Alexandre Dumas (Fils)

La dame aux camélias. -- La dama de las camelias


CHAPITRE I

Capítulo I

Mon avis est qu′ on ne peut créer des personnages que lorsque l′ on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu′ à la condition de l′ avoir sérieusement apprise. A mi juicio, no se pueden crear personajes sino después de haber estudiado mucho a los hombres, como no se puede hablar una lengua sino a condición de haberla aprendido seriamente.
N′ ayant pas encore l′ âge où l′ on invente, je me contente de raconter. Como no he llegado aún a la edad de inventar, me limito a relatar.
J′ engage donc le lecteur à être convaincu de la réalité de cette histoire dont tous les personnages, à l′ exception de l′ héro, vivent encore. Exhorto, pues, al lector a que se convenza de la realidad de esta historia, cuyos personajes, a excepción de la heroína, viven todos aún.
D′ ailleurs, il y a à Paris des témoins de la plupart des faits que je recueille ici, et qui pourraient les confirmer, si mon témoignage ne suffisait pas. Par une circonstance particulière, seul je pouvais les écrire, car seul j′ ai été le confident des derniers détails sans lesquels il et été impossible de faire un récit intéressant et complet. Por otra parte, hay en París.testigos de la mayor parte de los hechos que aquí recojo, y que podrían confirmarlos, si mi testimonio no bastara. Por una circunstancia particular sólo yo podía escribirlos, porque sólo yo fui el confidente de los últimos detalles, sin los cuales hubiera sido imposible hacer un relato interesante y completo.
Or, voici comment ces détails sont parvenus à ma connaissance. -le 12 du mois de mars 1847, je lus, dans la rue Laffitte, une grande affiche jaune annonçant une vente de meubles et de riches objets de curiosité. Cette vente avait lieu après décès. Pues bien, veamos cómo llegaron a mi conocimiento esos detalles. El 12 de marzo de 1847 leí la calle Lafitte un gran cartel amarillo en que se anunciaba la subas de unos muebles y otros curiosos objetos de valor. Dicha subas tenía lugar tras una defunción.
L′ affiche ne nommait pas la personne morte, mais la vente devait se faire rue d′ Antin, n 9, le 16, de midi à cinq heures. El cartel no ponía el nombré de la persona muerta, pero la subasta iba a llevarse a cabo en la calle de Antin, número 9, el día 16, de doce a cinco de la tarde.
L′ affiche portait en outre que l′ on pourrait, le 13 et le 14, visiter l′ appartement et les meubles. El cartel indicaba además que el 13 y el 14 se podía ir a ver el piso y los muebles.
J′ ai toujours été amateur de curiosités. Je me promis de ne pas manquer cette occasion, sinon d′ en acheter, du moins d′ en voir. Siempre he sido aficionado a las curiosidades. Me prometí no perderme aquella ocasión, si no de comprar, por lo menos de ver.
Le lendemain, je me rendis rue d′ Antin, n 9. Al día siguiente me dirigí a la calle de Antin, número 9.
Il était de bonne heure, et cependant il y avait déjà dans l′ appartement des visiteurs et même des visiteuses, qui, quoique vêtues de velours, couvertes de cachemires et attendues à la porte par leurs élégants coupés, regardaient avec étonnement, avec admiration même, le luxe qui s′ étalait sous leurs yeux. Era temprano y, sin embargo, ya había gente en el piso: hombres e incluso mujeres, que, aunque vestidas de terciopelo, envueltas en cachemiras y con elegantes cupés esperándolas a la puerta, miraban con asombro y hasta con admiración el lujo que se ostentaba ante sus ojos.
Plus tard je compris cette admiration et cet étonnement, car m′ étant mis aussi à examiner, je reconnus aisément que j′ étais dans l′ appartement d′ une femme entretenue. Or, s′ il y a une chose que les femmes du monde désirent voir, et il y avait là des femmes du monde, c′ est l′ intérieur de ces femmes, dont les équipages éclaboussent chaque jour le leur, qui ont, comme elles et à côté d′ elles, leur loge à l′ opéra et aux italiens, et qui étalent, à Paris, l′ insolente opulence de leur beauté, de leurs bijoux et de leurs scandales. Más tarde comprendí aquella admiración y aquel asombro, pues, al ponerme a observar yo también, advertí sin dificultad que estaba en la casa de una entretenida. Y si hay algo que las mujeres de mundo desean ver ––y allí había mujeres de mundo-- es el interior de las casas de esas mujeres, cuyos carruajes salpican. los suyos a diario; que tienen, como ellas y a su lado, un palco en la Opera y en los Italianos, y que ostentan en París la insolente opulencia de su belleza, de sus joyas y de sus escándalos.
Celle chez qui je me trouvais était morte: les femmes les plus vertueuses pouvaient donc pénétrer jusque dans sa chambre. La mort avait purifié l′ air de ce cloaque splendide, et d′ ailleurs elles avaient pour excuse, s′ il en était besoin, qu′ elles venaient à une vente sans savoir chez qui elles venaient. Aquella en cuya casa me encontraba había muerto: las mujeres más virtuosas podían, pues, penetrar hasta en su dormitorio. La muerte había purificado el aire de aquella espléndida cloaca, y además siempre tenían la excusa, si la hubieran necesitado, de que iban a una subasta sin saber a casa de quién iban.
Elles avaient lu des affiches, elles voulaient visiter ce que ces affiches promettaient et faire leur choix à l′ avance; rien de plus simple; ce qui ne les empêchait pas de chercher, au milieu de toutes ces merveilles, les traces de cette vie de courtisane dont on leur avait fait, sans doute, de si étranges récits. Habían leído los carteles, querían ver lo que los carteles prometían y elegir por anticipado: nada más sencillo. Lo que no les impedía buscar, en medio de todas aquellas maravillas, las huellas de su vida de cortesana, de la que sin duda les habían referido tan extraños relatos.
Malheureusement les mystères étaient morts avec la déesse, et, malgré toute leur bonne volonté, ces dames ne surprirent que ce qui était à vendre depuis le décès, et rien de ce qui se vendait du vivant de la locataire. Por desgracia los misterios habían muerto con la diosa y, pese a toda su buena voluntad, aquellas damas no lograron sorprender más que lo que estaba en venta después del fallecimiento, y nada de lo que se vendía en vida de la inquilina.
Du reste, il y avait de quoi faire des emplettes. Por lo demás, no faltaban cosas que comprar.
Le mobilier était superbe. Meubles de bois de rose et de boule, vases de Sèvres et de Chine, statuettes de Saxe, satin, velours et dentelle, rien n′ y manquait. El mobiliario era soberbio. Muebles de palo de rosa y de Boule, jarrones de Sèvres y de China, estatuillas de Sajonia, raso, terciopelo y encaje, nada faltaba allí.
Je me promenai dans l′ appartement et je suivis les nobles curieuses qui m′ y avaient précédé. Elles entrèrent dans une chambre tendue d′ étoffe perse, et j′ allais y entrer aussi, quand elles en sortirent presque aussitôt en souriant et comme si elles eussent eu honte de cette nouvelle curiosité. Je n′ en désirai que plus vivement pénétrer dans cette chambre. C′ était le cabinet de toilette, revêtu de ses plus minutieux détails, dans lesquels paraissait s′ être développée au plus haut point la prodigalité de la morte. Me paseé por la casa y seguí a las nobles curiosas que me habían precedido. Entraron en una habitación tapizada de tela persa, a iba a entrar yo también, cuando salieron casi al instante, sonriendo y como si les diera vergüenza de aquella nueva curiosidad. Por ello deseaba yo más vivamente penetrar en aquella habitación. Era el cuarto de aseo, revestido de los más minuciosos detalles, en los que parecía haberse desarrollado al máximo la prodigalidad de la muerte.
Sur une grande table, adossée au mur, table de trois pieds de large sur six de long, brillaient tous les trésors d′ Aucoc et d′ Odiot. C′ était là une magnifique collection, et pas un de ces mille objets, si nécessaires à la toilette d′ une femme comme celle chez qui nous étions, n′ était en autre métal qu′ or ou argent. Cependant cette collection n′ avait pu se faire que peu à peu, et ce n′ était pas le même amour qui l′ avait complétée. Encima de una mesa grande adosada a la pared, una mesa de seis pies de largo por tres de ancho, brillaban todos los tesoros de Aucoc y de Odiot. Era aquella una magnífica colección, y ni uno solo de esos mil objetos tan necesarios para el cuidado de una mujer como aquella en cuya casa nos hallábamos estaba hecho de otro metal que no fuera oro o plata. Sin embargo una colección como aquélla sólo podía haberse hecho poco a poco, y no era el mismo amor el que la había completado.
Moi qui ne m′ effarouchais pas à la vue du cabinet de toilette d′ une femme entretenue, je m′ amusais à en examiner les détails, quels qu′ ils fussent, et je m′ aperçus que tous ces ustensiles magnifiquement ciselés portaient des initiales variées et des couronnes différentes. Como a mí no me asustaba el ver el cuarto de aseo de una entretenida, me distraía examinando los detalles, cualesquiera que fuesen, y me di cuenta de que todos aquellos utensilios, magníficamente cincelados, llevaban iniciales distintas y orlas diferentes.
Je regardais toutes ces choses dont chacune me représentait une prostitution de la pauvre fille, et je me disais que Dieu avait été clément pour elle, puisqu′ il n′ avait pas permis qu′ elle en arrivât au châtiment ordinaire, et qu′ il l′ avait laissée mourir dans son luxe et sa beauté, avant la vieillesse, cette première mort des courtisanes. Iba mirando todas aquellas cosas, cada una de las cuales se me representaba como una prostitución de la pobre chica, y me decía que Dios había sido clemente con ella, puesto que no había permitido que llegara a sufrir el castigo ordinario, y.la había dejado morir en medio de su lujo y su belleza, antes de la vejez, esa primera muerte de las cortesanas.
En effet, quoi de plus triste à voir que la vieillesse du vice, surtout chez la femme? Elle ne renferme aucune dignité et n′ inspire aucun intérêt. Ce repentir éternel, non pas de la mauvaise route suivie, mais des calculs mal faits et de l′ argent mal employé, est une des plus attristantes choses que l′ on puisse entendre. J′ ai connu une ancienne femme galante à qui il ne restait plus de son passé qu′ une fille presque aussi belle que, au dire de ses contemporains, avait été sa mère. Cette pauvre enfant à qui sa mère n′ avait jamais dit: tu es ma fille, que pour lui ordonner de nourrir sa vieillesse comme elle-même avait nourri son enfance, cette pauvre créature se nommait Louise, et, obéissant à sa mère, elle se livrait sans volonté, sans passion, sans plaisir, comme elle et fait un métier si l′ on et songé à lui en apprendre un. En efecto, ¿hay espectáculo más triste que la vejez del vicio, sobre todo en la mujer? No encierra dignidad alguna ni inspira ningún interés. Ese eterno arrepentimiento, no ya del mal camino seguido, sino de los cálculos mal hechos y del dinero mal empleado, es una de ––las cosas más tristes que se pueden oír. Conocí una antigua mujer galante, a quien ya no le quedaba de su pasado más que una hija casi tan hermosa, al decir de sus contemporáneos, como había sido su madre. Aquella pobre niña, a quien su madre nunca le había dicho «eres mi hija» más que para ordenarle que sustentara su vejez como ella había sustentado su infancia, aquella pobre criatura se llamaba Louise y, obedeciendo a su madre, se entregaba sin voluntad, sin pasión, sin placer, como hubiera trabajado en un oficio, si hubiesen pensado en enseñárselo.
La vue continuelle de la débauche, une débauche précoce, alimentée par l′ état continuellement maladif de cette fille, avaient éteint en elle l′ intelligence du mal et du bien que Dieu lui avait donnée peut -être, mais qu′ il n′ était venu à l′ idée de personne de développer. El espectáculo continuo del desenfreno, un desenfreno precoz, alimentado por el estado continuamente enfermizo de la muchacha, apagó en ella el discernimiento del bien y del mal, que tal vez Dios le había concedido, pero que a nadie se le ocurrió desarrollar.
Je me rappellerai toujours cette jeune fille, qui passait sur les boulevards presque tous les jours à la même heure. Sa mère l′ accompagnait sans cesse, aussi assidument qu′ une vraie mère et accompagné sa vraie fille. J′ étais bien jeune alors, et prêt à accepter pour moi la facile morale de mon siècle. Nunca olvidaré a aquella muchachita, que pasaba por los bulevares casi todos los días a la misma hora. Su madre la acompañaba sin cesar, tan asiduamente como una verdadera madre hubiera acompañado a su verdadera hija. Yo era muy joven entonces, y dispuesto a aceptar para mí la fácil moral de mi siglo.
Je me souviens cependant que la vue de cette surveillance scandaleuse m′ inspirait le mépris et le dégot. Recuerdo, sin embargo, que el espectáculo de aquella vigilancia escandalosa me inspiraba desprecio y asco.
Joignez à cela que jamais visage de vierge n′ et un pareil sentiment d′ innocence, une pareille expression de souffrance mélancolique. Añádase a ello que nunca un rostro de virgen dio tal sensación de inocencia, tal expresión de sufrimiento melancólico.
On et dit une figure de la résignation. Parecía una imagen de la Resignación.
Un jour, le visage de cette fille s′ éclaira. Au milieu des débauches dont sa mère tenait le programme, il sembla à la pécheresse que Dieu lui permettait un bonheur. Et pourquoi, après tout, Dieu qui l′ avait faite sans force, l′ aurait -il laissée sans consolation, sous le poids douloureux de sa vie? Un jour donc, elle s′ aperçut qu′ elle était enceinte, et ce qu′ il y avait en elle de chaste encore tressaillit de joie. L′ âme a d′ étranges refuges. Louise courut annoncer à sa mère cette nouvelle qui la rendait si joyeuse. Un día el rostro de la muchacha se iluminó. En medio del desenfreno programado por su madre, le pareció a la pecadora que Dios le otorgaba una satisfacción. Y, al fin y al cabo, ¿por qué Dios, que la había creado sin fortaleza, iba a dejarla sin consuelo bajo el peso doloroso de su vida? Un día, pues, se dio cuenta de que estaba encinta, y lo que de casto había aún en ella se estremeció de gozo. El alma tiene extraños refugios. Louise corrió a anunciar a su madre la noticia que tan feliz la hacía.
C′ est honteux à dire, cependant nous ne faisons pas ici de l′ immoralité à plaisir, nous racontons un fait vrai, que nous ferions peut -être mieux de taire, si nous ne croyions qu′ il faut de temps en temps révéler les martyres de ces êtres, que l′ on condamne sans les entendre, que l′ on méprise sans les juger; c′ est honteux, disons -nous, mais la mère répondit à sa fille qu′ elles n′ avaient déjà pas trop pour deux et qu′ elles n′ auraient pas assez pour trois; que de pareils enfants sont inutiles et qu′ une grossesse est du temps perdu. Da vergüenza decirlo, aunque no estamos hablando aquí de la inmoralidad por gusto: estamos contando un hecho real, que tal vez haríamos mejor callando, si no creyéramos que de cuando en cuando es preciso revelar los martirios de esos seres a quienes se condena sin oír y se desprecia sin juzgar; da vergüenza, decimos, pero la madre respondió a la hija que ya no les sobraba nada para dos y que no tendrían bastante para tres; que tales hijos son inútiles y que un embarazo es una pérdida de tiempo.
Le lendemain, une sage -femme, que nous signalons seulement comme l′ amie de la mère, vint voir Louise qui resta quelques jours au lit, et s′ en releva plus pâle et plus faible qu′ autrefois. Al día siguiente una comadrona, a quien designaremos sólo como la amiga de la madre, fue a ver a Louise, que se quedó unos días en la cama, y volvió a levantarse más débil y más pálida que antes.
Trois mois après, un homme se prit de pitié pour elle et entreprit sa guérison morale et physique; mais la dernière secousse avait été trop violente, et Louise mourut des suites de la fausse couche qu′ elle avait faite. Tres meses después un hombre se compadeció de ella y emprendió su curación moral y física; pero la última sacudida había sido excesivamente violenta, y Louise murió a consecuencia del aborto.
La mère vit encore: comment? Dieu le sait. La madre vive todavía: ¿cómo? ¡Sabe Dios!
Cette histoire m′ était revenue à l′ esprit pendant que je contemplais les nécessaires d′ argent, et un certain temps s′ était écoulé, à ce qu′ il paraît, dans ces réflexions, car il n′ y avait plus dans l′ appartement que moi et un gardien qui, de la porte, examinait avec attention si je ne dérobais rien. Esta historia me vino a la memoria mientras contemplaba los estuches de plata, y en estas reflexiones debió de pasar al parecer cierto tiempo, pues ya no quedábamos en la casa más que yo y un vigilante, que desde la puerta observaba con atención si no me llevaba nada.
Je m′ approchai de ce brave homme à qui j′ inspirais de si graves inquiétudes. Me acerqué a aquel hombre, a quien tan graves recelos inspiraba.
-Monsieur, lui dis -je, pourriez -vous me dire le nom de la personne qui demeurait ici? -Mademoiselle Marguerite Gautier. ––¿Podría decirme ––le dije–– el nombre de la persona que vivía aquí? ––La señorita Marguerite Gautier.
Je connaissais cette fille de nom et de vue. Conocía a esa joven de nombre y de vista.
-Comment! Dis -je au gardien, Marguerite Gautier est morte? -Oui, monsieur. ––¡Cómo! ––––dije al vigilante––. ¿Ha muerto Marguerite Gautier? ––Sí, señor.
-Et quand cela? -Il y a trois semaines, je crois. ––¿Y cuándo ha sido? ––Creo que hace tres semanas..
-Et pourquoi laisse -t -on visiter l′ appartement? -Les créanciers ont pensé que cela ne pouvait que faire monter la vente. Les personnes peuvent voir d′ avance l′ effet que font les étoffes et les meubles; vous comprenez, cela encourage à acheter. ––¿Y por qué dejan visitar el piso? ––Los acreedores han pensado que así subiría la subasta. La gente puede ver de antemano el efecto que hacen los tejidos y los muebles. Eso anima a comprar, ¿comprende?
-Elle avait donc des dettes? -Oh! Monsieur, en quantité. ––¿Ah, tenía deudas? ––¡Oh, sí, señor! Y no pocas.
-Mais la vente les couvrira sans doute? -Et au delà. Pero seguramente la subasta las cubrirá, ¿no?
-` qui reviendra le surplus, alors? -` sa famille. ––Y sobrará. ––¿Entonces quién se llevará el resto? ––Su familia.
-Elle a donc une famille? -` ce qu′ il paraît. ––¿Ah, tiene familia? ––Eso parece.
-Merci, monsieur. Muchas gracias.
Le gardien, rassuré sur mes intentions, me salua, et je sortis. El vigilante, tranquilo ya respecto a mis intenciones, me saludó y salí.
-Pauvre fille! Me disais -je en rentrant chez moi, elle a d mourir bien tristement, car, dans son monde, on n′ a d′ amis qu′ à la condition qu′ on se portera bien. Et malgré moi je m′ apitoyais sur le sort de Marguerite Gautier. «¡Pobre chica! iba diciéndome mientras volvía a mi casa––. No ha debido de morir muy alegremente, pues en su mundo no hay amigos más que cuando uno está bien.» Y, sin querer, no podía menos de compadecerme de la suerte de Marguerite Gautier.
Cela paraîtra peut -être ridicule à bien des gens, mais j′ ai une indulgence inépuisable pour les courtisanes, et je ne me donne même pas la peine de discuter cette indulgence. Quizá le parezca ridículo a mucha gente, pero siento una indulgencia inagotable por las cortesanas, y no pienso tomarme la molestia de andar dando explicaciones sobre tal indulgencia.
Un jour, en allant prendre un passeport à la préfecture, je vis dans une des rues adjacentes une fille que deux gendarmes emmenaient. J′ ignore ce qu′ avait fait cette fille, tout ce que je puis dire, c′ est qu′ elle pleurait à chaudes larmes en embrassant un enfant de quelques mois dont son arrestation la séparait. Depuis ce jour, je n′ ai plus su mépriser une femme à première vue. Un día, cuando iba a recoger un pasaporte a la comisaría, vi cómo en una de las calles adyacentes dos gendarmes se llevaban a una chica. Ignoro lo que había hecho: lo único que puedo decir es que lloraba a lágrima viva abrazando a un niño de pocos meses, de quien su detención la separaba. Desde aquel día ya no he podido despreciar a una mujer a simple vista.







CHAPITRE II

Capítulo II

La vente était pour le 16. La subasta estaba fijada para el día 16.
Un jour d′ intervalle avait été laissé entre les visites et la vente pour donner aux tapissiers le temps de déclouer les tentures, rideaux, etc. Habían dejado un día de intervalo entre las visitas y la subasta, para que los tapiceros tuvieran tiempo de retirar cortinajes, visillos, etc.
à cette époque, je revenais de voyage. Il était assez naturel que l′ on ne m′ et pas appris la mort de Marguerite comme une de ces grandes nouvelles que ses amis apprennent toujours à celui qui revient dans la capitale des nouvelles. Marguerite était jolie, mais autant la vie recherchée de ces femmes fait de bruit, autant leur mort en fait peu. Ce sont de ces soleils qui se couchent comme ils se sont levés, sans éclat. Leur mort, quand elles meurent jeunes, est apprise de tous leurs amants en même temps, car à Paris presque tous les amants d′ une fille connue vivent en intimité. Por aquella época yo regresaba de viaje. Era bastante normal que no me hubieran anunciado la muerte de Marguerite como una de esas grandes noticias que los amigos anuncian siempre al que vuelve a la capital de las noticias. Marguerite era bonita, pero, así como la tan solicitada vida de esas mujeres hace ruido, su muerte no hace tanto. Son de esos soles que se ponen como salen, sin brillo. Su muerte, cuando mueren jóvenes, llega a conocimiento de todos sus amantes al mismo tiempo, pues en París casi todos los amantes de una chica de éstas se lo cuentan todo.
Quelques souvenirs s′ échangent à son sujet, et la vie des uns et des autres continue sans que cet incident la trouble même d′ une larme. Intercambian algunos recuerdos respecto a ella, y la vida de los unos y de los otros sigue sin que tal incidente la empañe ni siquiera con una lágrima.
Aujourd′ hui quand on a vingt -cinq ans, les larmes deviennent une chose si rare qu′ on ne peut les donner à la première venue. C′ est tout au plus si les parents qui payent pour être pleurés le sont en raison du prix qu′ ils y mettent. Hoy, cuando uno tiene veinticinco años, las lágrimas se han convertido en una cosa tan rara, que no se pueden regalar a la primera advenediza. No es poco ya que los padres que pagan por ser llorados lo sean en proporción al precio que se han puesto.
Quant à moi, quoique mon chiffre ne se retrouvât sur aucun des nécessaires de Marguerite, cette indulgence instinctive, cette pitié naturelle que je viens d′ avouer tout à l′ heure me faisaient songer à sa mort plus longtemps qu′ elle ne méritait peut -être que j′ y songeasse. Por lo que a mí respecta, aunque mis iniciales no se hallaran en ninguno de los objetos de tocador de Marguerite, esa indulgencia instintiva, esa piedad natural que acabo de confesar hace un momento me hacían pensar en su muerte más tiempo de lo que tal vez se merecía.
Je me rappelais avoir rencontré Marguerite très souvent aux champs -élysées, où elle venait assidument, tous les jours, dans un petit coupé bleu attelé de deux magnifiques chevaux bais, et avoir alors remarqué en elle une distinction peu commune à ses semblables, distinction que rehaussait encore une beauté vraiment exceptionnelle. Recordaba haber visto a Marguerite con mucha frecuencia en los Campos Eliseos, donde ella iba con asiduidad, a diario, en un pequeño cupé azul tirado por dos magníficos caballos bayos, y haber notado en ella una distinción poco común en sus semejantes, distinción que realzaba aún más una belleza realmente excepcional.
Ces malheureuses créatures sont toujours, quand elles sortent, accompagnées on ne sait de qui. Cuando salen, estas desgraciadas criaturas siempre van acompañadas, a saber de quién.
Comme aucun homme ne consent à afficher publiquement l′ amour nocturne qu′ il a pour elles, comme elles ont horreur de la solitude, elles emmènent ou celles qui, moins heureuses, n′ ont pas de voiture, ou quelques -unes de ces vieilles élégantes dont rien ne motive l′ élégance, et à qui l′ on peut s′ adresser sans crainte, quand on veut avoir quelques détails que ce soient sur la femme qu′ elles accompagnent. Como ningún hombre consiente que se publique el amor nocturno que siente por ellas, como ellas tienen horror a la soledad, llevan consigo o bien a aquellas que, menos afortunadas, no tienen coche, o bien a alguna de esas viejas elegantes cuya elegancia carece de motivos, y a quienes puede uno dirigirse sin temor, cuando quiere saber cualquier tipo de detalles acerca de la mujer que acompañan.
Il n′ en était pas ainsi pour Marguerite. Elle arrivait aux champs -élysées toujours seule, dans sa voiture, où elle s′ effaçait le plus possible, l′ hiver enveloppée d′ un grand cachemire, l′ été vêtue de robes fort simples; et quoiqu′ il y et sur sa promenade favorite bien des gens qu′ elle connt, quand par hasard elle leur souriait, le sourire était visible pour eux seuls, et une duchesse et pu sourire ainsi. No ocurría así con Marguerite. Llegaba a los Campos Elíseos siempre sola en su coche, donde intentaba pasar lo más desapercibida posible, cubierta con un gran chal de cachemira en invierno, y con vestidos muy sencillos en verano; y, aunque en su paseo favorito se encontrara con mucha gente conocida, cuando por casualidad les sonreía, su sonrisa sólo era visible para ellos, y una duquesa hubiera podido sonreír así.
Elle ne se promenait pas du rond -point à l′ entrée des champs -élysées, comme le font et le faisaient toutes ses collègues. Ses deux chevaux l′ emportaient rapidement au bois. Là, elle descendait de voiture, marchait pendant une heure, remontait dans son coupé, et rentrait chez elle au grand trot de son attelage. No se paseaba desde la glorieta a los Campos Elíseos, como lo hacen y lo hacían todas sus compañeras. Sus dos caballos la llevaban rápidamente al Bosque. Allí bajaba del coche, andaba durante una hora, volvía a subir a su cupé, y regresaba a su casa al trote de sus caballerías.
Toutes ces circonstances, dont j′ avais quelquefois été le témoin, repassaient devant moi et je regrettais la mort de cette fille comme on regrette la destruction totale d′ une belle oeuvre. Todas aquellas circunstancias, dé las que yo había sido testigo algunas veces, desfilaban ante mí, y me dolía la muerte de aquella chica, como duele la destrucción total de una hermosa obra.
Or, il était impossible de voir une plus charmante beauté que celle de Marguerite. Y es que era imposible ver una belleza más encantadora que la de Marguerite.
Grande et mince jusqu′ à l′ exagération, elle possédait au suprême degré l′ art de faire disparaître cet oubli de la nature par le simple arrangement des choses qu′ elle revêtait. Son cachemire, dont la pointe touchait à terre, laissait échapper de chaque côté les larges volants d′ une robe de soie, et l′ épais manchon qui cachait ses mains et qu′ elle appuyait contre sa poitrine, était entouré de plis si habilement ménagés, que l′ oeil n′ avait rien à redire, si exigeant qu′ il fut, au contour des lignes. Alta y delgada hasta la exageración, poseía en sumo grado el arte de hacer desaparecer aquel olvido de la naturaleza con el simple arreglo de lo que se ponía. Su chal de cachemira, que le llegaba hasta el suelo, dejaba escapar por ambos lados los anchos volantes de un vestido de seda, y el grueso manguito que ocultaba sus manos y que ella apoyaba contra su pecho estaba rodeado de pliegues tan hábilmente dispuestos, que ni el. ojo más exigente tenía nada que objetar al contorno de las líneas.
La tête, une merveille, était l′ objet d′ une coquetterie particulière. Elle était toute petite, et sa mère, comme dirait De Musset, semblait l′ avoir faite ainsi pour la faire avec soin. La cabeza, una maravilla, era objeto de una particular coquetería. Era muy pequeña, y su madre, como diría Musset, parecía haberla hecho así para hacerla con esmero.
Dans un ovale d′ une grâce indescriptible, mettez des yeux noirs surmontés de sourcils d′ un arc si pur qu′ il semblait peint; voilez ces yeux de grands cils qui, lorsqu′ ils s′ abaissaient, jetaient de l′ ombre sur la teinte rose des joues; tracez un nez fin, droit, spirituel, aux narines un peu ouvertes par une aspiration ardente vers la vie sensuelle; dessinez une bouche régulière, dont les lèvres s′ ouvraient gracieusement sur des dents blanches comme du lait; colorez la peau de ce velouté qui couvre les pêches qu′ aucune main n′ a touchées, et vous aurez l′ ensemble de cette charmante tête. En un óvalo de una gracia indescriptible, colocad dos ojos negros coronados por cejas de un arco tan puro, que parecía pintado; velad. esos ––ojos con largas pestañas que, al bajar, proyecten sombra sobre la tez rosa de las mejillas; trazad una nariz fina, recta, graciosa, con ventanillas un poco abiertas por una ardiente aspiración hacia la vida sensual; dibujad una boca regular, cuyos labios se abran con gracia sobre unos dientes blancos como la leche; coloread la piel con ese suave terciopelo que cubre los melocotones no tocados aún por mano alguna, y tendréis el conjunto de aquella cabeza encantadora.
Les cheveux noirs comme du jais, ondés naturellement ou non, s′ ouvraient sur le front en deux larges bandeaux, et se perdaient derrière la tête, en laissant voir un bout des oreilles, auxquelles brillaient deux diamants d′ une valeur de quatre à cinq mille francs chacun. Los cabellos, negros como el azabache, natural o artificialmente ondulados, se abrían sobre la frente en dos anchos bandos y se perdían detrás de la cabeza, dejando ver una parte––de las orejas, en las que brillaban dos diamantes de un valor de cuatro a cinco mil francos cada uno.
Comment sa vie ardente laissait -elle au visage de Marguerite l′ expression virginale, enfantine même qui le caractérisait, c′ est ce que nous sommes forcé de constater sans le comprendre. Cómo la ardiente vida de Marguerite permitía que su conservase la expresión virginal, incluso infantil, que lo caracterizaba, es algo que nos vemos obligados a constatar sin comprenderlo.
Marguerite avait d′ elle un merveilleux portrait fait par Vidal, le seul homme dont le crayon pouvait la reproduire. J′ ai eu depuis sa mort ce portrait pendant quelques jours à ma disposition, et il était d′ une si étonnante ressemblance qu′ il m′ a servi à donner les renseignements pour lesquels ma mémoire ne m′ et peut -être pas suffi. Marguerite tenía un maravilloso retrato suyo hecho por Vidal, el único hombre cuyo lápiz era capaz de reproducirla. Después de su muerte tuve unos días a mi disposición aquel retrato, y era de un parecido tan asombroso, que me ha servido para ofrecer las indicaciones a las que quizá no hubiera alcanzado mi memoria.
Parmi les détails de ce chapitre, quelques -uns ne me sont parvenus que plus tard, mais je les écris tout de suite pour n′ avoir pas à y revenir, lorsque commencera l′ histoire anecdotique de cette femme. Algunos detalles de este capítulo no llegaron a mi conocimiento hasta más tarde, pero los escribo ahora mismo, para no tener que volver sobre ellos cuando comience la historia anecdótica de esta mujer.
Marguerite assistait à toutes les premières représentations et passait toutes ses soirées au spectacle ou au bal. Chaque fois que l′ on jouait une pièce nouvelle, on était sr de l′ y voir, avec trois choses qui ne la quittaient jamais, et qui occupaient toujours le devant de sa loge de rez -de -chaussée: sa lorgnette, un sac de bonbons et un bouquet de camélias. Marguerite asistía a todos los estrenos y pasaba todas las noches en algún espectáculo o en el baile. Siempre que se representaba una obra nueva era seguro verla allí, con tres cosás que no la abandonaban jamás y que ocupaban siempre el antepecho de su palco de platea: sus gemelos, una bolsa de bombones y un ramo de camelias.
Pendant vingt -cinq jours du mois, les camélias étaient blancs, et pendant cinq ils étaient rouges; on n′ a jamais su la raison de cette variété de couleurs, que je signale sans pouvoir l′ expliquer et que les habitués des théâtres où elle allait le plus fréquemment et ses amis avaient remarquée comme moi. Durante veinticinco días del mes las camelias eran blancas, y durante cinco, rojas; nunca ha logrado saberse la razón de aquella variedad de colores, que indico sin poder explicar y que los habituales de los teatros adonde ella iba con más frecuencia, lo mismo que sus amigos, habían notado como yo.
On n′ avait jamais vu à Marguerite d′ autres fleurs que des camélias. Aussi chez Madame Barjon, sa fleuriste, avait -on fini par la surnommer la dame aux camélias, et ce surnom lui était resté. Nunca habíamos visto a Marguerite con otras flores que no fueran camelias. Tanto es así, que en casa de la señora Barjon, su florista, acabaron por llamarla la Dama de las Camelias, y con tal sobrenombre se quedó.
Je savais en outre, comme tous ceux qui vivent dans un certain monde, à Paris, que Marguerite avait été la maîtresse des jeunes gens les plus élégants, qu′ elle le disait hautement, et qu′ eux -mêmes s′ en vantaient, ce qui prouvait qu′ amants et maîtresse étaient contents l′ un de l′ autre. Yo sabía además, como todos los que en París se mueven en ciertos ambientes, que Marguerite había sido la querida de los jóvenes más elegantes, que lo decía abiertamente, y que ellos mismos se vanagloriaban de ello, lo que demostraba que amantes y querida estaban contentos unos de otros.
Cependant, depuis trois ans environ, depuis un voyage à Bagnères, elle ne vivait plus, disait -on, qu′ avec un vieux duc étranger, énormément riche et qui avait essayé de la détacher le plus possible de sa vie passée, ce que du reste elle avait paru se laisser faire d′ assez bonne grâce. Sin embargo, desde hacía unos tres años, y a raíz de un viaje a Bagnères, se decía que no vivía más que con un viejo duque extranjero, enormemente rico, y que había intentado apartarla lo más posible de su vida pasada, a lo que por lo demás ella parecía haber accedido de buen grado.
Voici ce qu′ on m′ a raconté à ce sujet. A este respecto me contaron lo siguiente:
Au printemps de 1842, Marguerite était si faible, si changée que les médecins lui ordonnèrent les eaux, et qu′ elle partit pour Bagnères. En la primavera de 1842 Marguerite estaba tan débil, tan cambiada, que los médicos le mandaron que fuera a un balneario, y salió hacia Bagnéres.
Là, parmi les malades, se trouvait la fille de ce duc, laquelle avait non seulement la même maladie, mais encore le même visage que Marguerite, au point qu′ on et pu les prendre pour les deux soeurs. Allí, entre los enfermos, se encontraba la hija del duque, la cual tenía no sólo la misma enfermedad, sino hasta el mismo rostro de Marguerite, hasta tal punto que se las hubiera podido tomar por dos hermanas.
Seulement la jeune duchesse était au troisième degré de la phtisie, et peu de jours après l′ arrivée de Marguerite elle succombait. Sólo que la joven duquesa estaba en el tercer grado de la tisis y, pocos días después de la llegada de Marguerite, sucumbía.
Un matin le duc, resté à Bagnères comme on reste sur le sol qui ensevelit une partie du coeur, aperçut Marguerite au détour d′ une allée. Una mañana el duque, que seguía en Bagnéres como sigue uno en el suelo que ha sepultado una parte de su corazón, divisó a Marguerite al dar la vuelta a una alameda.
Il lui sembla voir passer l′ ombre de son enfant et, marchant vers elle, il lui prit les mains, l′ embrassa en pleurant, et, sans lui demander qui elle était, implora la permission de la voir et d′ aimer en elle l′ image vivante de sa fille morte. Le pareció ver pasar la sombra de su hija y, dirigiéndose hacia ella, le cogió las manos, la besó llorando y, sin preguntarle quién era, le imploró permiso para verla y amar en ella la imagen viva de su hija muerta.
Marguerite, seule à Bagnères avec sa femme de chambre, et d′ ailleurs n′ ayant aucune crainte de se compromettre, accorda au duc ce qu′ il lui demandait. Marguerite, sola en Bagnéres con su doncella, y por otra parte sin temor alguno de comprometerse, concedió al duque lo que le pedía.
Il se trouvait à Bagnères des gens qui la connaissaient, et qui vinrent officiellement avertir le duc de la véritable position de Mademoiselle Gautier. Ce fut un coup pour le vieillard, car là cessait la ressemblance avec sa fille, mais il était trop tard. Había en Bagnéres gentes que la conocían, y fueron oficialmente a advertir al duque de la verdadera condición de la señorita Gautier. Fue un golpe para el viejo, pues ahí acababa el parecido con su hija, pero era ya un poco tarde.
La jeune femme était devenue un besoin de son coeur et son seul prétexte, sa seule excuse de vivre encore. La joven se había convertido en una necesidad de su corazón y en el único pretexto, la única excusa para seguir viviendo.
Il ne lui fit aucun reproche, il n′ avait pas le droit de lui en faire, mais il lui demanda si elle se sentait capable de changer sa vie, lui offrant en échange de ce sacrifice toutes les compensations qu′ elle pourrait désirer. Elle promit. No le hizo ningún reproche ––tampoco tenía derecho a hacérselo––, pero le preguntó si se sentía capaz de cambiar de vida, ofreciéndole a cambio de ese sacrificio todas las compensaciones que pudiera desear. Ella se lo prometió.
Il faut dire qu′ à cette époque, Marguerite, nature enthousiaste, était malade. Le passé lui apparaissait comme une des causes principales de sa maladie, et une sorte de superstition lui fit espérer que Dieu lui laisserait la beauté et la santé, en échange de son repentir et de sa conversion. Hay que decir que por aquella época Marguerite, aunque entusiasta por naturaleza, estaba enferma. El pasado se le aparecía como una de las causas principales de su enfermedad, y una especie de superstición le hizo esperar que Dios le dejaría la belleza y la salud a cambio de su arrepentimiento y conversión.
En effet, les eaux, les promenades, la fatigue naturelle et le sommeil l′ avaient à peu près rétablie quand vint la fin de l′ été. Y en efecto, cuando llegó el final del verano, las aguas, los paseos, el cansancio natural y el sueño casi casi la habían restablecido.
Le duc accompagna Marguerite à Paris, où il continua de venir la voir comme à Bagnères. El duque acompañó a Marguerite a París, donde siguió viéndola como en Bagnéres.
Cette liaison, dont on ne connaissait ni la véritable origine, ni le véritable motif, causa une grande sensation ici, car le duc, connu par sa grande fortune, se faisait connaître maintenant par sa prodigalité. Aquella relación, cuyo auténtico origen y motivo se desconocía, causó aquí gran sensación, pues el duque, conocido ya por su gran fortuna, se daba a conocer ahora por su prodigalidad.
On attribua au libertinage, fréquent chez les vieillards riches, ce rapprochement du vieux duc et de la jeune femme. On supposa tout, excepté ce qui était. Se atribuyó al libertinaje, frecuente entre los viejos ricos, aquel acercamiento del viejo duque a la joven. Hubo toda clase de suposiciones, excepto la verdadera.
Cependant le sentiment de ce père pour Marguerite avait une cause si chaste, que tout autre rapport que des rapports de coeur avec elle lui et semblé un inceste, et jamais il ne lui avait dit un mot que sa fille n′ et pu entendre. Sin embargo los sentimientos que aquel padre experimentaba por Marguerite tenían una causa tan casta, que cualquier otra relación que no fuera de corazón le hubiera parecido un incesto, y jamás le había dicho una palabra que su hija no hubiera podido oír.
Loin de nous la pensée de faire de notre héro autre chose que ce qu′ elle était. Nous dirons donc que tant qu′ elle était restée à Bagnères, la promesse faite au duc n′ avait pas été difficile à tenir, et qu′ elle avait été tenue; mais une fois de retour à Paris, il avait semblé à cette fille habituée à la vie dissipée, aux bals, aux orgies même, que sa solitude, troublée seulement par les visites périodiques du duc, la ferait mourir d′ ennui, et les souffles brlants de sa vie d′ autrefois passaient à la fois sur sa tête et sur son coeur. Lejos de nosotros el pensamiento de hacer de nuestra heroína otra cosa distinta de lo que era. Así pues, diremos que, mientras estuvo en Bagnéres, la promesa que había hecho al duque no era difícil de cumplir y la cumplió; pero, una vez en París, a aquella joven acostumbrada a la vida disipada, a los bailes, incluso a las orgías, le pareció que su soledad, turbada únicamente por las periódicas visitas del duque, la haría morir de aburrimiento, y el soplo ardiente de su vida anterior pasaba a la vez por su cabeza y por su corazón.
Ajoutez que Marguerite était revenue de ce voyage plus belle qu′ elle n′ avait jamais été, qu′ elle avait vingt ans, et que la maladie endormie, mais non vaincue, continuait à lui donner ces désirs fiévreux qui sont presque toujours le résultat des affections de poitrine. Añádase a ello que Marguerite había vuelto de aquel viaje más hermosa que nunca, que tenía veinte años y que la enfermedad, adormecida, pero no vencida, seguía despertando en ella esos deseos febriles que casi siempre suelen ser resultado de las afecciones de pecho.
Le duc eut donc une grande douleur le jour où ses amis, sans cesse aux aguets pour surprendre un scandale de la part de la jeune femme avec laquelle il se compromettait, disaient -ils, vinrent lui dire et lui prouver qu′ à l′ heure où elle était sre de ne pas le voir venir, elle recevait des visites, et que ces visites se prolongeaient souvent jusqu′ au lendemain. Así pues, el duque sintió un gran dolor el día en que sus amigos que estaban al acecho sin cesar con ánimo de sorprender un escándalo por parte de la joven, con la que, decían, estaba comprometiéndose–– vinieron a decirle y demostrarle que, en cuanto estaba segura de que él no iría a verla, ella recibía visitas, y que tales visitas se prolongaban con frecuencia hasta la mañana siguiente.
Interrogée, Marguerite avoua tout au duc, lui conseillant, sans arrière -pensée, de cesser de s′ occuper d′ elle, car elle ne se sentait pas la force de tenir les engagements pris, et ne voulait pas recevoir plus longtemps les bienfaits d′ un homme qu′ elle trompait. Interrogada al respecto, Marguerite le confesó todo al duque, aconsejándole, sin segundas intenciones, que dejara de ocuparse de ella, porque no se sentía con fuerzas para mantener los compromisos adquiridos y no quería seguir recibiendo más tiempo los beneficios de un hombre a quien estaba engañando.
Le duc resta huit jours sans paraître, ce fut tout ce qu′ il put faire, et, le huitième jour, il vint supplier Marguerite de l′ admettre encore, lui promettant de l′ accepter telle qu′ elle serait, pourvu qu′ il la vît, et lui jurant que, dt -il mourir, il ne lui ferait jamais un reproche. El duque estuvo ocho días sin aparecer ––eso fue todo lo que pudo hacer–– y al octavo día vino a suplicar a Marguerite que volviera a admitirlo, prometiéndole aceptarla como era, con tal de poder verla, y jurándole que moriría antes que hacerle un solo reproche.
Voilà où en étaient les choses trois mois après le retour de Marguerite, c′ est -à -dire en novembre ou décembre 1842. Así estaban las cosas tres meses después del regreso de Marguerite, es decir, en noviembre o diciembre de 1842.







CHAPITRE III

Capítulo III

Le 16, à une heure, je me rendis rue d′ Antin. El 16, a la una, me dirigí hacia la calle de Antin.
De la porte cochère on entendait crier les commissaires -priseurs. Desde la puerta de la cochera se oía gritar a los subastadores.
L′ appartement était plein de curieux. El piso estaba lleno de curiosos.
Il y avait là toutes les célébrités du vice élégant, sournoisement examinées par quelques grandes dames qui avaient pris encore une fois le prétexte de la vente, pour avoir le droit de voir de près des femmes avec qui elles n′ auraient jamais eu occasion de se retrouver, et dont elles enviaient peut -être en secret les faciles plaisirs. Se hallaban allí todas las celebridades del vicio elegante, examinadas con disimulo por algunas damas de la alta sociedad, que habían tomado una vez más la subasta como pretexto para poder ver de cerca a esas mujeres con las que nunca hubieran tenido ocasión de encontrarse y cuyos fáciles placeres tal vez envidiaban en secreto.
Madame la duchesse de F... coudoyait Mademoiselle A..., une des plus tristes épreuves de nos courtisanes modernes; madame la marquise de T... hésitait pour acheter un meuble sur lequel enchérissait Madame D..., la femme adultère la plus élégante et la plus connue de notre époque; le duc d′ Y... qui passe à Madrid pour se ruiner à Paris, à Paris pour se ruiner à Madrid, et qui, somme toute, ne dépense même pas son revenu, tout en causant avec Madame M..., une de nos plus spirituelles conteuses qui veut bien de temps en temps écrire ce qu′ elle dit et signer ce qu′ elle écrit, échangeait des regards confidentiels avec Madame De N..., cette belle promeneuse des champs -élysées, presque toujours vêtue de rose ou de bleu et qui fait traîner sa voiture par deux grands chevaux noirs, que Tony lui a vendus dix mille francs et... qu′ elle lui a payés; enfin Mademoiselle R... qui se fait avec son seul talent le double de ce que les femmes du monde se font avec leur dot, et le triple de ce que les autres se font avec leurs amours, était, malgré le froid, venue faire quelques emplettes, et ce n′ était pas elle qu′ on regardait le moins. La duquesa de F... se codeaba con la señorita A..., una de las más tristes muestras de nuestras cortesanas modernas; la marquesa de T... vacilaba en comprar un mueble por el que pujaba la señora D..., la adúltera más elegante y conocida de nuestra época; el duque de Y..., que en Madrid pasa por arruinarse en París, en París por arruinarse en Madrid, y que en resumidas cuentas no gasta ni su renta, mientras charlaba con la señora M..., una de nuestras cuentistas más ocurrentes, que de cuando en cuando se digna escribir lo que dice y firmar lo que escribe, intercambiaba miradas confidenciales con la señora N..., esa bella paseante de los Campos Elíseos, casi siempre vestida de rosa o de azul, y que va en un coche tirado por dos grandes caballos negros que Tony le vendió por diez mil francos y... que ella pagó; en fin, la señorita R..., que sólo con su talento saca el doble de lo que las mujeres de mundo sacan con su dote y el triple de lo que las otras sacan con sus amores, había ido a pesar del frío a hacer algunas compras, y no era ella ciertamente a la que menos miraban.
Nous pourrions citer encore les initiales de bien des gens réunis dans ce salon, et bien étonnés de se trouver ensemble; mais nous craindrions de lasser le lecteur. Podríamos seguir citando las iniciales de un buen número de personas reunidas en aquel salón, y no poco sorprendidas de encontrarse juntas; pero tememos cansar al lector.
Disons seulement que tout le monde était d′ une gaieté folle, et que parmi toutes celles qui se trouvaient là beaucoup avaient connu la morte, et ne paraissaient pas s′ en souvenir. Digamos solamente que todo el mundo estaba de una alegría loca, y que muchas de las que se encontraban allí habían conocido a la muerta, pero no parecían acordarse de ello.
On riait fort; les commissaires criaient à tue -tête; les marchands qui avaient envahi les bancs disposés devant les tables de vente essayaient en vain d′ imposer silence, pour faire leurs affaires tranquillement. Jamais réunion ne fut plus variée, plus bruyante. Reían a carcajadas; los tasadores gritaban hasta desgañitarse; los comerciantes, que habían invadido los bancos colocados ante las mesas de subastar, en vano intentaban imponer silencio para hacer sus negocios con tranquilidad. Nunca hubo reunión tan variada y ruidosa como aquélla.
Je me glissai humblement au milieu de ce tumulte attristant quand je songeais qu′ il avait lieu près de la chambre où avait expiré la pauvre créature dont on vendait les meubles pour payer les dettes. Venu pour examiner plus que pour acheter, je regardais les figures des fournisseurs qui faisaient vendre, et dont les traits s′ épanouissaient chaque fois qu′ un objet arrivait à un prix qu′ ils n′ eussent pas espéré. Me deslicé humildemente en medio de aquel tumulto, que me resultaba entristecedor al pensar que tenía lugar al lado de la habitación donde había expirado la pobre criatura cuyos muebles se subastaban para pagar las deudas. Yo, que había ido para observar más que para comprar, miraba la cara de los proveedores que organizaban la subasta, y veía cómo sus facciones se ponían radiantes cada vez que un objeto alcanzaba un precio que no habían esperado.
Honnêtes gens qui avaient spéculé sur la prostitution de cette femme, qui avaient gagné cent pour cent sur elle, qui avaient poursuivi de papiers timbrés les derniers moments de sa vie, et qui venaient après sa mort recueillir les fruits de leurs honorables calculs en même temps que les intérêts de leur honteux crédit. Gente honrada, que había especulado con la prostitución de aquella mujer, que había ganado un cien por cien con ella, que había perseguido con papeles timbrados los últimos momentos de su vida, y que tras su muerte venía a recoger los frutos de sus honorables cálculos a la vez que los intereses de su vergonzoso crédito.
Combien avaient raison les anciens qui n′ avaient qu′ un même dieu pour les marchands et pour les voleurs! Robes, cachemires, bijoux se vendaient avec une rapidité incroyable. Rien de tout cela ne me convenait, et j′ attendais toujours. ¡Cuánta razón llevaban los antiguos, que tenían un solo y mismo Dios para los mercaderes y para los ladrones! Vestidos, cachemiras, joyas se vendían con una rapidez increíble. Nada de todo aquello me convenía, y seguí esperando.
Tout à coup j′ entendis crier: -Un volume, parfaitement relié, doré sur tranche, intitulé: Manon Lescaut. il y a quelque chose d′ écrit sur la première page: dix francs. De pronto oí gritar: Un volumen, perfectamente encuadernado, con cantos dorados, titulado Manors Leccaut. Hay algo escrito en la primera página. Diez francos.
-Douze, dit une voix après un silence assez long. Doce ––dijo una voz tras un silencio bastante largo.
-Quinze, dis -je. Quince ––,dije yo.
Pourquoi? Je n′ en savais rien. Sans doute pour ce quelque chose d′ écrit. -Quinze, répéta le commissaire -priseur. ¿Por qué? No ––podría decirlo. Sin duda por aquel algo escrito. ––Quince–– repitió el tasador.
-Trente, fit le premier enchérisseur d′ un ton qui semblait défier qu′ on mît davantage. ––Treinta ––dijo el primer postor en un torso que parecía desafiar a que se siguiera pujando.
Cela devenait une lutte. Aquello se estaba convirtiendo en una lucha.
-Trente -cinq! Criai -je alors du même ton. ––¡Treinta y cinco! ––grité entonces en el mismo tono.
-Tuarante. ––Cuarenta.
-Cinquante. ––Cincuenta.
-Coixante. ––Sesenta.
-Cent. ––Cien.
J′ avoue que si j′ avais voulu faire de l′ effet, j′ aurais complétement réussi, car à cette enchère un grand silence se fit, et l′ on me regarda pour savoir quel était ce monsieur qui paraissait si résolu à posséder ce volume. Confieso que, si hubiera querido causar sensación, lo había conseguido plenamente, pues tras aquella puja se hizo un gran silencio, y me miraron para saber quién era el hombre que parecía tan resuelto a poseer aquel volumen.
Il paraît que l′ accent donné à mon dernier mot avait convaincu mon antagoniste: il préféra donc abandonner un combat qui n′ et servi qu′ à me faire payer ce volume dix fois sa valeur, et, s′ inclinant, il me dit fort gracieusement, quoique un peu tard: -Je cède, monsieur. Parece que el acento con que pronuncié mi última palabra convenció a mi antagonista: así que prefirió abandonar una lucha que no hubiera servido más que para hacerme pagar diez veces el precio del volumen e, inclinándose, me dijo con mucha amabilidad, aunque un poco tarde: Me rindo, caballero.
Personne n′ ayant plus rien dit, le livre me fut adjugé. Como nadie dijo nada, el libro me fue adjudicado.
Comme je redoutais un nouvel entêtement que mon amour -propre et peut -être soutenu, mais dont ma bourse se ft certainement trouvée très mal, je fis inscrire mon nom, mettre de côté le volume, et je descendis. Je dus donner beaucoup à penser aux gens qui, témoins de cette scène, se demandèrent sans doute dans quel but j′ étais venu payer cent francs un livre que je pouvais avoir partout pour dix ou quinze francs au plus. Temiendo una nueva cabezonería, que mi amor propio tal vez habría apoyado, pero que mi bolsillo habría llevado ciertamente muy a mal, di mi nombre, mandé apartar el volumen y bajé. Debí de dar mucho que pensar a aquella gente, que, testigo de la escena, sin duda se preguntaría con qué objeto había ido a pagar cien francos por un libro que podía conseguir en cualquier sitio por diez o quince francos como mucho.
Une heure après j′ avais envoyé chercher mon achat. Una hora después ya había mandado a buscar mi compra.
Sur la première page était écrite à la plume, et d′ une écriture élégante, la dédicace du donataire de ce livre. Cette dédicace portait ces seuls mots: Manon à Marguerite, humilité. elle était signée: Armand Duval. En la primera página, a pluma y con una letra elegante, estaba escrita la dedicatoria del donante del libro. Dicha dedicatoria ponía sólo estas palabras: Manon a Marguerite; Humildad. Estaba firmada: Armand Duval.
Que voulait dire ce mot: humilité? Manon reconnaissait -elle dans Marguerite, par l′ opinion de ce M Armand Duval, une supériorité de débauche ou de coeur? La seconde interprétation était la plus vraisemblable, car la première n′ et été qu′ une impertinente franchise que n′ et pas acceptée Marguerite, malgré son opinion sur elle -même. ¿Qué quería decir la palabra Humildad? Según la opinión del tal Armand Duval, ¿qué superioridad reconocía Manon en Marguerite: la del desenfreno o la del corazón? La segunda interpretación era la más verosímil, pues la primera no hubiera sido más que una franqueza impertinente, que no habría aceptado Marguerite, pese a la opinión que tuviera de sí misma.
Je sortis de nouveau et je ne m′ occupai plus de ce livre que le soir lorsque je me couchai. Salí otra vez y no volví a ocuparme del libro hasta por la noche, a la hora de acostarme.
Certes, Manon Lescaut est une touchante histoire dont pas un détail ne m′ est inconnu, et cependant lorsque je trouve ce volume sous ma main, ma sympathie pour lui m′ attire toujours, je l′ ouvre et pour la centième fois je revis avec l′ héro de l′ abbé Prévost. Or, cette héro est tellement vraie, qu′ il me semble l′ avoir connue. Dans ces circonstances nouvelles, l′ espèce de comparaison faite entre elle et Marguerite donnait pour moi un attrait inattendu à cette lecture, et mon indulgence s′ augmenta de pitié, presque d′ amour pour la pauvre fille à l′ héritage de laquelle je devais ce volume. Manon était morte dans un désert, il est vrai, mais dans les bras de l′ homme qui l′ aimait avec toutes les énergies de l′ âme, qui, morte, lui creusa une fosse, l′ arrosa de ses larmes et y ensevelit son coeur; tandis que Marguerite, pécheresse comme Manon, et peut -être convertie comme elle, était morte au sein d′ un luxe somptueux, s′ il fallait en croire ce que j′ avais vu, dans le lit de son passé, mais aussi au milieu de ce désert du coeur, bien plus aride, bien plus vaste, bien plus impitoyable que celui dans lequel avait été enterrée Manon. Manon Lescaut es realmente una historia conmovedora que me conozco al detalle, y sin embargo, cuando cae en mis manos ese volumen, mi simpatía por él me sigue atrayendo, lo abro y por centésima vez revivo con la heroína del abate Prévost. Y es que es una heroína tan real, que me parece haberla conocido. En aquellas nuevas circunstancias la especie de comparación que se daba entre ella y Marguerite hacía que la lectura tuviera para mí un aliciente inesperado, y a mi indulgencia se añadía lá piedad, casi el amor por la pobre chica a cuya herencia debía yo el volumen. Manon había muerto en un desierto, es verdad, pero también en los brazos del hombre que la amaba con todas las energías de su alma y que, una vez muerta, le cavó una fosa, la regó con sus lágrimas y en ella sepultó su corazón; mientras que Marguerite, pecadora como Manon y quizá convertida como ella, había muerto en el seno de un lujo suntuoso, a juzgar por lo que yo había visto, en el lecho de su pasado, pero también en medio de ese desierto del corazón, mucho más árido, mucho más vasto, mucho más despiadado que aquel en el que había sido enterrada Manon.
Marguerite, en effet, comme je l′ avais appris de quelques amis informés des dernières circonstances de sa vie, n′ avait pas vu s′ asseoir une réelle consolation à son chevet, pendant les deux mois qu′ avait duré sa lente et douloureuse agonie. Marguerite, en efecto, según supe por ciertos amigos que conocían las últimas circunstancias de su vida, no llegó a ver un auténtico consuelo sentado a su cabecera durante los dos meses que duró su lenta y dolorosa agonía.
Puis de Manon et de Marguerite ma pensée se reportait sur celles que je connaissais et que je voyais s′ acheminer en chantant vers une mort presque toujours invariable. De Manon y Marguerite mi pensamiento se dirigió luego hacia las que yo conocía y que veía encaminarse cantando hacia una muerte casi siempre invariable.
Pauvres créatures! Si c′ est un tort de les aimer, c′ est bien le moins qu′ on les plaigne. Vous plaignez l′ aveugle qui n′ a jamais vu les rayons du jour, le sourd qui n′ a jamais entendu les accords de la nature, le muet qui n′ a jamais pu rendre la voix de son âme, et, sous un faux prétexte de pudeur, vous ne voulez pas plaindre cette cécité du coeur, cette surdité de l′ âme, ce mutisme de la conscience qui rendent folle la malheureuse affligée et qui la font malgré elle incapable de voir le bien, d′ entendre le seigneur et de parler la langue pure de l′ amour et de la foi. ¡Pobres criaturas! Si amarlas es un error, lo menos que podemos hacer es compadecerlas. Compadecemos al ciego que nunca ha visto la luz del día, al sordo que nunca ha oído los acordes de la naturaleza, al mudo que nunca ha podido expresar la voz de su alma, y, so pretexto de un falso pudor, no queremos compadecer esa ceguera del corazón, esa sordera del alma, esa mudez de la conciencia, que enloquecen a la desgraciada afligida y sin querer la hacen incapaz de ver el bien, de oír al Señor y de hablar la lengua pura del amor y de la fe.
Hugo a fait Marion Delorme, Musset a fait Bernerette, Alexandre Dumas a fait Fernande, les penseurs et les poètes de tous les temps ont apporté à la courtisane l′ offrande de leur miséricorde, et quelquefois un grand homme les a réhabilitées de son amour et même de son nom. Si j′ insiste ainsi sur ce point, c′ est que parmi ceux qui vont me lire, beaucoup peut -être sont déjà prêts à rejeter ce livre, dans lequel ils craignent de ne voir qu′ une apologie du vice et de la prostitution, et l′ âge de l′ auteur contribue sans doute encore à motiver cette crainte. Que ceux qui penseraient ainsi se détrompent, et qu′ ils continuent, si cette crainte seule les retenait. Hugo ha escrito Marion de Lorme, Musset ha escrito Bernerette, Alexandre Dumas ha escrito Fernande, los pensadores y poetas de todos los tiempos han presentado a la cortesana la ofrenda de su misericordia, y alguna vez un gran hombre las ha rehabilitado con su amor a incluso con su nombre. Si insisto tanto en este punto, es porque quizá muchos de los que van a leerme ya están dispuestos a rechazar este libro, por temor a no ver en él más que una apología del vicio y de la prostitución, y sin duda la edad del autor no contribuye mucho a disipar ese temor. Que los que piensen así se desengañen, y sigan leyendo, si ningún otro temor los detenía.
Je suis tout simplement convaincu d′ un principe qui est que: pour la femme à qui l′ éducation n′ a pas enseigné le bien, Dieu ouvre presque toujours deux sentiers qui l′ y ramènent; ces sentiers sont la douleur et l′ amour. Ils sont difficiles; celles qui s′ y engagent s′ y ensanglantent les pieds, s′ y déchirent les mains, mais elles laissent en même temps aux ronces de la route les parures du vice et arrivent au but avec cette nudité dont on ne rougit pas devant le seigneur. Estoy sencillamente convencido de un principio, y es éste: para la mujer que por su educación no ha aprendido el bien, Dios abre casi siempre dos senderos que la hacen volver a él; esos senderos son el dolor y el amor. Son difíciles; las que se deciden acaban con los pies ensangrentados y las manos desgarradas, pero al mismo tiempo dejan en las zarzas del camino los aderezos del vicio, y llegan a término con esa desnudez que no causa vergüenza ante el Señor.
Ceux qui rencontrent ces voyageuses hardies doivent les soutenir et dire à tous qu′ ils les ont rencontrées, car en le publiant ils montrent la voie. Los que se encuentran con estas intrépidas viajeras deben apoyarlas, y decirles a todos que se han encontrado con ellas, pues al publicarlo indican el camino.
Il ne s′ agit pas de mettre tout bonnement à l′ entrée de la vie deux poteaux, portant l′ un cette inscription: route du bien, l′ autre cet avertissement: route du mal, et de dire à ceux qui se présentent: choisissez; il faut, comme le Christ, montrer des chemins qui ramènent de la seconde route à la première ceux qui s′ étaient laissé tenter par les abords; et il ne faut pas surtout que le commencement de ces chemins soit trop douloureux, ni paraisse trop impénétrable. No se trata de colocar ingenuamente a la entrada de la vida dos postes, uno con esta inscripción: Ruta del bien, otro con esta advertencia: Ruta del mal, y decir a los que se presentan: «Escoged». Hay que enseñar, como Cristo, a los. que se han dejado tentar por los alrededores, los caminos que conducen de la segunda ruta a la primera; y sobre todo hay que evitar que el comienzo de estos caminos sea demasiado doloroso, ni parezca demasiado impenetrable.
Le christianisme est là avec sa merveilleuse parabole de l′ enfant prodigue pour nous conseiller l′ indulgence et le pardon. Jésus était plein d′ amour pour ces âmes blessées par les passions des hommes, et dont il aimait à panser les plaies en tirant le baume qui devait les guérir des plaies elles -mêmes. Ainsi, il disait à Madeleine: " il te sera beaucoup remis parce que tu as beaucoup aimé ", sublime pardon qui devait éveiller une foi sublime. Ahí está el cristianismo con su maravillosa parábola del hijo pródigo para aconsejarnos la indulgencia y el perdón. Jesús rebosaba de amor hacia esas almas heridas por las pasiones de los hombres, y le gustaba curar sus llagas sacando de esas mismas llagas el bálsamo que las sanaría. Así decía a Magdalena: «Mucho te será perdonado, porque has amado mucho », sublime perdón, que despertaría una fe sublime.
Pourquoi nous ferions -nous plus rigides que le Christ? Pourquoi, nous en tenant obstinément aux opinions de ce monde qui se fait dur pour qu′ on le croie fort, rejetterions -nous avec lui des âmes saignantes souvent de blessures par où, comme le mauvais sang d′ un malade, s′ épanche le mal de leur passé, et n′ attendant qu′ une main amie qui les panse et leur rende la convalescence du coeur? C′ est à ma génération que je m′ adresse, à ceux pour qui les théories de M De Voltaire n′ existent heureusement plus, à ceux qui, comme moi, comprennent que l′ humanité est depuis quinze ans dans un de ses plus audacieux élans. La science du bien et du mal est à jamais acquise; la foi se reconstruit, le respect des choses saintes nous est rendu, et si le monde ne se fait pas tout à fait bon, il se fait du moins meilleur. Les efforts de tous les hommes intelligents tendent au même but, et toutes les grandes volontés s′ attellent au même principe: soyons bons, soyons jeunes, soyons vrais! Le mal n′ est qu′ une vanité, ayons l′ orgueil du bien, et surtout ne désespérons pas. Ne méprisons pas la femme qui n′ est ni mère, ni soeur, ni fille, ni épouse. Ne réduisons pas l′ estime à la famille, l′ indulgence à l′ égoe. Puisque le ciel est plus en joie pour le repentir d′ un pécheur que pour cent justes qui n′ ont jamais péché, essayons de réjouir le ciel. Il peut nous le rendre avec usure. Laissons sur notre chemin l′ aumône de notre pardon à ceux que les désirs terrestres ont perdus, que sauvera peut -être une espérance divine, et, comme disent les bonnes vieilles femmes quand elles conseillent un remède de leur façon, si cela ne fait pas de bien, cela ne peut pas faire de mal. ¿Por qué vamos a ser nosotros más rígidos que Cristo? ¿Por qué, ateniéndonos obstinadamente a las opiniones de este mundo, que se hace el duro para que lo creamos fuerte, vamos a rechazar con él a esas almas sangrantes muchas veces de heridas por las que, como la sangre mala de un enfermo, se derrama el mal de su pasado, en espera únicamente de una mano amiga que las cure y les devuelva la convalecencia del corazón? Ahora me dirijo a mi generación, a aquellos para quienes las teorías de Voltaire han dejado por suerte de existir, a aquellos que, como yo, comprenden que la humanidad se encuentra desde hace quince años en uno de sus impulsos más audaces. La ciencia del bien y del mal ha sido adquirida de una vez para siempre; la fe se reconstruye, el respeto por las cosas santas nos ha sido devuelto y, si el mundo no es bueno del todo, al menos es mejor. Los esfuerzos de todos los hombres inteligentes tienden hacia el mismo fin, y todas las grandes voluntades van enganchadas al mismo principio: ¡seamos buenos, seamos jóvenes, seamos auténticos! El mal no es más que vanidad, tengamos el orgullo del bien, y sobre todo no desesperemos. No despreciemos a la mujer que no es madre, ni hermana, ni hija, ni esposa. No reduzcamos la estima a la familia, la indulgencia al egoísmo. Puesto que en el cielo hay más alegría por un pecador arrepentido que por cien justos que no han pecado nunca, intentemos alegrar al cielo. El puede devolvérnoslo con creces. Vayamos dejando por el camino la limosna de nuestro perdón a aquéllos a quienes los deseos terrenales han perdido y que una esperanza divina puede salvar; y, como dicen las viejas cuando aconsejan un remedio casero, si no hace bien, daño tampoco va a hacer.
Certes, il doit paraître bien hardi à moi de vouloir faire sortir ces grands résultats du mince sujet que je traite; mais je suis de ceux qui croient que tout est dans peu. L′ enfant est petit, et il renferme l′ homme; le cerveau est étroit, et il abrite la pensée; l′ oeil n′ est qu′ un point, et il embrasse des lieues. Ciertamente ha de parecer harto presuntuoso por mi parte querer sacar tan grandes resultados de un tema tan insignificante como el que trato; pero soy de los que creen que en las cosas pequeñas está todo. El niño es pequeño, y contiene al hombre; el cerebro es estrecho, y alberga al pensamiento; el ojo es sólo un punto, y abarca leguas.







CHAPITRE IV

Capítulo IV

Deux jours après, la vente était complétement terminée. Elle avait produit cent cinquante mille francs. Dos días después la subasta estaba completamente terminada. Produjo ciento cincuenta mil francos.
Les créanciers s′ en étaient partagé les deux tiers, et la famille, composée d′ une soeur et d′ un petit -neveu, avait hérité du reste. Los acreedores se repartieron las dos terceras partes, y la familia, compuesta por una hermana y un sobrino, heredó el resto.
Cette soeur avait ouvert de grands yeux quand l′ homme d′ affaires lui avait écrit qu′ elle héritait de cinquante mille francs. La hermana abrió unos ojos como platos cuando el agente de negocios le escribió diciéndole que heredaba cincuenta mil francos.
Il y avait six ou sept ans que cette jeune fille n′ avait vu sa soeur, laquelle avait disparu un jour sans que l′ on st, ni par elle ni par d′ autres, le moindre détail sur sa vie depuis le moment de sa disparition. Aquella joven llevaba seis o siete años sin ver a su hermana, que había desaparecido un día sin que llegara a saberse, ni por ella ni por otros, el menor detalle sobre su vida desde el momento de su desaparición.
Elle était donc arrivée en toute hâte à Paris, et l′ étonnement de ceux qui connaissaient Marguerite avait été grand quand ils avaient vu que son unique héritière était une grosse et belle fille de campagne qui jusqu′ alors n′ avait jamais quitté son village. Así que llegó a toda prisa a París, y no fue pequeño el asombro de los que conocían a Marguerite cuando vieron que su única heredera era una gorda y hermosa campesina que hasta entonces no había salido de su pueblo.
Sa fortune se trouva faite d′ un seul coup, sans qu′ elle st même de quelle source lui venait cette fortune inespérée. De pronto se encontró con una fortuna hecha, sin saber siquiera de qué fuente le venía aquella fortuna inesperada.
Elle retourna, m′ a -t -on dit depuis, à sa campagne, emportant de la mort de sa soeur une grande tristesse que compensait néanmoins le placement à quatre et demi qu′ elle venait de faire. Volvió, según me dijeron después, a sus campos, llevándose una gran tristeza por la muerte de su hermana, compensada no obstante por la inversión al cuatro y medio por ciento que acababa de hacer.
Toutes ces circonstances répétées dans Paris, la ville mère du scandale, commençaient à être oubliées et j′ oubliais même à peu près en quoi j′ avais pris part à ces événements, quand un nouvel incident me fit connaître toute la vie de Marguerite et m′ apprit des détails si touchants, que l′ envie me prit d′ écrire cette histoire et que je l′ écris. Empezaban ya a olvidarse todas aquellas circunstancias, que corrieron de boca en boca por París, la ciudad madre del escándalo, y hasta yo mismo estaba olvidando la parte que había tomado en los acontecimientos, cuando un nuevo incidente me dio a conocer toda la vida de Marguerite, y me enteré de detalles tan conmovedores, que me entraron ganas de escribir aquella historia, como ahora hago.
Depuis trois ou quatre jours l′ appartement, vide de tous ses meubles vendus, était à louer, quand on sonna un matin chez moi. Hacía tres o cuatro días que el piso, vacío ya de todos sus muebles vendidos, estaba en alquiler, cuando una mañana llamaron a mi puerta.
Mon domestique, ou plutôt mon portier qui me servait de domestique, alla ouvrir et me rapporta une carte, en me disant que la personne qui la lui avait remise désirait me parler. Mi criado, o por mejor decir mi portero, que me servía de criado, fue a abrir y me trajo una tarjeta, diciéndome que la persona que se la había entregado deseaba hablar conmigo.
Je jetai les yeux sur cette carte et j′ y lus ces deux mots: Armand Duval. je cherchai où j′ avais déjà vu ce nom, et je me rappelai la première feuille du volume de Manon Lescaut. que pouvait me vouloir la personne qui avait donné ce livre à Marguerite? Je dis de faire entrer tout de suite celui qui attendait. Eché un vistazo a la tarjeta y leí estas dos palabras: Armand Duval. Me puse a pensar dónde había visto antes ese nombre, y me acordé de la primera hoja del volumen de Manon Lescaut. ¿Qué podía querer de mí la persona que había dado aquel libro a Marguerite? Mandé que pasara en seguida el hombre que estaba esperando.
Je vis alors un jeune homme blond, grand, pâle, vêtu d′ un costume de voyage qu′ il semblait ne pas avoir quitté depuis quelques jours et ne s′ être même pas donné la peine de brosser en arrivant à Paris, car il était couvert de poussière. Vi entonces a un joven rubio, alto, pálido, vestido con un traje de viaje que parecía no haberse quitado en varios días ni tomado siquiera la molestia de cepillarlo al llegar a París, pues estaba cubierto de polvo.
M Duval, fortement ému, ne fit aucun effort pour cacher son émotion, et ce fut des larmes dans les yeux et un tremblement dans la voix qu′ il me dit: -Monsieur, vous excuserez, je vous prie, ma visite et mon costume; mais outre qu′ entre jeunes gens on ne se gêne pas beaucoup, je désirais tant vous voir aujourd′ hui, que je n′ ai pas même pris le temps de descendre à l′ hôtel où j′ ai envoyé mes malles et je suis accouru chez vous craignant encore, quoiqu′ il soit de bonne heure, de ne pas vous rencontrer. El señor Duval, profundamente emocionado, no hizo ningún esfuerzo por ocultar su emoción, y con lágrimas en los ojos y la voz temblorosa me dijo: Le ruego me disculpe por esta visita y esta ropa; pero, aparte de que entre jóvenes no nos preocupamos tanto de estas cosas, tenía tantos deseos de verlo a usted hoy mismo, que ni siquiera he perdido el tiempo bajándome en el hotel, donde he enviado mi equipaje, y he venido corriendo a su casa, por miedo de no encontrarlo a pesar de lo pronto que es.
Je priai M Duval de s′ asseoir auprès du feu, ce qu′ il fit tout en tirant de sa poche un mouchoir avec lequel il cacha un moment sa figure. Rogué al señor Duval que se sentara junto al fuego, como así hizo, a la vez que sacaba del bolsillo un pañuelo en el que ocultó un momento su rostro.
-Vous ne devez pas comprendre, reprit -il en soupirant tristement, ce que vous veut ce visiteur inconnu, à pareille heure, dans une pareille tenue et pleurant comme il le fait. Debe de estar usted preguntándose ––prosiguió suspirando. tristemente–– qué quiere este visitante desconocido, a estas horas, con esta pinta, y llorando de tal modo.
Je viens tout simplement, monsieur, vous demander un grand service. Sencillamente, vengo a pedirle un gran favor.
-Parlez, monsieur, je suis tout à votre disposition? -Vous avez assisté à la vente de Marguerite Gautier? à ce mot, l′ émotion dont ce jeune homme avait triomphé un instant fut plus forte que lui, et il fut forcé de porter les mains à ses yeux. ––Usted dirá. Estoy a su entera disposición. ¿Asistió usted a la subasta de Marguerite Gautier? Ante aquella palabra, la emoción que había conseguido dominar un instante fue más fuerte que él, y se vio obligado a llevarse las manos a los ojos.
-Je dois vous paraître bien ridicule, ajouta -t -il, excusez -moi encore pour cela, et croyez que je n′ oublierai jamais la patience avec laquelle vous voulez bien m′ écouter. Debo de parecerle muy ridículo ––––añadió. Discúlpeme una vez más y créame que no olvidaré nunca la paciencia con que se digna escucharme.
-Monsieur, répliquai -je, si le service que je parais pouvoir vous rendre doit calmer un peu le chagrin que vous éprouvez, dites -moi vite à quoi je puis vous être bon, et vous trouverez en moi un homme heureux de vous obliger. ––Caballero ––repliqu閖, si el favor que, según parece, está en mi mano hacerle ha de calmar la pena que usted experimenta, dígame en seguida en qué puedo servirle, y encontrará usted en mí un hombre dichoso de poder complacerlo.
La douleur de M Duval était sympathique, et malgré moi j′ aurais voulu lui être agréable. El dolor del señor Duval inspiraba simpatía, y sin querer estaba deseand© serle grato.
Il me dit alors: -Vous avez acheté quelque chose à la vente de Marguerite? -Oui, monsieur, un livre. Entonces me dijo: ––¿Ha comprado usted algo _en la subasta de Marguerite? ––Sí, señor, un libro.
- Manon Lescaut? -Justement. ––¿Manon Lescaut? Exactamente.
-Avez -vous encore ce livre? -Il est dans ma chambre à coucher. ––¿Tiene usted aún ese libro? Está en mi dormitorio.
Armand Duval, à cette nouvelle, parut soulagé d′ un grand poids et me remercia comme si j′ avais déjà commencé à lui rendre un service en gardant ce volume. Ante esta noticia, Armand Duval pareció quitarse un gran peso de encima y me dio las gracias como si, guardando aquel volumen, hubiera empezado ya a hacerle un favor.
Je me levai alors, j′ allai dans ma chambre prendre le livre et je le lui remis. Me levanté, fui a mi habitación a coger el libro y se lo entregué.
-C′ est bien cela, fit -il en regardant la dédicace de la première page et en feuilletant, c′ est bien cela. ––Sí, es éste ––dijo, mirando la dedicatoria de la primera página y hojeándolo––. Sí, es éste.
Et deux grosses larmes tombèrent sur les pages. Y dos gruesas lágrimàs cayeron sobre sus páginas.
-Eh bien, monsieur, dit -il en relevant la tête sur moi, en n′ essayant même plus de me cacher qu′ il avait pleuré et qu′ il était près de pleurer encore, tenez -vous beaucoup à ce livre? -Pourquoi, monsieur? -Parce que je viens vous demander de me le céder. Bueno ––dijo, levantando la cabeza hacia mí, sin intentar siquiera ocultarme que había llorado y que estaba a punto de llorar otra vez––, ¿tiene usted mucho interés en este libro? ––¿Por qué? Porque he venido a pedirle que me lo ceda.
-Pardonnez -moi ma curiosité, dis -je alors; mais c′ est donc vous qui l′ avez donné à Marguerite Gautier? -C′ est moi -même. Perdone mi curiosidad ––dije––, pero ¿entonces fue usted quien se lo dio a Marguerite Gautier? Yo mismo.
-Ce livre est à vous, monsieur, reprenez -le, je suis heureux de pouvoir vous le rendre. El libro es suyo, tómelo; me siento feliz de poder devolvérselo.
-Mais, reprit M Duval avec embarras, c′ est bien le moins que je vous en donne le prix que vous l′ avez payé. ––Pero repuso el señor Duval un poco desconcertado–– lo menos que puedo hacer es darle lo que le costó.
-Permettez -moi de vous l′ offrir. Le prix d′ un seul volume dans une vente pareille est une bagatelle, et je ne me rappelle plus combien j′ ai payé celui -ci. ––Permítame que se lo regale. El precio de un solo volumen en una subasta semejante es una bagatela, y ni siquiera me acuerdo de lo que me costó.
-Vous l′ avez payé cent francs. Le costó cien francos.
-C′ est vrai, fis -je embarrassé à mon tour, comment le savez -vous? -C′ est bien simple, j′ espérais arriver à Paris à temps pour la vente de Marguerite, et je ne suis arrivé que ce matin. Je voulais absolument avoir un objet qui vînt d′ elle et je courus chez le commissaire -priseur lui demander la permission de visiter la liste des objets vendus et des noms des acheteurs. Je vis que ce volume avait été acheté par vous, je me résolus à vous prier de me le céder, quoique le prix que vous y aviez mis me fît craindre que vous n′ eussiez attaché vous -même un souvenir quelconque à la possession de ce volume. Es cierto ––dije, desconcertado a mi vez––. ¿Cómo lo sabe usted? ––Es muy sencillo: esperaba llegar a París a tiempo para la subasta de Marguerite, y no he llegado hasta esta mañana. Quería a toda costa tener un objeto que hubiera sido suyo y fui corriendo a casa del subastador a pedirle permiso para ver la lista de los objetos vendidos y los nombres de los compradores. Vi que usted había comprado este libro, y decidí rogarle que me lo cediera, aunque el precio que pagó por él me hizo temer si no estaría usted también ligado por algún recuerdo a la posesión de este volumen.
En parlant ainsi, Armand paraissait évidemment craindre que je n′ eusse connu Marguerite comme lui l′ avait connue. Y al decir esto, Armand parecía evidentemente temer que yo hubiera conocido a Marguerite como la había conocido él.
Je m′ empressai de le rassurer. Me apresuré a tranquilizarlo.
-Je n′ ai connu Mademoiselle Gautier que de vue, lui dis -je; sa mort m′ a fait l′ impression que fait toujours sur un jeune homme la mort d′ une jolie femme qu′ il avait du plaisir à rencontrer. J′ ai voulu acheter quelque chose à sa vente et je me suis entêté à renchérir sur ce volume, je ne sais pourquoi, pour le plaisir de faire enrager un monsieur qui s′ acharnait dessus et semblait me défier de l′ avoir. Je vous le répète donc, monsieur, ce livre est à votre disposition et je vous prie de nouveau de l′ accepter pour que vous ne le teniez pas de moi comme je le tiens d′ un commissaire -priseur, et pour qu′ il soit entre nous l′ engagement d′ une connaissance plus longue et de relations plus intimes. ––Sólo conocía de vista a la señorita Gautier ––le dije––. Su muerte me causó la impresión que causa siempre en un joven la muerte de una mujer bonita con quien tuvo el placer––′de encontrarse. Quise comprar algo en su subasta y me empeñé en pujar por este volumen, no sé por qué, por el placer de hacer rabiar a un señor que se había encarnizado en él y parecía desafiarme a ver quién se lo llevaba. Así que, se lo repito, el libro está a su disposición y le ruego otra vez que lo acepte, para que no lo obtenga de mí como yo lo obtuve de un subastador y para que sea entre nosotros el compromiso de un conocimiento más amplio y de unas relaciones más íntimas..
-C′ est bien, monsieur, me dit Armand en me tendant la main et en serrant la mienne, j′ accepte et je vous serai reconnaissant toute ma vie. ––Está bien ––me dijo Armand, tendiéndome la mano y estrechando la mía––. Lo acepto y le estaré eternamente agradecido.
J′ avais bien envie de questionner Armand sur Marguerite, car la dédicace du livre, le voyage du jeune homme, son désir de posséder ce volume piquaient ma curiosité; mais je craignais en questionnant mon visiteur de paraître n′ avoir refusé son argent que pour avoir le droit de me mêler de ses affaires. Yo tenía buenas ganas de interrogar a Armand acerca de Marguerite, pues la dedicatoria del libro, el viaje del joven y su deseo de poseer aquel volumen me picaban la curiosidad; pero temía que, al interrogar a mi visitante, pareciera que no había rehusado su dinero sino para tener derecho a meterme en sus asuntos.
On et dit qu′ il devinait mon désir, car il me dit: -Vous avez lu ce volume? -En entier. Diríase que adivinó mi deseo, pues me dijo: ––¿Ha leído usted este volumen? De arriba abajo.
-Qu′ avez -vous pensé des deux lignes que j′ ai écrites? -J′ ai compris tout de suite qu′ à vos yeux la pauvre fille à qui vous aviez donné ce volume sortait de la catégorie ordinaire, car je ne voulais pas ne voir dans ces lignes qu′ un compliment banal. ––¿Qué ha pensado usted de las dos líneas que escribí? He comprendido en seguida que a sus ojos la pobre chica a quien usted dio este volumen era alguien fuera de lo común, pues me resistía a ver en esas líneas sólo un cumplido banal.
-Et vous aviez raison, monsieur. Cette fille était un ange. Tenez, me dit -il, lisez cette lettre. Y tenía usted razón. Aquella chica era un ángel. Tenga ––me dijo––, lea esta carta.
Et il me tendit un papier qui paraissait avoir été relu bien des fois. Y me tendió un papel que parecía haber sido leído y releído muchas veces.
Je l′ ouvris, voici ce qu′ il contenait: " mon cher Armand, j′ ai reçu votre lettre, vous êtes resté bon et j′ en remercie Dieu. Oui, mon ami, je suis malade, et d′ une de ces maladies qui ne pardonnent pas; mais l′ intérêt que vous voulez bien prendre encore à moi diminue beaucoup ce que je souffre. Je ne vivrai sans doute pas assez longtemps pour avoir le bonheur de serrer la main qui a écrit la bonne lettre que je viens de recevoir et dont les paroles me guériraient, si quelque chose pouvait me guérir. Je ne vous verrai pas, car je suis tout près de la mort, et des centaines de lieues vous séparent de moi. Pauvre ami! Votre Marguerite d′ autrefois est bien changée, et il vaut peut -être mieux que vous ne la revoyiez plus que de la voir telle qu′ elle est. Vous me demandez si je vous pardonne; oh! De grand coeur, ami, car le mal que vous avez voulu me faire n′ était qu′ une preuve de l′ amour que vous aviez pour moi. Lo abrí. Decía lo siguiente: «Querido Armand: He recibido su carta, y doy gracias a Dios porque está usted bien. Sí, amigo mío, yo estoy enferma, y de una de esas enfermedades que no perdonan; pero el interés que aún se toma usted por mí disminuye mucho mis sufrimientos. Sin duda ya no viviré el tiempo suficiente para tener la suerte de estrechar la mano que ha escrito la bondadosa carta que acabo de recibir, y teas palabras me curarían, si algo pudiera curarme. Ya no lo veré más, pues estoy a un paso de la muerte y a usted lo separan de mí centenares de leguas. ¡Pobre amigo mío! Su Marguerite de antaño está muy cambiada, y quizá es preferible que no vuelva a verla antes que verla como está. Me pregunta usted si lo perdono. ¡Oh, de todo corazón, amigo mío, pues el daño que usted quiso hacerme no era más que una prueba del amor que me tenía!
Il y a un mois que je suis au lit, et je tiens tant à votre estime que chaque jour j′ écris le journal de ma vie, depuis le moment où nous nous sommes quittés jusqu′ au moment où je n′ aurai plus la force d′ écrire. Llevo un mes en la cama, y tengo en tanta estima su aprecio, que todos los días escribo el diario de mi villa desde el momento de nuestra separación hasta el momento en que ya no tenga fuerzas para escribir.
" si l′ intérêt que vous prenez à moi est réel, Armand, à votre retour, allez chez Julie Duprat. Si su interés por mí es verdadero, Armand, a su regreso vaya a casa de Julie Duprat.
Elle vous remettra ce journal. Vous y trouverez la raison et l′ excuse de ce qui s′ est passé entre nous. Julie est bien bonne pour moi; nous causons souvent de vous ensemble. Elle était là quand votre lettre est arrivée, nous avons pleuré en la lisant. Ella le entregará este diario. En él encontrará la razón y la disculpa de lo que ha pasado entre nosotros. Julie es muy buena conmigo; a menudo las dos juntas charlamos de usted. Estaba aquí cuando llegó su carta, y lloramos al leerla.
" dans le cas où vous ne m′ auriez pas donné de vos nouvelles, elle était chargée de vous remettre ces papiers à votre arrivée en France. Ne m′ en soyez pas reconnaissant. Ce retour quotidien sur les seuls moments heureux de ma vie me fait un bien énorme, et si vous devez trouver dans cette lecture l′ excuse du passé, j′ y trouve, moi, un continuel soulagement. En caso de que no me dé usted noticias suyas, ella queda encargada de enviarle estos papeles a su llegada a Francia. No me lo agradezca. Este volver todos los días sobre los únicos momentos felices de mi villa me hace un bien enorme, y, si usted va a encontrar en su lectura la disculpa del pasado, yo encuentro en ella un continuo alivio.
" je voudrais vous laisser quelque chose qui me rappelât toujours à votre esprit, mais tout est saisi chez moi, et rien ne m′ appartient. Quisiera dejarle algo para que me tuviera usted siempre en su recuerdo, pero todo lo que hay en la casa está embargado y nada me pertenece.
" comprenez -vous, mon ami? Je vais mourir, et de ma chambre à coucher j′ entends marcher dans le salon le gardien que mes créanciers ont mis là pour qu′ on n′ emporte rien et qu′ il ne me reste rien dans le cas où je ne mourrais pas. Il faut espérer qu′ ils attendront la fin pour vendre. ¿Comprende usted, amigo mío? Voy a morir, y desde mi dormitorio oigo andar por el salón al vigilante que mis acreedores han puesto allí para que nadie se lleve nada ni me quede nada en caso de que no muriera. Espero que aguarden hasta el final para subastarlo.
" oh! Les hommes sont impitoyables! Ou plutôt, je me trompe, c′ est Dieu qui est juste et inflexible. ¡Oh, qué despiadados son los hombres! No, me equivoco, es mejor decir que Dios es justo a inflexible.
" eh bien, cher aimé, vous viendrez à ma vente, et vous achèterez quelque chose, car si je mettais de côté le moindre objet pour vous et qu′ on l′ apprît, on serait capable de vous attaquer en détournement d′ objets saisis. Pues bien, querido mío, venga usted a la. subasta y compre cualquier cosa, pues, si apartara yo el menor objeto para usted y se enterasen, serían capaces de denunciarlo por ocultación de objetos embargados.
" triste vie que celle que je quitte! " que Dieu serait bon, s′ il permettait que je vous revisse avant de mourir! Selon toutes probabilités, adieu, mon ami; pardonnez -moi si je ne vous en écris pas plus long, mais ceux qui disent qu′ ils me guériront m′ épuisent de saignées, et ma main se refuse à écrire davantage. ¡Qué villa tan triste la que dejo! ¡Si Dios permitiera que volviera a verlo antes de morir! Según todas las probabilidades, adiós, amigo mío; perdóneme que no le escriba una carta más larga, pero los que dicen que van a curarme me agotan con sangrías, y mi mano se niega a escribir más.
" Marguerite Gautier. " en effet, les derniers mots étaient à peine lisibles. Marguerite GAUTIER.» En efecto, las últimas palabras apenas eran legibles.
Je rendis cette lettre à Armand qui venait de la relire sans doute dans sa pensée comme moi je l′ avais lue sur le papier, car il me dit en la reprenant: -Qui croirait jamais que c′ est une fille entretenue qui a écrit cela! Et tout ému de ses souvenirs, il considéra quelque temps l′ écriture de cette lettre qu′ il finit par porter à ses lèvres. Devolví la carta a Armand, que sin duda acababa de releerla en su pensamiento como yo la había leído en el papel, pues, al recogerla, me dijo: ––¡Quién podría pensar jamás que era una entretenida la que escribió esto! Y, muy emocionado por sus recuerdos, contempló un rato la escritura de aquella carta, que acabó por llevarse a los labios.
-Et quand je pense, reprit -il, que celle -ci est morte sans que j′ aie pu la revoir et que je ne la reverrai jamais; quand je pense qu′ elle a fait pour moi ce qu′ une soeur n′ et pas fait, je ne me pardonne pas de l′ avoir laissée mourir ainsi. ––Cuando pienso ––prosiguió–– que ha muerto sin que haya podido verla, y que ya no volveré a verla nunca; cuando pienso que ha hecho por mí lo que no hubiera hecho una hermana, no me perdono haberla dejado morir así.
Morte! Morte! En pensant à moi, en écrivant et en disant mon nom, pauvre chère Marguerite! Et Armand, donnant un libre cours à ses pensées et à ses larmes, me tendait la main et continuait: -On me trouverait bien enfant, si l′ on me voyait me lamenter ainsi sur une pareille morte; c′ est que l′ on ne saurait pas ce que je lui ai fait souffrir à cette femme, combien j′ ai été cruel, combien elle a été bonne et résignée. Je croyais qu′ il m′ appartenait de lui pardonner, et aujourd′ hui, je me trouve indigne du pardon qu′ elle m′ accorde. Oh! Je donnerais dix ans de ma vie pour pleurer une heure à ses pieds. ¡Muerta! ¡Muerta! ¡Pensando en mí, escribiendo y pronunciando mi nombre! ¡Pobre Marguerite querida! Y Armand, dando rienda suelta a sus pensamientos y a sus lágrimas, me tendía la mano y continuaba: ––Quien me viera lamentarme así por una muerta semejante me tomaría por un niño, pero es que nadie sabe cuánto he hecho sufrir a esa mujer, lo cruel que he sido, lo buena y resignada que ha sido ella. Creía que era yo quien tenía que perdonarla, y hoy me veo indigno del perdón que ella me otorga. ¡Oh, daría diez años de mi vida por poder llorar una hora a sus pies!
Il est toujours difficile de consoler une douleur que l′ on ne connaît pas, et cependant j′ étais pris d′ une si vive sympathie pour ce jeune homme, il me faisait avec tant de franchise le confident de son chagrin, que je crus que ma parole ne lui serait pas indifférente, et je lui dis: -N′ avez -vous pas des parents, des amis? Espérez, voyez -les, et ils vous consoleront, car moi je ne puis que vous plaindre. Siempre es difícil consolar un dolor que no se conoce, y sin embargo sentía tan viva simpatía por aquel joven, me confiaba con tal franqueza su pena, que creí que mis palabras no le resultarían indiferentes y le dije: ¿No tiene usted parientes o amigos? Tenga confianza, vaya a verlos, y ellos lo consolarán, pues yo no puedo hacer más que compadecerlo.
-C′ est juste, dit -il en se levant et en se promenant à grands pas dans ma chambre, je vous ennuie. Excusez -moi, je ne réfléchissais pas que ma douleur doit vous importer peu, et que je vous importune d′ une chose qui ne peut et ne doit vous intéresser en rien. Es natural ––dijo, levantándose y paseándose a grandes pasos por mi habitación––, estoy aburriéndolo. Perdóneme, no me daba cuenta de que mi dolor le importa poco y de que estoy importunándolo con una cosa que ni puede ni debe interesarle nada.
-Vous vous trompez au sens de mes paroles, je suis tout à votre service; seulement je regrette mon insuffisance à calmer votre chagrin. No ha interpretado usted bien mis palabras. Estoy totalmente a su disposición; sólo que siento mi incapacidad para calmar su pena.
Si ma société et celle de mes amis peuvent vous distraire, si enfin vous avez besoin de moi en quoi que ce soit, je veux que vous sachiez bien tout le plaisir que j′ aurai à vous être agréable. Si mi compañía y la de mis amigos pueden distraerlo; en fin, si me necesita usted para lo que sea, quiero que sepa que tendré un gran placer en poder serle grato.
-Pardon, pardon, me dit -il, la douleur exagère les sensations. Laissez -moi rester quelques minutes encore, le temps de m′ essuyer les yeux, pour que les badauds de la rue ne regardent pas comme une curiosité ce grand garçon qui pleure. Vous venez de me rendre bien heureux en me donnant ce livre; je ne saurai jamais comment reconnaître ce que je vous dois. Perdón, perdón me dijo––, el dolor exacerba las emociones. Deje que me quede unos minutos más, el tiempo justo de secarme los ojos, para que los mirones de la calle no se queden mirando como una curiosidad a este mocetón que llora. Acaba usted de hacerme muy feliz dándome este libro; nunca sabré cómo agradecerle lo que le debo.
-En m′ accordant un peu de votre amitié, dis -je à Armand, et en me disant la cause de votre chagrin. On se console en racontant ce qu′ on souffre. ––Concediéndome un poco de su amistad ––dije a Armand–– y diciéndome la causa de su pena. Contando los sufrimientos, se consuela uno.
-Vous avez raison; mais aujourd′ hui j′ ai trop besoin de pleurer, et je ne vous dirais que des paroles sans suite. Un jour, je vous ferai part de cette histoire, et vous verrez si j′ ai raison de regretter la pauvre fille. Et maintenant, ajouta -t -il en se frottant une dernière fois les yeux et en se regardant dans la glace, dites -moi que vous ne me trouvez pas trop niais, et permettez -moi de revenir vous voir. ––Tiene usted razón; pero hoy siento tal necesidad de llorar, que no le diría más que palabras sin sentido. Otro día le haré partícipe de esta historia y ya verá usted si tengo razón para echar de menos a la pobre chica. Y ahora ––––añadió, frotándose los ojos por última vez y mirándose en el espejo––, dígame que no le parezco excesivamente necio y permítame que vuelva a verlo otra vez.
Le regard de ce jeune homme était bon et doux; je fus au moment de l′ embrasser. La mirada del joven era bondadosa y dulce; estuve a punto de abrazarlo.
Quant à lui, ses yeux commençaient de nouveau à se voiler de larmes; il vit que je m′ en apercevais, et il détourna son regard de moi. En cuanto a él, sus ojos comenzaban de nuevo a velarse de lágrimas; vio que yo me daba cuenta y desvió la mirada.
-Voyons, lui dis -je, du courage. Vamos ––le dije––. ¡Animo!
-Adieu, me dit -il alors. ––Adiós me dijo entonces.
Et faisant un effort inouퟰour ne pas pleurer, il se sauva de chez moi plutôt qu′ il n′ en sortit. Haciendo un esfuerzo inaudito por no llorar, más que salir, huyó de mi casa.
Je soulevai le rideau de ma fenêtre, et je le vis remonter dans le cabriolet qui l′ attendait à la porte; mais à peine y était -il qu′ il fondit en larmes et cacha son visage dans son mouchoir. Levanté el visillo de mi ventana y lo vi subir al cabriolé que lo esperaba a la puerta; pero, en cuanto estuvo dentro, se deshizo en lágrimas y ocultó su rostro en el pañuelo.







