagne où mes pressentiments me disent que je serai tué… -¡Ah, señora! -dijo Porthos con el tono más melancólico que pudo adoptar-. Justo cuando vamos a entrar en campaña, en una campaña en que mis presentimientos me dicen que sere muerto...
— Oh! ne dites pas de pareilles choses! s′écria la procureuse en éclatant en sanglots. -¡Oh, no digáis esas cosas! -exclamó la procuradora estallando en sollozos.
— Quelque chose me le dit, continua Porthos en mélancolisant de plus en plus. -Algo me lo dice -continuó Porthos, poniéndose más y más melancólico.
— Dites plutôt que vous avez un nouvel amour. -Decid mejor que tenéis un nuevo amor.
— Non pas, je vous parle franc. Nul objet nouveau ne me touche, et même je sens là, au fond de mon coeur, quelque chose qui parle pour vous. Mais, dans quinze jours, comme vous le savez ou comme vous ne le savez pas, cette fatale campagne s′ouvre; je vais être affreusement préoccupé de mon équipement. Puis je vais faire un voyage dans ma famille, au fond de la Bretagne, pour réaliser la somme nécessaire à mon départ.» -No, os hablo sinceramente. Ningún nuevo amor me conmueve, e incluso siento aquí, en el fondo de mi corazón, algo que habla por vos. Pero dentro de quince días, como sabéis o como quizá no sepáis, esa fatal campaña empieza: voy a estar muy preocupado por mi equipo. Luego voy a hacer un viaje para ver a mi familia, en el fondo de Bretaña, para conseguir la suma necesaria para mi partida.
Porthos remarqua un dernier combat entre l′amour et l′avarice. Porthos notó un último combate entre el amor y la avaricia.
«Et comme, continua-t-il, la duchesse que vous venez de voir à l′église a ses terres près des miennes, nous ferons le voyage ensemble. Les voyages, vous le savez, paraissent beaucoup moins longs quand on les fait à deux. -Y como -continuó- la duquesa que acabáis de ver en la iglesia tiene sus tierras junto a las mías, haremos el viaje juntos. Los viajes, como sabéis, parecen mucho menos largos cuando se hacen acompañado.
— Vous n′avez donc point d′amis à Paris, monsieur Porthos? dit la procureuse. -¿No tenéis ningún amigo en Paris, señor Porthos? -dijo la procuradora.
— J′ai cru en avoir, dit Porthos en prenant son air mélancolique, mais j′ai bien vu que je me trompais. -Creía tenerlo -dijo Porthos adoptando su aire melancólico-, pero he visto claramente que me equivocaba.
— Vous en avez, monsieur Porthos, vous en avez, reprit la procureuse dans un transport qui la surprit elle-même; revenez demain à la maison. Vous êtes le fils de ma tante, mon cousin par conséquent; vous venez de Noyon en Picardie, vous avez plusieurs procès à Paris, et pas de procureur. Retiendrez-vous bien tout cela? -Lo tenéis, señor Porthos, lo tenéis -prosiguió la procuradora en un transporte que le sorprendió a ella misma-; venid mañana a casa. Vos sois hijo de mi tía, por tanto mi primo; venís de Noyon, en Picardía; tenéis varios procesos en Paris y estáis sin procurador. ¿Habéis retenido todo esto?
— Parfaitement, madame. -Perfectamente, señora.
— Venez à l′heure du dîner. -Venid a la hora de la comida.
— Fort bien. -Muy bien.
— Et tenez ferme devant mon mari, qui est retors, malgré ses soixante-seize ans. -Y manteneos firme ante mi marido, que es marrullero pese a sus setenta y seis años.
— Soixante-seize ans! peste! le bel âge! reprit Porthos. -¡Setenta y seis años! ¡Diablo! ¡Hermosa edad! -repuso Porthos.
— Le grand âge, vous voulez dire, monsieur Porthos. Aussi le pauvre cher homme peut me laisser veuve d′un moment à l′autre, continua la procureuse en jetant un regard significatif à Porthos. Heureusement que, par contrat de mariage, nous nous sommes tout passé au dernier vivant. -La edad madura, querréis decir, señor Porthos. Por eso el pobre hombre puede dejarme viuda de un momento a otro -continuó la procuradora lanzando una mirada significativa a Porthos-. Afortunadamente, por contrato de matrimonio, nos hemos pasado todo al último que viva.
— Tout? dit Porthos. -¿Todo? -dijo Porthos.
— Tout. -Todo.
— Vous êtes femme de précaution, je le vois, ma chère madame Coquenard, dit Porthos en serrant tendrement la main de la procureuse. -Ya veo que sois una mujer precavida, mi querida señora Coquenard -dijo Porthos apretando tiernamente la mano de la procuradora.