CHAPITRE V

Capítulo V

Un assez long temps s′ écoula sans que j′ entendisse parler d′ Armand, mais en revanche il avait souvent été question de Marguerite. Pasó bastante tiempo sin que oyera hablar de Armand, pero en cambio hubo muchas ocasiones de tratar de Marguerite.
Je ne sais pas si vous l′ avez remarqué, il suffit que le nom d′ une personne qui paraissait devoir vous rester inconnue ou tout au moins indifférente soit prononcé une fois devant vous, pour que des détails viennent peu à peu se grouper autour de ce nom, et pour que vous entendiez alors tous vos amis vous parler d′ une chose dont ils ne vous avaient jamais entretenu auparavant. Vous découvrez alors que cette personne vous touchait presque, vous vous apercevez qu′ elle a passé bien des fois dans votre vie sans être remarquée; vous trouvez dans les événements que l′ on vous raconte une coidence, une affinité réelles avec certains événements de votre propre existence. Je n′ en étais pas positivement là avec Marguerite, puisque je l′ avais vue, rencontrée, et que je la connaissais de visage et d′ habitudes; cependant, depuis cette vente, son nom était revenu si fréquemment à mes oreilles, et dans la circonstance que j′ ai dite au dernier chapitre, ce nom s′ était trouvé mêlé à un chagrin si profond, que mon étonnement en avait grandi, en augmentant ma curiosité. No sé si lo han notado ustedes, pero basta que el nombre de una persona, que parecía que iba a seguir siéndonos desconocida o por lo menos indiferente, se pronuncie una vez ante nosotros, para que alrededor de ese nombre vayan agrupándose poco a poco una serie de detalles y oigamos a todos nuestros amigos hablar con nosotros de algo de lo que antes nunca habíamos conversado. Entonces descubrimos que esa persona casi estaba tocándonos, y nos damos cuenta de que pasó muchas veces por nuestra vida sin ser notada; encontramos en los acontecimientos que nos cuentan una coincidencia y una afinidad reales con ciertos acontecimientos de nuestra propia existencia. No era ése exactamente mi caso respecto a Marguerite, puesto que yo la había visto, me había encontrado con ella y la conocía de vista y por sus costumbres; sin embargo, desde la subasta su nombre llegó tan frecuentemente a mis oídos y, en la circunstancia que he dicho en el capítulo anterior, su nombre se halló mezclado con una tristeza tan profunda, que creció mi asombro, aumentando mi curiosidad.
Il en était résulté que je n′ abordais plus mes amis auxquels je n′ avais jamais parlé de Marguerite, qu′ en disant: -Avez -vous connu une nommée Marguerite Gautier? -La dame aux camélias? -Justement. De ello resultó que ya no abordaba a mis amigos, a los que nunca antes había hablado de Marguerite, sino diciéndoles: ––¿Conoció usted a una tat Marguerite Gautier? ––¿La Dama de las Camelias? ––Exactamente. ¡Mucho!
-Beaucoup! Ces: beaucoup! étaient quelquefois accompagnés de sourires incapables de laisser aucun doute sur leur signification. Aquellos «¡Mucho!» a veces iban acompañados de sonrisas incapaces de dejar lugar a dudas acerca de su significado.
-Eh bien, qu′ est -ce que c′ était que cette fille -là? Continuais -je. ––Y bien, ¿cómo era aquella chica? ––continuaba yo.
-Une bonne fille. ––Pues una buena chica.
-Voilà tout? -Mon dieu! Oui, plus d′ esprit et peut -être un peu plus de coeur que les autres. ––¿Eso es todo? ––¡Santo Dios! ¿Pues qué quiere que sea? Con más inteligencia y quizá con un poco más de corazón que las otras.
-Et vous ne savez rien de particulier sur elle? -Elle a ruiné le baron de G... ––¿Y no sabe usted nada de particular sobre ella? ––Arruinó al barón de G...
-Seulement? -Elle a été la maîtresse du vieux duc de... ––¿Sólo? ––Fue la amante del viejo duque de...
-Itait -elle bien sa maîtresse? -On le dit: en tous cas, il lui donnait beaucoup d′ argent. ––¿Era de verdad su amante? ––Eso dicen: en todo caso, él le daba mucho dinero.
Toujours les mêmes détails généraux. Siempre los mismos detalles generales.
Cependant j′ aurais été curieux d′ apprendre quelque chose sur la liaison de Marguerite et d′ Armand. Sin embargo sentía curiosidad por conocer algo acerca de la relación de Marguerite con Armand.
Je rencontrai un jour un de ceux qui vivent continuellement dans l′ intimité des femmes connues. Un día me encontré con uno de esos tipos que viven continuamente en la intimidad de las mujeres conocidas.
Je le questionnai. Le pregunté:
-Avez -vous connu Marguerite Gautier? Le même beaucoup me fut répondu. ––¿Conoció usted a Marguerite Gautier? Me respondió con el mismo mucho de siempre.
-Quelle fille était -ce? -Belle et bonne fille. Sa mort m′ a fait une grande peine. ––¿Qué clase de chica era? ––Una buena chica. Y guapa. Su muerte me ha causado una gran pena.
-N′ a -t -elle pas eu un amant nommé Armand Duval? -Un grand blond? -Oui. ––¿No tuvo un amante llamado Armand Duval? ––¿Uno rubio alto? ––Sí.
-C′ est vrai. ––Es cierto.
-Qu′ est -ce que c′ était que cet Armand? -Un garçon qui a mangé avec elle le peu qu′ il avait, je crois, et qui a été forcé de la quitter. ––¿Cómo era ese Armand? ––Creo que era un chaval que se comió con ella lo poco que tenía y que se vio obligado a dejarla.
On dit qu′ il en a été fou. Dicen que estaba loco por ella.
-Et elle? -Elle l′ aimait beaucoup aussi, dit -on toujours, mais comme ces filles -là aiment. Il ne faut pas leur demander plus qu′ elles ne peuvent donner. ––¿Y ella? ––Según dicen, también ella lo quería mucho, pero como suelen amar esas chicas. No hay que pedirles más de lo que pueden dar.
-Qu′ est devenu Armand? -Je l′ ignore. Nous l′ avons très peu connu. Il est resté cinq ou six mois avec Marguerite, mais à la campagne. Quand elle est revenue, il est parti. ––¿Qué ha sido de Armand? ––Lo ignoro. Nosotros lo conocíamos poco. Estuvo cinco o seis meses con Marguerite, pero en el campo. Cuando ella regresó, él se fue.
-Et vous ne l′ avez pas revu depuis? -Jamais. ––¿Y no ha vuelto usted a verlo desde entonces? ––Nunca.
Moi non plus je n′ avais pas revu Armand. J′ en étais arrivé à me demander si, lorsqu′ il s′ était présenté chez moi, la nouvelle récente de la mort de Marguerite n′ avait pas exagéré son amour d′ autrefois et par conséquent sa douleur, et je me disais que peut -être il avait déjà oublié avec la morte la promesse faite de revenir me voir. Tampoco yo había vuelto a ver a Armand. Llegué a preguntarme si, cuando se presentó en mi casa, la noticia reciente de la muerte de Marguerite no había exagerado su amor de antaño y en consecuencia su dolor, y me decía que posiblemente con la muerta había olvidado también la promesa que me hizo de venir a verme.
Cette supposition et été assez vraisemblable à l′ égard d′ un autre, mais il y avait eu dans le désespoir d′ Armand des accents sincères, et passant d′ un extrême à l′ autre, je me figurai que le chagrin s′ était changé en maladie, et que si je n′ avais pas de ses nouvelles, c′ est qu′ il était malade et peut -être bien mort. Tal suposición hubiera sido bastante verosímil tratándose de otro, pero en la desesperación de Armand hubo acentos sinceros, y, pasando de un extremo a otro, me imaginaba que su pena se había convertido en enfermedad y que, si no tenía noticias suyas, era porque estaba enfermo o quién sabe si muerto.
Je m′ intéressais malgré moi à ce jeune homme. No podía dejar de interesarme por aquel hombre.
Peut -être dans cet intérêt y avait -il de l′ égoe; peut -être avais -je entrevu sous cette douleur une touchante histoire de coeur, peut -être enfin mon désir de la connaître était -il pour beaucoup dans le souci que je prenais du silence d′ Armand. Quizá en mi interés había algo de egoísmo; quizá bajo aquel dolor había vislumbrado una conmovedora historia de amor, o quizá mi deseo de conocerla se debía en buena parte a lo preocupado que me tenía el silencio de Armand.
Puisque M Duval ne revenait pas chez moi, je résolus d′ aller chez lui. Le prétexte n′ était pas difficile à trouver; malheureusement je ne savais pas son adresse, et parmi tous ceux que j′ avais questionnés, personne n′ avait pu me la dire. Puesto que el señor Duval no volvía a mi casa, decidí ir yo a la suya. No era difícil encontrar un pretexto. Por desgracia no sabía su dirección, y de todos los que pregunté nadie supo decírmela.
Je me rendis rue d′ Antin. Le portier de Marguerite savait peut -être où demeurait Armand. C′ était un nouveau portier. Il l′ ignorait comme moi. Je m′ informai alors du cimetière où avait été enterrée Mademoiselle Gautier. C′ était le cimetière Montmartre. Me dirigí a la calle de Antin. Tal vez el portero de Marguerite supiera dónde vivía Armand. Era un portero nuevo. Lo ignoraba como yo. Pregunté entonces por el cementerio donde había sido enterrada la señorita Gautier. Era el cementerio de Montmartre.
Avril avait reparu, le temps était beau, les tombes ne devaient plus avoir cet aspect douloureux et désolé que leur donne l′ hiver; enfin, il faisait déjà assez chaud pour que les vivants se souvinssent des morts et les visitassent. Je me rendis au cimetière, en me disant: à la seule inspection de la tombe de Marguerite, je verrai bien si la douleur d′ Armand existe encore, et j′ apprendrai peut -être ce qu′ il est devenu. Había llegado abril, hacía buen tiempo, las tumbas ya no tendrían ese aspecto doloroso y desolado que les da el invierno; en fin, hacía ya bastante calor para que los vivos se acordasen de los muertos y los visitaran. Me dirigí al cementerio, diciéndome: «Con sólo ver la tumba de Marguerite, sabré si el dolor de Armand subsiste aún, y quizá me entere de lo que ha sido de él.»
J′ entrai dans la loge du gardien, et je lui demandai si le 22 du mois de février une femme nommée Marguerite Gautier n′ avait pas été enterrée au cimetière Montmartre. Entre en la casilla del guarda, y le pregunté si el 22 de febrero no había sido enterrada en el cementerio de Montmartre una mujer llamada Marguerite Gautier.
Cet homme feuilleta un gros livre où sont inscrits et numérotés tous ceux qui entrent dans ce dernier asile, et me répondit qu′ en effet le 22 février, à midi, une femme de ce nom avait été inhumée. El hombre hojeó un grueso libro, donde están inscritos y numerados todos los que entran en aquel último asilo, y me respondió que, en efecto, el 22 de febrero a mediodía había sido inhumada una mujer de ese nombre.
Je le priai de me faire conduire à la tombe, car il n′ y a pas moyen de se reconnaître, sans cicerone, dans cette ville des morts qui a ses rues comme la ville des vivants. Le gardien appela un jardinier à qui il donna les indications nécessaires et qui l′ interrompit en disant: " je sais, je sais... oh! La tombe est bien facile à reconnaître, " continua -t -il en se tournant vers moi. Le rogué que me condujera a su tumba, pues sin cicerone no hay forma de orientarse en esa ciudad de los muertos, que tiene sus canes como la ciudad de los vivos. El guarda llamó a un jardinero y le dio las indicaciones necesarias, pero él lo interrumpió diciendo: ––Ya sé, ya sé... jOh, es una tumba bien fácil de encontrar! ––continuó, volviéndose hacia mí.
-Pourquoi? Lui dis -je. ––¿Por qué? le dije yo.
-Parce qu′ elle a des fleurs bien différentes des autres. ––Porque tiene flores muy diferentes a las otras.
-C′ est vous qui en prenez soin? -Oui, monsieur, et je voudrais que tous les parents eussent soin des décédés comme le jeune homme qui m′ a recommandé celle -là. ––¿Es usted quien cuida de ella? ––Sí, señor, y ya me gustaría a mí que todos los familiares se preocuparan por sus difuntos lo mismo que el joven que me ha encargado de ella.
Après quelques détours, le jardinier s′ arrêta et me dit: -Nous y voici. Después de dar algunas vueltas, el jardinero se detuvo y me dijo: ––Ya hemos llegado.
En effet, j′ avais sous les yeux un carré de fleurs qu′ on n′ et jamais pris pour une tombe, si un marbre blanc portant un nom ne l′ et constaté. En efecto, ante mis ojos tenía un cuadrado de flores que nadie hubiera tomado por una tumba, si un mármol blanco con un nombre encima no lo testificara.
Ce marbre était posé droit, un treillage de fer limitait le terrain acheté, et ce terrain était couvert de camélias blancs. El mármol estaba colocado verticalmente, un enrejado de hierro limitaba el terreno comprado, y el terreno estaba cubierto de camelias blancas.
-Que dites -vous de cela? Me dit le jardinier. ––¿Qué le parece? ––me dijo el jardinero.
-C′ est très beau. ––Muy hermoso.
-Et chaque fois qu′ un camélia se fane, j′ ai ordre de le renouveler. ––Y cada vez que una camelia se marchita, tengo orden de renovarla.
-Et qui vous a donné cet ordre? -Un jeune homme qui a bien pleuré, la première fois qu′ il est venu; un ancien à la morte, sans doute, car il paraît que c′ était une gaillarde, celle -là. On dit qu′ elle était très jolie. Monsieur l′ a -t -il connue? -Oui. ––¿Y quién se lo ha mandado? ––Un joven que lloró mucho la primera vez qúe vino; un ex de la muerta sin duda, pues parece que era un poco ligera de cascos. Dicen que era muy guapa. ¿La conoció el señor? ––Sí.
-Comme l′ autre, me dit le jardinier avec un sourire malin. ––Como el otro me dijo el jardinero con una maliciosa sonrisa.
-Non, je ne lui ai jamais parlé. ––No, yo nunca hablé con ella.
-Et vous venez la voir ici; c′ est bien gentil de votre part, car ceux qui viennent voir la pauvre fille n′ encombrent pas le cimetière. ––Y viene usted a verla aquí; es muy amable por su parte, pues los que vienen a ver a la pobre chica no arman atascos en el cementerio.
-Personne ne vient donc? -Personne, excepté ce jeune monsieur qui est venu une fois. ––¿Entonces no viene nadie? ––Nadie, excepto ese joven, que ha venido una vez.
-Une seule fois? -Oui, monsieur. ––¿Sólo una vez? ––Sí, señor.
-Et il n′ est pas revenu depuis? -Non, mais il reviendra à son retour. ––¿Y no ha vuelto desde entonces? ––No, pero volverá cuando regrese.
-Il est donc en voyage? -Oui. ––¿Entonces está de viaje? ––Sí.
-Et vous savez où il est? -Il est, je crois, chez la soeur de Mademoiselle Gautier. ––¿Y sabe usted dónde está? ––Creo que ha ido a ver a la hermana de la señorita Gautier.
-Et que fait -il là? -Il va lui demander l′ autorisation de faire exhumer la morte, pour la faire mettre autre part. ––¿Y qué hace allí? –Va a pedirle autorización para exhumar a la muerta y llevarla a otro lugar.
-Pourquoi ne la laisserait -il pas ici? -Vous savez, monsieur, que pour les morts on a des idées. Nous voyons cela tous les jours, nous autres. Ce terrain n′ est acheté que pour cinq ans, et ce jeune homme veut une concession à perpétuité et un terrain plus grand; dans le quartier neuf ce sera mieux. ––¿Por qué no la deja aquí? ––Ya sabe usted las ocurrencias que se tienen con los muertos. Nosotros vemos estas cosas a diario. Este terreno lo han comprado sólo por cinco años, y ese joven quiere una concesión a perpetuidad y un terreno más grande; será mejor en la parte nueva.
-Qu′ appelez -vous le quartier neuf? -Les terrains nouveaux que l′ on vend maintenant, à gauche. Si le cimetière avait toujours été tenu comme maintenant, il n′ y en aurait pas un pareil au monde; mais il y a encore bien à faire avant que ce soit tout à fait comme ce doit être. ––¿A qué llama usted la parte nueva? ––A esos terrenos nuevos que están ahora en venta a la izquierda. Si hubieran cuidado siempre el cementerio como ahora, no habría otro igual en el mundo; pero todavía hay muchas cosas que hacer para que quede como es debido. Y además la gente es tan rara...
Et puis les gens sont si drôles. ––¿Qué quiere usted decir?
-Que voulez -vous dire? -Je veux dire qu′ il y a des gens qui sont fiers jusqu′ ici. Ainsi, cette Demoiselle Gautier, il paraît qu′ elle a fait un peu la vie, passez -moi l′ expression. Maintenant, la pauvre demoiselle, elle est morte; et il en reste autant que de celles dont on n′ a rien à dire et que nous arrosons tous les jours; eh bien, quand les parents des personnes qui sont enterrées à côté d′ elle ont appris qui elle était, ne se sont -ils pas imaginé de dire qu′ ils s′ opposeraient à ce qu′ on la mît ici, et qu′ il devait y avoir des terrains à part pour ces sortes de femmes comme pour les pauvres. A -t -on jamais vu cela? Je les ai joliment relevés, moi; des gros rentiers qui ne viennent pas quatre fois l′ an visiter leurs défunts, qui apportent leurs fleurs eux -mêmes, et voyez quelles fleurs! Qui regardent à un entretien pour ceux qu′ ils disent pleurer, qui écrivent sur leurs tombes des larmes qu′ ils n′ ont jamais versées, et qui viennent faire les difficiles pour le voisinage. Vous me croirez si vous voulez, monsieur, je ne connaissais pas cette demoiselle, je ne sais pas ce qu′ elle a fait; eh bien, je l′ aime, cette pauvre petite, et j′ ai soin d′ elle, et je lui passe les camélias au plus juste prix. C′ est ma morte de prédilection. ––Quiero decir que hay gente que es orgullosa incluso aquí. Fíjese, esta señorita Gautier parece que ha sido una mujer de vida alegre, y perdone la expresión. Ahora la pobre está muerta, y de ella queda lo mismo que de las otras de las que nadie tiene nada que decir y que regamos todos los días; bueno, pues, cuando los familiares de las personas que están enterradas a su lado se enteraron de quién era, ¿quiere usted creer que todo lo que se les ocurrió decir fue que se opondrían a que la enterraran aquí, y que tendría que haber sitios aparte para esta clase de mujeres lo mismo que para los pobres? ¿Cuándo se ha visto esto? Me los tengo yo bien vistos a ésos: ricos rentistas que no vienen más que cuatro veces al año a visitar a sus difuntos, que les traen flores ellos mismos, ¡y mire qué flores!, que andan mirando lo que supone la conservación de quienes dicen llorar, que escriben en sus tumbas lágrimas que nunca han derramado, y que vienen a poner peros por el vecindario. Mire, yo no conocía a esta señorita ni sé lo que ha hecho; bueno, pues, no sé si me creerá usted, pero la quiero a esta pobrecilla, y tengo cuidado de ella y le pongo las camelias al precio justo. Es mi muerta preferida.
Nous autres, monsieur, nous sommes bien forcés d′ aimer les morts, car nous sommes si occupés, que nous n′ avons presque pas le temps d′ aimer autre chose. Mire usted, nosotros nos vemos obligados a amar a los muertos, pues tenemos tanto trabajo, que casi no tenemos tiempo de amar otra cosa.
Je regardais cet homme, et quelques -uns de mes lecteurs comprendront, sans que j′ aie besoin de le leur expliquer, l′ émotion que j′ éprouvais à l′ entendre. Yo miraba a aquel hombre, y algunos de mis lectores comprenderán, sin necesidad de explicárselo, la emoción que experimentaba al oírlo.
Il s′ en aperçut sans doute, car il continua: -On dit qu′ il y avait des gens qui se ruinaient pour cette fille -là, et qu′ elle avait des amants qui l′ adoraient, eh bien, quand je pense qu′ il n′ y en a pas un qui vienne lui acheter une fleur seulement, c′ est cela qui est curieux et triste. Et encore, celle -ci n′ a pas à se plaindre, car elle a sa tombe, et s′ il n′ y en a qu′ un qui se souvienne d′ elle, il fait les choses pour les autres. Mais nous avons ici de pauvres filles du même genre et du même âge qu′ on jette dans la fosse commune, et cela me fend le coeur quand j′ entends tomber leurs pauvres corps dans la terre. Et pas un être ne s′ occupe d′ elles, une fois qu′ elles sont mortes! Ce n′ est pas toujours gai, le métier que nous faisons, surtout tant qu′ il nous reste un peu de coeur. Que voulez -vous? C′ est plus fort que moi. Se dio cuenta sin duda, pues continuó: ––Dicen que ha habido gente que se ha arruinado por esta chica, y que tenía amantes que la adoraban; bueno, pues, cuando pienso que ni uno viene a comprarle siquiera una flor, eso sí que es curioso y triste. Y aún ésta no, puede quejarse, pues tiene su tumba, y, si no hay más que uno que se acuerde de ella, él cumple por los demás. Pero tenemos aquí otras pobres chicas de la misma clase y de la misma edad, que han ido a parar a la fosa común, y se me parte el corazón cuando oigo caer sus pobres cuerpos en la tierra. ¡Y una vez muertas, ni un alma se ocupa de ellas! No siempre es alegre el oficio que hacemos, sobre todo mientras nos queda un poco de corazón. ¿Qué quiere usted? Es más fuerte que yo.
J′ ai une belle grande fille de vingt ans, et quand on apporte ici une morte de son âge je pense à elle, et, que ce soit une grande dame ou une vagabonde, je ne peux pas m′ empêcher d′ être ému. Tengo una hermosa hija de veinte años y, cuando traen aquí.una muerta de su edad, pienso en ella y, ya sea una gran dama o una vagabunda, no puedo menos de emocionarme.
Mais je vous ennuie sans doute avec mes histoires et ce n′ est pas pour les écouter que vous voilà ici. Pero sin duda lo estoy aburriendo con estas historias y usted no ha venido aquí para escucharlas.
On m′ a dit de vous amener à la tombe de Mademoiselle Gautier, vous y voilà; puis -je vous être bon encore à quelque chose? -Savez -vous l′ adresse de M Armand Duval? Demandai -je à cet homme. Me han dicho que lo lleve a la tumba de la señorita Gautier, y aquí está. ¿Puedo servirle en alguna otra cosa? ––¿Sabe usted la dirección del señor Armand Duval? ––pregunté a aquel hombre.
-Oui, il demeure rue de... c′ est là du moins que je suis allé toucher le prix de toutes les fleurs que vous voyez. ––Sí, vive en la calle... O por lo menos allí es doncle he ido a cobrar el precio de las flores que ve usted.
-Merci, mon ami. ––Gracias, amigo.
Je jetai un dernier regard sur cette tombe fleurie, dont malgré moi j′ eusse voulu sonder les profondeurs pour voir ce que la terre avait fait de la belle créature qu′ on lui avait jetée, et je m′ éloignai tout triste. Eché una última mirada a aquella tumba florida, cuyas profundidades deseaba sondear sin querer, para ver lo que había hecho la tierra con aquèlla hermosa criatura que le habían arrojado, y me alejé sumamente triste.
-Est -ce que monsieur veut voir M Duval? Reprit le jardinier qui marchait à côté de moi. ––¿Quiere usted ver al señor Duval? ––prosiguió el jardinero, que iba a mi lado.
-Oui. ––Sí.
-C′ est que je suis bien sr qu′ il n′ est pas encore de retour, sans quoi je l′ aurais déjà vu ici. ––Es que estoy completamente seguro de que todavía no ha vueltó; si no, ya lo habría visto por aquí.
-Vous êtes donc convaincu qu′ il n′ a pas oublié Marguerite? -Non seulement j′ en suis convaincu, mais je parierais que son désir de la changer de tombe n′ est que le désir de la revoir. ––¿Entonces está usted convencido de que no ha olvidado a Marguerite? ––No sólo estoy convencido, sino que apostaría que su deseo de cambiarla de tumba no es más que el deseo de volver a verla.
-Comment cela? -Le premier mot qu′ il m′ a dit en venant au cimetière a été: comment faire pour la voir encore? Cela ne pouvait avoir lieu que par le changement de tombe, et je l′ ai renseigné sur toutes les formalités à remplir pour obtenir ce changement, car vous savez que pour transférer les morts d′ un tombeau dans un autre, il faut les reconnaître, et la famille seule peut autoriser cette opération à laquelle doit présider un commissaire de police. ––¿Cómo así? ––Las primeras palabras que me dijo al venir al cementerio fueron: «¿Qué podría hacer para volver a verla?» Eso no puede hacerse más que cambiándola de tumba, y ya le informé de todos los requisitos que cumplir para obtener el cambio, pues ya sabe usted que para trasladar un muerto de una tumba a otra es preciso identificarlo, y sólo la familia puede autorizar esa operación, que debe realizarse en presencia de un comisario de policía.
C′ est pour avoir cette autorisation que M Duval est allé chez la soeur de Mademoiselle Gautier et sa première visite sera évidemment pour nous. Precisamente para conseguir esa autorización ha ido el señor Duval a ver a la hermana de la señorita Gautier, y su primera visita será evidentemente para nosotros.
Nous étions arrivés à la porte du cimetière; je remerciai de nouveau le jardinier en lui mettant quelques pièces de monnaie dans la main et je me rendis à l′ adresse qu′ il m′ avait donnée. Habíamos llegado a la puerta del cementerio; di las gracias una vez más al jardinero poniéndole unas monedas en la mano, y me dirigí a la dirección que me había dado.
Armand n′ était pas de retour. Armand no había vuelto.
Je laissai un mot chez lui, le priant de me venir voir dès son arrivée, ou de me faire dire où je pourrais le trouver. Dejé una nota en su casa, rogándole que viniera a verme en cuanto llegara, o que me dijera dónde podría encontrarlo.
Le lendemain, au matin, je reçus une lettre de Duval, qui m′ informait de son retour, et me priait de passer chez lui, ajoutant qu′ épuisé de fatigue, il lui était impossible de sortir. Al día siguiente por la mañana recibí una carta de Duval, en la que me comunicaba su regreso y me rogaba que pasara por su casa, añadiendo que estaba agotado de cansancio y le era imposible salir.







CHAPITRE VI

Capítulo VI

Je trouvai Armand dans son lit. Encontré a Armand en la cama.
En me voyant il me tendit sa main brlante. Al verme me tendió su mano ardiente.
-Vous avez la fièvre, lui dis -je. ––Tiene usted fiebre ––le dije.
-Ce ne sera rien, la fatigue d′ un voyage rapide, voilà tout. ––No será nada; el cansancio de un viaje rápido, eso es todo.
-Vous venez de chez la soeur de Marguerite? -Oui, qui vous l′ a dit? -Je le sais, et vous avez obtenu ce que vous vouliez? -Oui encore; mais qui vous a informé du voyage et du but que j′ avais en le faisant? -Le jardinier du cimetière. ––¿Ha ido usted a ver a la hermana de Marguerite? ––Sí, ¿quién se lo ha dicho? ––Me he enterado. ¿Y ha conseguido usted lo que quería? ––También, pero ¿quién le ha informado de mi viaje y del objetivo que perseguía al hacerlo? ––El jardinero del cementerio.
-Vous avez vu la tombe? C′ est à peine si j′ osais répondre, car le ton de cette phrase me prouvait que celui qui me l′ avait dite était toujours en proie à l′ émotion dont j′ avais été le témoin, et que chaque fois que sa pensée ou la parole d′ un autre le reporterait sur ce douloureux sujet, pendant longtemps encore cette émotion trahirait sa volonté. ––¿Ha visto usted la tumba? Apenas si me atrevía a responder, pues el tono de aquella frase me demostraba que quien la había pronunciado seguía presa de la emoción de que yo había sido testigo, y que, cada vez que su pensamiento o la palabra de otro le recordara aquel doloroso tema, tal emoción traicionaría durante mucho tiempo su voluntad.
Je me contentai donc de répondre par un signe de tête. Me limité, pues, a responder con un movimiento de cabeza.
-Il en a eu bien soin? Continua Armand. ––¿La ha cuidado bien? ––continuó Armand.
Deux grosses larmes roulèrent sur les joues du malade qui détourna la tête pour me les cacher. Dos gruesas lágrimas rodaron por las mejillas del enfermo, que volvió la cabeza para ocultármelas.
J′ eus l′ air de ne pas les voir et j′ essayai de changer la conversation. Hice como que no las veía a intenté cambiar de conversación.
-Voilà trois semaines que vous êtes parti, lui dis -je. ––Hace ya tres semanas que se marchó usted le dije.
Armand passa la main sur ses yeux et me répondit: -Trois semaines juste. Armand se pasó la mano por los ojos y me respondió: ––Tres semanas justas.
-Votre voyage a été long. ––Ha sido un viaje largo.
-Oh! Je n′ ai pas toujours voyagé, j′ ai été malade quinze jours, sans quoi je fusse revenu depuis longtemps; mais à peine arrivé là -bas, la fièvre m′ a pris et j′ ai été forcé de garder la chambre. ––¡Oh, no crea que he estado viajando todo el tiempo! Estuve quince días enfermo, si no, hace tiempo que hubiera regresado; pero en cuanto llegué allí la fiebre se apoderó de mí, y me he visto obligado a guardar cama.
-Et vous êtes reparti sans être bien guéri. ––Y ha vuelto usted sin estar bien curado.
-Si j′ étais resté huit jours de plus dans ce pays, j′ y serais mort. ––Si me hubiera quedado ocho días más en aquel pueblo, me habría muerto.
-Mais maintenant que vous voilà de retour, il faut vous soigner; vos amis viendront vous voir. ––Pero, ahora que ya está usted de vuelta, tiene que cuidarse; sus amigos vendrán a verlo.
Moi, tout le premier, si vous me le permettez. Y yo el primero, si usted me lo permite.
-Dans deux heures je me lèverai. ––Voy a levantarme dentro de dos horas.
-Quelle imprudence! -Il le faut. ––¡Qué imprudencia! ––Es preciso.
-Qu′ avez -vous donc à faire de si pressé? -Il faut que j′ aille chez le commissaire de police. ––¿Qué tiene usted que hacer que corra tanta prisa? ––Tengo que ir a ver al comisario de policía.
-Pourquoi ne chargez -vous pas quelqu′ un de cette mission qui peut vous rendre plus malade encore? -C′ est la seule chose qui puisse me guérir. Il faut que je la voie. Depuis que j′ ai appris sa mort, et surtout depuis que j′ ai vu sa tombe, je ne dors plus. Je ne peux pas me figurer que cette femme que j′ ai quittée si jeune et si belle est morte. Il faut que je m′ en assure par moi -même. Il faut que je voie ce que Dieu a fait de cet être que j′ ai tant aimé, et peut -être le dégot du spectacle remplacera -t -il le désespoir du souvenir; vous m′ accompagnerez, n′ est -ce pas... si cela ne vous ennuie pas trop? -Que vous a dit sa soeur? -Rien. Elle a paru fort étonnée qu′ un étranger voult acheter un terrain et faire faire une tombe à Marguerite, et elle m′ a signé tout de suite l′ autorisation que je lui demandais. ––¿Por qué no encarga a alguien que haga esa gestión que puede ponerlo a usted peor? ––Es lo único que puede curarme. Tengo que verla. Llevo sin dormir desde que me enteré de su muerte, y sobre todo desde que vi su tumba. No puedo hacerme a la idea de que esa mujer, a quien abandoné tan joven y tan bella, esté muerta. Tengo que cerciorarme por mí mismo. Tengo que ver lo que ha hecho Dios con aquel ser que tanto amé, y quizá el asco del espectáculo reemplace la desesperación del recuerdo. Me acompañará usted, ¿verdad? Si es que no te molesta demasiado... ––¿Qué le ha dicho su hermana? ––Nada. Pareció muy sorprendida de que un extraño quisiera comprar un terreno y mandar hacer una tumba para Marguerite, y en seguida me firmó la autorización que le pedía.
-Croyez -moi, attendez pour cette translation que vous soyez bien guéri. ––Hágame caso, espere a estar bien curado para hacer ese traslado.
-Oh! Je serai fort, soyez tranquille. D′ ailleurs je deviendrais fou, si je n′ en finissais au plus vite avec cette résolution dont l′ accomplissement est devenu un besoin de ma douleur. Je vous jure que je ne puis être calme que lorsque j′ aurai vu Marguerite. C′ est peut -être une soif de la fièvre qui me brle, un rêve de mes insomnies, un résultat de mon délire; mais dussé -je me faire trappiste, comme M De Rancé, après avoir vu, je verrai. ––¡Oh!, seré fuerte, no se preocupe. Además, voy a volverme loco si no acabo lo antes posible con esta resolución, cuyo cumplimiento se ha convertido en una necesidad para mi dolor. Le juro que no podré estar tranquilo hasta que haya visto a Marguerite. Tal vez sea una sed de a fiebre que me abrasa, un sueño de mis insomnios, un resultado de mi delirio; pero, aunque después de verla tenga que hacerme trapense como el señor Rancé, la veré.
-Je comprends cela, dis -je à Armand, et je suis tout à vous; avez -vous vu Julie Duprat? -Oui. Oh! Je l′ ai vue le jour même de mon premier retour. ––Lo comprendo ––dije a Armand––, y estoy a su disposición. ¿Ha visto a Julie Duprat? –Sí, oh, la vi ya el mismo día de mi primer regreso.
-Vous a -t -elle remis les papiers que Marguerite lui avait laissés pour vous? -Les voici. ––¿Le ha entregado los papeles que Marguerite le dejó para usted? ––Aquí están.
Armand tira un rouleau de dessous son oreiller, et l′ y replaça immédiatement. Armand sacó un rollo de papel de debajo de su almohadón y volvió a colocarlo inmediatamente.
-Je sais par coeur ce que ces papiers renferment, me dit -il. Depuis trois semaines je les ai relus dix fois par jour. Vous les lirez aussi, mais plus tard, quand je serai plus calme et quand je pourrai vous faire comprendre tout ce que cette confession révèle de coeur et d′ amour. ––Me sé de memoria lo que contienen estos papeles ––me dijo––. Llevo tres semanas leyéndolos. diez veces al día. También usted los leerá, pero más tarde, cuando yo esté más tranquilo y pueda hacerle comprender todo el corazón y el amor que revela esta confesión.
Pour le moment, j′ ai un service à réclamer de vous. De momento tengo que pedirle un favor.
-Lequel? -Vous avez une voiture en bas? -Oui. ––¿Cuál? ––¿Tiene un coche abajo? ––Sí.
-Eh bien, voulez -vous prendre mon passeport et aller demander à la poste restante s′ il y a des lettres pour moi? Mon père et ma soeur ont d m′ écrire à Paris, et je suis parti avec une telle précipitation que je n′ ai pas pris le temps de m′ en informer avant mon départ. Lorsque vous reviendrez, nous irons ensemble prévenir le commissaire de police de la cérémonie de demain. Bueno, ¿quiere usted coger mi pasaporte a ir a lista de correos a ver si hay alguna carta para mí? Mi padre y mi hermana me habrán escrito a París, y yo me marché con tal precipitación, que no tuve tiempo de ir a preguntar antes de mi marcha. Cuando vuelva, iremos juntos a avisar al comisario de policía para la ceremonia de mañana.
Armand me remit son passeport, et je me rendis rue Jean -Jacques -Rousseau. Armand me entregó su pasaporte, y me dirigí a la calle Jean Jacques Rousseau.
Il y avait deux lettres au nom de Duval, je les pris et je revins. Había dos cartas a nombre de Duval, las cogí y volví.
Quand je reparus, Armand était tout habillé et prêt à sortir. Cuando llegué, Armand ya estaba vestido y preparado para salir.
-Merci, me dit -il en prenant ses lettres. Oui, ajouta -t -il après avoir regardé les adresses, oui, c′ est de mon père et de ma soeur. Ils ont d ne rien comprendre à mon silence. ––Gracias ––me dijo, cogiendo las cartas. Sí ––––añadió después de haber mirado los remites––, sí, son de mi padre y de mi hermana. No deben de entender el porqué de este silencio.
Il ouvrit les lettres, et les devina plutôt qu′ il ne les lut, car elles étaient de quatre pages chacune, et au bout d′ un instant il les avait repliées. Abrió las cartas, y más que leerlas las adivinó, pues tenía cuatro páginas cada una y al cabo de un instante ya las había doblado.
-Partons, me dit -il, je répondrai demain. ––Vámonos ––me dijo––, ya contestaré mañana.
Nous allâmes chez le commissaire de police, à qui Armand remit la procuration de la soeur de Marguerite. Fuimos a ver al comisario de policía, a quien Armand entregó el poder de la hermana de Marguerite.
Le commissaire lui donna en échange une lettre d′ avis pour le gardien du cimetière; il fut convenu que la translation aurait lieu le lendemain, à dix heures du matin, que je viendrais le prendre une heure auparavant, et que nous nous rendrions ensemble au cimetière. El comisario le dio a cambio una orden de aviso para el guarda del cementerio; convinimos en que el traslado tendría lugar al día siguiente a las diez de la mañana, que yo iría a recogerlo una hora antes y que iríamos al cementerio los dos juntos.
Moi aussi, j′ étais curieux d′ assister à ce spectacle, et j′ avoue que la nuit je ne dormis pas. También yo sentía curiosidad por asistir a aquel espectáculo, y confieso que no dormí en toda la noche.
à en juger par les pensées qui m′ assaillirent, ce dut être une longue nuit pour Armand. A juzgar por los pensamientos que me asaltaron a mí, debió de ser una larga noche para Armand.
Quand le lendemain à neuf heures j′ entrai chez lui, il était horriblement pâle, mais il paraissait calme. Cuando al día siguiente a las nueve de la mañana entré en su casa, estaba horriblemente pálido, pero parecía tranquilo.
Il me sourit et me tendit la main. Me sonrió y me tendió la mano.
Ses bougies étaient brlées jusqu′ au bout, et, avant de sortir, Armand prit une lettre fort épaisse, adressée à son père, et confidente sans doute de ses impressions de la nuit. Las velas estaban totalmente consumidas, y, antes de salir, Armand cogió una carta muy gruesa, dirigida a su padre, y confidente sin duda de sus impresiones de aquella noche.
Une demi -heure après nous arrivions à Montmartre. Media hora después llegábamos a Montmartre.
Le commissaire nous attendait déjà. El comisario estaba ya esperándonos.
On s′ achemina lentement dans la direction de la tombe de Marguerite. Le commissaire marchait le premier, Armand et moi nous le suivions à quelques pas. Nos encaminamos lentamente en dirección a la tumba de Marguerite. El comisario iba delante, y Armand y yo lo seguíamos a unos pasos.
De temps en temps je sentais tressaillir convulsivement le bras de mon compagnon, comme si des frissons l′ eussent parcouru tout à coup. Alors, je le regardais; il comprenait mon regard et me souriait, mais depuis que nous étions sortis de chez lui, nous n′ avions pas échangé une parole. De cuando en cuando sentía estremecerse convulsivamente el brazo de mi compañero, como si un escalofrío le corriera de pronto por el cuerpo. Entonces yo lo miraba; él comprendía mi mirada y me sonreía, pero desde que salimos de su casa no habíamos cruzado una palabra.
Un peu avant la tombe, Armand s′ arrêta pour essuyer son visage qu′ inondaient de grosses gouttes de sueur. Un poco antes de llegar a la tumba Armand se detuvo para enjugarse el rostro, inundado de gruesas gotas de sudor.
Je profitai de cette halte pour respirer, car moi -même j′ avais le coeur comprimé comme dans un étau. Aproveché aquel alto para respirar, pues también yo tenía el corazón oprimido como en un torno.
D′ où vient le douloureux plaisir qu′ on prend à ces sortes de spectacles! Quand nous arrivâmes à la tombe, le jardinier avait retiré tous les pots de fleurs, le treillage de fer avait été enlevé, et deux hommes piochaient la terre. ¿De dónde procede ese doloroso placer que experimentamos ante esta clase de espectáculos? Cuando llegamos a la tumba, el jardinero había retirado todos los tiestos, habían quitado el enrejado de hierro, y dos hombres cavaban la tierra.
Armand s′ appuya contre un arbre et regarda. Armand se apoyó contra un árbol y miró.
Toute sa vie semblait être passée dans ses yeux. Toda su vida parecía estar concentrada en sus ojos.
Tout à coup une des deux pioches grinça contre une pierre. De pronto, uno de los picos rechinó contra una piedra.
à ce bruit Armand recula comme à une commotion électrique, et me serra la main avec une telle force qu′ il me fit mal. Al oír aquel ruido, Armand retrocedió como ante una conmoción eléctrica, y me apretó la mano con tal fuerza, que me hizo daño.
Un fossoyeur prit une large pelle et vida peu à peu la fosse; puis, quand il n′ y eut plus que les pierres dont on couvre la bière, il les jeta dehors une à une. Un sepulturero cogió una ancha pala y vació poco a poco la fosa; luego, cuando no quedaron más que las piedras que cubrían el ataúd, las arrojó fuera una por una.
J′ observais Armand, car je craignais à chaque minute que ses sensations qu′ il concentrait visiblement ne le brisassent; mais il regardait toujours; les yeux fixes et ouverts comme dans la folie, et un léger tremblement des joues et des lèvres prouvait seul qu′ il était en proie à une violente crise nerveuse. Yo observaba a Armand, pues temía que en cualquier instante sus emociones, visiblemente contenidas, acabaran por destrozarlo; pero él seguía mirando; tenía los ojos fijos y abiertos como en un acceso de locura, y sólo un ligero temblor de las mejillas y los labios demostraba que era presa de una violenta crisis nerviosa.
Quant à moi, je ne puis dire qu′ une chose, c′ est que je regrettais d′ être venu. De mí sólo puedo decir que lamentaba haber venido.
Quand la bière fut tout à fait découverte, le commissaire dit aux fossoyeurs: -Ouvrez. Cuando el ataúd quedó descubierto del todo, el comisario dijo a los sepultureros: ––Abran.
Ces hommes obéirent, comme si c′ et été la chose du monde la plus simple. Los hombres obedecieron como si fuera la cosa más natural del mundo.
La bière était en chêne, et ils se mirent à dévisser la paroi supérieure qui faisait couvercle. El ataúd era de roble, y se pusieron a desatornillar la pared superior, que hacía de tapa.
L′ humidité de la terre avait rouillé les vis et ce ne fut pas sans efforts que la bière s′ ouvrit. Un olor infecto salió de él, a pesar de las plantas aromáticas de que estaba sembrado.
Une odeur infecte s′ en exhala, malgré les plantes aromatiques dont elle était semée. La humedad de la tierra había oxidado los tornillos y no sin esfuerzos abrieron el ataúd.
-T mon dieu! Mon dieu! Murmura Armand, et il pâlit encore. ––¡Oh, Dios mío, Dios mío! murmuró Armand y palideció aún más.
Les fossoyeurs eux -mêmes se reculèrent. Hasta los sepultureros retrocedieron.
Un grand linceul blanc couvrait le cadavre dont il dessinait quelques sinuosités. Ce linceul était presque complètement mangé à l′ un des bouts, et laissait passer un pied de la morte. Un gran sudario blanco cubría el cadáver, dibujando algunas de sus sinuosidades. El sudario estaba casi completamente comido por un extremo, y dejaba pasar un pie de la muerta.
J′ étais bien près de me trouver mal, et à l′ heure où j′ écris ces lignes, le souvenir de cette scène m′ apparaît encore dans son imposante réalité. Yo estaba a punto de sentirme mal, y aun en el momento en que escribo estas líneas el recuerdo de aquella escena se me aparece en toda su imponente realidad.
-Hâtons -nous, dit le commissaire. ––Démonos prisa ––dijo el comisario.
Alors un des deux hommes étendit la main, se mit à découdre le linceul, et le prenant par le bout, découvrit brusquement le visage de Marguerite. Entonces uno de los dos hombres extendió la mano, se puso a descoser el sudario y, agarrándolo por un extremo, descubrió bruscamente el rostro de Marguerite.
C′ était terrible à voir, c′ est horrible à raconter. Era terrible de ver, es horrible de contar.
Les yeux ne faisaient plus que deux trous, les lèvres avaient disparu, et les dents blanches étaient serrées les unes contre les autres. Les longs cheveux noirs et secs étaient collés sur les tempes et voilaient un peu les cavités vertes des joues, et cependant je reconnaissais dans ce visage le visage blanc, rose et joyeux que j′ avais vu si souvent. Los ojos eran sólo dos agujeros, los labios habían desaparecido y los blancos dientes estaban apretados unos contra otros. Los largos cabellos, negros y secos, estaban pegados a las sienes y velaban un poco las cavidades verdes de las mejillas, ––y sin embargo en aquel rostro reconocí el rostro blanco, rosa y alegre que con tanta frecuencia había visto.
Armand, sans pouvoir détourner son regard de cette figure, avait porté son mouchoir à sa bouche et le mordait. Armand, sin poder apartar su mirada de aquella cara, se había llevado el pañuelo a la boca y lo mordía.
Pour moi, il me sembla qu′ un cercle de fer m′ étreignait la tête, un voile couvrit mes yeux, des bourdonnements m′ emplirent les oreilles, et tout ce que je pus faire fut d′ ouvrir un flacon que j′ avais apporté à tout hasard et de respirer fortement les sels qu′ il renfermait. Yo sentí como si un cerco de hierro me oprimiera la cabeza, un velo cubrió mis ojos, los oídos me zumbaron, y lo único que pude hacer fue abrir un frasco que había llevado por si acaso y aspirar fuertemente las sales que contenía.
Au milieu de cet éblouissement, j′ entendis le commissaire dire à M Duval: -Reconnaissez -vous? -Oui, répondit sourdement le jeune homme. En medio de aquel deslumbramiento oí al comisario decir al señor Duval: ––¿La reconoce usted? ––Sí ––respondió sordamente el joven.
-Alors fermez et emportez, dit le commissaire. ––Pues cierren y llévenselo ––dijo el comisario.
Les fossoyeurs rejetèrent le linceul sur le visage de la morte, fermèrent la bière, la prirent chacun par un bout et se dirigèrent vers l′ endroit que leur avait été désigné. Los sepultureros volvieron a extender el sudario sobre el rostro de la muerta, cerraron el ataúd, lo cogieron cada uno de un lado y se dirigieron hacia el lugar que les habían designado.
Armand ne bougeait pas. Ses yeux étaient rivés à cette fosse vide; il était pâle comme le cadavre que nous venions de voir... on l′ et dit pétrifié. Armand no se movía. Sus ojos estaban clavados en aquella fosa vacía; estaba pálido como ël cadáver que acabábamos de ver... parecía petrificado.
Je compris ce qui allait arriver lorsque la douleur diminuerait par l′ absence du spectacle, et par conséquent ne le soutiendrait plus. Comprendí lo que iba a pasar cuando el dolor disminuyera por la ausencia del espectáculo y en consecuencia dejara de sostenerlo.
Je m′ approchai du commissaire. Me acerqué al comisario.
-La présence de monsieur, lui dis -je en montrant Armand, est -elle nécessaire encore? -Non, me dit -il, et même je vous conseille de l′ emmener, car il paraît malade. ––¿Es necesaria aún la presencia del señor? ––le dije, señalando a Armand. ––No me respondió––, a incluso le aconsejo que se lo lleve de aquí, porque parece enfermo.
-Venez, dis -je alors à Armand en lui prenant le bras. ––Venga ––dije entonces a Armand, tomándolo del brazo.
-Quoi? Fit -il en me regardant comme s′ il ne m′ et pas reconnu. ––¿Qué? ––dijo, mirándome como si no me conociera.
-C′ est fini, ajoutai -je, il faut vous en aller, mon ami, vous êtes pâle, vous avez froid, vous vous tuerez avec ces émotions -là. ––Ya se ha terminado ––––añad햖. Tiene usted que irse, amigo mío: está usted pálido, tiene frío, y va a matarse con estas emociones.
-Vous avez raison, allons -nous -en, répondit -il machinalement, mais sans faire un pas. ––Tiene usted razón, vámonos––contestó maquinalinente, pero sin dar un paso.
Alors je le saisis par le bras et je l′ entraînai. Entonces lo cogí por el brazo y tiré de él.
Il se laissait conduire comme un enfant, murmurant seulement de temps à autre: -Avez -vous vu les yeux? Et il se retournait comme si cette vision l′ et rappelé. Se dejó conducir como un niño, murmurando solamente de cuando en cuando: ––¿Ha visto usted los ojos? Y se volvía, como si aquella visión lo hubiera llamado.
Cependant sa marche devint saccadée; il semblait ne plus avancer que par secousses; ses dents claquaient, ses mains étaient froides, une violente agitation nerveuse s′ emparait de toute sa personne. Sin embargo su paso se hizo irregular; parecía avanzar sólo a sacudidas; le castañeteaban los dientes, tenía las manos frías, y una violenta agitación nerviosa estaba apoderándose de toda su persona.
Je lui parlai, il ne me répondit pas. Le hablé, pero no me respondió.
Tout ce qu′ il pouvait faire, c′ était de se laisser conduire. Todo lo que podía hacer era dejarse )Ievar.
à la porte nous retrouvâmes une voiture. Il était temps. A la puerta encontramos un coche. No pudo llegar más a tiempo.
à peine y eut -il pris place, que le frisson augmenta et qu′ il eut une véritable attaque de nerfs, au milieu de laquelle la crainte de m′ effrayer lui faisait murmurer en me pressant la main: -Ce n′ est rien, ce n′ est rien, je voudrais pleurer. No hizo más que sentarse, cuando aumentaron los estremecimientos y tuvo un verdadero ataque de nervios, en medio del cual el miedo de asustarme le hacía murmurar, apretándome la mano: ––No es nada, no es nada, quisiera llorar.
Et j′ entendais sa poitrine se gonfler, et le sang se portait à ses yeux, mais les larmes n′ y venaient pas. Y oí dilatarse su pecho, y la sangre se le subía a los ojos, pero las lágrimas no llegaban.
Je lui fis respirer le flacon qui m′ avait servi, et quand nous arrivâmes chez lui, le frisson seul se manifestait encore. Le hice aspirar el frasco que me había servido a mí, y, cuando llegamos a su casa, sólo los estremecimientos se manifestaban aún.
Avec l′ aide du domestique, je le couchai, je fis allumer un grand feu dans sa chambre, et je courus chercher mon médecin à qui je racontai ce qui venait de se passer. Con ayuda del criado lo acosté, mandé encender un buen fuego en su habitación y corrí a buscar a mi médico, a quien le conté lo que acababa de pasar.
Il accourut. Acudió a toda prisa.
Armand était pourpre, il avait le délire, et bégayait des mots sans suite, à travers lesquels le nom seul de Marguerite se faisait entendre distinctement. Armand estaba púrpura, deliraba, balbuceaba palabras incoherentes, entre las que sólo el nombre de Marguerite se entendía con claridad.
-Eh bien? Dis -je au docteur quand il eut examiné le malade. ––¿Qué tiene? ––dije al doctor cuando hubo examinado al enfermo.
-Eh bien, il a une fièvre cérébrale ni plus ni moins, et c′ est bien heureux, car je crois, Dieu me pardonne, qu′ il serait devenu fou. Heureusement la maladie physique tuera la maladie morale, et dans un mois il sera sauvé de l′ une et de l′ autre peut -être. Pues tiene una fiebre cerebral, ni más ni menos; y es una suerte, pues creo, y Dios me perdone, que se habría vuelto loco. Por suerte la enfermedad física acabará con la enfermedad moral, y dentro de un mes quizá se habrá librado de las dos







CHAPITRE VII

Capítulo VII

Les maladies comme celle dont Armand avait été atteint ont cela d′ agréable qu′ elles tuent sur le coup ou se laissent vaincre très vite. Las enfermedades como la que había cogido Armand tienen la ventaja de que o matan en el acto o se dejan vencer rápidamente.
Quinze jours après les événements que je viens de raconter, Armand était en pleine convalescence, et nous étions liés d′ une étroite amitié. à peine si j′ avais quitté sa chambre tout le temps qu′ avait duré sa maladie. Quince días después de los acontecimientos que acabo de contar, Armand estaba en plena convalecencia y nosotros unidos por una estrecha amistad. Apenas dejé su habitación durante todo el tiempo que duró su enfermedad.
Le printemps avait semé à profusion ses fleurs, ses feuilles, ses oiseaux, ses chansons, et la fenêtre de mon ami s′ ouvrait gaiement sur son jardin dont les saines exhalaisons montaient jusqu′ à lui. La primavera había sembrado con profusión sus flores, sus hojas, sus pájaros, sus canciones, y la ventana de mi amigo se abría alegremente sobre el jardín, del que subían hasta él efluvios saludables.
Le médecin avait permis qu′ il se levât, et nous restions souvent à causer, assis auprès de la fenêtre ouverte à l′ heure où le soleil est le plus chaud, de midi à deux heures. El médico le había permitido que se levantara, y a menudo nos quedábamos charlando, sentados junto a la ventana abierta a la hora en que el sol calienta más, de doce a dos de la tarde.
Je me gardais bien de l′ entretenir de Marguerite, craignant toujours que ce nom ne réveillât un triste souvenir endormi sous le calme apparent du malade; mais Armand, au contraire, semblait prendre plaisir à parler d′ elle, non plus comme autrefois, avec des larmes dans les yeux, mais avec un doux sourire qui me rassurait sur l′ état de son âme. Yo me guardaba muy bien de hablarle de Marguerite, temiendo siempre que ese nombre despertara tristes recuerdos adormecidos bajo la calma aparente del enfermo; pero Armand, por el contrario,. parecía complacerse en hablar de ella, no ya como otras veces, con lágrimas en los ojos, sino con una dulce sonrisa que me tranquilizaba respecto a su estado de ánimo.
J′ avais remarqué que, depuis sa dernière visite au cimetière, depuis le spectacle qui avait déterminé en lui cette crise violente, la mesure de la douleur morale semblait avoir été comblée par la maladie, et que la mort de Marguerite ne lui apparaissait plus sous l′ aspect du passé. Une sorte de consolation était résultée de la certitude acquise, et pour chasser l′ image sombre qui se représentait souvent à lui, il s′ enfonçait dans les souvenirs heureux de sa liaison avec Marguerite, et ne semblait plus vouloir accepter que ceux -là. Noté que, desde su última visita al cementerio, desde el espectáculo que desencadenó en él aquella crisis violenta, parecía que la enfermedad había colmado las medidas del dolor moral, y que la muerte de Marguerite ya no se le aparecía bajo el aspecto del pasado. De aquella certeza adquirida había resultado una especie de consolación, y, para arrojar la imagen sombría que a menudo se le representaba, se abismaba en los recuerdos felices de su relación con Marguerite y no parecía querer aceptar ninguno más.
Le corps était trop épuisé par l′ atteinte et même par la guérison de la fièvre pour permettre à l′ esprit une émotion violente, et la joie printanière et universelle dont Armand était entouré reportait malgré lui sa pensée aux images riantes. Estaba el cuerpo demasiado agotado por el alcance a incluso por la curación de la fiebre para permitir al espíritu una emoción violenta, y la alegría primaveral y universal que rodeaba a Armand transportaba sin querer su pensamiento hacia imágenes risueñas.
Il s′ était toujours obstinément refusé à informer sa famille du danger qu′ il courait, et lorsqu′ il avait été sauvé, son père ignorait encore sa maladie. Se había negado siempre obstinadamente a comunicar a su familia el peligro que corría y, cuando ya estuvo a salvo, su padre ignoraba todavía su enfermedad.
Un soir, nous étions restés à la fenêtre plus tard que de coutume; le temps avait été magnifique et le soleil s′ endormait dans un crépuscule éclatant d′ azur et d′ or. Quoique nous fussions dans Paris, la verdure qui nous entourait semblait nous isoler du monde, et à peine si de temps en temps le bruit d′ une voiture troublait notre conversation. Una tarde nos quedamos a la ventana hasta más tarde que de costumbre. Había hecho un día magnífico, y el sol se dormía en un crepúsculo resplandeciente de azul y oro. Aunque estábamos en París, el verdor que nos rodeaba parecía aislarnos del mundo, y apenas si de cuando en cuando el ruido de un coche turbaba nuestra conversación.
-C′ est à peu près à cette époque de l′ année et le soir d′ un jour comme celui -ci que je connus Marguerite, me dit Armand, écoutant ses propres pensées et non ce que je lui disais. ––Fue aproximadamente por esta época del año y en la tarde de un día como éste cuando conocí a Marguerite ––––me dijo Armand, escuchando sus propios pensamientos y no lo que yo le decía.
Je ne répondis rien. No respondí nada.
Alors, il se retourna vers moi, et me dit: -Il faut pourtant que je vous raconte cette histoire; vous en ferez un livre auquel on ne croira pas, mais qui sera peut -être intéressant à faire. Entonces se volvió hacia mí y me dijo: De todos modos tengo que contarle esta historia. Escribirá usted un libro con ella, que nadie creerá, pero que quizá sea interesante de escribir.
-Vous me conterez cela plus tard, mon ami, lui dis -je, vous n′ êtes pas encore assez bien rétabli. Ya me lo contará otro día, amigo mío le dije––; aún no está usted bueno del todo.
-La soirée est chaude, j′ ai mangé mon blanc de poulet, me dit -il en souriant; je n′ ai pas la fièvre, nous n′ avons rien à faire, je vais tout vous dire. ––La noche es cálida, y me he comido mi pechuga de pollo ––me dijo sonriendo––. No tengo fiebre, no tenemos nada que hacer, así que voy a decírselo todo.
-Puisque vous le voulez absolument, j′ écoute. ––Si se empeña usted, le escucho.
-C′ est une bien simple histoire, ajouta -t -il alors, et que je vous raconterai en suivant l′ ordre des événements. Si vous en faites quelque chose plus tard, libre à vous de la conter autrement. Es una historia muy sencilla ––añadió entonces––, y se la voy a contar siguiendo el orden de los acontecimientos. Si algún día hace algo con ella, es usted libre de contarla como quiera.
Voici ce qu′ il me raconta, et c′ est à peine si j′ ai changé quelques mots à ce touchant récit. Esto es lo que me refirió, y apenas si he cambiado unas palabras de aquel conmovedor relato:
-Oui, reprit Armand, en laissant retomber sa tête sur le dos de son fauteuil, oui, c′ était par une soirée comme celle -ci! J′ avais passé ma journée à la campagne avec un de mes amis, Gaston R... ¡Sí ––prosiguió Armand, dejando caer la cabeza sobre el respaldo del sillón––, sí, fue en una noche como ésta! Había pasado el día en el campo con mi amigo Gastón R...
Le soir nous étions revenus à Paris, et ne sachant que faire, nous étions entrés au théâtre des variétés. Al atardecer volvimos a París y, sin saber qué hacer, entramos en el teatro Variétés.
Pendant un entr′ acte nous sortîmes, et, dans le corridor nous vîmes passer une grande femme que mon ami salua. Salimos durante un entreacto, y en el pasillo nos cruzamos con una mujer alta, a quien mi amigo saludó.
-Qui saluez -vous donc là? Lui demandai -je. ––¿Quién es ésa a quien ha saludado usted? ––le pregunté.
-Marguerite Gautier, me dit -il. ––Marguerite Gautier ––me dijo.
-Il me semble qu′ elle est bien changée, car je ne l′ ai pas reconnue, dis -je avec une émotion que vous comprendrez tout à l′ heure. ––Me parece que está muy cambiada, pues no la he conocido ––dije con una emoción que en seguida comprenderá usted.
-Elle a été malade; la pauvre fille n′ ira pas loin. ––Ha estado enferma; la pobre chica no irá muy lejos.
Je me rappelle ces paroles comme si elles m′ avaient été dites hier. Recuerdo estas palabras como si me las hubieran dicho ayer.
Il faut que vous sachiez, mon ami, que depuis deux ans la vue de cette fille, lorsque je la rencontrais, me causait une impression étrange. Ha de saber usted, amigo mío, que hacía dos años que, siempre que me encontraba con aquella chica; su vista me causaba una extraña impresión.
Sans que je susse pourquoi, je devenais pâle et mon coeur battait violemment. J′ ai un de mes amis qui s′ occupe de sciences occultes, et qui appellerait ce que j′ éprouvais l′ affinité des fluides; moi, je crois tout simplement que j′ étais destiné à devenir amoureux de Marguerite, et que je le pressentais. Sin saber por qué, me ponía pálido y mi corazón latía violentamente. Tengo un amigo que se dedica a las ciencias ocultas y que llamaría a lo que yo experimentaba afinidad de fluidos; yo creo simplemente que estaba destinado a enamorarme de Marguerite y que lo presentía.
Toujours est -il qu′ elle me causait une impression réelle, que plusieurs de mes amis en avaient été témoins, et qu′ ils avaient beaucoup ri en reconnaissant de qui cette impression me venait. El caso es que me causaba una impresión real, que varios de mis amigos fueron testigos de ello, y que se rieron no poco al identificar a quien me ocasionaba aquella impresión.
La première fois que je l′ avais vue, c′ était place de la bourse, à la porte de susse. Une calèche découverte y stationnait, et une femme vêtue de blanc en était descendue. Un murmure d′ admiration avait accueilli son entrée dans le magasin. Quant à moi, je restai cloué à ma place, depuis le moment où elle entra jusqu′ au moment où elle sortit. à travers les vitres, je la regardai choisir dans la boutique ce qu′ elle venait y acheter. J′ aurais pu entrer, mais je n′ osais. Je ne savais quelle était cette femme, et je craignais qu′ elle ne devinât la cause de mon entrée dans le magasin et ne s′ en offensât. La primera vez que la vi fue en la plaza de la Bourse, a la puerta de Susse. Una calesa descubierta se paró allí, y de ella bajó una mujer vestida de blanco. Un murmullo de admiración acogió su entrada en la tienda. De mí sé decir que me quedé clavado en el sitio desde que entró hasta que salió. A través de los cristales la miraba escoger en la boutique lo que había ido a comprar. Hubiera podido entrar, pero no me atreví. No sabía quién era aquella mujer y temí que adivinara el motivo de mi entrada en la tienda y se ofendiera.
Cependant je ne me croyais pas appelé à la revoir. Sin embargo, no me creí llamado a volver a verla.
Elle était élégamment vêtue; elle portait une robe de mousseline toute entourée de volants, un châle de l′ Inde carré aux coins brodés d′ or et de fleurs de soie, un chapeau de paille d′ Italie et un unique bracelet, grosse chaîne d′ or dont la mode commençait à cette époque. Iba elegantemente vestida; llevaba un vestido de muselina rodeado de volantes, un chal de la India cuadrado con los ángulos bordados de oro y flores de seda, un sombrero de paja de Italia y una sola pulsera: una gruesa cadena de oro que empezaba a ponerse de moda por aquella época.
Elle remonta dans sa calèche et partit. Volvió a subir a la calesa y se fue.
Un des garçons du magasin resta sur la porte, suivant des yeux la voiture de l′ élégante acheteuse. Uno de los dependientes de la tienda se quedó a la puerta, siguiendo con los ojos el coche de la elegante compradora.
Je m′ approchai de lui et le priai de me dire le nom de cette femme. Me acerqué a él y le rogué que me dijera el nombre de aquella mujer.
-C′ est Mademoiselle Marguerite Gautier, me répondit -il. ––Es la señorita Marguerite Gautier ––me respondió.
Je n′ osai pas lui demander l′ adresse, et je m′ éloignai. No me atreví a preguntarle la dirección y me alejé.
Le souvenir de cette vision, car c′ en était une véritable, ne me sortit pas de l′ esprit comme bien des visions que j′ avais eues déjà, et je cherchais partout cette femme blanche si royalement belle. El recuerdo de aquella visión, pues fue una verdadera visión, se me quedó grabado en la mente como muchos otros que ya había tenido, y empecé a buscar por todas partes a aquella mujer blanca tan soberanamente bella.
À quelques jours de là, une grande représentation eut lieu à l′ opéra -comique. J′ y allai. La première personne que j′ aperçus dans une loge d′ avant -scène de la galerie fut Marguerite Gautier. Pocos días después tuvo lugar una gran representación en la ópera Cómica. Fui a ella. La primera persona que vi en un palco proscenio del anfiteatro fue a Marguerite Gautier.
Le jeune homme avec qui j′ étais la reconnut aussi, car il me dit, en me la nommant: -Voyez donc cette jolie fille. El joven con quien yo estaba también la conoció, pues me dijo nombrándola: ––Fíjese qué chica más bonita.
En ce moment, Marguerite lorgnait de notre côté elle aperçut mon ami, lui sourit et lui fit signe de venir lui faire visite. En aquel momento Marguerite dirigía sus gemelos hacia nosotros; vio a mi amigo, le sonrió y le hizo una seña para que fuera a visitarla.
-Je vais lui dire bonsoir, me dit -il, et je reviens dans un instant. ––Voy a saludarla ––me dijo––, y vuelvo dentro de un momento.
Je ne pus m′ empêcher de lui dire: " vous êtes bien heureux! " -De quoi? -D′ aller voir cette femme. No pude dejar de decirle: ––¡Qué suerte tiene usted! ––¿Por qué? ––Por ir a ver a esa mujer.
-Est -ce que vous en êtes amoureux? -Non, dis -je en rougissant, car je ne savais vraiment pas à quoi m′ en tenir là -dessus; mais je voudrais bien la connaître. ––No ––dije, enrojeciendo, pues realmente no sabía a qué atenerme al respecto––, pero sí que me gustaría conocerla.
-Venez avec moi, je vous présenterai. ––Pues venga conmigo, yo le presentaré.
-Demandez -lui -en d′ abord la permission. ––Pídale permiso primero.
-Ah! Pardieu, il n′ y a pas besoin de se gêner avec elle; venez. ––¡Pardiez! Con ella no hay que andarse con tantos remilgos; venga.
Ce qu′ il disait là me faisait peine. Je tremblais d′ acquérir la certitude que Marguerite ne méritait pas ce que j′ éprouvais pour elle. Aquellas palabras me dieron pena. Temblaba ante la idea de adquirir la certeza de que Marguerite no mereciera lo que experimentaba por ella.
Il y a dans un livre d′ Alphonse Karr, intitulé: am rauchen, un homme qui suit, le soir, une femme très élégante, et dont, à la première vue, il est devenu amoureux, tant elle est belle. Pour baiser la main de cette femme, il se sent la force de tout entreprendre, la volonté de tout conquérir, le courage de tout faire. à peine s′ il ose regarder le bas de jambe coquet qu′ elle dévoile pour ne pas souiller sa robe au contact de la terre. Pendant qu′ il rêve à tout ce qu′ il ferait pour posséder cette femme, elle l′ arrête au coin d′ une rue et lui demande s′ il veut monter chez elle. Hay un libro de Alphonse Karr, titulado Am Rauchen, en el que un hombre sigue por la noche a una mujer muy elegante y tan hermosa, que se ha enamorado de ella a la primera. Con tal de besar la mano de aquella mujer, se siente con fuerzas para emprenderlo todo, con voluntad para conquistarlo todo y con ánimo para hacerlo todo. Apenas si se atreve a mirar el coqueto tobillo que ella enseña al levantarse el vestido para que no se manche al tocar el suelo. Mientras va soñando en todo lo que sería capaz de hacer por poseer a aquella mujer, ella lo detiene en la esquina de una calle y le pregunta si quiere subir a su case.
Il détourne la tête, traverse la rue et rentre tout triste chez lui. El vuelve la cabeza, atraviesa la calle y regresa muy triste a casa.
Je me rappelais cette étude, et moi qui aurais voulu souffrir pour cette femme, je craignais qu′ elle ne m′ acceptât trop vite et ne me donnât trop promptement un amour que j′ eusse voulu payer d′ une longue attente ou d′ un grand sacrifice. Nous sommes ainsi, nous autres hommes; et il est bien heureux que l′ imagination laisse cette poésie aux sens, et que les désirs du corps fassent cette concession aux rêves de l′ âme. Recordaba este estudio, y yo, que habría querido sufrir por aquella mujer, temía que me aceptara excesivamente de prisa y me concediera excesivamente pronto un amor que yo hubiera querido pagar con una larga espera o un gran sacrificio. Los hombres somos así; y es una suerte que la imaginación deje esta poesía a los sentidos y que los deseos del cuerpo hagan esta concesión a los sueños del alma.
Enfin, on m′ et dit: vous aurez cette femme ce soir, et vous serez tué demain, j′ eusse accepté. En fin, si me hubieran dicho: «Esta mujer será suya esta noche, y mañana lo matarán», habría aceptado.
On m′ et dit: donnez dix louis, et vous serez son amant, j′ eusse refusé et pleuré, comme un enfant qui voit s′ évanouir au réveil le château entrevu la nuit. Si me hubieran dicho: «Déme diez luises, y será usted su amante», me habría negado y habría llorado como un niño que ve desvanecerse al despertar el castillo entrevisto por la noche.
Cependant, je voulais la connaître; c′ était un moyen, et même le seul, de savoir à quoi m′ en tenir sur son compte. Sin embargo quería conocerla. Era una manera, a incluso la única, de saber a qué atenerme con ella.
Je dis donc à mon ami que je tenais à ce qu′ elle lui accordât la permission de me présenter, et je rôdai dans les corridors, me figurant qu′ à partir de ce moment elle allait me voir, et que je ne saurais quelle contenance prendre sous son regard. Le dije, pues, a mi amigo que tenía mucho interés en que ella le diera permiso para presentarme, y empecé a dar vueltas por los pasillos, imaginándome que desde aquel momento iba a verme, y que no sabría qué actitud tomar bajo su mirada.
Je tâchais de lier à l′ avance les paroles que j′ allais lui dire. Traté de hilvanar de antemano las palabras que iba a decirle.
Quel sublime enfantillage que l′ amour! Un instant après mon ami redescendit. ¡Qué sublime niñería la del amor! Un instante después mi amigo volvió a bajar.
-Elle nous attend, me dit -il. ––Nos espera ––me dijo.
-Est -elle seule? Demandai -je. ––¿Está sola? ––pregunté.
-Avec une autre femme. ––Con otra mujer.
-Il n′ y a pas d′ hommes? -Non. ––¿No hay hombres? ––No.
-Allons. ––Vamos.
Mon ami se dirigea vers la porte du théâtre. Mi amigo se dirigió hacia la puerta del teatro.
-Eh bien, ce n′ est pas par là, lui dis -je. ––Eh, que no es por ahí ––le dije.
-Nous allons chercher des bonbons. Elle m′ en a demandé. ––Vamos a comprar unos bombones. Me los ha pedido.
Nous entrâmes chez un confiseur du passage de l′ opéra. Entramos en una confitería del pasaje de la Opera.
J′ aurais voulu acheter toute la boutique, et je regardais même de quoi l′ on pouvait composer le sac, quand mon ami demanda: -Une livre de raisins glacés. Yo hubiera querido comprar toda la tienda, y hasta me preguntaba de qué podíamos llenar la bolsa, cuando mi amigo pidió: ––Una libra de uvas escarchadas.
-Savez -vous si elle les aime? -Elle ne mange jamais d′ autres bonbons, c′ est connu. ––¿Sabe usted si le gustan? ––Todo el mundo sabe que sólo come bombones de esos.
-Ah! Continua -t -il quand nous fmes sortis, savez -vous à quelle femme je vous présente? Ne vous figurez pas que c′ est à une duchesse, c′ est tout simplement à une femme entretenue, tout ce qu′ il y a de plus entretenue, mon cher; ne vous gênez donc pas, et dites tout ce qui vous passera par la tête. Ah ––continuó cuando hubimos salido––, ¿sabe usted a qué clase de mujer voy a presentarlo? No vaya a figurarse que es una duquesa, es simplemente una entretenida, y de lo más entretenida, querido amigo; así que no se ande con remilgos y diga todo lo que se le ocurra.
-Bien, bien, balbutiai -je, et je le suivis, en me disant que j′ allais me guérir de ma passion. ––Bueno, bueno ––balbuceé, y lo seguí, diciéndome que iba a curarme de mi pasión.
Quand j′ entrai dans la loge, Marguerite riait aux éclats. Cuando entré en el palco, Marguerite reía a carcajadas.
J′ aurais voulu qu′ elle ft triste. Yo hubiera querido que estuviera triste.
Mon ami me présenta. Marguerite me fit une légère inclination de tête, et dit: -Et mes bonbons? -Les voici. Mi amigo me presentó. Marguerite me hizo una ligera inclinación de cabeza y dijo: ––¿Y mis bombones? ––Aquí están.
En les prenant elle me regarda. Je baissai les yeux, je rougis. Al cogerlos, me miró. Bajé los ojos y enrojecí.
Elle se pencha à l′ oreille de sa voisine, lui dit quelques mots tout bas, et toutes deux éclatèrent de rire. Se inclinó al oído de su vecina, le dijo unas palabras en voz baja, y ambas rompieron a reír.
Bien certainement j′ étais la cause de cette hilarité; mon embarras en redoubla. à cette époque, j′ avais pour maîtresse une petite bourgeoise fort tendre et fort sentimentale, dont le sentiment et les lettres mélancoliques me faisaient rire. Con toda seguridad era yo la causa de aquella hilaridad; mi confusión aumentó. Por aquella época tenía yo por amante a una burguesita muy tierna y sentimental, cuyo sentimiento y melancólicas cartas me hacían reír.
Je compris le mal que j′ avais d lui faire par celui que j′ éprouvais, et pendant cinq minutes, je l′ aimai comme jamais on n′ aima une femme. Comprendí el daño que debía de hacerle por el que yo experimentaba, y durante cinco minutos la quise como nadie ha querido nunca a una mujer.
Marguerite mangeait ses raisins sans plus s′ occuper de moi. Marguerite comía las uvas sin preocuparse de mí.
Mon introducteur ne voulut pas me laisser dans cette position ridicule. Mi introductor no quiso dejarme en aquella ridícula posición.
-Marguerite, fit -il, il ne faut pas vous étonner si M Duval ne vous dit rien, vous le bouleversez tellement qu′ il ne trouve pas un mot. ––Marguerite ––dijo––, no se extrañe de que el señor Duval no le diga nada, pero es que lo tiene usted tan turbado, que no acierta a decir una palabra.
-Je crois plutôt que monsieur vous a accompagné ici parce que cela vous ennuyait d′ y venir seul. ––Más bien creo yo que el señor lo ha acompañado aquí porque a usted lo aburría venir solo.
-Si cela était vrai, dis -je à mon tour, je n′ aurais pas prié Ernest de vous demander la permission de me présenter. ––Si eso fuera cierto ––dije yo entonces––, no habría rogado a Ernest que le pidiera a usted permiso para presentarme.
-Ce n′ était peut -être qu′ un moyen de retarder le moment fatal. ––Quizá no fuera más que un modo de retrasar el momento fatal.
Pour peu que l′ on ait vécu avec les filles du genre de Marguerite, on sait le plaisir qu′ elles prennent à faire de l′ esprit à faux et à taquiner les gens qu′ elles voient pour la première fois. Por poco que uno haya vivido con chicas de la clase de Marguerite, sabe el placer que les causa dárselas de falsamente ingeniosas y embromar a la gente que ven por primera vez
C′ est sans doute une revanche des humiliations qu′ elles sont souvent forcées de subir de la part de ceux qu′ elles voient tous les jours. . Es sin duda un desquite por las humillaciones que a menudo se ven forzadas a sufrir por parte de los que las ven todos los días.
Aussi faut -il pour leur répondre une certaine habitude de leur monde, habitude que je n′ avais pas; puis, l′ idée que je m′ étais faite de Marguerite m′ exagéra sa plaisanterie. Rien ne m′ était indifférent de la part de cette femme. Así que para responderles hace falta estar un poco habituado a su mundillo, y yo no lo estaba; además la idea que me había hecho de Marguerite me hacía exagerar sus bromas.
Aussi je me levai en lui disant, avec une altération de voix qu′ il me fut impossible de cacher complétement: -Si c′ est là ce que vous pensez de moi, madame, il ne me reste plus qu′ à vous demander pardon de mon indiscrétion, et à prendre congé de vous en vous assurant qu′ elle ne se renouvellera pas. Nada de lo que viniera de aquella mujer me resultaba indiferente. Así que me levanté, diciéndole con una alteración de voz que me fue imposible de ocultar completamente: ––Si es eso lo que piensa usted de mí, señora, sólo me resta pedirle perdón por mi indiscreción y despedirme de usted, asegurándole que no volverá a repetirse.
Là -dessus, je saluai et je sortis. A continuación saludé y salí.
à peine eus -je fermé la porte, que j′ entendis un troisième éclat de rire. J′ aurais bien voulu que quelqu′ un me coudoyât en ce moment. Apenas hube cerrado la puerta, cuando oí la tercera carcajada. Me hubiera gustado que alguien me diera un codazo en aquel momento.
Je retournai à ma stalle. Volví a mi butaca.
On frappa le lever de la toile. Avisaron que iba a levantarse el telón.
Ernest revint auprès de moi. Ernest volvió a mi lado.
-Comme vous y allez! Me dit -il en s′ asseyant; elles vous croient fou. ––¡Cómo se ha puesto usted! ––me dijo al sentarse––. Creen que está usted loco.
-Qu′ a dit Marguerite, quand j′ ai été parti? -Elle a ri, et m′ a assuré qu′ elle n′ avait jamais rien vu d′ aussi drôle que vous. Mais il ne faut pas vous tenir pour battu; seulement ne faites pas à ces filles -là l′ honneur de les prendre au sérieux. Elles ne savent pas ce que c′ est que l′ élégance et la politesse; c′ est comme les chiens auxquels on met des parfums, ils trouvent que cela sent mauvais et vont se rouler dans le ruisseau. ––¿Qué ha dicho Marguerite cuando me he ido? ––Se ha reído y me ha asegurado que nunca había visto un tipo tan raro como usted. Pero no hay que darse pot vencido; lo único que tiene que hacer es no tomarse a esas chicas tan en serio. No saben lo que es la elegancia ni la cortesía; es como echar perfumes a––––los perros: creen que huelen mal y van a revolcarse en el arroyo.
-Après tout, que m′ importe? Dis -je en essayant de prendre un ton dégagé, je ne reverrai jamais cette femme, et si elle me plaisait avant que je la connusse, c′ est bien changé maintenant que je la connais. ––Después de todo, ¿a mí qué me importa? ––dije, intentando adoptar un tono desenvuelto––. No volveré a ver a esa mujer y, si me gustaba antes de conocerla, ha cambiado mucho la cosa ahora que la conozco.
-Bah! Je ne désespère pas de vous voir un jour dans le fond de sa loge, et d′ entendre dire que vous vous ruinez pour elle. Du reste, vous aurez raison, elle est mal élevée, mais c′ est une jolie maîtresse à avoir. ––¡Bah! No pierdo la esperanza de verlo un día al fondo de su palco ni de oír decir que está arruinándose por ella. Además, tiene usted razón: será una maleducada, pero merece la pena tener una amante tan bonita como ella.
Heureusement, on leva le rideau et mon ami se tut. Por suerte se alzó el telón y mi amigo se calló.
Vous dire ce que l′ on jouait me serait impossible. No podría decirle lo que estaban representando.
Tout ce que je me rappelle, c′ est que de temps en temps je levais les yeux sur la loge que j′ avais si brusquement quittée, et que des figures de visiteurs nouveaux s′ y succédaient à chaque instant. Todo lo que recuerdo es que de cuando en cuando levantaba los ojos hacia el palco que tan bruscamente había abandonado y que rostros de nuevos visitantes se sucedían allí a cada momento.
Cependant, j′ étais loin de ne plus penser à Marguerite. Un autre sentiment s′ emparait de moi. Sin embargo me hallaba lejos de haber dejado ––de pensar en Marguerite. Otro sentimiento estaba apoderándose de mí.
Il me semblait que j′ avais son insulte et mon ridicule à faire oublier; je me disais que, dussé -je y dépenser ce que je possédais, j′ aurais cette fille et prendrais de droit la place que j′ avais abandonnée si vite. Me parecía que tenía que olvidar su insulto y mi ridículo; me decía que, aunque tuviera que gastar lo que poseía, aquella chica sería mía y ocuparía pot derecho propio el sitio que tan rápidamente había abandonado.
Avant que le spectacle ft terminé, Marguerite et son amie quittèrent leur loge. Antes de que terminara el espectáculo, Marguerite y su amiga dejaron el palco.
Malgré moi, je quittai ma stalle. Sin querer también yo dejé mi butaca.
-Vous vous en allez? Me dit Ernest. ––¿Se va usted? ––me dijo Ernest.
-Oui. ––Sí.
-Pourquoi? En ce moment, il s′ aperçut que la loge était vide. ––¿Por qué? En aquel momento se dio cuenta de que el palco estaba vacío.
-Allez, allez, dit -il, et bonne chance, ou plutôt meilleure chance. ––Váyase, váyase ––dijo––, y buena suerte, o más bien, mejor suerte.
Je sortis. Salí.
J′ entendis dans l′ escalier des frôlements de robes et des bruits de voix. Je me mis à l′ écart et je vis passer, sans être vu, les deux femmes et les deux jeunes gens qui les accompagnaient. En la escalera oí roces de vestidos y rumor de voces. Me aparté y, sin ser visto, vi pasar a las dos mujeres y a los dos jóvenes que las acompañaban.
Sous le péristyle du théâtre se présenta à elles un petit domestique. Bajo el peristilo del teatro un botones se presentó ante ellas.
-Va dire au cocher d′ attendre à la porte du café anglais, dit Marguerite, nous irons à pied jusque -là. ––Ve a decir al cochero que espere a la puerta del Café Inglés ––dijo Marguerite––; iremos a pie hasta allí.
Quelques minutes après, en rôdant sur le boulevard, je vis à une fenêtre d′ un des grands cabinets du restaurant, Marguerite, appuyée sur le balcon, effeuillant un à un les camélias de son bouquet. Unos minutos después, rondando por el bulevar, vi a Marguerite a la ventana de uno de los grandes reservados del restaurante: apoyada en el alféizar, deshojaba una a una las camelias de su ramo.
Un des deux hommes était penché sur son épaule et lui parlait tout bas. Uno de los dos jóvenes estaba inclinado sobre su hombro y le hablaba en voz baja.
J′ allai m′ installer à la maison -d′ or, dans les salons du premier étage, et je ne perdis pas de vue la fenêtre en question. Me fui a la Maison––d′Or, me instalé en los salones del primer piso y no perdí de vista la ventana en cuestión.
à une heure du matin, Marguerite remontait dans sa voiture avec ses trois amis. A la una de la mañana Marguerite volvía a subir a su coche con sus tres amigos.
Je pris un cabriolet et je la suivis. Tomé un cabriolé y la seguí.
La voiture s′ arrêta rue d′ Antin, numéro 9. El coche se detuvo en la calle de Antin, número 9.
Marguerite en descendit et rentra seule chez elle. Marguerite se apeó y entró Bola en su casa.
C′ était sans doute un hasard, mais ce hasard me rendit bien heureux. Fue sin duda una casualidad, pero aquella casualidad me hizo muy dichoso.
à partir de ce jour, je rencontrai souvent Marguerite au spectacle, aux champs -élysées. Desde aquel día me encontré muchas veces con Marguerite en los espectáculos o en los Campos Elíseos.
Toujours même gaieté chez elle, toujours même émotion chez moi. Ella siempre con la misma alegría, yo siempre con la misma emoción.
Quinze jours se passèrent cependant sans que je la revisse nulle part. Je me trouvai avec Gaston à qui je demandai de ses nouvelles. Sin embargo pasaron quince días sin que volviera a verla en ningún sitio. Me encontré con Gastón, y le pedí noticias de ella.
-La pauvre fille est bien malade, me répondit -il. ––La pobre chica está muy enferma ––me respondió.
-Qu′ a -t -elle donc? -Elle a qu′ elle est poitrinaire, et que, comme elle a fait une vie qui n′ est pas destinée à la guérir, elle est dans son lit et qu′ elle se meurt. ––¿Pues qué tiene? ––Tiene que está tísica y que, como la vida que ha llevado no es la más adecuada para curarse, está en la cama y se muere.
Le coeur est étrange; je fus presque content de cette maladie. El corazón es extraño; casi me alegré de aquella enfermedad.
J′ allai tous les jours savoir des nouvelles de la malade, sans cependant m′ inscrire, ni laisser ma carte. J′ appris ainsi sa convalescence et son départ pour Bagnères. Todos los días iba a preguntar por ––la enferma, aunque sin escribir mi nombre ni dejar mi tarjeta. Así me enteré de su convalecencia y de su marcha a Bagnéres.
Puis, le temps s′ écoula, l′ impression, sinon le souvenir, parut s′ effacer peu à peu de mon esprit. Luego pasó el tiempo; la impresión, si no el recuerdo, pareció borrarse poco a poco de mi espíritu.
Je voyageai; des liaisons, des habitudes, des travaux prirent la place de cette pensée, et lorsque je songeais à cette première aventure, je ne voulais voir ici qu′ une de ces passions comme on en a lorsque l′ on est tout jeune, et dont on rit peu de temps après. Viajé; relaciones, hábitos, trabajos ocuparon el sitio de aquel pensamiento y, cuando pensaba en aquella primera aventura, no quería ver en ella más que una de esas pasiones que suele uno tener cuando es muy joven, y de que poco tiempo después se ríe uno.
Du reste, il n′ y aurait pas eu de mérite à triompher de ce souvenir, car j′ avais perdu Marguerite de vue depuis son départ, et, comme je vous l′ ai dit, quand elle passa près de moi, dans le corridor des variétés, je ne la reconnus pas. Por lo demás no tenía ningún mérito triunfar de aquel recuerdo, pues había perdido de vista a Marguerite desde su marcha y, como ya le he dicho, cuando pasó a mi lado en el pasillo del Variétés, no la conocí.
Elle était voilée, il est vrai; mais si voilée qu′ elle et été, deux ans plus tôt, je n′ aurais pas eu besoin de la voir pour la reconnaître: je l′ aurais devinée. Llevaba un velo, es cierto; pero, por más velos que hubiera llevado dos años antes, no habría tenido necesidad de verla para reconocerla: la habría adivinado.
Ce qui n′ empêcha pas mon coeur de battre quand je sus que c′ était elle; et les deux années passées sans la voir et les résultats que cette séparation avait paru amener s′ évanouirent dans la même fumée au seul toucher de sa robe. Lo que no impidió que mi corazón latiera cuando supe que era ella; y los dos años pasados sin verla y los resultados que aquella separación hubiera podido ocasionar se desvanecieron en la misma humareda con el solo rozar de su vestido.