— Nous sommes donc réconciliés, cher monsieur Porthos? dit-elle en minaudant. -¿Estamos, pues, reconciliados, querido señor Porthos? -dijo ella haciendo melindres.
— Pour la vie, répliqua Porthos sur le même air. =Para toda la vida -replicó Porthos con el mismo aire.
— Au revoir donc, mon traître. -Hasta la vista entonces, traidor mío.
— Au revoir, mon oublieuse. -Hasta la vista, olvidadiza mía.
— À demain, mon ange! -¡Hasta mañana, angel mío!
— À demain, flamme de ma vie!» -¡Hasta mañana, llama de mi vida!






CHAPITRE XXX – MILADY

Capítulo XXX -- Milady

D′Artagnan avait suivi Milady sans être aperçu par elle: il la vit monter dans son carrosse, et il l′entendit donner à son cocher l′ordre d′aller à Saint-Germain. D′Artagnan había seguido a Milady sin ser notado por ella; la vio subir a su carroza y la oyó dar a su cochero la orden de ir a Saint-Germain.
Il était inutile d′essayer de suivre à pied une voiture emportée au trot de deux vigoureux chevaux. D′Artagnan revint donc rue Férou. Era inútil tratar de seguir a pie un coche llevado al trote por dos vigorosos caballos. D′Artagnan volvió, por tanto, a la calle Férou.
Dans la rue de Seine, il rencontra Planchet, qui était arrêté devant la boutique d′un pâtissier, et qui semblait en extase devant une brioche de la forme la plus appétissante. En la calle de Seine encontró a Planchet que se hallaba parado ante la tienda de un pastelero y que parecía extasiado ante un brioche de la forma más apetecible.
Il lui donna l′ordre d′aller seller deux chevaux dans les écuries de M. de Tréville, un pour lui d′Artagnan, l′autre pour lui Planchet, et de venir le joindre chez Athos, — M. de Tréville, une fois pour toutes, ayant mis ses écuries au service de d′Artagnan. Le dio orden de ir a ensillar dos caballos a las cuadras del señor de Tréville, uno para él, D′Artagnan, y otro para Planchet, y venir a reunírsele a casa de Athos, porque el señor de Tréville había puesto sus cuadras de una vez por todas al servicio de D′Artagnan.
Planchet s′achemina vers la rue du Colombier, et d′Artagnan vers la rue Férou. Athos était chez lui, vidant tristement une des bouteilles de ce fameux vin d′Espagne qu′il avait rapporté de son voyage en Picardie. Il fit signe à Grimaud d′apporter un verre pour d′Artagnan, et Grimaud obéit comme d′habitude. Planchet se encaminó hacia la calle del Colombier y D′Artagnan hacia la calle Férou. Athos estaba en su casa vaciando tristemente una de las botellas de aquel famoso vino español que había traído de su viaje a Picardía. Hizo señas a Grimaud de traer un vaso para d′Artagnan y Grimaud obedeció como de costumbre.
D′Artagnan raconta alors à Athos tout ce qui s′était passé à l′église entre Porthos et la procureuse, et comment leur camarade était probablement, à cette heure, en voie de s′équiper. D′Artagnan contó entonces a Athos todo cuanto había pasado en la iglesia entre Porthos y la procuradora, y cómo para aquella hora su compañero estaba probablemente en camino de equiparse.
«Quant à moi, répondit Athos à tout ce récit, je suis bien tranquille, ce ne seront pas les femmes qui feront les frais de mon harnais. -Pues yo estoy muy tranquilo -respondió Athos a todo este relato-; no serán las mujeres las que hagan los gastos de mi arnés.
— Et cependant, beau, poli, grand seigneur comme vous l′êtes, mon cher Athos, il n′y aurait ni princesses, ni reines à l′abri de vos traits amoureux. -Y, sin embargo, hermoso, cortés, gran señor como sois, mi querido Athos, no habría ni princesa ni reina a salvo de vuestros dardos amorosos.
— Que ce d′Artagnan est jeune!» dit Athos en haussant les épaules. -¡Qué joven es este D′Artagnan! -dijo Athos, encogiéndose de hombros.
Et il fit signe à Grimaud d′apporter une seconde bouteille. E hizo señas a Grimaud para que trajera una segunda botella.
En ce moment, Planchet passa modestement la tête par la porte entrebâillée, et annonça à son maître que les deux chevaux étaient là. En aquel momento Planchet pasó humildemente la cabeza por la puerta entreabierta y anunció a su señor que los dos caballos estaban allí.
«Quels chevaux? demanda Athos. -¿Qué caballos? -preguntó Athos.