CHAPITRE VIII

Capítulo VIII

Cependant, continua Armand après une pause, tout en comprenant que j′ étais encore amoureux, je me sentais plus fort qu′ autrefois, et dans mon désir de me retrouver avec Marguerite, il y avait aussi la volonté de lui faire voir que je lui étais devenu supérieur. Sin embargo ––continuó Armand tras una pausa––, aun comprendiendo que todavía estaba enamorado, me sentía más fuerte que entonces, y en mi deseo de volver a encontrarme con ella había también una voluntad de hacerle ver la superioridad que sobre ella había conseguido.
Que de routes prend et que de raisons se donne le coeur pour en arriver à ce qu′ il veut! Aussi, je ne pus rester longtemps dans les corridors, et je retournai prendre ma place à l′ orchestre, en jetant un coup d′ oeil rapide dans la salle, pour voir dans quelle loge elle était. ¡Con cuántos rodeos se anda el corazón y cuántas razones se da para llegar adonde quiere! Así que no pude quedarme mucho tiempo en los pasillos, y volví a mi sitio del patio de butacas, lanzando una ojeada rápida a la sala, para ver en qué palco estaba ella.
Elle était dans l′ avant -scène du rez -de -chaussée, et toute seule. Elle était changée, comme je vous l′ ai dit, je ne retrouvais plus sur sa bouche son sourire indifférent. Elle avait souffert, elle souffrait encore. Estaba en un palco proscenio de platea y completamente sola. Había cambiado mucho, como ya le he dicho, y ya no se veía en su boca aquella su sonrisa indiferente. Había sufrido, sufría aún.
Quoiqu′ on ft déjà en avril, elle était encore vêtue comme en hiver et toute couverte de velours. Aunque ya estábamos en abril, todavía iba vestida como en invierno y toda cubierta de terciopelo.
Je la regardais si obstinément que mon regard attira le sien. La miraba tan obstinadamente, que mi mirada acabó por atraer la suya.
Elle me considéra quelques instants, prit sa lorgnette pour mieux me voir, et crut sans doute me reconnaître, sans pouvoir positivement dire qui j′ étais, car lorsqu′ elle reposa sa lorgnette, un sourire, ce charmant salut des femmes, erra sur ses lèvres, pour répondre au salut qu′ elle avait l′ air d′ attendre de moi; mais je n′ y répondis point, comme pour prendre barres sur elle et paraître avoir oublié, quand elle se souvenait. Me observó unos instantes, tomó sus gemelos para verme mejor, y sin duda creyó reconocerme, sin poder decir positivamente quién era yo, pues, cuando volvió a dejar los gemelos, una sonrisa, ese encantador saludo de las mujeres, erró por sus labios para responder al saludo que parecía esperar de mí; pero yo no respondí, como para adquirir ventaja sobre ella y aparentar haberla olvidado cuando ella se acordaba de mí.
Elle crut s′ être trompée et détourna la tête. Creyó haberse equivocado y volvió la cabeza.
On leva le rideau. Se alzó el telón.
J′ ai vu bien des fois Marguerite au spectacle, je ne l′ ai jamais vue prêter la moindre attention à ce qu′ on jouait. He visto muchas veces a Marguerite en el teatro, pero nunca la he visto prestar la menor atención a lo que se representaba.
Quant à moi, le spectacle m′ intéressait aussi fort peu, et je ne m′ occupais que d′ elle, mais en faisant tous mes efforts pour qu′ elle ne s′ en aperçt pas. Por lo que a mí respecta, tampoco me interesaba mucho el espectáculo, y sólo me ocupaba de ella, pero haciendo todos los esfuerzos que podía para que no se diera cuenta.
Je la vis ainsi échanger des regards avec la personne occupant la loge en face de la sienne; je portai mes yeux sur cette loge, et je reconnus dedans une femme avec qui j′ étais assez familier. Y así la vi intercambiar miradas con la persona que ocupaba el palco frontero al suyo; dirigí los ojos hacia aquel palco, y en él reconocí a una mujer con la que había tenido yo bastante trato.
Cette femme était une ancienne femme entretenue, qui avait essayé d′ entrer au théâtre, qui n′ y avait pas réussi, et qui, comptant sur ses relations avec les élégantes de Paris, s′ était mise dans le commerce et avait pris un magasin de modes. Aquella mujer era una antigua entretenida, que había intentado entrar en el teatro, que no lo había conseguido, y que, valiéndose de sus relaciones con las elegantes de París, se había dedicado al comercio y había puesto una sombrerería de señoras.
Je vis en elle un moyen de me rencontrer avec Marguerite, et je profitai d′ un moment où elle regardait de mon côté pour lui dire bonsoir de la main et des yeux. Vi en ella un medio de encontrarme con Marguerite, y aproveché un momento en que miraba hacia mi lado para saludarla con la mano y con los ojos.
Ce que j′ avais prévu arriva, elle m′ appela dans sa loge. Sucedió lo que había previsto: me llamó a su palco.
Prudence Duvernoy, c′ était l′ heureux nom de la modiste, était une de ces grosses femmes de quarante ans avec lesquelles il n′ y a pas besoin d′ une grande diplomatie pour leur faire dire ce que l′ on veut savoir, surtout quand ce que l′ on veut savoir est aussi simple que ce que j′ avais à lui demander. Prudence Duvernoy ––que tal era el acertado nombre de–– la sombrerera–– era una de esas mujeres gordas de cuarenta años, con las que no hace falta tener mucha diplomacia para que lo digan lo que quieres saber, sobre todo cuando lo que quieres saber es tan sencillo como lo que yo tenía que preguntarle.
Je profitai d′ un moment où elle recommençait ses correspondances avec Marguerite pour lui dire: -Qui regardez -vous ainsi? -Marguerite Gautier. Aproveché un momento en que ella volvía a empezar su intercambio de señas con Marguerite para decirle: ––¿A quién está usted mirando de ese modo? ––A Marguerite Gautier.
-Vous la connaissez? -Oui; je suis sa modiste, et elle est ma voisine. ––¿La conoce? ––Sí; soy su sombrerera, y ella es mi vecina.
-Vous demeurez donc rue d′ Antin? -Numéro 7. La fenêtre de son cabinet de toilette donne sur la fenêtre du mien. ––¿Entonces vive usted en la calle de Antin? ––En el número 7. La ventana de su cuarto de aseo da a la ventana del mío.
-On dit que c′ est une charmante fille. ––Dicen que es una chica encantadora.
-Vous ne la connaissez pas? -Non, mais je voudrais bien la connaître. ––¿No la conoce? ––No, pero me gustaría conocerla.
-Voulez -vous que je lui dise de venir dans notre loge? -Non, j′ aime mieux que vous me présentiez à elle. ––¿Quiere que le diga que venga a nuestro palco? ––No, prefiero que me presente usted a ella.
-Chez elle? -Oui. ––¿En su casa? ––Sí.
-C′ est plus difficile. ––Es más difícil.
-Pourquoi? -Parce qu′ elle est protégée par un vieux duc très jaloux. ––¿Por qué? ––Porque es la protegida de un viejo duque muy celoso.
- protégée est charmant. ––Protegida: es encantador.
-Oui, protégée, reprit Prudence. Le pauvre vieux, il serait bien embarrassé d′ être son amant. ––Sí, protegida ––prosiguió Prudence––. El pobre viejo se vería muy apurado para ser su amante.
Prudence me raconta alors comment Marguerite avait fait connaissance du duc à Bagnères. Prudence me contó entonces cómo Marguerite había conocido al duque en Bagnéres.
-C′ est pour cela, continuai -je, qu′ elle est seule ici? -Justement. ––¿Por eso está aquí sola? ––continué. Justamente.
-Mais, qui la reconduira? -Lui. ––Pero ¿quién la acompañará? ––El.
-Il va donc venir la prendre? -Dans un instant. ––¿Entonces va a venir a recogerla? ––Dentro de un momento.
-Et vous, qui vous reconduit? -Personne. ––¿Y a usted quién la acompañará? ––Nadie.
-Je m′ offre. ––Me ofrezco.
-Mais vous êtes avec un ami, je crois. ––Pero creo que está usted con un amigo.
-Nous nous offrons alors. ––Entonces nos ofrecemos los dos.
-Qu′ est -ce que c′ est que votre ami? -C′ est un charmant garçon, fort spirituel, et qui sera enchanté de faire votre connaissance. ––¿Qué amigo es ése? ––Es un muchacho simpático, muy ingenioso, y que estará encantado de conocerla.
-Eh bien, c′ est convenu, nous partirons tous les quatre après cette pièce, car je connais la dernière. ––Bueno, de acuerdo; saldremos los cuatro después de esta pieza, pues ya conozco la última.
-Volontiers, je vais prévenir mon ami. ––Con mucho gusto; voy a avisar a mi amigo.
-Allez. ––Hala, vaya...
-Ah! Me dit Prudence au moment où j′ allais sortir, voilà le duc qui entre dans la loge de Marguerite. ¡Ah! ––me dijo Prudence en el momento en que yo iba a salir––, ahí tiene al duque, que entra en el palco de Marguerite.
Je regardai. Miré.
Un homme de soixante -dix ans, en effet, venait de s′ asseoir derrière la jeune femme et lui remettait un sac de bonbons dans lequel elle puisa aussitôt en souriant, puis elle l′ avança sur le devant de sa loge en faisant à Prudence un signe qui pouvait se traduire par: -En voulez -vous? -Non, fit Prudence. En efecto, un hombre de setenta años acababa de sentarse detrás de la joven y le daba una bolsa de bombones, de la que ella en seguida sacó uno sonriendo, y luego lo alargó por encima del antepecho de su palco, haciendo a Prudence una seña que podía traducirse por: ––¿Quiere? ––No ––dijo Prudence.
Marguerite reprit le sac et, se retournant, se mit à causer avec le duc. Marguerite recogió la bolsa y, volviéndose, se puso a charlar con el duque.
Le récit de tous ces détails ressemble à de l′ enfantillage, mais tout ce qui avait rapport à cette fille est si présent à ma mémoire, que je ne puis m′ empêcher de le rappeler aujourd′ hui. El relato de todos estos detalles parece una niñería, pero todo cuanto tenía relación con aquella chica está tan presente en mi memoria, que no puedo dejar de recordarlo hoy.
Je descendis prévenir Gaston de ce que je venais d′ arranger pour lui et pour moi. Bajé para avisar a Gastón de lo que acababa de disponer para él y para mí.
Il accepta. Aceptó.
Nous quittâmes nos stalles pour monter dans la loge de Madame Duvernoy. Dejamos nuestras butacas para subir al palco de la señora Duvernoy.
à peine avions -nous ouvert la porte des orchestres que nous fmes forcés de nous arrêter pour laisser passer Marguerite et le duc qui s′ en allaient. Apenas habíamos abierto la puerta del patio de butacas, cuando nos vimos obligados a detenernos para dejar pasar a Marguerite y al duque, que se iban.
J′ aurais donné dix ans de ma vie pour être à la place de ce vieux bonhomme. Hubiera dado diez años de mi vida por estar en el sitio del buen viejo.
Arrivé sur le boulevard, il lui fit prendre place dans un phaéton qu′ il conduisait lui -même, et ils disparurent emportés au trot de deux superbes chevaux. Una vez que llegaron al bulevar, la ayudó a acomodarse en un faetón que conducía él mismo, y desaparecieron, llevados al trote por dos soberbios caballos.
Nous entrâmes dans la loge de Prudence. Entramos en el palco de Prudence.
Quand la pièce fut finie, nous descendîmes prendre un simple fiacre qui nous conduisit rue d′ Antin numéro 7. à la porte de sa maison, Prudence nous offrit de monter chez elle pour nous faire voir ses magasins que nous ne connaissions pas et dont elle paraissait être très fière. Vous jugez avec quel empressement j′ acceptai. Cuando hubo terminado la pieza, bajamos y tomamos un simple simón, que nos condujo hasta la calle de Antin, número 7. A la puerta de su casa Prudence nos invitó a subir para enseñarnos su tienda, que no conocíamos y de la que ella parecía sentirse muy orgullosa. Puede usted imaginarse la rapidez con que acepté.
Il me semblait que je me rapprochais peu à peu de Marguerite. J′ eus bientôt fait retomber la conversation sur elle. Me parecía que iba acercándome poco a poco a Marguerite. Pronto conseguí que la conversación recayera sobre ella.
-Le vieux duc est chez votre voisine? Dis -je à Prudence. ––¿Está el viejo duque en casa de su vecina? ––dije a Prudence.
-Non pas; elle doit être seule. ––No; ya estará sola.
-Mais elle va s′ ennuyer horriblement, dit Gaston. ––Pero entonces va a aburrirse horriblemente ––dijo Gastón.
-Nous passons presque toutes nos soirées ensemble, ou, lorsqu′ elle rentre, elle m′ appelle. Elle ne se couche jamais avant deux heures du matin. Elle ne peut pas dormir plus tôt. ––Solemos pasar juntas casi todas las veladas, o, si no, cuando vuelve, me llama. Nunca se acuesta antes de las dos de la mañana. No puede dormirse más pronto.
-Pourquoi? -Parce qu′ elle est malade de la poitrine et qu′ elle a presque toujours la fièvre. ––¿Por qué? ––Porque está enferma del pecho y casi siempre tiene fiebre.
-Elle n′ a pas d′ amants? Demandai -je. ––¿No tiene amantes? ––pregunté.
-Je ne vois jamais personne rester quand je m′ en vais; mais je ne réponds pas qu′ il ne vient personne quand je suis partie; souvent je rencontre chez elle, le soir, un certain comte de N... qui croit avancer ses affaires en faisant ses visites à onze heures, en lui envoyant des bijoux tant qu′ elle en veut; mais elle ne peut pas le voir en peinture. Elle a tort, c′ est un garçon très riche. J′ ai beau lui dire de temps en temps: ma chère enfant, c′ est l′ homme qu′ il vous faut! Elle qui m′ écoute assez ordinairement, elle me tourne le dos et me répond qu′ il est trop bête. ––Nunca veo que nadie se quede cuando yo me voy; pero no puedo asegurar que no venga nadie cuando ya me he ido; con frecuencia me encuentro por la noche en su casa con un tal conde de N..., que cree ganar terreno en sus lances visitándola a las once y enviándole todas las joyas que quiera; pero ella no puede verlo ni en pintura. Comete un error, pues es un muchacho muy rico. Por más que le digo de cuando en cuando: «¡Ese es el hombre que le conviene, hija mía!», ella, que ordinariamente me hace bastante caso, me vuelve la espalda y me responde qué es tonto.
Qu′ il soit bête, j′ en conviens; mais ce serait pour elle une position, tandis que ce vieux duc peut mourir d′ un jour à l′ autre. Les vieillards sont égoes; sa famille lui reproche sans cesse son affection pour Marguerite: voilà deux raisons pour qu′ il ne lui laisse rien. Je lui fais de la morale, à laquelle elle répond qu′ il sera toujours temps de prendre le comte à la mort du duc. Estoy de acuerdo en que es tonto, pero le proporcionaría una posición, mientras que el viejo duque puede morirse cualquier día. Los ancianos son egoístas; su familia le reprocha sin cesar su afecto por Marguerite: he ahí dos razones para que no le deje nada. Yo la sermoneo, pero ella responde que siempre habrá tiempo de tomar al conde a la muerte del duque.
Cela n′ est pas toujours drôle, continua Prudence, de vivre comme elle vit. Je sais bien, moi, que cela ne m′ irait pas et que j′ enverrais bien vite promener le bonhomme. Il est insipide, ce vieux; il l′ appelle sa fille, il a soin d′ elle comme d′ un enfant, il est toujours sur son dos. Je suis sre qu′ à cette heure un de ses domestiques rôde dans la rue pour voir qui sort, et surtout qui entre. No resulta tan divertido ––continuó Prudence–– vivir como ella vive. Sé que a mí eso no me iría y que bien pronto enviaría a paseo al buen señor. Es uñ viejo insípido; la llama hija, la cuida como a una niña, siempre anda detrás de ella. Estoy segura de que a estas horas uno de sus criados ronda la calle para ver quién sale, y sobre todo quién entra.
-Ah! Cette pauvre Marguerite! Dit Gaston en se mettant au piano et en jouant une valse, je ne savais pas cela, moi. Cependant je lui trouvais l′ air moins gai depuis quelque temps. ––¡Ah, pobre Marguerite! ––dijo Gastón, poniéndose al piano y tocando un vals––. Yo no sabía eso. Y sin embargo ya hacía algún tiempo que me parecía menos alegre.
-Chut! Dit Prudence en prêtant l′ oreille. ––¡Chist! ––dijo Prudence aguzando el oído.
Gaston s′ arrêta. Gastón dejó de tocar.
-Elle m′ appelle, je crois. ––Creo que me llama.
Nous écoutâmes. Escuchamos.
En effet, une voix appelait Prudence. En efecto, una voz llamaba a Prudence.
-Allons, messieurs, allez -vous -en, nous dit Madame Duvernoy. ––Hala, caballeros, váyanse ––nos dijo la señora Duvernoy.
-Ah! C′ est comme cela que vous entendez l′ hospitalité, dit Gaston en riant, nous nous en irons quand bon nous semblera. ––¡Ahl ––dijo Gastón riendo––, ¿es así como entiende usted la hospitalidad? Nos iremos cuando nos parezca bien.
-Pourquoi nous en irions -nous? -Je vais chez Marguerite. ––¿Por qué tenemos que irnos? ––Voy a ver a Marguerite.
-Nous attendrons ici. ––Esperaremos aquí.
-Cela ne se peut pas. ––Eso no puede ser.
-Alors, nous irons avec vous. ––Entonces iremos con usted.
-Encore moins. ––Menos aún.
-Je connais Marguerite, moi, fit Gaston, je puis bien aller lui faire une visite. ––Yo conozco a Marguerite ––dijo Gaston––, y bien puedo ir a hacerle una visita.
-Mais Armand ne la connaît pas. ––Pero Armand no la conoce.
-Je le présenterai. Yo se lo presentaré.
-C′ est impossible. ––Es imposible.
Nous entendîmes de nouveau la voix de Marguerite appelant toujours Prudence. Volvimos a oír la voz de Marguerite, que seguía llamando a Prudence.
Celle -ci courut à son cabinet de toilette. Je l′ y suivis avec Gaston. Elle ouvrit la fenêtre. Esta corrió a su cuarto de asco. La seguí hasta allí con Gastón. Abrió la ventana.
Nous nous cachâmes de façon à ne pas être vus du dehors. Nos escondimos de forma que no se nos viera desde fuera.
-Il y a dix minutes que je vous appelle, dit Marguerite de sa fenêtre et d′ un ton presque impérieux. ––Llevo llamándola diez minutos ––dijo Marguerite desde su ventana y con un tono casi imperioso.
-Que me voulez -vous? -Je veux que vous veniez tout de suite. ––¿Qué quiere? ––Quiero que venga en seguida.
-Pourquoi? -Parce que le comte de N... est encore là et qu′ il m′ ennuie à périr. ––¿Por qué? ––Porque el conde de N... está aquí todavía y me está aburriendo mortalmente.
-Je ne peux pas maintenant. ––No puedo ir ahora.
-Qui vous en empêche? -J′ ai chez moi deux jeunes gens qui ne veulent pas s′ en aller. ––¿Quién se lo impide? ––Tengo en casa a dos jóvenes que no quieren irse.
-Dites -leur qu′ il faut que vous sortiez. ––Dígales que tiene usted que salir.
-Je le leur ai dit. ––Ya se lo he dicho.
-Eh bien, laissez -les chez vous; quand ils vous verront sortie, ils s′ en iront. ––Bueno, pues déjelos ahí; cuando la vean salir, se irán.
-Après avoir mis tout sens dessus dessous! -Mais qu′ est -ce qu′ ils veulent? -Ils veulent vous voir. ––¡Después de ponerlo todo patas arriba! ––¿Pero qué quieren? ––Quieren verla.
-Comment se nomment -ils? -Vous en connaissez un, M Gaston R... ––¿Cómo se llaman? ––Al uno lo conoce usted, Gastón R...
-Ah! Oui, je le connais; et l′ autre? -M Armand Duval. Vous ne le connaissez pas? -Non; mais amenez -les toujours, j′ aime mieux tout que le comte. Je vous attends, venez vite. ––¡Ah, sí! Ya sé quién es. ¿Y el otro? ––Armand Duval. ¿No lo conoce? ––No; pero, ande, tráigaselos; cualquier cosa antes que el conde. Los espero, vengan en seguida.
Marguerite referma sa fenêtre, Prudence la sienne. Marguerite volvió a cerrar su ventana y Prudence la suya.
Marguerite, qui s′ était un instant rappelé mon visage, ne se rappelait pas mon nom. J′ aurais mieux aimé un souvenir à mon désavantage que cet oubli. Marguerite, que por un momento se había acordado de mi rostro, no se acordaba de mi nombre. Hubiera preferido un recuerdo desfavorable antes que aquel olvido.
-Je savais bien, dit Gaston, qu′ elle serait enchantée de nous voir. ––Ya sabía yo ––dijo Gastón–– que estaría encantada de vernos.
-Enchantée n′ est pas le mot, répondit Prudence en mettant son châle et son chapeau, elle vous reçoit pour faire partir le comte. Tâchez d′ être plus aimables que lui, ou, je connais Marguerite, elle se brouillera avec moi. ––Encantada no es la palabra ––respondió Prudence, poniéndose su chal y su sombrero––. Los recibe a ustedes para obligar al conde a que se vaya. Traten de ser más amables que él porque, si no, conozco a Marguerite y sé que se enfadará conmigo.
Nous suivîmes Prudence qui descendait. Seguimos a Prudence mientras bajaba.
Je tremblais; il me semblait que cette visite allait avoir une grande influence sur ma vie. Yo temblaba; me parecía que aquella visita iba a tener una gran influencia en mi vida.
J′ étais encore plus ému que le soir de ma présentation dans la loge de l′ opéra -comique. Estaba aún más emocionado que la noche de mi presentación en el palco de la Opera Cómica.
En arrivant à la porte de l′ appartement que vous connaissez, le coeur me battait si fort que la pensée m′ échappait. Al llegar a la puerta del piso que ya conoce usted, me latía con tanta fuerza el corazón, que era incapaz de controlar mis pensamientos.
Quelques accords de piano arrivaient jusqu′ à nous. Hasta nosotros llegaron unos acordes de piano.
Prudence sonna. Prudence llamó.
Le piano se tut. El piano se calló.
Une femme qui avait plutôt l′ air d′ une dame de compagnie que d′ une femme de chambre vint nous ouvrir. Una mujer con aspecto de dama de compañía más que de doncella fue a abrirnos.
Nous passâmes dans le salon, du salon dans le boudoir qui était à cette époque ce que vous l′ avez vu depuis. Pasamos al salón, y del salón al gabinete, que en aquella época estaba tal como lo vio usted después.
Un jeune homme était appuyé contre la cheminée. Un joven estaba apoyado contra la chimenea.
Marguerite, assise devant son piano, laissait courir ses doigts sur les touches, et commençait des morceaux qu′ elle n′ achevait pas. Marguerite, sentada ante el piano, dejaba correr sus dedos por las teclas, y empezaba fragmentos que no terminaba.
L′ aspect de cette scène était l′ ennui, résultant pour l′ homme de l′ embarras de sa nullité, pour la femme de la visite de ce lugubre personnage. Aquella escena ofrecía un cariz de aburrimiento, que en el hombre era producto de lo incómodo de su nulidad, y en la mujer, de la visita de aquel lúgubre personaje.
À la voix de Prudence, Marguerite se leva, et venant à nous après avoir échangé un regard de remerciements avec Madame Duvernoy, elle nous dit: -Entrez, messieurs, et soyez les bienvenus. Al oír la voz de Prudence, Marguerite se levantó y, acercándose a nosotros tras cambiar una mirada de agradecimiento con la señora Duvernoy, nos dijo: ––Pasen, caballeros, y bienvenidos.







CHAPITRE IX

Capítulo IX

-Bonsoir, mon cher Gaston, dit Marguerite à mon compagnon, je suis bien aise de vous voir. Buenas noches, querido Gastón ––dijo Marguerite a mi compañero––. Me alegro mucho de verlo.
Pourquoi n′ êtes -vous pas entré dans ma loge aux variétés? -Je craignais d′ être indiscret. ¿Por qué no ha entrado usted en mi palco del Variétés? ––Temía ser indiscreto.
-Les amis, et Marguerite appuya sur ce mot, comme si elle et voulu faire comprendre à ceux qui étaient là que malgré la façon familière dont elle l′ accueillait, Gaston n′ était et n′ avait toujours été qu′ un ami, les amis ne sont jamais indiscrets. ––Los amigos ––y Marguerite hizo hincapié en esa palabra, como si quisiera dar a entender a los presentes que, pese a la familiaridad con que ella lo recibía, Gastón no era ni había sido nunca más que un amigo––, los amigos nunca son indiscretos.
-Alors, vous me permettez de vous présenter M Armand Duval! -J′ avais déjà autorisé Prudence à le faire. ––Entonces, ¿me permite usted que le presente a Armand Duval?
-Du reste, madame, dis -je alors en m′ inclinant et en parvenant à rendre des sons à peu près intelligibles, j′ ai déjà eu l′ honneur de vous être présenté. ––Además, señora ––dije entonces, inclinándome y consiguiendo a duras penas emitir sonidos inteligibles––, ya tuve el honor de serle presentado.
L′ oeil charmant de Marguerite sembla chercher dans son souvenir, mais elle ne se souvint point, ou parut ne point se souvenir. Los ojos encantadores de Marguerite parecieron buscar en su recuerdo, pero no recordó o pareció no recordar.
-Madame, repris -je alors, je vous suis reconnaissant d′ avoir oublié cette première présentation, car j′ y fus très ridicule et dus vous paraître très ennuyeux. C′ était, il y a deux ans, à l′ opéra -comique; j′ étais avec Ernest De... ––Señora ––prosegu햖, le agradezco mucho que haya olvidado aquella primera presentación, pues estuve muy ridículo y debí de parecerle muy aburrido. Fue hace dos años en la Opera Cómica; yo estaba con Ernest de....
-Ah! Je me rappelle! Reprit Marguerite avec un sourire. Ce n′ est pas vous qui étiez ridicule, c′ est moi qui étais taquine, comme je le suis encore un peu, mais moins cependant. Vous m′ avez pardonné, monsieur? Et elle me tendit sa main que je baisai. ––¡Ah, ya recuerdo! ––repuso Marguerite con una sonrisa––. Pero no estuvo usted ridículo; fui yo la que me puse en plan bromista, como aún sigo haciendo a veces, aunque menos. ¿Me ha perdonado usted? Me tendió su mano, y yo se la besé.
-C′ est vrai, reprit -elle. Figurez -vous que j′ ai la mauvaise habitude de vouloir embarrasser les gens que je vois pour la première fois. C′ est très sot. ––Es cierto ––prosiguió––. Imagínese, tengo la mala costumbre de querer poner en aprietos a la gente que veo por primera vez. Es una estupidez.
Mon médecin dit que c′ est parce que je suis nerveuse et toujours souffrante: croyez mon médecin. Mi médico dice que es porque soy nerviosa y estoy siempre delicada: crea a mi médico.
-Mais vous paraissez très bien portante. Pues tiene usted muy buen aspecto.
-Oh! J′ ai été bien malade. ––¡Oh, he estado muy enferma!
-Je le sais. Ya lo sé.
-Qui vous l′ a dit? -Tout le monde le savait; je suis venu souvent savoir de vos nouvelles, et j′ ai appris avec plaisir votre convalescence. ––¿Quién se lo ha dicho? ––Todo el mundo lo sabía; vine con frecuencia a preguntar por usted, y me alegré mucho cuando me enteré de su convalecencia.
-On ne m′ a jamais remis votre carte. ––No me han entregado nunca su tarjeta.
-Je ne l′ ai jamais laissée. ––No la dejé nunca.
-Serait -ce vous ce jeune homme qui venait tous les jours s′ informer de moi pendant ma maladie, et qui n′ a jamais voulu dire son nom? -C′ est moi. ––¿No será usted el joven que venía a preguntar por mí todos los días durante mi enfermedad y que nunca quiso dejar su nombre? ––Yo soy.
-Alors, vous êtes plus qu′ indulgent, vous êtes généreux. Ce n′ est pas vous, comte, qui auriez fait cela, ajouta -t -elle en se tournant vers M De N..., et après avoir jeté sur moi un de ces regards par lesquels les femmes complètent leur opinion sur un homme. ––Entonces es usted más que indulgente, es generoso. Usted, conde, no hubiera hecho eso ––añadió, volviéndose hacia el señor de N..., tras haberme lanzado una de esas miradas con las que las mujeres completan su opinión sobre un hombre.
-Je ne vous connais que depuis deux mois, répliqua le comte. ––Sólo hace dos meses que la conozco ––replicó el conde.
-Et monsieur qui ne me connaît que depuis cinq minutes. Vous répondez toujours des niaiseries. ––Y el señor sólo hace cinco minutos que me conoce. No dice usted más que tonterías.
Les femmes sont impitoyables avec les gens qu′ elles n′ aiment pas. Las mujeres son despiadadas con las personas que no son de su agrado.
Le comte rougit et se mordit les lèvres. El coride enrojeció y se mordió los labios.
J′ eus pitié de lui, car il paraissait être amoureux comme moi, et la dure franchise de Marguerite devait le rendre bien malheureux, surtout en présence de deux étrangers. Sentí piedad por él, pues parecía estar enamorado como yo, y lá dura franqueza de Marguerite debía de hacerle muy desgraciado, sobre todo en presencia de dos extraños.
-Vous faisiez de la musique quand nous sommes entrés, dis -je alors pour changer la conversation, ne me ferez -vous pas le plaisir de me traiter en vieille connaissance, et ne continuerez -vous pas? -Oh! Fit -elle en se jetant sur le canapé et en nous faisant signe de nous y asseoir, Gaston sait bien quel genre de musique je fais. C′ est bon quand je suis seule avec le comte, mais je ne voudrais pas vous faire endurer pareil supplice. ––Estaba usted tocando cuando hemos entrado ––––dije entonces para cambiar de conversación––. ¿No quiere usted darme el gusto de tratarme como a un viejo conocido y continuar tocando? ––¡Oh! ––dijo, echándose en el canapé a invitándonos con un gesto a sentarnos––. Gaston sabe perfectamente qué clase de música toco. Cuando estoy sola con el conde, vale, pero no quisiera que ustedes tuvieran que soportar semejante suplicio.
-Vous avez cette préférence pour moi? Répliqua M De N... avec un sourire qu′ il essaya de rendre fin et ironique. ––¿Tiene usted esa preferencia por mí? ––replicó el señor de N... con una sonrisa que tenía pretensiones de ser sutil a irónica.
-Vous avez tort de me la reprocher; c′ est la seule. ––Se equivoca usted al reprochármela: es la única.
Il était décidé que ce pauvre garçon ne dirait pas un mot. Il jeta sur la jeune femme un regard vraiment suppliant. Estaba decidido que aquel pobre muchacho no dijera una palabra. Lanzó a la joven una mirada realmente suplicante.
-Dites donc, Prudence, continua -t -elle, avez -vous fait ce que je vous avais priée de faire? -Oui. ––Dígame, Prudence ––continuó ella––, ¿ha hecho usted lo que le rogué? ––Sí.
-C′ est bien, vous me conterez cela plus tard. ––Está bien, ya me lo contará más tarde.
Nous avons à causer, vous ne vous en irez pas sans que je vous parle. Tenemos que charlar; no se vaya sin hablar conmigo.
-Nous sommes sans doute indiscrets, dis -je alors, et maintenant que nous avons ou plutôt que j′ ai obtenu une seconde présentation pour faire oublier la première, nous allons nous retirer, Gaston et moi. ––Creo que hemos sido un poco indiscretos ––dije yo entonces––, y ahora que ya hemos, o mejor dicho he obtenido una segunda presentación para hacer olvidar la primera, Gaston y yo vamos a retirarnos.
-Pas le moins du monde; ce n′ est pas pour vous que je dis cela. Je veux au contraire que vous restiez. ––¡Ni hablar de eso! No lo he dicho por ustedes. Al contrario, quiero que se queden.
Le comte tira une montre fort élégante, à laquelle il regarda l′ heure: -Il est temps que j′ aille au club, dit -il. El conde sacó un reloj muy elegante y miró la hora: ––Ya es hora de que me vaya al club ––dijo.
Marguerite ne répondit rien. Marguerite no respondió.
Le comte quitta alors la cheminée, et venant à elle: -Adieu, madame. El conde se separó entonces de la chimenea y, dirigiéndose a ella: ––Adiós, señora.
Marguerite se leva. Marguerite se levantó.
-Adieu, mon cher comte, vous vous en allez déjà? -Oui, je crains de vous ennuyer. ––Adiós, querido conde, ¿ya se va usted? ––Sí, me temo que estoy aburriéndola.
-Vous ne m′ ennuyez pas plus aujourd′ hui que les autres jours. Quand vous verra -t -on? -Quand vous le permettrez. ––No me aburre usted hoy más que otros días. ¿Cuándo volveremos a verlo? ––Cuando usted me lo permita.
-Adieu, alors! C′ était cruel, vous l′ avouerez. ––¡Entonces, adiós! Reconocerá usted que aquello era cruel.
Le comte avait heureusement une fort bonne éducation et un excellent caractère. Il se contenta de baiser la main que Marguerite lui tendait assez nonchalamment, et de sortir après nous avoir salués. Por suerte el conde tenía muy buena educación y un carácter excelente. Se contentó con besar la mano que Marguerite le tendía con no poca indolencia, y salió tras habernos saludado.
Au moment où il franchissait la porte, il regarda Prudence. En el momento en que franqueaba la puerta miró a Prudence.
Celle -ci leva les épaules d′ un air qui signifiait: -Que voulez -vous j′ ai fait tout ce que j′ ai pu. Esta se encogió de hombros con un aire que parecía significar: «¿Qué quiere usted? He hecho todo lo que he podido».
-Nanine! Cria Marguerite, éclaire m le comte. ––¡Nanine! ––gritó Marguerite––. Alumbra al señor conde.
Nous entendîmes ouvrir et fermer la porte. Oímos abrir y cerrar la puerta.
-Enfin! S′ écria Marguerite en reparaissant, le voilà parti; ce garçon -là me porte horriblement sur les nerfs. ––¡Por fin se ha ido! ––exclamó Marguerite, volviendo a aparecer––. Ese muchacho me pone los nervios de punta.
-Ma chère enfant, dit Prudence, vous êtes vraiment trop méchante avec lui, lui qui est si bon et si prévenant pour vous. Voilà encore sur votre cheminée une montre qu′ il vous a donnée, et qui lui a coté au moins mille écus, j′ en suis sre. ––Hija mía ––dijo Prudence––, hay que ver lo mala que es usted con él, con lo bueno y atento que es él con usted. Sin ir más lejos, ahí tiene en la chimenea ese reloj que le ha dado, y que estoy segura de que le ha costado mil escudos por lo menos.
Et Madame Duvernoy, qui s′ était approchée de la cheminée, jouait avec le bijou dont elle parlait, et jetait dessus des regards de convoitise. Y la señora Duvernoy, que se había acercado a la chimenea, 3 jugueteaba con la joya de que hablaba mientras le lanzaba miradas codiciosas.
-Ma chère, dit Marguerite en s′ asseyant à son piano quand je pèse d′ un côté ce qu′ il me donne et de l′ autre ce qu′ il me dit, je trouve que je lui passe ses visites bon marché. ––Amiga mía ––dijo Marguerite, sentándose al piano––, cuando sopeso por un lado lo que me da y por otro lo que me dice, aún me parece que sus visitas le salen baratas.
-Ce pauvre garçon est amoureux de vous. ––El pobre muchacho está enamorado de usted.
-S′ il fallait que j′ écoutasse tous ceux qui sont amoureux de moi, je n′ aurais seulement pas le temps de dîner. ––Si tuviera que escuchar a todos los, que están enamorados den mí, no tendría tiempo ni para cenar.
Et elle fit courir ses doigts sur le piano, après quoi se retournant elle nous dit: -Voulez -vous prendre quelque chose? Moi, je boirais bien un peu de punch. Y dejó correr sus dedos por el piano, tras lo cual, volviéndose hacia nosotros, nos dijo: ––¿Quieren tomar algo? Yo beberla con gusto un poco de ponche.
-Et moi, je mangerais bien un peu de poulet, dit Prudence; si nous soupions? -C′ est cela, allons souper, dit Gaston. ––Y yo comería con gusto un poco de pollo ––––dijo Prudence ¿Y si cenáramos? ––Eso es, vámonos a cenar ––dijo Gastón.
-Non, nous allons souper ici. ––No, vamos a cenar aquí.
Elle sonna. Nanine parut. Llamó. Apareció Nanine.
-Envoie chercher à souper. ––Di que vayan a buscar algo de cenar.
-Que faut -il prendre? -Ce que tu voudras, mais tout de suite, tout de suite. ––¿Qué hay que traer? ––Lo que quieras, pero en seguida, en seguida.
Nanine sortit. Nanine salió.
-C′ est cela, dit Marguerite en sautant comme une enfant, nous allons souper. Que cet imbécile de comte est ennuyeux! Plus je voyais cette femme, plus elle m′ enchantait. ––Eso es ––dijo Marguerite, saltando como una niña––, vamos a cenar. ¡Mira que es aburrido ese imbécil del conde! Cuanto más veía a aquella mujer, más me encantaba.
Elle était belle à ravir. Sa maigreur même était une grâce. Era hermosa hasta dejarlo de sobra. Incluso su delgadez era una gracia.
J′ étais en contemplation. Yo la contemplaba arrobado.
Ce qui se passait en moi, j′ aurais peine à l′ expliquer. J′ étais plein d′ indulgence pour sa vie, plein d′ admiration pour sa beauté. Cette preuve de désintéressement qu′ elle donnait en n′ acceptant pas un homme jeune, élégant et riche, tout prêt à se ruiner pour elle, excusait à mes yeux toutes ses fautes passées. Apenas puedo explicar lo que me ocurría. Me sentía lleno de indulgencia hacia su vida, lleno de admiración por su belleza. La prueba de desinterés que daba no aceptando a un hombre joven, elegante y rico, dispuesto a arruinarse por ella, excusaba a mis ojos todas sus faltas pasadas.
Il y avait dans cette femme quelque chose comme de la candeur. Había en aquella mujer algo como una especie de candor.
On voyait qu′ elle en était encore à la virginité du vice. Sa marche assurée, sa taille souple, ses narines roses et ouvertes, ses grands yeux légèrement cerclés de bleu, dénotaient une de ces natures ardentes qui répandent autour d′ elles un parfum de volupté, comme ces flacons d′ Orient qui, si bien fermés qu′ ils soient, laissent échapper le parfum de la liqueur qu′ ils renferment. Se veía que aún estaba en la virginidad del vicio. Su paso seguro, su talle flexible, las ventanillas de su nariz rosadas y abiertas, sus grandes ojos ligeramente circundados de azul, denotaban una de eras naturalezas ardientes que esparcen a su alrededor un perfume de voluptuosidad, como esos &ascos de Oriente que, por bien cerrados que estén, dejan escapar el perfume del licor que contienen.
Enfin, soit nature, soit conséquence de son état maladif, il passait de temps en temps dans les yeux de cette femme des éclairs de désirs dont l′ expansion et été une révélation du ciel pour celui qu′ elle et aimé. Mais ceux qui avaient aimé Marguerite ne se comptaient plus, et ceux qu′ elle avait aimés ne se comptaient pas encore. En fin, fuera por naturaleza, fuera consecuencia de su estado enfermizo, de cuando en cuando pasaban por los ojos de aquella mujer destellos de deseo, cuya expansión hubiera sido una revelación del cielo para quien ella hubiera amado. Pero los que habían amado a Marguerite ya no podían contarse, y los que ella había amado no podían contarse todavía.
Bref, on reconnaissait dans cette fille la vierge qu′ un rien avait faite courtisane, et la courtisane dont un rien et fait la vierge la plus amoureuse et la plus pure. Il y avait encore chez Marguerite de la fierté et de l′ indépendance: deux sentiments qui, blessés, sont capables de faire ce que fait la pudeur. Je ne disais rien, mon âme semblait être passée toute dans mon coeur et mon coeur dans mes yeux. En una palabra, en aquella chica se reconocía a la virgen a quien una pequeñez había convertido en cortesana, y a la cortesana a quien una pequeñez hubiera convertido en la virgen más amorosa y más pura. Todavía quedaba en Marguerite orgullo e independencia: dos sentimientos que, heridos, son capaces de hacer lo que el pudor. Yo no decía nada; mi alma parecía haberse pasado totalmente a mi corazón y mi corazón a mis ojos.
-Ainsi, reprit -elle tout à coup, c′ est vous qui veniez savoir de mes nouvelles quand j′ étais malade? -Oui. ––¿Así que ––prosiguió ella de pronto–– es usted el que venía a preguntar por mí cuando estaba enferma? ––Sí.
-Savez -vous que c′ est très beau, cela! Et que puis -je faire pour vous remercier! -Me permettre de venir de temps en temps vous voir. ––Eso es algo muy hermoso, ¿sabe? ¿Y qué puedo hacer yo para agradecérselo?
-Tant que vous voudrez, de cinq heures à six, de onze heures à minuit. Dites donc, Gaston, jouez -moi l′ invitation à la valse. -Pourquoi? -Pour me faire plaisir d′ abord, et ensuite parce que je ne puis pas arriver à la jouer seule. ––Siempre que usted quiera, de cinco a seis de la tarde y de once a dote de la noche. Oiga, Gastón, tóqueme la invitación al vals. ––¿Por qué? ––Primero, porque tengo ese gusto, y luego, porque no consigo tocarla sola.
-Qu′ est -ce qui vous embarrasse donc? -La troisième partie, le passage en dièse. ––¿Qué es lo que le resulta complicado? ––La tercera parte, el fragmento en sostenido.
Gaston se leva, se mit au piano et commença cette merveilleuse mélodie de Weber, dont la musique était ouverte sur le pupitre. Gastón se levantó, se puso al piano y comenzó la maravillosa melodía de Weber, cuya partitura estaba abierta sobre el atril.
Marguerite, une main appuyée sur le piano, regardait le cahier, suivait des yeux chaque note qu′ elle accompagnait tout bas de la voix, et quand Gaston en arriva au passage qu′ elle lui avait indiqué, elle chantonna en faisant aller ses doigts sur le dos du piano: -Ré, mi, ré, do, ré, fa, mi, ré, voilà ce que je ne puis faire. Recommencez. Marguerite, con una mano apoyada en el piano, miraba el álbum de música, siguiendo con los ojos cada nota, que acompañaba en voz baja, y, cuando Gastón llegó al pasaje que le había indicado, tarareó mientras daba con los dedos en la tapa del piano: Re, mi, re, do, re, fa, mi, re, eso es lo que no me sale. Empiece otra vez.
Gaston recommença, après quoi Marguerite lui dit: -Maintenant laissez -moi essayer. Gastón empezó otra vez, y luego Marguerite le dijo: Déjeme intentarlo a mí ahora.
Elle prit sa place et joua à son tour; mais ses doigts rebelles se trompaient toujours sur l′ une des notes que nous venons de dire. Ocupó su sitio y se puso a tocar; pero sus dedos rebeldes se equivocaban siempre en una de las notas que acabo de decir.
-Est -ce incroyable, dit -elle avec une véritable intonation d′ enfant, que je ne puisse pas arriver à jouer ce passage! Croiriez -vous que je reste quelquefois jusqu′ à deux heures du matin dessus! Et quand je pense que cet imbécile de comte le joue sans musique et admirablement, c′ est cela qui me rend furieuse contre lui, je crois. ––¡Es increíble ––dijo con una auténtica entonación de niña que no consiga tocar ese pasaje! ¿Podrán creer ustedes que a veces me he tirado hasta las dos de la mañana detrás de él? ¡Y cuando pienso que ese imbécil de conde lo toca admirablemente y sin partra, creo que eso es lo que hace que me ponga furiosa con él!
Et elle recommença, toujours avec les mêmes résultats. Y volvió a empezar, siempre con los mismos resultados.
-Que le diable emporte Weber, la musique et les pianos! Dit -elle en jetant le cahier à l′ autre bout de la chambre; comprend -on que je ne puisse pas faire huit dièses de suite? Et elle se croisait les bras en nous regardant et en frappant du pied. ––¡Que el diablo se lleve a Weber, la música y los pianos! ––dijo arrojando el álbum a la otra punta de la habitación––. ¿Cómo puede entenderse que no sea capaz de tocar ocho sostenidos seguidos? Y se cruzaba de brazos mirándonos y golpeando el suelo con el pie.
Le sang lui monta aux joues et une toux légère entr′ ouvrit ses lèvres. La sangre se le subió a las mejillas y una tos ligera entreabrió sus labios.
-Voyons, voyons, dit Prudence, qui avait ôté son chapeau et qui lissait ses bandeaux devant la glace, vous allez encore vous mettre en colère et vous faire mal, allons souper, cela vaudra mieux; moi, je meurs de faim. Vamos, vamos ––dijo Prudence, que se había quitado el sombrero y se alisaba los bandós ante el espejo––; todavía va a enfadarse usted y le sentará mal; más vale que vayamos a cenar: yo es que me estoy muriendo de hambre.
Marguerite sonna de nouveau, puis elle se remit au piano et commença à demi -voix une chanson libertine, dans l′ accompagnement de laquelle elle ne s′ embrouilla point. Marguerite volvió a llamar, luego se puso al piano y comenzó a media voz una canción libertina, en cuyo acompañamiento no se equivocaba.
Gaston savait cette chanson, et ils en firent une espèce de duo. Gastón se sabía aquella canción a hicieron una especie de dúo.
-Ne chantez donc pas ces saletés -là, dis -je familièrement à Marguerite et avec un ton de prière. ––No cante esas porquerías ––dije familiarmente a Marguerite y con un tono de súplica.
-Oh! Comme vous êtes chaste! Me dit -elle en souriant et en me tendant la main. ––¡Oh, qué casto es usted! ––me dijo sonriendo y tendiéndome la mano.
-Ce n′ est pas pour moi, c′ est pour vous. ––No es por mí, es por usted.
Marguerite fit un geste qui voulait dire: oh! Il y a longtemps que j′ en ai fini, moi, avec la chasteté. Marguerite hizo un gesto como queriendo decir: «¡Oh, yo hace ya mucho tiempo que terminé con la castidad!»
En ce moment Nanine parut. En aquel momento apareció Nanine.
-Le souper est -il prêt? Demanda Marguerite. ––¿Está lista la cena?
-Oui, madame, dans un instant. ––Sí, señora, dentro de un momento.
-À propos, me dit Prudence, vous n′ avez pas vu l′ appartement; venez, que je vous le montre. ––A propósito ––me dijo Prudence––, no ha visto usted el piso; venga, se lo voy a enseñar.
Vous le savez, le salon était une merveille. El salón, como ya sabe usted, era una maravilla.
Marguerite nous accompagna un peu, puis elle appela Gaston et passa avec lui dans la salle à manger pour voir si le souper était prêt. Marguerite nos acompañó un poco, luego llamó a Gaston y pasó con él al comedor para ver si la cena estaba lista.
-Tiens, dit tout haut Prudence en regardant sur une étagère et en y prenant une figure de Saxe, je ne vous connaissais pas ce petit bonhomme -là! -Lequel? -Un petit berger qui tient une cage avec un oiseau. ––¡Vaya! ––dijo Prudence en voz bien alts, mirando hacia un estante y cogiendo una figura de porcelana de Sajonia––. ¡No sabía yo que tenía usted aquí este hombrecito! ––¿Cuál? ––Un pastorcillo que tiene una jaula con un pájaro.
-Prenez -le, s′ il vous fait plaisir. ––Lléveselo, si le gusta.
-Ah! Mais je crains de vous en priver. ––Ah, pero no quisiera que se quedara sin él.
-Je voulais le donner à ma femme de chambre, je le trouve hideux; mais puisqu′ il vous plaît, prenez -le. ––Iba a dárselo a mi doncella; me parece horroroso; pero, si le gusta, lléveselo.
Prudence ne vit que le cadeau et non la manière dont il était fait. Elle mit son bonhomme de côté, et m′ emmena dans le cabinet de toilette, où me montrant deux miniatures qui se faisaient pendant, elle me dit: -Voilà le comte de G... qui a été très amoureux de Marguerite; c′ est lui qui l′ a lancée. Le connaissez -vous. Prudence no vio más que el regalo y no cómo se lo habían hecho. Apartó el hombrecillo y me Ilevó al cuarto de aseo, donde, enseñándome dos miniaturas a juego, me dijo: ––Ahí tiene al conde de G..., que estuvo muy enamorado de Marguerite; fue él quien la lanzó. ¿Lo conoce usted?
-Non. Et celui -ci? Demandai -je en montrant l′ autre miniature. ––No. ¿Y ésta? ––pregunté, señalando la otra miniatura.
-C′ est le petit vicomte de L... il a été forcé de partir. ––Es el vizcondesito de L... Se vio obligado a marcharse.
-Pourquoi? -Parce qu′ il était à peu près ruiné. En voilà un qui aimait Marguerite! -Et elle l′ aimait beaucoup sans doute. ––¿Por qué? ––Porque estaba casi arruinado. ¡Ese sí que quería a Marguerite! ––Y ella también lo querría mucho sin duda.
-C′ est une si drôle de fille, on ne sait jamais à quoi s′ en tenir. Le soir du jour où il est parti, elle était au spectacle, comme d′ habitude, et cependant elle avait pleuré au moment du départ. ––Con una chica tan rara como ésta una no sabe nunca a qué atenerse. La noche del día en que él se fue, ella estaba en el teatro, como de costumbre, y sin embargo había llorado en el momento de la despedida.
En ce moment Nanine parut, nous annonçant que le souper était servi. En aquel momento apareció Nanine anunciándonos que la cena estaba servida.
Quand nous entrâmes dans la salle à manger, Marguerite était appuyée contre le mur, et Gaston, lui tenant les mains, lui parlait tout bas. Cuando entramos en el comedor, Marguerite estaba apoyada contra la pared, y Gastón, que la tenía cogida de las manos, estaba hablándole en voz baja.
-Vous êtes fou, lui répondait Marguerite, vous savez bien que je ne veux pas de vous. Ce n′ est pas au bout de deux ans que l′ on connaît une femme comme moi, qu′ on lui demande à être son amant. ––Está usted loco ––le respondía Marguerite––. Sabe usted de sobra que no me interesa. A una mujer como yo nadie le pide ser su amante al cabo de dos años de conocerla.
Nous autres, nous nous donnons tout de suite ou jamais. Allons, messieurs, à table. Nosotras nos entregamos en seguida o nunca. Vamos, señores, a la mesa.
Et s′ échappant des mains de Gaston, Marguerite le fit asseoir à sa droite, moi à sa gauche, puis elle dit à Nanine: -Avant de t′ asseoir, recommande à la cuisine que l′ on n′ ouvre pas si l′ on vient sonner. Y, liberándose de las manos de Gastón, nos hizo sentar a él a su derecha, a mí a su izquierda, y luego dijo a Nanine: ––Antes de sentarte, ve a decir en la cocina que si llaman no abran.
Cette recommandation était faite à une heure du matin. Tal orden se daba a la una de la mañana.
On rit, on but et l′ on mangea beaucoup à ce souper. Reímos, bebimos y comimos mucho en aquella cena.
Au bout de quelques instants, la gaieté était descendue aux dernières limites, et ces mots qu′ un certain monde trouve plaisants et qui salissent toujours la bouche qui les dit éclataient de temps à autre, aux grandes acclamations de Nanine, de Prudence et de Marguerite. Gaston s′ amusait franchement; c′ était un garçon plein de coeur, mais dont l′ esprit avait été un peu faussé par les premières habitudes. Un moment, j′ avais voulu m′ étourdir, faire mon coeur et ma pensée indifférents au spectacle que j′ avais sous les yeux et prendre ma part de cette gaieté qui semblait un des mets du repas; mais peu à peu, je m′ étais isolé de ce bruit, mon verre était resté plein, et j′ étais devenu presque triste en voyant cette belle créature de vingt ans, boire, parler comme un portefaix, et rire d′ autant plus que ce que l′ on disait était plus scandaleux. Al cabo de unos instantes la alegría había descendido a los últimos límites y, entre grandes aclamaciones de Nanine, de Prudence y de Marguerite, de cuando en cuando estallaban esas palabras que a ciertas gentes les hacen mucha gracia y que manchan siempre la boca que las dice. Gastón se divertía francamente; era un muchacho de gran corazón, pero tenía el espíritu un poco maleado por los hábitos primeros. Por un momento quise aturdirme, dejar que mi corazón y mi pensamiento permanecieran indiferentes al espectáculo que tenía ante los ojos y tomar parte en aquella alegría que parecía ser uno de los manjares de la cena; pero poco a poco me fui aislando de aquel ruido, mi vaso seguía lleno, y casi me puse triste viendo a aquella hermosa criatura de veinte años beber, hablar como un carretero y reír más cuanto más escandaloso era lo que se decía.
Cependant cette gaieté, cette façon de parler et de boire, qui me paraissaient chez les autres convives les résultats de la débauche, de l′ habitude ou de la force, me semblaient chez Marguerite un besoin d′ oublier, une fièvre, une irritabilité nerveuse. à chaque verre de vin de Champagne, ses joues se couvraient d′ un rouge fiévreux, et une toux, légère au commencement du souper, était devenue à la longue assez forte pour la forcer à renverser sa tête sur le dos de sa chaise et à comprimer sa poitrine dans ses mains toutes les fois qu′ elle toussait. Sin embargo aquella alegría,, aquella forma de hablar y de beber, que en los otros comensales me parecían resultado del libertinaje, la fuerza o la costumbre, en Marguerite me parecían una necesidad de olvidar, una fiebre, una irritabilidad nerviosa. A cada copa de champán sus mejillas se teñían de un rojo febril, y una tos, ligera al comienzo de la cena, se había ido haciendo a la larga lo suficientemente fuerte para obligarla a echar la cabeza sobre el respaldo de la silla y a apretarse el pecho con las manos cada vez que tosía.
Je souffrais du mal que devaient faire à cette frêle organisation ces excès de tous les jours. Yo sufría por el daño que harían en su débil organismo aquellos excesos diarios.
Enfin, arriva une chose que j′ avais prévue et que je redoutais. Vers la fin du souper, Marguerite fut prise d′ un accès de toux plus fort que tous ceux qu′ elle avait eus depuis que j′ étais là. Al fin sucedió algo que yo había previsto y me temía. Hacia el final de la cena se apoderó de Marguerite un acceso de tos más fuerte que todos los que había tenido desde que yo estaba allí.
Il me sembla que sa poitrine se déchirait intérieurement. La pauvre fille devint pourpre, ferma les yeux sous la douleur et porta à ses lèvres sa serviette qu′ une goutte de sang rougit. Alors elle se leva et courut dans son cabinet de toilette. Me pareció como si su pecho se desgarrase interiormente. La pobre chica se puso púrpura, cerró los ojos por el dolor y se llevó a los labios la servilleta, que una gota de sangre enrojeció. Entonces se levantó y se fue corriendo al cuarto de aseo.
-Qu′ a donc Marguerite? Demanda Gaston. ––¿Pero qué le pasa a Marguerite? ––preguntó Gastón.
-Elle a qu′ elle a trop ri et qu′ elle crache le sang, fit Prudence. Oh! Ce ne sera rien, cela lui arrive tous les jours. Elle va revenir. ––Pues le pasa que ha reído demasiado y escupe sangre ––dijo Prudence––. ¡Oh, no será nada, le pasa todos los días! Ya volverá.
Laissons -la seule, elle aime mieux cela. Dejémosla sola, prefiere que sea así.
Quant à moi, je ne pus y tenir, et au grand ébahissement de Prudence et de Nanine qui me rappelaient, j′ allai rejoindre Marguerite. Pero yo no pude contenerme, y ante la gran estupefacción de Prudence y de Nanine, que me llamaban para que volviera, fui a reunirme con Marguerite.







CHAPITRE X

Capítulo X

La chambre où elle s′ était réfugiée n′ était éclairée que par une seule bougie posée sur une table. La habitación donde se había refugiado sólo estaba iluminada por una vela colocada encima de una mesa.
Renversée sur un grand canapé, sa robe défaite, elle tenait une main sur son coeur et laissait pendre l′ autre. Sur la table il y avait une cuvette d′ argent à moitié pleine d′ eau; cette eau était marbrée de filets de sang. Echada en un gran canapé, con el vestido desabrochado, tenía una mano sobre el corazón y dejaba colgar la otra. Encima de la mesa había una palangana de plata con agua hasta la mitad; el agua estaba veteada de hilillos de sangre.
Marguerite, très pâle et la bouche entr′ ouverte, essayait de reprendre haleine. Par moments, sa poitrine se gonflait d′ un long soupir qui, exhalé, paraissait la soulager un peu, et la laissait pendant quelques secondes dans un sentiment de bien -être. Marguerite, muy pálida y con la boca entreabierta, intentaba recobrar el aliento. Por momentos su pecho se hinchaba en un hondo suspiro que, una vez exhalado, parecía aliviarla un poco, y le producía durante unos pocos segundos un sentimiento de bienestar.
Je m′ approchai d′ elle, sans qu′ elle fît un mouvement, je m′ assis et pris celle de ses mains qui reposait sur le canapé. Me acerqué a ella, sin que hiciera ningún movimiento, me senté y le tomé la mano que reposaba sobre el canapé.
-Ah! C′ est vous? Me dit -elle avec un sourire. ––¿Ah, es usted? ––me dijo con una sonrisa.
Il paraît que j′ avais la figure bouleversée, car elle ajouta: -Est -ce que vous êtes malade aussi? -Non; mais vous, souffrez -vous encore? -Très peu; et elle essuya avec son mouchoir les larmes que la toux avait fait venir à ses yeux; je suis habituée à cela maintenant. Supongo que mi cara tenía un aspecto alterado, pues añadió: ––¿También usted se siente mal? ––No; y a usted ¿no se le ha pasado todavía? ––No mucho y se secó con el pañuelo las lágrimas que la tos había hecho acudir a sus ojos––; pero ya estoy acostumbrada.
-Vous vous tuez, madame, lui dis -je alors d′ une voix émue; je voudrais être votre ami, votre parent, pour vous empêcher de vous faire mal ainsi. ––Está usted matándose, señora ––le dije entonces con voz emocionada––. Me gustaría ser amigo suyo, alguien de su familia, para impedirle que esté haciéndose daño de este modo.
-Ah! Cela ne vaut vraiment pas la peine que vous vous alarmiez, répliqua -t -elle d′ un ton un peu amer; voyez si les autres s′ occupent de moi: c′ est qu′ ils savent bien qu′ il n′ y a rien à faire à ce mal -là. ––¡Bah! La verdad es que no vale la pena que se alarme usted ––replicó en un tono un poco amargo––. Ya ve cómo se ocupan de mí los otros: saben perfectamente que con esta enfermedad no hay nada que hacer.
Après quoi elle se leva et, prenant la bougie, elle la mit sur la cheminée et se regarda dans la glace. Dicho esto, se levantó y, tomando la vela, la puso sobre la chimenea y se miró en el espejo.
-Comme je suis pâle! Dit -elle en rattachant sa robe et en passant ses doigts sur ses cheveux délissés. Ah! Bah! Allons nous remettre à table. ––¡Qué pálida estoyl ––dijo, abrochándose el vestido y pasándose los dedos por el pelo para alisarlo––. ¡Bah! Vamos otra vez a la mesa.
Venez -vous? Mais j′ étais assis et je ne bougeais pas. ¿Viene? Pero yo estaba sentado y no me moví.
Elle comprit l′ émotion que cette scène m′ avait causée, car elle s′ approcha de moi et, me tendant la main, elle me dit: -Voyons, venez. Comprendió la emoción que me había causado aquella escena, pues se acercó a mí y, tendiéndome la mano, me dijo: ––Vamos, venga.
Je pris sa main, je la portai à mes lèvres en la mouillant malgré moi de deux larmes longtemps contenues. Tomé su mano, y la llevé a mis labios, humedeciéndola sin querer con dos lágrimas largo tiempo contenidas.
-Eh bien, mais êtes -vous enfant! Dit -elle en se rasseyant auprès de moi; voilà que vous pleurez! Qu′ avez -vous? -Je dois vous paraître bien niais, mais ce que je viens de voir m′ a fait un mal affreux. ––¡Pero, bueno, no sea usted niño! ––dijo, volviendo a sentarse a mi lado––. ¡Mira que ponerse a llorar! ¿Qué le pasa? ––Debo de parecerle un necio, pero lo que acabo de ver me ha hecho un daño espantoso.
-Vous êtes bien bon! Que voulez -vous? Je ne puis pas dormir, il faut bien que je me distraie un peu. Et puis des filles comme moi, une de plus ou de moins, qu′ est -ce que cela fait? Les médecins me disent que le sang que je crache vient des bronches; j′ ai l′ air de les croire, c′ est tout ce que je puis faire pour eux. ––Es usted muy bueno. Pero ¿qué quiere que haga? No puedo dormir, y tengo que distraerme un poco. Y además, chicas como yo, una más o menos ¿qué importa? Los médicos me dicen que la sangre que escupo procede de los bronquios; yo hago como que los creo, es todo lo que puedo hacer por ellos.
-Icoutez, Marguerite, dis -je alors avec une expansion que je ne pus retenir, je ne sais pas l′ influence que vous devez prendre sur ma vie, mais ce que je sais, c′ est qu′ à l′ heure qu′ il est, il n′ y a personne, pas même ma soeur, à qui je m′ intéresse comme à vous. C′ est ainsi depuis que je vous ai vue. Eh bien, au nom du ciel, soignez -vous, et ne vivez plus comme vous le faites. ––Escuche, Marguerite ––dije entonces expansionándome sin poderme contener––, no sé la influencia que llegará usted a tener sobre mi vida, pero lo que sé es que en este momento no hay nadie, ni siquiera mi hermana, que me interese tanto como usted. Y llevo así desde que la vi. Pues bien, en nombre del cielo, cuídese y no siga viviendo como ahora.
-Si je me soignais, je mourrais. Ce qui me soutient, c′ est la vie fiévreuse que je mène. Puis, se soigner, c′ est bon pour les femmes du monde qui ont une famille et des amis; mais nous, dès que nous ne pouvons plus servir à la vanité ou au plaisir de nos amants, ils nous abandonnent, et les longues soirées succèdent aux longs jours. Je le sais bien, allez, j′ ai été deux mois dans mon lit; au bout de trois semaines, personne ne venait plus me voir. ––Si me cuidara, moriría. Esta vida febril que llevo es lo que me sostiene. Además, cuidarse está bien para las mujeres de la buena sociedad que tienen familia y amigos; pero a nosotras, en cuanto dejamos de servir a la vanidad o al placer de nuestros amantes, nos abandonan, y a los largos días suceden las largas noches. Mire, yo lo sé muy bien: estuve dos meses en la cama, y al cabo de tres semanas ya nadie venía a verme.
-Il est vrai que je ne vous suis rien, repris -je, mais si vous le vouliez je vous soignerais comme un frère, je ne vous quitterais pas, et je vous guérirais. Alors, quand vous en auriez la force, vous reprendriez la vie que vous menez, si bon vous semblait; mais j′ en suis sr, vous aimeriez mieux une existence tranquille qui vous ferait plus heureuse et vous garderait jolie. ––Es verdad que yo no soy nada para usted ––repuse––, pero, si usted quisiera, la cuidaría como un hermano, no la dejaría y la curaría. Y luego, cuando tuviera fuerzas para ello, podría usted volver a proseguir la vida que ahora lleva, si así le pareciese; pero estoy seguro de que preferiría usted una existencia tranquila, que la haría más dichosa y la conservaría bonita.
-Vous pensez comme cela ce soir, parce que vous avez le vin triste, mais vous n′ auriez pas la patience dont vous vous vantez. ––Esta noche piensa usted así, porque tiene el vino triste, pero no tendría usted la paciencia de que presume.
-Permettez -moi de vous dire, Marguerite, que vous avez été malade pendant deux mois, et que, pendant ces deux mois, je suis venu tous les jours savoir de vos nouvelles. ––Permítame decirle, Marguerite, que estuvo usted enferma dos meses y que durante esos dos meses vine todos los días preguntar por usted.
-C′ est vrai; mais pourquoi ne montiez -vous pas? -Parce que je ne vous connaissais pas alors. ––Es verdad; pero ¿por qué no subía usted? ––Porque entonces no la conocía.
-Est -ce qu′ on se gêne avec une fille comme moi? -On se gêne toujours avec une femme; c′ est mon avis du moins. ––¿Es que hay que andar con tantas consideraciones con uni chica como yo? ––Siempre hay que tenerlas con una mujer; al menos ésa es m opinión.
-Ainsi, vous me soigneriez? -Oui. ––¿Así que usted me cuidaría? ––Sí.
-Vous resteriez tous les jours auprès de moi? -Oui. ––¿Se quedaría usted todos los días a mi lado? ––Sí.
-Et même toutes les nuits? -Tout le temps que je ne vous ennuierais pas. ––¿Incluso todas las noches? ––Todo el tiempo que no la aburriera.
-Comment appelez -vous cela? -Du dévouement. ––¿Cómo llama usted a eso? ––Abnegación.
-Et d′ où vient ce dévouement? -D′ une sympathie irrésistible que j′ ai pour vous. ––¿Y de dónde viene esa abnegación? ––De una simpatía irresistible que siento por usted.
-Ainsi vous êtes amoureux de moi? Dites -le tout de suite, c′ est bien plus simple. ––¿Así que está usted enamorado de mí? Dígalo en seguida, el mucho más sencillo.
-C′ est possible; mais si je dois vous le dire un jour, ce n′ est pas aujourd′ hui. ––Es posible; pero, si tengo que decírselo algún día, no será hoy.
-Vous ferez mieux de ne me le dire jamais. ––Hará mejor no diciéndomelo nunca.
-Pourquoi? -Parce qu′ il ne peut résulter que deux choses de cet aveu. ––¿Por qué? ––Porque de esa declaración no pueden resultar más que dos cosas.
-Lesquelles? -Ou que je ne vous accepte pas, alors vous m′ en voudrez, ou que je vous accepte, alors vous aurez une triste maîtresse; une femme nerveuse, malade, triste, ou gaie d′ une gaieté plus triste que le chagrin, une femme qui crache le sang et qui dépense cent mille francs par an, c′ est bon pour un vieux richard comme le duc, mais c′ est bien ennuyeux pour un jeune homme comme vous, et la preuve, c′ est que tous les jeunes amants que j′ ai eus m′ ont bien vite quittée. ––¿Cuáles? ––O que yo no lo acepte, y entonces me odiará usted, o que la acepte, y entonces tendría usted una amante lastimosa; una mujer nerviosa, enferma, triste, o alegre, pero con una alegría más triste que la misma tristeza; una mujer que escupe sangre y que gasta cien mil francos al año está bien para un viejo ricachón como el duque, pero es muy enojosa para un joven como usted, y la prueba es que todos los amantes jóvenes que he tenido me han abandonado bien pronto.
Je ne répondais rien: j′ écoutais. Cette franchise qui tenait presque de la confession, cette vie douloureuse que j′ entrevoyais sous le voile doré qui la couvrait, et dont la pauvre fille fuyait la réalité dans la débauche, l′ ivresse et l′ insomnie, tout cela m′ impressionnait tellement que je ne trouvais pas une seule parole. Yo no respondía nada: escuchaba. Aquella franqueza, que tenía casi algo de confesión, aquella vida dolorosa entrevista bajo el velo dorado que la cubría, y de cuya realidad huía la pobre chica refugiándose en el libertinaje, la embriaguez y el insomnio, todo aquello me impresionó de tal modo, que no encontré ni una palabra.
-Allons, continua Marguerite, nous disons là des enfantillages. Donnez -moi la main et rentrons dans la salle à manger. On ne doit pas savoir ce que notre absence veut dire. ––Vamos ––continuó Marguerite––, estamos diciendo niñerías. Déme la mano y volvamos al comedor. Nadie tiene por qué saber el motivo de nuestra ausencia
-Rentrez, si bon vous semble, mais je vous demande la permission de rester ici. ––Vuelva usted, si le parece bien, pero yo le pido permiso para quedarme aquí.
-Pourquoi? -Parce que votre gaieté me fait trop de mal. ––¿Por qué? ––Porque su alegría me hace mucho daño.
-Eh bien, je serai triste. ––Bueno, pues estaré triste.
-Tenez, Marguerite, laissez -moi vous dire une chose que l′ on vous a dite souvent sans doute, et à laquelle l′ habitude de l′ entendre vous empêchera peut -être d′ ajouter foi, mais qui n′ en est pas moins réelle, et que je ne vous répéterai jamais. ––Escuche, Marguerite, déjeme decirle una cosa, que sin duda le han dicho muchas veces, y que de tanto oírla quizá ya no puede usted creer, pero que no por eso es menos cierta y que no volveré a decirle nunca.
-C′ est?... dit -elle avec le sourire que prennent les jeunes mères pour écouter une folie de leur enfant. ––¿Y es...? ––––dijo con esa sonrisa propia de las madres jóvenes cuando van a escuchar una locura de su hijo.
-C′ est que depuis que je vous ai vue, je ne sais comment ni pourquoi, vous avez pris une place dans ma vie, c′ est que j′ ai eu beau chasser votre image de ma pensée, elle y est toujours revenue, c′ est qu′ aujourd′ hui quand je vous ai rencontrée, après être resté deux ans sans vous voir, vous avez pris sur mon coeur et mon esprit un ascendant plus grand encore, c′ est qu′ enfin, maintenant que vous m′ avez reçu, que je vous connais, que je sais tout ce qu′ il y a d′ étrange en vous, vous m′ êtes devenue indispensable, et que je deviendrai fou, non pas seulement si vous ne m′ aimez pas, mais si vous ne me laissez pas vous aimer. ––Pues que desde que la vi, no sé cómo ni por qué, ha ocupado usted un sitio en mi vida; que, por más que he intentado arrojar su imagen de mi pensamiento, vuelve una y otra vez; que hoy, cuando he vuelto a encontrarla, después de haber estado dos años sin verla, ha adquirido usted sobre mi corazón y mi cabeza un ascendiente aún mayor; y, en fin, que ahora que me ha recibido, que la conozco, que sé todo lo que de extraño hay en usted, se me ha hecho indispensable, y me volveré loco no ya si no me ama, pero aun si no me deja amarla.
-Mais, malheureux que vous êtes, je vous dirai ce que disait Madame D...: vous êtes donc bien riche! Mais vous ne savez donc pas que je dépense six ou sept mille francs par mois, et que cette dépense est devenue nécessaire à ma vie; mais vous ne savez donc pas, mon pauvre ami, que je vous ruinerais en un rien de temps, et que votre famille vous ferait interdire pour vous apprendre à vivre avec une créature comme moi. Aimez -moi bien, comme un bon ami, mais pas autrement. Venez me voir, nous rirons, nous causerons, mais ne vous exagérez pas ce que je vaux, car je ne vaux pas grand′ chose. ––Pero, desgraciado, debería decirle lo que decía la señora D.. «Es entonces usted muy rico». ¿Pero no sabe usted que gasto seis siete mil francos al mes, y que ese gasto se me ha hecho imprescindible? ¿No sabe usted, pobre amigo mío, que lo arruinaría en nada y menos, y que su familia le prohibiría entrar en casa para enseñarle así a vivir con una criatura como yo? Quiérame mucho; como un buen amigo, pero nada más. Venga a verme,, reiremos, charlaremos, pero no exagere lo que valgo, porque nq valgo gran cosa.
Vous avez un bon coeur, vous avez besoin d′ être aimé, vous êtes trop jeune et trop sensible pour vivre dans notre monde. Prenez une femme mariée. Tiene usted buen corazón, necesita ser amado pero es excesivamente joven y sensible para vivir en nuestro mundo. Búsquese una mujer casada.
Vous voyez que je suis une bonne fille et que je vous parle franchement. Ya ve usted que soy buena chica y que le hablo francamente.
-Ah çà! Que diable faites -vous là? Cria Prudence que nous n′ avions pas entendue venir, et qui apparaissait sur le seuil de la chambre avec ses cheveux à moitié défaits et sa robe ouverte. ––¡Pero, bueno! ¿Qué diablos están haciendo aquí? gritó Prudence, a quien no habíamos oído llegar y que apareció en umbral de la habitación medio despeinada y con el vestido desabrochado.
Je reconnaissais dans ce désordre la main de Gaston. En aquel desorden reconocí la mano de Gastón.
-Nous parlons raison, dit Marguerite, laissez -nous un peu, nous vous rejoindrons tout à l′ heure. ––Estamos hablando de cosas serias ––dijo Marguerite Déjenos un momento, que vamos en seguida a reunirnos con ustedes.
-Bien, bien, causez, mes enfants, dit Prudence en s′ en allant et en fermant la porte comme pour ajouter encore au ton dont elle avait prononcé ces dernières paroles. ––Bueno, bueno, sigan charlando, hijos míos ––dijo Prudence al retirarse, cerrando la puerta como para reforzar el tono en que había pronunciado las últimas palabras.
-Ainsi, c′ est convenu, reprit Marguerite, quand nous fmes seuls, vous ne m′ aimerez plus. ––Así pues ––prosiguió Marguerite, cuando nos quedamos solos––, estamos de acuerdo en que dejará de quererme.
-Je partirai. ––Me marcharé.
-C′ est à ce point -là? J′ étais trop avancé pour reculer, et d′ ailleurs cette fille me bouleversait. Ce mélange de gaieté, de tristesse, de candeur, de prostitution, cette maladie même qui devait développer chez elle la sensibilité des impressions comme l′ irritabilité des nerfs, tout me faisait comprendre que si, dès la première fois, je ne prenais pas d′ empire sur cette nature oublieuse et légère, elle était perdue pour moi. ––¿Pero tan fuerte le ha dado? Había ido demasiado lejos para dar marcha atrás, y por otra parte aquella chica me trastornaba. Aquella mezcla de alegría, tristeza, candor, prostitución, incluso aquella enfermedad, que en su caso desarrollaba la sensibilidad ante las impresiones como la irritabilidad de los nervios, todo ello me indicaba que, si desde el principio no adquiría dominio sobre aquella naturaleza ligera y olvidadiza, la perdería.
-Voyons, c′ est donc sérieux ce que vous dites! Fit -elle. ––¡Vamos, entonces lo dice en serio!
-Très sérieux. ––Muy en serio.
-Mais pourquoi ne m′ avez -vous pas dit cela plus tôt? -Quand vous l′ aurais -je dit? -Le lendemain du jour où vous m′ avez été présenté à l′ opéra -comique. ––¿Pero por qué no me lo ha dicho antes? ––¿Y cuándo se lo habría dicho? ––Pues al día siguiente de aquel en que me fue usted presentado en la Opera Cómica.
-Je crois que vous m′ auriez fort mal reçu, si j′ étais venu vous voir. ––Creo que, si hubiera venido a verla, me habría recibido usted muy mal.
-Pourquoi? -Parce que j′ avais été stupide la veille. ––¿Por qué? ––Porque la víspera me porté como un estúpido.
-Cela, c′ est vrai. Mais cependant vous m′ aimiez déjà à cette époque. ––Eso es verdad. Sin embargo, ya me quería por entonces.
-Oui. ––Sí.
-Ce qui ne vous a pas empêché d′ aller vous coucher et de dormir bien tranquillement après le spectacle. ––Lo que no le impidió ir a acostarse y dormir tan tranquilamente después del espectáculo.
Nous savons ce que sont ces grands amours -là. Todos sabemos lo que son esos grandes amores.
-Eh bien, c′ est ce qui vous trompe. Savez -vous ce que j′ ai fait le soir de l′ opéra -comique? -Non. ––Sí, sólo que en eso se equivoca usted. ¿Sabe lo que hice la noche de la Opera Cómica? ––No.
-Je vous ai attendue à la porte du café anglais. ––La esperé a la puerta del Café Inglés.
J′ ai suivi la voiture qui vous a emmenés, vous et vos trois amis, et quand je vous ai vue descendre seule et rentrer seule chez vous, j′ ai été bien heureux. Seguí el coche que la llevó a usted y a sus tres amigos y, cuando la vi bajar Bola y entrar en su casa, me sentí muy feliz.
Marguerite se mit à rire. Marguerite se echó a reír.
-De quoi riez -vous? -De rien. ––¿De qué se ríe?––De nada.
-Dites -le -moi, je vous en supplie, ou je vais croire que vous vous moquez encore de moi. ––Dígamelo, se lo suplico, o acabaré por creer que está otra vez burlándose de mí.
-Vous ne vous fâcherez pas? -De quel droit me fâcherais -je? -Eh bien, il y avait une bonne raison pour que je rentrasse seule. ––¿No se enfadará?––¿Con qué derecho podría enfadarme? ––Bueno, pues tenía una buena razón para entrar sola.
-Laquelle? -On m′ attendait ici. ––¿Cuál? ––Estaban esperándome aquí.
Elle m′ et donné un coup de couteau qu′ elle ne m′ et pas fait plus de mal. Je me levai, et, lui tendant la main: -Adieu, lui dis -je. Si me hubiera dado una puñalada, no me habría hecho tanto! daño. Me levanté y, tendiéndole la mano: ––Adiós ––le dije.
-Je savais bien que vous vous fâcheriez, dit -elle. ––Sabía que se enfadaría ––dijo––.
Les hommes ont la rage de vouloir apprendre ce qui doit leur faire de la peine. Los hombres rabian por enterarse de lo que va a hacerles sufrir.
-Mais je vous assure, ajoutai -je d′ un ton froid, comme si j′ avais voulu prouver que j′ étais à jamais guéri de ma passion, je vous assure que je ne suis pas fâché. Il était tout naturel que quelqu′ un vous attendît, comme il est tout naturel que je m′ en aille à trois heures du matin. ––Pues le aseguro ––añadí con un tono frío, como si hubiera querido demostrarle que estaba curado para siempre de mi pasión––, le aseguro que no estoy enfadado. Es muy natural que la; esperase alguien, como es muy natural que yo me vaya a las tres de la mañana.
-Est -ce que vous avez aussi quelqu′ un qui vous attend chez vous? -Non, mais il faut que je parte. ––¿También a usted está esperándolo alguien en su casa? ––No, pero tengo que irme.
-Adieu, alors. ––Adiós, entonces.
-Vous me renvoyez. ––¿Me echa usted?
-Pas le moins du monde. ––De ninguna manera.
-Pourquoi me faites -vous de la peine? -Quelle peine vous ai -je faite? -Vous me dites que quelqu′ un vous attendait. ––¿Por qué me hace sufrir así? ––¿Que yo le hago sufrir? ––Me dice que alguien estaba esperándola.
-Je n′ ai pas pu m′ empêcher de rire à l′ idée que vous aviez été si heureux de me voir rentrer seule, quand il y avait une si bonne raison pour cela. ––No he podido dejar de reírme ante la idea de que usted se sintiera tan feliz de verme entrar sola, cuando había una razón tan buena para ello.
-On se fait souvent une joie d′ un enfantillage, et il est méchant de détruire cette joie, quand, en la laissant subsister, on peut rendre plus heureux encore celui qui la trouve. ––Muchas veces le entra a uno alegría por una niñería, y no está bien destruir esa alegría, cuando, dejándola subsistir, se puede hacer más feliz aún al que la encuentra.
-Mais à qui croyez -vous donc avoir affaire? Je ne suis ni une vierge ni une duchesse. Je ne vous connais que d′ aujourd′ hui et ne vous dois pas compte de mes actions. En admettant que je devienne un jour votre maîtresse, il faut que vous sachiez bien que j′ ai eu d′ autres amants que vous. Si vous me faites déjà des scènes de jalousie avant, qu′ est -ce que ce sera donc après, si jamais l′ après existe! Je n′ ai jamais vu un homme comme vous. ––¿Pero con quién cree que está tratando? Yo no soy una virgen ni una duquesa. No lo conozco más que de hoy y no tengo por qué! darle cuenta de mis actos. Y aun admitiendo que un día llegara a ser su amante, ha de saber que he tenido otros amantes antes que usted. Si ya ahora empieza haciéndome escenas de celos, ¡qué será después, si ese después existe alguna vez! No he visto nunca un hombre como usted.
-C′ est que personne ne vous a jamais aimée comme je vous aime. ––Es que nadie la ha querido nunca como yo.
-Voyons, franchement, vous m′ aimez donc bien? -Autant qu′ il est possible d′ aimer, je crois. ––Vamos a ver, francamente, ¿tanto me quiere usted? ––Creo que todo lo que es posible querer.
-Et cela dure depuis...? -Depuis un jour que je vous ai vue descendre de calèche et entrer chez Susse, il y a trois ans. ––¿Y desde cuándo dura eso...? ––Desde un día en que la vi bajar de una calesa y entrar en Susse, hace tres años.
-Savez -vous que c′ est très beau? Eh bien, que faut -il que je fasse pour reconnaître ce grand amour? -Il faut m′ aimer un peu, dis -je avec un battement de coeur qui m′ empêchait presque de parler; car, malgré les sourires demi -moqueurs dont elle avait accompagné toute cette conversation, il me semblait que Marguerite commençait à partager mon trouble, et que j′ approchais de l′ heure attendue depuis si longtemps. ––¿Sabe que eso es muy hermoso? Bueno, ¿y qué tengo que hacer para corresponder a tan gran amor? ––Quererme un poco ––dije, mientras los latidos de mi corazón casi me impedían hablar; pues, pese a las sonrisas medio burlonas con que había acompañado toda aquella conversación, me parecía que Marguerite empezaba a compartir mi turbación y que me acercaba a la hora esperada desde hacía tanto tiempo.
-Eh bien, et le duc? -Quel duc? -Mon vieux jaloux. ––Bueno, ¿y el duque? ––¿Qué duque? ––Mi viejo celoso.
-Il n′ en saura rien. ––No se enterará de nada.
-Et s′ il le sait? -Il vous pardonnera. ––¿Y si se entera? ––La perdonará.
-Hé non! Il m′ abandonnera, et qu′ est -ce que je deviendrai? -Vous risquez bien cet abandon pour un autre. ––¡Ah, eso sí que no! Me abandonará, ¿y qué será de mí? ––Ya está arriesgándose usted a ese abandono por otro.
-Comment le savez -vous? -Par la recommandation que vous avez faite de ne laisser entrer personne cette nuit. ––¿Cómo lo sabe usted? ––Por el aviso que ha dado de que esta noche no dejen entrar a nadie.
-C′ est vrai; mais celui -là est un ami sérieux. ––Es cierto; pero ése es un amigo serio.
-Auquel vous ne tenez guère, puisque vous lui faites défendre votre porte à pareille heure. ––Que a usted no le importa mucho, puesto que le prohíbe la entrada a tales horas.
-Ce n′ est pas à vous de me le reprocher, puisque c′ était pour vous recevoir, vous et votre ami. ––No es usted precisamente quien debiera reprochármelo, puesto que ha sido para recibirlo a usted y a su amigo.
Peu à peu je m′ étais rapproché de Marguerite, j′ avais passé mes mains autour de sa taille et je sentais son corps souple peser légèrement sur mes mains jointes. Poco a poco había ido acercándome a Marguerite, había pasado mis manos en torno a su cintura y sentía su cuerpo flexible apoyarse ligeramente en mis manos entrelazadas.
-Si vous saviez comme je vous aime! Lui disais -je tout bas. ––¡Si supiera cuánto la quiero! ––le dije en voz muy baja.
-Bien vrai? -Je vous jure. ––¿De veras? ––Se lo juro.
-Eh bien, si vous me promettez de faire toutes mes volontés sans dire un mot, sans me faire une observation, sans me questionner, je vous aimerai peut -être. ––Bueno, pues, si me promete no hacer más que mi voluntad sin decir una palabra, sin hacerme una observación, sin preguntarme nada, tal vez pueda llegar a amarlo.
-Tout ce que vous voudrez! -Mais je vous en préviens, je veux être libre de faire ce que bon me semblera, sans vous donner le moindre détail sur ma vie. Il y a longtemps que je cherche un amant jeune, sans volonté, amoureux sans défiance, aimé sans droits. Je n′ ai jamais pu en trouver un. Les hommes, au lieu d′ être satisfaits qu′ on leur accorde longtemps ce qu′ ils eussent à peine espéré obtenir une fois, demandent à leur maîtresse compte du présent, du passé et de l′ avenir même. à mesure qu′ ils s′ habituent à elle, ils veulent la dominer, et ils deviennent d′ autant plus exigeants qu′ on leur donne tout ce qu′ ils veulent. Si je me décide à prendre un nouvel amant maintenant, je veux qu′ il ait trois qualités bien rares, qu′ il soit confiant, soumis et discret. ––¡Todo lo que quiera! sin tener que darle la menor explicación sobre mi vida. Hace tiempo que busco un amante joven, sin voluntad, enamorado sin desconfianza, amado sin derechos. Nunca he podido encontrar uno. Los hombres, en vez de estar satisfechos de que se les conceda durante mucho tiempo lo que apenas hubieran, esperado obtener una vez, piden cuentas a su amante del pasado, del presente y hasta del futuro. A medida que se acostumbran a ella, quieren dominarla, y, cuanto más se les da todo lo que quieren, tanto más exigentes van haciéndose. Si ahora me decido a tomar un nuevo amante, quiero que tenga tres cualidades poco frecuentes: que sea confiado, sumiso y discreto.
-Eh bien, je serai tout ce que vous voudrez. ––Bueno, pues yo seré todo lo que usted quiera.
-Nous verrons. ––Ya lo veremos.
-Et quand verrons -nous? -Plus tard. ––¿Y cuándo lo veremos? ––Más tarde.
-Pourquoi? -Parce que, dit Marguerite en se dégageant de mes bras et en prenant dans un gros bouquet de camélias rouges apporté le matin un camélia qu′ elle passa à ma boutonnière, parce qu′ on ne peut pas toujours exécuter les traités le jour où on les signe. ––¿Por qué? ––Porque ––––dijo Marguerite, liberándose de mis brazos y tomando de un gran ramo de camelias rojas comprado por la mañana una camelia que colocó en mi ojal––, porque no siempre se pueden cumplir los tratados el mismo día en que se firman.
C′ est facile à comprendre. Era fácilmente comprensible.
-Et quand vous reverrai -je? Dis -je en la pressant dans mes bras. ––¿Y cuándo volveré a verla? ––dije, tomándola entre mis brazos.
-Quand ce camélia changera de couleur. ––Cuando esta camelia cambie de color.
-Et quand changera -t -il de couleur? -Demain, de onze heures à minuit. êtes -vous content? -Vous me le demandez? -Pas un mot de tout cela ni à votre ami, ni à Prudence, ni à qui que ce soit. ––¿Y cuándo cambiará de color? ––Mañana, de once a doce de la noche. ¿Está usted contento? ––¿Y usted me lo pregunta? ––De esto, ni una palabra a su amigo, ni a Prudence, ni a nadie.
-Je vous le promets. –– Se lo prometo.
-Maintenant, embrassez -moi et rentrons dans la salle à manger. ––Ahora béseme, y volvamos al comedor.
Elle me tendit ses lèvres, lissa de nouveau ses cheveux, et nous sortîmes de cette chambre, elle en chantant, moi à moitié fou. Me ofreció sus labios, alisó de nuevo sus cabellos, y salimos de aquella habitación, ella cantando, yo medio loco.
Dans le salon elle me dit tout bas, en s′ arrêtant: -Cela doit vous paraître étrange que j′ aie l′ air d′ être prête à vous accepter ainsi tout de suite; savez -vous d′ où cela vient? Cela vient, continua -t -elle en prenant ma main et en la posant contre son coeur dont je sentis les palpitations violentes et répétées, cela vient de ce que, devant vivre moins longtemps que les autres, je me suis promis de vivre plus vite. En el salón se detuvo y me dijo en voz muy baja: ––Quizá le parezca raro que me haya mostrado tan dispuesta a aceptarlo así, en seguida. ¿Sabe a qué se debe? Se debe ––continuó, tomándome una mano y colocándola contra su corazón, cuyas palpitaciones violentas y repetidas yo sentía––, se debe a que, ante la perspectiva de vivir menos que los demás, me he propuesto vivir más de prisa.
-Ne me parlez plus de la sorte, je vous en supplie. ––No vuelva a hablarme de ese modo, se lo suplico.
-Oh! Consolez -vous, continua -t -elle en riant. Si peu de temps que j′ aie à vivre, je vivrai plus longtemps que vous ne m′ aimerez. ––¡Oh, consuélese! ––prosiguió, riendo––. Por poco que viva, viviré más tiempo del que usted me quiera.
Et elle entra en chantant dans la salle à manger. Y entró cantando en el comedor.
-Où est Nanine? Dit -elle en voyant Gaston et Prudence seuls. ––¿Dónde está Nanine? ––dijo al ver a Gastón y a Prudence solos.
-Elle dort dans votre chambre, en attendant que vous vous couchiez, répondit Prudence. ––Se ha ido a dormir a la habitación de usted, esperando que usted se acueste ––respondió Prudence.
-La malheureuse! Je la tue! Allons, messieurs, retirez -vous, il est temps. ––¡Pobre infeliz! ¡Estoy matándola! Vamos, señores, retírense, ya es hora.
Dix minutes après, Gaston et moi nous sortions. Diez minutos después Gastón y yo salimos.
Marguerite me serrait la main en me disant adieu et restait avec Prudence. Marguerite me estrechó la mano diciéndome adiós y se quedó con Prudence.
-Eh bien, me demanda Gaston, quand nous fmes dehors, que dites -vous de Marguerite? -C′ est un ange, et j′ en suis fou. ––Bueno ––me preguntó Gastón, cuando estuvimos fuera––, ¿qué me dice de Marguerite? ––Es un ángel, y estoy loco por ella.
-Je m′ en doutais; le lui avez -vous dit? -Oui. ––Me lo imaginaba. ¿Se lo ha dicho? ––Sí.
-Et vous a -t -elle promis de vous croire. ––¿Y le ha prometido hacerle caso?
-Non. ––No.
-Ce n′ est pas comme Prudence. ––No es como Prudence.
-Elle vous l′ a promis? -Elle a fait mieux, mon cher! On ne le croirait pas, elle est encore très bien, cette grosse Duvernoy! ––¿Ella sí que se lo ha prometido? ––¡Ha hecho algo más, amigo mío! ¡Aunque no lo parezca, hay que ver lo buena que está todavía esa gorda de Duvernoy!