— Deux que M. de Tréville me prête pour la promenade, et avec lesquels je vais aller faire un tour à Saint-Germain. -Dos que el señor de Tréville me presta para el paseo y con los que voy a dar una vuelta por Saint-Germain.
— Et qu′allez-vous faire à Saint-Germain?» demanda encore Athos. -¿Y qué vais a hacer a Saint-Germain? -preguntó aún Athos.
Alors d′Artagnan lui raconta la rencontre qu′il avait faite dans l′église, et comment il avait retrouvé cette femme qui, avec le seigneur au manteau noir et à la cicatrice près de la tempe, était sa préoccupation éternelle. Entonces D′Artagnan le contó el encuentro que había tenido en la iglesia, y cómo había vuelto a encontrar a aquella mujer que, con el señor de la capa negra y la cicatriz junto a la sien, era su eterna preocupación.
«C′est-à-dire que vous êtes amoureux de celle-là, comme vous l′étiez de Mme Bonacieux, dit Athos en haussant dédaigneusement les épaules, comme s′il eût pris en pitié la faiblesse humaine. -Es decir, que estáis enamorado de ella, como lo estáis de la señora Bonacieux -dijo Athos encogiéndose desdeñosamente de hombros como si se compadeciese de la debilidad humana.
— Moi, point du tout! s′écria d′Artagnan. Je suis seulement curieux d′éclaircir le mystère auquel elle se rattache. Je ne sais pourquoi, je me figure que cette femme, tout inconnue qu′elle m′est et tout inconnu que je lui suis, a une action sur ma vie. -¿Yo? ¡Nada de eso! -exclamó D′Artagnan-. Sólo tengo curiosidad por aclarar el misterio con el que está relacionada. No sé por qué, pero me imagino que esa mujer, por más desconocida que me sea y por más desconocido que yo sea para ella, tiene una influencia en mi vida.
— Au fait, vous avez raison, dit Athos, je ne connais pas une femme qui vaille la peine qu′on la cherche quand elle est perdue. Mme Bonacieux est perdue, tant pis pour elle! qu′elle se retrouve! -De hecho, tenéis razón -dijo Athos-. No conozco una mujer que merezca la pena que se la busque cuando está perdida. La señora Bonacieux está perdida, ¡tanto peor para ella! ¡Que ella misma se encuentre!
— Non, Athos, non, vous vous trompez, dit d′Artagnan; j′aime ma pauvre Constance plus que jamais, et si je savais le lieu où elle est, fût-elle au bout du monde, je partirais pour la tirer des mains de ses ennemis; mais je l′ignore, toutes mes recherches ont été inutiles. Que voulez-vous, il faut bien se distraire. -No, Athos, no, os engañáis -dijo D′Artagnan-; amo a mi pobre Costance más que nunca, y si supiese el lugar en que está, aunque fuera en el fin del rrìundo, partiría para sacarla de las manos de sus verdugos; pero lo ignoro, todas mis búsquedas han sido inútiles. ¿Qué queréis? Hay que distraerse.
— Distrayez-vous donc avec Milady, mon cher d′Artagnan; je le souhaite de tout mon coeur, si cela peut vous amuser. -Distraeos, pues, con Milady, mi querido D′Artagnan; lo deseo de todo corazón, si es que eso puede divertiros.
— Écoutez, Athos, dit d′Artagnan, au lieu de vous tenir enfermé ici comme si vous étiez aux arrêts, montez à cheval et venez vous promener avec moi à Saint-Germain. -Escuchad, Athos -dijo D′Artagnan-; en lugar de estaros encerrado aquí como si estuvierais en la cárcel, montad a caballo y venid conmigo a pasearos por Saint-Germain.
— Mon cher, répliqua Athos, je monte mes chevaux quand j′en ai, sinon je vais à pied. -Querido -replicó Athos-, monto mis caballos cuando los tengo; si no, voy a pie.
— Eh bien, moi, répondit d′Artagnan en souriant de la misanthropie d′Athos, qui dans un autre l′eût certainement blessé, moi, je suis moins fier que vous, je monte ce que je trouve. Ainsi, au revoir, mon cher Athos. Pues bién yo -respondió D′Artagnan sonriendo ante la misantropía de Athos, que en otro le hubiera ciertamente herido-, yo soy menos orgulloso que vos, yo monto lo que encuentro. Por eso, hasta luego, mi querido Athos.
— Au revoir», dit le mousquetaire en faisant signe à Grimaud de déboucher la bouteille qu′il venait d′apporter. -Hasta luego -dijo el mosquetero haciendo a Grimaud seña de descorchar la botella que acababa de traer.
D′Artagnan et Planchet se mirent en selle et prirent le chemin deSaint-Germain. D′Artagnan y Planchet montaron y tomaron el camino de Saint-Germain.
Tout le long de la route, ce qu′Athos avait dit au jeune homme de Mme Bonacieux lui revenait à l′esprit. Quoique d′Artagnan ne fût pas d′un caractère fort sentimental, la jolie mercière avait fait une impression réelle sur son coeur: comme il le disait, il était prêt à aller au bout du monde pour la chercher. Mais le monde a bien des bouts, par cela même qu′il est rond; de sorte qu′il ne savait de quel côté se tourner. A lo largo del camino, lo que Athos había dicho al joven de la señora Bonacieux le venía a la mente. Aunque D′Artagnan no fuera de carácter muy sentimental, la linda mercera había causado una impresión real en su corazón; como decía, estaba dispuesto a ir al fin del mundo para buscarla. Pero el mundo tiene muchos fines por eso de que es redondo; de suerte que no sabía hacia qué lado volverse.
En attendant, il allait tâcher de savoir ce que c′était que Milady. Milady avait parlé à l′homme au manteau noir, donc elle le connaissait. Or, dans l′esprit de d′Artagnan, c′était l′homme au manteau noir qui avait enlevé Mme Bonacieux une seconde fois, comme il l′avait enlevée une première. D′Artagnan ne mentait donc qu′à moitié, ce qui est bien peu mentir, quand il disait qu′en se mettant à la recherche de Milady, il se mettait en même temps à la recherche de Constance. Mientras tanto, iba a tratar de saber lo que Milady era. Milady había hablado con el hombre de la capa negra, luego lo conocía. Ahora bien, en la mente de D′Artagnan era el hombre de la capa negra el que había raptado a la señora Bonacieux la segunda vez, como la había raptado la primera. D′Artagnan, pues, sólo mentía a medias, lo cual es mentir bien poco, cuando decía que dedicándose a la busca de Milady se ponía al mismo tiempo a la busca de Costance.
Tout en songeant ainsi et en donnant de temps en temps un coup d′éperon à son cheval, d′Artagnan avait fait la route et était arrivé à Saint-Germain. Il venait de longer le pavillon où, dix ans plus tard, devait naître Louis XIV. Il traversait une rue fort déserte, regardant à droite et à gauche s′il ne reconnaîtrait pas quelque vestige de sa belle Anglaise, lorsque au rez-de-chaussée d′une jolie maison qui, selon l′usage du temps, n′avait aucune fenêtre sur la rue, il vit apparaître une figure de connaissance. Cette figure se promenait sur une sorte de terrasse garnie de fleurs. Planchet la reconnut le premier. «Eh! monsieur dit-il s′adressant à d′Artagnan, ne vous remettez-vous pas ce visage qui baye aux corneilles? Mientras pensaba así y mientras daba de vez en cuando un golpe de espuela a su caballo, D′Artagnan había recorrido el camino y llegado a Saint-Germain. Acababa de bordear el pabellón en que diez años más tarde debía nacer Luis XIV. Atravesaba una calle muy desierta, mirando a izquierda y dlyrecha por si reconocía algún vestigio de su bella inglesa, cuando en la planta baja de una bonita casa que según la costumbre de la época no tenía ninguna ventana que diese a la calle, vio aparecer una figura conocida. Esta figura paseaba por una especie de terraza adornada de flores. Planchet fue el primero en reconocerla. -¡Eh, señor! -dijo dirigiéndose a D′Artagnan-. ¿No os acordáis de esa cara de papamoscas?
— Non, dit d′Artagnan; et cependant je suis certain que ce n′est point la première fois que je le vois, ce visage. -No -dijo D′Artagnan-; y, sin embargo, estoy seguro de que no es la primera vez que veo esa cara.
— Je le crois pardieu bien, dit Planchet: c′est ce pauvre Lubin, le laquais du comte de Wardes, celui que vous avez si bien accommodé il y a un mois, à Calais, sur la route de la maison de campagne du gouverneur. -Ya lo creo, rediez -dijo Planchet-: es el pobre Lubin, el lacayo del conde Wardes, al que tan bien dejasteis apañado hace un mes, en Calais en el camino hacia la casa de campo del gobernador.
— Ah! oui bien, dit d′Artagnan, et je le reconnais à cette heure.Crois-tu qu′il te reconnaisse, toi? -¡Ah, claro -dijo D′Artagnan-, y ahora lo reconozco! ¿Crees que él te reconocerá a ti?
— Ma foi, monsieur, il était si fort troublé que je doute qu′il ait gardé de moi une mémoire bien nette. -A fe, señor, que estaba tan confuso que dudo que haya guardado de mí un recuerdo muy claro.
— Eh bien, va donc causer avec ce garçon, dit d′Artagnan, et informe-toi dans la conversation si son maître est mort.» -Pues bien, vete entonces a hablar con ese muchacho -dijo D′Artagnan- a infórmate en la conversación si su amo ha muerto.