CHAPITRE XI

Capítulo XI

En cet endroit de son récit, Armand s′ arrêta. Al llegar a aquella parte de su relato, Armand se detuvo.
-Voulez -vous fermer la fenêtre? Me dit -il, je commence à avoir froid. Pendant ce temps, je vais me coucher. ––¿Quiere cerrar la ventana? ––me dijo––. Empiezo a tener frío. Entre tanto, yo voy a acostarme.
Je fermai la fenêtre. Armand, qui était très faible encore, ôta sa robe de chambre et se mit au lit, laissant pendant quelques instants reposer sa tête sur l′ oreiller comme un homme fatigué d′ une longue course ou agité de pénibles souvenirs. Cerré la ventana. Armand, que aún estaba muy débil, se quitó la bata y se metió en la cama, dejando durante unos instantes reposar su cabeza sobre la almohada, como un hombre cansado tras una larga carrera o agitado por penosos recuerdos.
-Vous avez peut -être trop parlé, lui dis -je, voulez -vous que je m′ en aille et que je vous laisse dormir? Vous me raconterez un autre jour la fin de cette histoire. ––Quizá ha hablado de más ––le dije. Quiere que me vaya y que le deje dormir? Ya me contará otro día el final de esta historia.
-Est -ce qu′ elle vous ennuie? -Au contraire. ––¿Lo aburre? ––Al contrario.
-Je vais continuer alors; si vous me laissiez seul, je ne dormirais pas. ––Entonces voy a continuar; si me deja usted solo, no podré dormir.
-Quand je rentrai chez moi, reprit -il, sans avoir besoin de se recueillir, tant tous ces détails étaient encore présents à sa pensée, je ne me couchai pas, je me mis à réfléchir sur l′ aventure de la journée. La rencontre, la présentation, l′ engagement de Marguerite vis -à -vis de moi, tout avait été si rapide, si inespéré, qu′ il y avait des moments où je croyais avoir rêvé. Cependant ce n′ était pas la première fois qu′ une fille comme Marguerite se promettait à un homme pour le lendemain du jour où il le lui demandait. Cuando volví a cara ––prosiguió, sin necesidad de concentrarse, de tan presentes como estaban aún en su pensamiento todos los detalles––, no me acosté; me pose a reflexionar sobre la aventura de la jornada. El encuentro, la presentación, el compromiso de Marguerite para conmigo, todo había sido tan rápido, tan inesperado, que había momentos en que creía haber soñado. Sin embargo, tampoco era la primera vez que una chica como Marguerite prometía entregarse a un hombre al día siguiente de aquel en que se lo había pedido.
J′ avais beau me faire cette réflexion, la première impression produite par ma future maîtresse sur moi avait été si forte qu′ elle subsistait toujours. Por más que me hacía tal reflexión, la primera impresión que mi futura amante me produjo había sido tan fuerte, que sigue subsistiendo todavía.
Je m′ entêtais encore à ne pas voir en elle une fille semblable aux autres, et avec la vanité si commune à tous les hommes, j′ étais prêt à croire qu′ elle partageait invinciblement pour moi l′ attraction que j′ avais pour elle. Yo seguía empeñado en no ver en ella una chica como las demás y, con era vanidad tan común a todos los hombres, estaba dispuesto a creer que ella sentía por mí la misma irresistible atracción que yo sentía por ella.
Cependant j′ avais sous les yeux des exemples bien contradictoires, et j′ avais entendu dire souvent que l′ amour de Marguerite était passé à l′ état de denrée plus ou moins chère, selon la saison. Sin embargo tenía ante los ojos ejemplos muy contradictorios. y con frecuencia había oído decir que el amor de Marguerite había pasado a ser un artículo más o menos caro según la estación.
Mais comment aussi, d′ un autre côté, concilier cette réputation avec les refus continuels faits au jeune comte que nous avions trouvé chez elle? Vous me direz qu′ il lui déplaisait et que, comme elle était splendidement entretenue par le duc, pour faire tant que de prendre un autre amant, elle aimait mieux un homme qui lui plt. Alors, pourquoi ne voulait -elle pas de Gaston, charmant, spirituel, riche, et paraissait -elle vouloir de moi qu′ elle avait trouvé si ridicule la première fois qu′ elle m′ avait vu? Il est vrai qu′ il y a des incidents d′ une minute qui font plus qu′ une cour d′ une année. Por otro lado, ¿cómo conciliar aquella reputación con los continuos rechazos al joven conde que vimos en su casa? Dirá usted que no le gustaba y que, como el duque la mantenía espléndidamente, antes de tomar otro amante prefería un hombre que le gustase. Pero entonces, ¿por qué no le interesaba Gastón, siendo como era simpático, ingenioso y rico, y parecía aceptarme a mí, que le había dado la impresión de ser tan ridículo la primera vez que me vio? Es cierto que hay incidentes de un minuto que producen más efecto que un cortejo de un año.
De ceux qui se trouvaient au souper, j′ étais le seul qui se ft inquiété en la voyant quitter la table. Je l′ avais suivie, j′ avais été ému à ne pouvoir le cacher, j′ avais pleuré en lui baisant la main. Cette circonstance, réunie à mes visites quotidiennes pendant les deux mois de sa maladie, avait pu lui faire voir en moi un autre homme que ceux connus jusqu′ alors, et peut -être s′ était -elle dit qu′ elle pouvait bien faire pour un amour exprimé de cette façon ce qu′ elle avait fait tant de fois, que cela n′ avait déjà plus de conséquence pour elle. De todos los que estábamos cenando yo fui el único que se preocupó al verla dejar la mesa. Yo la seguí, me emocioné sin poder disimularlo, lloré al besarle la mano. Aquella circunstancia, unida a mis visitas cotidianas durante los dos meses de su enfermedad, pudo hacerle ver en mí un hombre distinto de todos los que había conocido hasta entonces, y quizá se dijo que bien podía hacer por un amor expresado de aquel modo lo que había hecho tantas veces, algo que ya no podía tener consecuencias para ella.
Toutes ces suppositions, comme vous le voyez, étaient assez vraisemblables; mais quelle que ft la raison à son consentement, il y avait une chose certaine, c′ est qu′ elle avait consenti. Como ve usted, todas aquellas suposiciones eran bastante verosímiles; pero, fuera cual fuese la razón de su consentimiento, lo cierto era que ella había consentido.
Or, j′ étais amoureux de Marguerite, j′ allais l′ avoir, je ne pouvais rien lui demander de plus. Pues bien, estaba enamorado de Marguerite, iba a ser mía, no podía pedirle más.
Cependant, je vous le répète, quoique ce ft une fille entretenue, je m′ étais tellement, peut -être pour la poétiser, fait de cet amour un amour sans espoir, que plus le moment approchait où je n′ aurais même plus besoin d′ espérer, plus je doutais. Y sin embargo, se lo repito, aunque fuera una entretenida, hasta tal punto había hecho yo de aquel amor, quizá para poetizarlo, un amor sin esperanza, que, cuanto más se acercaba el momento en que ya no tendría siquiera necesidad de esperar, más dudas me entraban.
Je ne fermai pas les yeux de la nuit. No pude pegar ojo en toda la noche.
Je ne me reconnaissais pas. J′ étais à moitié fou. No me conocía a mí mismo. Estaba medio loco.
Tantôt je ne me trouvais ni assez beau, ni assez riche, ni assez élégant pour posséder une pareille femme, tantôt je me sentais plein de vanité à l′ idée de cette possession: puis je me mettais à craindre que Marguerite n′ et pour moi qu′ un caprice de quelques jours, et, pressentant un malheur dans une rupture prompte, je ferais peut -être mieux, me disais -je, de ne pas aller le soir chez elle, et de partir en lui écrivant mes craintes. De là, je passais à des espérances sans limites, à une confiance sans bornes. Je faisais des rêves d′ avenir incroyables; je me disais que cette fille me devrait sa guérison physique et morale, que je passerais toute ma vie avec elle, et que son amour me rendrait plus heureux que les plus virginales amours. Tan pronto no me veía ni lo bastante guapo, ni lo bastante rico, ni lo bastante elegante para poseer una mujer semejante, como me sentía lleno de vanidad ante la idea de aquella posesión; luego empezaba a temer que Marguerite no sintiera por mí más que un capricho pasajero, y, presintiendo una desgracia en una pronta ruptura, me decía que quizá haría mejor no yendo aquella noche a su casa y marcharme escribiéndole mis temores. De ahí pasaba a tener una esperanza infinita, una confianza ilimitada. Fabricaba increíbles sueños de futuro; me decía que aquella chica me debería su curación física y moral, que pasaría toda mi vida con ella y que su amor me haría más feliz que los más virginales amores.
Enfin, je ne pourrais vous répéter les mille pensées qui montaient de mon coeur à ma tête et qui s′ éteignirent peu à peu dans le sommeil qui me gagna au jour. En fin, no podría repetirle los mil pensamientos que subieron de mi corazón a mi cabeza y que fueron extinguiéndose poco a poco en el sueño, que me venció al rayar el día.
Quand je me réveillai, il était deux heures. Le temps était magnifique. Je ne me rappelle pas que la vie m′ ait jamais paru aussi belle et aussi pleine. Les souvenirs de la veille se représentaient à mon esprit, sans ombres, sans obstacles et gaiement escortés des espérances du soir. Je m′ habillai à la hâte. J′ étais content et capable des meilleures actions. De temps en temps mon coeur bondissait de joie et d′ amour dans ma poitrine. Une douce fièvre m′ agitait. Je ne m′ inquiétais plus des raisons qui m′ avaient préoccupé avant que je m′ endormisse. Je ne voyais que le résultat, je ne songeais qu′ à l′ heure où je devais revoir Marguerite. Eran las dos cuando me desperté. Hacía un tiempo magnífico. No recuerdo que nunca la vida me haya parecido tan hermosa y tan plena. Volvían a mi mente los recuerdos de la víspera, sin sombras, sin obstáculos y alegremente escoltados por las esperanzas de aquella noche. Me vestí a toda prisa. Estaba contento y me sentía capaz de las mejores acciones. De cuando en cuando el corazón me saltaba de alegría y de amor dentro del pecho. Una dulce fiebre me agitaba. Ya no me preocupaba de las razones que me habían inquietado antes de dormirme. No veía más que el resultado, no pensaba más que en la hora en que volvería a ver a Marguerite.
Il me fut impossible de rester chez moi. Ma chambre me semblait trop petite pour contenir mon bonheur; j′ avais besoin de la nature entière pour m′ épancher. Me fue imposible quedarme en casa. Mi habitación me parecía muy pequeña para contener tanta felicidad; necesitaba la naturaleza entera para expansionarme.
Je sortis. Salí.
Je passai par la rue d′ Antin. Le coupé de Marguerite l′ attendait à sa porte; je me dirigeai du côté des Champs -Élysées. J′ aimais, sans même les connaître, tous les gens que je rencontrais. Pasé por la calle de Antin. El cupé de Marguerite la esperaba a la puerta; me dirigí hacia los Campos Elíseos. Amaba, aun sin conocerlos, a todos los que encontraba a mi paso.
Comme l′ amour rend bon! Au bout d′ une heure que je me promenais des chevaux de Marly au rond -point et du rond -point aux chevaux de Marly, je vis de loin la voiture de Marguerite; je ne la reconnus pas, je la devinai. ¡Qué buenos nos hace el amor! Llevaba una hora paseándome desde los caballos de Marly a la glorieta y desde la glorieta a los caballos de Marly, cuando vi de lejos el coche de Marguerite; no lo reconocí, lo adiviné.
Au moment de tourner l′ angle des Champs -Élysées, elle se fit arrêter, et un grand jeune homme se détacha d′ un groupe où il causait pour venir causer avec elle. En el momento de doblar hacia los Campos Elíseos, mandó parar, y un joven alto se separó de un grupo donde estaba charlando y fue a charlar con ella.
Ils causèrent quelques instants; le jeune homme rejoignit ses amis, les chevaux repartirent, et moi, qui m′ étais approché du groupe, je reconnus dans celui qui avait parlé à Marguerite ce comte de G... dont j′ avais vu le portrait et que Prudence m′ avait signalé comme celui à qui Marguerite devait sa position. Charlaron unos instantes; el joven fue a reunirse con sus amigos, los caballos reemprendieron la marcha, y yo, que me había acercado al grupo, reconocí en el que había hablado con Marguerite a aquel conde de G... cuyo retrato había visto yo y a quien Prudence señalaba como el hombre al que Marguerite debía su posición.
C′ était à lui qu′ elle avait fait défendre sa porte, la veille; je supposai qu′ elle avait fait arrêter sa voiture pour lui donner la raison de cette défense, et j′ espérai qu′ en même temps elle avait trouvé quelque nouveau prétexte pour ne pas le recevoir la nuit suivante. Era a él a quien había prohibido la entrada la noche anterior; supuse que ella había mandado parar el coche para darle la explicación de aquella prohibición, y esperé que a la vez hubiera encontrado cualquier otro pretexto para no recibirlo la noche siguiente.
Comment le reste de la journée se passa, je l′ ignore; je marchai, je fumai, je causai, mais de ce que je dis, de ceux que je rencontrai, à dix heures du soir, je n′ avais aucun souvenir. Ignoro cómo transcurrió el resto de la jornada; anduve, fumé, charlé, pero a las diez de la noche no recordaba nada de lo que dije ni con quiénes me encontré.
Tout ce que je me rappelle, c′ est que je rentrai chez moi, que je passai trois heures à ma toilette, et que je regardai cent fois ma pendule et ma montre, qui malheureusement allaient l′ une comme l′ autre. Todo lo que recuerdo es que volví a mi casa, que me pasé tres horas acicalándome y que miré cien veces mi reloj y el de pared, que por desgracia iban los dos igual.
Quand dix heures et demie sonnèrent, je me dis qu′ il était temps de partir. Cuando dieron las diez y media, me dije que ya era hora de salir.
Je demeurais à cette époque rue de provence: je suivis la rue du Mont -Blanc, je traversai le boulevard, pris la rue Louis -Le -Grand, la rue de Port -Mahon, et la rue d′ Antin. Je regardai aux fenêtres de Marguerite. Por entonces vivía yo en la calle de Provence: seguí por la calle del Mont––Blanc, atravesé el bulevar, tomé la calle de Luois––leGrand, la de Port––Mahon y llegué a la de Antin. Miré hacia las ventanas de Marguerite.
Il y avait de la lumière. Había luz en ellas.
Je sonnai. Llamé.
Je demandai au portier si Mademoiselle Gautier était chez elle. Pregunté al portero si estaba en casa la señorita Gautier.
Il me répondit qu′ elle ne rentrait jamais avant onze heures ou onze heures un quart. Me respondió que no volvía nunca antes de las once o las once y cuarto.
Je regardai ma montre. Miré mi reloj.
J′ avais cru venir tout doucement, je n′ avais mis que cinq minutes pour venir de la rue de provence chez Marguerite. Creía que había venido muy despacio, y no había empleado más de cinco minutos para ir de la calle de Provence a la casa de Marguerite.
Alors, je me promenai dans cette rue sans boutiques, et déserte à cette heure. Así que estuve paseándome por aquella calle sin tiendas y desierta a aquella hora.
Au bout d′ une demi -heure Marguerite arriva. Elle descendit de son coupé en regardant autour d′ elle comme si elle et cherché quelqu′ un. Al cabo de media hora llegó Marguerite. Bajó de su cupé mirando a su alrededor como si estuviera buscando a alguien.
La voiture repartit au pas, les écuries et la remise n′ étant pas dans la maison. Au moment où Marguerite allait sonner, je m′ approchai et lui dis: -Bonsoir. El coche se fue al paso, pues en la casa no había cuadras ni cochera. En el momento en que Marguerite iba a llamar me acerqué y le dije: Buenas noches.
-Ah! C′ est vous? Me dit -elle d′ un ton peu rassurant sur le plaisir qu′ elle avait à me trouver là. ––¡Ah!, ¿es usted? ––me dijo en un tono poco tranquilizador respecto al placer que le causaba el encontrarme allí.
-Ne m′ avez -vous pas permis de venir vous faire visite aujourd′ hui? -C′ est juste; je l′ avais oublié. ––¿No me permitió que viniera a visitarla hoy? ––Sí, es verdad; lo había olvidado.
Ce mot renversait toutes mes réflexions du matin, toutes mes espérances de la journée. Cependant, je commençais à m′ habituer à ces façons et je ne m′ en allai pas, ce que j′ eusse évidemment fait autrefois. Aquellas palabras echaban por tierra todas mis reflexiones de la mañana, todas las esperanzas de la jornada. Sin embargo, empecé a habituarme a sus modales y no me fui, cosa que evidentemente hubiera hecho en otro tiempo.
Nous entrâmes. Entramos.
Nanine avait ouvert la porte d′ avance. Nanine había abierto ya la puerta.
-Prudence est -elle rentrée? Demanda Marguerite. ––¿Ha vuelto Prudence? ––preguntó Marguerite.
-Non, madame. ––No, señora.
-Va dire que dès qu′ elle rentrera elle vienne. ––Ve a decir que venga en cuanto vuelva.
Auparavant, éteins la lampe du salon, et, s′ il vient quelqu′ un, réponds que je ne suis pas rentrée et que je ne rentrerai pas. Apaga antes la lámpara del salón y, si viene alguien, di que no he vuelto y que ya no volveré.
C′ était bien là une femme préoccupée de quelque chose et peut -être ennuyée d′ un importun. Je ne savais quelle figure faire ni que dire. Marguerite se dirigea du côté de sa chambre à coucher; je restai où j′ étais. Tenía el aspecto de una mujer preocupada por algo y quizá molesta por un importuno. Yo no sabía qué cara poner ni qué decir. Marguerite se dirigió hacia su dormitorio; yo me quedé donde estaba.
-Venez, me dit -elle. ––Venga ––me dijo.
Elle ôta son chapeau, son manteau de velours et les jeta sur son lit, puis se laissa tomber dans un grand fauteuil, auprès du feu qu′ elle faisait faire jusqu′ au commencement de l′ été, et me dit en jouant avec la chaîne de sa montre: -Eh bien, que me conterez -vous de neuf? -Rien, sinon que j′ ai eu tort de venir ce soir. Se quitó el sombrero y el abrigo de terciopelo y los arrojó sobre la cama; luego se dejó caer en un gran sillón, al lado del fuego, que mandaba encender hasta principios de verano, y me dijo, mientras jugueteaba con la cadena de su reloj: ––Bueno, ¿y qué me cuenta de nuevo? ––Nada, sino que me he equivocado viniendo esta noche.
-Pourquoi? -Parce que vous paraissez contrariée et que sans doute je vous ennuie. ––¿Por qué? ––Porque parece usted contrariada y sin duda estoy estorbando.
-Vous ne m′ ennuyez pas; seulement je suis malade, j′ ai souffert toute la journée, je n′ ai pas dormi et j′ ai une migraine affreuse. No estorba usted; sólo que estoy un poco enferma, me he sentido indispuesta todo el día, no he dormido y tengo una jaqueca horrible.
-Voulez -vous que je me retire pour vous laisser mettre au lit? -Oh! Vous pouvez rester, si je veux me coucher je me coucherai bien devant vous. ––¿Quiere que me vaya para dejarla meterse en la cama? ––¡Oh!, puede usted quedarse; si quiero acostarme, no tengo inconveniente en acostarme delante de usted.
En ce moment on sonna. En aquel momento llamaron.
-Qui vient encore? Dit -elle avec un mouvement d′ impatience. ––¿Quién viene ahora? Eijo con un movimiento de impaciencia.
Quelques instants après on sonna de nouveau. Unos instantes después volvieron a llamar.
-Il n′ y a donc personne pour ouvrir; il va falloir que j′ ouvre moi -même. Por lo visto no hay nadie para abrir; voy a tener que abrir yo misma.
En effet, elle se leva en me disant: -Attendez ici. Y, en efecto, se levantó diciéndome: ––Espere aquí.
Elle traversa l′ appartement, et j′ entendis ouvrir la porte d′ entrée. -j′ écoutai. Atravesó el piso y oí abrir la puerta de entrada. Escuché.
Celui à qui elle avait ouvert s′ arrêta dans la salle à manger. Aux premiers mots, je reconnus la voix du jeune comte de N... El hombre a quien había abierto se detuvo en el comedor. A las primeras palabras reconocí la voz del joven conde de N...
-Comment vous portez -vous ce soir? Disait -il. ––¿Cómo se encuentra esta noche? ––dijo.
-Mal, répondit sèchement Marguerite. ––Mal ––respondió secamente Marguerite.
-Est -ce que je vous dérange? -Peut -être. ––¿La molesto? ––Quizá.
-Comme vous me recevez! Que vous ai -je fait, ma chère Marguerite? -Mon cher ami, vous ne m′ avez rien fait. Je suis malade, il faut que je me couche, ainsi vous allez me faire le plaisir de vous en aller. Cela m′ assomme de ne pas pouvoir rentrer le soir sans vous voir apparaître cinq minutes après. Qu′ est -ce que vous voulez? Que je sois votre maîtresse? Eh bien, je vous ai déjà dit cent fois que non, que vous m′ agacez horriblement, et que vous pouvez vous adresser autre part. Je vous le répète aujourd′ hui pour la dernière fois: je ne veux pas de vous, c′ est bien convenu; adieu. Tenez, voici Nanine qui rentre; elle va vous éclairer. ––¡Cómo me recibe usted! Pero, querida Marguerite, ¿qué le he hecho yo? ––Querido amigo, no me ha hecho usted nada. Estoy enferma y tengo que acostarme, así que hágame el favor de marcharse. Me fastidia no poder volver por la noche sin verlo aparecer cinco minutos después. ¿Qué quiere? ¿Que sea su amante? Bueno, pues ya le he dicho cien veces que no, que me irrita usted horriblemente y que puede dirigirse a otra parte. Se lo repito hoy por última vez: No me interesa usted, ¿está entendido? Adiós. Mire, ahí vuelve Nanine; ella lo alumbrará.
Bonsoir. Buenas noches.
Et sans ajouter un mot, sans écouter ce que balbutiait le jeune homme, Marguerite revint dans sa chambre et referma violemment la porte, par laquelle Nanine, à son tour, rentra presque immédiatement. Y sin añadir una palabra, sin escuchar lo que balbuceaba el joven, Marguerite volvió a su habitación y cerró violentamente la puerta, por la que a su vez entró Nanine casi inmediatamente.
-Tu m′ entends, lui dit Marguerite, tu diras toujours à cet imbécile que je n′ y suis pas ou que je ne veux pas le recevoir. Je suis lasse, à la fin, de voir sans cesse des gens qui viennent me demander la même chose, qui me payent et qui se croient quittes avec moi. Si celles qui commencent notre honteux métier savaient ce que c′ est, elles se feraient plutôt femmes de chambre. Mais non; la vanité d′ avoir des robes, des voitures, des diamants nous entraîne; on croit à ce que l′ on entend, car la prostitution a sa foi, et l′ on use peu à peu son coeur, son corps, sa beauté; on est redoutée comme une bête fauve, méprisée comme un paria, on n′ est entourée que de gens qui vous prennent toujours plus qu′ ils ne vous donnent, et on s′ en va un beau jour crever comme un chien, après avoir perdu les autres et s′ être perdue soi -même. ––Escúchame ––le dijo Marguerite––, dile siempre a ese imbécil que no estoy o que no quiero recibirlo. Ya empiezo a estar harta de ver sin cesar a esa gente que viene a pedirme lo mismo, que me pagan y que se creen en paz conmigo. Si las que se inician en nuestro vergonzoso oficio supieran lo que es, preferirían antes hacerse doncellas. Pero no; la vanidad de tener vestidos, coches, diamantes nos arrastra; te crees todo lo que oyes, pues la prostitución tiene su fe, y el corazón, el cuerpo, la belleza se te van desgastando poco a poco; te temen como a una fiera, te desprecian como a un paria, estás rodeada de gente que siempre se lleva más de lo que te da, y un buen día revientas como un perro, después de haber perdido a los demás y haberte perdido a ti misma.
-Voyons, madame, calmez -vous, dit Nanine, vous avez mal aux nerfs ce soir. ––Vamos, señora, cálmese ––dijo Nanine––; está muy nerviosa esta noche.
-Cette robe me gêne, reprit Marguerite en faisant sauter les agrafes de son corsage, donne -moi un peignoir. Eh bien, et Prudence? -Elle n′ était pas rentrée, mais on l′ enverra à madame dès qu′ elle rentrera. ––Este vestido me molesta ––prosiguió Marguerite, haciendo saltar las presillas de su corpiño––; dame un peinador. Bueno, ¿y Prudence? ––No había vuelto todavía, pero le dirán que venga a ver a la señora eri cuanto vuelva.
-En voilà encore une, continua Marguerite en ôtant sa robe et en passant un peignoir blanc, en voilà encore une qui sait bien me trouver quand elle a besoin de moi, et qui ne peut pas me rendre un service de bonne grâce. Elle sait que j′ attends cette réponse ce soir, qu′ il me la faut, que je suis inquiéte, et je suis sûre qu′ elle est allée courir sans s′ occuper de moi. ––Otra que tal ––––continuó Marguerite, quitándose el vestido y poniéndose un peinador blanco––. Otra que se las apaña perfectamente para encontrarme cuando me necesita y que nunca me hace gratis un favor. Sabe que espero esa respuesta esta noche, que me hace falta, que estoy intranquila, y estoy segura de que se ha ido por ahí sin preocuparse de mí.
-Peut -être a -t -elle été retenue. ––A lo mejor la han entretenido.
-Fais -nous donner le punch. ––Al que nos traigan el ponche.
-Vous allez encore vous faire du mal, dit Nanine. ––Va a hacerle daño otra vez ––dijo Nanine.
-Tant mieux. Apporte -moi aussi des fruits, du pâté ou une aile de poulet, quelque chose tout de suite, j′ ai faim. ––Mejor. Tráeme también fruta, paté o un ala de pollo, cualquier cosa, pero en seguida; tengo hambre.
Vous dire l′ impression que cette scène me causait, c′ est inutile; vous le devinez, n′ est -ce pas? -Vous allez souper avec moi, me dit -elle; en attendant, prenez un livre, je vais passer un instant dans mon cabinet de toilette. Es inútil decirle la impresión que me causaba aquella escena; lo adivina usted,¿verdad? ––Cenará usted conmigo ––me dijo––; entre tanto, coja un libro; voy un momento al cuarto de aseo.
Elle alluma les bougies d′ un candélabre, ouvrit une porte au pied de son lit et disparut. Encendió las velas de un candelabro, abrió una puerta situada al pie de la cama y desapareció.
Pour moi, je me mis à réfléchir sur la vie de cette fille, et mon amour s′ augmenta de pitié. Yo me puse a reflexionar sobre la vida de aquella chica, y mi amor aumentó con la piedad.
Je me promenais à grands pas dans cette chambre, tout en songeant, quand Prudence entra. Estaba paseándome a grandes pasos por aquella habitación, sumido en mis pensamientos, cuando entró Prudence.
-Tiens, vous voilà? Me dit -elle: où est Marguerite? -Dans son cabinet de toilette. ––¡Vaya! ¿Usted aquí? ––me dijo––. ¿Dónde está Marguerite? ––En el cuarto de aseo.
-Je vais l′ attendre. Dites donc, elle vous trouve charmant; saviez -vous celà? -Non. ––La esperaré. Una cosa, ¿no sabe que lo encuentra a usted encantador? ––No.
-Elle ne vous l′ a pas dit un peu? -Pas du tout. ––¿No se lo ha insinuado? ––En absoluto.
-Comment êtes -vous ici? -Je viens lui faire une visite. ––¿Y cómo está usted aquí? ––He venido a hacerle una visita.
-À minuit? -Pourquoi pas? -Farceur! -Elle m′ a même très mal reçu. ––¿A las dote de la noche? ––¿Por qué no? ––¡Farsante! ––Pues me ha recibido muy mal.
-Elle va mieux vous recevoir. ––Verá como ahora lo recibe mejor.
-Vous croyez? -Je lui apporte une bonne nouvelle. ––¿Cree usted? ––Le traigo una buena noticia.
-Il n′ y a pas de mal; ainsi elle vous a parlé de moi? -Hier au soir, ou plutôt cette nuit, quand vous avez été parti avec votre ami... à propos, comment va -t -il, votre ami? C′ est Gaston R..., je crois, qu′ on l′ appelle? -Oui, dis -je, sans pouvoir m′ empêcher de sourire en me rappelant la confidence que Gaston m′ avait faite, et en voyant que Prudence savait à peine son nom. ––No time importancia. ¿Así que le ha hablado de mí? ––Anoche, o por mejor decir esta noche, cuando se fue usted con su amigo... A propósito, ¿cómo está su amigo? Gastón R..., creo que se llama así, ¿no? ––Sí ––dije, sin poder dejar de sonreír, al recordar la confidencia que Gastón me había hecho y ver que Prudence apenas sabía su nombre.
-Il est gentil, ce garçon -là; qu′ est -ce qu′ il fait? -Il a vingt -cinq mille francs de rente. Es simpático ese muchacho. ¿Qué hace? Tiene veinticinco mil francos de renta.
-Ah! Vraiment! Eh bien, pour en revenir à vous, Marguerite m′ a questionnée sur votre compte; elle m′ a demandé qui vous étiez, ce que vous faisiez, quelles avaient été vos maîtresses; enfin tout ce qu′ on peut demander sur un homme de votre âge. ––¡Ah!, ¿de veras? Bueno, pues, volviendo a usted, Marguerite me ha interrogado acerca de usted; me ha preguntado quién era, qué hacía, qué amantes había tenido; en fin, todo lo que puede preguntarse sobre un hombre de su edad.
Je lui ai dit tout ce que je sais, en ajoutant que vous êtes un charmant garçon, et voilà. Le he dicho todo lo que sé, añadiendo que es usted un muchacho encantador, y eso es todo.
-Je vous remercie; maintenant, dites -moi donc de quelle commission elle vous avait chargée hier. ––Se lo agradezco; ahora dígame qué fue lo que le encargó a usted ayer.
-D′ aucune; c′ était pour faire partir le comte, ce qu′ elle disait, mais elle m′ en a chargée d′ une pour aujourd′ hui, et c′ est la réponse que je lui apporte ce soir. ––Nada; lo dijo para que se fuera el conde, pero hoy sí que me ha encargado algo, y esta noche le traigo la respuesta.
En ce moment Marguerite sortit de son cabinet de toilette, coquettement coiffée de son bonnet de nuit orné de touffes de rubans jaunes, appelées techniquement des choux. En aquel momento salió Marguerite del cuarto de aseo: traía coquetamente puesto el gorro de dormir adornado con manojos de cintas amarillas, llamados técnicamente borlas.
Elle était ravissante ainsi. Estaba encantadora de aquel modo.
Elle avait ses pieds nus dans des pantoufles de satin, et achevait la toilette de ses ongles. Llevaba en sus pies desnudos zapatillas de raso, y acababa de arreglarse las uñas.
-Eh bien, dit -elle en voyant Prudence, avez -vous vu le duc? -Parbleu! -Et que vous a -t -il dit? -Il m′ a donné. ––Bueno ––dijo al ver a Prudence––, ¿ha visto al duque? ––¡Pues claro! ––¿Y qué le ha dicho? ––Me lo ha dado.
-Combien? -Six mille. ––¿Cuánto? ––Seis mil.
-Vous les avez? -Oui. ––¿Los tiene ahí? ––Sí.
-A -t -il eu l′ air contrarié? -Non. ––¿Parecía contrariado? ––No.
-Pauvre homme! Ce pauvre homme! Fut dit d′ un ton impossible à rendre. Marguerite prit les six billets de mille francs. ––¡Pobre hombre! Aquel «¡pobre hombre!» fue pronunciado en un tono imposible de describir. Marguerite cogió los seis billetes de mil francos.
-Il était temps, dit -elle. Ma chère Prudence, avez -vous besoin d′ argent? -Vous savez, mon enfant, que c′ est dans deux jours le 15, si vous pouviez me prêter trois ou quatre cents francs, vous me rendriez service. ––Ya era hora dijo––. Querida Prudence, ¿necesita dinero? ––Ya sabe, hija mía, que dentro de dos días estamos a 15: si pudiera prestarme trescientos o cuatrocientos francos, me haría un gran favor.
-Envoyez demain matin, il est trop tard pour faire changer. ––Mande a buscarlos mañana por la mañana, ahora es muy tarde para ir a cambiar.
-N′ oubliez pas. ––No se olvide.
-Soyez tranquille. Soupez -vous avec nous? -Non, Charles m′ attend chez moi. ––Descuide. ¿Cena con nosotros? ––No, me está esperando Charles en casa.
-Vous en êtes donc toujours folle? -Toquée, ma chère! à demain. Adieu, Armand. ––¿Pero sigue usted tan loca por él? ––¡Chiflada, querida! Hasta mañana. Adiós, Armand.
Madame Duvernoy sortit. La señora Duvernoy salió.
Marguerite ouvrit son étagère et jeta dedans les billets de banque. Marguerite abrió su secreter y echó dentro los billetes de banco.
-Vous permettez que je me couche! Dit -elle en souriant et en se dirigeant vers son lit. ––¿Me permite que me acueste? ––dijo sonriendo y dirigiéndose hacia la cama.
-Non seulement je vous le permets, mais encore je vous en prie. ––No sólo se lo permito, sino que se lo ruego.
Elle rejeta sur le pied de son lit la guipure qui le couvrait et se coucha. Retiró hacia los pies de la cama la colcha de guipur que la cubría y se acostó.
-Maintenant, dit -elle, venez vous asseoir près de moi et causons. ––Ahora ––dijo––, venga a sentarse a mi lado y charlemos.
Prudence avait raison: la réponse qu′ elle avait apportée à Marguerite l′ égayait. Prudence tenía razón: la respuesta que había traído a Marguerite la alegró.
-Vous me pardonnez ma mauvaise humeur de ce soir? Me dit -elle en me prenant la main. ––¿Me perdona el mal humor de esta noche? ––me dijo, cogiéndome la mano.
-Je suis prêt à vous en pardonner bien d′ autres. ––Estoy dispuesto a perdonarle muchos más.
-Et vous m′ aimez? -A en devenir fou. ––¿Y me quiere? ––Hasta volverme loco.
-Malgré mon mauvais caractère? -Malgré tout. ––¿A pesar de mi mal carácter? ––A pesar de todo.
-Vous me le jurez! -Oui, lui dis -je tout bas. ––¿Me lo jura? ––Sí ––le dije en voz baja.
Nanine entra alors portant des assiettes, un poulet froid, une bouteille de bordeaux, des fraises et deux couverts. Nanine entró entonces llevando platos, un pollo frío, una botella de burdeos, fresas y dos cubiertos.
-Je ne vous ai pas fait faire du punch, dit Nanine, le bordeaux est meilleur pour vous. ––No he dicho que le hagan el ponche ––dijo Nanine––; para usted es mejor el burdeos, ¿verdad, señor?
N′ est -ce pas, monsieur? -Certainement, répondis -je, tout ému encore des dernières paroles de Marguerite et les yeux ardemment fixés sur elle. ––Desde luego ––respondí, emocionado todavía por las últimas palabras de Marguerite y con los ojos ardientemente fijos en ella.
-Bien, dit -elle, mets tout cela sur la petite table, approche -la du lit; nous nous servirons nous -mêmes. Voilà trois nuits que tu passes, tu dois avoir envie de dormir, va te coucher; je n′ ai plus besoin de rien. ––Bueno ––dijo––, pon todo eso en la mesita y acércala a la cama; nos serviremos nosotros mismos. Llevas tres noches en vela y debes de tener ganas de dormir; ve a acostarte, no necesito nada.
-Faut -il fermer la porte à double tour? -Je le crois bien! Et surtout dis qu′ on ne laisse entrer personne demain avant midi. ––¿Hay que cerrar la puerta con dos vueltas de llave? ––¡Ya lo creo! Y, sobre todo, di que no dejen entrar a nadie antes de mediodía.







CHAPITRE XII

Capítulo XII

À cinq heures du matin, quand le jour commença à paraître à travers les rideaux, Marguerite me dit: -Pardonne -moi si je te chasse, mais il le faut. A las cinco de la mañana, cuando el día empezaba a despuntar a través de las cortinas, Marguerite me dijo: ––Perdona que te eche, pero es preciso.
Le duc vient tous les matins; on va lui répondre que je dors, quand il va venir, et il attendra peut -être que je me réveille. El duque viene todas las mañanas; van a decirle que estoy durmiendo, cuando llegue, y quizá esperará a que me despierte.
Je pris dans mes mains la tête de Marguerite, dont les cheveux défaits ruisselaient autour d′ elle, et je lui donnai un dernier baiser, en lui disant: -Quand te reverrai -je? -Icoute, reprit -elle, prends cette petite clef dorée qui est sur la cheminée, va ouvrir cette porte; rapporte la clef ici et va -t′ en. Dans la journée, tu recevras une lettre et mes ordres, car tu sais que tu dois obéir aveuglément. Tomé entre mis manos la cabeza de Marguerite, cuyos cabellos sueltos se esparcían a su alrededor, y le di un último beso diciéndole: ––¿Cuándo volveré a verte? ––Escucha ––repuso––, coge esa llavecita dorada que hay en la chimenea, ve a abrir esa puerta, vuelve a traer la llave aquí y vete. Durante el día recibirás una carta y mis instrucciones, pues ya sabes que tienes que obedecerme ciegamente.
-Oui, et si je demandais déjà quelque chose? -Quoi donc? -Que tu me laissasses cette clef. ––Sí, y si lo pidiera ya algo? ––¿Qué? ––Que me dejases esta llave.
-Je n′ ai jamais fait pour personne ce que tu me demandes là. ––Nunca he hecho por nadie lo que me pides.
-Eh bien, fais -le pour moi, car je te jure que moi, je ne t′ aime pas comme les autres t′ aimaient. ––Bueno, pues hazlo por mí, pues lo juro que tampoco los demás lo han querido como yo.
-Eh bien, garde -la; mais je te préviens qu′ il ne dépend que de moi que cette clef ne te serve à rien. ––Bueno, pues quédate con ella; pero te advierto que sólo de mí depende que esa llave no te sirva para nada.
-Pourquoi. ––¿Por qué?
-Il y a des verrous en dedans de la porte. ––Porque la puerta tiene cerrojos por dentro.
-Méchante! -Je les ferai ôter. ––¡Mala! ––Mandaré que los quiten.
-Tu m′ aimes donc un peu? -Je ne sais pas comment cela se fait, mais il me semble que oui. Maintenant va -t′ en; je tombe de sommeil. ––Entonces ¿me quieres un poco? ––No sé cómo explicarlo, pero me parece que sí. Ahora vete; me caigo de sueño.
Nous restâmes quelques secondes dans les bras l′ un de l′ autre et je partis. Todavía nos quedamos durante unos segundos el uno en brazos del otro, y me fui.
Les rues étaient désertes, la grande ville dormait encore, une douce fraîcheur courait dans ces quartiers que le bruit des hommes allait envahir quelques heures plus tard. Las calles estaban desiertas, la gran ciudad dormía aún, una suave brisa corría por aquellos barrios que el ruido de los hombres iba a invadir unas horas más tarde.
Il me sembla que cette ville endormie m′ appartenait; je cherchais dans mon souvenir les noms de ceux dont j′ avais jusqu′ alors envié le bonheur; et je ne m′ en rappelais pas un sans me trouver plus heureux que lui. Me pareció que aquella ciudad dormida era mía; busqué en mi memoria los nombres de aquellos cuya felicidad había envidiado hasta entonces, y no recordaba a nadie que no me pareciera menos feliz que yo.
Être aimé d′ une jeune fille chaste, lui révéler le premier cet étrange mystère de l′ amour, certes, c′ est une grande félicité, mais c′ est la chose du monde la plus simple. S′ emparer d′ un coeur qui n′ a pas l′ habitude des attaques, c′ est entrer dans une ville ouverte et sans garnison. L′ éducation, le sentiment des devoirs et la famille sont de très fortes sentinelles, mais il n′ y a sentinelles si vigilantes que ne trompe une fille de seize ans, à qui, par la voix de l′ homme qu′ elle aime, la nature donne ces premiers conseils d′ amour qui sont d′ autant plus ardents qu′ ils paraissent plus purs. Ser amado por una joven casta, ser el primero en revelarle ese extraño misterio del amor ciertamente es una gran felicidad, pero es la cosa más sencilla del mundo. Apoderarse de un corazón que no está acostumbrado a los ataques es entrar en una ciudad abierta y sin guarnición. La educación, el sentido del deber y la familia son muy buenos centinelas, pero no hay centinela tan vigilante que no pueda ser burlado por una muchachita de dieciséis años, cuando la naturaleza, por medio de la voz del hombre que ella ama, le da esos primeros consejos de amor, tanto más ardientes cuanto más puros parecen.
Plus la jeune fille croit au bien, plus elle s′ abandonne facilement, sinon à l′ amant, du moins à l′ amour, car étant sans défiance elle est sans force, et se faire aimer d′ elle est un triomphe que tout homme de vingt -cinq ans pourra se donner quand il voudra. Et cela est si vrai que voyez comme on entoure les jeunes filles de surveillance et de remparts! Les couvents n′ ont pas de murs assez hauts, les mères de serrures assez fortes, la religion de devoirs assez continus pour renfermer tous ces charmants oiseaux dans leur cage, sur laquelle on ne se donne même pas la peine de jeter des fleurs. Aussi comme elles doivent désirer ce monde qu′ on leur cache, comme elles doivent croire qu′ il est tentant, comme elles doivent écouter la première voix qui, à travers les barreaux, vient leur en raconter les secrets, et bénir la main qui lève, la première, un coin du voile mystérieux. Cuanto más cree la joven en el bien, más fácilmente se abandona, si no al amante, sí al amor, pues, como no desconfía, está desprovista de fuerza, y conseguir ser amado por ella es un triunfo que cualquier hombre de veinticinco años podrá permitirse cuando quiera. Y es tan cierto, que mire si no cómo rodean a estas jóvenes de vigilancia y baluartes. No tienen los conventos muros lo suficientemente altos, ni las madres cerraduras lo suficientemente seguras, ni la religión deberes lo suficientemente asiduos para mantener a todos esos encantadores pajarillos encerrados en su jaula, en la que ni se toman la molestia de echar flores. De ese modo, ¡cómo no van a desear ese mundo que se les oculta, cómo no van a creerlo tentador, cómo no van a escuchar la primera voz que a través de los barrotes les cuenta los secretos y a bendecir la primera mano que levanta una puma del velo misterioso!
Mais être réellement aimé d′ une courtisane, c′ est une victoire bien autrement difficile. Chez elles, le corps a usé l′ âme, les sens ont brlé le coeur, la débauche a cuirassé les sentiments. Les mots qu′ on leur dit, elles les savent depuis longtemps, les moyens que l′ on emploie, elles les connaissent, l′ amour même qu′ elles inspirent, elles l′ ont vendu. Elles aiment par métier et non par entraînement. Elles sont mieux gardées par leurs calculs qu′ une vierge par sa mère et son couvent; aussi ont -elles inventé le mot caprice pour ces amours sans trafic qu′ elles se donnent de temps en temps comme repos, comme excuse, ou comme consolation; semblables à ces usuriers qui rançonnent mille individus, et qui croient tout racheter en prêtant un jour vingt francs à quelque pauvre diable qui meurt de faim, sans exiger d′ intérêt et sans lui demander de reçu. Pero ser amado realmente por una cortesana es una victoria mucho más difícil. En ellas el cuerpo ha gastado el alma, los sentidos han quemado el corazón, el desenfreno ha acorazado los sentimientos. Las palabras que se les dicen ya hace mucho tiempo que se las saben, los medios que se emplean con ellas los conocen de sobra, y hasta el amor que inspiran lo han vendido. Aman por oficio y no por atracción. Están mejor custodiadas por sus cálculos que una virgen por su madre y su convento. Y así han inventado la palabra capricho para esos amores no comerciales que de cuando en cuando se permiten como descanso, como excusa o como consuelo, de modo semejante a esos usureros que, tras explotar a mil individuos, creen redimirse prestando un día veinte francos a un pobre hombre cualquiera que se está muriendo de hambre, sin exigirle intereses ni pedirle recibo.
Puis, quand Dieu permet l′ amour à une courtisane, cet amour, qui semble d′ abord un pardon, devient presque toujours pour elle un châtiment. Il n′ y a pas d′ absolution sans pénitence. Quand une créature, qui a tout son passé à se reprocher, se sent tout à coup prise d′ un amour profond, sincère, irrésistible, dont elle ne se ft jamais crue capable; quand elle a avoué cet amour, comme l′ homme aimé ainsi la domine! Comme il se sent fort avec ce droit cruel de lui dire: vous ne faites pas plus pour de l′ amour que vous n′ avez fait pour de l′ argent. Y luego, cuando Dios permite el amor a una cortesana, ese amor, que parece en principio un perdón, casi siempre acaba convirtiéndose para ella en un castigo. No hay absolución sin penitencia. Cuando una criatura que tiene todo un pasado que reprocharse se siente de pronto presa de un amor profundo, sincero, irresistible, del que nunca se creyó capaz; cuando ha confesado ese amor, ¡cómo la domina el hombre al que así ama! ¡Cuán fuerte se siente él teniendo el cruel derecho de decirle: «Ya no puedes hacer por amor nada que no hayas hecho por dinero»!
Alors elles ne savent quelles preuves donner. Un enfant, raconte la fable, après s′ être longtemps amusé dans un champ à crier: au secours! Pour déranger des travailleurs, fut dévoré un beau jour par un ours, sans que ceux qu′ il avait trompés si souvent crussent cette fois aux cris réels qu′ il poussait. Il en est de même de ces malheureuses filles, quand elles aiment sérieusement. Elles ont menti tant de fois qu′ on ne veut plus les croire, et elles sont, au milieu de leurs remords, dévorées par leur amour. Entonces no saben qué pruebas dar. Cuenta la fábula que un niño, después de haberse divertido mucho tiempo en un campo gritando: «¡Socorro!» para importunar a los trabajadores, un buen día fue devorado por un oso, porque aquellos a quienes había engañado con tanta frecuencia no creyeron aquella vez en los gritos verdaderos que lanzaba. Lo mismo ocurre con esas pobres chicas, cuando aman de verdad. Han mentido tantas veces, que nadie quiere creerlas, y en medio de sus remordimientos se ven devoradas por su propio amor.
De là, ces grands dévouements, ces austères retraites dont quelques -unes ont donné l′ exemple. De ahí esas grandes abnegaciones, esos austeros retiros de los que algunas han dado ejemplo.
Mais quand l′ homme qui inspire cet amour rédempteur a l′ âme assez généreuse pour l′ accepter sans se souvenir du passé, quand il s′ y abandonne, quand il aime enfin, comme il est aimé, cet homme épuise d′ un coup toutes les émotions terrestres, et après cet amour son coeur sera fermé à tout autre. Pero, cuando el hombre que inspira ese amor redentor tiene el alma lo suficientemente generosa para aceptarla sin acordarse del pasado, cuando se abandona a él, cuando ama en fin como es amado, ese hombre agota de golpe todas las emociones terrenales, y después de ese amor su corazón se cerrará a cualquier otro.
Ces réflexions, je ne les faisais pas le matin où je rentrais chez moi. Elles n′ eussent pu être que le pressentiment de ce qui allait m′ arriver, et malgré mon amour pour Marguerite, je n′ entrevoyais pas de semblables conséquences; aujourd′ hui je les fais. Tout étant irrévocablement fini, elles résultent naturellement de ce qui a eu lieu. Estas reflexiones no se me ocurrieron la mañana en que volvía a mi casa. Entonces no hubieran podido ser más que el presentimiento de lo que iba a sucederme y, a pesar de mi amor por Marguerite, no vislumbraba yo semejantes consecuencias; se me ocurren hoy. Ahora que todo ha terminado irrevocablemente, se desprenden espontáneamente de lo que sucedió.
Mais revenons au premier jour de cette liaison. Pero volvamos al primer día de aquella relación.
Quand je rentrai, j′ étais d′ une gaieté folle. En songeant que les barrières placées par mon imagination entre Marguerite et moi avaient disparu, que je la possédais, que j′ occupais un peu sa pensée, que j′ avais dans ma poche la clef de son appartement et le droit de me servir de cette clef, j′ étais content de la vie, fier de moi, et j′ aimais Dieu qui permettait tout cela. A la vuelta, yo estaba loco de alegría. Al pensar que las barreras que mi imaginación había alzado entre Marguerite y yo habían desaparecido, que la poseía, que ocupaba un lugar en su pensamiento, que tenía en el bolsillo la llave de su piso y el derecho de servirme de ella, estaba contento de la vida, orgulloso de mí mismo, y amaba a Dios por permitir todo aquello.
Un jour un jeune homme passe dans une rue, il y coudoie une femme, il la regarde, il se retourne, il passe. Cette femme, il ne la connaît pas, elle a des plaisirs, des chagrins, des amours où il n′ a aucune part. Il n′ existe pas pour elle, et peut -être, s′ il lui parlait, se moquerait -elle de lui comme Marguerite avait fait de moi. Des semaines, des mois, des années s′ écoulent, et tout à coup, quand ils ont suivi chacun leur destinée dans un ordre différent, la logique du hasard les ramène en face l′ un de l′ autre. Cette femme devient la maîtresse de cet homme et l′ aime. Un día un joven pasa por una calle, se cruza con una mujer, la mira, se vuelve, sigue adelante. Aquella mujer, que él no conoce, tiene placeres, penas, amores, en los que él no tiene nada que ver. Tampoco él existe para ella, y hasta es posible que, si le dijera algo, se burlase de él como Marguerite lo había hecho de mí. Pasan las semanas, los meses, los años y, de pronto, cuando cada uno ha seguido su destino en un orden diferente, la lógica del azar vuelve a ponerlos al uno frente al otro. Aquella mujer se convierte en amante de aquel hombre y lo ama.
Comment? Pourquoi? Leurs deux existences n′ en font plus qu′ une; à peine l′ intimité existe -t -elle, qu′ elle leur semble avoir existé toujours, et tout ce qui a précédé s′ efface de la mémoire des deux amants. C′ est curieux, avouons -le. ¿Cómo? ¿Por qué? Sus dos existencias ya forman una sola; apenas se establece la intimidad, les parece que ha existido siempre, y todo lo que precedió se borra de la memoria de los dos amantes. Confesemos que es curioso.
Quant à moi, je ne me rappelais plus comment j′ avais vécu avant la veille. Tout mon être s′ exaltait en joie au souvenir des mots échangés pendant cette première nuit. Ou Marguerite était habile à tromper, ou elle avait pour moi une de ces passions subites qui se révèlent dès le premier baiser, et qui meurent quelquefois, du reste, comme elles sont nées. De mí sé decir que ya no recordaba cómo había vivido hasta la víspera. Todo mi ser se exaltaba de alegría al recuerdo de las palabras intercambiadas durante aquella primera noche. O Marguerite era muy hábil para engañar, o sentía por mí una de esas pasiones súbitas que se revelan desde el primer beso, y que a veces mueren también como han nacido.
Plus j′ y réfléchissais, plus je me disais que Marguerite n′ avait aucune raison de feindre un amour qu′ elle n′ aurait pas ressenti, et je me disais aussi que les femmes ont deux façons d′ aimer qui peuvent résulter l′ une de l′ autre: elles aiment avec le coeur ou avec les sens. Souvent une femme prend un amant pour obéir à la seule volonté de ses sens, et apprend sans s′ y être attendue le mystère de l′ amour immatériel et ne vit plus que par son coeur; souvent une jeune fille ne cherchant dans le mariage que la réunion de deux affections pures, reçoit cette soudaine révélation de l′ amour physique, cette énergique conclusion des plus chastes impressions de l′ âme. Cuanto más pensaba en ello, más me decía que Marguerite no tenía ninguna razón para fingir un amor que no hubiera sentido, y me decía también que las mujeres tienen dos formas de amar, que pueden proceder una de otra: aman con el corazón o con los sentidos. Muchas veces una mujer toma un amante, obedeciendo solamente a la voluntad de los sentidos, y, sin habérselo esperado,, descubre el misterio del amor inmaterial y no vive más que para su corazón; otras veces una joven que sólo busca en el matrimonio la unión de dos afectos puros recibe la súbita revelación del amor físico, esa enérgica conclusión de las más castas impresiones del alma.
Je m′ endormis au milieu de ces pensées. Je fus réveillé par une lettre de Marguerite, lettre contenant ces mots: " voici mes ordres: ce soir au vaudeville. Venez pendant le troisième entr′ acte. M G " je serrai ce billet dans un tiroir, afin d′ avoir toujours la réalité sous la main, dans le cas où je douterais, comme cela m′ arrivait par moments. Me dormí en medio de aquellos pensamientos. Me despertó una carta de Marguerite, que contenía estas palabras: «Aquí tiene mis instrucciones: Esta noche en el Vaudeville. Venga durante el tercer entreacto. M. G.» Guardé la nota en un cajón, con el fin de tener siempre la realidad a mano en caso de que me entraran dudas, como me sucedía por momentos.
Elle ne me disait pas de l′ aller voir dans le jour, je n′ osai me présenter chez elle; mais j′ avais un si grand désir de la rencontrer avant le soir que j′ allai aux Champs -Élysées, où, comme la veille, je la vis passer et redescendre. Como no me decía nada de que fuera a verla durante el día, no me atrevía a presentarme en su casa; pero tenía tantas ganas de encontrarme con ella antes de la noche, que fui a los Campos Elíseos, donde, como el día anterior, la vi pasar y volver.
à sept heures, j′ étais au vaudeville. A las siete ya estaba yo en el Vaudeville.
Jamais je n′ étais entré si tôt dans un théâtre. Nunca había entrado tan pronto en un teatro.
Toutes les loges s′ emplirent les unes après les autres. Une seule restait vide: l′ avant -scène du rez -de -chaussée. Todos los palcos fueron llenándose uno tras otro. Sólo uno quedaba vacío: el proscenio de platea.
Au commencement du troisième acte, j′ entendis ouvrir la porte de cette loge, sur laquelle j′ avais presque constamment les yeux fixés, Marguerite parut. Al empezar el tercer acto oí abrir la puerta de aquel palco, del que no quitaba ojo, y apareció Marguerite.
Elle passa tout de suite sur le devant, chercha à l′ orchestre, m′ y vit et me remercia du regard. Pasó en seguida a la parte delantera del palco, buscó por el patio de butacas, me vio y me dio las gracias con la mirada.
Elle était merveilleusement belle ce soir -là. Estaba maravillosamente hermosa aquella noche.
étais -je la cause de cette coquetterie? M′ aimait -elle assez pour croire que, plus je la trouverais belle, plus je serais heureux? Je l′ ignorais encore; mais si telle avait été son intention, elle réussissait, car lorsqu′ elle se montra, les têtes ondulèrent les unes vers les autres, et l′ acteur alors en scène regarda lui -même celle qui troublait ainsi les spectateurs par sa seule apparition. ¿Era yo la causa de aquella coquetería? ¿Me quería lo suficiente para creer que cuanto más hermosa me pareciera más feliz sería? Aún no lo sabía; pero, si tal había sido su intención, lo había conseguido, pues, cuando apareció, las cabezas ondularon unas hacia otras, y hasta el actor que se hallaba en escena en aquel momento miró a la que turbaba de aquel modo a los espectadores con su sola aparición.
Et j′ avais la clef de l′ appartement de cette femme, et dans trois ou quatre heures elle allait de nouveau être à moi. Y yo tenía la llave del piso de aquella mujer, y dentro de tres o cuatro horas iba a ser mía otra vez.
On blâme ceux qui se ruinent pour des actrices et des femmes entretenues; ce qui m′ étonne, c′ est qu′ ils ne fassent pas pour elles vingt fois plus de folies. Il faut avoir vécu, comme moi, de cette vie -là, pour savoir combien les petites vanités de tous les jours qu′ elles donnent à leur amant soudent fortement dans le coeur, puisque nous n′ avons pas d′ autre mot, l′ amour qu′ il a pour elle. Se vitupera a los que se arruinan por actrices y entretenidas; lo sorprendente es que no hagan por ellas veinte veces más de locuras. Hay que haber vivido, como yo, esa vida, para saber cómo las pequeñas vanidades de cada día que proporcionan a su amante van soldando fuertemente en el corazón ––pues no tenemos otra palabra–– el amor que uno siente por ella.
Prudence prit place ensuite dans la loge, et un homme que je reconnus pour le comte de G... Prudence se acomodó luego en el palco, y un hombre, en quien reconocí al conde de G...,
s′ assit au fond. se sentó al fondo.
Á sa vue, un froid me passa sur le coeur. Al verlo, un escalofrío me traspasó el corazón.
Sans doute Marguerite s′ apercevait de l′ impression produite sur moi par la présence de cet homme dans sa loge, car elle me sourit de nouveau, et tournant le dos au comte, elle parut fort attentive à la pièce. Au troisième entr′ acte, elle se retourna, dit deux mots; le comte quitta la loge, et Marguerite me fit signe de venir la voir. Sin duda Marguerite se dio cuenta de la impresión que me había producido la presencia de aquel hombre en su palco, pues me sonrió de nuevo y, dando la espalda al conde, pareció seguir la obra con mucha atención. En el tercer entreacto se volvió, dijo dos palabras, el conde abandonó el palco, y Marguerite me hizo una seña para que fuera a verla.
-Bonsoir, me dit -elle quand j′ entrai, et elle me tendit la main. ––Buenas noches ––me dijo cuando entré, tendiéndome la mano.
-Bonsoir, répondis -je en m′ adressant à Marguerite et à Prudence. ––Buenas noches ––respondí, dirigiéndome a Marguerite y a Prudence.
-Asseyez -vous. ––Siéntese.
-Mais je prends la place de quelqu′ un. Est -ce que m le comte de G... ne va pas revenir? -Si; je l′ ai envoyé me chercher des bonbons pour que nous puissions causer seuls un instant. ––No quisiera quitar el sitio a nadie. ¿No va a volver el señor conde de G...? ––Sí; lo he mandado a comprar bombones para que pudiéramos charlar solos un instante.
Madame Duvernoy est dans la confidence. La señora Duvernoy está en el secreto.
-Oui, mes enfants, dit celle -ci; mais soyez tranquilles, je ne dirai rien. ––Sí, hijos ––dijo ésta––; pero no os preocupéis, que no diré nada.
-Qu′ avez -vous donc ce soir? Dit Marguerite en se levant et en venant dans l′ ombre de la loge m′ embrasser sur le front. ––¿Qué le pasa esta noche? ––dijo Marguerite, levantándose y yendo hasta la sombra del palco para besarme en la frente.
-Je suis un peu souffrant. ––No me siento muy bien.
-Il faut aller vous coucher, reprit -elle avec cet air ironique si bien fait pour sa tête fine et spirituelle. Entonces será mejor que vaya a acostarse ––repuso con aquel aire irónico que tan bien le iba a su rostro delicado y ocurrente.
-Où? -Chez vous. ––¿Adónde? ––A su casa.
-Vous savez bien que je n′ y dormirai pas. ––Bien sabe usted que allí no podría dormir.
-Alors, il ne faut pas venir nous faire la moue ici parce que vous avez vu un homme dans ma loge. ––Entonces no venga aquí arrugándonos el morrito porque ha visto un hombre en mi palco.
-Ce n′ est pas pour cette raison. ––No era por eso.
-Si fait, je m′ y connais, et vous avez tort; ainsi ne parlons plus de cela. Vous viendrez après le spectacle chez Prudence, et vous y resterez jusqu′ à ce que je vous appelle. Entendez -vous? -Oui. ––Claro que sí, bien sé yo lo que me digo; y usted está equivocado, así que no hablemos más de esto. Vaya después del espectáculo a casa de Prudence, y quédese allí hasta que yo lo llame. ¿Entendido? ––Sí.
Est -ce que je pouvais désobéir? -Vous m′ aimez toujours? Reprit -elle. ¿Acaso podía desobedecer? ––¿Sigue queriéndome? ––prosiguió.
-Vous me le demandez! -Vous avez pensé à moi? -Tout le jour. ––¡Y usted me lo pregunta! ––¿Ha pensado en mí? ––Todo el día.
-Savez -vous que je crains décidément de devenir amoureuse de vous? Demandez plutôt à Prudence. ––¿Sabe una cosa? Decididamente, me temo que voy a enamorarme de usted. Pregúnteselo si no a Prudence.
-Ah! Répondit la grosse fille, c′ en est assommant. ––¡Ah! ––respondió la gorda––. ¡Menudo latazol
-Maintenant, vous allez retourner à votre stalle; le comte va rentrer, et il est inutile qu′ il vous trouve ici. ––Ahora vuelva a su butaca; el conde va a regresar, y es mejor que no lo encuentre aquí.
-Pourquoi? -Parce que cela vous est désagréable de le voir. ––¿Por qué? ––Porque le resulta a usted desagradable verlo.
-Non; seulement si vous m′ aviez dit désirer venir au vaudeville ce soir, j′ aurais pu vous envoyer cette loge aussi bien que lui. ––No; sólo que, si usted me hubiera dicho que deseaba venir esta noche al Vaudeville, yo habría podido enviarle este palco tan bien como él.
-Malheureusement, il me l′ a apportée sans que je la lui demande, en m′ offrant de m′ accompagner. ––Por desgracia, me lo llevó sin que yo se lo pidiera, y se ofreció para acompañarme.
Vous le savez très bien, je ne pouvais pas refuser. Sabe usted muy bien que no podía negarme.
Tout ce que je pouvais faire, c′ était de vous écrire où j′ allais pour que vous me vissiez, et parce que moi -même j′ avais du plaisir à vous revoir plus tôt; mais puisque c′ est ainsi que vous me remerciez, je profite de la leçon. Todo lo que podía hacer era escribirle dónde iba, para que usted me viese y para tener yo también el placer de volver a verlo antes; pero, ya que me lo agradece así, tendré en cuenta la lección.
-J′ ai tort, pardonnez -moi. ––Me he equivocado, perdóneme.
-À la bonne heure, retournez gentiment à votre place, et surtout ne faites plus le jaloux. ––Enhorabuena; ahora, sea bueno y vuélvase a su sitio, y sobre todo no se me ponga celoso.
Elle m′ embrassa de nouveau, et je sortis. Me besó otra vez y salí.
Dans le couloir, je rencontrai le comte qui revenait. En el pasillo me encontré con el conde, que ya volvía.
Je retournai à ma stalle. Torné a mi butaca.
Après tout, la présence de M De G... dans la loge de Marguerite était la chose la plus simple. Il avait été son amant, il lui apportait une loge, il l′ accompagnait au spectacle, tout cela était fort naturel, et du moment où j′ avais pour maîtresse une fille comme Marguerite, il me fallait bien accepter ses habitudes. Después de todo, la presencia del señor de G... en el palco de Marguerite era la cosa más normal. Había sido su amante, le llevaba un palco, la acompañaba al espectáculo: todo era muy natural, y desde el momento en que yo tenía por amante a una chica como Marguerite no me quedaba más remedio que aceptar sus costumbres.
Je n′ en fus pas moins très malheureux le reste de la soirée, et j′ étais fort triste en m′ en allant, après avoir vu Prudence, le comte et Marguerite monter dans la calèche qui les attendait à la porte. No por eso dejé de sentirme menos desdichado el resto de la velada, y al irme me encontraba muy triste, después de haber visto Prudence, al conde y a Marguerite subir a la calesa que los esperaba a la puerta.
Et cependant un quart d′ heure après j′ étais chez Prudence. Elle rentrait à peine. Y, sin embargo, un cuarto de hora después ya estaba yo en casa de Prudence. Ella acababa