Planchet descendit de cheval, marcha droit à Lubin, qui en effet ne le reconnut pas, et les deux laquais se mirent à causer dans la meilleure intelligence du monde, tandis que d′Artagnan poussait les deux chevaux dans une ruelle et, faisant le tour d′une maison, s′en revenait assister à la conférence derrière une haie de coudriers. Planchet se bajó del caballo, se dirigió directamente a Lubin que, en efecto, no lo reconoció, y los dos lacayos se pusieron a hablar con el mejor entendimiento del mundo, mientras D′Artagnan empujaba los dos caballos a una calleja y dando la vuelta a una casa volvía para asistir a la conferencia tras un seto de avellanos.
Au bout d′un instant d′observation derrière la haie, il entendit le bruit d′une voiture, et il vit s′arrêter en face de lui le carrosse de Milady. Il n′y avait pas à s′y tromper. Milady était dedans. D′Artagnan se coucha sur le cou de son cheval, afin de tout voir sans être vu. Al cabo de un instante de observación detrás del seto oyó el ruido de un coche y vio detenerse frente a él la carroza de Milady. No podía equivocarse, Milady estaba dentro. D′Artagnan se tendió sobre el cuerpo de su caballo para ver todo sin ser visto.
Milady sortit sa charmante tête blonde par la portière, et donna des ordres à sa femme de chambre. Milady sacó su encantadora cabeza rubia por la portezuela y dio órdenes a su doncella.
Cette dernière, jolie fille de vingt à vingt-deux ans, alerte et vive, véritable soubrette de grande dame, sauta en bas du marchepied, sur lequel elle était assise selon l′usage du temps, et se dirigea vers la terrasse où d′Artagnan avait aperçu Lubin. Esta última, joven de veinte a veintidós años, despierta y viva, verdadera doncella de gran dama, saltó del estribo en el que estaba sentada según la costumbre de la época y se dirigió a la terraza en la que D′Artagnan había visto a Lubin.
D′Artagnan suivit la soubrette des yeux, et la vit s′acheminer vers la terrasse. Mais, par hasard, un ordre de l′intérieur avait appelé Lubin, de sorte que Planchet était resté seul, regardant de tous côtés par quel chemin avait disparu d′Artagnan. D′Artagnan siguió a la doncella con los ojos y la vio encaminarse hacia la terraza. Pero, por azar, una orden del interior había llamado a Lubin, de modo que Planchet se había quedado solo, mirando por todas partes por qué camino había desaparecido D′Artagnan.
La femme de chambre s′approcha de Planchet, qu′elle prit pourLubin, et lui tendant un petit billet: La doncella se aproximó a Planchet, al que tomó por Lubin, y tendiéndole un billete dijo:
«Pour votre maître, dit-elle. -Para vuestro amo.
— Pour mon maître? reprit Planchet étonné. -¿Para mi amo? -repuso Planchet extrañado.
— Oui, et très pressé. Prenez donc vite.» -Sí, y es urgente. Daos prisa.
Là-dessus elle s′enfuit vers le carrosse, retourné à l′avance du côté par lequel il était venu; elle s′élança sur le marchepied, et le carrosse repartit. Dicho esto ella huyó hacia la carroza, vuelta de antemano hacia el sitio por el que había venido; se lanzó sobre el estribo y la carroza partió de nuevo.
Planchet tourna et retourna le billet, puis, accoutumé à l′obéissance passive, il sauta à bas de la terrasse, enfila la ruelle et rencontra au bout de vingt pas d′Artagnan qui, ayant tout vu, allait au-devant de lui. Planchet dio vueltas y más vueltas al billete y luego, acostumbrado a la obediencia pasiva, saltó de la terraza, se metió en la callejuela y al cabo de veinte pasos encontró a D′Artagnan, quien habiéndolo visto todo, iba a su encuentro.
«Pour vous, monsieur, dit Planchet, présentant le billet au jeune homme. -Para vos, señor -dijo Planchet presentando el billete al joven.
— Pour moi? dit d′Artagnan; en es-tu bien sûr? -¿Para mí? -dijo D′Artagnan-. ¿Estás seguro de ello?
— Pardieu! si j′en suis sûr; la soubrette a dit: "Pour ton maître." Je n′ai d′autre maître que vous; ainsi… Un joli brin de fille, ma foi, que cette soubrette!» -Claro que estoy seguro; la doncella ha dicho: "Para tu amo." Y yo no tengo más amo que vos, así que... ¡Vaya real moza! A fe que...
D′Artagnan ouvrit la lettre, et lut ces mots: D′Artagnan abrió la carta y leyó estas palabras: 
«Une personne qui s′intéresse à vous plus qu′elle ne peut le dire voudrait savoir quel jour vous serez en état de vous promener dans la forêt. Demain, à l′hôtel du Champ du Drap d′Or, un laquais noir et rouge attendra votre réponse.» "Una persona que se interesa por vos más de lo que puede decir, quisiera saber qué día podríais pasear por el bosque. Mañana, en el hostal del Champ du Drap d′Or, un lacayo de negro y rojo esperará vuestra respuesta." 
«Oh! oh! se dit d′Artagnan, voilà qui est un peu vif. Il paraît que Milady et moi nous sommes en peine de la santé de la même personne. Eh bien, Planchet, comment se porte ce bon M. de Wardes? il n′est donc pas mort? -¡Oh, oh, esto sí que va rápido! -se dijo D′Artagnan-. Parece que Milady y yo nos preocupamos por la salud de la misma persona. Y bien, Planchet, ¿cómo va ese buen señor Wardes? Entonces, ¿no ha muerto?
— Non, monsieur, il va aussi bien qu′on peut aller avec quatre coups d′épée dans le corps, car vous lui en avez, sans reproche, allongé quatre, à ce cher gentilhomme, et il est encore bien faible, ayant perdu presque tout son sang. Comme je l′avais dit à monsieur, Lubin ne m′a pas reconnu, et m′a raconté d′un bout à l′autre notre aventure. -No, señor; va todo lo bien que se puede ir con cuatro estocadas en el cuerpo, porque, sin que yo os lo reproche, le largasteis cuatro a ese buen gentilhombre, y aún está débil, porque perdió casi toda su sangre. Como le había dicho al señor, Lubin no me ha reconocido, y me ha contado de cabo a rabo nuestra aventura.
— Fort bien, Planchet, tu es le roi des laquais; maintenant, remonte à cheval et rattrapons le carrosse.» -Muy bien, Planchet, eres el rey de los lacayos; ahora vuelve a subir al caballo y alcancemos la carroza.
Ce ne fut pas long; au bout de cinq minutes on aperçut le carrosse arrêté sur le revers de la route, un cavalier richement vêtu se tenait à la portière. No costó mucho; al cabo de cinco minutos divisaron la carroza detenida al otro lado de la carretera; un caballero ricamente vestido estaba a la portezuela.
La conversation entre Milady et le cavalier était tellement animée, que d′Artagnan s′arrêta de l′autre côté du carrosse sans que personne autre que la jolie soubrette s′aperçût de sa présence. La conversación entre Milady y el caballero era tan animada que D′Artagnan se detuvo al otro lado de la carroza sin que nadie, salvo la linda doncella, se diera cuenta de su presencia.
La conversation avait lieu en anglais, langue que d′Artagnan ne comprenait pas; mais, à l′accent, le jeune homme crut deviner que la belle Anglaise était fort en colère; elle termina par un geste qui ne lui laissa point de doute sur la nature de cette conversation: c′était un coup d′éventail appliqué de telle force, que le petit meuble féminin vola en mille morceaux. La conversación transcurría en inglés, lengua que D′Artagnan no comprendía; pero por el acento el joven creyó adivinar que la bella inglesa estaba encolerizada; terminó con un gesto que no dejó lugar a dudas sobre la naturaleza de aquella conversación: un golpe de abanico aplicado con tal fuerza que el pequeño adorno femenino voló en mil pedazos.
Le cavalier poussa un éclat de rire qui parut exaspérer Milady. El caballero lanzó una carcajada que pareció exasperar a Milady.
D′Artagnan pensa que c′était le moment d′intervenir; il s′approcha de l′autre portière, et se découvrant respectueusement: D′Artagnan pensó que aquél era el momento de intervenir; de modo que se aproximó a la otra portezuela, descubriéndose respetuosamente, y dijo:
«Madame, dit-il, me permettez-vous de vous offrir mes services? Il me semble que ce cavalier vous a mise en colère. Dites un mot, madame, et je me charge de le punir de son manque de courtoisie.» -Señora, ¿me permitís ofreceros mis servicios? Parece que este caballero os ha encolerizado. Decid una palabra, señora, y yo me encargo de castigarlo por su falta de cortesía.
Aux premières paroles, Milady s′était retournée, regardant le jeune homme avec étonnement, et lorsqu′il eut fini: A las primeras palabras Milady se había vuelto, mirando al joven con extrañeza, y cuando él hubo terminado:
«Monsieur, dit-elle en très bon français, ce serait de grand coeur que je me mettrais sous votre protection si la personne qui me querelle n′était point mon frère. -Señor -dijo ella, en muy buen francés-, de todo corazón me pondría bajo vuestra protección si la persona que me molesta no fuera mi hermano.