CHAPITRE XIII

Capítulo XIII

-Vous êtes venu presque aussi vite que nous, me dit Prudence. Ha llegado usted casi tan de prisa como nosotros ––me dijo Prudence.
-Oui, répondis -je machinalement. Où est Marguerite? -Chez elle. –Sí ––respondí maquinalmente––. ¿Dónde está Marguerite? ––En su casa.
-Toute seule? -Avec M De G... ––¿Sola? ––Con el señor de G...
je me promenai à grands pas dans le salon. Me paseaba a grandes pasos por el salón.
-Eh bien, qu′ avez -vous? -Croyez -vous que je trouve drôle d′ attendre ici que M De G... sorte de chez Marguerite? -Vous n′ êtes pas raisonnable non plus. Comprenez donc que Marguerite ne peut pas mettre le comte à la porte. M De G... a été longtemps avec elle, il lui a toujours donné beaucoup d′ argent; il lui en donne encore. Marguerite dépense plus de cent mille francs par an; elle a beaucoup de dettes. Le duc lui envoie ce qu′ elle lui demande, mais elle n′ ose pas toujours lui demander tout ce dont elle a besoin. Il ne faut pas qu′ elle se brouille avec le comte qui lui fait une dizaine de mille francs par an au moins. Marguerite vous aime bien, mon cher ami, mais votre liaison avec elle, dans son intérêt et dans le vôtre, ne doit pas être sérieuse. ––Pero bueno, ¿qué le pasa? ––¿Cree usted que me parece divertido esperar aquí a que el señor de G... salga de casa de Marguerite? ––Tampoco usted es muy razonable que digamos. Comprenda que Marguerite no puede echar al conde a la calle. El señor de G... ha estado mucho tiempo con ella, siempre le ha dado mucho dinero, y todavía se lo da. Marguerite gasta más de cien mil francos al año; tiene muchas deudas. El duque le envía lo que le pide, pero no siempre se atreve a pedirle todo lo que necesita. No puede romper con el conde, que le proporciona diez mil francos al año por lo menos. Marguerite le tiene a usted mucho cariño, querido amigo, pero, mirando el interés de ambos, su relación con ella no debe llegar a nada serio.
Ce n′ est pas avec vos sept ou huit mille francs de pension que vous soutiendrez le luxe de cette fille -là; ils ne suffiraient pas à l′ entretien de sa voiture. Prenez Marguerite pour ce qu′ elle est, pour une bonne fille spirituelle et jolie; soyez son amant pendant un mois, deux mois; donnez -lui des bouquets, des bonbons et des loges; mais ne vous mettez rien de plus en tête, et ne lui faites pas des scènes de jalousie ridicule. Vous savez bien à qui vous avez affaire; Marguerite n′ est pas une vertu. Vous lui plaisez, vous l′ aimez bien, ne vous inquiétez pas du reste. Je vous trouve charmant de faire le susceptible! Vous avez la plus agréable maîtresse de Paris! Elle vous reçoit dans un appartement magnifique, elle est couverte de diamants, elle ne vous cotera pas un sou, si vous le voulez, et vous n′ êtes pas content. Que diable! Vous en demandez trop. Con sus siete a ocho mil francos de renta no podría usted mantener el lujo de una chica así; no bastarían ni para el cuidado de su coche. Tome a Marguerite como es: una buena chica ingeniosa y bonita; sea su amante un mes, dos meses; cómprele flores, bombones y palcos; pero no se meta otra cosa en la cabeza y no le haga escenas ridículas de celos. Sabe muy bien con quién está tratando: Marguerite no es precisamente una virtud. Usted le gusta, usted la aprecia, no se preocupe de lo demás. ¡Me encanta viéndolo hacerse el susceptible! ¡Tiene la amante más apetecible de París, lo recibe en un piso magnífico. está forrada de diamantes, no le costará un céntimo si quiere, y todavía no está contento! ¡Pide usted demasiado, qué demonios!
-Vous avez raison, mais c′ est plus fort que moi, l′ idée que cet homme est son amant me fait un mal affreux. ––Tiene razón, pero es más fuerte que yo; la idea de que ese hombre es su amante me hace un daño horrible.
-D′ abord, reprit Prudence, est -il encore son amant? C′ est un homme dont elle a besoin, voilà tout. En primer lugar ––repuso Prudence––, ¿es aún su amante? Es un hombre al que necesita, eso es todo.
Depuis deux jours, elle lui fait fermer sa porte; il est venu ce matin, elle n′ a pas pu faire autrement que d′ accepter sa loge et de le laisser l′ accompagner. Il l′ a reconduite, il monte un instant chez elle, il n′ y reste pas, puisque vous attendez ici. Tout cela est bien naturel, il me semble. D′ ailleurs vous acceptez bien le duc? -Oui, mais celui -là est un vieillard, et je suis sûr que Marguerite n′ est pas sa maîtresse. Puis, on peut souvent accepter une liaison et n′ en pas accepter deux. Cette facilité ressemble trop à un calcul et rapproche l′ homme qui y consent, même par amour, de ceux qui, un étage plus bas, font un métier de ce consentement et un profit de ce métier. Lleva dos días cerrándole la puerta; pero ha venido esta mañana, y ella no ha tenido más remedio que aceptar su palco y dejarse acompañar. La trae hasta aquí, sube un momento a su casa y no se queda, puesto que usted espera aquí. Me parece que todo esto es muy natural, Por otra parte, al duque lo tolera, ¿no? ––Sí, pero es un anciano y estoy seguro de que Marguerite no es su amante. Además muchas veces uno puede llegar a tolerar una relación y no tolerar dos. Esa facilidad se parece mucho a un cálculo, y el hombre que consiente en ella, incluso por amor, se acerca a los que, en una escala más baja, hacen de ese consentimiento oficio, y de ese oficio dinero.
-Ah! Mon cher, que vous êtes arriéré! Combien en ai -je vus, et des plus nobles, des plus élégants, des plus riches, faire ce que je vous conseille et cela, sans efforts, sans honte, sans remords! Mais cela se voit tous les jours. Mais comment voudriez -vous que les femmes entretenues de Paris fissent pour soutenir le train qu′ elles mènent, si elles n′ avaient pas trois ou quatre amants à la fois? Il n′ y a pas de fortune, si considérable qu′ elle soit, qui puisse subvenir seule aux dépenses d′ une femme comme Marguerite. Une fortune de cinq cent mille francs de rente est une fortune énorme en France; eh bien, mon cher ami, cinq cent mille francs de rente n′ en viendraient pas à bout, et voici pourquoi: un homme qui a un pareil revenu a une maison montée, des chevaux, des domestiques, des voitures, des chasses, des amis; souvent il est marié, il a des enfants, il fait courir, il joue, il voyage, que sais -je, moi! Toutes ces habitudes sont prises de telle façon qu′ il ne peut s′ en défaire sans passer pour être ruiné et sans faire scandale. Tout compte fait, avec cinq cent mille francs par an, il ne peut pas donner à une femme plus de quarante ou cinquante mille francs dans l′ année, et encore c′ est beaucoup. Eh bien, d′ autres amours complètent la dépense annuelle de la femme. Avec Marguerite, c′ est encore plus commode; elle est tombée par un miracle du ciel sur un vieillard riche à dix millions, dont la femme et la fille sont mortes, qui n′ a plus que des neveux riches eux -mêmes, qui lui donne tout ce qu′ elle veut sans rien lui demander en échange; mais elle ne peut pas lui demander plus de soixante -dix mille francs par an, et je suis sûre que si elle lui en demandait davantage, malgré sa fortune et l′ affection qu′ il a pour elle, il le lui refuserait. ––¡Pero, hombre, qué atrasado está usted! ¡A cuántos he visto yo, y de los más nobles, más elegantes y más ricos, hacer lo que le aconsejo a usted, y eso sin esfuerzos, sin vergüenza, sin remordimiento! ¡Pero si esto es algo que se ve todos los días! ¿Qué quiere que hagan las entretenidas de París para mantener el tren de vida que llevan, si no tuvieran tres o cuatro amantes a la vez? No hay fortuna, por considerable que sea, capaz de sufragar por sí sola los gastos de una mujer como Marguerite. Una fortuna de quinientos mil francos de renta es en Francia una fortuna enorme; pues bien, querido amigo, quinientos mil francos de renta no bastarían para cubrir gastos, y vea por qué: un hombre con tales ingresos tiene también una casa montada, caballos, criados, coches, cacerías, amigos; generalmente está casado, tiene hijos, toma parte en las carreras, juega, viaja, ¡qué sé yo! Todas esas costumbres están arraigadas de tal manera, que es imposible prescindir de ellas sin pasar por estar arruinado y sin armar un escándalo. En resumidas cuentas, con quinientos mil francos anuales no se pueden dar a una mujer más de cuarenta o cincuenta mil francos al año, y no es poco. Pues bien, otros amores tendrán que completar el gasto anual de esa mujer. En el caso de Marguerite resulta aún más cómodo: por un milagro del cielo ha caído sobre un viejo rico con diez millones, y encima su mujer y su hija han muerto, no tiene más que sobrinos también ricos, y le da todo lo que quiere sin pedirle nada a cambio; pero ella no puede pedirle más de setenta mil francos al año, y estoy segura de que, si le pidiera más, a pesar de su fortuna y del afecto que siente por ella, se lo negaría.
Tous ces jeunes gens ayant vingt ou trente mille livres de rente à Paris, c′ est -à -dire à peine de quoi vivre dans le monde qu′ ils fréquentent, savent très bien, quand ils sont les amants d′ une femme comme Marguerite, qu′ elle ne pourrait pas seulement payer son appartement et ses domestiques avec ce qu′ ils lui donnent. Ils ne lui disent pas qu′ ils le savent, ils ont l′ air de ne rien voir, et quand ils en ont assez ils s′ en vont. S′ ils ont la vanité de suffire à tout, ils se ruinent comme des sots et vont se faire tuer en Afrique après avoir laissé cent mille francs de dettes à Paris. Croyez -vous que la femme leur en soit reconnaissante? Pas le moins du monde. Au contraire, elle dit qu′ elle leur a sacrifié sa position et que pendant qu′ elle était avec eux, elle perdait de l′ argent. Ah! Vous trouvez tous ces détails honteux, n′ est -ce pas? Ils sont vrais. Vous êtes un charmant garçon, que j′ aime de tout mon coeur, je vis depuis vingt ans parmi les femmes entretenues, je sais ce qu′ elles sont et ce qu′ elles valent, et je ne voudrais pas vous voir prendre au sérieux le caprice qu′ une jolie fille a pour vous. Todos esos jóvenes que tienen veinte o treinta mil libras de renta en París, es decir, que apenas si les da para vivir en el mundo que frecuentan, cuando son amantes de una mujer como Marguerite, saben perfectamente que con lo que le dan ni siquiera podría pagar el piso y los criados. No le dicen que lo saben, hacen como si no vieran nada, y cuando se hartan se van. Si tienen la vanidad de correr con todos los gastos, se arruinan tontamente y van a buscar la muerte a África después de haber dejado cien mil francos de deudas en París. ¿Cree usted que esa mujer se lo agradece? De ninguna manera. Por el contrario, dirá que ha sacrificado su posición y que, mientras andaba con ellos, estaba perdiendo dinero. ¡Ah!, le parecen vergonzosos estos detalles, ¿eh? Pues es la pura verdad. Es usted un muchacho encantador y lo estimo de todo corazón; pero llevo veinte años viviendo con entretenidas, sé lo que son y lo que valen, y no quisiera ver que se toma en serio el capricho que una chica bonita ha tenido por usted.
Puis, outre cela, admettons, continua Prudence, que Marguerite vous aime assez pour renoncer au comte et au duc, dans le cas où celui -ci s′ apercevrait de votre liaison et lui dirait de choisir entre vous et lui, le sacrifice qu′ elle vous ferait serait énorme, c′ est incontestable. Aparte de esto ––continuó Prudence––, admitamos que Marguerite lo quiere a usted lo suficiente para renunciar al conde y al duque, en caso de que éste se diera cuenta de sus relaciones y le planteara el dilema de elegir entre usted y él: es incontestable que el sacrificio que haría por usted sería enorme.
Quel sacrifice égal pourriez -vous lui faire, vous? Quand la satiété serait venue, quand vous n′ en voudriez plus enfin, que feriez -vous pour la dédommager de ce que vous lui auriez fait perdre? Rien. Vous l′ auriez isolée du monde dans lequel étaient sa fortune et son avenir, elle vous aurait donné ses plus belles années, et elle serait oubliée. ¿Y podría usted hacer por ella un sacrificio igual? Cuando llegase la saciedad, cuando estuviese al fin cansado de ella, ¿qué haría para resarcirla de todo lo que le hizo perder? Nada. La habría aislado del mundo en que se hallaban su fortuna y su porvenir, ella le habría dado sus mejores años y sería olvidada.
Ou vous seriez un homme ordinaire, alors, lui jetant son passé à la face, vous lui diriez qu′ en la quittant vous ne faites qu′ agir comme ses autres amants, et vous l′ abandonneriez à une misère certaine; ou vous seriez un honnête homme, et vous croyant forcé de la garder auprès de vous, vous vous livreriez vous -même à un malheur inévitable, car cette liaison, excusable chez le jeune homme, ne l′ est plus chez l′ homme mr. Elle devient un obstacle à tout, elle ne permet ni la famille, ni l′ ambition, ces secondes et dernières amours de l′ homme. Croyez -m′ en donc, mon ami, prenez les choses pour ce qu′ elles valent, les femmes pour ce qu′ elles sont, et ne donnez pas à une fille entretenue le droit de se dire votre créancière en quoi que ce soit. O sería usted un hombre ordinario, y entonces, echándole en cara su pasado, le diría que al dejarla no hacía más que obrar como sus otros amantes, y la abandonaría a una miseria segura; o sería usted un hombre honrado y, creyéndose obligado a seguir a su lado, se entregaría usted mismo a una desgracia inevitable, pues una relación así, excusable en un joven, ya no lo es en un hombre maduro. Se convierte en un obstáculo para todo, no permite tener familia ni ambición, esos segundos y últimos amores del hombre. Así pues, amigo mío, créame, acepte las cosas en lo que valen y a las mujeres como son, y no conceda a una entretenida el derecho de llamarse su acreedora, de cualquier modo que sea.
C′ était sagement raisonné et d′ une logique dont j′ aurais cru Prudence incapable. Je ne trouvai rien à lui répondre, sinon qu′ elle avait raison; je lui donnai la main et la remerciai de ses conseils. No estaba aquello mal razonado, y tenía una lógica de que no hubiera creído capaz a Prudence. No hallaba nada que responderle¡ sino que tenía razón; le di la mano y le agradecí sus consejos.
-Allons, allons, me dit -elle, chassez -moi ces mauvaises théories, et riez; la vie est charmante, mon cher, c′ est selon le verre par lequel on la regarde. Tenez, consultez votre ami Gaston, en voilà un qui me fait l′ effet de comprendre l′ amour comme je le comprends. Ce dont il faut que vous soyez convaincu, sans quoi vous deviendrez un garçon insipide, c′ est qu′ il y a à côté d′ ici une belle fille qui attend impatiemment que l′ homme qui est chez elle s′ en aille, qui pense à vous, qui vous garde sa nuit et qui vous aime, j′ en suis certaine. Maintenant venez vous mettre à la fenêtre avec moi, et regardons partir le comte qui ne va pas tarder à nous laisser la place. ––Vamos, vamos ––me dijo––, olvide esas perniciosas teorías y ríase; la vida es encantadora, amigo mío, todo depende del cristal con que se la mira. Mire, hable con su amigo Gastón: ahí tiene alguien que me da la impresión de que entiende el amor como la entiendo yo. De lo que tiene usted que convencerse, y sin eso se convertirá usted en un muchacho insípido, es que aquí al lado hay una chica guapa que espera con impaciencia que el hombre que está en su casa se vaya, que piensa en usted, que le reserva la noche y que lo quiere, estoy segura. Ahora venga conmigo a asomarse a la ventana, y veremos salir al conde, que no tardará en dejarnos el sitio libre.
Prudence ouvrit une fenêtre, et nous nous accoudâmes à côté l′ un de l′ autre sur le balcon. Prudence abrió una ventana, y nos acodamos sobre el alféizar el uno al lado del otro.
Elle regardait les rares passants, moi je rêvais. Ella miraba a los escasos transeúntes; yo soñaba.
Tout ce qu′ elle m′ avait dit me bourdonnait dans la tête, et je ne pouvais m′ empêcher de convenir qu′ elle avait raison; mais l′ amour réel que j′ avais pour Marguerite avait peine à s′ accommoder de cette raison -là. Aussi poussais -je de temps en temps des soupirs qui faisaient retourner Prudence, et lui faisaient hausser les épaules comme un médecin qui désespère d′ un malade. Todo lo que me había dicho me zumbaba en la cabeza, y no podía dejar de convenir en que tenía razón; pero el amor real que yo sentía por Marguerite tenía dificultad para avenirse con aquella razón. Y así, de cuando en cuando lanzaba yo unos suspiros que hacían volverse a Prudence y le hacían encogerse de hombros, como un médico que desespera de curar a un enfermo.
" comme on s′ aperçoit que la vie doit être courte, disais -je en moi -même, par la rapidité des sensations! Je ne connais Marguerite que depuis deux jours, elle n′ est ma maîtresse que depuis hier, et elle a déjà tellement envahi ma pensée, mon coeur et ma vie, que la visite de ce comte de G... est un malheur pour moi. " enfin le comte sortit, remonta dans sa voiture et disparut. Prudence ferma sa fenêtre. «¡Qué pronto se da uno cuenta de lo corta que debe ser la vida ––me decía a mí mismo––, a juzgar por la rapidez de las sensaciones! Sólo hace dos días que conozco a Marguerite, sólo desde ayer es mi amante, y ya ha invadido de tal modo mi pensamiento, mi corazón y mi vida, que la visita de ese conde de G... supone una desgracia para mí.» Al fin el conde salió, subió a su coche y desapareció. Prudence cerró la ventana.
Au même moment Marguerite nous appelait. En aquel mismo instante Marguerite nos llamaba.
-Venez vite, on met la table, disait -elle, nous allons souper. ––Vengan de prisa, están poniendo la mesa ––decía––; vamos a cenar.
Quand j′ entrai chez elle, Marguerite courut à moi, me sauta au cou et m′ embrassa de toutes ses forces. Cuando entré en su casa, Marguerite corrió hacia mí, me saltó al cuello y me besó con todas sus fuerzas.
-Sommes -nous toujours maussade? Me dit -elle. ––¿Qué, todavía seguimos de mal humor? ––me dijo.
-Non, c′ est fini, répondit Prudence, je lui ai fait de la morale, et il a promis d′ être sage. ––No, se acabó ––respondió Prudence––; he estado echándole un sermón, y ha prometido ser bueno.
-A la bonne heure! Malgré moi, je jetai les yeux sur le lit, il n′ était pas défait: quant à Marguerite, elle était déjà en peignoir blanc. ––¡Enhorabuena! No pude evitar echar una ojeada a la cama: no estaba deshecha. Marguerite ya estaba en peinador blanco.
On se mit à table. Nos pusimos a la mesa.
Charme, douceur, expansion, Marguerite avait tout, et j′ étais bien forcé de temps en temps de reconnaître que je n′ avais pas le droit de lui demander autre chose; que bien des gens seraient heureux à ma place, et que, comme le berger de Virgile, je n′ avais qu′ à jouir des loisirs qu′ un dieu ou plutôt qu′ une déesse me faisait. Encanto, dulzura, expansión, Marguerite lo tenía todo, y de cuando en cuando me veía obligado a reconocer que no tenía derecho a pedirle nada más; que muchos se sentirían felices en mi lugar, y que, como el pastor de Virgilio, no tenía más que gozar de los placeres que un dios o, por mejor decir, una diosa me concedía.
J′ essayai de mettre en pratique les théories de Prudence et d′ être aussi gai que mes deux compagnes; mais ce qui chez elles était nature, chez moi était effort, et le rire nerveux que j′ avais, et auquel elles se trompèrent, touchait de bien près aux larmes. Intenté poner en práctica las teorías de Prudence y mostrarme tan alegre como mis dos compañeras, pero lo que en ellas era natural en mí resultaba forzado, y mi risa nerviosa, aunque las engañase a ellas, estaba muy cerca de las lágrimas.
Enfin le souper cessa, et je restai seul avec Marguerite. Elle alla, comme elle en avait l′ habitude, s′ asseoir sur son tapis devant le feu et regarder d′ un air triste la flamme du foyer. Al fin terminó la cena y me quedé solo con Marguerite. Fue a sentarse en la alfombra ante el fuego, como tenía por costumbre, y se puso a mirar con aire triste la llama del hogar.
Elle songeait! à quoi? Je l′ ignore; moi, je la regardais avec amour et presque avec terreur en pensant à ce que j′ étais prêt à souffrir pour elle. ¡Pensaba! ¿En qué? Lo ignoro; yo la miraba con amor y casi con terror, al considerar lo que estaba dispuesto a sufrir por ella.
-Sais -tu à quoi je pensais? -Non. ––¿Sabes en qué estaba pensando? ––No.
-A une combinaison que j′ ai trouvée. ––En un proyecto que se me ha ocurrido.
-Et quelle est cette combinaison? -Je ne puis pas encore te la confier, mais je puis te dire ce qui en résulterait. Il en résulterait que dans un mois d′ ici je serais libre, je ne devrais plus rien, et nous irions passer ensemble l′ été à la campagne. ––¿Y cuál es ese proyecto? ––Aún no puedo decírtelo, pero puedo decirte su resultado. Y e resultado será que dentro de un mes seré libre, no deberé nada nadie, y nos iremos a pasar juntos el verano en el campo.
-Et vous ne pouvez pas me dire par quel moyen? -Non, il faut seulement que tu m′ aimes comme je t′ aime, et tout réussira. ––¿Y no puede decirme de qué medios se valdrá? ––No, lo único que hace falta es que me quieras como yo te quiero, y todo saldrá bien.
-Et c′ est vous seule qui avez trouvé cette combinaison? -Oui. ––¿Y ha encontrado usted sola ese proyecto? ––Sí.
-Et vous l′ exécuterez seule? -Moi seule aurai les ennuis, me dit Marguerite avec un sourire que je n′ oublierai jamais, mais nous partagerons les bénéfices. ––¿Y lo llevará a cabo sola? ––Yo correré con las preocupaciones ––me dijo Marguerite cox una sonrisa que no olvidaré jamás––, pero los dos compartiremos los beneficios.
Je ne pus m′ empêcher de rougir à ce mot de bénéfices; je me rappelai Manon Lescaut mangeant avec Desgrieux l′ argent de M De B... Al oír la palabra beneficios, no pude dejar de enrojecer recordaba a Manon Lescaut comiéndose con Des Grieux el diner: del señor de B...
Je répondis d′ un ton un peu dur et en me levant: -Vous me permettrez, ma chère Marguerite, de ne partager les bénéfices que des entreprises que je conçois et que j′ exploite moi -même. Respondí en un tono un tanto duro al tiempo que me levantaba: ––Permítame, querida Marguerite, que no comparta más beneficios que los que produzcan las empresas que ideé y exploté yo mismo.
-Qu′ est -ce que cela signifie? -Cela signifie que je soupçonne fort m le comte de G... d′ être votre associé dans cette heureuse combinaison dont je n′ accepte ni les charges ni les bénéfices. ––¿Qué significa eso? ––Significa que tengo muchas sospechas de que el señor conde de G... esté asociado con usted en este feliz proyecto, del que no acepto las cargas ni los beneficios.
-Vous êtes un enfant. Je croyais que vous m′ aimiez, je me suis trompée, c′ est bien. ––Es usted un niño. Creía que me quería, pero me he equivocado; está bien.
Et, en même temps, elle se leva, ouvrit son piano et se remit à jouer l′ invitation à la valse, jusqu′ à ce fameux passage en majeur qui l′ arrêtait toujours. Y al mismo tiempo se levantó, abrió el piano y se puso otra vez a tocar la Invitación al vals, hasta llegar al famoso pasaje en tono mayor que la hacía detenerse siempre.
était -ce par habitude, ou pour me rappeler le jour où nous nous étions connus? Tout ce que je sais, c′ est qu′ avec cette mélodie les souvenirs me revinrent, et, m′ approchant d′ elle, je lui pris la tête entre mes mains et l′ embrassai. ¿Fue por costumbre o para recordarme el día en que nos conocimos? Lo único que sé es que con aquella melodía se reavivaron los recuerdos y, acercándome a ella, tomé su cabeza entre mis manos y la besé.
-Vous me pardonnez? Lui dis -je. ––¿Me perdona? ––le dije.
-Vous le voyez bien, me répondit -elle; mais remarquez que nous n′ en sommes qu′ au second jour, et que déjà j′ ai quelque chose à vous pardonner. ––Ya lo ve ––me respondió––; pero observe que no estamos más que en el segundo día y ya tengo algo que perdonarle.
Vous tenez bien mal vos promesses d′ obéissance aveugle. Mal cumple usted sus promesas de obediencia ciega.
-Que voulez -vous, Marguerite, je vous aime trop, et je suis jaloux de la moindre de vos pensées. ––Qué quiere usted, Marguerite, la amo demasiado y tengo celos hasta del menor de sus pensamientos.
Ce que vous m′ avez proposé tout à l′ heure me rendrait fou de joie, mais le mystère qui précède l′ exécution de ce projet me serre le coeur. Lo que me ha propuesto hace un momento me volverá loco de alegría, pero el misterio que precede a la ejecución de ese plan me oprime el corazón.
-Voyons, raisonnons un peu, reprit -elle en me prenant les deux mains et en me regardant avec un charmant sourire auquel il m′ était impossible de résister; vous m′ aimez, n′ est -ce pas, et vous seriez heureux de passer trois ou quatre mois à la campagne avec moi seule; moi aussi, je serais heureuse de cette solitude à deux, non seulement j′ en serais heureuse, mais j′ en ai besoin pour ma santé. Je ne puis quitter Paris pour un si long temps sans mettre ordre à mes affaires, et les affaires d′ une femme comme moi sont toujours très embrouillées; eh bien, j′ ai trouvé le moyen de tout concilier, mes affaires et mon amour pour vous, oui, pour vous, ne riez pas, j′ ai la folie de vous aimer! Et voilà que vous prenez vos grands airs et me dites des grands mots. Enfant, trois fois enfant, rappelez -vous seulement que je vous aime, et ne vous inquiétez de rien. -est -ce convenu, voyons? -Tout ce que vous voulez est convenu, vous le savez bien. ––Vamos a ver si razonamos un poco ––prosiguió, cogiéndome las dos manos y mirándome con una sonrisa encantadora, a la que me era imposible resistir––; usted me quiere, ¿verdad?, y sería feliz si pudiera pasar en el campo tres o cuatro meses a solas conmigo; también yo sería feliz en esa soledad compartida por los dos, y no sólo sería feliz, sino que lo necesito para mi salud. No puedo irme de París tanto tiempo sin poner en orden mis asuntos, y los asuntos de una mujer como yo siempre están muy embrollados; bueno, pues he encontrado el medio de compaginarlo todo, mis asuntos y mi amor por usted, sí, por usted, no se ría, ¡me ha dado la locura de quererlo!, y, mire usted por dónde, viene dándose aires solemnes y diciéndome palabras altisonantes. Niño, más que niño, acuérdese sólo de que lo quiero y no se preocupe de nada. Vamos a ver, ¿en qué quedamos? ––Quedamos en todo lo que quiera, bien lo sabe usted.
-Alors, avant un mois, nous serons dans quelque village, à nous promener au bord de l′ eau et à boire du lait. Cela vous semble étrange que je parle ainsi, moi, Marguerite Gautier; cela vient, mon ami, de ce que quand cette vie de Paris, qui semble me rendre si heureuse, ne me brle pas, elle m′ ennuie, et alors j′ ai des aspirations soudaines vers une existence plus calme qui me rappellerait mon enfance. On a toujours eu une enfance, quoi que l′ on soit devenue. Oh! Soyez tranquille, je ne vais pas vous dire que je suis la fille d′ un colonel en retraite et que j′ ai été élevée à Saint -Denis. Je suis une pauvre fille de la campagne, et je ne savais pas écrire mon nom il y a six ans. Vous voilà rassuré, n′ est -ce pas? Pourquoi est -ce à vous le premier à qui je m′ adresse pour partager la joie du désir qui m′ est venu? Sans doute parce que j′ ai reconnu que vous m′ aimiez pour moi et non pour vous, tandis que les autres ne m′ ont jamais aimée que pour eux. ––Entonces, antes de un mes, estaremos en algún pueblecito, paseándonos a la orilla del agua y bebiendo leche. Quizá le parezca extraño que yo, Marguerite Gautier, hable así; se debe, amigo mío, a que, cuando esta vida de París, que tan feliz parece hacerme, no me abrasa, me aburre, y entonces siento súbitas aspiraciones hacia una existencia más tranquila que me recuerde mi infancia. Todos hemos tenido una infancia, seamos ahora lo que seamos. ¡Oh! tranquilícese, no voy a decirle que soy hija de un coronel retirado y que fui educada en Saint-Denis!Soy una pobre campesina, y hace seis años aún no sabía escribir mi nombre. Ya está usted tranquilo, ¿no? ¿Por qué me he dirigido a usted antes que a nadie para compartir la alegría del deseo que me ha entrado? Sin duda porque he comprendido que me quiere por mí y no por usted, mientras que los demás nunca me han querido más que por sí mismos.
J′ ai été bien souvent à la campagne, mais jamais comme j′ aurais voulu y aller. C′ est sur vous que je compte pour ce bonheur facile, ne soyez donc pas méchant et accordez -le -moi. Dites -vous ceci: elle ne doit pas vivre vieille, et je me repentirais un jour de n′ avoir pas fait pour elle la première chose qu′ elle m′ a demandée, et qu′ il était si facile de faire. He estado muchas veces en el campo, pero nunca como hubiera querido ir. Cuento con usted para esta sencilla felicidad, así que no sea malo y concédamela. Piense lo siguiente: « No llegará a vieja, y un día me arrepentiré de no haber hecho por ella lo primero que me pidió, con lo fácil de hacer que era.»
Que répondre à de pareilles paroles, surtout avec le souvenir d′ une première nuit d′ amour, et dans l′ attente d′ une seconde? Une heure après, je tenais Marguerite dans mes bras, et elle m′ et demandé de commettre un crime que je lui eusse obéi. ¿Qué responder a semejantes palabras, sobre todo con el recuerdo de una primera noche de amor y en espera de la segunda? Una hora después tenía a Marguerite entre mis brazos, y, si me! hubiera pedido que cometiera un crimen, la hubiera obedecido.
à six heures du matin je partis, et avant de partir je lui dis: -A ce soir? Elle m′ embrassa plus fort, mais elle ne me répondit pas. A las seis de la mañana me marché; y antes de marcharme le dije ––¿Hasta esta noche? 2 Me besó más fuerte, pero no me respondió.
Dans la journée, je reçus une lettre qui contenait ces mots: " cher enfant, je suis un peu souffrante, et le " médecin m′ ordonne le repos. Je me coucherai de " bonne heure ce soir et ne vous verrai pas. Mais, " pour vous récompenser, je vous attendrai demain " à midi. Je vous aime. " mon premier mot fut: elle me trompe! Une sueur glacée passa sur mon front, car j′ aimais déjà trop cette femme pour que ce soupçon ne me bouleversât point. Durante el día recibí una carta que contenía estas palabras: «Querido mío: Estoy algo indispuesta, y el médico me, ordena reposo. Esta noche me acostaré pronto y no lo veré a usted. Pero, en recompensa, lo espero mañana a mediodía. Lo quiero Mi primera palabra fue: «¡Me engaña!» Un sudor helado recorrió mi frente, pues quería ya demasiado a aquella mujer para que no me trastornase la sospecha.
Et cependant je devais m′ attendre à cet événement presque tous les jours avec Marguerite, et cela m′ était arrivé souvent avec mes autres maîtresses, sans que je m′ en préoccupasse fort. D′ où venait donc l′ empire que cette femme prenait sur ma vie? Alors je songeai, puisque j′ avais la clef de chez elle, à aller la voir comme de coutume. De cette façon je saurais bien vite la vérité, et si je trouvais un homme, je le souffletterais. Y sin embargo, tratándose de Marguerite, debía esperarme un acontecimiento así casi a diario, cosa que me había ocurrido muchas veces con otras amantes, sin que me preocupase demasiado. ¿A qué se debía, pues, el dominio que aquella mujer ejercía sobre mi vida? Entonces, puesto que tenía la llave de su casa, pensé en ir a verla como de costumbre. De ese modo sabría realmente la verdad y, si encontraba a un hombre allí, lo abofetearía.
En attendant j′ allai aux Champs –Élysées. J′ y restai quatre heures. Elle ne parut pas. Le soir, j′ entrai dans tous les théâtres où elle avait l′ habitude d′ aller. Elle n′ était dans aucun. Entre tanto fui a los Campos Elíseos. Estuve allí cuatro horas. No apareció. Por la noche entré en todos los teatros donde ella solía ir. No estaba en ninguno.
Á onze heures, je me rendis rue d′ Antin. A las once me dirigí a la calle de Antin.
Il n′ y avait pas de lumière aux fenêtres de Marguerite. Je sonnai néanmoins. No había luz en las ventanas de Marguerite. Sin embargo llamé.
Le portier me demanda où j′ allais. El portero me preguntó dónde iba.
-Chez Mademoiselle Gautier, lui dis -je. ––A casa de la señorita Gautier ––le dije.
-Elle n′ est pas rentrée. ––No ha vuelto.
-Je vais monter l′ attendre. ––Subiré a esperarla.
-Il n′ y a personne chez elle. ––No hay nadie en casa.
Évidemment c′ était là une consigne que je pouvais forcer puisque j′ avais la clef, mais je craignis un esclandre ridicule, et je sortis. Evidentemente era una consigna que podía forzar, puesto que tenía la llave, pero temía armar un escándalo ridículo y salí.
Seulement, je ne rentrai pas chez moi, je ne pouvais quitter la rue, et ne perdais pas des yeux la maison de Marguerite. Il me semblait que j′ avais encore quelque chose à apprendre, ou du moins que mes soupçons allaient se confirmer. Sólo que no volví a mi casa, no podía dejar la calle y no perdía de vista la casa de Marguerite. Me parecía que aún me enteraría de algo, o por lo menos que iban a confirmarse mis sospechas.
Vers minuit, un coupé que je connaissais bien s′ arrêta vers le numéro 9. Hacia las doce un cupé que conocía perfectamente se paró cerca del número 9.
Le comte de G... en descendit et entra dans la maison, après avoir congédié sa voiture. El conde de G... bajó de él y entró en la casa, tras haber despedido a su coche.
Un moment j′ espérai que, comme à moi, on allait lui dire que Marguerite n′ était pas chez elle, et que j′ allais le voir sortir; mais à quatre heures du matin j′ attendais encore. Por un momento esperé que, como a mí, le dirían que Marguerite no estaba en casa y que volvería a verlo salir; pero a las cuatro de la mañana seguía esperando todavía.
J′ ai bien souffert depuis trois semaines, mais ce n′ est rien, je crois, en comparaison de ce que je souffris cette nuit -là. He sufrido mucho en estas tres últimas semanas, pero creo que no ha sido nada en comparación con lo que sufrí aquella noche.







CHAPITRE XIV

Capítulo XIV

Rentré chez moi, je me mis à pleurer comme un enfant. Il n′ y a pas d′ homme qui n′ ait été trompé au moins une fois, et qui ne sache ce que l′ on souffre. Al llegar a casa, me puse a llorar como un niño. No hay hombre que no haya sido engañado al menos una vez y que no sepa lo que se sufre.
Je me dis, sous le poids de ces résolutions de la fièvre que l′ on croit toujours avoir la force de tenir, qu′ il fallait rompre immédiatement avec cet amour, et j′ attendis le jour avec impatience pour aller retenir ma place, retourner auprès de mon père et de ma soeur, double amour dont j′ étais certain, et qui ne me tromperait pas, lui. Bajo el peso de las resoluciones de la fiebre, que siempre nos creemos con fuerza para cumplir, me dije que tenía que romper inmediatamente con aquel amor, y esperé el día con impaciencia para ir a reservar billete y volver al lado de mi padre y de mi hermana, doble amor del que estaba seguro y que ése sí que no me engañaría.
Cependant je ne voulais pas partir sans que Marguerite st bien pourquoi je partais. Seul, un homme qui n′ aime décidément plus sa maîtresse la quitte sans lui écrire. Sin embargo no quería irme sin que Marguerite supiera exactamente por qué me iba. Sólo un hombre que definitivamente ya no quiere a su amante puede abandonarla sin escribirle.
Je fis et refis vingt lettres dans ma tête. Escribí y volví a escribir veinte cartas en mi cabeza.
J′ avais eu affaire à une fille semblable à toutes les filles entretenues, je l′ avais beaucoup trop poétisée, elle m′ avait traité en écolier, en employant, pour me tromper, une ruse d′ une simplicité insultante, c′ était clair. Mon amour -propre prit alors le dessus. Il fallait quitter cette femme sans lui donner la satisfaction de savoir ce que cette rupture me faisait souffrir, et voici ce que je lui écrivis de mon écriture la plus élégante, et des larmes de rage et de douleur dans les yeux: " Ma chère Marguerite, " j′ espère que votre indisposition d′ hier aura été peu de chose. J′ ai été, à onze heures du soir, demander de vos nouvelles, et l′ on m′ a répondu que vous n′ étiez pas rentrée. M De G... a été plus heureux que moi, car il s′ est présenté quelques instants après, et à quatre heures du matin il était encore chez vous. " Pardonnez -moi les quelques heures ennuyeuses que je vous ai fait passer, et soyez sûre que je n′ oublierai jamais les moments heureux que je vous dois. " Je serais bien allé savoir de vos nouvelles aujourd′ hui, mais je compte retourner près de mon père. Estaba claro que había estado tratando con una chica parecida a todas las entretenidas, la había poetizado en exceso, y ella me había tratado como a un escolar, empleando para engañarme una treta de una simplicidad insultante. Entonces mi amor propio se sublevó. Tenía que abandonar a aquella mujer sin darle la satisfacción de saber lo que me hacía sufrir aquella ruptura, y, con mi letra más elegante y lágrimas de rabia y de dolor en los ojos, le escribí lo siguiente: «Mi querida Marguerite: Espero que su indisposición de ayer no haya sido grave. A las once de la noche estuve a preguntar por usted y me dijeron que no había vuelto. El señor de G... tuvo más suerte que yo, pues se presentó unos instantes después, y a las cuatro de la mañana aún seguía en su casa. Perdóneme las pocas horas aburridas que le he hecho pasar, y puede estar segura de que no olvidaré jamás los momentos felices que le debo. Desearía ir hoy a saber de usted, pero pienso volver a casa de mi padre.
" A dieu, ma chère Marguerite; je ne suis ni assez riche pour vous aimer comme je le voudrais, ni assez pauvre pour vous aimer comme vous le voudriez. Oublions donc, vous, un nom qui doit vous être à peu près indifférent, moi, un bonheur qui me devient impossible. " Je vous renvoie votre clef, qui ne m′ a jamais servi et qui pourra vous être utile, si vous êtes souvent malade comme vous l′ étiez hier. " Adiós, mi querida Marguerite; no soy lo suficientemente rico para amarla como yo querría, ni lo suficientemente pobre para amarla como querría usted. Olvidemos, pues, usted un nombre que debe de serle casi indiferente, y yo una felicidad que me resulta imposible. Le devuelvo su llave, que nunca me ha servido y que podrá serle útil, si se pone a menudo tan enferma como se puso ayer.»
Vous le voyez, je n′ avais pas eu la force de finir cette lettre sans une impertinente ironie, ce qui prouvait combien j′ étais encore amoureux. Ya ve usted, no tuve valor para terminar aquella carta sin añadir una impertinente ironía, que demostraba lo enamorado que aún estaba de ella.
Je lus et relus dix fois cette lettre, et l′ idée qu′ elle ferait de la peine à Marguerite me calma un peu. J′ essayai de m′ enhardir dans les sentiments qu′ elle affectait, et quand, à huit heures, mon domestique entra chez moi, je la lui remis pour qu′ il la portât tout de suite. Leí y releí diez veces la carta, y la idea de que daría un disgusto a Marguerite me calmó un poco. Intentaba enardecerme con los sentimientos que la carta afectaba y, cuando a las ocho llegó a casa mi criado, se la di para que la llevara en seguida.
-Faudra -t -il attendre une réponse? Me demanda Joseph (mon domestique s′ appelait Joseph, comme tous les domestiques). ––¿Hay que esperar respuesta? ––me preguntó Joseph (pues mi criado, como todos los criados, se llamaba Joseph).
-Si l′ on vous demande s′ il y a une réponse, vous direz que vous n′ en savez rien et vous attendrez. ––Si le preguntan si espera respuesta, diga que no sabe y aguarde.
Je me rattachais à cette espérance qu′ elle allait me répondre. Me agarraba a la esperanza de que me respondiera.
Pauvres et faibles que nous sommes! Tout le temps que mon domestique resta dehors, je fus dans une agitation extrême. Tantôt me rappelant comment Marguerite s′ était donnée à moi, je me demandais de quel droit je lui écrivais une lettre impertinente, quand elle pouvait me répondre que ce n′ était pas M De G... qui me trompait, mais moi qui trompais M De G...; raisonnement qui permet à bien des femmes d′ avoir plusieurs amants. Tantôt, me rappelant les serments de cette fille, je voulais me convaincre que ma lettre était trop douce encore et qu′ il n′ y avait pas d′ expressions assez fortes pour flétrir une femme qui se riait d′ un amour aussi sincère que le mien. ¡Qué pobres y débiles somos! Todo el tiempo que mi criado estuvo fuera me vi preso de una agitación extrema. Unas veces, recordando cómo Marguerite se había entregado a mí, me preguntaba con qué derecho le escribía una carta tan impertinente, cuando podía responderme que no era el señor de G... quien me engañaba, sino yo quien engañaba al señor de G..., razonamiento que permite a muchas mujeres tener varios amantes. Otras veces, recordando los juramentos de aquella chica, quería convencerme de que mi carta aún era demasiado suave y que no había expresiones bastante fuertes para afrentar a una mujer que se reía de un amor tan sincero como el mío.
Puis, je me disais que j′ aurais mieux fait de ne pas lui écrire, d′ aller chez elle dans la journée, et que, de cette façon, j′ aurais joui des larmes que je lui aurais fait répandre. Luego me decía que habría sido mejor no escribirle a ir a su casa durante el día, y que de ese modo habría gozado con las lágrimas que le habría hecho derramar.
Enfin, je me demandais ce qu′ elle allait me répondre, déjà prêt à croire l′ excuse qu′ elle me donnerait. Finalmente me preguntaba qué me respondería, dispuesto ya a creer la excusa que me diera.
Joseph revint. Volvió Joseph.
-Eh bien? Lui dis -je. ––¿Y qué? ––le dije.
-Monsieur, me répondit -il, madame était couchée et dormait encore, mais dès qu′ elle sonnera, on lui remettra la lettre, et s′ il y a une réponse on l′ apportera. ––Señor ––me respondió––, la señora estaba acostada y aún no se había despertado, pero en cuanto llame le entregarán la carta y, si hay respuesta, la traerán.
Elle dormait! Vingt fois je fus sur le point de renvoyer chercher cette lettre, mais je me disais toujours: -On la lui a peut -être déjà remise, et j′ aurais l′ air de me repentir. ¡Dormía! Veinte veces estuve a punto de mandar a buscar aquella carta, pero siempre me decía: «Quizá se la hayan entregado ya y parecerá que me he arrepentido.»
Plus l′ heure à laquelle il était vraisemblable qu′ elle me répondît approchait, plus je regrettais d′ avoir écrit. Cuanto más se acercaba la hora en que era verosímil que me respondiera, más lamentaba haberla escrito.
Dix heures, onze heures, midi sonnèrent. Dieron las diez, las once, las doce.
Á midi, je fus au moment d′ aller au rendez -vous, comme si rien ne s′ était passé. Enfin, je ne savais qu′ imaginer pour sortir du cercle de fer qui m′ étreignait. A las doce era el momento de acudir a la cita, como si nada hubiera sucedido. Al fin no sabía qué imaginar para salir del círculo de hierro que me oprimía.
Alors, je crus, avec cette superstition des gens qui attendent, que, si je sortais un peu, à mon retour je trouverais une réponse. Les réponses impatiemment attendues arrivent toujours quand on n′ est pas chez soi. Entonces, con esa superstición propia del que espera, creí que, si salía un rato, a la vuelta encontraría una respuesta. Las respuestas que se esperan con impaciencia siempre llegan cuando uno no está en casa.
Je sortis sous prétexte d′ aller déjeuner. Salí con el pretexto de ir a comer.
Au lieu de déjeuner au Café Foy, au coin du boulevard, comme j′ avais l′ habitude de le faire, je préférai aller déjeuner au palais -royal et passer par la rue d′ Antin. Chaque fois que de loin j′ apercevais une femme, je croyais voir Nanine m′ apportant une réponse. Je passai rue d′ Antin sans avoir même rencontré un commissionnaire. J′ arrivai au palais -royal, j′ entrai chez Véry. Le garçon me fit manger ou plutôt me servit ce qu′ il voulut, car je ne mangeai pas. En vez de comer en el Café Foy, en la esquina del bulevar, como tenía por costumbre, preferí ir a comer al Palais–Royal y pasar por la calle de Antin. Cada vez que divisaba una mujer de lejos, creía ver a Nanine que me llevaba una respuesta. Pasé por la calle de Antin sin encontrarme siquiera con un recadero. Llegué al Palais-Royal y entré en el Véry. El camarero me dio de comer o, por mejor decir, me sirvió lo que quiso, pues no comí nada.
Malgré moi, mes yeux se fixaient toujours sur la pendule. Sin querer, mis ojos seguían fijos en el reloj de pared.
Je rentrai, convaincu que j′ allais trouver une lettre de Marguerite. Volví, convencido de que iba a encontrar una carta de Marguerite.
Le portier n′ avait rien reçu. J′ espérais encore dans mon domestique. Celui -ci n′ avait vu personne depuis mon départ. El portero no había recibido nada. Todavía quedaba mi criado. Pero éste no había visto a nadie desde mi salida.
Si Marguerite avait d me répondre, elle m′ et répondu depuis longtemps. Si Marguerite me hubiera respondido, ya lo habría hecho hace tiempo.
Alors, je me mis à regretter les termes de ma lettre; j′ aurais d me taire complètement, ce qui et sans doute fait faire une démarche à son inquiétude; car, ne me voyant pas venir au rendez -vous la veille, elle m′ et demandé les raisons de mon absence, et alors seulement j′ eusse d les lui donner. De cette façon, elle n′ et pu faire autrement que de se disculper, et ce que je voulais, c′ était qu′ elle se disculpât. Je sentais déjà que quelques raisons qu′ elle m′ et objectées, je les aurais crues, et que j′ aurais mieux tout aimé que de ne plus la voir. Entonces empecé a lamentar los términos de mi carta; hubiera debido callarme completamente, y eso sin duda la hubiera obligado en su inquietud a dar el primer paso; pues, al no verme acudir a la cita de la víspera, se habría preguntado las razones.de mi ausencia, y sólo entonces hubiera debido dárselas. De ese modo ella no habría podido hacer otra cosa que disculparse, y lo que yo quería era que se disculpara. Sentía ya que habría creído cualquier razón que hubiera pretextado, y que habría preferido cualquier, cosa antes que no volver a verla.
J′ en arrivai à croire qu′ elle allait venir elle -même chez moi, mais les heures se passèrent et elle ne vint pas. Llegué a creer que vendría ella misma a mi casa, mas pasaron las horas y no vino.
Décidément, Marguerite n′ était pas comme toutes les femmes, car il y en a bien peu qui, en recevant une lettre semblable à celle que je venais d′ écrire, ne répondent pas quelque chose. Decididamente Marguerite no era como las demás mujeres, pues hay pocas que, recibiendo una carta como la que yo acababa de escribir, no respondan algo.
à cinq heures, je courus aux Champs –Élysées. A las cinco corrí a los Campos Elíseos.
-Si je la rencontre, pensais -je, j′ affecterai un air indifférent, et elle sera convaincue que je ne songe déjà plus à elle. «Si me encuentro con ella ––pensaba––, afectaré un aire indiferente, y se convencerá de que ya no pienso en ella.»
Au tournant de la rue Royale, je la vis passer dans sa voiture; la rencontre fut si brusque que je pâlis. J′ ignore si elle vit mon émotion; moi, j′ étais si troublé que je ne vis que sa voiture. Al doblar por la calle Royale, la vi pasar en su coche; el encuentro fue tan brusco, que palidecí. Ignoro si vio mi emoción; yo estaba tan turbado, que no vi más que su coche.
Je ne continuai pas ma promenade aux Champs -Élysées. No seguí mi paseo hasta los Campos Elíseos.
Je regardai les affiches des théâtres, car j′ avais encore une chance de la voir. Miraba los carteles de los teatros, pues aún me quedaba una oportunidad de verla.
Il y avait une première représentation au palais -royal. Marguerite devait évidemment y assister. Había un estreno en el Palais––Royal. Evidentemente Marguerite asistiría a él.
J′ étais au théâtre à sept heures. A las siete ya estaba yo en el teatro.
Toutes les loges s′ emplirent, mais Marguerite ne parut pas. Se llenaron todos los palcos, pero Marguerite no apareció.
Alors, je quittai le palais -royal, et j′ entrai dans tous les théâtres où elle allait le plus souvent, au vaudeville, aux variétés, à l′ opéra -comique. Dejé entonces el Palais––Royal y entré en todos los teatros adonde iba ella más a menudo, el Vaudeville, el Variétés y la Opera Cómica.
Elle n′ était nulle part. No estaba en ninguno.
Ou ma lettre lui avait fait trop de peine pour qu′ elle s′ occupât de spectacle, ou elle craignait de se trouver avec moi, et voulait éviter une explication. O mi carta la había apenado demasiado para andar ocupándose de espectáculos, o temía encontrarse conmigo y quería evitar una explicación.
Voilà ce que ma vanité me soufflait sur le boulevard, quand je rencontrai Gaston qui me demanda d′ où je venais. Eso era lo que mi vanidad me iba soplando por el bulevar, cuando me encontré con Gastón, que me preguntó de dónde venía.
-Du Palais -Royal. ––Del Palais-Royal.
-Et moi de l′ Opéra, me dit -il; je croyais même vous y voir. ––Y yo de la Opera ––me dijo––; por cierto, creí que lo vería a usted allí.
-Pourquoi? -Parce que Marguerite y était. ––¿Por qué? ––Porque estaba Marguerite.
-Ah! Elle y était? -Oui. ––¿Ah, estaba allí? ––Sí.
-Seule? -Non, avec une de ses amies. ––¿Sola? ––No, con una amiga.
-Voilà tout? -Le comte de G... est venu un instant dans sa loge; mais elle s′ en est allée avec le duc. à chaque instant je croyais vous voir paraître. Il y avait à côté de moi une stalle qui est restée vide toute la soirée, et j′ étais convaincu qu′ elle était louée par vous. ––¿Y nadie más? ––El conde de G... ha estado un momento en su palco; pero ella se ha ido con el duque. A cada instante creía que iba a verlo aparecer a usted. Había a mi lado una butaca que ha estado vacía todo el tiempo, y estaba convencido de que estaba reservada para usted.
-Mais pourquoi irais -je où Marguerite va? -Parce que vous êtes son amant, pardieu! -Et qui vous a dit cela? -Prudence, que j′ ai rencontrée hier. Je vous en félicite, mon cher; c′ est une jolie maîtresse que n′ a pas qui veut. Gardez -la, elle vous fera honneur. ––¿Pero por qué voy a ir yo donde va Marguerite? ––¡Pardiez, pues porque es usted su amante! ––¿Y quién se lo ha dicho? ––Prudence, que me la encontré ayer. Lo felicito, amigo mío; es una linda amante que no la tiene todo el que quiere. Consérvela, que ella lo honra.
Cette simple réflexion de Gaston me montra combien mes susceptibilités étaient ridicules. Aquel simple comentario de Gastón me demostró cuán ridículas eran mis susceptibilidades.
Si je l′ avais rencontré la veille et qu′ il m′ et parlé ainsi, je n′ eusse certainement pas écrit la sotte lettre du matin. Si me lo hubiera encontrado el día anterior y me hubiera hablado así, desde luego no habría escrito la estúpida carta de la mañana.
Je fus au moment d′ aller chez Prudence et de l′ envoyer dire à Marguerite que j′ avais à lui parler; mais je craignis que pour se venger elle ne me répondît qu′ elle ne pouvait pas me recevoir, et je rentrai chez moi après être passé par la rue d′ Antin. Estuve a punto de ir a casa de Prudence y de enviarla a decir a Marguerite que tenía que hablar con ella; pero temía que por vengarse me respondiera que no podía recibirme, y volví a mi casa después de haber pasado por la calle de Antin.
Je demandai de nouveau à mon portier s′ il avait une lettre pour moi. Pregunté otra vez al portero si había alguna carta para mí.
Rien! Elle aura voulu voir si je ferais quelque nouvelle démarche et si je rétracterais ma lettre aujourd′ hui, me dis -je en me couchant, mais voyant que je ne lui écris pas, elle m′ écrira demain. ¡Nada! « Habrá querido ver si daba otro paso y si hoy me retractaba de mi carta ––pensé al acostarme––, pero, al ver que no le escribo, me escribirá mañana.»
Ce soir -là surtout je me repentis de ce que j′ avais fait. J′ étais seul chez moi, ne pouvant dormir, dévoré d′ inquiétude et de jalousie quand en laissant suivre aux choses leur véritable cours, j′ aurais d être auprès de Marguerite et m′ entendre dire les mots charmants que je n′ avais entendus que deux fois, et qui me brlaient les oreilles dans ma solitude. Aquella noche sobre todo me arrepentí de lo que había hecho. Estaba solo en mi casa, sin poder dormir, devorado de inquietud y de celos, cuando, de haber dejado que las cosas siguieran su verdadero curso, hubiera debido estar al lado de Marguerite, oyéndole decirme las encantadoras palabras que sólo había oído dos veces y que en mi soledad me abrasaban los oídos.
Ce qu′ il y avait d′ affreux dans ma situation, c′ est que le raisonnement me donnait tort; en effet, tout me disait que Marguerite m′ aimait. D′ abord, ce projet de passer un été avec moi seul à la campagne, puis cette certitude que rien ne la forçait à être ma maîtresse, puisque ma fortune était insuffisante à ses besoins et même à ses caprices. Il n′ y avait donc eu chez elle que l′ espérance de trouver en moi une affection sincère, capable de la reposer des amours mercenaires au milieu desquelles elle vivait, et dès le second jour je détruisais cette espérance, et je payais en ironie impertinente l′ amour accepté pendant deux nuits. Ce que je faisais était donc plus que ridicule, c′ était indélicat. Avais -je seulement payé cette femme, pour avoir le droit de blâmer sa vie, et n′ avais -je pas l′ air, en me retirant dès le second jour, d′ un parasite d′ amour qui craint qu′ on ne lui donne la carte de son dîner? Comment! Il y avait trente -six heures que je connaissais Marguerite; il y en avait vingt -quatre que j′ étais son amant, et je faisais le susceptible; et au lieu de me trouver trop heureux qu′ elle partageât pour moi, je voulais avoir tout à moi seul, et la contraindre à briser d′ un coup les relations de son passé qui étaient les revenus de son avenir. Qu′ avais -je à lui reprocher? Rien. Lo más horrible de mi situación era que el razonamiento no me daba la razón; en efecto, todo me decía que Marguerite me quería. Primero, ese proyecto de pasar un verano sólo conmigo en el campo, luego esa certidumbre de que nada la obligaba a ser mi amante, puesto que mi fortuna era insuficiente para sus necesidades a incluso para sus caprichos. En ella, pues, no había habido más esperanza que la de encontrar en mí un afecto sincero, capaz de hacerla descansar de los amores mercenarios en medio de los que vivía, y ya al segundo día destruía yo aquella esperanza y pagaba con una ironía impertinente el amor aceptado durante dos noches. Lo que estaba haciendo, pues, más que ridículo era poco delicado. ¿Había pagado siquiera a aquella mujer, para tener derecho a censurar su vida, y no parecía más bien retirándome al segundo día un parásito de amor que teme que le retiren la carta de su comida? ¡Cómo! Hacía treinta y seis horas que conocía a Marguerite, hacía veinticuatro que era su amante, y me hacía el susceptible; y en vez de alegrarme de que me reservase una parte para mí, quería tenerlo todo para mí solo y obligarla a romper de golpe las relaciones de su pasado, que eran los ingresos de su futuro. ¿Qué tenía que reprocharle? Nada.
Elle m′ avait écrit qu′ elle était souffrante, quand elle et pu me dire tout crment, avec la hideuse franchise de certaines femmes, qu′ elle avait un amant à recevoir; et au lieu de croire à sa lettre, au lieu d′ aller me promener dans toutes les rues de Paris, excepté dans la rue d′ Antin; au lieu de passer ma soirée avec mes amis et de me présenter le lendemain à l′ heure qu′ elle m′ indiquait, je faisais l′ Othello, je l′ espionnais, et je croyais la punir en ne la voyant plus. Mais elle devait être enchantée au contraire de cette séparation; mais elle devait me trouver souverainement sot, et son silence n′ était pas même de la rancune; c′ était du dédain. Me había escrito diciéndome que estaba indispuesta, cuando pudo haberme dicho crudamente, con esa odiosa franqueza de algunas mujeres, que tenía que recibir a un amante; y en vez de creer en su carta, en vez de irme a pasear por todas las canes de París excepto por la calle de Antin, en vez de pasar la noche con mis amigos y presentarme al día siguiente a la hora que me había indicado, yo hacía de Otelo, la espiaba, y creía castigarla no viéndola más. Por el contrario, debía de estar encantada de tal separación, debía de parecerle soberanamente bobo, y su silencio ni siquiera era rencor; era desdén.
J′ aurais d alors faire à Marguerite un cadeau qui ne lui laissât aucun doute sur ma générosité, et qui m′ et permis, la traitant comme une fille entretenue, de me croire quitte avec elle; mais j′ eusse cru offenser par la moindre apparence de trafic, sinon l′ amour qu′ elle avait pour moi, du moins l′ amour que j′ avais pour elle, et puisque cet amour était si pur qu′ il n′ admettait pas le partage, il ne pouvait payer par un présent, si beau qu′ il ft, le bonheur qu′ on lui avait donné, si court qu′ et été ce bonheur. Hubiera debido hacer entonces a Marguerite un regalo que no dejara duda alguna acerca de mi generosidad, y que me hubiera permitido, al tratarla como una entretenida, creerme en paz con ella; pero con la menor apariencia comercial habría creído ofender, si no el amor que ella sentía por mí, al menos el amor que yo sentía por ella, y, puesto que este amor era tan puro que no admitía división, no podía pagar con un presente, por hermoso que fuera, la felicidad que se le había concedido, por corta que hubiera sido.
Voilà ce que je me répétais la nuit, et ce qu′ à chaque instant j′ étais prêt à aller dire à Marguerite. Eso es lo que me estuve repitiendo toda la noche, y lo que a cada instante estaba dispuesto a ir a decir a Marguerite.
Quand le jour parut, je ne dormais pas encore, j′ avais la fièvre; il m′ était impossible de penser à autre chose qu′ à Marguerite. Cuando se hizo de día, aún no dormía y tenía fiebre; no podía dejar de pensar en Marguerite.
Comme vous le comprenez, il fallait prendre un parti décisif, et en finir avec la femme ou avec mes scrupules, si toutefois elle consentait encore à me recevoir. Como comprenderá usted, había que tomar una resolución definitiva, y terminar con aquella mujer o con mis escrúpulos, si es que aún consentía en recibirme.
Mais, vous le savez, on retarde toujours un parti décisif: aussi, ne pouvant rester chez moi, n′ osant me présenter chez Marguerite, j′ essayai un moyen de me rapprocher d′ elle, moyen que mon amour -propre pourrait mettre sur le compte du hasard, dans le cas où il réussirait. Pero ya sabe usted que siempre aplazamos las resoluciones definitivas: así que, como no podía quedarme en mi casa ni me atrevía a presentarme en la de Marguerite, intenté un medio de acercarme a ella, un medio que mi amor propio pudiera atribuir al azar en caso de que diera resultado.
Il était neuf heures; je courus chez Prudence, qui me demanda à quoi elle devait cette visite matinale. Eran las nueve; corrí a casa de Prudence, que me preguntó qué debía aquella visita matinal.
Je n′ osai pas lui dire franchement ce qui m′ amenait. No me atreví a decirle francamente lo que me llevaba allí.
Je lui répondis que j′ étais sorti de bonne heure pour retenir une place à la diligence de C... où demeurait mon père.
Le respondí que había salido temprano para reservar un billete en la diligencia de C..., donde vivía mi padre.
-Vous êtes bien heureux, me dit -elle, de pouvoir quitter Paris par ce beau temps -là. ––Tiene usted mucha suerte ––me dijo––: poder dejar París con este tiempo tan hermoso.
Je regardai Prudence, me demandant si elle se moquait de moi. Miré a Prudence y me pregunté si no estaba burlándose de mí.
Mais son visage était sérieux. Pero su rostro estaba serio.
-Irez -vous dire adieu à Marguerite? Reprit -elle toujours sérieusement. ––¿Irá a decir adiós a Marguerite? ––prosiguió con la misma seriedad.
-Non. ––No.
-Vous faites bien. ––Hace usted bien.
-Vous trouvez? -Naturellement. Puisque vous avez rompu avec elle, à quoi bon la revoir? -Vous savez donc notre rupture? -Elle m′ a montré votre lettre. ––¿Cree usted? ––Naturalmente. Si ha roto con ella, ¿para qué volver a verla? ––¿Entonces sabe lo de nuestra ruptura? ––Me ha enseñado su carta.
-Et que vous a -t -elle dit? ––¿Y qué le ha dicho?
-Elle m′ a dit: " ma chère Prudence, votre protégé n′ est pas poli: on pense ces lettres -là, mais on ne les écrit pas. " -Et de quel ton vous a -t -elle dit cela? -En riant et elle a ajouté: " il a soupé deux fois chez moi, et il ne me fait même pas de visite de digestion. " voilà l′ effet que ma lettre et mes jalousies avaient produit. Je fus cruellement humilié dans la vanité de mon amour. ––Me ha dicho: «Querida Prudence, su protegido es un maleducado: estas cartas se piensan, pero no se escriben.» ––¿Y en qué tono se lo ha dicho? ––Riéndose, y ha añadido: «Ha cenado dos veces en mi casa, ni siquiera me ha hecho una visita de estómago agradecido.» Ese era el efecto que mi carta y mis celos habían producido. Me vi cruelmente humillado en la vanidad de mi amor.
-Et qu′ a -t -elle fait hier au soir? -Elle est allée à l′ Opéra. ––¿Y qué hizo ayer por la noche? ––Estuvo en la Opera.
-Je le sais. Et ensuite? -Elle a soupé chez elle. ––Ya lo sé. ¿Y después? ––Cenó en su casa.
-Seule? -Avec le comte de G..., je crois. ––¿Sola? ––Creo que con el conde de G...
Ainsi ma rupture n′ avait rien changé dans les habitudes de Marguerite. Así pues, mi ruptura no había modificado nada las costumbres de Marguerite.
C′ est pour ces circonstances -là que certaines gens vous disent: -Il fallait ne plus penser à cette femme qui ne vous aimait pas. Es en estas circunstancias cuando la gente suele decirte: «tenía usted que pensar tanto en esa mujer que no lo quería.»
-Allons, je suis bien aise de voir que Marguerite ne se désole pas pour moi, repris -je avec un sourire forcé. ––Vaya, me alegra saber que Marguerite no se aflige por m햖repuse con una sonrisa forzada.
-Et elle a grandement raison. Vous avez fait ce que vous deviez faire, vous avez été plus raisonnable qu′ elle, car cette fille -là vous aimait, elle ne faisait que parler de vous, et aurait été capable de quelque folie. ––Y tiene mucha razón. Usted ha hecho lo que debía hacer, ha sido usted más razonable que ella, pues esa chica lo quería, no hacía más que hablar de usted, y habría sido capaz de cualquier locura.
-Pourquoi ne m′ a -t -elle pas répondu, puisqu′ elle m′ aime? ––¿Por qué no me ha contestado, si me quiere?
-Parce qu′ elle a compris qu′ elle avait tort de vous aimer. Puis les femmes permettent quelquefois qu′ on trompe leur amour, jamais qu′ on blesse leur amour -propre, et l′ on blesse toujours l′ amour -propre d′ une femme quand, deux jours après qu′ on est son amant, on la quitte, quelles que soient les raisons que l′ on donne à cette rupture. Je connais Marguerite, elle mourrait plutôt que de vous répondre. ––Porque ha comprendido que había cometido un error al quererlo a usted. Además, las mujeres permiten a veces que se traicione su amor, pero nunca que hieran su amor propio, y siempre se hiere el amor propio de una mujer cuando, a los dos días de ser su amante, uno la abandona, cualesquiera que sean las razones que alegue para esa ruptura. Conozco a Marguerite, y moriría antes de contestarle.
-Que faut -il que je fasse alors? -Rien. Elle vous oubliera, vous l′ oublierez, et vous n′ aurez rien à vous reprocher l′ un à l′ autre. ––Entonces ¿qué tengo que hacer? ––Nada. Ella lo olvidará a usted, usted la olvidará a ella, y no tendrán nada que reprocharse uno a otro.
-Mais si je lui écrivais pour lui demander pardon? -Gardez -vous -en bien, elle vous pardonnerait. ––¿Y si le escribiera pidiéndole perdón? ––No se le ocurra, pues lo perdonaría.
Je fus sur le point de sauter au cou de Prudence. Estuve a punto de saltar al cuello de Prudence.
Un quart d′ heure après, j′ étais rentré chez moi et j′ écrivais à Marguerite: " Quelqu′ un qui se repent d′ une lettre qu′ il a " écrite hier, qui partira demain si vous ne lui " pardonnez, voudrait savoir à quelle heure il " pourra déposer son repentir à vos pieds. Un cuarto de hora después ya estaba en mi casa escribiendo a Marguerite: «Alguien que se arrepiente de una carta que escribió ayer, que se irá mañana si usted no lo perdona, desearía saber a qué hora podrá ir a depositar su arrepentimiento a sus pies. ¿Cuándo podrá encontrarla sola? Ya sabe usted que las confesiones deben hacerse sin testigos.»
" Quand vous trouvera -t -il seule? Car, vous le " savez, les confessions doivent être faites sans " témoins. " je pliai cette espèce de madrigal en prose, et je l′ envoyai par Joseph, qui remit la lettre à Marguerite elle -même, laquelle lui répondit qu′ elle répondrait plus tard. Doblé aquella especie de madrigal en prosa y se lo envié con Joseph, que entregó la carta a Marguerite en persona, quien le respondió que contestaría más tarde.
Je ne sortis qu′ un instant pour aller dîner, et à onze heures du soir je n′ avais pas encore de réponse. Sólo salí un instante para ir a comer, y a las once de la noche aún no había recibido respuesta.
Je résolus alors de ne pas souffrir plus longtemps et de partir le lendemain. Entonces decidí no seguir sufriendo más tiempo y marcharme al día siguiente.
En conséquence de cette résolution, convaincu que je ne m′ endormirais pas si je me couchais, je me mis à faire mes malles. A raíz de aquella decisión, convencido de que si me acostaba no dormiría, me puse a hacer las maletas.







CHAPITRE XV

Capítulo XV

Il y avait à peu près une heure que Joseph et moi nous préparions tout pour mon départ, lorsqu′ on sonna violemment à ma porte. Llevaríamos Joseph y yo una hors poco más o menos preparándolo todo para mi marcha, cuando llamaron violentamente a la puerta.
-Faut -il ouvrir? Me dit Joseph. ––¿Abro? ––me dijo Joseph.
-Ouvrez, lui dis -je, me demandant qui pouvait venir à pareille heure chez moi, et n′ osant croire que ce ft Marguerite. ––Abra ––le dije, preguntándome quien podría venir a mi casa a tales horas y no atreviéndome a creer que fuera Marguerite.
-Monsieur, me dit Joseph en rentrant, ce sont deux dames. ––Señor ––me dijo Joseph al volver––, son dos señoras.
-C′ est nous, Armand, me cria une voix que je reconnus pour celle de Prudence. ––Somos nosotras, Armand ––gritó una voz que reconocí ser la de de Prudence.
Je sortis de ma chambre. Salí de mi habitación.
Prudence, debout, regardait les quelques curiosités de mon salon; Marguerite, assise sur le canapé, réfléchissait. Prudence, de pie, miraba las pocas curiosidades de mi salón; Marguerite, sentada en el canapé, reflexionaba.
Quand j′ entrai, j′ allai à elle, je m′ agenouillai, je lui pris les deux mains, et, tout ému, je lui dis: Pardon. Nada más entrar me dirigí hacia ella, me arrodillé, le cogí las dos manos, y muy emocionado le dije: ––¡Perdón!
Elle m′ embrassa au front et me dit: -Voilà déjà trois fois que je vous pardonne. Ella me besó en la frente y me dijo: ––Ya es la tercera vez que lo perdono.
-J′ allais partir demain. ––Iba a marcharme mañana.
-En quoi ma visite peut -elle changer votre résolution? Je ne viens pas pour vous empêcher de quitter Paris. Je viens parce que je n′ ai pas eu dans la journée le temps de vous répondre, et que je n′ ai pas voulu vous laisser croire que je fusse fâchée contre vous. Encore Prudence ne voulait -elle pas que je vinsse; elle disait que je vous dérangerais peut -être. ––Mi visita no tiene por qué cambiar su decisión. No vengo para impedirle que abandone París. Vengo porque no he tenido tiempo de contestarle en todo el día y no he querido que creyera que estaba enfadada con usted. Y eso que Prudence no quería que viniese; decía que tal vez lo molestaría.
-Vous, me déranger, vous, Marguerite! Et comment? -Dame! Vous pouviez avoir une femme chez vous, répondit Prudence, et cela n′ aurait pas été amusant pour elle d′ en voir arriver deux. ––¡Usted, molestarme usted, Marguerite! ¿Y cómo? ––¡Toma! Podía tener usted una mujer en casa ––respondió Prudence––, y no hubiera sido divertido para ella ver llegar otras dos.
Pendant cette observation de Prudence, Marguerite me regardait attentivement. Durante aquella observación de Prudence, Marguerite me miraba atentamente.
-Ma chère Prudence, répondis -je, vous ne savez pas ce que vous dites. ––Querida Prudence ––respond햖, no sabe usted lo que dice.
-C′ est qu′ il est très gentil votre appartement, répliqua Prudence; peut -on voir la chambre à coucher! -Oui. ––Tiene usted un piso muy bonito ––replicó Prudence––. ¿Se puede ver el dormitorio? ` ––Sí.
Prudence passa dans ma chambre, moins pour la visiter que pour réparer la sottise qu′ elle venait de dire, et nous laisser seuls, Marguerite et moi. Prudence entró en mi habitación, no tanto para visitarla cuanto para reparar la tontería que acababa de decir, y nos dejó solos a Marguerite y a mí.
-Pourquoi avez -vous amené Prudence? Lui dis -je alors. ––¿Por qué ha traído a Prudence? ––le dije entonces.
-Parce qu′ elle était avec moi au spectacle, et qu′ en partant d′ ici je voulais avoir quelqu′ un pour m′ accompagner. ––Porque estábamos juntas en el teatro, y al salir de aquí quería tener alguien que me acompañara.
-N′ étais -je pas là? -Oui; mais outre que je ne voulais pas vous déranger, j′ étais bien sûre qu′ en venant jusqu′ à ma porte vous me demanderiez à monter chez moi, et, comme je ne pouvais pas vous l′ accorder, je ne voulais pas que vous partissiez avec le droit de me reprocher un refus. ––¿Y no estoy yo aquí? ––Sí; pero, aparte de que no quería molestarlo, estaba segura de que al llegar a mi puerta me pediría subir a mi casa, y, como no podía concedérselo, no quería que se fuera con derecho a reprocharme una negativa.
-Et pourquoi ne pouviez -vous pas me recevoir? -Parce que je suis très surveillée, et que le moindre soupçon pourrait me faire le plus grand tort. ––¿Y por qué no podía recibirme? ––Porque estoy muy vigilada, y la menor sospecha podría hacerme un gran perjuicio.
-Est -ce bien la seule raison? -S′ il y en avait une autre, je vous la dirais; nous n′ en sommes plus à avoir des secrets l′ un pour l′ autre. ––¿Es ésa la única razón? ––Si hubiera otra, se la diría; ya hemos dejado de tener secretos el uno para el otro.
-Voyons, Marguerite, je ne veux pas prendre plusieurs chemins pour en arriver à ce que je veux vous dire. Franchement, m′ aimez -vous un peu? -Beaucoup. ––Vamos a ver, Marguerite, no quiero andarme con rodeos para llegar a lo que quiero decirle. Con franqueza, ¿me quiere usted un poco? ––Mucho.
-Alors, pourquoi m′ avez -vous trompé? -Mon ami, si j′ étais madame la duchesse telle ou telle, si j′ avais deux cent mille livres de rente, que je fusse votre maîtresse et que j′ eusse un autre amant que vous, vous auriez le droit de me demander pourquoi je vous trompe; mais je suis Mademoiselle Marguerite Gautier, j′ ai quarante mille francs de dettes, pas un sou de fortune, et je dépense cent mille francs par an, votre question devient oiseuse et ma réponse inutile. ––Entonces ¿por qué me ha engañado 2 ––Amigo mío, si yo fuera la señora duquesa de tal o de cual, si tuviera doscientas mil libras de renta, y, siendo su amante, tuviese otro amante distinto de usted, tendría usted derecho a preguntarme por qué lo engañaba; pero, como soy la señorita Marguerite Gautier, tengo cuarenta mil francos de deudas, ni un céntimo de fortuna y gasto cien mil francos al año, su pregunta es ociosa y mi respuesta inútil.
-C′ est juste, dis -je en laissant tomber ma tête sur les genoux de Marguerite, mais moi je vous aime comme un fou. Es cierto ––dije, dejando caer mi cabeza sobre las rodillas de Marguerite––, pero es que yo la quiero con locura.
-Eh bien, mon ami, il fallait m′ aimer un peu moins ou me comprendre un peu mieux. Votre lettre m′ a fait beaucoup de peine. Si j′ avais été libre, d′ abord je n′ aurais pas reçu le comte avant -hier, ou, l′ ayant reçu, je serais venue vous demander le pardon que vous me demandiez tout à l′ heure, et je n′ aurais pas à l′ avenir d′ autre amant que vous. ––Bueno, amigo mío, pues tendrá que quererme un poco menos o comprenderme un poco más. Su carta me ha dolido mucho. Si hubiera sido libre, para empezar, anteayer no habría recibido al conde, o, de haberlo recibido, habría venido a pedirle el perdón que usted me pedía hace un momento, y no tendría otro amante que usted en el futuro.
J′ ai cru un moment que je pourrais me donner ce bonheur -là pendant six mois; vous ne l′ avez pas voulu; vous teniez à connaître les moyens, eh! Mon dieu, les moyens étaient bien faciles à deviner. C′ était un sacrifice plus grand que vous ne croyez que je faisais en les employant. J′ aurais pu vous dire: j′ ai besoin de vingt mille francs; vous étiez amoureux de moi, vous les eussiez trouvés, au risque de me les reprocher plus tard. Por un momento creí que podría permitirme esa suerte durante seis meses; usted no lo ha querido; se empeña en conocer los medios, y, ¡válgame Dios!, los medios eran bien fáciles de adivinar. Al emplearlos estaba haciendo un sacrificio mucho más grande de lo que cree. Habría podido decirle: « Necesito veinte mil francos.» Estando usted enamorado de mí, los habría encontrado, a riesgo de reprochármelos más tarde.
J′ ai mieux aimé ne rien vous devoir; vous n′ avez pas compris cette délicatesse, car c′ en est une. He preferido no deberle nada; pero usted no ha comprendido esa delicadeza, y lo era.
Nous autres, quand nous avons encore un peu de coeur, nous donnons aux mots et aux choses une extension et un développement inconnus aux autres femmes; je vous répète donc que de la part de Marguerite Gautier le moyen qu′ elle trouvait de payer ses dettes sans vous demander l′ argent nécessaire pour cela était une délicatesse dont vous devriez profiter sans rien dire. Si vous ne m′ aviez connue qu′ aujourd′ hui, vous seriez trop heureux de ce que je vous promettrais, et vous ne me demanderiez pas ce que j′ ai fait avant -hier. Nous sommes quelquefois forcées d′ acheter une satisfaction pour notre âme aux dépens de notre corps, et nous souffrons bien davantage quand, après, cette satisfaction nous échappe. Nosotras, mientras nos queda un poco de corazón, damos a las palabras y a las cosas una dimensión y un desarrollo que las demás mujeres no conocen; le repito, pues, que, tratándose de Marguerite Gautier, el medio que había encontrado para pagar sus deudas sin pedirle el dinero necesario para ello era una delicadeza que debería usted aprovechar sin decir nada. Si no me hubiera conocido hasta hoy, se sentiría muy feliz con lo que yo le prometiera, y no me preguntaría lo que hice anteayer. A veces nos vemos obligadas a comprar una satisfacción para el alma a expensas de nuestro cuerpo, y sufrimos mucho más, si después esa satisfacción se nos escapa.
J′ écoutais et je regardais Marguerite avec admiration. Quand je songeais que cette merveilleuse créature, dont j′ eusse envié autrefois de baiser les pieds, consentait à me faire entrer pour quelque chose dans sa pensée, à me donner un rôle dans sa vie, et que je ne me contentais pas encore de ce qu′ elle me donnait, je me demandais si le désir de l′ homme a des bornes, quand, satisfait aussi promptement que le mien l′ avait été, il tend encore à autre chose. Yo escuchaba y miraba a Marguerite con admiración. Al pensar que aquella maravillosa criatura, cuyos pies hubiera deseado besar en otro tiempo, me permitía entrar para algo en su pensamiento, darme un papel en su vida, y que aún no me conformaba con lo que me daba, me preguntaba si el deseo del hombre tiene límites, cuando, satisfecho tan pronto como lo había sido el mío, aspira todavía a otras cosas.
-C′ est vrai, reprit -elle; nous autres créatures du hasard, nous avons des désirs fantasques et des amours inconcevables. Nous nous donnons tantôt pour une chose, tantôt pour une autre. Il y a des gens qui se ruineraient sans rien obtenir de nous, il y en a d′ autres qui nous ont avec un bouquet. Es verdad ––prosiguió–– que nosotras, criaturas del azar, tenemos deseos fantásticos y amores inconcebibles. Nos entregamos lo mismo para una cosa que para otra. Hay quien se arruinaría sin obtener nada de nosotras, y hay otros que nos consiguen con un ramo de flores.
Notre coeur a des caprices; c′ est sa seule distraction et sa seule excuse. Je me suis donnée à toi plus vite qu′ à aucun homme, je te le jure; pourquoi? Parce que me voyant cracher le sang tu m′ as pris la main, parce que tu as pleuré, parce que tu es la seule créature humaine qui ait bien voulu me plaindre. Je vais te dire une folie, mais j′ avais autrefois un petit chien qui me regardait d′ un air tout triste quand je toussais; c′ est le seul être que j′ aie aimé. Nuestro corazón tiene caprichos; ésa es su única distracción y su única excusa. Yo me he entregado a ti con más rapidez que a ningún hombre, te lo juro. ¿Por qué? Porque al verme escupir sangre me cogiste la mano, porque lloraste, porque eres la única criatura humana que se ha dignado compadecerme. Voy a decirte una locura, pero hace tiempo tuve un perrito que me miraba con un aire muy triste cuando yo tosía; es el único ser al que he amado.
Quand il est mort, j′ ai plus pleuré qu′ à la mort de ma mère. Il est vrai qu′ elle m′ avait battue pendant douze ans de sa vie. Eh bien, je t′ ai aimé tout de suite autant que mon chien. Si les hommes savaient ce qu′ on peut avoir avec une larme, ils seraient plus aimés et nous serions moins ruineuses. Cuando murió, lloré más que a la muerte de mi madre. También es verdad que ella estuvo pegándome doce años. Bueno, pues en seguida lo he querido tanto como a mi perro. Si los hombres supieran lo que se puede conseguir con una lágrima, los querríamos más y los arruinaríamos menos.
Ta lettre t′ a démenti, elle m′ a révélé que tu n′ avais pas toutes les intelligences du coeur, elle t′ a fait plus de tort dans l′ amour que j′ avais pour toi que tout ce que tu aurais pu me faire. C′ était de la jalousie, il est vrai, mais de la jalousie ironique et impertinente. J′ étais déjà triste, quand j′ ai reçu cette lettre, je comptais te voir à midi, déjeuner avec toi, effacer par ta vue une incessante pensée que j′ avais, et qu′ avant de te connaître j′ admettais sans effort. Tu carta te ha desmentido, ella me ha revelado que no tenías toda la inteligencia del corazón, te ha perjudicado más en el amor que te tenía que todo lo que hubieras podido hacerme. Eran celos, es verdad, pero celos irónicos a impertinentes. Ya estaba triste cuando recibí la carta, contaba con verte a mediodía, comer contigo, borrar en fin con tu presencia un tenaz pensamiento que tenía y que antes de conocerte admitía sin esfuerzo.
Puis, continua Marguerite, tu étais la seule personne devant laquelle j′ avais cru comprendre tout de suite que je pouvais penser et parler librement. Tous ceux qui entourent les filles comme moi ont intérêt à scruter leurs moindres paroles, à tirer une conséquence de leurs plus insignifiantes actions. Nous n′ avons naturellement pas d′ amis. Nous avons des amants égoes qui dépensent leur fortune non pas pour nous, comme ils le disent, mais pour leur vanité. Además ––continuó Marguerite––, eras la única persona ante la que creí comprender en seguida que podía pensar y hablar libremente. Todos los que rodean a las chicas como yo tienen mucho interés en escrutar sus menores palabras, en sacar consecuencias de sus más insignificantes acciones. Naturalmente no tenemos amigos. Tenemos amantes egoístas, que gastan su fortuna no por nosotras, como ellos dicen, sino por su vanidad.
Pour ces gens -là, il faut que nous soyons gaies quand ils sont joyeux, bien portantes quand ils veulent souper, sceptiques comme ils le sont. Il nous est défendu d′ avoir du coeur sous peine d′ être huées et de ruiner notre crédit. Para esa clase de gente tenemos que estar alegres cuando ellos están contentos, gozar de buena salud cuando quieren cenar, ser escépticas como ellos. Se nos prohíbe tener corazón, so pena de ser abucheadas y de arruinar nuestro crédito.
Nous ne nous appartenons plus. Nous ne sommes plus des êtres, mais des choses. Nous sommes les premières dans leur amour -propre, les dernières dans leur estime. Nous avons des amies, mais ce sont des amies comme Prudence, des femmes jadis entretenues qui ont encore des gots de dépense que leur âge ne leur permet plus. Alors elles deviennent nos amies ou plutôt nos commensales. Leur amitié va jusqu′ à la servitude, jamais jusqu′ au désintéressement. Jamais elles ne vous donneront qu′ un conseil lucratif. Peu leur importe que nous ayons dix amants de plus, pourvu qu′ elles y gagnent des robes ou un bracelet, et qu′ elles puissent de temps en temps se promener dans notre voiture et venir au spectacle dans notre loge. Elles ont nos bouquets de la veille et nous empruntent nos cachemires. Elles ne nous rendent jamais un service, si petit qu′ il soit, sans se le faire payer le double de ce qu′ il vaut. Tu l′ as vu toi -même le soir où Prudence m′ a apporté six mille francs que je l′ avais priée d′ aller demander pour moi au duc, elle m′ a emprunté cinq cents francs qu′ elle ne me rendra jamais ou qu′ elle me payera en chapeaux qui ne sortiront pas de leurs cartons. Ya no nos pertenecemos. Ya no somos seres, sino cosas. Somos las primeras en su amor propio, las últimas en su estima. Tenemos amigas, pero son amigas como Prudence, antiguas entretenidas que tienen aún gustos costosos que ya su edad no les permite. Entonces se convierten en amigas nuestras o más bien en comensales. Su amistad puede llegar hasta el servilismo, pero nunca hasta el desinterés. Jamás te darán un consejo que no sea′ lucrativo. Poco les importa que tengamos diez amantes de más, con tal de ganarse unos vestidos o un brazalete, poder de cuando en cuando pasearse en nuestro coche a ir a ver espectáculos desde, nuestro palco. Se quedan con nuestras flores de la víspera y nos piden prestadas nuestras cachemiras. Nunca nos hacen un favor,, por pequeño que sea, sin que se cobren el doble de lo que vale. Tú mismo lo viste la noche en que Prudence me llevó los seis mil francos que le había rogado que fuera a pedir al duque para mí: me pidió prestados quinientos francos, que no me devolverá nunca, o que me pagará en sombreros que no saldrán de sus cajas.
Nous ne pouvons donc avoir, ou plutôt je ne pouvais donc avoir qu′ un bonheur, c′ était, triste comme je le suis quelquefois, souffrante comme je le suis toujours, de trouver un homme assez supérieur pour ne pas me demander compte de ma vie, et pour être l′ amant de mes impressions bien plus que de mon corps. Cet homme, je l′ avais trouvé dans le duc, mais le duc est vieux, et la vieillesse ne protège ni ne console. J′ avais cru pouvoir accepter la vie qu′ il me faisait; mais que veux -tu? Je périssais d′ ennui et pour faire tant que d′ être consumée, autant se jeter dans un incendie que de s′ asphyxier avec du charbon. Así pues, no podemos tener o, mejor dicho, no podía tener más que una suerte, y era, triste como estoy muchas veces, poco buena como estoy siempre, la de encontrar un hombre lo suficientemente superior para no pedirme cuentas de mi vida, y para ser el amante de mis impresiones más que de mi cuerpo. Encontré ese hombre en el duque, pero el duque es viejo, y la vejez no protege ni consuela. Creí poder aceptar la vida que él me ofrecía, pero, ¿qué, quieres?, me moría de aburrimiento, y para consumirse de ese modo, tanto da arrojarse a un incendio que asfixiarse con carbón.
Alors je t′ ai rencontré, toi, jeune, ardent, heureux, et j′ ai essayé de faire de toi l′ homme que j′ avais appelé au milieu de ma bruyante solitude. Entonces te encontré a ti, joven, ardiente, feliz, y he intentado hacer de ti el hombre a quien llamaba en medio de mi ruidosa soledad.
Ce que j′ aimais en toi, ce n′ était pas l′ homme qui était, mais celui qui devait être. Tu n′ acceptes pas ce rôle, tu le rejettes comme indigne de toi, tu es un amant vulgaire; fais comme les autres, paye -moi et n′ en parlons plus. Lo que yo amaba en ti no era el hombre que eras, sino el que ibas a ser. Tú no aceptas ese papel, lo rechazas como indigno de ti; eres un amante vulgar; haz como los demás: págame y no hablemos más.
Marguerite, que cette longue confession avait fatiguée, se rejeta sur le dos du canapé, et pour éteindre un faible accès de toux, porta son mouchoir à ses lèvres et jusqu′ à ses yeux. Marguerite, fatigada por aquella larga confesión, se echó sobre el respaldo del canapé y se llevó el pañuelo a los labios y a los ojos, para apagar un débil acceso de tos.
-Pardon, pardon, murmurai -je, j′ avais compris tout cela, mais je voulais te l′ entendre dire, ma Marguerite adorée. Oublions le reste et ne nous souvenons que d′ une chose: c′ est que nous sommes l′ un à l′ autre, que nous sommes jeunes et que nous nous aimons. ––Perdón, perdón ––murmur閖, ya había comprendido todo esto, pero quería oírtelo decir, mi Marguerite adorada. Olvidemos todo lo demás y no nos acordemos más que de una cosa: que estamos hechos el uno para el otro, que somos jóvenes y que nos queremos.
Marguerite, fais de moi tout ce que tu voudras, je suis ton esclave, ton chien; mais au nom du ciel déchire la lettre que je t′ ai écrite et ne me laisse pas partir demain; j′ en mourrais. Marguerite, haz conmigo lo que quieras, soy tu esclavo, tu perro; pero en nombre del cielo rompe la carta que te he escrito y no me dejes marcharme mañana: me moriría.
Marguerite tira ma lettre du corsage de sa robe, et me la remettant, me dit avec un sourire d′ une douceur ineffable: -Tiens, je te la rapportais. Marguerite sacó mi carta del corpiño de su vestido y, al entregármela, me dijo con una sonrisa de una inefable dulzura:
Je déchirai la lettre et je baisai avec des larmes la main qui me la rendait. ––Toma, te la traía.
En ce moment Prudence reparut. Rompí la carta y besé con lágrimas la mano que me la devolvía.
-Dites donc, Prudence, savez -vous ce qu′ il me demande? Fit Marguerite. En aquel momento Prudence reapareció. ––Oiga, Prudence, ¿a que no sabe lo que me pide? ––dijo Marguerite.
-Il vous demande pardon. ––Le pide perdón.
-Justement. ––Exacto.
-Et vous pardonnez? -Il le faut bien, mais il veut encore autre chose. ––¿Y lo perdona usted? ––Qué remedio, pero es que quiere otra cosa.
-Quoi donc? -Il veut venir souper avec nous. ––¿Qué? ––Quiere venir a cenar con nosotras.
-Et vous y consentez? -Qu′ en pensez -vous? -Je pense que vous êtes deux enfants, qui n′ avez de tête ni l′ un ni l′ autre. Mais je pense aussi que j′ ai très faim et que plus tôt vous consentirez, plus tôt nous souperons. ––¿Y usted lo permite? ––¿Usted qué cree? ––Creo que son ustedes dos niños y que no tienen juicio ni el uno ni el otro. Pero creo también que tengo mucha hambre y que cuanto antes se lo permita antes cenaremos.
-Allons, dit Marguerite, nous tiendrons trois dans ma voiture. Tenez, ajouta -t -elle en se tournant vers moi, Nanine sera couchée, vous ouvrirez la porte, prenez ma clef, et tâchez de ne plus la perdre. ––Vamos ––dijo Marguerite––, cabremos los tres en mi coche. Mire ––añadió dirigiéndose hacia m햖, como Nanine ya estará acostada, abra usted la puerta, tenga mi llave y procure no volver a perderla.
J′ embrassai Marguerite à l′ étouffer. Besé a Marguerite hasta ahogarla.
Joseph entra là -dessus. Joseph entró en ese momento.
-Monsieur, me dit -il de l′ air d′ un homme enchanté de lui, les malles sont faites. ––Señor ––me dijo con el aire de un hombre encantado de sí mismo––, ya están hechas las maletas.
-Entièrement? -Oui, monsieur. ––¿Del todo? ––Sí, señor.
-Eh bien, défaites -les: je ne pars pas. ––Bueno, pues deshágalas: ya no me voy.