— Ah! excusez-moi, alors, dit d′Artagnan, vous comprenez que j′ignorais cela, madame. -¡Ah! Excusadme entonces -dijo D′Artagnan-; como comprenderéis, lo ignoraba, señora.
— De quoi donc se mêle cet étourneau, s′écria en s′abaissant à la hauteur de la portière le cavalier que Milady avait désigné comme son parent, et pourquoi ne passe-t-il pas son chemin? -¿Por qué se mezcla ese atolondrado -exclamó agachándose hasta la altura de la portezuela el caballero al que Milady había designado como pariente suyo- y por qué no sigue su camino?
— Étourneau vous-même, dit d′Artagnan en se baissant à son tour sur le cou de son cheval, et en répondant de son côté par la portière; je ne passe pas mon chemin parce qu′il me plaît de m′arrêter ici.» -El atolondrado lo seréis vos -dijo D′Artagnan, agachándose a su vez sobre el cuello de su caballo y respondiendó por su lado por la portezuela-; no sigo mi camino porque me apetece detenerme aquí.
Le cavalier adressa quelques mots en anglais à sa soeur. El caballero dirigió algunas palabras en inglés a su hermana.
«Je vous parle français, moi, dit d′Artagnan; faites-moi donc, je vous prie, le plaisir de me répondre dans la même langue. Vous êtes le frère de madame, soit, mais vous n′êtes pas le mien, heureusement.» -Yo os hablo en francés -dijo D′Artagnan-; hacedme, pues, el placer, por favor, de responderme en la misma lengua. Sois el hermano de la señora, de acuerdo, pero por suerte no lo sois mío.
On eût pu croire que Milady, craintive comme l′est ordinairement une femme, allait s′interposer dans ce commencement de provocation, afin d′empêcher que la querelle n′allât plus loin; mais, tout au contraire, elle se rejeta au fond de son carrosse, et cria froidement au cocher: Podría creerse que Milady, temerosa como lo es de ordinario cualquier mujer, iría a interponerse en aquel inicio de provocación, a fin de impedir que la querella siguiese adelante; pero, por el contrario, se lanzó al fondo de su carroza y gritó fríamente al cochero.
«Touche à l′hôtel!» -¡Deprisa, al palacio!
La jolie soubrette jeta un regard d′inquiétude sur d′Artagnan, dont la bonne mine paraissait avoir produit son effet sur elle. La linda doncella lanzó una mirada de inquietud sobre D′Artagnan, cuyo buen aspecto parecía haber producido su efecto sobre ella.
Le carrosse partit et laissa les deux hommes en face l′un de l′autre, aucun obstacle matériel ne les séparant plus. La carroza partió dejando a los dos hombres uno frente al otro, sin ningún obstáculo material que los separase.
Le cavalier fit un mouvement pour suivre la voiture; mais d′Artagnan, dont la colère déjà bouillante s′était encore augmentée en reconnaissant en lui l′Anglais qui, à Amiens, lui avait gagné son cheval et avait failli gagner à Athos son diamant, sauta à la bride et l′arrêta. El caballero hizo un movimiento para seguir al coche, pero D′Artagnan, cuya cólera ya en efervescencia había aumentado todavía más al reconocer en él al inglés que en Amiens le había ganado su caballo y había estado a punto de ganar a Athos su diamante, saltó a la brida y lo detuvo.
«Eh! Monsieur, dit-il, vous me semblez encore plus étourneau que moi, car vous me faites l′effet d′oublier qu′il y a entre nous une petite querelle engagée. -¡Eh, señor! -dijo-. Me parecéis todavía más atolondrado que yo, porque me da la impresión de que olvidáis que entre nosotros hay una pequeña querella.
— Ah! ah! dit l′Anglais, c′est vous, mon maître. Il faut donc toujours que vous jouiez un jeu ou un autre? -¡Ah, ah! -dijo en inglés-. Sois vos, mi señor. ¿Pero es que tonéis siempre que jugar un juego a otro!
— Oui, et cela me rappelle que j′ai une revanche à prendre. Nous verrons, mon cher monsieur, si vous maniez aussi adroitement la rapière que le cornet. -Sí, y eso me recuerda que tengo una revancha que tomar. Nos veremos, señor, si manejáis tan diestramente el estoque como el cubilete.
— Vous voyez bien que je n′ai pas d′épée, dit l′Anglais; voulez- vous faire le brave contre un homme sans armes? -Veis de sobra que no llevo espada -dijo el inglés-. ¿Queréis haceros el valiente contra un hombre sin armas?
— J′espère bien que vous en avez chez vous, répondit d′Artagnan. En tout cas, j′en ai deux, et si vous le voulez, je vous en jouerai une. -Espero que la tengáis en casa -replicó D′Artagnan-. En cualquier caso, yo tengo dos y, si queréis, os prestaré una.