CHAPITRE XVI

Capítulo XVI

J′ aurais pu, me dit Armand, vous raconter en quelques lignes les commencements de cette liaison, mais je voulais que vous vissiez bien par quels événements et par quelle gradation nous en sommes arrivés, moi, à consentir à tout ce que voulait Marguerite, Marguerite, à ne plus pouvoir vivre qu′ avec moi. Hubiera podido contarle en pocas líneas los comienzos de aquella relación ––me dijo Armand––, pero quería que viera usted perfectamente los acontecimientos y la gradación por los que llegamos, yo a consentir todo lo que Marguerite quería, y Marguerite a no poder vivir más que conmigo.
C′ est le lendemain de la soirée où elle était venue me trouver que je lui envoyai Manon Lescaut. à partir de ce moment, comme je ne pouvais changer la vie de ma maîtresse, je changeai la mienne. Je voulais avant toute chose ne pas laisser à mon esprit le temps de réfléchir sur le rôle que je venais d′ accepter, car malgré moi, j′ en eusse conçu une grande tristesse. Aussi ma vie, d′ ordinaire si calme, revêtit -elle tout à coup une apparence de bruit et de désordre. N′ allez pas croire que, si désintéressé qu′ il soit, l′ amour qu′ une femme entretenue a pour vous ne cote rien. Rien n′ est cher comme les mille caprices de fleurs, de loges, de soupers, de parties de campagne qu′ on ne peut jamais refuser à sa maîtresse. Fue al día siguiente de la noche en que vino a buscarme cuando le envié Manon Lescaut. Desde aquel momento, como no podía cambiar la vida de mi amante, cambié la mía. Ante todo quería que mi mente no tuviera tiempo de reflexionar sobre el papel que acababa de aceptar, pues sin querer habría concebido una gran tristeza. Así que mi vida, de ordinario tan tranquila, revistió de pronto una apariencia de ruido y de desorden. No vaya usted a creer que, por desinteresado que sea, el amor de una entretenida no te cuesta nada. Nada sale tan caro como los mil caprichos de flores, palcos, cenas y excursiones al campo, que nunca puede uno negar a su amante.
Comme je vous l′ ai dit, je n′ avais pas de fortune. Ya le he dicho que yo no tenía fortuna.
Mon père était et est encore receveur général à G... il y a une grande réputation de loyauté, grâce à laquelle il a trouvé le cautionnement qu′ il lui fallait déposer pour entrer en fonction. Mi padre era y sigue siendo recaudador general en G... Goza allí de una gran reputación de lealtad, gracias a la cual encontró la fianza que tenía que depositar para entrar en funciones.
Cette recette lui donne quarante mille francs par an, et depuis dix ans qu′ il l′ a, il a remboursé son cautionnement et s′ est occupé de mettre de côté la dot de ma soeur. Mon père est l′ homme le plus honorable qu′ on puisse rencontrer. Ma mère, en mourant, a laissé six mille francs de rente qu′ il a partagés entre ma soeur et moi le jour ou il a obtenu la charge qu′ il sollicitait; puis, lorsque j′ ai eu vingt et un ans, il a joint à ce petit revenu une pension annuelle de cinq mille francs, m′ assurant qu′ avec huit mille francs je pourrais être très heureux à Paris, si je voulais à côté de cette rente me créer une position soit dans le barreau soit dans la médecine. Je suis donc venu à Paris, j′ ai fait mon droit, j′ ai été reçu avocat, et comme beaucoup de jeunes gens, j′ ai mis mon diplôme dans ma poche et me suis laissé aller un peu à la vie nonchalante de Paris. Mes dépenses étaient fort modestes; seulement je dépensais en huit mois mon revenu de l′ année, et je passais les quatre mois d′ été chez mon père, ce qui me faisait en somme douze mille livres de rente et me donnait la réputation d′ un bon fils. Du reste pas un sou de dettes. Tal recaudación le proporciona cuarenta mil francos al año, y en los diez años que lleva ha reintegrado la fianza y se ha preocupado de ir ahorrando para la dote de mi hermana. Mi padre es el hombre más honrado que se pueda encontrar. Mi madre, al morir, dejó seis mil francos de renta, que él dividió entre mi hermana y yo el día en que obtuvo el cargo que solicitaba; luego, cuando hice veintiún años, añadió a esos pequeños ingresos una pensión anual de cinco mil francos, asegurándome que con ocho mil francos podría ser muy feliz en París, si junto a aquella renta me ponía a labrarme una posición en el foro o en la medicina. Vine, pues, a París, hice derecho, saqué el título de abogado y, como muchos otros jóvenes, me metí el diploma en el bolsillo y me dejé llevar un poco por la vida indolente de París. Mis gastos eran muy modestos; sólo que gastaba en ocho meses los ingresos de todo el año y me pasaba en casa de mi padre los cuatro meses de verano, lo que en resumidas cuentas suponía doce mil libras de renta y me daba la reputación de un buen hijo. Por otra parte, no debía un céntimo.
Voilà où j′ en étais quand je fis la connaissance de Marguerite. Así estaban las cosas cuando conocí a Marguerite.
Vous comprenez que, malgré moi, mon train de vie augmenta. Marguerite était d′ une nature fort capricieuse, et faisait partie de ces femmes qui n′ ont jamais regardé comme une dépense sérieuse les mille distractions dont leur existence se compose. Ya comprenderá usted que mi tren de vida aumentó sin querer. Marguerite era de una naturaleza sumamente caprichosa, y formaba parte de esa clase de mujeres que nunca han mirado como gasto serio las mil distracciones de que se compone la existencia.
Il en résultait que, voulant passer avec moi le plus de temps possible, elle m′ écrivait le matin qu′ elle dînerait avec moi, non pas chez elle, mais chez quelque restaurateur, soit de Paris, soit de la campagne. J′ allais la prendre, nous dînions, nous allions au spectacle, nous soupions souvent, et j′ avais dépensé le soir quatre ou cinq louis, ce qui faisait deux mille cinq cents ou trois mille francs par mois, ce qui réduisait mon année à trois mois et demi, et me mettait dans la nécessité ou de faire des dettes, ou de quitter Marguerite. Y así resultaba que, como quería pasar conmigo el mayor tiempo posible, me escribía por la mañana que comería conmigo, no en su casa, sino en algún restaurante de París o del campo. Iba a buscarla, comíamos, íbamos al teatro, a menudo cenábamos, y por la noche ya había gastado cuatro o cinco luises, lo que hacía dos mil quinientos o tres mil francos al mes y reducía mi anualidad a tres meses y medio, poniéndome en la necesidad de contraer deudas o de dejar a Marguerite.
Or, j′ acceptais tout, excepté cette dernière éventualité. Pues bien, yo podía aceptar cualquier cosa, excepto esta última eventualidad.
Pardonnez -moi si je vous donne tous ces détails, mais vous verrez qu′ ils furent la cause des événements qui vont suivre. Ce que je vous raconte est une histoire vraie, simple, et à laquelle je laisse toute la naté des détails et toute la simplicité des développements. Perdone que le dé tantos detalles, pero es que ya verá usted que fueron la causa de los acontecimientos que siguieron. Lo que le cuento es una historia verdadera, sencilla, y conservo toda la ingenuidad de los detalles y toda la simplicidad de su desarrollo.
Je compris donc que, comme rien au monde n′ aurait sur moi l′ influence de me faire oublier ma maîtresse, il me fallait trouver un moyen de soutenir les dépenses qu′ elle me faisait faire. Comprendí, pues, que, como no había nada en el mundo que tuviera influencia sobre mí para hacerme olvidar a mi amante, tenía que encontrar un medio de sostener los gastos que me ocasionaba.
-Puis, cet amour me bouleversait au point que tous les moments que je passais loin de Marguerite étaient des années, et que j′ avais ressenti le besoin de brler ces moments au feu d′ une passion quelconque, et de les vivre tellement vite que je ne m′ aperçusse pas que je les vivais. Además aquel amor me tenía trastornado hasta tal punto, que los momentos que pasaba lejos de Marguerite me parecían años, y experimentaba la necesidad de quemar aquellos momentos en el fuego de una pasión cualquiera y de vivirlos tan rápidamente, que no me diera cuenta de que los vivía.
Je commençai à emprunter cinq ou six mille francs sur mon petit capital, et je me mis à jouer, car depuis qu′ on a détruit les maisons de jeu on joue partout. Autrefois, quand on entrait à Frascati, on avait la chance d′ y faire sa fortune: on jouait contre de l′ argent, et si l′ on perdait, on avait la consolation de se dire qu′ on aurait pu gagner; tandis que maintenant, excepté dans les cercles, où il y a encore une certaine sévérité pour le paiement, on a presque certitude, du moment que l′ on gagne une somme importante, de ne pas la recevoir. On comprendra facilement pourquoi. Empecé por tomar cinco o seis mil francos de mi pequeño capital, y me puse a jugar, pues desde que han cerrado las casas de juego se juega en todos los sitios. Antes, cuando uno entraba en Frascati, tenía la posibilidad de hacer una fortuna: jugaba contra dinero contante y sonante, y si perdía, siempre le quedaba el consuelo de pensar que podía haber ganado; mientras que ahora, excepto en los círculos donde aún reina una cierta severidad para el pago, en cuanto uno gana una suma importante casi puede tener la certeza de no recibirla. Se comprenderá fácilmente por qué.
Le jeu ne peut être pratiqué que par des jeunes gens ayant de grands besoins et manquant de la fortune nécessaire pour soutenir la vie qu′ ils mènent; ils jouent donc, et il en résulte naturellement ceci: ou ils gagnent, et alors les perdants servent à payer les chevaux et les maîtresses de ces messieurs, ce qui est fort désagréable. Des dettes se contractent, des relations commencées autour d′ un tapis vert finissent par des querelles où l′ honneur et la vie se déchirent toujours un peu; et quand on est honnête homme, on se trouve ruiné par de très honnêtes jeunes gens qui n′ avaient d′ autre défaut que de ne pas avoir deux cent mille livres de rente. El juego sólo puede ser practicado por jóvenes con grandes necesidades y faltos de la fortuna necesaria para sostener la vida que llevan; juegan, pues, y el resultado es naturalmente el siguiente: cuando unos ganan, los perdedores sirven para pagar los caballos y las amantes de aquellos señores, cosa muy desagradable. Se contraen deudas; relaciones que comienzan en torno a un tapete verde acaban en querellas donde el honor y la vida siempre salen un poco malparados; y, cuando uno es un hombre honrado, se ve arruinado por otros jóvenes no menos honrados, cuyo único defecto consistía en no tener doscientas mil libras de renta.
Je n′ ai pas besoin de vous parler de ceux qui volent au jeu, et dont un jour on apprend le départ nécessaire et la condamnation tardive. No necesito hablarle de los que hacen trampas en el juego, y de cuya marcha forzosa y condena tardía se entera uno el día menos pensado.
Je me lançai donc dans cette vie rapide, bruyante, volcanique, qui m′ effrayait autrefois quand j′ y songeais, et qui était devenue pour moi le complément inévitable de mon amour pour Marguerite. Así que me lancé a esa vida rápida, ruidosa, volcánica, que antaño me horrorizaba al pensar en ella, y que se había convertido para mí en el complemento inevitable de mi amor por Marguerite.
Que vouliez -vous que je fisse? Les nuits que je ne passais pas rue d′ Antin, si je les avais passées seul chez moi, je n′ aurais pas dormi. La jalousie m′ et tenu éveillé et m′ et brlé la pensée et le sang; tandis que le jeu détournait pour un moment la fièvre qui et envahi mon coeur et le reportait sur une passion dont l′ intérêt me saisissait malgré moi, jusqu′ à ce que sonnât l′ heure où je devais me rendre auprès de ma maîtresse. Alors, et c′ est à cela que je reconnaissais la violence de mon amour, que je gagnasse ou perdisse, je quittais impitoyablement la table, plaignant ceux que j′ y laissais et qui n′ allaient pas trouver comme moi le bonheur en la quittant. ¿Qué quería usted que hiciera? Las noches que no pasaba en la calle de Antin, de haberlas pasado solo en mi casa, no habría dormido Los celos me hubieran tenido despierto y me hubieran quemado el pensamiento y la sangre; el juego, en cambio, desviaba por un momento la fiebre que hubiera invadido mi corazón y lo llevaba a una pasión, cuyo interés me dominaba sin querer, hasta que sonaba la hora de volver junto a mi amante. Entonces, y en ello reconocía la violencia de mi amor, ganara o perdiese abandonaba implacablemente la mesa, compadeciendo a los que dejaba allí y que no iban a encontrar como yo la felicidad al abandonarla.
Pour la plupart, le jeu était une nécessité; pour moi c′ était un remède. Para la mayoría el juego era una necesidad; para mí era un remedio.
Guéri de Marguerite, j′ étais guéri du jeu. Curado de Marguerite, estaba curado del juego.
Aussi, au milieu de tout cela, gardais -je un assez grand sang -froid; je ne perdais que ce que je pouvais payer, et je ne gagnais que ce que j′ aurais pu perdre. De ese modo, en medio de todo aquello, conservaba bastante sangre fría; no perdía más que lo que podía pagar, y no ganaba más que lo que hubiera podido perder.
Du reste, la chance me favorisa. Je ne faisais pas de dettes, et je dépensais trois fois plus d′ argent que lorsque je ne jouais pas. Il n′ était pas facile de résister à une vie qui me permettait de satisfaire sans me gêner aux mille caprices de Marguerite. Quant à elle, elle m′ aimait toujours autant et même davantage. Por lo demás, la suerte me favoreció. No contraía deudas, y gastaba el triple de dinero que cuando no jugaba. No era fácil resistirse a una vida que me permitía sin ponerme en apuros] satisfacer los mil caprichos de Marguerite. En cuanto a ella, seguía queriéndome lo mismo e incluso más.
Comme je vous l′ ai dit, j′ avais commencé d′ abord par n′ être reçu que de minuit à six heures du matin, puis je fus admis de temps en temps dans les loges, puis elle vint dîner quelquefois avec moi. Como ya le he dicho, empezó por recibirme sólo desde las doce de la noche a las seis de la mañana, luego me admitió de cuando; en cuando en su palco, después vino a cenar conmigo algunas veces.
Un matin je ne m′ en allai qu′ à huit heures, et il arriva un jour où je ne m′ en allai qu′ à midi. Una mañana no me fui hasta las ocho, y llegó un día en que no me fui hasta mediodía.
En attendant la métamorphose morale, une métamorphose physique s′ était opérée chez Marguerite. J′ avais entrepris sa guérison, et la pauvre fille devinant mon but, m′ obéissait pour me prouver sa reconnaissance. J′ étais parvenu sans secousses et sans effort à l′ isoler presque de ses anciennes habitudes. Mon médecin, avec qui je l′ avais fait trouver, m′ avait dit que le repos seul et le calme pouvaient lui conserver la santé, de sorte qu′ aux soupers et aux insomnies, j′ étais arrivé à substituer un régime hygiénique et le sommeil régulier. Malgré elle, Marguerite s′ habituait à cette nouvelle existence dont elle ressentait les effets salutaires. Déjà elle commençait à passer quelques soirées chez elle, ou bien, s′ il faisait beau, elle s′ enveloppait d′ un cachemire, se couvrait d′ un voile, et nous allions à pied, comme deux enfants, courir le soir dans les allées sombres des Champs -Élysées. Elle rentrait fatiguée, soupait légèrement, se couchait après avoir fait un peu de musique ou après avoir lu, ce qui ne lui était jamais arrivé. Les toux, qui, chaque fois que je les entendais, me déchiraient la poitrine, avaient disparu presque complètement. En espera de la metamorfosis moral, una metamorfosis física había obrado en Marguerite. Yo había emprendido su curación, y la pobre chica, adivinando mi intención, me obedecía para demostrarme su agradecimiento. Sin brusquedades y sin esfuerzos, había conseguido aislarla casi de sus antiguas costumbres. Mi médico, que había ido a verla a instancias mías, me dijo que sólo′ el reposo y la tranquilidad podían preservar su salud, de suerte que, logré sustituir sus cenas y sus insomnios por un régimen higiénico y un sueño regular. Marguerite iba acostumbrándose sin querer a aquella nueva existencia, cuyos saludables efectos experimentaba. Empezaba ya a pasar algunas veladas en su casa, o bien, si hacía bueno, se envolvía en un chal de cachemira, se cubría con un velo, y nos íbamos a pie, como dos niños, a dar vueltas toda la tarde po las alamedas sombrías de los Campos Elíseos. Volvía cansada, cenaba ligeramente y se acostaba después de leer o tocar un poco, cosa que antes nunca le había sucedido. La tos, que cada vez que la oía me desgarraba el pecho, había desaparecido casi por completo.
Au bout de six semaines, il n′ était plus question du comte, définitivement sacrifié; le duc seul me forçait encore à cacher ma liaison avec Marguerite, et encore avait -il été congédié souvent pendant que j′ étais là, sous prétexte que madame dormait et avait défendu qu′ on la réveillât. Al cabo de seis semanas ya no se hablaba del conde, definitivamente sacrificado; sólo el duque me obligaba todavía a ocultar mi relación con Marguerite, y hasta él fue despedido con frecuencia mientras yo estaba allí, so pretexto de que la señora dormía y había prohibido que la despertaran.
Il résulta de l′ habitude et même du besoin que Marguerite avait contractés de me voir que j′ abandonnai le jeu juste au moment où un adroit joueur l′ et quitté. Tout compte fait, je me trouvais, par suite de mes gains, à la tête d′ une dizaine de mille francs qui me paraissaient un capital inépuisable. De la necesidad a incluso de la costumbre que Marguerite había adquirido de verme resultó que abandoné el juego justo en el momento en que un jugador diestro lo hubiera dejado. En resumidas cuentas, a consecuencia de mis ganancias me vi dueño de unos diez mil francos, que me parecían un capital inagotable.
L′ époque à laquelle j′ avais l′ habitude d′ aller rejoindre mon père et ma soeur était arrivée, et je ne partais pas; aussi recevais -je fréquemment des lettres de l′ un et de l′ autre, lettres qui me priaient de me rendre auprès d′ eux. Llegó la época en que solía volver con mi padre y con mi hermana, pero no me decidía a irme; de suerte que con frecuencia recibía cartas del uno y de la otra, en las cuales me rogaban que volviera a su lado.
à toutes ces instances je répondais de mon mieux, en répétant toujours que je me portais bien et que je n′ avais pas besoin d′ argent, deux choses qui, je le croyais, consoleraient un peu mon père du retard que je mettais à ma visite annuelle. A todos sus ruegos respondía yo como mejor podía, repitiendo siempre que estaba bien y que no necesitaba dinero, dos cosas que creía que consolarían un poco a mi padre por el retraso de mi visita anual.
Il arriva sur ces entrefaites qu′ un matin Marguerite ayant été réveillée par un soleil éclatant, sauta en bas de son lit, et me demanda si je voulais la mener toute la journée à la campagne. Así las cosas, sucedió que una mañana, habiéndose despertado Marguerite con un sol resplandeciente, saltó de la cama y me preguntó si quería llevarla a pasar todo el día en el campo.
On envoya chercher Prudence et nous partîmes tous trois après que Marguerite eut recommandé à Nanine de dire au duc qu′ elle avait voulu profiter de ce beau jour, et qu′ elle était allée à la campagne avec Madame Duvernoy. Mandamos a buscar a Prudence y nos fuimos los tres, no sin que Marguerite hubiera recomendado antes a Nanine que dijera al duque que había querido aprovechar aquel hermoso día para irse al campo con la señora Duvernoy.
Outre que la présence de la Duvernoy était nécessaire pour tranquilliser le vieux duc, Prudence était une de ces femmes qui semblent faites exprès pour ces parties de campagne. Avec sa gaieté inaltérable et son appétit éternel, elle ne pouvait pas laisser un moment d′ ennui à ceux qu′ elle accompagnait, et devait s′ entendre parfaitement à commander les oeufs, les cerises, le lait, le lapin sauté, et tout ce qui compose enfin le déjeuner traditionnel des environs de Paris. Aparte de que la presencia de la Duvernoy era necesaria para tranquilizar al viejo duque, Prudence era una de esas mujeres que parecen estar hechas expresamente para esas excursiones al campo. Con su alegría inalterable y su eterno apetito, no dejaría que los que la acompañaban se aburrieran un momento, y se las entendería perfectamente a la hora de encargar los huevos, las cerezas, la leche, el conejo salteado y, en fin, todo aquello de que se compone una comida tradicional en los alrededores de París.
Il ne nous restait plus qu′ à savoir où nous irions. Sólo nos faltaba saber adónde iríamos.
Ce fut encore Prudence qui nous tira d′ embarras. Una vez más fue Prudence quien nos sacó de apuros.
-Est -ce à une vraie campagne que vous voulez aller? Demanda -t -elle. ––¿Quieren ir al campo de verdad? ––preguntó.
-Oui. ––Sí.
-Eh bien, allons à Bougival, au point du jour, chez la veuve Arnould. Armand, allez louer une calèche. ––Pues entonces vamos a Bougival, al Point––du Jour, donde la viuda Arnould. Armand, vaya a alquilar una calesa.
Une heure et demie après nous étions chez la veuve Arnould. Hora y media después estábamos donde la viuda Arnould.
Vous connaissez peut -être cette auberge, hôtel de semaine, guinguette le dimanche. Du jardin, qui est à la hauteur d′ un premier étage ordinaire, on découvre une vue magnifique. à gauche l′ aqueduc de Marly ferme l′ horizon, à droite la vue s′ étend sur un infini de collines; la rivière, presque sans courant dans cet endroit, se déroule comme un large ruban blanc moiré, entre la plaine des Gabillons et l′ île de Croissy, éternellement bercée par le frémissement de ses hauts peupliers et le murmure de ses saules. Quizá conozca usted esa posada, hotel entre semana, merendero el domingo. Desde el jardín, que está a la altura de un primer piso ordinario, se descubre una vista magnífica. A la izquierda el acueducto de Marly cierra el horizonte, a la derecha la vista se extiende sobre un sinfin de colinas; el río, casi sin corriente en aquel lugar, se despliega como una ancha cinta de un blanco tornasolado, entre la llanura de los Gabillons y la isla de Croissy, eternamente mecida por el suave balanceo de los altos álamos y murmullo de los sauces.
Au fond, dans un large rayon de soleil, s′ élèvent de petites maisons blanches à toits rouges, et des manufactures qui, perdant par la distance leur caractère dur et commercial, complètent admirablement le paysage. Al fondo, en medio de un amplio rayo de sol, se elevan casita blancas con tejados rojos y fábricas que, al perder con la distancia su carácter duro y comercial, completan admirablemente paisaje.
Au fond, Paris dans la brume! Comme nous l′ avait dit Prudence, c′ était une vraie campagne, et, je dois le dire, ce fut un vrai déjeuner. ¡Al fondo, París en medio de la bruma! Como nos había dicho Prudence, aquello era el campo de verdad y, debo decirlo, también fue una comida de verdad.
Ce n′ est pas par reconnaissance pour le bonheur que je lui ai d que je dis tout cela, mais Bougival, malgré son nom affreux, est un des plus jolis pays que l′ on puisse imaginer. J′ ai beaucoup voyagé, j′ ai vu de plus grandes choses, mais non de plus charmantes que ce petit village gaiement couché au pied de la colline qui le protège. No digo todo esto por agradecimiento a la felicidad que le debí, pero Bougival, pese a su horrible nombre, es uno de los parajes más bonitos que se pueda imaginar. He viajado mucho y he vista cosas más grandes, pero no más encantadoras que ese pueblecito alegremente recostado al pie de la colina que te protege.
Madame Arnould nous offrit de nous faire faire une promenade en bateau, ce que Marguerite et Prudence acceptèrent avec joie. La señora Arnould nos propuso organizarnos un paseo en barca, que Marguerite y Prudence aceptaron con alegría.
On a toujours associé la campagne à l′ amour et l′ on a bien fait: rien n′ encadre la femme que l′ on aime comme le ciel bleu, les senteurs, les fleurs, les brises, la solitude resplendissante des champs ou des bois. Si fort que l′ on aime une femme, quelque confiance que l′ on ait en elle, quelque certitude sur l′ avenir que vous donne son passé, on est toujours plus ou moins jaloux. Si vous avez été amoureux, sérieusement amoureux, vous avez d éprouver ce besoin d′ isoler du monde l′ être dans lequel vous vouliez vivre tout entier. Siempre se ha asociado el campo al amor, y no es para menos y no hay mejor marco para la mujer amada que el cielo azul, los olores, las flores, la brisa, la soledad resplandeciente de los campos y de los bosques. Por mucho que se quiera a una mujer, por mucha confianza que se tenga en ella, cualquiera que sea la certeza que sobre el futuro nos brinde su pasado, siempre está uno más o menos celoso. Si ha estado usted enamorado, seriamente enamorado, ya habrá experimentado esa necesidad de aislar del mundo al ser dentro del cual querría usted vivir enteramente.
Il semble que, si indifférente qu′ elle soit à ce qui l′ entoure, la femme aimée perde de son parfum et de son unité au contact des hommes et des choses. Moi, j′ éprouvais cela bien plus que tout autre. Mon amour n′ était pas un amour ordinaire; j′ étais amoureux autant qu′ une créature ordinaire peut l′ être, mais de Marguerite Gautier, c′ est -à -dire qu′ à Paris, à chaque pas, je pouvais coudoyer un homme qui avait été l′ amant de cette femme ou qui le serait le lendemain. Parece como si la mujer amada, por indiferente que sea a cuanto la rodea, perdiera algo de su perfume y de su unidad al contacto con los hombres y las cosas. Yo experimentaba aquello mucho más que cualquier otro. Mi amor no era un amor ordinario; estaba enamorado tanto como puede estarlo una criatura ordinaria, pero de Marguerite Gautier, es decir, que en París podía cruzarme a cada paso con un hombre que hubiera sido amante de aquella mujer o que fuera a serlo al día siguiente.
Tandis qu′ à la campagne, au milieu de gens que nous n′ avions jamais vus et qui ne s′ occupaient pas de nous, au sein d′ une nature toute parée de son printemps, ce pardon annuel, et séparée du bruit de la ville, je pouvais cacher mon amour et aimer sans honte et sans crainte. Mientras que en el campo, en medio de gentes que nunca habíamos visto y que no se fijaban en nosotros, en el seno de una naturaleza vestida con todas sus galas de primavera ––ese perdón anual–– y apartada del ruido de la ciudad, podía recatar mi amor y amar sin vergüenza y sin temor.
La courtisane y disparaissait peu à peu. J′ avais auprès de moi une femme jeune, belle, que j′ aimais, dont j′ étais aimé et qui s′ appelait Marguerite: le passé n′ avait plus de formes, l′ avenir plus de nuages. Le soleil éclairait ma maîtresse comme il et éclairé la plus chaste fiancée. Nous nous promenions tous deux dans ces charmants endroits qui semblent faits exprès pour rappeler les vers de Lamartine ou chanter les mélodies de Scudo. Allí desaparecía poco a poco la cortesana. Tenía a mi lado una mujer joven, bonita, a la que yo quería, que me quería y que se llamaba Marguerite: el pasado ya no tenía formas, ni el futuro nubes. El sol iluminaba a mi amante como hubiera iluminado a la más casta novia. Juntos nos paseábamos por aquellos parajes encantadores, que parecen hechos expresamente para recordar los versos de Lamartine o cantar las melodías de Scudo.
Marguerite avait une robe blanche, elle se penchait à mon bras, elle me répétait le soir sous le ciel étoilé les mots qu′ elle m′ avait dits la veille, et le monde continuait au loin sa vie sans tacher de son ombre le riant tableau de notre jeunesse et de notre amour. Marguerite llevaba un vestido blanco, se apoyaba en mi brazo, me repetía por la noche bajo el cielo estrellado las palabras que me había dicho el día anterior, y el mundo seguía a lo lejos viviendo su vida, sin manchar con su sombra el cuadro risueño de nuestra juventud y nuestro amor.
Voilà le rêve qu′ à travers les feuilles m′ apportait le soleil ardent de cette journée, tandis que, couché tout au long sur l′ herbe de l′ île où nous avions abordé, libre de tous les liens humains qui la retenaient auparavant, je laissais ma pensée courir et cueillir toutes les espérances qu′ elle rencontrait. Este era el sueño que el sol ardiente de aquel día me llevaba a través de las hojas, mientras, tumbado todo lo largo que era en la hierba de la isla en donde habíamos atracado, libre de todos los lazos humanos que antes lo retenían, dejaba correr mi pensamiento y recoger todas las esperanzas que encontraba.
Ajoutez à cela que, de l′ endroit où j′ étais, je voyais sur la rive une charmante petite maison à deux étages, avec une grille en hémicycle; à travers la grille, devant la maison, une pelouse verte, unie comme du velours, et derrière le bâtiment un petit bois plein de mystérieuses retraites, et qui devait effacer chaque matin sous sa mousse le sentier fait la veille. Añada a ello el que, desde el lugar en que me encontraba, veía a la orilla una encantadora casita de dos pisos con una verja semicircular; a través de la verja, delante de la casa, un césped verde, liso como terciopelo, y detrás del edificio ′un bosquecillo lleno de misteriosos refugios y que cada mañana borraría bajo su musgo el sendero hecho la víspera.
Des fleurs grimpantes cachaient le perron de cette maison inhabitée qu′ elles embrassaient jusqu′ au premier étage. Plantas trepadoras ocultaban la escalinata de aquella casa deshabitada, a la que abrazaban hasta el primer piso.
Á force de regarder cette maison, je finis par me convaincre qu′ elle était à moi, tant elle résumait bien le rêve que je faisais. J′ y voyais Marguerite et moi, le jour dans le bois qui couvrait la colline, le soir assis sur la pelouse, et je me demandais si créatures terrestres auraient jamais été aussi heureuses que nous. A fuerza de mirar aquella casa acabé por convencerme de que era mía: tan bien resumía lo que yo estaba soñando. Me veía allí con Marguerite, durante el día en el bosque que cubría la colina, por la noche sentados en el césped, y me preguntaba si alguna vez criaturas terrestres habrían sido tan felices como nosotros.
-Quelle jolie maison! Me dit Marguerite qui avait suivi la direction de mon regard et peut -être de ma pensée. ––¡Qué casa más bonita! ––me dijo Marguerite, que había seguido la dirección de mi mirada y acaso también la de mi pensamiento.
-Où? Fit Prudence. ––¿Dónde? ––dijo Prudence.
-Là -bas. Et Marguerite montrait du doigt la maison en question. ––Allá abajo. Y Marguerite señalaba con el dedo la casa en cuestión.
-Ah! Ravissante, répliqua Prudence, elle vous plaît? -Beaucoup. ––¡Ah! Preciosa ––replicó Prudence––. ¿Le gusta? ––Mucho.
-Eh bien! Dites au duc de vous la louer; il vous la louera, j′ en suis sre. Je m′ en charge, moi, si vous voulez. ––¡Bueno, pues diga al duque que se la alquile! Estoy segura de que se la alquilará. Si quiere, yo me encargo de ello.
Marguerite me regarda, comme pour me demander ce que je pensais de cet avis. Marguerite me miró, como preguntándome qué pensaba yo de aquella idea.
Mon rêve s′ était envolé avec les dernières paroles de Prudence, et m′ avait rejeté si brutalement dans la réalité que j′ étais encore tout étourdi de la chute. Mi sueño se había desvanecido con las últimas palabras de Prudence y me arrojó tan brutalmente a la realidad, que aún estaba aturdido por la caída.
-En effet, c′ est une excellente idée, balbutiai -je, sans savoir ce que je disais. ––En efecto, es una excelente idea ––balbuceé, sin saber lo que decía.
-Eh bien, j′ arrangerai cela, dit en me serrant la main Marguerite, qui interprétait mes paroles selon son désir. Allons voir tout de suite si elle est à louer. ––Bueno, pues yo lo arreglaré ––dijo estrechándome la mane; Marguerite, que interpretaba mis palabras según su deseo––. Vamos a ver ahora mismo si está en alquiler.
La maison était vacante et à louer deux mille francs. La casa estaba libre y el alquiler costaba dos mil francos.
-Serez -vous heureux ici? Me dit -elle. ––¿Será usted feliz aquí? ––me dijo.
-Suis -je sûr d′ y venir? -Et pour qui donc viendrais -je m′ enterrer là, si ce n′ est pour vous? -Eh bien, Marguerite, laissez -moi louer cette maison moi -même. ––¿Puedo estar seguro de venir aquí? ––¿Pues por quién cree que vendría a enterrarme yo aquí, de no ser por usted? ––Bueno, Marguerite, pues entonces déjeme que sea yo mismo quien alquile esta casa.
-Jtes -vous fou? Non seulement c′ est inutile, mais ce serait dangereux; vous savez bien que je n′ ai le droit d′ accepter que d′ un seul homme, laissez -vous donc faire, grand enfant, et ne dites rien. ––¿Está loco? No solamente es inútil, sería peligroso. Sabe usted de sobra que no puedo aceptar nada que no venga de un hombre determinado, así que déjeme hacer, niño grande,, y cállese.
-Cela fait que, quand j′ aurai deux jours libres, je viendrai les passer chez vous, dit Prudence. ––Eso quiere decir que, cuando tenga dos días libres, vendré a pasarlos en su casa ––dijo Prudence.
Nous quittâmes la maison et reprîmes la route de Paris tout en causant de cette nouvelle résolution. Dejamos la casa y volvimos a coger la carretera de París, charlando de aquella nueva resolución.
Je tenais Marguerite dans mes bras, si bien qu′ en descendant de voiture, je commençais déjà à envisager la combinaison de ma maîtresse avec un esprit moins scrupuleux. Tenía yo a Marguerite, entre mis brazos, de tal modo que, al bajar del coche empezaba ya; a enfocar el plan de mi amante con ánimo menos escrupuloso.







CHAPITRE XVII

Capítulo XVII

Le lendemain, Marguerite me congédia de bonne heure, me disant que le duc devait venir de grand matin, et me promettant de m′ écrire dès qu′ il serait parti, pour me donner le rendez -vous de chaque soir. Al día siguiente Marguerite me despidió temprano, diciéndome que el duque iba a venir a primera hora y prometiéndome escribirme en cuanto se fuera, para darme la cita de cada noche.
En effet, dans la journée, je reçus ce mot: " je vais à Bougival avec le duc; soyez chez " Prudence, ce soir, à huit heures. " à l′ heure indiquée, Marguerite était de retour, et venait me rejoindre chez Madame Duvernoy. En efecto, durante el día recibí estas cuatro Tetras: «Me voy a Bougival con el duque; vaya a casa de Prudence esta noche a las ocho.» A la hora indicada Marguerite estaba de vuelta y venía a reunirse conmigo en casa de la señora Duvernoy.
-Et bien, tout est arrangé, dit -elle en entrant. ––Bueno, pues ya está todo arreglado ––dijo al entrar.
-La maison est louée? Demanda Prudence. ––¿Ha alquilado la casa? ––preguntó Prudence.
-Oui; il a consenti tout de suite. ––Sí; ha accedido en seguida.
Je ne connaissais pas le duc, mais j′ avais honte de le tromper comme je le faisais. No conocía al duque, pero me daba vergüenza engañarlo de aquella manera.
-Mais, ce n′ est pas tout! Reprit Marguerite. ––¡Y eso no es todo! ––prosiguió Marguerite.
-Quoi donc encore? -Je me suis inquiétée du logement d′ Armand. ––¿Qué más hay?
-Dans la même maison? Demanda Prudence en riant. ––Me he preocupado del alojamiento de Armand. ––¿En la misma casa? ––preguntó Prudence riendo.
-Non, mais au point -du -jour, où nous avons déjeuné, le duc et moi. Pendant qu′ il regardait la vue, j′ ai demandé à Madame Arnould, car c′ est Madame Arnould qu′ elle s′ appelle, n′ est -ce pas? Je lui ai demandé si elle avait un appartement convenable. Elle en a justement un, avec salon, antichambre et chambre à coucher. C′ est tout ce qu′ il faut, je pense. Soixante francs par mois. --No, sino en Point-du-Jour, donde hemos comido el duque y yo. Mientras él contemplaba el panorama, he preguntado a la señora Arnould, pues se llama señora Arnould, ¿no?, le he preguntado si tenía un apartamento adecuado. Precisamente tenía uno, con salón, antesala y dormitorio. Creo que es todo lo que hace falta. Sesenta francos al mes.
Le tout meublé de façon à distraire un hypocondriaque. J′ ai retenu le logement. Ai -je bien fait? Je sautai au cou de Marguerite. Todo amueblado de tal manera que podría distraer a un hipocondríaco. Lo he reservado. ¿He hecho bien Salté al cuello de Marguerite.
-Ce sera charmant, continua -t -elle, vous avez une clef de la petite porte, et j′ ai promis au duc une clef de la grille qu′ il ne prendra pas, puisqu′ il ne viendra que dans le jour, quand il viendra. Je crois, entre nous, qu′ il est enchanté de ce caprice qui m′ éloigne de Paris pendant quelque temps, et fera taire un peu sa famille. ––Será encantador --continuó––; usted tendrá una llave de la puerta pequeña, y he prometido al duque una llave de la verja, que no cogerá, porque no irá más que de día, cuando vaya. Entre nosotros, creo que está encantado de este capricho que me aleja de París durante cierto tiempo y hará callar un poco a su familia.
Cependant, il m′ a demandé comment moi, qui aime tant Paris, je pouvais me décider à m′ enterrer dans cette campagne; je lui ai répondu que j′ étais souffrante et que c′ était pour me reposer. Il n′ a paru me croire que très imparfaitement. Ce pauvre vieux est toujours aux abois. Nous prendrons donc beaucoup de précautions, mon cher Armand; car il me ferait surveiller là -bas, et ce n′ est pas le tout qu′ il me loue une maison, il faut encore qu′ il paye paye mes dettes, et j′ en ai malheureusement quelques -unes. Tout cela vous convient -il? -Oui, répondis -je en essayant de faire taire tous les scrupules que cette façon de vivre réveillait de temps en temps en moi. Sin embargo me ha preguntado cómo, gustándome tanto París, había podido decidirme a enterrarme en el campo; le he respondido que no me encontraba bien y que era para descansar. No ha parecido creerme del todo. Ese pobre viejo está siempre acorralado. Así que mi querido Armand, tomaremos muchas precauciones, pues hará que me vigilen allá, y no es lo principal que me alquile una casa; aún tiene que pagar mis deudas, y desgraciadamente tengo unas cuantas. ¿Le agrada todo esto? ––Sí ––respondí, intentando acallar todos los escrúpulos que aquella forma de vivir despertaba de cuando en cuando en mí.
-Nous avons visité la maison dans tous ses détails, nous y serons à merveille. Le duc s′ inquiétait de tout. Ah! Mon cher, ajouta la folle en m′ embrassant, vous n′ êtes pas malheureux, c′ est un millionnaire qui fait votre lit. –Hemos estado viendo la casa con todo detalle, y estaremos allí de maravilla. El duque se preocupaba por todo. ¡Ah, querido míol ––añadió aquella loca abrazándome––, no estará usted de queja: todo un millonario le hace la cama.
-Et quand emménagez -vous? Demanda Prudence. ––¿Y cuándo se mudan? ––preguntó Prudence.
-Le plus tôt possible. ––Lo antes posible.
-Vous emmenez votre voiture et vos chevaux. ––¿Se lleva el coche y los caballos?
-J′ emmènerai toute ma maison. Vous vous chargerez de mon appartement pendant mon absence. ––Me llevaré toda la casa. Usted se encargará del piso durante mi ausencia.
Huit jours après, Marguerite avait pris possession de la maison de campagne, et moi j′ étais installé au point -du -jour. Ocho días después Marguerite había tomado posesión de la casa de campo, y yo me hallaba instalado en Point–du–Jour.
Alors commença une existence que j′ aurais bien de la peine à vous décrire. Entonces empezó una existencia que me costaría mucho trabajo describírsela.
Dans les commencements de son séjour à Bougival, Marguerite ne put rompre tout à fait avec ses habitudes, et comme la maison était toujours en fête, toutes ses amies venaient la voir; pendant un mois il ne se passa pas de jour que Marguerite n′ et huit ou dix personnes à sa table. Prudence amenait de son côté tous les gens qu′ elle connaissait, et leur faisait tous les honneurs de la maison, comme si cette maison lui et appartenu. Al principio de su estancia en Bougival, Marguerite no pudo romper de golpe con sus costumbres y, como la casa siempre estaba de fiesta, todas sus amigas venían a verla; durante un mes no pasó día sin que Marguerite tuviera ocho o diez personas a la mesa. Por su parte, Prudence se traía a toda la gente que conocía y les hacía todos los honores de la casa como si aquella casa fuera suya.
L′ argent du duc payait tout cela, comme vous le pensez bien, et cependant il arriva de temps en temps à Prudence de me demander un billet de mille francs, soi -disant au nom de Marguerite. Como usted puede imaginar, todo aquello lo pagaba el dinero del duque, y aun así de cuando en cuando Prudence me pedía un billete de mil francos, de parte de Marguerite según decía.
Vous savez que j′ avais fait quelque gain au jeu; je m′ empressai donc de remettre à Prudence ce que Marguerite me faisait demander par elle, et dans la crainte qu′ elle n′ et besoin de plus que je n′ avais, je vins emprunter à Paris une somme égale à celle que j′ avais déjà empruntée autrefois, et que j′ avais rendue très exactement. Ya sabe usted que yo había ganado algo en el juego; así que me apresuré entregar a Prudence lo que Marguerite me pedía a través de ella por temor a que necesitara más de lo que yo tenía, me vine a París a pedir prestada una cantidad igual a la que ya me habían prestado antaño y que había devuelto puntualmente.
Je me trouvai donc de nouveau riche d′ une dizaine de mille francs, sans compter ma pension. Así pues, otra vez me encontré en posesión de unos diez mil francos, sin contar mi pensión.
Cependant le plaisir qu′ éprouvait Marguerite à recevoir ses amies se calma un peu devant les dépenses auxquelles ce plaisir l′ entraînait, et surtout devant la nécessité où elle était quelquefois de me demander de l′ argent. Le duc, qui avait loué cette maison pour que Marguerite s′ y reposât, n′ y paraissait plus, craignant toujours d′ y rencontrer une joyeuse et nombreuse compagnie de laquelle il ne voulait pas être vu. Sin embargo, el placer que experimentaba Marguerite recibiendo a sus amigas se apaciguó un poco ante los gastos a los que aquel placer la arrastraba, y sobre todo ante la necesidad en que a veces se veía de pedirme dinero. El duque, que había alquilado aquella casa para que Marguerite descansara, no aparecía por allí, temiendo siempre encontrarse con una alegre y numerosa compañía de la que no quería dejarse ver.
Cela tenait surtout à ce que, venant un jour pour dîner en tête -à -tête avec Marguerite, il était tombé au milieu d′ un déjeuner de quinze personnes qui n′ était pas encore fini à l′ heure où il comptait se mettre à table pour dîner. Quand, ne se doutant de rien, il avait ouvert la porte de la salle à manger, un rire général avait accueilli son entrée, et il avait été forcé de se retirer brusquement devant l′ impertinente gaieté des filles qui se trouvaient là. Ello se debía sobre todo a que, habiendo ido un día para cenar a solas con Marguerite, cayó en medio de una comida de quince personas, que aún no habían terminado a la hora en que él esperaba sentarse a la mesa para cenar. Cuando, sin sospechar nada, abrió la puerta de la sala del comedor, una carcajada general acogió su entrada, y se vio obligado a retirarse bruscamente ante la impertinente alegría de las chicas que se encontraban allí.
Marguerite s′ était levée de table, avait été retrouver le duc dans la chambre voisine, et avait essayé, autant que possible, de lui faire oublier cette aventure; mais le vieillard, blessé dans son amour -propre, avait gardé rancune: il avait dit assez cruellement à la pauvre fille qu′ il était las de payer les folies d′ une femme qui ne savait même pas le faire respecter chez elle, et il était parti fort courroucé. Marguerite se levantó de la mesa, fue a buscar al duque a la habitación contigua a intentó, dentro de lo posible, hacerle olvidar aquella aventura; pero el anciano, herido en su amor propio, le guardó rencor: le dijo con bastante crueldad a la pobre chica que estaba harto de pagar las locuras de una mujer que ni siquiera era capaz de hacer que lo respetasen en su casa, y se marchó muy encolerizado.
Depuis ce jour on n′ avait plus entendu parler de lui. Marguerite avait eu beau congédier ses convives, changer ses habitudes, le duc n′ avait plus donné de ses nouvelles. J′ y avais gagné que ma maîtresse m′ appartenait plus complètement, et que mon rêve se réalisait enfin. Marguerite ne pouvait plus se passer de moi. Sans s′ inquiéter de ce qui en résulterait, elle affichait publiquement notre liaison, et j′ en étais arrivé à ne plus sortir de chez elle. Les domestiques m′ appelaient monsieur, et me regardaient officiellement comme leur maître. Desde aquel día no volvimos a oír hablar de él. Aunque Marguerite despidió a sus invitados y cambió de costumbres, el duque no volvió a dar señales de vida. Con ello yo había salido ganando que mi amante me perteneciera más completamente y que mi sueño se realizara al fin. Marguerite no podía pasarse sin mí. Sin preocuparse de las consecuencias, proclamaba públicamente nuestras relaciones, y yo llegué a no salir ya de su casa. Los criados me llamaban el señor, y me miraban oficialmente como a su amo.
Prudence avait bien fait, à propos de cette nouvelle vie, force morale à Marguerite; mais celle -ci avait répondu qu′ elle m′ aimait, qu′ elle ne pouvait vivre sans moi, et quoi qu′ il en dt advenir, elle ne renoncerait pas au bonheur de m′ avoir sans cesse auprès d′ elle, ajoutant que tous ceux à qui cela ne plairait pas étaient libres de ne pas revenir. Prudence le echó buenos sermones a Marguerite a propósito de aquella nueva vida; pero ella le había respondido que me quería, que no podía vivir sin mí y que, pasara lo que pasase, r renunciaría a la felicidad de tenerme a su lado sin cesar, añadiendo que todos aquellos a los que no les gustara eran muy libres de no volver.
Voilà ce que j′ avais entendu un jour où Prudence avait dit à Marguerite qu′ elle avait quelque chose de très important à lui communiquer, et où j′ avais écouté à la porte de la chambre où elles s′ étaient renfermées. Eso fue lo que oí un día en que Prudence dijo a Marguerite que tenía algo muy importante que decirle, mientras yo escuchaba a puerta de la habitación donde se habían encerrado.
Quelque temps après Prudence revint. Poco tiempo después Prudence volvió.
J′ étais au fond du jardin quand elle entra; elle ne me vit pas. Je me doutais, à la façon dont Marguerite était venue au -devant d′ elle, qu′ une conversation pareille à celle que j′ avais déjà surprise allait avoir lieu de nouveau et je voulus l′ entendre comme l′ autre. Yo estaba al fondo del jardín cuando ella entró; no me vio. Por la forma de salir Marguerite a su encuentro, sospeché que iba tener lugar una conversación parecida a la que ya había sorprendido, y quise oírla como la otra.
Les deux femmes se renfermèrent dans un boudoir et je me mis aux écoutes. Las dos mujeres se encerraron en un gabinete y yo me puse escuchar.
-Eh bien? Demanda Marguerite. ––¿Qué pasa? ––preguntó Marguerite.
-Eh bien! J′ ai vu le duc. ––¡Qué va a pasar! Que he visto al duque.
-Que vous a -t -il dit? -Qu′ il vous pardonnait volontiers la première scène, mais qu′ il avait appris que vous viviez publiquement avec M Armand Duval, et que cela il ne vous le pardonnait pas. Que Marguerite quitte ce jeune homme, m′ a -t -il dit, et comme par le passé je lui donnerai tout ce qu′ elle voudra, sinon, elle devra renoncer à me demander quoi que ce soit. ––¿Qué le ha dicho? ––Que le perdona de buen grado la primera escena, pero que ha enterado de que vive usted públicamente con el señor Armand Duval y que eso no se lo perdona. «Que Marguerite deje a e hombre ––me ha dicho––, y le daré todo lo que quiera como ante si no, tendrá que renunciar a pedirme ni una cosa más.»
-Vous avez répondu? -Que je vous communiquerais sa décision, et je lui ai promis de vous faire entendre raison. ––¿Qué ha respondido usted? ––Que le comunicaría su decisión, y le he prometido hacer entrar en razón.
Réfléchissez, ma chère enfant, à la position que vous perdez et que ne pourra jamais vous rendre Armand. Il vous aime de toute son âme, mais il n′ a pas assez de fortune pour subvenir à tous vos besoins, et il faudra bien un jour vous quitter, quand il sera trop tard et que le duc ne voudra plus rien faire pour vous. Voulez -vous que je parle à Armand? Marguerite paraissait réfléchir, car elle ne répondit pas. Le coeur me battait violemment en attendant sa réponse. Piense, hija mía, en la posición que pierde y que nunca podrá darle Armand. El la quiere con toda el alma, pero no tiene bastante fortuna para hacer frente a todas las necesidades de usted, y un día no le quedará más remedio que abandonarle cuando ya sea demasiado tarde y el duque no quiera hacer mi por usted. ¿Quiere que hable con Armand? Marguerite parecía reflexionar, pues no respondía. El corazón me latía violentamente mientras esperaba su respuesta.
-Non, reprit -elle, je ne quitterai pas Armand, et je ne me cacherai pas pour vivre avec lui. C′ est peut -être une folie, mais je l′ aime! Que voulez -vous? Et puis, maintenant il a pris l′ habitude de m′ aimer sans obstacle; il souffrirait trop d′ être forcé de me quitter ne ft -ce qu′ une heure par jour. D′ ailleurs, je n′ ai pas tant de temps à vivre pour me rendre malheureuse et faire les volontés d′ un vieillard dont la vue seule me fait vieillir. Qu′ il garde son argent; je m′ en passerai. ––No ––repuso––, no dejaré a Armand, y no me ocultaré por vivir con él. Quizá sea una locura, ¡pero lo amo!, ¿qué quiere usted Y además, ahora que se ha acostumbrado a amarme sin obstáculos, sufriría demasiado si se viera obligado a abandonarme aunque no fuera más que una hora al día. Por otra parte, no me queda tanto tiempo que vivir como para convertirme en una desgraciada y hacer la voluntad de un viejo cuya sola vista me hace envejecer. Que se guarde su dinero; me pasaré sin él.
-Mais comment ferez -vous? -Je n′ en sais rien. ––¿Pero cómo va a arreglárselas? ––No lo sé.
Prudence allait sans doute répondre quelque chose, mais j′ entrai brusquement et je courus me jeter aux pieds de Marguerite, couvrant ses mains des larmes que me faisait verser la joie d′ être aimé ainsi. Prudence iba sin duda a responder algo, pero entré bruscamente y corrí a arrojarme a los pies de Marguerite, bañando sus manos en las lágrimas que me hacía derramar la alegría de verme amado sí.
-Ma vie est à toi, Marguerite, tu n′ as plus besoin de cet homme, ne suis -je pas là? T′ abandonnerais -je jamais et pourrais -je payer assez le bonheur que tu me donnes? Plus de contrainte, ma Marguerite, nous nous aimons! Que nous importe le reste? -Oh! Oui, je t′ aime, mon Armand! Murmura -t -elle en enlaçant ses deux bras autour de mon cou, je t′ aime comme je n′ aurais pas cru pouvoir aimer. ––Mi vida es tuya, Marguerite, no necesitas a ese hombre. ¿No estoy yo aquí? ¿Cómo podré abandonarte nunca ni pagarte suficientemente la felicidad que me proporcionas? Nada de coacciones, Marguerite mía. ¡Nos queremos! ¿Qué nos importa lo demás? ––¡Sí, sí, lo quiero, Armand mío! ––murmuró enlazando sus brazos en torno a mi cuello––. Te quiero como nunca creí que pudiera querer.
Nous serons heureux, nous vivrons tranquilles, et je dirai un éternel adieu à cette vie dont je rougis maintenant. Jamais tu ne me reprocheras le passé, n′ est -ce pas? Les larmes voilaient ma voix. Je ne pus répondre qu′ en pressant Marguerite contre mon coeur. Seremos felices, viviremos tranquilos y daré un adiós eterno a esa vida de que ahora me avergüenzo. Nunca me reprocharás el pasado, ¿verdad? Las lágrimas velaban mi voz. Sólo pude responder estrechando a Marguerite contra mi corazón.
-Allons, dit -elle en se retournant vers Prudence et d′ une voix émue, vous rapporterez cette scène au duc, et vous ajouterez que nous n′ avons pas besoin de lui. ––Vamos ––dijo con voz conmovida, volviéndose hacia Prudence––, cuéntele esta escena al duque y añada que no lo necesitamos.
Á partir de ce jour il ne fut plus question du duc. Desde aquel día ya no se habló más del duque.
Marguerite n′ était plus la fille que j′ avais connue. Tampoco Marguerite era la chica que yo había conocido.
Elle évitait tout ce qui aurait pu me rappeler la vie au milieu de laquelle je l′ avais rencontrée. Evitaba todo lo que pudiera recordarme la vida en medio de la cual la había encontrado.
Jamais femme, jamais soeur n′ eut pour son époux ou son frère l′ amour et les soins qu′ elle avait pour moi. Cette nature maladive était prête à toutes les impressions, accessible à tous les sentiments. Elle avait rompu avec ses amies comme avec ses habitudes, avec son langage comme avec les dépenses d′ autrefois. Quand on nous voyait sortir de la maison pour aller faire une promenade dans un charmant petit bateau que j′ avais acheté, on n′ et jamais cru que cette femme vêtue d′ une robe blanche, couverte d′ un grand chapeau de paille, et portant sur son bras la simple pelisse de soie qui devait la garantir de la fraîcheur de l′ eau, était cette Marguerite Gautier qui, quatre mois auparavant, faisait bruit de son luxe et de ses scandales. Nunca mujer, nunca hermana tuvo con su esposo o con su hermano el amor y los cuidados que ella tenía conmigo. Aquella naturaleza enfermiza estaba abierta a todas las impresiones, era accesible a todos los sentimientos. Había roto con sus amigas como con sus costumbres, con su lenguaje como con los gastos de otro tiempo. Cuando nos veían salir de la casa para ir a darnos un paseo en una encantadora barquilla que yo había comprado, nadie hubiera creído que aquella mujer vestida de blanco, cubierta con un gran sombrero de paja y con un sencillo ropón de seda al brazo para protegerse del frescor del agua era Marguerite Gautier, la misma que cuatro meses antes armaba tanto jaleo con su lujo y sus escándalos.
Hélas! Nous nous hâtions d′ être heureux, comme si nous avions deviné que nous ne pouvions pas l′ être longtemps. ¡Ay! Nos dábamos prisa a ser felices, como si hubiéramos adivinado que no podíamos serlo mucho tiempo.
Depuis deux mois nous n′ étions même pas allés à Paris. Personne n′ était venu nous voir, excepté Prudence, et cette Julie Duprat dont je vous ai parlé, et à qui Marguerite devait remettre plus tard le touchant récit que j′ ai là. Hacía dos meses que ni siquiera íbamos a París. Nadie había ido a vernos, excepto Prudence y esa Julie Duprat de que le he hablado y a quien Marguerite entregaría más tarde el conmovedor relato que tengo aquí.
Je passais des journées entières aux pieds de ma maîtresse. Nous ouvrions les fenêtres qui donnaient sur le jardin, et regardant l′ été s′ abattre joyeusement dans les fleurs qu′ il fait éclore et sous l′ ombre des arbres, nous respirions à côté l′ un de l′ autre cette vie véritable que ni Marguerite ni moi n′ avions comprise jusqu′ alors. Me pasaba días enteros a los pies de mi amante. Abríamos las ventanas que daban al jardín y, mirando cómo el verano se dejaba caer gozosamente en las flores que había hecho brotar y bajo la sombra de los árboles, respirábamos uno al lado de otro aquella vida auténtica que ni Marguerite ni yo habíamos comprendido hasta entonces.
Cette femme avait des étonnements d′ enfant pour les moindres choses. Il y avait des jours où elle courait dans le jardin, comme une fille de dix ans, après un papillon ou une demoiselle. Cette courtisane, qui avait fait dépenser en bouquets plus d′ argent qu′ il n′ en faudrait pour faire vivre dans la joie une famille entière, s′ asseyait quelquefois sur la pelouse, pendant une heure, pour examiner la simple fleur dont elle portait le nom. Aquella mujer se asombraba como una niña por las más pequeñas cosas. Había días en que corría por el jardín, como una cría de diez años, detrás de una mariposa o de un caballito del diablo. Aquella cortesana, que había hecho gastar en ramos de flores más dinero del que necesitaría toda una familia para vivir en la alegría, a veces se sentaba sobre el césped, durante una hora, para examinar la sencilla flor cuyo nombre llevaba.
Ce fut pendant ce temps -là qu′ elle lut si souvent Manon Lescaut. je la surpris bien des fois annotant ce livre: et elle me disait toujours que lorsqu′ une femme aime, elle ne peut pas faire ce que faisait Manon. Fue por entonces cuando leyó con tanta frecuencia Manon Lescaut. Muchas veces la sorprendí escribiendo notas en el libro: no dejaba de decirme que, cuando una mujer ama, no puede hacer lo que Manon hacía.
Deux ou trois fois le duc lui écrivit. Elle reconnut l′ écriture et me donna les lettres sans les lire. El duque le escribió dos o tres veces. Conoció la letra y me dio las cartas sin leerlas.
Quelquefois les termes de ces lettres me faisaient venir les larmes aux yeux. A veces los términos de aquellas cartas hacían que los ojos se me llenasen de lágrimas.
Il avait cru, en fermant sa bourse à Marguerite, la ramener à lui; mais quand il avait vu l′ inutilité de ce moyen, il n′ avait pas pu y tenir; il avait écrit, redemandant, comme autrefois, la permission de revenir, quelles que fussent les conditions mises à ce retour. Había creído que, cerrándole la bolsa, volvería a recobrar a Marguerite; pero, cuando vio la inutilidad de aquel medio, no pudo aguantar más; escribió, pidiendo como otras veces permiso para volver, cualesquiera que fuesen las condiciones que pusiera para ese regreso.
J′ avais donc lu ces lettres pressantes et réitérées, et je les avais déchirées, sans dire à Marguerite ce qu′ elles contenaient, et sans lui conseiller de revoir le vieillard, quoiqu′ un sentiment de pitié pour la douleur du pauvre homme m′ y portât: mais je craignais qu′ elle ne vit dans ce conseil le désir, en faisant reprendre au duc ses anciennes visites, de lui faire reprendre les charges de la maison; je redoutais par -dessus tout qu′ elle me crt capable de dénier la responsabilité de sa vie dans toutes les conséquences où son amour pour moi pouvait l′ entraîner. Leí, pues, aquellas cartas apremiantes y reiterativas, y las rompí sin decir a Marguerite su contenido y sin aconsejarle que volviera a ver al anciano, aunque un sentimiento de piedad por el dolor de aquel pobre hombre me impulsara a ello: pero temía que, al hacer reemprender al duque sus antiguas visitas, viera ella en aquel consejo el deseo de hacerle reemprender también el pago de los gastos de la casa; y por encima de todo me asustaba que me creyera capaz de negarme a cargar con la responsabilidad de su vida en cualquier circunstancia a que su amor por mí pudiera arrastrarla.
Il en résulta que le duc, ne recevant pas de réponse, cessa d′ écrire, et que Marguerite et moi nous continuâmes à vivre ensemble sans nous occuper de l′ avenir. De ello resultó que el duque, al no recibir respuesta, dejó de escribir, y Marguerite y yo continuamos viviendo juntos sin preocuparnos del futuro.







CHAPITRE XVIII

Capítulo XVIII

Vous donner des détails sur notre nouvelle vie serait chose difficile. Elle se composait d′ une série d′ enfantillages charmants pour nous, mais insignifiants pour ceux à qui je les raconterais. Darle detalles acerca de nuestra nueva vida sería cosa difícil. Se componía de una serie de niñerías, encantadoras para nosotros, pero insignificantes para aquellos a quienes yo se las contara.
Vous savez ce que c′ est que d′ aimer une femme, vous savez comment s′ abrégent les journées, et avec quelle amoureuse paresse on se laisse porter au lendemain. Vous n′ ignorez pas cet oubli de toutes choses, qui naît d′ un amour violent, confiant et partagé. Tout être qui n′ est pas la femme aimée semble un être inutile dans la création. On regrette d′ avoir déjà jeté des parcelles de son coeur à d′ autres femmes, et l′ on n′ entrevoit pas la possibilité de presser jamais une autre main que celle que l′ on tient dans les siennes. Le cerveau n′ admet ni travail ni souvenir, rien enfin de ce qui pourrait le distraire de l′ unique pensée qu′ on lui offre sans cesse. Ya sabe usted lo que es amar a una mujer, ya sabe cómo se acortan los días y con qué amorosa pereza se deja uno llevar al día siguiente. No ignora usted ese olvido de todas las cosas, que nace de un amor violento, confiado y compartido. Toda criatura que no sea la mujer amada parece un ser inútil en la creación. Uno lamenta haber arrojado ya parcelas del corazón a otras mujeres, y no vislumbra la posibilidad de estrechar jamás otra mano distinta de la que tiene entre las suyas. El cerebro no admite trabajo ni recuerdos, nada en fin que pueda distraerlo del único pensamiento que se le ofrece sin cesar.
Chaque jour on découvre dans sa maîtresse un charme nouveau, une volupté inconnue. Cada día descubrimos en nuestra amante un encanto nuevo, una voluptuosidad desconocida.
L′ existence n′ est plus que l′ accomplissement réitéré d′ un désir continu, l′ âme n′ est plus que la vestale chargée d′ entretenir le feu sacré de l′ amour. La existencia no es más que el cumplimiento reiterado de un deseo continuo; el alma no es más que la vestal encargada de mantener el fuego sagrado del amor.
Souvent nous allions, la nuit venue, nous asseoir sous le petit bois qui dominait la maison. Là nous écoutions les gaies harmonies du soir, en songeant tous deux à l′ heure prochaine qui allait nous laisser jusqu′ au lendemain dans les bras l′ un de l′ autre. D′ autres fois nous restions couchés toute la journée, sans laisser même le soleil pénétrer dans notre chambre. Les rideaux étaient hermétiquement fermés, et le monde extérieur s′ arrêtait un moment pour nous. Nanine seule avait le droit d′ ouvrir notre porte, mais seulement pour apporter nos repas; encore les prenions -nous sans nous lever, et en les interrompant sans cesse de rires et de folies. à cela succédait un sommeil de quelques instants, car disparaissant dans notre amour, nous étions comme deux plongeurs obstinés qui ne reviennent à la surface que pour reprendre haleine. Muchas veces, al caer la noche, íbamos a sentarnos bajo el bosquecillo que dominaba la casa. Allí escuchábamos las alegres armonías de la noche, pensando los dos en la hora próxima que iba a dejarnos a uno en brazos del otro hasta la mañana siguiente. Otras veces nos quedábamos acostados todo el día, sin dejar siquiera que penetrara el sol en nuestra habitación. Las cortinas estaban herméticamente cerradas, y el mundo exterior se detenía un momento para nosotros. Sólo Nanine podía abrir nuestra puerta, pero solamente para traernos de comer; y aun así lo hacíamos sin levantarnos a interrumpiéndolo sin cesar con risas y locuras. A esto sucedía un sueño de unos instantes, pues, desapareciendo en nuestro amor, éramos como dos buceadores obstinados que no vuelven a la superficie más que para recobrar aliento.
Cependant je surprenais des moments de tristesse et quelquefois même des larmes chez Marguerite; je lui demandais d′ où venait ce chagrin subit, et elle me répondait: -Notre amour n′ est pas un amour ordinaire, mon cher Armand. Tu m′ aimes comme si je n′ avais jamais appartenu à personne, et je tremble que plus tard, te repentant de ton amour et me faisant un crime de mon passé, tu ne me forces à me rejeter dans l′ existence au milieu de laquelle tu m′ as prise. Songe que maintenant que j′ ai goté d′ une nouvelle vie, je mourrais en reprenant l′ autre. Dis -moi donc que tu ne me quitteras jamais. Sin embargo a veces sorprendía yo momentos de tristeza e incluso de lágrimas en Marguerite; le preguntaba de dónde procedía aquella pena súbita, y me respondía: Nuestro amor no es un amor ordinario, mi querido Armand. Me quieres como si nunca hubiera pertenecido a nadie, y me da miedo que más tarde te arrepientas de tu amor y mires mi pasado como un crimen, obligándome a arrojarme otra vez a la existencia en medio de la cual me recogiste. Piensa que ahora que he probado y una nueva vida moriría al reemprender la otra. Dime que no me abandonarás nunca.
-Je te le jure! Á ce mot, elle me regardait comme pour lire dans mes yeux si mon serment était sincère, puis elle se jetait dans mes bras, et cachant sa tête dans ma poitrine, elle me disait: -C′ est que tu ne sais pas combien je t′ aime! Un soir, nous étions accoudés sur le balcon de la fenêtre, nous regardions la lune qui semblait sortir difficilement de son lit de nuages, et nous écoutions le vent agitant bruyamment les arbres, nous nous tenions la main, et depuis un grand quart d′ heure nous ne parlions pas, quand Marguerite me dit: -Voici l′ hiver, veux -tu que nous partions? -Et pour quel endroit? -Pour l′ Italie. ––¡Te lo juro! Ante aquellas palabras me miraba como para leer en mis ojos si mi juramento era sincero, luego se arrojaba en mis brazos y, escondiendo su cabeza en mi pecho, me decía: ––¡Es que no sabes cuánto te quiero! Una noche, acodados en el alféizar de la ventana, mirábamos la luna, que parecía salir con dificultad de su lecho de nubes, y escuchábamos el viento, que se agitaba ruidosamente entre los árboles; estábamos cogidos de la mano y llevábamos ya un largo cuarto de hora sin hablar, cuando Marguerite me dijo: ––Ya está aquí el invierno, ¿quieres que nos vayamos? ––¿Y adónde? ––A Italia.
-Tu t′ ennuies donc? -Je crains l′ hiver, je crains surtout notre retour à Paris. ––¿Te aburres? ––Me da miedo el invierno, y sobre todo me da miedo nuestro regreso a París.
-Pourquoi? -Pour bien des choses. ––¿Por qué? ––Por muchas cosas.
Et elle reprit brusquement, sans me donner les raisons de ses craintes: -Veux -tu partir? Je vendrai tout ce que j′ ai, nous nous en irons vivre là -bas, il ne me restera rien de ce que j′ étais, personne ne saura qui je suis. Le veux -tu? -Partons, si cela te fait plaisir, Marguerite; allons faire un voyage, lui disais -je; mais où est la nécessité de vendre des choses que tu seras heureuse de trouver au retour? Je n′ ai pas une assez grande fortune pour accepter un pareil sacrifice, mais j′ en ai assez pour que nous puissions voyager grandement pendant cinq ou six mois, si cela t′ amuse le moins du monde. Y prosiguió bruscamente, sin darme las razones de sus temores: ––¿Quieres que nos vayamos? Venderé todo lo que tengo, nos iremos a vivir allá, no me quedará nada de lo que fui, nadie sabrá quién soy. ¿Quieres? + ––Vámonos, si eso te agrada, Marguerite; vamos a hacer un viaje ––le dije––; pero ¿qué necesidad tienes de vender cosas que estarás contenta de encontrar a tu regreso? No tengo una fortuna lo suficientemente grande para aceptar un sacrificio semejante, pero tengo bastante para que podamos viajar a lo grande durante cinco o seis meses, si eso te divierte de algún modo.
-Au fait, non, continua -t -elle en quittant la fenêtre et en allant s′ asseoir sur le canapé dans l′ ombre de la chambre; à quoi bon aller dépenser de l′ argent là -bas? Je t′ en cote déjà bien assez ici. ––Mejor no ––continuó, retirándose de la ventana y yendo a sentarse al canapé en la penumbra de la habitación––. ¿A qué ir a gastar dinero allá? Ya te cuesto bastante aquí.
-Tu me le reproches, Marguerite, ce n′ est pas généreux. ––Estás echándomelo en cara, Marguerite, y eso no es generoso.
-Pardon, ami, fit -elle en me tendant la main, ce temps d′ orage me fait mal aux nerfs; je ne dis pas ce que je veux dire. ––Perdón, amigo mío ––dijo, tendiéndome la mano––; este tiempo de tormenta me pone nerviosa; no digo lo que quiero decir.
Et, après m′ avoir embrassé, elle tomba dans une longue rêverie. Y, después de besarme, cayó en una profunda ensoñación.
Plusieurs fois des scènes semblables eurent lieu, et si j′ ignorais ce qui les faisait naître, je ne surprenais pas moins chez Marguerite un sentiment d′ inquiétude pour l′ avenir. Elle ne pouvait douter de mon amour, car chaque jour il augmentait, et cependant je la voyais souvent triste sans qu′ elle m′ expliquât jamais le sujet de ses tristesses, autrement que par une cause physique. Muchas veces ocurrieron escenas semejantes y, aunque ignoraba lo que las originaba, no por ello dejaba de sorprender en Marguerite un sentimiento de inquietud ante el futuro. Ella no podía dudar de mi amor, pues cads día aumentaba, y sin embargo a menudo la veía triste, sin que nunca me diera otra explicación del motivo de sus tristezas que no fuera por causas físicas.
Craignant qu′ elle ne se fatiguât d′ une vie trop monotone, je lui proposais de retourner à Paris, mais elle rejetait toujours cette proposition, et m′ assurait ne pouvoir être heureuse nulle part comme elle l′ était à la campagne. Temiendo que se cansara de una vida excesivamente monótona, le proponía volver a Paris, pero ella rechazaba siempre aquella propuesta y me aseguraba que no podía ser en ninguna parte tan feliz como en el campo.
Prudence ne venait plus que rarement, mais en revanche, elle écrivait des lettres que je n′ avais jamais demandé à voir, quoique, chaque fois, elles jetassent Marguerite dans une préoccupation profonde. Je ne savais qu′ imaginer. Prudence ya sólo venía raras veces, pero en cambio escribía cartas que nunca pedí que me enseñara, aunque siempre sumieran a Marguerite en una profunda preocupación. No sabía qué imaginar.
Un jour Marguerite resta dans sa chambre. Un día Marguerite se quedó en su habitación.
J′ entrai. Elle écrivait. Entré. Estaba escribiendo.
-Á qui écris -tu? Lui demandai -je. ––¿A quién escribes? ––le pregunté.
-Á Prudence: veux -tu que je te lise ce que j′ écris? J′ avais horreur de tout ce qui pouvait paraître soupçon, je répondis donc à Marguerite que je n′ avais pas besoin de savoir ce qu′ elle écrivait, et cependant, j′ en avais la certitude, cette lettre m′ et appris la véritable cause de ses tristesses. ––A Prudence. ¿Quieres que te lea lo que le escribo? Yo tenía horror a todo lo que pudiera parecer sospecha, y así respondí a Marguerite que no necesitaba saber lo que escribía; y, sin embargo, tenía la certeza de que aquella carta me hubiera revelado la verdadera causa de sus tristezas.
Le lendemain, il faisait un temps superbe. Al día siguiente hacía un tiempo soberbio.
Marguerite me proposa d′ aller faire une promenade en bateau, et de visiter l′ île de Croissy. Elle semblait fort gaie; il était cinq heures quand nous rentrâmes. Marguerite me propuso ir a dar un paseo en barco y visitar la isla de Croissy. Parecía muy alegre; eran las cinco cuando volvimos.
-Madame Duvernoy est venue, dit Nanine en nous voyant entrer. ––Ha venido la señora Duvernoy ––dijo Nanine al vernos entrar.
-Elle est repartie? Demanda Marguerite. ––¿Se ha ido ya? ––preguntó Marguerite.
-Oui, dans la voiture de madame; elle a dit que c′ était convenu. ––Sí, en el coche de la señora; ha dicho que ya lo sabía usted
-Très bien, dit vivement Marguerite; qu′ on nous serve. ––Muy bien ––dijo vivamente Marguerite––; que sirvan la mesa.
Deux jours après arriva une lettre de Prudence, et pendant quinze jours Marguerite parut avoir rompu avec ses mystérieuses mélancolies, dont elle ne cessait de me demander pardon depuis qu′ elles n′ existaient plus. Dos días después llegó una carta de Prudence, y durante quince días Marguerite pareció haber roto con sus misteriosas melancolías, por las que no dejaba de pedirme perdón desde que habían dejado de existir.
Cependant la voiture ne revenait pas. Sin embargo el coche no volvía.
-D′ où vient que Prudence ne te renvoie pas ton coupé? Demandai -je un jour. ––¿A qué se debe que Prudence no te devuelva tu cupé? ––le pregunté un día.
-Un des deux chevaux est malade, et il y a des réparations à la voiture. Il vaut mieux que tout cela se fasse pendant que nous sommes encore ici, où nous n′ avons pas besoin de voiture, que d′ attendre notre retour à Paris. Uno de los dos caballos está enfermo y hay que hacer uno arreglos en el coche. Más vale que lo hagan todo mientras estamos aquí, donde no necesitamos el coche, que esperar a que volvamos a París.
Prudence vint nous voir quelques jours après, et me confirma ce que Marguerite m′ avait dit. Unos días después vino a vernos Prudence y me confirmó lo que había dicho Marguerite.
Les deux femmes se promenèrent seules dans le jardin, et quand je vins les rejoindre, elles changèrent de conversation. Las dos mujeres se pasearon solas por el jardín y, cuando fui reunirme con ellas, cambiaron de conversación.
Le soir, en s′ en allant, Prudence se plaignit du froid et pria Marguerite de lui prêter un cachemire. Por la noche, al irse, Prudence se quejó del frío, y rogó a Marguerite que le prestase un chal de cachemira.
Un mois se passa ainsi, pendant lequel Marguerite fut plus joyeuse et plus aimante qu′ elle ne l′ avait jamais été. Así pasó un mes, durante el cual Marguerite estuvo más alegre y más amorosa que nunca.
Cependant la voiture n′ était pas revenue, le cachemire n′ avait pas été renvoyé, tout cela m′ intriguait malgré moi, et comme je savais dans quel tiroir Marguerite mettait les lettres de Prudence, je profitai d′ un moment où elle était au fond du jardin, je courus à ce tiroir et j′ essayai de l′ ouvrir; mais ce fut en vain, il était fermé au double tour. Sin embargo el coche no volvió, el chal de cachemira no fue devuelto, todo lo cual me intrigaba sin querer, y, como yo sabía en qué cajón guardaba Marguerite las cartas de Prudence, aproveché un momento en que estaba al fondo del jardín, corrí al cajón e intenté abrirlo; pero fue en vano: estaba cerrado con dos vueltas de llave.
Alors je fouillai ceux où se trouvaient d′ ordinaire les bijoux et les diamants. Ceux -là s′ ouvrirent sans résistance, mais les écrins avaient disparu, avec ce qu′ ils contenaient, bien entendu. Entonces hurgué en los que estaban ordinariamente las joyas y los diamantes. Se abrieron sin resistencia, pero los joyeros habían desaparecido, con lo que contenían por supuesto.
Une crainte poignante me serra le coeur. Un temor punzante me oprimió el corazón.
J′ allais réclamer de Marguerite la vérité sur ces disparitions, mais certainement elle ne me l′ avouerait pas. Iba a exigir a Marguerite la verdad sobre aquellas desapariciones, pero ciertamente ella no me lo confesaría.
-Ma bonne Marguerite, lui dis -je alors, je viens te demander la permission d′ aller à Paris. On ne sait pas chez moi où je suis, et l′ on doit avoir reçu des lettres de mon père; il est inquiet, sans doute, il faut que je lui réponde. ––Mi buena Marguerite ––le dije entonces––, vengo a pedirte permiso para ir a París. En mi casa no saben dónde estoy, y debe de haber llegado cartas de mi padre; sin duda está preocupado, y es conveniente que le escriba.
-Va, mon ami, me dit -elle, mais sois ici de bonne heure. ––Ve, amigo mío ––me dijo––, pero vuelve pronto.
Je partis. Me marché.
Je courus tout de suite chez Prudence. Corrí en seguida a casa de Prudence.
-Voyons, lui dis -je sans autre préliminaire, répondez -moi franchement, où sont les chevaux de Marguerite? -Vendus. ––Vamos a ver ––le dije, sin más preliminares––, respóndame francamente: ¿Dónde están los caballos de Marguerite? ––Vendidos.
-Le cachemire? -Vendu. ––¿El chal de cachemira? ––Vendido.
-Les diamants? -Engagés. ––¿Los diamantes? ––Empeñados.
-Et qui a vendu et engagé? -Moi. ––¿Y quién los ha vendido y empeñado? ––Yo.
-Pourquoi ne m′ en avez -vous pas averti? -Parce que Marguerite me l′ avait défendu. ––¿Por qué no me lo ha advertido? ––Porque me lo prohibió Marguerite.
-Et pourquoi ne m′ avez -vous pas demandé d′ argent? -Parce qu′ elle ne voulait pas. ––¿Y por qué no me ha pedido usted dinero? ––Porque ella no quería.
-Et à quoi a passé cet argent? -À payer. ––¿Y dónde ha ido ese dinero? ––A pagar.
-Elle doit donc beaucoup? -Trente mille francs encore ou à peu près. Ah! Mon cher, je vous l′ avais bien dit? Vous n′ avez pas voulu me croire; eh bien, maintenant, vous voilà convaincu. Le tapissier vis -à -vis duquel le duc avait répondu a été mis à la porte quand il s′ est présenté chez le duc, qui lui a écrit le lendemain qu′ il ne ferait rien pour Mademoiselle Gautier. Cet homme a voulu de l′ argent, on lui a donné des acomptes, qui sont les quelques mille francs que je vous ai demandés; puis, des âmes charitables l′ ont averti que sa débitrice, abandonnée par le duc, vivait avec un garçon sans fortune; les autres créanciers ont été prévenus de même, ils ont demandé de l′ argent et ont fait des saisies. Marguerite a voulu tout vendre, mais il n′ était plus temps, et d′ ailleurs je m′ y serais opposée. Il fallait bien payer, et pour ne pas vous demander d′ argent, elle a vendu ses chevaux, ses cachemires et engagé ses bijoux. Voulez -vous les reçus des acheteurs et les reconnaissances du mont -de -piété? Et Prudence, ouvrant un tiroir, me montrait ces papiers. ––¿Entonces debe mucho? ––Treinta mil francos todavía poco más o menos. ¡Ah, querido!, ¿no se lo había dicho yo? Usted no quiso creerme; bueno, pues ahora ya estará convencido. Al tapicero, de cuyas facturas respondía el duque, le dieron con la puerta en las narices cuando se presentó en casa del duque, el cual le escribió al día siguiente que no haría nada por la señorita Gautier. Ese hombre quería dinero, y le di a cuenta unos miles de francos que le pedí a usted; luego algún alma caritativa le ha advertido que su deudora, abandonada por el duque, vivía con un muchacho sin fortuna; los otros acreedores fueron prevenidos igualmente, pidieron dinero y embargaron. Marguerite quiso venderlo todo, pero ya no había tiempo, y además yo me habría opuesto. De todos modos había que pagar y, para no pedirle dinero a usted, ha vendido los caballos, las cachemiras y ha empeñado las joyas. ¿Quiere los recibos de los compradores y las papeletas del Monte de Piedad Y Prudence abrió un cajón y me enseñó dichos papeles.
-Ah! Vous croyez, continua -t -elle avec cette persistance de la femme qui a le droit de dire: j′ avais raison! Ah! Vous croyez qu′ il suffit de s′ aimer et d′ aller vivre à la campagne d′ une vie pastorale et vaporeuse? Non, mon ami, non. à côté de la vie idéale, il y a la vie matérielle, et les résolutions les plus chastes sont retenues à terre par des fils ridicules, mais de fer, et que l′ on ne brise pas facilement. Si Marguerite ne vous a pas trompé vingt fois, c′ est qu′ elle est d′ une nature exceptionnelle. Ce n′ est pas faute que je le lui aie conseillé, car cela me faisait peine de voir la pauvre fille se dépouiller de tout. Elle n′ a pas voulu! Elle m′ a répondu qu′ elle vous aimait et ne vous tromperait pour rien au monde. ––¡Ah! ––continuó con esa insistencia típica de la mujer que puede decir: «¡Qué razón tenía yo!»––. ¿Cree que basta amarse e irse al campo a vivir una vida pastoril y vaporosa? No, amigo mío, no. Al lado de la vida ideal existe la vida material, y las resoluciones más castas están sujetas a la tierra por hilos ridículos, pero de hierro, y que no se rompen tan fácilmente. Si Marguerite no lo ha engañado veinte veces, es porque ella es de una naturaleza excepcional. Y no será porque yo no se lo haya aconsejado, pues me daba pena ver a la pobre chica despojarse de todo. ¡Pero ella no ha querido! Me ha respondido que lo quería y que no lo engañaría por nada del mundo.
Tout cela est fort joli, fort poétique, mais ce n′ est pas avec cette monnaie qu′ on paye les créanciers, et aujourd′ hui elle ne peut plus s′ en tirer, à moins d′ une trentaine de mille francs, je vous le répète. Todo esto es muy bonito, muy poético, pero con esa moneda no se paga a los acreedores, y hoy no puede salir del atolladero con menos de treinta mil francos, se lo repito.
-C′ est bien, je donnerai cette somme. ––Está bien, le proporcionaré esa cantidad.
-Vous allez l′ emprunter? -Mon dieu, oui. ––¿Va a pedirla prestada? ––¡Pues claro que sí!
-Vous allez faire là une belle chose; vous brouiller avec votre père, entraver vos ressources, et l′ on ne trouve pas ainsi trente mille francs du jour au lendemain. Croyez -moi, mon cher Armand, je connais mieux les femmes que vous; ne faites pas cette folie, dont vous vous repentiriez un jour. Soyez raisonnable. Je ne vous dis pas de quitter Marguerite, mais vivez avec elle comme vous viviez au commencement de l′ été. Laissez -lui trouver les moyens de sortir d′ embarras. Le duc reviendra peu à peu à elle. Le comte de N..., si elle le prend, il me le disait encore hier, lui payera toutes ses dettes, et lui donnera quatre ou cinq mille francs par mois. Il a deux cent mille livres de rente. Ce sera une position pour elle, tandis que vous, il faudra toujours que vous la quittiez; n′ attendez pas pour cela que vous soyez ruiné, d′ autant plus que ce comte de N... est un imbécile, et que rien ne vous empêchera d′ être l′ amant de Marguerite. Elle pleurera un peu au commencement, mais elle finira par s′ y habituer, et vous remerciera un jour de ce que vous aurez fait. Supposez que Marguerite est mariée, et trompez le mari, voilà tout. ––Bonita cosa va usted a hacer: enemistarse con su padre, paralizar sus recursos, y además no se encuentran treinta mil francos así de la noche a la mañana. Créame, querido Armand, conozco a las mujeres mejor que usted; no haga esa locura, de la que algún día se arrepentirá. Sea razonable. No le digo que deje a Marguerite, pero viva con ella como vivía al principio del verano. Déjeme encontrar los medios de salir del apuro. El duque poco a poco volverá otra vez a ella. El conde de N... me decía ayer mismo que, si ella lo acepta, le pagará todas sus deudas y le dará cuatro o cinco mil francos al mes. Tiene doscientas mil libras de renta. Para ella será una buena posición, mientras que usted antes o después tendrá que dejarla; no espere para eso a verse arruinado, tanto más cuanto que el conde de N... es un imbécil, y nada le impedirá a usted ser el amante de Marguerite. Ella llorará un poco al principio, pero acabará por acostumbrarse y algún día le agradecerá lo que ha hecho. Suponga que Marguerite está casada y engaña al marido, eso es todo.
Je vous ai déjà dit tout cela une fois; seulement à cette époque, ce n′ était encore qu′ un conseil, et aujourd′ hui, c′ est presque une nécessité. Todo esto ya se lo he dicho otra vez: sólo que que en aquella época no era aún más que un consejo, mientras que hoy es casi una necesidad.
Prudence avait cruellement raison. Prudence tenía cruelmente razón.
-Voilà ce que c′ est, continua -t -elle en renfermant les papiers qu′ elle venait de montrer, les femmes entretenues prévoient toujours qu′ on les aimera, jamais qu′ elles aimeront, sans quoi elles mettraient de l′ argent de côté, et à trente ans elles pourraient se payer le luxe d′ avoir un amant pour rien. Si j′ avais su ce que je sais, moi! Enfin, ne dites rien à Marguerite et ramenez -la à Paris. Vous avez vécu quatre ou cinq mois seul avec elle, c′ est bien raisonnable; fermez les yeux, c′ est tout ce qu′ on vous demande. Au bout de quinze jours elle prendra le comte de N..., elle fera des économies cet hiver, et l′ été prochain vous recommencerez. Voilà comme on fait, mon cher! Et Prudence paraissait enchantée de son conseil que je rejetai avec indignation. ––Lo que pasa ––continuó, volviendo a doblar los papeles que acababa de enseñarme–– es que las entretenidas siempre prevén que las amarán, pero nunca que amarán ellas; si no, irían ahorrando dinero y a los treinta años podrían permitirse el lujo de tener un amante gratis. ¡Ah, si yo hubiera sabido lo que sé ahora! En fin, no diga nada a Marguerite y tráigasela a París. Ha vivido usted cuatro o cinco meses solo con ella, y es razonable; todo lo que se le pide ahora es que cierre los ojos. Dentro de quince días ella aceptará al conde de N..., economizará este invierno, y el verano próximo empezarán ustedes otra vez. ¡Así es como hay que hacer las cosas, querido! Y Prudence parecía encantada de su consejo, que yo rechazaba con indignación.
Non seulement mon amour et ma dignité ne me permettaient pas d′ agir ainsi, mais encore j′ étais bien convaincu qu′ au point où elle en était arrivée, Marguerite mourrait plutôt que d′ accepter ce partage. No sólo mi amor y mi dignidad me impedían obrar así, sino que además estaba absolutamente convencido de que, en el punto a que había llegado, Marguerite moriría antes que aceptar repartirse así.
-C′ est assez plaisanter, dis -je à Prudence; combien faut -il définitivement à Marguerite? -Je vous l′ ai dit, une trentaine de mille francs. ––Bueno, basta de bromas ––dije a Prudence––. Definitivamente, ¿cuánto le hace falta a Marguerite? ––Ya se lo he dicho, unos treinta mil francos.
-Et quand faut -il cette somme? -Avant deux mois. ––¿Y para cuándo hace falta esa cantidad? ––Antes de dos meses.
-Elle l′ aura. ––La tendrá.
Prudence haussa les épaules. Prudence se encogió de hombros.
-Je vous la remettrai, continuai -je, mais vous me jurez que vous ne direz pas à Marguerite que je vous l′ ai remise. ––Yo se la entregaré ––continu閖, pero júreme que no dirá a Marguerite que se la he entregado yo.
-Soyez tranquille. ––Esté tranquilo.
-Et si elle vous envoie autre chose à vendre ou à engager, prévenez -moi. ––Y si le manda que venda o empeñe algo más, avíseme.
-Il n′ y a pas de danger, elle n′ a plus rien. ––No hay peligro, ya no tiene nada.
Je passai d′ abord chez moi pour voir s′ il y avait des lettres de mon père. Antes pasé por mi casa para ver si había cartas de mi padre.
Il y en avait quatre. Había cuatro.







CHAPITRE XIX

Capítulo XIX

Dans les trois premières lettres, mon père s′ inquiétait de mon silence et m′ en demandait la cause; dans la dernière, il me laissait voir qu′ on l′ avait informé de mon changement de vie, et m′ annonçait son arrivée prochaine. En las tres primeras cartas mi padre se preocupaba por mi silencio y me preguntaba la causa; en la última me daba a entender que le habían informado de mi cambio de vida y me anunciaba su próxima llegada.
J′ ai toujours eu un grand respect et une sincère affection pour mon père. Je lui répondis donc qu′ un petit voyage avait été la cause de mon silence, et je le priai de me prévenir du jour de son arrivée, afin que je pusse aller au -devant de lui. Siempre he sentido un gran respeto y un sincero afecto por mi padre. Así que le respondí que un pequeño viaje había sido la causa de mi silencio, y le rogaba que me avisara del día de su llegada para poder salir a recibirlo.
Je donnai à mon domestique mon adresse à la campagne, en lui recommandant de m′ apporter la première lettre qui serait timbrée de la ville de C..., puis je repartis aussitôt pour Bougival. Di a mi criado mi dirección en el campo, encargándole que me llevara la primera carta que llegara timbrada de la ciudad de C..., y volví a salir en seguida para Bougival.
Marguerite m′ attendait à la porte du jardin. Marguerite me esperaba a la puerta del jardín.
Son regard exprimait l′ inquiétude. Elle me sauta au cou, et ne put s′ empêcher de me dire: -As -tu vu Prudence? -Non. Su mirada expresaba inquietud. Me saltó al cuello y no pudo evitar decirme: ––¿Has visto a Prudence? ––No.
-Tu as été bien longtemps à Paris? -J′ ai trouvé des lettres de mon père auquel il m′ a fallu répondre. ––¡Has estado mucho tiempo en Paris! ––Es que he recibido unas cartas de mi padre y he tenido que contestarle.
Quelques instants après, Nanine entra tout essoufflée. Marguerite se leva et alla lui parler bas. Unos instantes después entró Nanine muy sofocada. Marguerite se levantó y habló con ella en voz baja.
Quand Nanine fut sortie, Marguerite me dit, en se rasseyant près de moi et en me prenant la main: -Pourquoi m′ as -tu trompée? Tu es allé chez Prudence. Cuando salió Nanine, Marguerite volvió a sentarse a mi lado me dijo cogiéndome la mano: ––¿Por qué me has engañado? Has ido a casa de Prudence.
-Qui te l′ a dit? -Nanine. ––¿Quién te lo ha dicho ––Nanine.
-Et d′ où le sait -elle? -Elle t′ a suivi. ––¿Y cómo lo sabe? ––Porque te ha seguido.
-Tu lui avais donc dit de me suivre? -Oui. J′ ai pensé qu′ il fallait un motif puissant pour te faire aller ainsi à Paris, toi qui ne m′ as pas quittée depuis quatre mois. Je craignais qu′ il ne te ft arrivé un malheur, ou que peut -être tu n′ allasses voir une autre femme. ––¿Entonces le dijiste tú que me siguiera? ––Sí. Pensé que tenía que haber un motivo poderoso para hacerte ir así a París, a ti que no me has dejado en cuatro meses. Temía que lo hubiera ocurrido una desgracia o quizá que fueras a ver a otra mujer.
-Enfant! -Je suis rassurée maintenant, je sais ce que tu as fait, mais je ne sais pas encore ce que l′ on t′ a dit. ––¡Qué cría eres! ––Ahora estoy tranquila; sé lo que has hecho, pero no sé aún lo que te han dicho.
Je montrai à Marguerite les lettres de mon père. Enseñé a Marguerite las cartas de mi padre.
-Ce n′ est pas cela que je te demande: ce que je voudrais savoir, c′ est pourquoi tu es allé chez Prudence. ––No es eso lo que te pregunto: lo que me gustaría saber es para qué has ido a casa de Prudence.
-Pour la voir. ––Para verla.
-Tu mens, mon ami. ––Estás mintiendo, amigo mío.
-Eh bien, je suis allé lui demander si le cheval allait mieux, et si elle n′ avait plus besoin de ton cachemire, ni de tes bijoux. –Bueno, pues he ido a preguntarle si el caballo estaba mejor, y si ya no le hacía falta tu chal de cachemira ni tus joyas.
Marguerite rougit mais elle ne répondit pas. Marguerite enrojeció, pero no respondió.
-Et, continuai -je, j′ ai appris l′ usage que tu avais fait des chevaux, des cachemires et des diamants. Y ––continu閖 me he enterado del uso que has hecho de los caballos, de las cachemiras y de los diamantes.
-Et tu m′ en veux? -Je t′ en veux de ne pas avoir eu l′ idée de me demander ce dont tu avais besoin. ––¿Y estás enfadado conmigo? ––Estoy enfadado contigo por no habérsete ocurrido pedirme lo que necesitaras.
-Dans une liaison comme la nôtre, si la femme a encore un peu de dignité, elle doit s′ imposer tous les sacrifices possibles plutôt que de demander de l′ argent à son amant et de donner un côté vénal à son amour. Tu m′ aimes, j′ en suis sre, mais tu ne sais pas combien est léger le fil qui retient dans le coeur l′ amour que l′ on a pour des filles comme moi. Qui sait? Peut -être dans un jour de gêne ou d′ ennui, te serais -tu figuré voir dans notre liaison un calcul habilement combiné! Prudence est une bavarde. Qu′ avais -je besoin de ces chevaux! J′ ai fait une économie en les vendant; je puis bien m′ en passer, et je ne dépense plus rien pour eux; pourvu que tu m′ aimes, c′ est tout ce que je demande, et tu m′ aimeras autant sans chevaux, sans cachemires et sans diamants. ––En una relación como la nuestra, si la mujer tiene aún un poco de dignidad, debe imponerse todos los sacrificios posibles antes que pedir dinero a su amante y ofrecer un aspecto venal a su amor. Tú me quieres, estoy segura, pero no sabes lo frágil que es el hilo que sujeta al corazón el amor que se siente por chicas como yo. ¿Quién sabe? ¡Quizá un día de mal humor o de aburrimiento lo imaginaras ver en nuestra relación un cálculo hábilmente combinado! Prudence es una charlatana. ¡Para qué quería yo los caballos! Vendiéndolos, economizo; puedo pasarme sin ellos perfectamente y así no me gastan nada. Todo lo que te pido es que me quieras, y tú me querrás lo mismo sin caballos, sin cachemiras y sin diamantes.
Tout cela était dit d′ un ton si naturel, que j′ avais les larmes dans les yeux en l′ écoutant. Lo dijo todo en un tono tan natural, que se me saltaron las lágrimas escuchándola.
-Mais, ma bonne Marguerite, répondis -je en pressant avec amour les mains de ma maîtresse, tu savais bien qu′ un jour j′ apprendrais ce sacrifice, et que, le jour où je l′ apprendrais, je ne le souffrirais pas. ––Pero, mi buena Marguerite ––respondí estrechando amorosamente las manos de mi amante––, sabías perfectamente que un día a otro me enteraría de ese sacrificio y que el día que me enterase no lo toleraría.
-Pourquoi cela? -Parce que, chère enfant, je n′ entends pas que l′ affection que tu veux bien avoir pour moi te prive même d′ un bijou. Je ne veux pas, moi non plus, que dans un moment de gêne ou d′ ennui, tu puisses réfléchir que si tu vivais avec un autre homme ces moments n′ existeraient pas, et que tu te repentes, ne ft -ce qu′ une minute, de vivre avec moi. Dans quelques jours, tes chevaux, tes diamants et tes cachemires te seront rendus. Ils te sont aussi nécessaires que l′ air à la vie, et c′ est peut -être ridicule, mais je t′ aime mieux somptueuse que simple. ––¿Pero por qué? ––Pues porque no puedo entender que el cariño que sientes por mí tenga que privarte ni siquiera de una joya, niña mía. Tampoco yo quiero que en un momento de malhumor o de aburrimiento puedas pensar que, si vivieras con otro hombre, esos momentos no existirían y que te arrepientas ni por un minuto de vivir conmigo. Dentro de unos días tus caballos, tus diamantes y tus chafes de cachemira te serán devueltos. Te son tan necesarios como el aire a la vida, y quizá sea ridículo, pero te prefiero suntuosa antes que sencilla.
-Alors c′ est que tu ne m′ aimes plus. ––Entonces es que ya no me quieres.
-Folle! -Si tu m′ aimais, tu me laisserais t′ aimer à ma façon; au contraire, tu ne continues à voir en moi qu′ une fille à qui ce luxe est indispensable, et que tu te crois toujours forcé de payer. Tu as honte d′ accepter des preuves de mon amour. Malgré toi, tu penses à me quitter un jour, et tu tiens à mettre ta délicatesse à l′ abri de tout soupçon. ––¡Loca! ––Si me quisieras, me dejarías quererte a mi manera; por el contrario, tú continúas viendo en mí sólo una chica a quien ese lujo le resulta indispensable y que sigues creyéndote obligado a pagan Te da vergüenza aceptar pruebas de mi amor. Sin querer, piensas abandonarme un día a intentas por todos los medios poner tu delicadeza al abrigo de toda sospecha.
Tu as raison, mon ami, mais j′ avais espéré mieux. Tienes razón, amigo mío, pero yo esperaba algo mejor.
Et Marguerite fit un mouvement pour se lever; je la retins en lui disant: -Je veux que tu sois heureuse, et que tu n′ aies rien à me reprocher, voilà tout. Y Marguerite hizo un movimiento para levantarse; la retuve diciéndole: ––Quiero que seas feliz y que no tengas nada que reprocharme, eso es todo.
-Et nous allons nous séparer! -Pourquoi, Marguerite? Qui peut nous séparer? M′ écriai -je. ––¡Y vamos a separarnos! ––¿Por qué, Marguerite? ¿Quién puede separarnos? ––grité.
-Toi, qui ne veux pas me permettre de comprendre ta position, et qui as la vanité de me garder la mienne; toi, qui en me conservant le luxe au milieu duquel j′ ai vécu, veux conserver la distance morale qui nous sépare; toi, enfin, qui ne crois pas mon affection assez désintéressée pour partager avec moi la fortune que tu as, avec laquelle nous pourrions vivre heureux ensemble, et qui préfères te ruiner, esclave que tu es d′ un préjugé ridicule. ––Tú, que no quieres permitirme que comprenda tu posición, y tienes la vanidad de velar por la mía; tú, que, al conservarme el lujo en medio del que he vivido, quieres conservar la distancia moral que nos separa; tú, en fin, que no crees que mi cariño sea lo suficientemente desinteresado para compartir conmigo tu fortuna, con la que podríamos vivir felices juntos, y prefieres arruinarte, esclavo como eres de un prejuicio ridículo.
Crois -tu donc que je compare une voiture et des bijoux à ton amour? Crois -tu que le bonheur consiste pour moi dans les vanités dont on se contente quand on n′ aime rien, mais qui deviennent bien mesquines quand on aime? Tu payeras mes dettes, tu escompteras ta fortune et tu m′ entretiendras enfin! Combien de temps tout cela durera -t -il? Deux ou trois mois, et alors il sera trop tard pour prendre la vie que je te propose, car alors tu accepterais tout de moi, et c′ est ce qu′ un homme d′ honneur ne peut faire. Tandis que maintenant tu as huit ou dix mille francs de rente avec lesquelles nous pouvons vivre. Je vendrai le superflu de ce que j′ ai, et avec cette vente seule, je me ferai deux mille livres par an. Nous louerons un joli petit appartement dans lequel nous resterons tous les deux. L′ été, nous viendrons à la campagne, non pas dans une maison comme celle -ci, mais dans une petite maison suffisante pour deux personnes. Tu es indépendant, je suis libre, nous sommes jeunes, au nom du ciel, Armand, ne me rejette pas dans la vie que j′ étais forcée de mener autrefois. ¿Crees que yo comparo un coche y unas joyas con tu amor? ¿Crees que para mí la felicidad consiste en las vanidades con que una se contenta cuando no ama nada, pero que se convierten en algo muy mezquino cuando ama? Tú pagarás mis deudas, malbaratarás tu fortuna ¡y me mantendrás al fin! ¿Cuánto tiempo durará todo eso? Dos o tres meses, y entonces será demasiado tarde para emprender la vida que propongo, pues entonces lo aceptarías todo de mí, y eso es lo que un hombre de honor no puede hacer. Mientras que ahora times ocho o diez mil francos de renta, con los cuales podemos vivir. De lo que tengo, yo venderé lo superfluo, y sólo con esa venta me haré con dos mil libras al año. Alquilaremos un lindo pisito en el que nos quedaremos los dos. En verano vendremos al campo, pero no a una casa como ésta, sino a una casita suficiente para dos personas. Tú eres independiente, yo soy libre, somos jóvenes; en nombre del cielo, Armand, no vuelvas a arrojarme a la vida que me vi obligada a llevar en otro tiempo.
Je ne pouvais répondre, des larmes de reconnaissance et d′ amour inondaient mes yeux, et je me précipitai dans les bras de Marguerite. Yo no podía responder. Lágrimas de agradecimiento y de amor inundaban mis ojos, y me precipité en los brazos de Marguerite.
-Je voulais, reprit -elle, tout arranger sans t′ en rien dire, payer toutes mes dettes et faire préparer mon nouvel appartement. Au mois d′ octobre, nous serions retournés à Paris, et tout aurait été dit; mais puisque Prudence t′ a tout raconté, il faut que tu consentes avant, au lieu de consentir après. -m′ aimes -tu assez pour cela? Il était impossible de résister à tant de dévouement. Je baisai les mains de Marguerite avec effusion, et je lui dis: -Je ferai tout ce que tu voudras. ––Quería arreglarlo todo sin decirte nada ––prosiguió––, pagar todas mis deudas y preparar mi nuevo piso. En octubre habríamos vuelto a Paris y te lo hubiera dicho todo; pero, puesto que Prudence te lo ha contado todo, es preciso que consientas antes en lugar de consentir después. ¿Me quieres lo bastante para hacerlo? Era imposible resistirse a tanta abnegación. Besé las manos de Marguerite con efusión y le dije: ––Haré todo lo que quieras.
Ce qu′ elle avait décidé fut donc convenu. Quedó, pues, convenido lo que ella había decidido.
Alors elle devint d′ une gaieté folle: elle dansait, elle chantait, elle se faisait une fête de la simplicité de son nouvel appartement, sur le quartier et la disposition duquel elle me consultait déjà. Entonces se volvió loca de alegría: bailaba, cantaba, se regocijaba de la sencillez de su nuevo piso y me consultaba ya acerca de su distribución y del barrio.
Je la voyais heureuse et fière de cette résolution qui semblait devoir nous rapprocher définitivement l′ un de l′ autre. La veía feliz y orgullosa de aquella resolución, que parecía que iba a acercarnos definitivamente el uno al otro.
Aussi, je ne voulus pas être en reste avec elle. Así que yo tampoco guise ser menos que ella.
En un instant je décidai de ma vie. J′ établis la position de ma fortune, et je fis à Marguerite l′ abandon de la rente qui me venait de ma mère, et qui me parut bien insuffisante pour récompenser le sacrifice que j′ acceptais. En un instante decidí mi vida. Hice un balance de mi fortuna, y dejé en manos de Marguerite la renta que procedía de mi madre y que me pareció muy insuficiente para recompensar el sacrificio que aceptaba.
Il me restait les cinq mille francs de pension que me faisait mon père, et, quoi qu′ il arrivât, j′ avais toujours assez de cette pension annuelle pour vivre. Me quedaban los cinco mil francos de pensión que me pasaba mi padre y, sucediera lo que sucediese, siempre tendría bastante con esa pensión anual para vivir.
Je ne dis pas à Marguerite ce que j′ avais résolu, convaincu que j′ étais qu′ elle refuserait cette donation. No dije a Marguerite lo que había resuelto, convencido cómo estaba de que rechazaría aquella donación.
Cette rente provenait d′ une hypothèque de soixante mille francs sur une maison que je n′ avais même jamais vue. Tout ce que je savais, c′ est qu′ à chaque trimestre le notaire de mon père, vieil ami de notre famille, me remettait sept cent cinquante francs sur mon simple reçu. Dicha renta procedía de una hipoteca de sesenta mil francos sobre una casa que yo ni siquiera había visto. Todo lo que sabía es que cada trimestre el notario de mi padre, un viejo amigo de nuestra familia, me enviaba setecientos cincuenta francos contra un simple recibo.
Le jour où Marguerite et moi nous vînmes à Paris pour chercher des appartements, j′ allai chez ce notaire, et je lui demandai de quelle façon je devais m′ y prendre pour faire à une autre personne le transfert de cette rente. El día en que Marguerite y yo nos vinimos a París para buscar piso, fui a ver al notario y le pregunté de qué modo debía proceder para hacer la transferencia de aquella renta a otra persona.
Le brave homme me crut ruiné et me questionna sur la cause de cette décision. Or, comme il fallait bien tôt ou tard que je lui disse en faveur de qui je faisais cette donation, je préférai lui raconter tout de suite la vérité. El buen hombre me creyó arruinado y me preguntó por la causa de aquella decisión. Y, como más pronto o más tarde tendría que decirle en favor de quién hacía aquella, donación, preferí contarle en seguida la verdad.
Il ne me fit aucune des objections que sa position de notaire et d′ ami l′ autorisait à me faire, et m′ assura qu′ il se chargeait d′ arranger tout pour le mieux. No me hizo ninguna de las objeciones que su posición de notario y de amigo le autorizaba a hacerme, y me aseguró que se encargaría de arreglarla todo del mejor modo posible.
Je lui recommandai naturellement la plus grande discrétion vis -à -vis de mon père, et j′ allai rejoindre Marguerite qui m′ attendait chez Julie Duprat, où elle avait préféré descendre plutôt que d′ aller écouter la morale de Prudence. Naturalmente le recomendé la mayor discreción respecto a mi padre, y fui a reunirme con Marguerite, que me esperaba en casa de Julie Duprat, en donde había preferido bajarse antes de tener que escuchar los sermones de Prudence.
Nous nous mîmes en quête d′ appartements. Tous ceux que nous voyions, Marguerite les trouvait trop chers, et moi je les trouvais trop simples. Nos pusimos a buscar piso. Todos los que veíamos a Marguerite le parecían demasiado caros y a mí demasiado sencillos.
Cependant nous finîmes par tomber d′ accord, et nous arrêtâmes dans un des quartiers les plus tranquilles de Paris un petit pavillon, isolé de la maison principale. Sin embargo acabamos por ponernos de acuerdo, y en uno de los barrios más tranquilos de París alquilamos una especie de chalecito, aislado del edificio principal.
Derrière ce petit pavillon s′ étendait un jardin charmant, jardin qui en dépendait, entouré de murailles assez élevées pour nous séparer de nos voisins, et assez basses pour ne pas borner la vue. Detrás del chalecito se extendía un jardín encantador, un jardín que dependía de él, rodeado de paredes lo suficientemente elevadas para separarnos de nuestros vecinos, y lo suficientemente bajas como para no limitarnos la vista.
C′ était mieux que nous n′ avions espéré. Era más de lo que habíamos esperado.
Pendant que je me rendais chez moi pour donner congé de mon appartement, Marguerite allait chez un homme d′ affaires qui, disait -elle, avait déjà fait pour une de ses amies ce qu′ elle allait lui demander de faire pour elle. Mientras me dirigía a mi casa para dejar libre mi piso, Marguerite iba a ver a un hombre de negocios que, según decía ella, había hecho ya por una de sus amigas lo que iba a pedirle que hiciera por ella.
Elle vint me retrouver rue de Provence, enchantée. Vino a buscarme a la calle de Provence encantada.
Cet homme lui avait promis de payer toutes ses dettes, de lui en donner quittance, et de lui remettre une vingtaine de mille francs moyennant l′ abandon de tous ses meubles. Aquel hombre le había prometido pagar todas sus deudas, darle los recibos correspondientes y entregarle veinte mil francos a cambio de todos sus muebles.
Vous avez vu par le prix auquel est montée la vente que cet honnête homme et gagné plus de trente mille francs sur sa cliente. Ya ha visto usted, por el precio que alcanzó la subasta, que aquel honrado varón habría ganado más de treinta mil francos con su cliente.
Nous repartîmes tout joyeux pour Bougival, et en continuant de nous communiquer nos projets d′ avenir, que, grâce à notre insouciance et surtout à notre amour, nous voyions sous les teintes les plus dorées. Volvimos muy contentos a Bougival, sin dejar de comunicarnos nuestros proyectos para el futuro, que, gracias a nuestra despreocupación y sobre todo a nuestro amor, se nos aparecía de color de rosa.
Huit jours après nous étions à déjeuner, quand Nanine vint m′ avertir que mon domestique me demandait. Ocho días después estábamos comiendo, cuando Nanine vino a decirme que mi criado preguntaba por mí.
Je le fis entrer. Mandé que entrara.
-Monsieur, me dit -il, votre père est arrivé à Paris, et vous prie de vous rendre tout de suite chez vous, où il vous attend. ––Señor ––me dijo––, su padre ha llegado a París, y le ruega que vuelva en seguida a casa, donde lo está esperando.
Cette nouvelle était la chose du monde la plus simple, et cependant, en l′ apprenant, Marguerite et moi nous nous regardâmes. Aquella noticia era la cosa más simple del mundo y, sin embargo, al recibirla Marguerite y yo nos miramos.
Nous devinions un malheur dans cet incident. Adivinábamos una desgracia tras aquel incidente.
Aussi, sans qu′ elle m′ et fait part de cette impression que je partageais, j′ y répondis en lui tendant la main: -Ne crains rien. Así que, sin que me hiciera partícipe de aquella impresión que yo compartía, respondí tendiéndole la mano: ––No temas.
-Reviens le plus tôt que tu pourras, murmura Marguerite en m′ embrassant, je t′ attendrai à la fenêtre. ––Vuelve lo antes posible ––murmuró Marguerite abrazándome––, te esperaré a la ventana.
J′ envoyai Joseph dire à mon père que j′ allais arriver. Envié a Joseph a decir a mi padre que ya iba.
En effet, deux heures après, j′ étais rue de Provence. En efecto, dos horas después, estaba en la calle de Provence.







CHAPITRE XX

Capítulo XX

Mon père, en robe de chambre, était assis dans mon salon et il écrivait. Mi padre, en bata, estaba sentado en mi salón y escribía.
Je compris tout de suite, à la façon dont il leva les yeux sur moi quand j′ entrai, qu′ il allait être question de choses graves. Por la forma de levantar sus ojos hacia mí cuando entré comprendí en seguida que iba a tratar de cosas graves.
Je l′ abordai cependant comme si je n′ eusse rien deviné dans son visage, et je l′ embrassai: -Quand êtes -vous arrivé, mon père? -Hier au soir. Sin embargo lo abordé como si no hubiera adivinado nada el su rostro y lo besé. ––¿Cuándo ha llegado usted, padre? ––Ayer por la noche.
-Vous êtes descendu chez moi, comme de coutume? -Oui. ––¿Ha venido a mi casa como de costumbre? ––Sí.
-Je regrette bien de ne pas m′ être trouvé là pour vous recevoir. ––Lamento no haber estado aquí para recibirlo. `
Je m′ attendais à voir surgir dès ce mot la morale que me promettait le visage froid de mon père; mais il ne me répondit rien, cacheta la lettre qu′ il venait d′ écrire, et la remit à Joseph pour qu′ il la jetât à la poste. Esperaba ver surgir tras aquellas palabras el sermón que mi prometía el rostro frío de mi padre: pero no me respondió nada cerró la carta que acababa de escribir y se la entregó a Joseph par; que la echara al correo.
Quand nous fmes seuls, mon père se leva et me dit, en s′ appuyant contre la cheminée: -Nous avons, mon cher Armand, à causer de choses sérieuses. Cuando estuvimos solos, mi padre se levantó y, apoyándose contra la chimenea, me dijo: ––Querido Armand, tenemos que hablar de cosas serias.
-Je vous écoute, mon père. ––Lo escucho, padre.
-Tu me promets d′ être franc? -C′ est mon habitude. ––¿Me prometes ser franco? ––Es mi costumbre.
-Est -il vrai que tu vives avec une femme nommée Marguerite Gautier? -Oui. ––¿Es cierto que vives con una mujer llamada Marguerite Gautier? ––Sí.
-Sais -tu ce qu′ était cette femme? -Une fille entretenue. ––¿Sabes lo que era esa mujer? ––Una entretenida.
-C′ est pour elle que tu as oublié de venir nous voir cette année, ta soeur et moi? -Oui, mon père, je l′ avoue. ––¿Y por ella te has olvidado de ir a vemos este año a ti hermana y a mí? ––Sí, padre, lo confieso.
-Tu aimes donc beaucoup cette femme? -Vous le voyez bien, mon père, puisqu′ elle m′ a fait manquer à un devoir sacré, ce dont je vous demande humblement pardon aujourd′ hui. ––¿Entonces quieres mucho a esa mujer? 2 ––Ya lo ve usted, padre, puesto que me ha hecho faltar a un deber sagrado, por el que hoy le pido humildemente perdón.
Mon père ne s′ attendait sans doute pas à des réponses aussi catégoriques, car il parut réfléchir un instant, après quoi il me dit: -Tu as évidemment compris que tu ne pourrais pas vivre toujours ainsi? -Je l′ ai craint, mon père, mais je ne l′ ai pas compris. Sin duda mi padre no se esperaba respuestas tan categóricas, pues pareció reflexionar un instante, tras lo cual me dijo: ––Evidentemente habrás comprendido que no podrías vivir siempre así. ––Lo he temido, padre, pero no lo he comprendido.
-Mais vous avez d comprendre, continua mon père d′ un ton un peu plus sec, que je ne le souffrirais pas, moi. ––Pero sí que debía haber comprendido usted ––continuó mi padre en un tono un poco más seco –– que yo no lo toleraría.
-Je me suis dit que tant que je ne ferais rien qui ft contraire au respect que je dois à votre nom et à la probité traditionnelle de la famille, je pourrais vivre comme je vis, ce qui m′ a rassuré un peu sur les craintes que j′ avais. ––Pensé que, en tanto que no hiciera nada que fuera en contra del respeto que debo a su nombre y a la probidad tradicional de la familia, podría vivir ––como vivo, lo cual me tranquilizó un poco respecto a los temores que tenía.
Les passions rendent fort contre les sentiments. Las pasiones fortalecen contra los sentimientos.
J′ étais prêt à toutes les luttes, même contre mon père, pour conserver Marguerite. Estaba dispuesto a luchar contra todo, incluso contra mi padre, con tal di conservar a Marguerite.
-Alors, le moment de vivre autrement est venu. ––Entonces ha llegado el momento de vivir de otro modo.
-Eh! Pourquoi, mon père? -Parce que vous êtes au moment de faire des choses qui blessent le respect que vous croyez avoir pour votre famille. ––¿Y por qué, padre? ––Porque está usted a punto de hacer cosas que hieren e respeto que cree tener por su familia.
-Je ne m′ explique pas ces paroles. ––No entiendo esas palabras.
-Je vais vous les expliquer. Que vous ayez une maîtresse, c′ est fort bien; que vous la payiez comme un galant homme doit payer l′ amour d′ une fille entretenue, c′ est on ne peut mieux; mais que vous oubliiez les choses les plus saintes pour elle, que vous permettiez que le bruit de votre vie scandaleuse arrive jusqu′ au fond de ma province et jette l′ ombre d′ une tache sur le nom honorable que je vous ai donné, voilà ce qui ne peut être, voilà ce qui ne sera pas. ––Pues voy a explicárselas. Que tenga usted una amante, está muy bien; que la pague como un hombre galante debe pagar e: amor de una entretenida, no puede estar mejor; pero que olvide por ella las cosas más sagradas, que permita que el ruido de su vida escandalosa llegue hasta el fondo de mi provincia y arroje la sombra de una mancha sobre el honorable apellido que le he dado eso sí que no puede ser y no será.
-Permettez -moi de vous dire, mon père, que ceux qui vous ont ainsi renseigné sur mon compte étaient mal informés. Je suis l′ amant de Mademoiselle Gautier, je vis avec elle, c′ est la chose du monde la plus simple. Je ne donne pas à Mademoiselle Gautier le nom que j′ ai reçu de vous, je dépense pour elle ce que mes moyens me permettent de dépenser, je n′ ai pas fait une dette, et je ne me suis trouvé enfin dans aucune de ces positions qui autorisent un père à dire à son fils ce que vous venez de me dire. ––Permítame que le diga, padre, que los que le han informado sobre mí estaban mal enterados. Soy el amante de la señorita Gautier y vivo con ella: es la cosa más sencilla del mundo. No doy a la señorita Gautier el apellido que he recibido de usted, gasto con ella lo que mis medios me permiten, no tengo deudas y, en fin, no estoy en ninguna de esas situaciones que autorizan a un padre a decir a su hijo lo que usted acaba de decirme.
-Un père est toujours autorisé à écarter son fils de la mauvaise voie dans laquelle il le voit s′ engager. Vous n′ avez encore rien fait de mal, mais vous le ferez. ––Un padre siempre está autorizado a apartar a su hijo del mal camino por el que lo ve lanzarse. Aún no ha hecho usted nada malo, pero lo hará.
-Mon père! -Monsieur, je connais la vie mieux que vous. Il n′ y a de sentiments entièrement purs que chez les femmes entièrement chastes. Toute Manon peut faire un Des Grieux, et le temps et les moeurs sont changés. Il serait inutile que le monde vieillît, s′ il ne se corrigeait pas. Vous quitterez votre maîtresse. ––¡Padre! ––Conozco la vida mejor que usted, caballero. Sólo en las mujeres completamente castas hay sentimientos completamente puros. Toda Manon puede hacer un Des Grieux, y el tiempo y las costumbres han cambiado. Sería inútil que el mundo envejeciera, si no se corrigiese. Dejará usted a su amante.
-Je suis fâché de vous désobéir, mon père, mais c′ est impossible. ––Me molesta tener que desobedecerlo, padre, pero eso es iruposible.
-Je vous y contraindrai. ––Lo obligaré.
-Malheureusement, mon père, il n′ y a plus d′ îles Sainte -Marguerite où l′ on envoie les courtisanes, et, y en et -il encore, j′ y suivrais Mademoiselle Gautier, si vous obteniez qu′ on l′ y envoyât. ––Desgraciadamente, padre, no hay islas Sainte-Marguerite donde enviar a las cortesanas, y, aunque las hubiera, seguiría allí a la señorita Gautier, si consiguiera usted que la enviaran.
Que voulez -vous? J′ ai peut -être tort, mais je ne puis être heureux qu′ à la condition que je resterai l′ amant de cette femme. ¿Qué quiere? Puede que esté equivocado, pero no podré ser feliz más que a condición de seguir siendo el amante de esa mujer.
-Voyons, Armand, ouvrez les yeux, reconnaissez votre père qui vous a toujours aimé, et qui ne veut que votre bonheur. Est -il honorable pour vous d′ aller vivre maritalement avec une fille que tout le monde a eue? -Qu′ importe, mon père, si personne ne doit plus l′ avoir! Qu′ importe, si cette fille m′ aime, si elle se régénère par l′ amour qu′ elle a pour moi et par l′ amour que j′ ai pour elle! Qu′ importe, enfin, s′ il y a conversion! -Eh! Croyez -vous donc, monsieur, que la mission d′ un homme d′ honneur soit de convertir des courtisanes? Croyez -vous donc que Dieu ait donné ce but grotesque à la vie, et que le coeur ne doive pas avoir un autre enthousiasme que celui -là? Quelle sera la conclusion de cette cure merveilleuse, et que penserez -vous de ce que vous dites aujourd′ hui, quand vous aurez quarante ans? Vous rirez de votre amour, s′ il vous est permis d′ en rire encore, s′ il n′ a pas laissé de traces trop profondes dans votre passé. Que seriez -vous à cette heure, si votre père avait eu vos idées, et avait abandonné sa vie à tous ces souffles d′ amour, au lieu de l′ établir inébranlablement sur une pensée d′ honneur et de loyauté? Réfléchissez, Armand, et ne dites plus de pareilles sottises. ––Vamos a ver, Armand, abra los ojos, reconozca que su padre siempre lo ha querido y que sólo quiere su felicidad. ¿Es honroso para usted ir a vivir maritalmente con una chica que ha sido de todo el mundo? ––¡Y eso qué importa, padre, si ya no será de nadie más! ¡Qué importa, si esa chica me ama, si se regenera por el amor que siente por mí y por el amor que yo siento por ella! ¡Qué importa, en fin, habiendo conversión! ––¡Vaya! ¿Y cree usted, caballero, que la misión de un hombre de honor es andar convirtiendo cortesanas? ¿Cree usted que Dios ha dado esa grotesca finalidad a la vida y que el corazón no debe tener más entusiasmo que ése? ¿Cuál será la conclusión de esta cura maravillosa, y qué pensará usted de lo que dice hoy cuando tenga cuarenta años? Se reirá de su amor, si es que aún puede reírse, si es que no ha dejado huellas demasiado profundas en su pasado. ¿Qué sería usted en este momento, si su padre hubiera tenido sus ideas y hubiera abandonado su vida a todas esas inspiraciones amorosas, en lugar de establecerla inquebrantablemente sobre un pensamiento de honor y de lealtad? Reflexione, Armand, y no diga semejantes tonterías.
Voyons, vous quitterez cette femme, votre père vous en supplie. Vamos, deje a esa mujer, su padre se lo suplica.
Je ne répondis rien. No respondí nada.
-Armand, continua mon père, au nom de votre sainte mère, croyez -moi, renoncez à cette vie que vous oublierez plus vite que vous ne pensez, et à laquelle vous enchaîne une théorie impossible. ––Armand ––continuó mi padre––, en nombre de su santa madre, créame, renuncie a esa vida, que olvidará mucho más pronto de lo que piensa y a la que lo encadena una teoría imposible.
Vous avez vingt -quatre ans, songez à l′ avenir. Tiene usted veinticuatro años, piense en el futuro.
Vous ne pouvez pas aimer toujours cette femme qui ne vous aimera pas toujours non plus. Vous vous exagérez tous deux votre amour. Vous vous fermez toute carrière. Un pas de plus et vous ne pourrez plus quitter la route où vous êtes, et vous aurez, toute votre vie, le remords de votre jeunesse. Partez, venez passer un mois ou deux auprès de votre soeur. Le repos et l′ amour pieux de la famille vous guériront vite de cette fièvre, car ce n′ est pas autre chose. No puede amar siempre a una mujer que tampoco lo amará siempre.-Están los dos exagerando su amor. Se está cerrando usted todos los caminos. Un paso más y ya no podrá abandonar la ruta en que se encuentra, y toda su vida sentirá el remordimiento de su juventud. Salga, venga a pasar un mes o dos junto a su hermana. El descanso y el amor piadoso de la familia lo curarán rápidamente de esta fiebre, pues no es otra cosa.
Pendant ce temps, votre maîtresse se consolera, elle prendra un autre amant, et quand vous verrez pour qui vous avez failli vous brouiller avec votre père et perdre son affection, vous me direz que j′ ai bien fait de venir vous chercher, et vous me bénirez. Entre tanto su querida se consolará, encontrará otro amante y, cuando vea usted por quién estuvo a punto de enemistarse con su padre y perder su cariño, me dirá que he hecho bien en venir a buscarlo y me bendecirá. Vamos, te marcharás, ¿verdad, Armand?
Allons, tu partiras, n′ est -ce pas, Armand? Je sentais que mon père avait raison pour toutes les femmes, mais j′ étais convaincu qu′ il n′ avait pas raison pour Marguerite. Cependant le ton dont il m′ avait dit ses dernières paroles était si doux, si suppliant que je n′ osais lui répondre. Sentía que mi padre tenía razón hablando de cualquier mujer, pero estaba convencido de que no tenía razón hablando de Marguerite. Sin embargo el tono en que me había dicho sus últimas palabras era tan dulce, tan suplicante, que no me atrevía a responderle.
-Eh bien? Fit -il d′ une voix émue. ––Bueno, ¿qué? ––dijo con voz emocionada.
-Eh bien, mon père, je ne puis rien vous promettre, dis -je enfin; ce que vous me demandez est au -dessus de mes forces. Croyez -moi, continuai -je en le voyant faire un mouvement d′ impatience, vous vous exagérez les résultats de cette liaison. ––Bueno, pues no puedo prometerle nada, padre ––dije al fin––. Lo que me pide está por encima de mis fuerzas. Créame ––continué, al ver que hacía un movimiento de impaciencia––, exagera usted los resultados de esta relación.
Marguerite n′ est pas la fille que vous croyez. Marguerite no es la chica que usted cree.
Cet amour, loin de me jeter dans une mauvaise voie, est capable au contraire de développer en moi les plus honorables sentiments. L′ amour vrai rend toujours meilleur, quelle que soit la femme qui l′ inspire. Si vous connaissiez Marguerite, vous comprendriez que je ne m′ expose à rien. Elle est noble comme les plus nobles femmes. Autant il y a de cupidité chez les autres, autant il y a de désintéressement chez elle. Este amor, lejos de lanzarme por el mal camino, es por el contrario capaz de desarrollar en mí los más honorables sentimientos. El amor verdadero siempre nos hace mejores; cualquiera que sea la mujer que lo inspira. Si conociera usted a Marguerite, comprendería que no me expongo a nada. Es tan noble como la mujer más noble. Todo lo que hay de codicia en las otras es desinterés en ella.
-Ce qui ne l′ empêche pas d′ accepter toute votre fortune, car les soixante mille francs qui vous viennent de votre mère, et que vous lui donnez, sont, rappelez -vous bien ce que je vous dis, votre unique fortune. ––Lo que no le impide aceptar toda su fortuna, pues los sesenta mil francos que usted heredó de su madre y que ahora le da a ella constituyen, recuerde bien lo que le digo, su única fortuna.
Mon père avait probablement gardé cette péroraison et cette menace pour me porter le dernier coup. Probablemente mi padre había guardado esta perorata y aquella amenaza para asestarme el último golpe.
J′ étais plus fort devant ses menaces que devant ses prières. Pero sus amenazas me envalentonaron más que sus súplicas.
-Qui vous a dit que je dusse lui abandonner cette somme? Repris -je. ––¿Quién le ha dicho que iba a cederle esa cantidad?
-Mon notaire. Un honnête homme et -il fait un acte semblable sans me prévenir? Eh bien, c′ est pour empêcher votre ruine en faveur d′ une fille que je suis venu à Paris. Votre mère vous a laissé en mourant de quoi vivre honorablement et non pas de quoi faire des générosités à vos maîtresses. ––Mi notario. ¿Un hombre honrado iba a realizar un acto así sin avisarme? Bien, pues he venido a París para impedir su ruina en favor de una chica cualquiera. Su madre, al morir, le dejó para vivir honradamente, pero no para andar haciendo generosidades con sus amantes.
-Je vous le jure, mon père, Marguerite ignorait cette donation. ––Le juro, padre, que Marguerite ignoraba esa donación.
-Et pourquoi la faisiez -vous alors? -Parce que Marguerite, cette femme que vous calomniez et que vous voulez que j′ abandonne, fait le sacrifice de tout ce qu′ elle possède pour vivre avec moi. ––¿Entonces por qué la hacía? ––Porque Marguerite, esa mujer que usted calumnia y que quiere que abandone, ha sacrificado todo lo que posee para vivir conmigo.
-Et vous acceptez ce sacrifice? Quel homme êtes -vous donc, monsieur, pour permettre à une Mademoiselle Marguerite de vous sacrifier quelque chose? Allons, en voilà assez. Vous quitterez cette femme. Tout à l′ heure je vous en priais, maintenant je vous l′ ordonne; je ne veux pas de pareilles saletés dans ma famille. Faites vos malles, et apprêtez -vous à me suivre. ––¿Y acepta usted ese sacrificio? ¿Pero qué clase de hombre es usted, señor mío, para permitir que una señorita Marguerite le sacrifique nada? Vamos, esto ya es el colmo. Va a dejar usted a esa mujer. Hace un momento se lo rogaba, ahora se lo ordeno; no quiero semejante porquería en mi familla. Haga sus maletas y dispóngase a seguirme.
-Pardonnez -moi, mon père, dis -je alors, mais je ne partirai pas. ––Perdóneme, padre ––dije entonces––, pero no me marcharé.
-Parce que? -Parce que j′ ai déjà l′ âge où l′ on n′ obéit plus à un ordre. ––¿Por qué? ––Porque ya no tengo edad de obedecer órdenes.
Mon père pâlit à cette réponse. Ante aquella respuesta mi padre palideció.
-C′ est bien, monsieur, reprit -il; je sais ce qu′ il me reste à faire. ––Está bien, señor ––repuso––; ya sé lo que tengo que hacer.
Il sonna. Llamó.
Joseph parut. Joseph apareció.
-Faites transporter mes malles à l′ hôtel de Paris, dit -il à mon domestique. Et en même temps il passa dans sa chambre, où il acheva de s′ habiller. ––Que lleven mis maletas al hotel París ––dijo a mi criado. Y al mismo tiempo pasó a su habitación, donde acabó de vestirse.
Quand il reparut, j′ allai au -devant de lui. Cuando volvió a aparecer, fui a su encuentro.
-Vous me promettez, mon père, lui dis -je, de ne rien faire qui puisse causer de la peine à Marguerite? Mon père s′ arrêta, me regarda avec dédain, et se contenta de me répondre: -Vous êtes fou, je crois. ––Padre ––le dije––, prométame que no hará nada que pueda hacer sufrir a Marguerite. Mi padre se detuvo, me miró con desdén y se limitó a responder: ––Creo que está usted loco.
Après quoi, il sortit en fermant violemment la porte derrière lui. Y dicho esto, salió cerrando violentamente la puerta detrás de él.
Je descendis à mon tour, je pris un cabriolet et je partis pour Bougival. También yo bajé, tomé un cabriolé y salí hacia Bougival.
Marguerite m′ attendait à la fenêtre. Marguerite me esperaba a la ventana.







CHAPITRE XXI

Capítulo XXI

-Enfin! S′ écria -t -elle en me sautant au cou. –¡Por fin! ––gritó, echándome los brazos al cuello––. ¡Ya estás aquí! ¡Qué pálido estás!
Te voilà! Comme tu es pâle! Alors je lui racontai ma scène avec mon père. Entonces le conté la escena con mi padre.
-Ah! Mon dieu! Je m′ en doutais, dit -elle. Quand Joseph est venu nous annoncer l′ arrivée de ton père, j′ ai tressailli comme à la nouvelle d′ un malheur. –¡Oh, Dios mío! Lo sospechaba ––dijo––. Cuando Joseph vino a anunciarnos la llegada de tu padre, me sobresalté como ante la noticia de una desgracia.
Pauvre ami! Et c′ est moi qui te cause tous ces chagrins. Tu ferais peut -être mieux de me quitter que de te brouiller avec ton père. Cependant je ne lui ai rien fait. Nous vivons bien tranquilles, nous allons vivre plus tranquilles encore. Il sait bien qu′ il faut que tu aies une maîtresse, et il devrait être heureux que ce ft moi, puisque je t′ aime et n′ ambitionne pas plus que ta position ne le permet. Lui as -tu dit comment nous avons arrangé l′ avenir? -Oui, et c′ est ce qui l′ a le plus irrité, car il a vu dans cette détermination la preuve de notre amour mutuel. ¡Pobre amigo mío! Y soy yo la causante de todas estas penas. Quizá sería mejor que me dejaras y que no te enemistaras con tu padre. Sin embargo yo no he hecho nada, Vivimos muy tranquilos y vamos a vivir más tranquilos aún. El sabe de sobra que necesitas tener una amante, y debería estar contento de que sea yo, puesto que te amo y no ambiciono nada que tu posición no te permita. ¿Le has dicho los planes que hemos hecho para el futuro? –Sí, y eso es lo que más le ha irritado, pues ha visto en esa determinación la prueba de nuestro amor mutuo.
-Que faire alors? -Rester ensemble, ma bonne Marguerite, et laisser passer cet orage. –¿Entonces qué vamos a hacer? –Seguir juntos, mi buena Marguerite, y dejar pasar esta tormenta.
-Passera -t -il? -Il le faudra bien. –¿Pasará? –Tendrá que pasar.
-Mais ton père ne s′ en tiendra pas là? -Que veux -tu qu′ il fasse? -Que sais -je, moi? Tout ce qu′ un père peut faire pour que son fils lui obéisse. Il te rappellera ma vie passée et me fera peut -être l′ honneur d′ inventer quelque nouvelle histoire pour que tu m′ abandonnes. –¿Y si tu padre no se conforma con eso? –¿Qué quieres que haga? –¿Y qué sé yo? Todo lo que un padre es capaz de hacer para que su hijo lo obedezca. Te recordará mi vida pasada y quizá me haga el honor de inventar alguna nueva historia para que me abandones.
-Tu sais bien que je t′ aime. –Bien sabes que te quiero.
-Oui, mais, ce que je sais aussi, c′ est qu′ il faut tôt ou tard obéir à son père, et tu finiras peut -être par te laisser convaincre. –Sí, pero también sé que antes o después uno tiene que obedecer a su padre, y quizá acabarás por dejarte convencer.
-Non, Marguerite, c′ est moi qui le convaincrai. –No, Marguerite, soy yo quien va a convencerlo a él.
Ce sont les cancans de quelques -uns de ses amis qui causent cette grande colère; mais il est bon, il est juste, et il reviendra sur sa première impression. Han sido los chismorreos de algún amigo suyo los que lo han hecho enfadarse de ese modo; pero él es bueno, es justo, y se volverá atrás de su primera impresión.
Puis, après tout, que m′ importe! -Ne dis pas cela, Armand; j′ aimerais mieux tout que de laisser croire que je te brouille avec ta famille; laisse passer cette journée, et demain retourne à Paris. Ton père aura réfléchi de son côté comme toi du tien, et peut -être vous entendrez -vous mieux. Ne heurte pas ses principes, aie l′ air de faire quelques concessions à ses désirs; parais ne pas tenir autant à moi, et il laissera les choses comme elles sont. Espère, mon ami, et sois bien certain d′ une chose, c′ est que, quoi qu′ il arrive, ta Marguerite te restera. Además, al fin y al cabo, ¡qué me importa! –No digas eso, Armand; preferiría cualquier cosa antes de permitir que crean que yo te indispongo con tu familia; deja pasar este día y mañana vuelve a París. Tu padre habrá reflexionado por su lado como tú por el.tuyo, y quizá os entendáis mejor. No vayas en contra de sus principios, simula hacer algunas concesiones a sus deseos; aparenta que no tienes tanto interés por mí, y dejará las cosas como están. Ten esperanza, amigo mío, y estáte seguro de una cosa, y es que, suceda lo que suceda, tu Marguerite será siempre tuya.
-Tu me le jures? -Ai -je besoin de te le jurer? Qu′ il est doux de se laisser persuader par une voix que l′ on aime! Marguerite et moi, nous passâmes toute la journée à nous redire nos projets comme si nous avions compris le besoin de les réaliser plus vite. Nous nous attendions à chaque minute à quelque événement, mais heureusement le jour se passa sans amener rien de nouveau. –¿Me lo juras? –¿Necesito jurártelo? ¡Qué dulce es dejarse persuadir por la voz que amamos! Marguerite y yo pasamos todo el día repitiéndonos nuestros proyectos, como si hubiéramos comprendido la necesidad de realizarlos más de prisa. A cada minuto esperábamos algún acontecimiento, pero por suerte el día pasó sin traemos nada nuevo.
Le lendemain, je partis à dix heures, et j′ arrivai vers midi à l′ hôtel. Al día siguiente, a las diez, me marché y llegué al hotel a mediodía.
Mon père était déjà sorti. Mi padre había salido ya.
Je me rendis chez moi, où j′ espérais que peut -être il était allé. Personne n′ était venu. J′ allai chez mon notaire. Personne! Je retournai à l′ hôtel, et j′ attendis jusqu′ à six heures. M Duval ne rentra pas. Volví a mi casa, esperando que quizá hubiera ido allí. No había ido nadie. Fui a casa de mi notario. ¡Nadie! Volví al hotel y esperé hasta las seis. El señor Duval no volvió.
Je repris la route de Bougival. Tomé otra vez el camino de Bougival.
Je trouvai Marguerite, non plus m′ attendant comme la veille, mais assise au coin du feu qu′ exigeait déjà la saison. Encontré a Marguerite, no aguardándome como el día anterior, sino sentada al lado del fuego que ya estaba pidiendo la estación.
Elle était assez plongée dans ses réflexions pour me laisser approcher de son fauteuil sans m′ entendre et sans se retourner. Quand je posai mes lèvres sur son front, elle tressaillit comme si ce baiser l′ et réveillée en sursaut. Estaba lo suficientemente sumida en sus reflexiones para dejarme acercar a su sillón sin oírme y sin volverse. Cuando posé mis labios en su frente, se estremeció como si aquel beso la hubiera despertado sobresaltada.
-Tu m′ as fait peur, me dit -elle. Et ton père? -Je ne l′ ai pas vu. Je ne sais ce que cela veut dire. –Me has dado un susto ––dijo––. ¿Y tu padre? –No lo he visto. No sé qué quiere decir esto.
Je ne l′ ai trouvé ni chez lui, ni dans aucun des endroits où il y avait possibilité qu′ il ft. No lo he encontrado ni en su hotel ni en ninguno de los lugares donde había posibilidad de que estuviera.
-Allons, ce sera à recommencer demain. –Vamos, será cosa de empezar mañana otra vez.
-J′ ai bien envie d′ attendre qu′ il me fasse demander. –Me están dando ganas de esperar a que me llame.
J′ ai fait, je crois, tout ce que je devais faire. Creo que ya he hecho todo lo que tenía que hacer.
-Non, mon ami, ce n′ est point assez, il faut retourner chez ton père, demain surtout. –No, amigo mío, no es bastante; tienes que volver a ver a tu padre, sobre todo mañana.
-Pourquoi demain plutôt qu′ un autre jour? -Parce que, fit Marguerite, qui me parut rougir un peu à cette question, parce que l′ insistance de ta part en paraîtra plus vive et que notre pardon en résultera plus promptement. –¿Por qué mejor mañana que otro día? –Porque ––dijo Marguerite, que pareció enrojecer un poco ante aquella pregunta––, porque la insistencia por tu parte le parecerá más viva, y con ello obtendremos antes el perdón.
Tout le reste du jour, Marguerite fut préoccupée, distraite, triste. J′ étais forcé de lui répéter deux fois ce que je lui disais pour obtenir une réponse. Elle rejeta cette préoccupation sur les craintes que lui inspiraient pour l′ avenir les événements survenus depuis deux jours. Todo el resto del día Marguerite estuvo preocupada, distraída, triste. Me veía obligado a repetirle dos veces lo que le decía para obtener una respuesta. Achacó aquella preocupación a los temores que le inspiraban para el futuro los acontecimientos acaecidos en los dos últimos días.
Je passai ma nuit à la rassurer, et elle me fit partir le lendemain avec une insistante inquiétude que je ne m′ expliquais pas. Pasé la noche tranquilizándola, y al día siguiente me hizo marchar con una insistente inquietud que yo no lograba explicarme.
Comme la veille, mon père était absent; mais, en sortant, il m′ avait laissé cette lettre: " si vous revenez me voir aujourd′ hui, attendez -moi jusqu′ à quatre heures; si à quatre heures je ne suis pas rentré, revenez dîner demain avec moi: il faut que je vous parle. " j′ attendis jusqu′ à l′ heure dite. Mon père ne reparut pas. Je partis. Como el día anterior, mi padre estaba ausente; pero, al salir, me había dejado esta carta: «Si vuelve a verme hoy, espéreme hasta las cuatro; si a las cuatro no he regresado, vuelva mañana para cenar conmigo: tengo que hablar con usted.» Esperé hasta la hora indicada. Mi padre no apareció. Me marché.
La veille j′ avais trouvé Marguerite triste, ce jour -là je la trouvai fiévreuse et agitée. En me voyant entrer, elle me sauta au cou, mais elle pleura longtemps dans mes bras. Si el día anterior encontré a Marguerite triste, aquel día la encontré febril y agitada. Al verme entrar me echó los brazos al cuello, pero estuvo llorando mucho tiempo entre mis brazos.
Je la questionnai sur cette douleur subite dont la gradation m′ alarmait. Elle ne me donna aucune raison positive, alléguant tout ce qu′ une femme peut alléguer quand elle ne veut pas répondre la vérité. Le pregunté por aquel dolor súbito cuya progresión me alarmaba. No me dio ninguna razón positiva, alegando todo lo que puede alegar una mujer cuando no quiere decir la verdad.
Quand elle fut un peu calmée, je lui racontai les résultats de mon voyage; je lui montrai la lettre de mon père, en lui faisant observer que nous en pouvions augurer du bien. Cuando estuvo un poco más calmada, le conté los resultados de mi viaje; le enseñé la carta de mi padre, haciéndole observar que eso podía ser un buen presagio.
Á la vue de cette lettre et à la réflexion que je fis, les larmes redoublèrent à un tel point que j′ appelai Nanine, et que, craignant une atteinte nerveuse, nous couchâmes la pauvre fille qui pleurait sans dire une syllabe, mais qui me tenait les mains, et les baisait à chaque instant. A la vista de aquella carta y del comentario que hice redoblaron las lágrimas hasta tal punto, que llamé a Nanine y, temiendo un ataque de nervios, acostamos a la pobre chica, que seguía llorando sin decir una palabra, aunque me cogía las manos y las besaba a cada instante.
Je demandai à Nanine si, pendant mon absence, sa maîtresse avait reçu une lettre ou une visite qui pt motiver l′ état où je la trouvais, mais Nanine me répondit qu′ il n′ était venu personne et que l′ on n′ avait rien apporté. Pregunté a Nanine si, durante mi ausencia, su ama había recibido alguna carta o alguna visita que hubiera podido motivar el estado en que la hallé, pero Nanine me respondió que no había venido nadie ni le habían traído nada.
Cependant il se passait depuis la veille quelque chose d′ autant plus inquiétant que Marguerite me le cachait. Sin embargo algo había pasado desde el día anterior, tanto más inquietante cuanto que Marguerite me lo ocultaba.
Elle parut un peu plus calme dans la soirée; et, me faisant asseoir au pied de son lit, elle me renouvela longuement l′ assurance de son amour. Por la noche parecía un poco más calmada; y, haciéndome sentar al pie de su cama, me reiteró largamente la certeza de su amor.
Puis, elle me souriait, mais avec effort, car, malgré elle, ses yeux se voilaient de larmes. Luego me sonrió, pero haciendo un esfuerzo, pues a pesar suyo las lágrimas velaban sus ojos.
J′ employai tous les moyens pour lui faire avouer la véritable cause de ce chagrin, mais elle s′ obstina à me donner toujours les raisons vagues que je vous ai déjà dites. Empleé todos los medios a mi alcance para hacerle confesar la verdadera causa de aquella pesadumbre, pero se obstinó en seguir dándome las vagas razones que ya le he dicho.
Elle finit par s′ endormir dans mes bras, mais de ce sommeil qui brise le corps au lieu de le reposer; de temps en temps elle poussait un cri, se réveillait en sursaut, et après s′ être assurée que j′ étais bien auprès d′ elle, elle me faisait lui jurer de l′ aimer toujours. Acabó por dormirse entre mis brazos, pero con ese sueño que destroza el cuerpo en lugar de hacerlo descansar; de cuando en cuando lanzaba un grito, se despertaba sobresaltada y, tras cerciorarse de que seguía a su lado, me hacía jurarle que la querría siempre.
Je ne comprenais rien à ces intermittences de douleur qui se prolongèrent jusqu′ au matin. Alors Marguerite tomba dans une sorte d′ assoupissement. Yo no lograba entender esas intermitencias de dolor, que se prolongaron hasta la mañana. Entonces Marguerite cayó en una especie de sopor.
Depuis deux nuits elle ne dormait pas. Llevaba dos noches sin dormir.
Ce repos ne fut pas de longue durée. Aquel descanso no duró mucho.
Vers onze heures, Marguerite se réveilla, et, me voyant levé, elle regarda autour d′ elle en s′ écriant: -T′ en vas -tu donc déjà? -Non, dis -je en lui prenant les mains, mais j′ ai voulu te laisser dormir. Il est de bonne heure encore. Hacia las once Marguerite se despertó y, al verme levantado, miró a su alrededor gritando: –¿Ya te vas? –No ––dije, cogiéndole las manos––, pero he querido dejarte dormir. Todavía es temprano.
-À quelle heure vas -tu à Paris? -À quatre heures. –¿A qué hora te vas a París? –A las cuatro.
-Sitôt? Jusque -là tu resteras avec moi, n′ est -ce pas? -Sans doute, n′ est -ce pas mon habitude? -Quel bonheur! -Nous allons déjeuner? Reprit -elle d′ un air distrait. –¿Tan pronto? Hasta entonces te quedarás conmigo, ¿verdad? –Pues, claro, ¿no lo hago siempre así? –¡Qué felicidad!–– ¿Desayunamos? ––prosiguió con aire distraído.
-Si tu le veux. –Como quieras.
-Et puis tu m′ embrasseras bien jusqu′ au moment de partir? -Oui, et je reviendrai le plus tôt possible. –¿Y luego me abrazarás bien fuerte hasta la hora de irte? –Sí, y volveré lo antes posible.
-Tu reviendras? Fit -elle en me regardant avec des yeux hagards. –¿Volverás? ––dijo, mirándome con ojos extraviados.
-Naturellement. –Naturalmente.
-C′ est juste, tu reviendras ce soir, et moi, je t′ attendrai, comme d′ habitude, et tu m′ aimeras, et nous serons heureux comme nous le sommes depuis que nous nous connaissons. –Claro, volverás esta noche, y yo te esperaré como de costumbre, y me amarás, y seremos tan felices como lo somos desde que nos conocemos.
Toutes ces paroles étaient dites d′ un ton si saccadé, elles semblaient cacher une pensée douloureuse si continue, que je tremblais à chaque instant de voir Marguerite tomber en délire. Decía todas estas palabras en un tono tan entrecortado parecían ocultar un pensamiento doloroso tan continuo, que temí a cada instante ver caer a Marguerite en el delirio.
-Icoute, lui dis -je, tu es malade, je ne puis pas te laisser ainsi. Je vais écrire à mon père qu′ il ne m′ attende pas. –Escucha ––le dije––, tú estás enferma, no puedo dejarte así. Voy a escribir a mi padre que no me espere.
-Non! Non! S′ écria -t -elle brusquement, ne fais pas cela. Ton père m′ accuserait encore de t′ empêcher d′ aller chez lui quand il veut te voir; non, non, il faut que tu y ailles, il le faut! D′ ailleurs, je ne suis pas malade, je me porte à merveille. C′ est que j′ ai fait un mauvais rêve, et que je n′ étais pas bien réveillée? à partir de ce moment, Marguerite essaya de paraître plus gaie. Elle ne pleura plus. –¡No! ¡No! ––gritó bruscamente––. No hagas eso. Tu padre volvería a acusarme de que te impido ir con él cuando quiere verte. No, no, ¡tienes que ir, tienes que ir! Además no estoy enferma, me siento de maravilla. Es que he tenido un mal sueño y no estaba bien despierta. Desde aquel momento, Marguerite intentó mostrarse más alegre. Dejó de llorar.
Quand vint l′ heure où je devais partir, je l′ embrassai, et lui demandai si elle voulait m′ accompagner jusqu′ au chemin de fer: j′ espérais que la promenade la distrairait et que l′ air lui ferait du bien. Cuando llegó la hora de marcharme, la besé, y le pregunté si quería acompañarme a la estación de ferrocarril: esperaba que el paseo la distraería y que el aire la sentaría bien.
Je tenais surtout à rester le plus longtemps possible avec elle. Quería sobre todo estar con ella el mayor tiempo posible.
Elle accepta, prit un manteau et m′ accompagna avec Nanine, pour ne pas revenir seule. Aceptó, cogió un abrigo y me acompañó con Nanine para no volver sola.
Vingt fois je fus au moment de ne pas partir. Mais l′ espérance de revenir vite et la crainte d′ indisposer de nouveau mon père contre moi me soutinrent, et le convoi m′ emporta. Veinte veces estuve a punto de no marcharme. Pero la esperanza de volver pronto y el terror de indisponerme de nuevo con mi padre me contuvieron, y el tren me llevó.
-À ce soir, dis -je à Marguerite en la quittant. –Hasta la noche ––dije a Marguerite al dejarla.
Elle ne me répondit pas. No me respondió.
Une fois déjà elle ne m′ avait pas répondu à ce même mot, et le comte de G..., vous vous le rappelez, avait passé la nuit chez elle; mais ce temps était si loin, qu′ il semblait effacé de ma mémoire, et si je craignais quelque chose, ce n′ était certes plus que Marguerite me trompât. Ya otra vez no me respondió a esa misma frase, y el conde de G..., como recordará usted, pasó la noche en su casa; pero aquellos tiempos estaban tan lejos, que parecían borrados de mi memoria y, si algo temía, no era desde luego que Marguerite me engañase.
En arrivant à Paris, je courus chez Prudence la prier d′ aller voir Marguerite, espérant que sa verve et sa gaieté la distrairaient. Nada más llegar a París corrí a casa de Prudence a rogarle que fuera a ver a Marguerite, con la esperanza de que su verborrea y si alegría la distrajeran.
J′ entrai sans me faire annoncer, et je trouvai Prudence à sa toilette. Entré sin anunciarme, y encontré a Prudence en el tocador.
-Ah! Me dit -elle d′ un air inquiet. Est -ce que Marguerite est avec vous? -Non. –¡Ah! ––me dijo con aire inquieto––. ¿Ha venido Marguerite con usted? –No.
-Comment va -t -elle? -Elle est souffrante. –¿Qué tal está? –No está bien del todo.
-Est -ce qu′ elle ne viendra pas? -Est -ce qu′ elle devait venir? Madame Duvernoy rougit, et me répondit, avec un certain embarras: -Je voulais dire: puisque vous venez à Paris, est -ce qu′ elle ne viendra pas vous y rejoindre? -Non. –¿No vendrá entonces? –¿Es que tenía que venir? La señora Duvernoy enrojeció y me respondió con cierto embarazo: –Quería decir que, como ha venido usted a París, si no va a venir ella a reunirse con usted. –No.
Je regardai Prudence; elle baissa les yeux, et sur sa physionomie je crus lire la crainte de voir ma visite se prolonger. Miré a Prudence; bajó los ojos, y en su fisonomía creí leer el terror de ver prolongarse mi visita.
-Je venais même vous prier, ma chère Prudence, si vous n′ avez rien à faire, d′ aller voir Marguerite ce soir; vous lui tiendriez compagnie, et vous pourriez coucher là -bas. Je ne l′ ai jamais vue comme elle était aujourd′ hui, et je tremble qu′ elle ne tombe malade. –También venía a rogarle, querida Prudence, que, si no tiene nada que hacer, vaya a ver a Marguerite esta tarde; le haría usted compañía y podría dormir allí. Hoy estaba como nunca la había visto, y temo que caiga enferma.
-Je dîne en ville, me répondit Prudence, et je ne pourrai pas voir Marguerite ce soir; mais je la verrai demain. –Voy a cenar en la ciudad ––me respondió Prudence–– y no podré ver a Marguerite esta tarde; pero la veré mañana.
Je pris congé de Madame Duvernoy, qui me paraissait presque aussi préoccupée que Marguerite, et je me rendis chez mon père, dont le premier regard m′ étudia avec attention. Me despedí de la señora Duvernoy, que parecía estar casi tan preocupada como Marguerite, y fui a ver a mi padre, cuya primera mirada me estudió con atención.
Il me tendit la main. Me tendió la mano.
-Vos deux visites m′ ont fait plaisir, Armand, me dit -il, elles m′ ont fait espérer que vous auriez réfléchi de votre côté, comme j′ ai réfléchi, moi, du mien. –Sus dos visitas me han complacido mucho, Armand ––me dijo––. Ellas me han hecho esperar que haya usted reflexionado por su parte, como yo he reflexionado por la mía.
-Puis -je me permettre de vous demander, mon père, quel a été le résultat de vos réflexions? -Il a été, mon ami, que je m′ étais exagéré l′ importance des rapports que l′ on m′ avait faits, et que je me suis promis d′ être moins sévère avec toi. –Padre, ¿puedo permitirme preguntarle cuál ha sido el resultado de sus reffexiones? –Pues ha sido, amigo mío, que he exagerado la importancia de los informes que me dieron, y que me he prometido ser menos severo contigo.
-Que dites -vous, mon père! M′ écriai -je avec joie. –¡Qué me dice, padre! ––grité con alegría.
-Je dis, mon cher enfant, qu′ il faut que tout jeune homme ait une maîtresse, et que, d′ après de nouvelles informations, j′ aime mieux te savoir l′ amant de Mademoiselle Gautier que d′ une autre. Digo, querido hijo, que es conveniente que todo joven tenga una amante y que, después de haberme informado mejor, prefiero saberte amante de la señorita Gautier antes que de otra.
-Mon excellent père! Que vous me rendez heureux! Nous causâmes ainsi quelques instants, puis nous nous mîmes à table. Mon père fut charmant tout le temps que dura le dîner. –¡Padre admirable! ¡Qué feliz me hace usted! Charlamos así unos instantes y luego nos pusimos a la mesa.; Mi padre estuvo encantador todo el tiempo que duró la cena.
J′ avais hâte de retourner à Bougival pour raconter à Marguerite cet heureux changement. à chaque instant je regardais la pendule. Yo tenía prisa por regresar a Bougival para contar a Marguerite aquel dichoso cambio. A cada instante miraba el reloj de pared
-Tu regardes l′ heure, me disait mon père, tu es impatient de me quitter. Oh! Jeunes gens! Vous sacrifierez donc toujours les affections sincères aux affections douteuses? -Ne dites pas cela, mon père! Marguerite m′ aime, j′ en suis sûr. –Miras la hora ––me dijo mi padre––, estás impaciente por dejarme. ¡Oh, los jóvenes! ¿Siempre sacrificaréis los afectos sinceros a los dudosos? –¡No diga eso, padre! Marguerite me quiere, estoy seguro.
Mon père ne répondit pas; il n′ avait l′ air ni de douter ni de croire. Mi padre no respondió; no tenía aspecto de dudar ni de creer.
Il insista beaucoup pour me faire passer la soirée entière avec lui, et pour que je ne repartisse que le lendemain; mais j′ avais laissé Marguerite souffrante, je le lui dis, et je lui demandai la permission d′ aller la retrouver de bonne heure, lui promettant de revenir le lendemain. Insistió mucho para que me quedara a pasar toda la noche con él y para que no me fuera hasta el día siguiente; pero le dije que había dejado a Marguerite enferma y le pedí permiso para volver con ella pronto, prometiéndole que regresaría al día siguiente.
Il faisait beau; il voulut m′ accompagner jusqu′ au débarcadère. Jamais je n′ avais été si heureux. Hacía buen tiempo; quiso acompañarme hasta el muelle. Nunca me había sentido tan feliz.
L′ avenir m′ apparaissait tel que je cherchais à le voir depuis longtemps. El futuro se me aparecía tal como deseaba verlo desde hacía mucho tiempo.
J′ aimais plus mon père que je ne l′ avais jamais aimé. Quería a mi padre como no lo había querido nunca.
Au moment où j′ allais partir, il insista une dernière fois pour que je restasse; je refusai. En el momento en que iba a partir insistió por última vez para que me quedase; me negué.
-Tu l′ aimes donc bien? Me demanda -t -il. –Así que la quieres, ¿eh? ––me preguntó.
-Comme un fou. –Como un loco.
-Va alors! Et il passa la main sur son front comme s′ il et voulu en chasser une pensée, puis il ouvrit la bouche comme pour me dire quelque chose; mais il se contenta de me serrer la main, et me quitta brusquement en me criant: -À demain! Donc. –¡Bueno, pues vete! y se pasó la mano por la frente como si quisiera ahuyentar un pensamiento; luego abrió la boca como para decirme algo, pero se contentó con estrecharme la mano y me dejó bruscamente gritando: –¡Hasta mañana, pues!







CHAPITRE XXII

Capítulo XXII.

Il me semblait que le convoi ne marchait pas. Me parecía que el tren no avanzaba.
Je fus à Bougival à onze heures. Llegué a Bougival a las once.
Pas une fenêtre de la maison n′ était éclairée, et je sonnai sans que l′ on me répondît. No había iluminada ni una ventana de la casa, y llamé sin que nadie me respondiera.
C′ était la première fois que pareille chose m′ arrivait. Enfin le jardinier parut. J′ entrai. Era la primera vez que me sucedía una cosa parecida. Al fin se presentó el jardinero. Entré. Apareció Nanine con una luz. Llegué a la habitación de Marguerite.
Nanine me rejoignit avec une lumière. J′ arrivai à la chambre de Marguerite. ––¿Dónde está la señora?
-Où est madame? -Madame est partie pour Paris, me répondit Nanine. ––La señora se ha ido a Paris ––me respondió Nanine.
-Pour Paris! -Oui, monsieur. ––¡A Paris! ––Sí, señor.
-Quand? -Une heure après vous. ––¿Cuándo? ––Una hora después que usted.
-Elle ne vous a rien laissé pour moi? -Rien. ––¿Y no le ha dejado nada para mí? ––Nada.
Nanine me laissa. Nanine se retiró.
" elle est capable d′ avoir eu des craintes, pensai -je, et d′ être allée à Paris pour s′ assurer si la visite que je lui avais dit aller faire à mon père n′ était pas un prétexte pour avoir un jour de liberté. «Es capaz de haberse asustado ––pens閖 y haberse ido a Paris para cerciorarse de que la visita que le dije que iba a hacer a mi padre no era un pretexto para tener un día de libertad.»
" peut -être Prudence lui a -t -elle écrit pour quelque affaire importante, " me dis -je quand je fus seul; mais j′ avais vu Prudence à mon arrivée, et elle ne m′ avait rien dit qui pt me faire supposer qu′ elle et écrit à Marguerite. «Quizá Prudence le haya escrito por algún asunto importante», me dije cuando estuve solo; pero yo había visto a Prudence a mi llegada y no me había dicho nada que pudiera hacerme suponer que había escrito a Marguerite.
Tout à coup je me souvins de cette question que Madame Duvernoy m′ avait faite: " elle ne viendra donc pas aujourd′ hui? " quand je lui avais dit que Marguerite était malade. Je me rappelai en même temps l′ air embarrassé de Prudence, lorsque je l′ avais regardée après cette phrase qui semblait trahir un rendez -vous. à ce souvenir se joignait celui des larmes de Marguerite pendant toute la journée, larmes que le bon accueil de mon père m′ avait fait oublier un peu. De pronto me acordé de la pregunta que me había hecho la señora Duvernoy cuando le dije que Marguerite estaba enferma: «¿Entonces no vendrá hoy?» Al mismo tiempo recordé la turbación de Prudence cuando la miré después de aquella frase que parecía delatar una cita. A ese recuerdo se unía el de las lágrimas de Marguerite durante todo el día, lágrimas que el buen recibimiento de mi padre me había hecho olvidar un poco.
Á partir de ce moment, tous les incidents du jour vinrent se grouper autour de mon premier soupçon et le fixèrent si solidement dans mon esprit que tout le confirma, jusqu′ à la clémence paternelle. Desde aquel momento todos los incidentes de la jornada fueron a congregarse en torno a mi primera sospecha y la fijaron tan sólidamente en mi espíritu, que todo la confirmó, hasta la clemencia paterna.
Marguerite avait presque exigé que j′ allasse à Paris; elle avait affecté le calme lorsque je lui avait proposé de rester auprès d′ elle. Marguerite casi me había exigido que yo fuera a París; afectó tranquilidad cuando le propuse quedarme con ella.
étais -je tombé dans un piège? Marguerite me trompait -elle? Avait -elle compté être de retour assez à temps pour que je ne m′ aperçusse pas de son absence, et le hasard l′ avait -il retenue? Pourquoi n′ avait -elle rien dit à Nanine, ou pourquoi ne m′ avait -elle pas écrit? Que voulaient dire ces larmes, cette absence, ce mystère? Voilà ce que je me demandais avec effroi, au milieu de cette chambre vide, et les yeux fixés sur la pendule qui, marquant minuit, semblait me dire qu′ il était trop tard pour que j′ espérasse encore voir revenir ma maîtresse. ¿Había caído en una trampa? ¿Me estaba engañando Marguerite? ¿Había contado con estar de vuelta con tiempo suficiente para que yo no me diera cuenta de su ausencia, y la había retenido un imprevisto? ¿Por qué no había dicho nada a Nanine o por qué no me había escrito? ¿Qué querían decir aquellas lágrimas, aquella ausencia, aquel misterio? Eso era lo que me preguntaba con espanto, en medio de la, habitación vacía, con los ojos fijos en el reloj de pared, que al marcar las doce de la noche parecía decirme que era demasiado tarde para que siguiera esperando ver aparecer a mi amante.
Cependant, après les dispositions que nous venions de prendre, avec le sacrifice offert et accepté, était -il vraisemblable qu′ elle me trompât? Non. Sin embargo, después de las medidas que acabábamos de tomar, con el sacrificio ofrecido y aceptado, ¿era verosímil que me engañara? No.
J′ essayai de rejeter mes premières suppositions. Intenté rechazar mis primeras suposiciones.
-La pauvre fille aura trouvé un acquéreur pour son mobilier, et elle sera allée à Paris pour conclure. Elle n′ aura pas voulu me prévenir, car elle sait que, quoique je l′ accepte, cette vente, nécessaire à notre bonheur à venir, m′ est pénible, et elle aura craint de blesser mon amour -propre et ma délicatesse en m′ en parlant. Elle aime mieux reparaître seulement quand tout sera terminé. La pobre chica habrá encontrado un comprador para su mobiliario y se habrá ido a París para cerrar el trato. No habrá querido avisarme; pues sabe que, aunque la acepto, esa venta, necesaria para nuestra felicidad futura, me resulta penosa, y habrá tenido miedo de herir mi amor propio y mi delicadeza hablándome de ella. Prefiere no volver a aparecer hasta que todo haya terminado.
Prudence l′ attendait évidemment pour cela, et s′ est trahie devant moi: Marguerite n′ aura pu terminer son marché aujourd′ hui, et elle couche chez elle, ou peut -être même va -t -elle arriver tout à l′ heure, car elle doit se douter de mon inquiétude et ne voudra certainement pas m′ y laisser. Prudence la aguardaba evidentemente para eso y se ha delatado ante mí; Marguerite no habrá podido terminar hoy la venta y dormirá en su casa, o incluso puede que llegue de un momento a otro, pues debía de sospechar mi inquietud y ciertamente no querrá dejarme aquí.
Mais alors, pourquoi ces larmes? Sans doute, malgré son amour pour moi, la pauvre fille n′ aura pu se résoudre sans pleurer à abandonner le luxe au milieu duquel elle a vécu jusqu′ à présent et qui la faisait heureuse et enviée. Pero entonces ¿a qué vienen esas lágrimas? Sin duda, pese a su amor por mí, la pobre chica no habrá podido decidirse sin llorar a abandonar el lujo en medio del que ha vivido hasta el presente y que la hacía dichosa y envidiada.
Je pardonnais bien volontiers ces regrets à Marguerite. Yo perdonaba de buena gana tales sentimientos a Marguerite.
Je l′ attendais impatiemment pour lui dire, en la couvrant de baisers, que j′ avais deviné la cause de sa mystérieuse absence. La esperaba con impaciencia para decirle, cubriéndola de besos, que había adivinado la causa de su misteriosa ausencia.
Cependant, la nuit avançait et Marguerite n′ arrivait pas. Sin embargo, la noche avanzaba y Marguerite no llegaba.
L′ inquiétude resserrait peu à peu son cercle et m′ étreignait la tête et le coeur. Peut -être lui était -il arrivé quelque chose! Peut -être était -elle blessée, malade, morte! Peut -être allais -je voir arriver un messager m′ annonçant quelque douloureux accident! Peut -être le jour me trouverait -il dans la même incertitude et dans les mêmes craintes! L′ idée que Marguerite me trompait à l′ heure où je l′ attendais au milieu des terreurs que me causait son absence ne me revenait plus à l′ esprit. La inquietud fue estrechando poco a poco su círculo y me oprimía el corazón y la cabeza. ¡Quizá le había ocurrido algo! ¡Quizá estaba herida, enferma, muerta! ¡Quizá vería llegar un mensajero anunciándome algún doloroso accidente! ¡Quizá la aurora me sorprendiera en medio de las mismas incertidumbres y temores! La idea de que Marguerite me estuviera engañando en el mismo momento en que yo la esperaba entre los terrores que su ausencia me causaba no volvió a ocurrírseme.
Il fallait une cause indépendante de sa volonté pour la retenir loin de moi, et plus j′ y songeais, plus j′ étais convaincu que cette cause ne pouvait être qu′ un malheur quelconque. ô vanité de l′ homme! Tu te représentes sous toutes les formes. Hacía falta una causa independiente de su voluntad para retenerla lejos de mí, y cuanto más pensaba en ello más convencido estaba de que esa causa no podía ser más que alguna desgracia. ¡Oh vanidad del hombre, y cómo sabes mostrarte bajo cualquier forma!
Une heure venait de sonner. Je me dis que j′ allais attendre une heure encore, mais qu′ à deux heures, si Marguerite n′ était pas revenue, je partirais pour Paris. Acababa de dar la una. Me dije que iba a esperar una hora todavía, y que, si a las dos no había venido Marguerite, iría a Paris.
En attendant, je cherchai un livre, car je n′ osais penser. Miéntras esperaba, busqué un libro, pues no me atrevía a pensar.
Manon Lescaut était ouvert sur la table. Il me sembla que d′ endroits en endroits les pages étaient mouillées comme par des larmes. Après l′ avoir feuilleté, je refermai ce livre dont les caractères m′ apparaissaient vides de sens à travers le voile de mes doutes. Manon Lescaut estaba abierto sobre la mesa. Me pareció que en ciertos lugares las páginas estaban mojadas como por lágrimas. Después de haberlo hojeado, volví a cerrar el libro, pues, a través del velo de mis dudas, sus caracteres me parecían vacíos de sentido.
L′ heure marchait lentement. Le ciel était couvert. La hora pasaba lentamente.
Une pluie d′ automne fouettait les vitres. Le lit vide me paraissait prendre par moments l′ aspect d′ une tombe. J′ avais peur. El cielo estaba cubierto. Una lluvia de otoño azotaba los cristales. El lecho vacío me parecía adquirir por momentos el aspecto de una tumba. Tenía miedo.
J′ ouvris la porte. J′ écoutais et n′ entendais rien que le bruit du vent dans les arbres. Pas une voiture ne passait sur la route. La demie sonna tristement au clocher de l′ église. Abrí la puerta. Escuché y no oí más que el ruido del viento entre los árboles. Por la carretera no pasaba ni un coche. La media sonó tristemente en el campanario de la iglesia.
J′ en étais arrivé à craindre que quelqu′ un n′ entrât. Llegué a temer que alguien entrara.
Il me semblait qu′ un malheur seul pouvait venir me trouver à cette heure et par ce temps sombre. Me parecía que sólo a aquella hora y con aquel tiempo sombrío podía llegarme una desgracia.
Deux heures sonnèrent. J′ attendis encore un peu. Dieron las dos. Esperé un poco aún.
La pendule seule troublait le silence de son bruit monotone et cadencé. Sólo el reloj de pared turbaba el silencio con su ruido monótono y cadencioso.
Enfin je quittai cette chambre dont les moindres objets avaient revêtu cet aspect triste que donne à tout ce qui l′ entoure l′ inquiète solitude du coeur. Al fin dejé aquella habitación, cuyos menores objetos se habían revestido de ese aspecto triste que da a cuanto lo rodea la inquieta soledad del corazón.
Dans la chambre voisine je trouvai Nanine endormie sur son ouvrage. Au bruit de la porte, elle se réveilla et me demanda si sa maîtresse était rentrée. En la habitación contigua encontré a Nanine dormida sobre su labor. Al ruido de la puerta se despertó y me preguntó si había vuelto su señora.
-Non, mais, si elle rentre, vous lui direz que je n′ ai pu résister à mon inquiétude, et que je suis parti pour Paris. ––No, pero, si vuelve, dígale que no he podido soportar mi inquietud y que me he ido a París.
-À cette heure? Oui. ––¿A estas horas? ––Sí.
-Mais comment? Vous ne trouverez pas de voiture. ––Pero ¿cómo? No va a encontrar coche.
-J′ irai à pied. ––Iré a pie.
-Mais il pleut. ––Pero si está lloviendo..
-Que m′ importe? -Madame va rentrer, ou, si elle ne rentre pas, il sera toujours temps, au jour, d′ aller voir ce qui l′ a retenue. Vous allez vous faire assassiner sur la route. ––¡Qué importa! ––La señora volverá, o, si no vuelve, siempre habrá tiempo de día de ir a ver lo que la ha entretenido. Le van a asesinar por la carretera.
-Il n′ y a pas de danger, ma chère Nanine; à demain. ––No hay peligro, mi querida Nanine; hasta mañana.
La brave fille alla me chercher mon manteau, me le jeta sur les épaules, m′ offrit d′ aller réveiller la mère Arnould, et de s′ enquérir d′ elle s′ il était possible d′ avoir une voiture; mais je m′ y opposai, convaincu que je perdrais à cette tentative, peut -être infructueuse, plus de temps que je n′ en mettrais à faire la moitié du chemin. La buena muchacha fue a buscarme el abrigo, me lo echó por los hombros, y se ofreció para ir a despertar a la tía Arnould y preguntarle si era posible encontrar un coche; pero yo me opuse,. convencido de que en esa tentativa, quizá infructuosa, perdería más tiempo de lo que me llevaría hacer la mitad del camino.
Puis j′ avais besoin d′ air et d′ une fatigue physique qui épuisât la surexcitation à laquelle j′ étais en proie. Además necesitaba aire y un cansancio físico que agotase la sobreexcitación dé que era presa.
Je pris la clef de l′ appartement de la rue d′ Antin, et après avoir dit adieu à Nanine, qui m′ avait accompagné jusqu′ à la grille, je partis. Cogí la llave del piso de la calle de Antin y, después de haber= dicho adiós a Nanine, que me había acompañado hasta la verja, me marché.
Je me mis d′ abord à courir, mais la terre était fraîchement mouillée, et je me fatiguais doublement. Al principio eché a correr, pero la tierra estaba recién mojada, y me fatigaba doblemente.
Au bout d′ une demi -heure de cette course, je fus forcé de m′ arrêter, j′ étais en nage. Je repris haleine et je continuai mon chemin. La nuit était si épaisse que je tremblais à chaque instant de me heurter contre un des arbres de la route, lesquels, se présentant brusquement à mes yeux, avaient l′ air de grands fantômes courant sur moi. Al cabo de media hora de correr así me vi obligado a detenerme: sudaba a chorros. Tomé aliento y continué mi camino. La noche era tan densa, que a cada instante temía° chocar contra los árboles de la carretera, que, al presentarse bruscamente ante mis ojos, tenían el aspecto de grandes fantasmas que corrían hacia mí.
Je rencontrai une ou deux voitures de rouliers que j′ eus bientôt laissées en arrière. Encontré uno o dos carros que pronto dejé atrás.
Une calèche se dirigeait au grand trot du côté de Bougival. Au moment où elle passait devant moi, l′ espoir me vint que Marguerite était dedans. Una calesa se dirigía a trote largo hacia Bougival. En el momento en que pasaba ante mí me asaltó la esperanza de que Marguerite iba en ella.
Je m′ arrêtai en criant: Marguerite! Marguerite! Mais personne ne me répondit et la calèche continua sa route. Je la regardai s′ éloigner, et je repartis. Me detuve gritando: ––¡Marguerite! ¡Marguerite! Pero nadie me respondió y la calesa continuó su camino. La miré alejarse y eché a andar otra vez.
Je mis deux heures pour arriver à la barrière de l′ Étoile. Tardé dos horas en llegar a la puerta de l′Etoile.
La vue de Paris me rendit des forces, et je descendis en courant la longue allée que j′ avais parcourue tant de fois. La vista de Paris me dio fuerzas, y bajé corriendo. la larga avenida que tantas veces había recorrido.
Cette nuit -là personne n′ y passait. Aquella noche no pasaba nadie por allí.
On et dit la promenade d′ une ville morte. Diríase que paseaba por una ciudad muerta.
Le jour commençait à poindre. Empezaba a romper el día.
Quand j′ arrivai à la rue d′ Antin, la grande ville se remuait déjà un peu avant de se réveiller tout à fait. Cuando llegué a la calle de Antin, la gran ciudad empezaba ya a removerse un poco antes de despertarse del todo.
Cinq heures sonnaient à l′ église saint -Roch au moment où j′ entrais dans la maison de Marguerite. En el momento en que yo entraba en casa de Marguerite daban las cinco en la iglesia de Saint Roch.
Je jetai mon nom au portier, lequel avait reçu de moi assez de pièces de vingt francs pour savoir que j′ avais le droit de venir à cinq heures chez Mademoiselle Gautier. Di mi nombre al portero, el cual había recibido ya no pocas monedas mías de veinte francos para saber que podía ir a casa de la señorita Gautier a las cinco de la mañana.
Je passai donc sans obstacle. Pasé, pues, sin obstáculo.
J′ aurais pu lui demander si Marguerite était chez elle, mais il et pu me répondre que non, et j′ aimais mieux douter deux minutes de plus, car en doutant j′ espérais encore. Hubiera podido preguntarle si Marguerite estaba en casa, pero habría podido responderme que no, y prefería dudar dos minutos más, pues dudando esperaba todavía.
Je prêtai l′ oreille à la porte, tâchant de surprendre un bruit, un mouvement. Presté oídos a la puerta, intentando sorprender un ruido, un movimiento.
Rien. Le silence de la campagne semblait se continuer jusque -là. Nada. El silencio del campo parecía haber llegado hasta allí.
J′ ouvris la porte, et j′ entrai. Abrí la puerta y entré.
Tous les rideaux étaient hermétiquement fermés. Todas las coronas estaban herméticamente cerradas.
Je tirai ceux de la salle à manger, et je me dirigeai vers la chambre à coucher dont je poussai la porte. Corrí las del comedor, me dirigí hacia el dormitorio y empujé la puerta.
Je sautai sur le cordon des rideaux et je le tirai violemment. Salté sobre el cordón de las cortinas y tiré violentamente de él.
Les rideaux s′ écartèrent; un faible jour pénétra, je courus au lit. Se abrieron las coronas; entró un tenue rayo de luz y corrí hacia la cama.
Il était vide! J′ ouvris les portes les unes après les autres, je visitai toutes les chambres. ¡Estaba vacía! Abrí las puertas una tras otra, entré en todas las habitaciones
Personne. Nadie.
C′ était à devenir fou. Era para volverse loco.
Je passai dans le cabinet de toilette, dont j′ ouvris la fenêtre, et j′ appelai Prudence à plusieurs reprises. Pasé al cuarto de aseo, abrí la ventana y llamé repetidas veces a Prudence.
La fenêtre de Madame Duvernoy resta fermée. La ventana dé la señora Duvernoy siguió cerrada.
Alors je descendis chez le portier, à qui je demandai si Mademoiselle Gautier était venue chez elle pendant le jour. Entonces bajé a ver al portero y le pregunté si la señora Gautier había venido a su casa durante el día.
-Oui, me répondit cet homme, avec Madame Duvernoy. ––Sí ––me respondió aquel hombre––, con la señora Duvernoy
-Elle n′ a rien dit pour moi? -Rien. ––¿No ha dejado ningún recado para mí? ––Nada.
-Savez -vous ce qu′ elles ont fait ensuite? -Elles sont montées en voiture. ––¿Sabe lo que han hecho después? ––Han subido en un coche.
-Quel genre de voiture? -Un coupé de maître. ––¿Qué clase de coche? ––Un cupé particular.
Qu′ est -ce que tout cela voulait dire? Je sonnai à la porte voisine. ¿Qué significaba todo aquello? Llamé a la puerta vecina.
-Où allez -vous, monsieur? Me demanda le concierge après m′ avoir ouvert. ––¿Dónde va usted? ––me preguntó el portero después de abrirme.
-Chez Madame Duvernoy. ––A casa de la señora Duvernoy.
-Elle n′ est pas rentrée. ––No ha vuelto.
-Vous en êtes sûr? -Oui, monsieur; voilà même une lettre qu′ on a apportée pour elle hier au soir et que je ne lui ai pas encore remise. ––¿Está seguro? ––Sí, señor; incluso tengo aquí una carta que trajeron para ella ayer por la noche y que aún no he podido entregarle.
Et le portier me montrait une lettre sur laquelle je jetai machinalement les yeux. Y el portero me enseñó una carta a la que eché maquinalmente una mirada.
Je reconnus l′ écriture de Marguerite. Reconocí la letra de Marguerite.
Je pris la lettre. Tomé la carta.
L′ adresse portait ces mots: " à Madame Duvernoy, pour remettre à M Duval. " -Cette lettre est pour moi, dis -je au portier, et je lui montrai l′ adresse. En las señas decía lo siguiente: «Señora Duvernoy, para entregar al señor Duval.» ––Esta carta es para mí ––le dije al portero, mostrándole la: señas.
-C′ est vous Monsieur Duval? Me répondit cet homme. ––¿Es usted el señor Duval? ––me respondió aquel hombre.
-Oui. ––Sí.
-Ah! Je vous reconnais, vous venez souvent chez Madame Duvernoy. ––¡Ah!, ya lo conozco. Usted solía venir a menudo a casa de la señora Duvernoy.
Une fois dans la rue, je brisai le cachet de cette lettre. Una vez en la calle rompí el sello de la carta.
La foudre ft tombée à mes pieds que je n′ eusse pas été plus épouvanté que je le fus par cette lecture. Un rayo que hubiera caído a mis pies no me hubiera causado más espanto que aquella lectura.
" à l′ heure où vous lirez cette lettre, Armand, " je serai déjà la maîtresse d′ un autre homme. Tout " est donc fini entre nous. «Armand, cuando lea esta carta, ya seré la amante de otro hombre. Así que todo ha terminado entre nosotros.
" retournez auprès de votre père, mon ami, allez " revoir votre soeur, jeune fille chaste, ignorante " de toutes nos misères, et auprès de laquelle vous " oublierez bien vite ce que vous aura fait souffrir " cette fille perdue que l′ on nomme Marguerite " Gautier, que vous avez bien voulu aimer un instant, " et qui vous " doit les seuls moments heureux d′ une vie qui, elle " l′ espère, ne sera pas longue maintenant. " quand j′ eus lu le dernier mot, je crus que j′ allais devenir fou. Vuelva con su padre, amigo mío, vaya a ver a su hermana, joven casta, ignorante de todas nuestras miserias, y a su lado olvidará muy pronto todo lo que le haya hecho sufrir esa perdida que llaman Marguerite Gautier, a quien quiso usted amar por un instante y que le debe a usted los únicos momentos felices de una vida que ella espera que ya no será larga.» Cuando hube leído la última palabra, creí que iba a volverme loco.
Un moment j′ eus réellement peur de tomber sur le pavé de la rue. Un nuage me passait sur les yeux et le sang me battait dans les tempes. Por un momento tuve realmente miedo de caer sobre el pavimento de la calle. Una nube me pasó por los ojos y la sangre me golpeaba en las sienes.
Enfin je me remis un peu, je regardai autour de moi, tout étonné de voir la vie des autres se continuer sans s′ arrêter à mon malheur. Al fin me repuse un poco, miré a mi alrededor, totalmente asombrado de ver que la vida de los demás continuaba sin detenerse ante mi desgracia.
Je n′ étais pas assez fort pour supporter seul le coup que Marguerite me portait. No era lo suficientemente fuerte para soportar yo solo el golpe que me daba Marguerite.
Alors je me souvins que mon père était dans la même ville que moi, que dans dix minutes je pourrais être auprès de lui, et que, quelle que ft la cause de ma douleur, il la partagerait. Entonces me acordé de que mi padre estaba en la misma ciudad que yo, que en diez minutos podía estar a su lado, y que, cualquiera que fuese la causa de mi dolor, él la compartiría.
Je courus comme un fou, comme un voleur, jusqu′ à l′ hôtel de Paris: je trouvai la clef sur la porte de l′ appartement de mon père. J′ entrai. Corrí como un loco, como un ladrón, hasta el hotel de Paris: encontré la llave puesta en la puerta de la habitación de mi padre. Entré.
Il lisait. Estaba leyendo.
Au peu d′ étonnement qu′ il montra en me voyant paraître, on et dit qu′ il m′ attendait. A juzgar por el poco asombro que mostró al verme aparecer, hubiérase dicho que me esperaba.
Je me précipitai dans ses bras sans lui dire un mot, je lui donnai la lettre de Marguerite, et me laissant tomber devant son lit, je pleurai à chaudes larmes. Me precipité en sus brazos sin decirle una palabra, le di la carta de Marguerite y, dejándome caer delante de su cama, lloré a lágrima viva.