— Inutile, dit l′Anglais, je suis muni suffisamment de ces sortes d′ustensiles. -Inútil -dijo el inglés-, estoy provisto de sobra de esa clase de utensilios.
— Eh bien, mon digne gentilhomme, reprit d′Artagnan choisissez la plus longue et venez me la montrer ce soir. -Pues bien, mi digno gentilhombre -prosiguió D′Artagnan-, elegid la más larga y venid a enseñármela esta tarde.
— Où cela, s′il vous plaît? -¿Dónde, si os place?
— Derrière le Luxembourg, c′est un charmant quartier pour les promenades dans le genre de celle que je vous propose. -Detrás del Luxemburgo, es un barrio encantador para paseos del género del que os propongo.
— C′est bien, on y sera. -De acuerdo, allí estaré.
— Votre heure? -¿Vuestra hora?
— Six heures. -La seis.
— À propos, vous avez aussi probablement un ou deux amis? -A propósito, probablemente tendréis también uno o dos amigos.
— Mais j′en ai trois qui seront fort honorés de jouer la même partie que moi. -Tengo tres que estarán muy honrados de jugar la misma partida que yo.
— Trois? à merveille! comme cela se rencontre! dit d′Artagnan, c′est juste mon compte. -¿Tres? Perfecto. ¡Qué coincidencia! -dijo D′Artagnan-. ¡Justo mi cuenta!
— Maintenant, qui êtes-vous? demanda l′Anglais. -Y ahora, ¿quién sois? -preguntó el inglés.
— Je suis M. d′Artagnan, gentilhomme gascon, servant aux gardes, compagnie de M. des Essarts. Et vous? -Soy el señor D′Artagnan, gentilhombre gascón, que sirve en los guardias, compañía del señor Des Essarts. ¿Y vos?
— Moi, je suis Lord de Winter, baron de Sheffield. -Yo soy lord de Winter, barón de Sheffield.
— Eh bien, je suis votre serviteur, monsieur le baron, dit d′Artagnan, quoique vous ayez des noms bien difficiles à retenir.» -Muy bien, soy vuestro servidor, señor barón -dijo D′Artagnan-, aunque tengáis nombres difíciles de retener.
Et piquant son cheval, il le mit au galop, et reprit le chemin deParis. Y espoleando a su caballo, lo puso al galope y tomó el camino de Paris.
Comme il avait l′habitude de le faire en pareille occasion, d′Artagnan descendit droit chez Athos. Como solía hacer en semejantes ocasiones, D′Artagnan bajó derecho a casa de Athos.
Il trouva Athos couché sur un grand canapé, où il attendait, comme il l′avait dit, que son équipement le vînt trouver. Encontró a Athos acostado sobre un gran canapé en el que, como había dicho, esperaba que su equipo viniese a encontrarlo.
Il raconta à Athos tout ce qui venait de se passer, moins la lettre de M. de Wardes. Contó a Athos todo lo que acababa de pasar, menos la carta del señor de Wardes.
Athos fut enchanté lorsqu′il sut qu′il allait se battre contre unAnglais. Nous avons dit que c′était son rêve. Athos quedó encantado cuando supo que iba a batirse contra un inglés. Ya hemos dicho que era su sueño.
On envoya chercher à l′instant même Porthos et Aramis par les laquais, et on les mit au courant de la situation. Enviaron a buscar al instante a Porthos y a Aramis por los lacayos, y se los puso al corriente de la situación.
Porthos tira son épée hors du fourreau et se mit à espadonner contre le mur en se reculant de temps en temps et en faisant des pliés comme un danseur. Aramis, qui travaillait toujours à son poème, s′enferma dans le cabinet d′Athos et pria qu′on ne le dérangeât plus qu′au moment de dégainer. Porthos sacó su espada fuera de la funda y se puso a espadonear contra el muro retrocediendo de vez en cuando y haciendo flexiones como un bailarín. Aramis, que seguía trabajando en su poema se encerró en el gabinete de Athos y pidió que no lo molestaran hasta el momento de desenvainar.
Athos demanda par signe à Grimaud une bouteille. Athos pidió por señas a Grimaud una botella.
Quant à d′Artagnan, il arrangea en lui-même un petit plan dont nous verrons plus tard l′exécution, et qui lui promettait quelque gracieuse aventure, comme on pouvait le voir aux sourires qui, de temps en temps, passaient sur son visage dont ils éclairaient la rêverie. En cuanto a D′Artagnan, preparó para sus adentros un pequeño plan cuya ejecución veremos más tarde, y que le prometía alguna aventura graciosa, como podía verse por las sonrisas que de vez en cuando cruzaban su rostro cuya ensoñación iluminaban.