CHAPITRE XXIII

Capítulo XXIII

Quand toutes les choses de la vie eurent repris leur cours, je ne pus croire que le jour qui se levait ne serait pas semblable pour moi à ceux qui l′ avaient précédé. Il y avait des moments où je me figurais qu′ une circonstance, que je ne me rappelais pas, m′ avait fait passer la nuit hors de chez Marguerite, mais que, si je retournais à Bougival, j′ allais la retrouver inquiète, comme je l′ avais été, et qu′ elle me demanderait qui m′ avait ainsi retenu loin d′ elle. Cuando todas las cosas de la vida volvieron a recobrar su curso, no podía creer que el día que despuntaba no sería para mí semejante a los que lo precedieron. Había momentos en que me figuraba que alguna circunstancia que no podía recordar, me había hecho pasar la noche fuera de casa de Marguerite, pero que, si volvía a Bougival, la encontraría preocupada, como yo lo había estado, y me preguntaría qué había podido retenerme lejos de ella.
Quand l′ existence a contracté une habitude comme celle de cet amour, il semble impossible que cette habitude se rompe sans briser en même temps tous les autres ressorts de la vie. Cuando la existencia ha contraído un hábito como el del amor, Y parece imposible que ese hábito pueda romperse sin quebrar al mismo tiempo todos los resortes de la vida.
J′ étais donc forcé de temps en temps de relire la lettre de Marguerite, pour bien me convaincre que je n′ avais pas rêvé. Así que me veía obligado a releer de cuando en cuando la carta de Marguerite, para convencerme de que no había soñado.
Mon corps, succombant sous la secousse morale, était incapable d′ un mouvement. L′ inquiétude, la marche de la nuit, la nouvelle du matin m′ avaient épuisé. Mon père profita de cette prostration totale de mes forces pour me demander la promesse formelle de partir avec lui. Mi cuerpo, al sucumbir bajo la sacudida moral, era incapaz de hacer un movimiento. La inquietud, la caminata de la noche y la noticia de la mañana me habían agotado. Mi padre aprovechó aquella postración total de mis fuerzas para pedirme la promesa formal de irme con él.
Je promis tout ce qu′ il voulut. J′ étais incapable de soutenir une discussion, et j′ avais besoin d′ une affection réelle pour m′ aider à vivre après ce qui venait de se passer. Prometí todo lo que quiso. Era incapaz de mantener una discusión y necesitaba un afecto verdadero que me ayudara a vivir después de lo que acababa de ocurrir.
J′ étais trop heureux que mon père voult bien me consoler d′ un pareil chagrin. Me sentía muy dichoso de que mi padre se dignara consolarme;,. de tamaña pesadumbre.
Tout ce que je me rappelle, c′ est que ce jour -là, vers cinq heures, il me fit monter avec lui dans une chaise de poste. Sans me rien dire, il avait fait préparer mes malles, les avait fait attacher avec les siennes derrière la voiture, et il m′ emmenait. Todo lo que recuerdo es que aquel día, hacia las cinco, me hizo subir con él en una silla de posta. Sin decirme nada, había mandado que preparasen mis maletas, que las colocasen con las suyas detrás del coche, y me llevó con él.
Je ne sentis ce que je faisais que lorsque la ville eut disparu, et que la solitude de la route me rappela le vide de mon coeur. No me di cuenta de lo que hacía hasta que la ciudad hubo desaparecido y la soledad de la carretera me recordó el vacío de mi corazón.
Alors les larmes me reprirent. Y otra vez se me saltaron las lágrimas.
Mon père avait compris que des paroles, même de lui, ne me consoleraient pas, et il me laissait pleurer sans me dire un mot, se contentant parfois de me serrer la main, comme pour me rappeler que j′ avais un ami à côté de moi. Mi padre comprendió que ninguna palabra, ni siquiera suya, me consolaría, y me dejó llorar sin decir nada, contentándose con estrecharme la mano alguna vez, como para recordarme que tenía un amigo a mi lado.
La nuit, je dormis un peu. Je rêvai de Marguerite. Por la noche dormí un poco. Soñé con Marguerite.
Je me réveillai en sursaut, ne comprenant pas pourquoi j′ étais dans une voiture. Me desperté sobresaltado, sin comprender por qué estaba en un coche.
Puis la réalité me revint à l′ esprit et je laissai tomber ma tête sur ma poitrine. Luego la realidad volvió a mi mente y dejé caer la cabeza sobre el pecho.
Je n′ osais entretenir mon père, je craignais toujours qu′ il ne me dît: " tu vois que j′ avais raison quand je niais l′ amour de cette femme. " mais il n′ abusa pas de son avantage, et nous arrivâmes à C... sans qu′ il m′ et dit autre chose que des paroles complètement étrangères à l′ événement qui m′ avait fait partir. No me atrevía a hablar con mi padre; seguía temiendo que me dijera: «¿Ves como tenía razón cuando negaba el amor de esa mujer?» Pero no abusó de su ventaja, y llegamos a C... sin que me dijera más que palabras completamente ajenas al acontecimiento que me había hecho partir.
Quand j′ embrassai ma soeur, je me rappelai les mots de la lettre de Marguerite qui la concernaient, mais je compris tout de suite que, si bonne qu′ elle ft, ma soeur serait insuffisante à me faire oublier ma maîtresse. Al besar a mi hermana, recordé las palabras de la carta de Marguerite que se referían a ella, pero comprendí en seguida que, por buena que fuese, mi hermana sería insuficiente para hacerme olvidar a mi amante.
La chasse était ouverte, mon père pensa qu′ elle serait une distraction pour moi. Il organisa donc des parties de chasse avec des voisins et des amis. Habían levantado la veda de caza, y mi padre pensó que me serviría de distracción. Así que organizó partidas de caza con vecinos y amigos.
J′ y allai sans répugnance comme sans enthousiasme, avec cette sorte d′ apathie qui était le caractère de toutes mes actions depuis mon départ. Yo iba a ellas sin repugnancia, pero sin entusiasmo, con esa especie de apatía que caracterizaba todas mis acciones desde mi partida.
Nous chassions au rabat. On me mettait à mon poste. Je posais mon fusil désarmé à côté de moi, et je rêvais. Cazábamos al ojeo. Me ponían en mi puesto. Yo colocaba la escopeta descargada a mi lado y soñaba.
Je regardais les nuages passer. Je laissais ma pensée errer dans les plaines solitaires, et de temps en temps je m′ entendais appeler par quelque chasseur me montrant un lièvre à dix pas de moi. Miraba pasar las nubes. Dejaba que mi pensamiento vagara por las llanuras solitarias, y de cuando en cuando oía que algún cazador me llamaba, señalándome una liebre a diez pasos de mí.
Aucun de ces détails n′ échappait à mon père, et il ne se laissait pas prendre à mon calme extérieur. Ninguno de aquellos detalles se le escapaba a mi padre, y no se dejaba engañar por mi calma exterior.
Il comprenait bien que, si abattu qu′ il ft, mon coeur aurait quelque jour une réaction terrible, dangereuse peut -être, et tout en évitant de paraître me consoler, il faisait son possible pour me distraire. Comprendía perfectamente que, por más abatido que estuviese, mi corazón tendría cualquier día una reacción terrible, peligrosa quizá, y, mientras evitaba cuidadosamente parecer que intentaba consolarme, hacía todo lo posible por distraerme.
Ma soeur, naturellement, n′ était pas dans la confidence de tous ces événements, elle ne s′ expliquait donc pas pourquoi, moi, si gai autrefois, j′ étais tout à coup devenu si rêveur et si triste. Mi hermana, naturalmente, no estaba en el secreto de todos aquellos acontecimientos, y así no se explicaba por qué yo, tan alegre antes, me había vuelto de repente tan pensativo y tan triste.
Parfois, surpris au milieu de ma tristesse par le regard inquiet de mon père, je lui tendais la main et je serrais la sienne comme pour lui demander tacitement pardon du mal que, malgré moi, je lui faisais. A veces, sorprendido en medio de mi tristeza por la mirada inquieta de mi padre, le tendía la mano y estrechaba la suya como s pidiéndole tácitamente perdón por el daño que sin querer le hacía.
Un mois se passa ainsi, mais ce fut tout ce que je pus supporter. Así pasó un mes, pero fue todo lo que pude soportar.
Le souvenir de Marguerite me poursuivait sans cesse. J′ avais trop aimé et j′ aimais trop cette femme pour qu′ elle pt me devenir indifférente tout à coup. Il fallait ou que je l′ aimasse ou que je la hae. Il fallait surtout, quelque sentiment que j′ eusse pour elle, que je la revisse, et cela tout de suite. El recuerdo de Marguerite me perseguía sin cesar. Había amado y amaba demasiado a aquella mujer para que pudiera hacérseme indiferente de improviso. Era preciso que la amara o que la odiase. Sobre todo era preciso que, cualquiera que fuese el sentimiento que experimentara por ella, volviera a verla, y en seguida.
Ce désir entra dans mon esprit, et s′ y fixa avec toute la violence de la volonté qui reparaît enfin dans un corps inerte depuis longtemps. Ese deseo penetró en mi ánimo y se asentó con toda la violencia de la voluntad que al fin reaparece en un cuerpo inerte desde hace mucho tiempo.
Ce n′ était pas dans l′ avenir, dans un mois, dans huit jours qu′ il me fallait Marguerite, c′ était le lendemain même du jour où j′ en avais eu l′ idée; et je vins dire à mon père que j′ allais le quitter pour des affaires qui me rappelaient à Paris, mais que je reviendrais promptement. Me hacía falta Marguerite, pero no en el futuro, dentro de un mes, dentro de ocho días; me hacía falta al día siguiente de aquel en que se me había ocurrido la idea; y fui a decirle a mi padre que tenía que dejarlo, pues unos asuntos reclamaban mi presencia en París, pero que volvería en seguida.
Il devina sans doute le motif qui me faisait partir, car il insista pour que je restasse; mais, voyant que l′ inexécution de ce désir, dans l′ état irritable où j′ étais, pourrait avoir des conséquences fatales pour moi, il m′ embrassa, et me pria, presque avec des larmes, de revenir bientôt auprès de lui. Sin duda adivinó el motivo que me empujaba a marcharme, pues insistió para que me quedase; pero, viendo que el incumplimiento de aquel deseo, en el estado irritable en que me hallaba, podría tener fatales consecuencias para mí, me abrazó y me rogó, casi con lágrimas, que volviera pronto a su lado.
Je ne dormis pas avant d′ être arrivé à Paris. No dormí hasta no haber llegado a Paris.
Une fois arrivé, qu′ allais -je faire? Je l′ ignorais; mais il fallait avant tout que je m′ occupasse de Marguerite. Una vez allí, ¿qué iba a hacer? No lo sabía. Pero ante todo tenía que ocuparme de Marguerite.
J′ allai chez moi m′ habiller, et comme il faisait beau, et qu′ il en était encore temps, je me rendis aux Champs -Élysées. Fui a mi casa a cambiarme y, como hacía un día bueno y aún era buena hora, me dirigí a los Campos Elíseos.
Au bout d′ une demi -heure, je vis venir de loin, et du rond -point à la place de la concorde, la voiture de Marguerite. Al cabo de media hora vi venir de lejos, desde la glorieta a la plaza de la Concorde, el coche de Marguerite.
Elle avait racheté ses chevaux, car la voiture était telle qu′ autrefois; seulement elle n′ était pas dedans. Había recuperado sus caballos, pues el coche era el mismo de antes; sólo que ella no iba dentro.
Á peine avais -je remarqué cette absence, qu′ en reportant les yeux autour de moi, je vis Marguerite qui descendait à pied, accompagnée d′ une femme que je n′ avais jamais vue auparavant. Apenas había notado su ausencia, cuando, al volver los ojos a mi alrededor, vi a Marguerite que bajaba a pie, acompañada de una mujer que no había visto hasta entonces.
En passant à côté de moi, elle pâlit, et un sourire nerveux crispa ses lèvres. Quant à moi un violent battement de coeur m′ ébranla la poitrine; mais je parvins à donner une expression froide à mon visage, et je saluai froidement mon ancienne maîtresse, qui rejoignit presque aussitôt sa voiture, dans laquelle elle monta avec son amie. Al pasar a mi lado palideció, y una sonrisa nerviosa crispó sus labios. Por lo que a mí respecta, un violento latido de corazón conmovió mi pecho; pero conseguí dar una expresión fría a mi rostro y saludé fríamente a mi ex amante, que llegó casi al instante a su coche, al que subió con su amiga.
Je connaissais Marguerite. Ma rencontre inattendue avait d la bouleverser. Sans doute elle avait appris mon départ, qui l′ avait tranquillisée sur la suite de notre rupture; mais me voyant revenir, et se trouvant face à face avec moi, pâle comme je l′ étais, elle avait compris que mon retour avait un but, et elle devait se demander ce qui allait avoir lieu. Yo conocía a Marguerite. Mi encuentro inesperado debió de trastornarla. Sin duda se había enterado de mi marcha, que la había tranquilizado sobre las consecuencias de nuestra ruptura; pero, al verme volver, al encontrarse cara a cara conmigo, pálido como estaba, comprendió que mi vuelta tenía un objetivo, y debió de preguntarse lo que iba a suceder.
Si j′ avais retrouvé Marguerite malheureuse, si, pour me venger d′ elle, j′ avais pu venir à son secours, je lui aurais peut -être pardonné, et n′ aurais certainement pas songé à lui faire du mal; mais je la retrouvais heureuse, en apparence du moins; un autre lui avait rendu le luxe que je n′ avais pu lui continuer; notre rupture, venue d′ elle, prenait par conséquent le caractère du plus bas intérêt; j′ étais humilié dans mon amour -propre comme dans mon amour, il fallait nécessairement qu′ elle payât ce que j′ avais souffert. Si hubiera encontrado a Marguerite desgraciada; si, para vengarme de ella, hubiera podido ir en su ayuda, quizá la habría perdonado, y desde luego no habría pensado en hacerle daño; pero la encontré feliz, al menos en apariencia; otro le había devuelto el lujo que yo no pude mantenerle; nuestra ruptura, que había partido de ella, adquiría por consiguiente el carácter del más bajo interés; me sentía humillado en mi amor propio lo mismo que en mi amor, y necesariamente tenía que pagar lo que yo había sufrido.
Je ne pouvais être indifférent à ce que faisait cette femme; par conséquent, ce qui devait lui faire le plus de mal, c′ était mon indifférence; c′ était donc ce sentiment -là qu′ il fallait feindre, non seulement à ses yeux, mais aux yeux des autres. No podía quedarme indiferente ante lo que hacía aquella mujer; por consiguiente lo que más daño le haría sería mi indiferencia; había, pues, que fingir tal sentimiento no sólo a sus ojos, sino a los ojos de los demás.
J′ essayai de me faire un visage souriant, et je me rendis chez Prudence. Intenté poner cara sonriente y me dirigí a casa de Prudence.
La femme de chambre alla m′ annoncer et me fit attendre quelques instants dans le salon. La doncella fue a anunciarme y me hizo esperar unos instantes en el salón.
Madame Duvernoy parut enfin, et m′ introduisit dans son boudoir; au moment où je m′ y asseyais, j′ entendis ouvrir la porte du salon, et un pas léger fit crier le parquet, puis la porte du carré fut fermée violemment. Al fin apareció la señora Duvernoy y me introdujo en su gabinete; en el momento en que me sentaba oí abrir la puerta del salón, y un paso ligero hizo crujir el parquet; luego alguien cerró violentamente la puerta del rellano.
-Je vous dérange? Demandai -je à Prudence. –¿La molesto? ––pregunté a Prudence.
-Pas du tout, Marguerite était là. Quand elle vous a entendu annoncer, elle s′ est sauvée: c′ est elle qui vient de sortir. –En absoluto. Estaba aquí Marguerite. Cuando ha oído anunciarlo a usted, ha huido: era ella la que acaba de salir.
-Je lui fais donc peur maintenant? -Non, mais elle craint qu′ il ne vous soit désagréable de la revoir. –¿Es que ahora le doy miedo? –No, pero teme que le resulte a usted desagradable volver a verla.
-Pourquoi donc? Dis -je en faisant un effort pour respirer librement, car l′ émotion m′ étouffait; la pauvre fille m′ a quitté pour ravoir sa voiture, ses meubles et ses diamants, elle a bien fait, et je ne dois pas lui en vouloir. Je l′ ai rencontrée aujourd′ hui, continuai -je négligemment. –¿Y por qué? ––dije, haciendo un esfuerzo por respirar libremente, pues la emoción me ahogaba––. La pobre chica me ha dejado para recobrar su coche, sus muebles y sus diamantes: ha hecho bien, y no tengo por qué guardarle rencor. Me he encontrado hoy con ella ––continué con negligencia.
-Où? Fit Prudence, qui me regardait et semblait se demander si cet homme était bien celui qu′ elle avait connu si amoureux. –¿Dónde? ––dijo Prudence, que no dejaba de mirarme y parecía preguntarse si aquel hombre era realmente el que ella había conocido tan enamorado..
-Aux Champs -Élysées, elle était avec une autre femme fort jolie. Quelle est cette femme? -Comment est -elle? -Une blonde, mince, portant des anglaises; des yeux bleus, très élégante. En los Campos Elíseos. Estaba con otra mujer muy bonita. ¿Quién es esa mujer? –¿Cómo es? –Rubia, delgada, con tirabuzones; ojos azules y muy elegante.
-Ah! C′ est Olympe; une très jolie fille, en effet. –¡Ah, es Olympe! Una chica muy bonita, efectivamente.
-Avec qui vit -elle? -Avec personne, avec tout le monde. –¿Con quién vive? –Con nadie, con todo el mundo.
-Et elle demeure? -Rue Tronchet, numéro... ah çà, vous voulez lui faire la cour? -On ne sait pas ce qui peut arriver. –¿Y dónde vive? –En la calle Tronchet, n °... Ah, ¿pero quiere usted hacerle la corte?
-Et Marguerite? -Vous dire que je ne pense plus du tout à elle, ce serait mentir; mais je suis de ces hommes avec qui la façon de rompre fait beaucoup. Or, Marguerite m′ a donné mon congé d′ une façon si légère, que je me suis trouvé bien sot d′ en avoir été amoureux comme je l′ ai été, car j′ ai été vraiment fort amoureux de cette fille. –Quién sabe lo que puede pasar. –¿Y Marguerité? –Decide que ya no pienso en ella en absoluto sería mentir; pero soy de esos hombres para quienes cuenta mucho la forma de romper. Y Marguerite me ha despedido de una forma tan ligera, que me parece que he sido un grande majadero por haber estado tan enamorado como lo estuve, pues la verdad es que he estado muy enamorado de esa chica.
Vous devinez avec quel ton j′ essayais de dire ces choses -là: l′ eau me coulait sur le front. Imagínese en qué tono intenté decir aquellas cosas: el agua me corría por la frente.
-Elle vous aimait bien, allez, et elle vous aime toujours: la preuve, c′ est qu′ après vous avoir rencontré aujourd′ hui, elle est venue tout de suite me faire part de cette rencontre. Quand elle est arrivée, elle était toute tremblante, près de se trouver mal. –Mire, ella lo quería de verdad y aún lo sigue queriendo: la prueba es que, después de haberse encontrado hoy con usted, ha venido a contármelo en seguida. Al llegar, estaba temblando de arriba abajo, casi hasta encontrarse mal.
-Eh bien, que vous a -t -elle dit? -Elle m′ a dit: " sans doute il viendra vous voir, " et elle m′ a priée d′ implorer de vous son pardon. –Bueno, ¿y qué le ha dicho? –Me ha dicho: «Sin duda vendrá a verla», y me ha rogado que implore su perdón.
-Je lui ai pardonné, vous pouvez le lui dire. –Está perdonada, puede decírselo.
C′ est une bonne fille, mais c′ est une fille; et ce qu′ elle m′ a fait, je devais m′ y attendre. Je lui suis même reconnaissant de sa résolution, car aujourd′ hui je me demande à quoi nous aurait menés mon idée de vivre tout à fait avec elle. C′ était de la folie. Es una buena chica, pero es una chica... cualquiera; y lo que me ha hecho debía esperármelo. Hasta le agradezco su resolución, pues hoy me pregunto adónde nos hubiera llevado mi idea de vivir siempre con ella. Era una locura.
-Elle sera bien contente en apprenant que vous avez pris votre parti de la nécessité où elle se trouvait. Il était temps qu′ elle vous quittât, mon cher. Le gredin d′ homme d′ affaires à qui elle avait proposé de vendre son mobilier avait été trouver ses créanciers pour leur demander combien elle leur devait; ceux -ci avaient eu peur, et l′ on allait vendre dans deux jours. –Estará muy contenta de saber que se ha resignado usted ante la necesidad en que ella se encontraba. Ya era hora de que lo dejara a usted, querido. Ese granuja del negociante a quien le propuso vender su mobiliario fue a ver a sus acreedores para preguntarles cuánto les debía ella; éstos tuvieron miedo, y ya iban a subastarlo todo dentro de dos días.
-Et maintenant, c′ est payé? -À peu près. –¿Y ahora está pagado? –Más o menos.
-Et qui a fait les fonds? -Le comte de N... ah! Mon cher! Il y a des hommes faits exprès pour cela. Bref, il a donné vingt mille francs; mais il en est arrivé à ses fins. Il sait bien que Marguerite n′ est pas amoureuse de lui, ce qui ne l′ empêche pas d′ être très gentil pour elle. Vous avez vu, il lui a racheté ses chevaux, il lui a retiré ses bijoux et lui donne autant d′ argent que le duc lui en donnait; si elle veut vivre tranquillement, cet homme -là restera longtemps avec elle. –¿Y quién ha provisto de fondos? –El conde de N... ¡Ah, querido! Hay para esto hombres hechos que ni de encargo. En una palabra, ha dado veinte mil francos; pero ha conseguido sus fines. Sabe perfectamente que Marguerite no está enamorada de él, lo que no le impide ser muy amable con ella. Ya ha visto usted: ha recuperado sus caballos, le ha desempeñado las joyas y le da tanto dinero como le daba el duque; si ella quiere vivir tranquilamente, ese hombre seguirá con ella mucho tiempo.
-Et que fait -elle? Habite -t -elle tout à fait Paris? -Elle n′ a jamais voulu retourner à Bougival depuis que vous êtes parti. C′ est moi qui suis allée y chercher toutes ses affaires, et même les vôtres, dont j′ ai fait un paquet que vous ferez prendre ici. Il y a tout, excepté un petit portefeuille avec votre chiffre. Marguerite a voulu le prendre et l′ a chez elle. Si vous y tenez, je le lui redemanderai. –¿Y qué hace ella? ¿Vive todo el tiempo en París? –No ha querido volver a Bougival después de que se marchó usted. He sido yo quien ha ido a buscar todas sus cosas a incluso las de usted, con las que he hecho un paquete que puede usted mandar a recoger aquí. Está todo, excepto una carterita con sus iniciales. Marguerite quiso conservarla y la time en su casa. Si le interesa, se la pediré.
-Qu′ elle le garde, balbutiai -je, car je sentais les larmes monter de mon coeur à mes yeux au souvenir de ce village où j′ avais été si heureux, et à l′ idée que Marguerite tenait à garder une chose qui venait de moi et me rappelait à elle. –Que se quede con ella ––balbucí, pues sentía que las lágrimas se me agolpaban del corazón a los ojos al recuerdo de aquel pueblecito donde yo había sido tan feliz, y a la idea de que Marguerite tenía interés en quedarse con una cosa mía que la haría recordarme.
Si elle était entrée à ce moment, mes résolutions de vengeance auraient disparu et je serais tombé à ses pieds. Si hubiera entrado en aquel momento, mis resoluciones de venganza habrían desaparecido y habría caído a sus pies.
-Du reste, reprit Prudence, je ne l′ ai jamais vue comme elle est maintenant: elle ne dort presque plus, elle court les bals, elle soupe, elle se grise même. Dernièrement, après un souper, elle est restée huit jours au lit; et quand le médecin lui a permis de se lever, elle a recommencé, au risque d′ en mourir. –Por lo demás ––prosiguió Prudence––, nunca la he visto como ahora: casi no duerme, recorre los bailes, cena, hasta se achispa. Últimamente, después de una cena, ha estado ocho días en la cama; y, en cuanto el médico la ha permitido levantarse, ha vuelto a empezar aun a riesgo de morir. ¿Va a ir a verla?
Irez -vous la voir? -À quoi bon? Je suis venu vous voir, vous, parce que vous avez été toujours charmante pour moi, et que je vous connaissais avant de connaître Marguerite. C′ est à vous que je dois d′ avoir été son amant, comme c′ est à vous que je dois de ne plus l′ être, n′ est -ce pas? -Ah! Dame, j′ ai fait tout ce que j′ ai pu pour qu′ elle vous quittât, et je crois que, plus tard, vous ne m′ en voudrez pas. –¿Para qué? He venido a verla a usted, porque usted ha estado siempre encantadora conmigo y la conocía antes de conocer a Marguerite. A usted le debo haber sido su amante, como le debo a usted no serlo ya, ¿no es así? –Yo he hecho todo lo que he podido para que ella lo dejase, ¡qué caramba!, y creo que más tarde no me guardará usted rencor por ello.
-Je vous en ai une double reconnaissance, ajoutai -je en me levant, car j′ avais du dégot pour cette femme, à la voir prendre au sérieux tout ce que je lui disais. –Le estoy doblemente agradecido ––, añadí, levantándome pues empezaba a asquearme de esa mujer, al ver cómo se tomaba en serio todo lo que le decía.
-Vous vous en allez? -Oui. –¿Se va usted? –Sí.
J′ en savais assez. Ya sabía bastante.
-Quand vous verra -t -on? -Bientôt. Adieu. –¿Cuándo volveremos a verlo? –Pronto. Adiós.
-Adieu. –Adiós.
Prudence me conduisit jusqu′ à la porte, et je rentrai chez moi des larmes de rage dans les yeux et un besoin de vengeance dans le coeur. Prudence me condujo hasta la puerta, y volví a mi casa con lágrimas de rabia en los ojos y un deseo de venganza en el corazón.
Ainsi Marguerite était décidément une fille comme les autres; ainsi, cet amour profond qu′ elle avait pour moi n′ avait pas lutté contre le désir de reprendre sa vie passée, et contre le besoin d′ avoir une voiture et de faire des orgies. Así que, decididamente, Marguerite era una chica más; así que aquel amor profundo que sentía por mí no había podido luchar contra el deseo de reemprender su vida pasada y contra la necesidad de tener un coche y organizar orgías.
Voilà ce que je me disais au milieu de mes insomnies, tandis que, si j′ avais réfléchi aussi froidement que je l′ affectais, j′ aurais vu dans cette nouvelle existence bruyante de Marguerite l′ espérance pour elle de faire taire une pensée continue, un souvenir incessant. Eso es lo que me decía yo en medio de mis insomnios, mientras que, si hubiera reflexionado tan fríamente como aparentaba habría visto en aquella nueva existencia ruidosa de Marguerite lá esperanza que tenía de poder acallar un pensamiento continuo, un recuerdo incesante.
Malheureusement, la passion mauvaise dominait en moi, et je ne cherchai qu′ un moyen de torturer cette pauvre créature. Por desgracia, la mala pasión me dominaba, y sólo estaba buscando un medio de torturar a aquella pobre criatura.
Oh! L′ homme est bien petit et bien vil quand l′ une de ses étroites passions est blessée. ¡Oh, y qué pequeño y qué vil es el hombre cuando le hieren en alguna de sus mezquinas pasiones!
Cette Olympe, avec qui je l′ avais vue, était sinon l′ amie de Marguerite, du moins celle qu′ elle fréquentait le plus souvent depuis son retour à Paris. Elle allait donner un bal, et comme je supposais que Marguerite y serait, je cherchai à me faire donner une invitation et je l′ obtins. Aquella Olympe con quien yo la había visto era, si no amiga de Marguerite, por lo menos la que más frecuentemente salía con ella desde que volvió a París. Iba a dar un baile y, suponiendo que Marguerite asistiría, busqué el modo de hacerme con una invitación y la conseguí.
Quand, plein de mes douloureuses émotions, j′ arrivai à ce bal, il était déjà fort animé. Cuando, lleno de mis dolorosas emociones, llegué al baile, estaba ya muy animado.
On dansait, on criait même, et, dans un des quadrilles, j′ aperçus Marguerite dansant avec le comte de N..., lequel paraissait tout fier de la montrer, et semblait dire à tout le monde: -Cette femme est à moi! J′ allai m′ adosser à la cheminée, juste en face de Marguerite, et je la regardai danser. à peine m′ eut -elle aperçu qu′ elle se troubla. Je la vis et je la saluai distraitement de la main et des yeux. Bailaban, gritaban incluso, y, en una de las contradanzas, descubrí a Marguerite bailando con el conde de N..., el cual parecía muy orgulloso de exhibirla y parecía decir a todo el mundo: –¡Esta mujer es mía! Fui a apoyarme en la chimenea, justo frente a Marguerite, y miraba cómo bailaba. Apenas me descubrió, se turbó. La vi y la saludé distraídamente con la mano y con los ojos.
Quand je songeais que après le bal, ce ne serait plus avec moi, mais avec ce riche imbécile qu′ elle s′ en irait, quand je me représentais ce qui vraisemblablement allait suivre leur retour chez elle, le sang me montait au visage, et le besoin me venait de troubler leurs amours. Cuando pensaba que después del baile no se iría conmigo, sino con aquel rico imbécil; cuando me imaginaba lo que verosímilmente seguiría a su regreso a casa de ella, la sangre se me subía al rostro y experimentaba la necesidad de turbar sus amores.
Après la contredanse, j′ allai saluer la maîtresse de la maison, qui étalait aux yeux des invités des épaules magnifiques et la moitié d′ une gorge éblouissante. Después de la contradanza fui a saludar a la dueña de la casa, que exponía ante los ojos de los invitados unos hombros magníficos y la mitad de una pechera resplandeciente.
Cette fille -là était belle, et, au point de vue de la forme, plus belle que Marguerite. Je le compris mieux encore à certains regards que celle -ci jeta sur Olympe pendant que je lui parlais. L′ homme qui serait l′ amant de cette femme pourrait être aussi fier que l′ était M De N... et elle était assez belle pour inspirer une passion égale à celle que Marguerite m′ avait inspirée. Aquella chica era hermosa, y, desde el punto de vista de las formas, más hermosa que Marguerite. Lo comprendí mejor aún por ciertas miradas que echó a Olympe mientras hablaba con ella. El hombre que fuese amante de aquella mujer podría estar tan orgulloso como lo estaba el señor de N..., y ella era lo suficientemente hermosa para inspirar una pasión igual a la que me había inspirado Marguerite.
Elle n′ avait pas d′ amant à cette époque. Il ne serait pas difficile de le devenir. Le tout était de montrer assez d′ or pour se faire regarder. Por aquella época no tenía amante. No sería difícil llegar a serlo. El toque estaba en mostrar bastante oro para llamar la atención.
Ma résolution fut prise. Cette femme serait ma maîtresse. Mi decisión estaba tomada. Aquella mujer sería mi amante.
Je commençai mon rôle de postulant en dansant avec Olympe. Empecé mi papel de pretendiente bailando con Olympe.
Une demi -heure après, Marguerite, pâle comme une morte, mettait sa pelisse et quittait le bal. Media hora después Marguerite, pálida como una muerta, se ponía el abrigo y abandonaba el baile.







Q

CHAPITRE XXIV

Capítulo XXIV

C′ était déjà quelque chose, mais ce n′ était pas assez. Je comprenais l′ empire que j′ avais sur cette femme et j′ en abusais lâchement. Ya era algo, pero no era bastante. Comprendía el ascendiente que tenía sobre aquella mujer y abusaba de él cobardemente.
Quand je pense qu′ elle est morte maintenant, je me demande si Dieu me pardonnera jamais le mal que j′ ai fait. Cuando pienso que ahora está muerta, me pregunto si Dios me perdonará un día todo el daño que le hice.
Après le souper, qui fut des plus bruyants, on se mit à jouer. Después de la cena, que fue de las más ruidosas, nos pusimos a jugar.
Je m′ assis à côté d′ Olympe et j′ engageai mon argent avec tant de hardiesse qu′ elle ne pouvait s′ empêcher d′ y faire attention. En un instant, je gagnai cent cinquante ou deux cents louis, que j′ étalais devant moi et sur lesquels elle fixait des yeux ardents. Me senté al lado de Olympe y aventuré mi dinero con tanta osadía, que no pudo menos de prestar atención a ello. En un momento gané ciento cincuenta o doscientos luises, que extendí ante mí y en los que ella fijaba sus ojos ardientes.
J′ étais le seul que le jeu ne préoccupât point complètement et qui s′ occupât d′ elle. Tout le reste de la nuit je gagnai, et ce fut moi qui lui donnai de l′ argent pour jouer, car elle avait perdu tout ce qu′ elle avait devant elle et probablement chez elle. Yo era el único que no se preocupaba del juego en absoluto que se ocupaba de ella. Seguí ganando todo el resto de la noche, fui yo quien le dio dinero para jugar, pues ella perdió todo lo quo tenía encima y probablemente en casa.
Á cinq heures du matin on partit. A las cinco de la mañana nos marchamos.
Je gagnais trois cents louis. Yo iba ganando trescientos luises.
Tous les joueurs étaient déjà en bas, moi seul étais resté en arrière sans que l′ on s′ en aperçt, car je n′ étais l′ ami d′ aucun de ces messieurs. Todos los jugadores estaban ya abajo; sólo yo me quedé detrás sin que se dieran cuenta, pues no era amigo de ninguno d aquellos caballeros.
Olympe éclairait elle -même l′ escalier et j′ allais descendre comme les autres, quand, revenant vers elle, je lui dis: -Il faut que je vous parle. La misma Olympe alumbraba la escalera, y ya iba a bajar como los otros, cuando, volviéndome hacia ella, le dije: ––Tengo que hablar con usted.
-Demain, me dit -elle. ––Mañana ––me dijo.
-Non, maintenant. ––No, ahora.
-Qu′ avez -vous à me dire? -Vous le verrez. ––¿Qué tiene que decirme? ––Ya lo verá.
Et je rentrai dans l′ appartement. Y volví a entrar en el piso.
-Vous avez perdu, lui dis -je. ––Ha perdido usted ––le dije.
-Oui. ––Sí.
-Tout ce que vous aviez chez vous? Elle hésita. ––¿Todo lo que tenía en casa? Vaciló.
-Soyez franche. ––Sea franca.
-Eh bien, c′ est vrai. ––Bueno, pues es verdad.
-J′ ai gagné trois cents louis, les voilà, si vous voulez me garder ici. ––Yo he ganado trescientos luises: ahí′ los tiene, si me permite quedarme aquí.
Et, en même temps, je jetai l′ or sur la table. Y al mismo tiempo arrojé el oro encima de la mesa.
-Et pourquoi cette proposition? -Parce que je vous aime, pardieu! -Non, mais parce que vous êtes amoureux de Marguerite et que vous voulez vous venger d′ elle en devenant mon amant. On ne trompe pas une femme comme moi, mon cher ami; malheureusement je suis encore trop jeune et trop belle pour accepter le rôle que vous me proposez. ––¿Y por qué esta proposición? ––¡Porque me gusta usted, pardiez! ––No; lo que pasa es que está usted enamorado de Marguerite y quiere vengarse de ella convirtiéndose en mi amante. A una mujer como yo no se la puede engañar, amigo mío. Por desgracia, soy aún demasiado joven y hermosa para aceptar el papel que me propone.
-Ainsi, vous refusez? -Oui. ––Así que ¿se niega usted? ––Sí.
-Préférez -vous m′ aimer pour rien? C′ est moi qui n′ accepterais pas alors. Réfléchissez, ma chère Olympe; je vous aurais envoyé une personne quelconque vous proposer ces trois cents louis de ma part aux conditions que j′ y mets, vous eussiez accepté. J′ ai mieux aimé traiter directement avec vous. Acceptez sans chercher les causes qui me font agir; dites -vous que vous êtes belle, et qu′ il n′ y a rien d′ étonnant que je sois amoureux de vous. ––¿Prefiere amarme por nada? Soy yo quien no aceptaría entonces. Reflexione, querida Olympe; si yo le hubiera enviado una persona cualquiera a ofrecerle estos trescientos luises de mi parte con las condiciones que pongo, usted habría aceptado. He preferido tratarlo directamente con usted. Acepte sin buscar las causas que me impulsan a actuar; dígase que es usted guapa y que no hay nada de sorprendente en que yo esté enamorado de usted.
Marguerite était une fille entretenue comme Olympe, et cependant je n′ eusse jamais osé lui dire, la première fois que je l′ avais vue, ce que je venais de dire à cette femme. C′ est que j′ aimais Marguerite, c′ est que j′ avais deviné en elle des instincts qui manquaient à cette autre créature, et qu′ au moment même où je proposais ce marché, malgré son extrême beauté, celle avec qui j′ allais le conclure me dégotait. Marguerite era una entretenida como Olympe, y sin embargo nunca me hubiera atrevido a decirle, la primera vez que la vi, lo que acababa de decirle a aquella mujer. Es que yo amaba a Marguerite, es que había adivinado en ella unos instintos que a esta otra criatura le faltaban, y en el mismo momento en que proponía aquel trato, pese a su extremada belleza, aquella con quien iba a cerrarlo me daba asco.
Elle finit par accepter, bien entendu, et, à midi, je sortis de chez elle son amant: mais je quittai son lit sans emporter le souvenir des caresses et des mots d′ amour qu′ elle s′ était crue obligée de me prodiguer pour les six mille francs que je lui laissais. Por supuesto acabó por aceptar, y a mediodía salí de su casa convertido en su amante: pero abandoné su lecho sin llevarme el recuerdo de las caricias y de las palabras de amor que ella se creyó obligada a prodigarme a cambio de los seis mil francos que le dejaba.
Et cependant on s′ était ruiné pour cette femme -là. Y sin embargo había quien se había arruinado por aquella mujer.
Á compter de ce jour, je fis subir à Marguerite une persécution de tous les instants. Olympe et elle cessèrent de se voir, vous comprenez aisément pourquoi. Desde aquel día hice sufrir a Marguerite una persecución constante. Olympe y ella dejaron de verse, y ya comprenderá usted fácilmente por qué.
Je donnai à ma nouvelle maîtresse une voiture, des bijoux, je jouai, je fis enfin toutes les folies propres à un homme amoureux d′ une femme comme Olympe. Le bruit de ma nouvelle passion se répandit aussitôt. Regalé a mi nueva amante un coche y joyas; jugaba; en fin, hice todas las locuras propias de un hombre enamorado de una mujer como Olympe. El rumor de mi nueva pasión se extendió inmediatamente.
Prudence elle -même s′ y laissa prendre et finit par croire que j′ avais complètement oublié Marguerite. Celle -ci, soit qu′ elle et deviné le motif qui me faisait agir, soit qu′ elle se trompât comme les autres, répondait par une grande dignité aux blessures que je lui faisais tous les jours. Seulement elle paraissait souffrir, car partout où je la rencontrais, je la revoyais toujours de plus en plus pâle, de plus en plus triste. Mon amour pour elle, exalté à ce point qu′ il se croyait devenu de la haine, se réjouissait à la vue de cette douleur quotidienne. Plusieurs fois, dans des circonstances où je fus d′ une cruauté infâme, Marguerite leva sur moi des regards si suppliants que je rougissais du rôle que j′ avais pris, et que j′ étais près de lui en demander pardon. Hasta Prudence se dejó engañar y acabó por creer que había olvidado completamente a Marguerite. Esta, bien porque hubiese adivinado el motivo que me impulsaba a obrar, bien porque se equivocara como los demás, respondió con gran dignidad a las heridas que le causaba todos los días. Sólo que ella parecía sufrir; pues, en todas las partes donde me la encontraba, siempre la veía cada vez más pálida, cada vez más triste. Mi amor por ella, exaltado hasta tal punto que se creía convertido en odio, se regocijaba a la vista de aquel dolor cotidiano. Muchas veces, en circunstancias en que fui de una crueldad infame, Marguerite elevó hacia mí miradas tan suplicantes, que enrojecí por el papel que estaba haciendo, y estuve a punto de pedirle perdón.
Mais ces repentirs avaient la durée de l′ éclair et Olympe, qui avait fini par mettre toute espèce d′ amour -propre de côté, et compris qu′ en faisant du mal à Marguerite, elle obtiendrait de moi tout ce qu′ elle voudrait, m′ excitait sans cesse contre elle, et l′ insultait chaque fois qu′ elle en trouvait l′ occasion, avec cette persistante lâcheté de la femme autorisée par un homme. Pero aquellos arrepentimientos tenían la duración del relámpago, y Olympe, que había acabado por dejar de lado toda clase de amor propio y por comprender que haciendo daño a Marguerite obtendría de mí lo que quisiera, me incitaba sin cesar contra ella y la insultaba siempre que se le presentaba la ocasión, con esa persistencia cobarde de la mujer autorizada por un hombre.
Marguerite avait fini par ne plus aller ni au bal, ni au spectacle, dans la crainte de nous y rencontrer, Olympe et moi. Alors les lettres anonymes avaient succédé aux impertinences directes, et il n′ y avait honteuses choses que je n′ engageasse ma maîtresse à raconter et que je ne racontasse moi -même sur Marguerite. Marguerite acabó por no ir más al baile ni al teatro, por miedo a encontrarse con Olympe y conmigo. Entonces las cartas anónimas sucedieron a las impertinencias directas, y no había cosa alguna vergonzosa sobre Marguerite que no animase yo a contar a mi amante o que no contara yo mismo.
Il fallait être fou pour en arriver là. J′ étais comme un homme qui, s′ étant grisé avec du mauvais vin, tombe dans une de ces exaltations nerveuses où la main est capable d′ un crime sans que la pensée y soit pour quelque chose. Au milieu de tout cela, je souffrais le martyre. Le calme sans dédain, la dignité sans mépris, avec lesquels Marguerite répondait à toutes mes attaques, et qui à mes propres yeux la faisaient supérieure à moi, m′ irritaient encore contre elle. Había que estar loco para llegar hasta ahí. Yo estaba como un hombre que, habiéndose emborrachado con vino malo, cae en una de esas exaltaciones nerviosas en que la mano es capaz de cometer un crimen sin que el pensamiento intervenga para nada. En medio de todo aquello, yo sufría un martirio. La calma sin desdén, la dignidad sin desprecio con que Marguerite respondía a todos mis ataques y que a mis propios ojos la hacían superior a mí, me irritaban aún más contra ella.
Un soir, Olympe était allée je ne sais où, et s′ y était rencontrée avec Marguerite, qui cette fois n′ avait pas fait grâce à la sotte fille qui l′ insultait, au point que celle -ci avait été forcée de céder la place. Olympe était rentrée furieuse, et l′ on avait emporté Marguerite évanouie. Una noche Olympe no sé dónde fue y se encontró con Marguerite, que aquella vez no condescendió con la estúpida chica que la insultaba, hasta el punto de que ésta se vio obligada a ceder el sitio. Olympe volvió furiosa, y a Marguerite se la llevaron desmayada.
En rentrant, Olumpe m′ avait raconté ce qui s′ était passé, m′ avait dit que Marguerite, la voyant seule, avait voulu se venger de ce qu′ elle était ma maîtresse, et qu′ il fallait que je lui écrivisse de respecter, moi absent ou non, la femme que j′ aimais. Al volver, Olympe me contó lo que había pasado, me dijo que Marguerite, al verla sola, quiso vengarse de que fuera mi amante, y que yo tenía que escribirle diciéndole que respetase a la mujer que amaba, tanto si estaba yo presente como si no.
Je n′ ai pas besoin de vous dire que j′ y consentis, et que tout ce que je pus trouver d′ amer, de honteux et de cruel, je le mis dans cette épître que j′ envoyai le jour même à son adresse. No necesito decirle que accedí y que le puse en aquella epístola, que envié a su dirección el mismo día, todo lo más amargo, vergonzoso y cruel que pude encontrar.
Cette fois le coup était trop fort pour que la malheureuse le supportât sans rien dire. Esta vez el golpe había sido demasiado fuerte para que la desgraciada pudiera soportarlo sin decir nada.
Je me doutais bien qu′ une réponse allait m′ arriver; aussi étais -je résolu à ne pas sortir de chez moi de tout le jour. No dudaba de que me llegaría una respuesta; así que decidí no salir de casa en todo el día.
Vers deux heures on sonna et je vis entrer Prudence. Hacia las dos llamaron, y vi entrar a Prudence.
J′ essayai de prendre un air indifférent pour lui demander à quoi je devais sa visite; mais ce jour -là Madame Duvernoy n′ était pas rieuse, et d′ un ton sérieusement ému elle me dit que, depuis mon retour, c′ est -à -dire depuis trois semaines environ, je n′ avais pas laissé échapper une occasion de faire de la peine à Marguerite; qu′ elle en était malade, et que la scène de la veille et ma lettre du matin l′ avaient mise dans son lit. Intenté adoptar un aire indiferente para preguntarle a qué debía su visita; pero aquel día la señora Duvernoy no estaba risueña y, en un tono seriamente conmovido, me dijo que desde mi regreso, es decir, desde hacía unas tres semanas, no había dejado escapar una ocasión de hacer sufrir a Marguerite; que estaba enferma, y que la escena del día anterior y mi carta de por la mañana la habían postrado en el lecho.
Bref, sans me faire de reproches, Marguerite m′ envoyait demander grâce, en me faisant dire qu′ elle n′ avait plus la force morale ni la force physique de supporter ce que je lui faisais. En una palabra, sin hacerme reproches, Marguerite enviaba a pedirme gracia, diciéndome que ya no le quedaba fuerza física ni moral para soportar lo que le hacía.
-Que Mademoiselle Gautier, dis -je à Prudence, me congédie de chez elle, c′ est son droit, mais qu′ elle insulte une femme que j′ aime, sous prétexte que cette femme est ma maîtresse, c′ est ce que je ne permettrai jamais. ––La señorita Gautier ––dije a Prudence–– está en su derecho al despedirme de su casa; pero que insulte a la mujer que amo, so pretexto de que esa mujer es mi amante, no lo permitiré jamás.
-Mon ami, me fit Prudence, vous subissez l′ influence d′ une fille sans coeur et sans esprit; vous en êtes amoureux, il est vrai, mais ce n′ est pas une raison pour torturer une femme qui ne peut se défendre. ––Amigo mío ––me dijo Prudence––, está usted sufriendo la influencia de una chica sin corazón ni entendimiento; es verdad que está usted enamorado de ella, pero ésa no es una razón para andar torturando a una mujer que no puede defenderse.
-Que Mademoiselle Gautier m′ envoie son comte de N..., et la partie sera égale. ––Que la señorita Gautier me envíe a su conde de N... y quedará igualada la partida.
-Vous savez bien qu′ elle ne le fera pas. Ainsi, mon cher Armand, laissez -la tranquille; si vous la voyiez, vous auriez honte de la façon dont vous vous conduisez avec elle. Elle est pâle, elle tousse, elle n′ ira pas loin maintenant. ––Bien sabe usted que no lo hará. Así que, querido Armand, déjela tranquila; si la viera usted, le daría vergüenza su forma de comportarse con ella. Está pálida, tose, y ya no llegará muy lejos.
Et Prudence me tendit la main en ajoutant: -Venez la voir, votre visite la rendra bien heureuse. Y Prudence me tendió la mano, añadiendo: ––Vaya a verla, su visita la hará muy feliz.
-Je n′ ai pas envie de rencontrer M De N... ––No tengo ganas de encontrarme con el señor de N...
-M De N... n′ est jamais chez elle. Elle ne peut le souffrir. ––El señor de N... no está nunca en su casa. Ella no puede soportarlo.
-Si Marguerite tient à me voir, elle sait où je demeure, qu′ elle vienne, mais moi je ne mettrai pas les pieds rue d′ Antin. ––Si a Marguerite le interesa verme, sabe dónde vivo; que venga. Lo que es yo, no pondré los pies en la calle de Antin.
-Et vous la recevrez bien? -Parfaitement. ––¿La recibirá usted bien? ––Perfectamente.
-Eh bien, je suis sûre qu′ elle viendra. ––Bueno, pues estoy segura de que vendrá.
-Qu′ elle vienne. ––Que venga.
-Sortirez -vous aujourd′ hui? -Je serai chez moi toute la soirée. ––¿Va a salir hoy? ––Estaré en casa toda la noche.
-Je vais le lui dire. ––Voy a decírselo.
Prudence partit. Prudence se marchó.
Je n′ écrivis même pas à Olympe que je n′ irais pas la voir. Je ne me gênais pas avec cette fille. à peine si je passais une nuit avec elle par semaine. Ni siquiera escribí a Olympe que no iría a verla. No me molestaba por aquella chica. Apenas si pasaba con ella una noche por semana.
Elle s′ en consolait, je crois, avec un acteur de je ne sais quel théâtre du boulevard. Creo que se consolaba con un actor de no sé qué teatro del bulevar.
Je sortis pour dîner et je rentrai presque immédiatement. Je fis faire du feu partout et je donnai congé à Joseph. Salí a cenar y regresé casi inmediatamente. Mandé encender fuego en todas partes y dije a Joseph que se fuera.
Je ne pourrais pas vous rendre compte des impressions diverses qui m′ agitèrent pendant une heure d′ attente; mais, lorsque vers neuf heures j′ entendis sonner, elles se résumèrent en une émotion telle, qu′ en allant ouvrir la porte je fus forcé de m′ appuyer contre le mur pour ne pas tomber. No podría darle cuenta de las diversas impresiones que me agitaron durante una hors de espera: pero, cuando hacia las nueve oí llamar, se resumieron en una emoción tal, que al ir a abrir la puerta me vi obligado a apoyarme contra la pared para no caer.
Heureusement l′ antichambre était dans la demi -teinte, et l′ altération de mes traits étaient moins visible. Por suerte la antesala estaba en semipenumbra, y era menos visible la alteración de mis facciones.
Marguerite entra. Entró Marguerite.
Elle était tout en noir et voilée. à peine si je reconnaissais son visage sous la dentelle. Iba toda vestida de negro y con velo. Apenas si reconocí su rostro bajo el encaje.
Elle passa dans le salon et releva son voile. Pasó al salón y se levantó el velo.
Elle était pâle comme le marbre. Estaba pálida como el mármol.
-Me voici, Armand, dit -elle; vous avez désiré me voir, je suis venue. ––Aquí estoy, Armand ––dijo––. Deseaba usted verme y he venido.
Et laissant tomber sa tête dans ses deux mains, elle fondit en larmes. Y, dejando caer la cabeza entre las manos, se deshizo en lágrimas.
Je m′ approchai d′ elle. Me acerqué a ella.
-Qu′ avez -vous, lui dis -je d′ une voix altérée. ––¿Qué le pasa? ––le dije con voz alterada.
Elle me serra la main sans me répondre, car les larmes voilaient encore sa voix. Mais quelques instants après, ayant repris un peu de calme, elle me dit: -Vous m′ avez fait bien du mal, Armand, et moi je ne vous ai rien fait. Me estrechó la mano sin responderme, pues las lágrimas velaban aún su voz. Pero unos instantes después, habiendo recobrado un poco de calma, me dijo: ––Me ha hecho usted mucho daño, Armand, y yo no le he hecho nada.
-Rien? Répliquai -je avec un sourire amer. ––¿Nada? ––repliqué con una amarga sonrisa.
-Rien que ce que les circonstances m′ ont forcée à vous faire. ––Nada que las circunstancias no me hayan obligado a hacerle.
Je ne sais pas si de votre vie vous avez éprouvé ou si vous éprouverez jamais ce que je ressentais à la vue de Marguerite. No sé si en toda su vida habrá experimentado o experimentará usted alguna vez lo que sentía yo en presencia de Marguerite.
La dernière fois qu′ elle était venue chez moi, elle s′ était assise à la place où elle venait de s′ asseoir; seulement, depuis cette époque, elle avait été la maîtresse d′ un autre; d′ autres baisers que les miens avaient touché ses lèvres, auxquelles, malgré moi, tendaient les miennes, et pourtant je sentais que j′ aimais cette femme autant et peut -être plus que je ne l′ avais jamais aimée. La última vez que vino a mi casa se sentó en el mismo sitio en que acababa de sentarse; sólo que después de aquella época ella había sido la amante de otro; otros besos distintos de los míos habían tocado sus labios, hacia los que sin querer tendían los míos, y sin embargo sentía que quería a aquella mujer tanto o quizá más que nunca la había querido.
Cependant il était difficile pour moi d′ entamer la conversation sur le sujet qui l′ amenait. No obstante, me resultaba difícil entablar conversación sobre el asunto que la traía. Marguerite lo comprendió sin duda, pues prosiguió:
Marguerite le comprit sans doute, car elle reprit: -Je viens vous ennuyer, Armand, parce que j′ ai deux choses à vous demander: pardon de ce que j′ ai dit hier à Mademoiselle Olympe, et grâce de ce que vous êtes peut -être prêt à me faire encore. Volontairement ou non, depuis votre retour, vous m′ avez fait tant de mal, que je serais incapable maintenant de supporter le quart des émotions que j′ ai supportées jusqu′ à ce matin. ––Vengo a molestarlo, Armand, porque tengo que pedirle dos cosas: perdón por lo que dije ayer a la señorita Olympe, y gracia para lo que quizá está dispuesto a hacerme todavía. Voluntariamente o no, desde su regreso me ha hecho usted tanto daño, que ahora sería incapaz de soportar la cuarta parte de las emociones que he soportado hasta esta mañana.
Vous aurez pitié de moi, n′ est -ce pas? Et vous comprendrez qu′ il y a pour un homme de coeur de plus nobles choses à faire que de se venger d′ une femme malade et triste comme je le suis. Tenez, prenez ma main. J′ ai la fièvre, j′ ai quitté mon lit pour venir vous demander, non pas votre amitié, mais votre indifférence. Tendrá usted piedad de mí, ¿verdad?, y comprenderá que para un hombre de corazón hay cosas más nobles que hacer que vengarse de una mujer enferma y triste como yo. Mire, coja mi mano. Tengo fiebre, me he levantado de la cama para venir a pedirle no su amistad, sino su indiferencia.
En effet, je pris la main de Marguerite. Elle était brlante, et la pauvre femme frissonnait sous son manteau de velours. En efecto, cogí la mano de Marguerite. Estaba ardiendo, y la pobre mujer se estremecía bajo su abrigo de terciopelo.
Je roulai auprès du feu le fauteuil dans lequel elle était assise. Arrastré al lado del fuego el sillón en que estaba sentada.
-Croyez -vous donc que je n′ ai pas souffert, repris -je, la nuit où, après vous avoir attendue à la campagne, je suis venu vous chercher à Paris, où je n′ ai trouvé que cette lettre qui a failli me rendre fou? Comment avez -vous pu me tromper, Marguerite, moi qui vous aimais tant! -Ne parlons pas de cela, Armand, je ne suis pas venue pour en parler. J′ ai voulu vous voir autrement qu′ en ennemi, voilà tout, et j′ ai voulu vous serrer encore une fois la main. Vous avez une maîtresse jeune, jolie, que vous aimez, dit -on: soyez heureux avec elle et oubliez -moi. ––¿Cree que yo no sufrí ––repuse–– la noche en que, después de haberla esperado en el campo, vine a buscarla a París, donde no encontré más que aquella carta que estuvo a punto de volverme loco? ¡Cómo pudo engañarme, Marguerite, a mí que tanto la quería! ––No hablemos de eso, Armand; no he venido a hablar de ello. He querido verlo no como enemigo, eso es todo, y he querido estrecharle la mano una vez más. Tiene usted una amante joven, bonita, y según dicen la ama: sea feliz con ella y olvídeme.
-Et vous, vous êtes heureuse, sans doute? -Ai -je le visage d′ une femme heureuse, Armand? Ne raillez pas ma douleur, vous qui savez mieux que personne quelles en sont la cause et l′ étendue. ––¿Y usted? Sin duda es usted feliz ––¿Tengo cara de mujer feliz, Armand? No se burle de mi dolor, usted que sabe mejor que nadie cuál es su causa y su alcance.
-Il ne dépendait que de vous de n′ être jamais malheureuse; si toutefois vous l′ êtes comme vous le dites. ––Sólo de usted dependía no ser nunca desgraciada, si es que lo es como dice.
-Non, mon ami, les circonstances ont été plus fortes que ma volonté. J′ ai obéi, non pas à mes instincts de fille, comme vous paraissez le dire, mais à une nécessité sérieuse et à des raisons que vous saurez un jour, et qui vous feront me pardonner. ––No, amigo mío, no; las circunstancias han sido más fuertes que mi voluntad. No he obedecido a mis instintos de chica de la calle, como usted parece decir, sino a una necesidad seria y a razones que usted sabrá algún día y que entonces harán que me perdone.
-Pourquoi ne me dites -vous pas ces raisons aujourd′ hui? -Parce qu′ elles ne rétabliraient pas un rapprochement impossible entre nous, et qu′ elles vous éloigneraient peut -être de gens dont vous ne devez pas vous éloigner. ––¿Por qué no me dice hoy qué razones son ésas? ––Porque no restablecerían un acercamiento, imposible entre nosotros, y quizá lo alejarían a usted de personas de quienes no debe alejarse.
-Quelles sont ces gens? -Je ne puis vous le dire. ––¿Quiénes son esas personas? + ––No puedo decírselo.
-Alors, vous mentez. ––Entonces es que miente.
Marguerite se leva et se dirigea vers la porte. Marguerite sé levantó y, se dirigió hacia la puerta.
Je ne pouvais assister à cette muette et expressive douleur sans en être ému, quand je comparais en moi -même cette femme pâle et pleurante à cette fille folle qui s′ était moquée de moi à l′ opéra -comique. Yo no podía asistir a aquel mudo y expresivo dolor sin conmoverme, al comparar interiormente a aquella mujer pálida y llorosa con la chica alocada que se había burlado de mí en la Opera Cómica.
-Vous ne vous en irez pas, dis -je en me mettant devant la porte. ––No se irá ––dije, poniéndome delante de la puerta.
-Pourquoi? -Parce que, malgré ce que tu m′ as fait, je t′ aime toujours et que je veux te garder ici. ––¿Por qué? ––Porque, a pesar de lo que me has hecho, te sigo queriendo y quiero que te quedes aquí.
-Pour me chasser demain, n′ est -ce pas? Non, c′ est impossible! Nos deux destinées sont séparées, n′ essayons pas de les réunir; vous me mépriseriez peut -être, tandis que maintenant vous ne pouvez que me ha ––Para echarme mañana, ¿no es eso? ¡No, es imposible! Nuestros dos destinos se han separado: no intentemos unirlos de nuevo. Quizá me despreciaría usted, mientras que ahora sólo puede odiarme.
-Non, Marguerite, m′ écriai -je en sentant tout mon amour et tous mes désirs se réveiller au contact de cette femme. Non, j′ oublierai tout, et nous serons heureux comme nous nous étions promis de l′ être. ––No, Marguerite ––grité, sintiendo despertarse todo mi amor y mis deseos al contacto con aquella mujer––. No, lo olvidaré todo y seremos tan felices como nos habíamos prometido serlo.
Marguerite secoua la tête en signe de doute, et dit: -Ne suis -je pas votre esclave, votre chien? Faites de moi ce que vous voudrez, prenez -moi, je suis à vous. Marguerite sacudió la cabeza en señal de duda y dijo: ––¿No soy su esclava, su perro? Haga conmigo lo que quiera; tómeme, soy suya.
Et ôtant son manteau et son chapeau, elle les jeta sur le canapé et se mit à dégrafer brusquement le corsage de sa robe, car, par une de ces réactions si fréquentes de sa maladie, le sang lui montait du coeur à la tête et l′ étouffait. Y, quitándose el abrigo y el sombrero, los arrojó sobre el canapé y empezó a desabrocharse bruscamente el corpiño de su vestido, pues, por una de eras reacciones tan frecuentes en su enfermedad, la sangre se le agolpaba del corazón a la cabeza y la ahogaba.
Une toux sèche et rauque s′ ensuivit. Siguió una tos seca y ronca.
-Faites dire à mon cocher, reprit -elle, de reconduire ma voiture. ––Mande a decir a mi cochero ––prosiguió–– que se lleve el coche.
Je descendis moi -même congédier cet homme. Bajé yo mismo a despedir a aquel hombre.
Quand je rentrai, Marguerite était étendue devant le feu, et ses dents claquaient de froid. Cuando volví, Marguerite estaba tendida ante el fuego y sus dientes castañeteaban de frío.
Je la pris dans mes bras, je la déshabillai sans qu′ elle fît un mouvement, et je la portai toute glacée dans mon lit. La tomé entre mis brazos, la desnudé sin que hiciera un movimiento y la llevé completamente helada a mi cama.
Alors je m′ assis auprès d′ elle et j′ essayai de la réchauffer sous mes caresses. Elle ne me disait pas une parole, mais elle me souriait. Entonces me senté a su lado a intenté hacerla entrar en calor con mis caricias. No me decía una palabra, pero me sonreía.
Oh! Ce fut une nuit étrange. Toute la vie de Marguerite semblait être passée dans les baisers dont elle me couvrait, et je l′ aimais tant, qu′ au milieu des transports de son amour fiévreux, je me demandais si je n′ allais pas la tuer pour qu′ elle n′ appartînt jamais à un autre. ¡Oh, fue aquélla una noche extraña! Toda la vida de Marguerite parecía haberse concentrado en los besos de que me cubría, y yo la amaba tanto, que, en medio de los transportes de su amor febril, me preguntaba si no iba a matarla para que no perteneciera nunca a otro.
Un mois d′ un amour comme celui -là, et de corps comme de coeur, on ne serait plus qu′ un cadavre. Un mes de un amor como aquél, y, de cuerpo como de corazón, quedaría reducido uno a un cadáver.
Le jour nous trouva éveillés tous deux. El día nos sorprendió a los dos despiertos.
Marguerite était livide. Elle ne disait pas une parole. De grosses larmes coulaient de temps en temps de ses yeux et s′ arrêtaient sur sa joue, brillantes comme des diamants. Ses bras épuisés s′ ouvraient de temps en temps pour me saisir, et retombaient sans force sur le lit. Marguerite estaba lívida. No decía una palabra. Gruesas lágrimas corrían de cuando en cuando de sus ojos y se detenían en su mejilla, brillando como diamantes. Sus brazos agotados se abrían de cuando en cuando para abrazarme, y volvían a caer sin fuerza sobre el lecho.
Un moment je crus que je pourrais oublier ce qui s′ était passé depuis mon départ de Bougival, et je dis à Marguerite: -Veux -tu que nous partions, que nous quittions Paris? -Non, non, me dit -elle presque avec effroi, nous serions trop malheureux, je ne puis plus servir à ton bonheur, mais tant qu′ il me restera un souffle, je serai l′ esclave de tes caprices. à quelque heure du jour ou de la nuit que tu me veuilles, viens, je serai à toi; mais n′ associe plus ton avenir au mien, tu serais trop malheureux et tu me rendrais trop malheureuse. Por un momento creí que podría olvidar lo que había pasado desde que me marché de Bougival, y dije a Marguerite: ––¿Quieres que nor vayamos, que dejemos París? ––No, no ––me dijo casi con espanto––, seríamos muy desgraciados; yo ya no puedo valer para hacerte feliz, pero mientras me quede un soplo de vida seré la esclava de tus caprichos. A cualquier hora del día o de la noche que me desees, ven y seré tuya; pero no asocies más tu futuro con el mío: serías muy desgraciado y me harías muy desgraciada.
Je suis encore pour quelque temps une jolie fille, profites -en, mais ne me demande pas autre chose. Aún seré por algún tiempo una chica bonita: aprovéchate, pero no me pidas más.
Quand elle fut partie, je fus épouvanté de la solitude dans laquelle elle me laissait. Deux heures après son départ, j′ étais encore assis sur le lit qu′ elle venait de quitter, regardant l′ oreiller qui gardait les plis de sa forme, et me demandant ce que j′ allais devenir entre mon amour et ma jalousie. Cuando se marchó, me quedé espantado al ver la soledad en que me dejaba. Dos horas después de su marcha aún estaba sentado en la cama que ella acababa de abandonar, mirando el almohadón que conservaba los pliegues de su forma y preguntándome qué sería de mí entre mi amor y mis celos.
Á cinq heures, sans savoir ce que j′ y allais faire, je me rendis rue d′ Antin. A las cinco, sin saber lo que iba a hacer allí, me dirigí a la calle de Antin.
Ce fut Nanine qui m′ ouvrit. Me abrió Nanine.
-Madame ne peut pas vous recevoir, me dit -elle avec embarras. La señora no puede recibirlo ––me dijo, confusa.
-Pourquoi? -Parce que m le comte de N... est là, et qu′ il a entendu que je ne laisse entrer personne. ––¿Por qué? ––Porque el señor conde de N... está aquí y ha dicho que no deje entrar a nadie..
-C′ est juste, balbutiai -je, j′ avais oublié. ––Es natural ––balbuc햖, lo había olvidado.
Je rentrai chez moi comme un homme ivre, et savez -vous ce que je fis pendant la minute de délire jaloux qui suffisait à l′ action honteuse que j′ allais commettre, savez -vous ce que je fis? Je me dis que cette femme se moquait de moi, je me la représentais dans son tête -à -tête inviolable avec le comte, répétant les mêmes mots qu′ elle m′ avait dits la nuit, et prenant un billet de cinq cents francs, je le lui envoyai avec ces mots: " vous êtes partie si vite ce matin, que j′ ai " oublié de vous payer. Volví a mi casa como un borracho, y ¿sabe lo que hice durante el minuto de delirio celoso que bastó para la acción vergonzosa que iba a cometer? ¿Sabe lo que hice? Me dije que aquella mujer estaba burlándose de mí, me la imaginaba en su tete-à-tête inviolable con el conde, repitiendo las mismas palabras que me había dicho por la noche, y, cogiendo un billete de quinientos francos, se lo envié con estas palabras. «Se ha ido usted tan de prisa esta mañana, que olvidé pagarle.
" voici le prix de votre nuit. " puis, quand cette lettre fut portée, je sortis comme pour me soustraire au remords instantané de cette infamie. Ahí tiene el precio de su noche.» Luego, cuando hube enviado la carta, salí como para sustraerme a los remordimientos instantáneos de aquella infamia.
J′ allai chez Olympe, que je trouvai essayant des robes, et qui, lorsque nous fmes seuls, me chanta des obscénités pour me distraire. Fui a casa de Olympe, a quien encontré probándose vestidos, y que, en cuanto estuvimos solos, me cantó obscenidades para distraerme.
Celle -là était bien le type de la courtisane sans honte, sans coeur et sans esprit, pour moi du moins, car peut -être un homme avait -il fait avec elle le rêve que j′ avais fait avec Marguerite. Era ella el tipo perfecto de cortesana sin vergüenza, sin corazón y sin entendimiento, al menos para mí, pues quizá algún hombre había soñado con ella como yo con Marguerite.
Elle me demanda de l′ argent, je lui en donnai, et libre alors de m′ en aller, je rentrai chez moi. Me pidió dinero, se lo di y, libre entonces de irme, volví a mi casa.
Marguerite ne m′ avait pas répondu. Marguerite no me había contestado.
Il est inutile que je vous dise dans quelle agitation je passai la journée du lendemain. Es inútil que le diga en qué estado de agitación pasé el día siguiente.
Á six heures et demie, un commissionnaire apporta une enveloppe contenant ma lettre et le billet de cinq cents francs, pas un mot de plus. A las seis y media un recadero trajo un sobre que contenía mi carta y el billete de quinientos francos: ni una palabra más.
-Qui vous a remis cela? Dis -je à cet homme. ––¿Quién le ha entregado esto? ––Dije a aquel hombre.
-Une dame qui partait avec sa femme de chambre dans la malle de Boulogne, et qui m′ a recommandé de ne l′ apporter que lorsque la voiture serait hors de la cour. ––Una señora que ha subido con su doncella en el correo de Boulogne y que me ha encargado que no la trajera hasta que el coche estuviera fuera del patio.
Je courus chez Marguerite. Corrí a casa de Marguerite.
-Madame est partie pour l′ Angleterre aujourd′ hui à six heures, me répondit le portier. ––La señora se ha ido a Inglaterra hoy a las seis ––me respondió el portero.
Rien ne me retenait plus à Paris, ni haine ni amour. J′ étais épuisé par toutes ces secousses. Nada me retenía ya en París, ni odio ni amor. Estaba agotado por todas aquellas conmociones.
Un de mes amis allait faire un voyage en Orient; j′ allai dire à mon père le désir que j′ avais de l′ accompagner; mon père me donna des traites, des recommandations, et huit ou dix jours après je m′ embarquai à Marseille. Un amigo mío iba a hacer un viaje a Oriente; fui a decir a mi padre que deseaba acompañarlo; mi padre me dio camas de crédito y recomendaciones, y ocho o diez días después me embarqué en Marsella.
Ce fut à Alexandrie que j′ appris par un attaché de l′ ambassade, que j′ avais vu quelquefois chez Marguerite, la maladie de la pauvre fille. Fue en Alejandría, por medio de un agregado de la embajada a quien había visto alguna vez en casa de Marguerite, donde me enteré de la enfermedad de la pobre chica.
Je lui écrivis alors la lettre à laquelle elle a fait la réponse que vous connaissez et que je reçus à Toulon. Le escribí entonces la carta cuya contestación conoce usted, y que recibí en Toulon.
Je partis aussitôt et vous savez le reste. Salí en seguida, y el resto ya lo sabe usted.
Maintenant, il ne vous reste plus qu′ à lire les quelques feuilles que Julie Duprat m′ a remises et qui sont le complément indispensable de ce que je viens de vous raconter. Ahora ya no le queda más que leer las pocas hojas que Julie Duprat me ha enviado y que son el complemento indispensable de lo que acabo de contarle.







CHAPITRE XXV

Capítulo XXV

Armand, fatigué de ce long récit souvent interrompu par ses larmes, posa ses deux mains sur son front et ferma les yeux, soit pour penser, soit pour essayer de dormir, après m′ avoir donné les pages écrites de la main de Marguerite. Armand, cansado por este extenso relato interrumpido menudo por sus lágrimas, se llevó las dos manos a la frente cerró los ojos, ya fuera para pensar o ya para intentar dormir, después de darme las páginas escritas de puño y letra de Marguerite.
Quelques instants après, une respiration un peu plus rapide me prouvait qu′ Armand dormait, mais de ce sommeil léger que le moindre bruit fait envoler. Unos instantes después una respiración un poco más rápida me indicaba que Armand dormía, pero con ese sueño ligero que el menor ruido hace desaparecer.
Voici ce que je lus, et que je transcris sans ajouter ni retrancher aucune syllabe: " c′ est aujourd′ hui le 15 décembre. Je suis souffrante depuis trois ou quatre jours. Ce matin j′ ai pris le lit; le temps est sombre, je suis triste; personne n′ est auprès de moi, je pense à vous, Armand. Et vous, où êtes -vous à l′ heure où j′ écris ces lignes? Loin de Paris, bien loin, m′ a -t -on dit, et peut -être avez -vous déjà oublié Marguerite. Enfin, soyez heureux, vous à qui je dois les seuls moments de joie de ma vie. Esto es lo que leí, y lo transcribo sin añadir ni quitar ninguna sílaba: Hoy estamos a 15 de diciembre. Hace tres o cuatro días que no me siento bien. Esta mañana me he quedado en la cama; el tiempo está sombrío, yo estoy triste; no tengo a nadie junto a mí y pienso en usted, Armand. Y usted, ¿dónde está usted en el momento en que escribo estas líneas? Me han dicho que lejos de París, muy lejos, y quizá ya haya olvidado a Marguerite. En fin, sea feliz, usted, a quien debo los únicos momentos alegres de mi vida.
" je n′ avais pu résister au désir de vous donner l′ explication de ma conduite, et je vous avais écrit une lettre; mais écrite par une fille comme moi, une pareille lettre peut être regardée comme un mensonge, à moins que la mort ne la sanctifie de son autorité, et qu′ au lieu d′ être une lettre, elle ne soit une confession. No pude resistir el deseo de darle una explicación de mi conducta, y le escribí una carta; pero, escrita por una chica como yo, tal carta puede parecer una mentira, a no ser que la muerte la santifique con su autoridad y que en vez de ser una carta sea una confesión.
" aujourd′ hui, je suis malade; je puis mourir de cette maladie, car j′ ai toujours eu le pressentiment que je mourrais jeune. Ma mère est morte de la poitrine, et la façon dont j′ ai vécu jusqu′ à présent n′ a pu qu′ empirer cette affection, le seul héritage qu′ elle m′ ait laissé; mais je ne veux pas mourir sans que vous sachiez bien à quoi vous en tenir sur moi, si toutefois, lorsque vous reviendrez, vous vous inquiétez encore de la pauvre fille que vous aimiez avant de partir. Hoy esto; enferma; puedo morir de esta enfermedad, pues siempre he tenido el presentimiento de que moriría joven. Mi madre murió enferma del pecho, y mi forma de vivir hasta el presente no ha podido sino empeorar esa afección, la única herencia que me dejó; pero no quiero morir sin que sepa usted a qué atenerse respecto a mí, si es que, cuando regrese, aún se preocupa por la pobre chica a quien tanto quería antes de marcharse.
" voici ce que contenait cette lettre, que je serai heureuse de récrire, pour me donner une nouvelle preuve de ma justification: " vous vous rappelez, Armand, comment l′ arrivée de votre père nous surprit à Bougival; vous vous souvenez de la terreur involontaire que cette arrivée me causa, de la scène qui eut lieu entre vous et lui et que vous me racontâtes le soir. He aquí lo que contenía aquella carta, que me sentiría feliz de volver a escribir para darme una nueva prueba de mi justificación: Recordará usted, Armand, cómo la llegada de su padre nos sorprendió en Bougival; se acordará del terror involuntario que aquella llegada me causó, de la escena que tuvo lugar entre usted y él y que usted me contó por la noche.
" le lendemain, pendant que vous étiez à Paris et que vous attendiez votre père qui ne rentrait pas, un homme se présentait chez moi, et me remettait une lettre de M Duval. Al día siguiente, mientras estaba usted en París esperando a su padre, que no volvía, se presentó un hombre en mi casa y me entregó una carta del señor Duval.
" cette lettre, que je joins à celle -ci, me priait, dans les termes les plus graves, de vous éloigner le lendemain sous un prétexte quelconque et de recevoir votre père; il avait à me parler et me recommandait surtout de ne vous rien dire de sa démarche. Aquella carta, que adjunto a ésta, me rogaba en los términos más solemnes que lo alejara a usted al día siguiente con cualquier pretexto y que recibiera a su padre; tenía que hablar conmigo y me recomendaba sobre todo que no le dijera a usted nada de su petición.
" vous savez avec quelle insistance je vous conseillai à votre retour d′ aller de nouveau à Paris le lendemain. Ya sabe con qué insistencia le aconsejé a su vuelta que fuera otra vez a París al día siguiente.
" vous étiez parti depuis une heure quand votre père se présenta. Je vous fais grâce de l′ impression que me causa son visage sévère. Votre père était imbu des vieilles théories, qui veulent que toute courtisane soit un être sans coeur, sans raison, une espèce de machine à prendre de l′ or, toujours prête, comme les machines de fer, à broyer la main qui lui tend quelque chose, et à déchirer sans pitié, sans discernement celui qui la fait vivre et agir. Hacía una hora que se había marchado usted cuando se presentó su padre. Excuso decirle la impresión que me causó su rostro severo. Su padre estaba imbuido de las vagas teorías, que quieren que toda cortesana sea un ser sin corazón, sin razón, una especie de máquina de coger oro, siempre dispuesta, como las máquinas de hierro, a triturar la mano que le tiende algo y a desgarrar sin piedad, sin discernimiento, al que la hace vivir y actuar.
" votre père m′ avait écrit une lettre très convenable pour que je consentisse à le recevoir; il ne se présenta pas tout à fait comme il avait écrit. Il y eut assez de hauteur, d′ impertinence et même de menaces, dans ses premières paroles, pour que je lui fisse comprendre que j′ étais chez moi et que je n′ avais de compte à lui rendre de ma vie qu′ à cause de la sincère affection que j′ avais pour son fils. Su padre me escribió una carta muy correcta para que yo accediera a recibirlo; no se presentó en absoluto como había escrito. Hubo en sus primeras palabras la suficiente altanería, impertinencia a incluso amenazas para que yo le hiciera comprender que estaba en mi casa y que no tenía por qué darle cuenta de mi vida, a no ser por el sincero afecto que sentía por su hijo.
" M Duval se calma un peu, et se mit cependant à me dire qu′ il ne pouvait souffrir plus longtemps que son fils se ruinât pour moi; que j′ étais belle, il est vrai, mais que, si belle que je fusse, je ne devais pas me servir de ma beauté pour perdre l′ avenir d′ un jeune homme par des dépenses comme celles que je faisais. El señor Duval se calmó un poco, y con todo se puso a decirme que no podía sufrir por más tiempo que su h o se arruinará por mí; que yo era hermosa, cierto, pero que por hermosa que fuese no debía servirme de mi hermosura para echar a perder el porvenir de un joven con gastos como los que yo tenía.
" à cela, il n′ y avait qu′ une chose à répondre, n′ est -ce pas? C′ était de montrer les preuves que depuis que j′ étais votre maîtresse, aucun sacrifice ne m′ avait coté pour vous rester fidèle sans vous demander plus d′ argent que vous ne pouviez en donner. Je montrai les reconnaissances du mont -de -piété, les reçus des gens à qui j′ avais vendu les objets que je n′ avais pu engager, je fis part à votre père de ma résolution de me défaire de mon mobilier pour payer mes dettes, et pour vivre avec vous sans vous être une charge trop lourde. Je lui racontai notre bonheur, la révélation que vous m′ aviez donnée d′ une vie plus tranquille et plus heureuse, et il finit par se rendre à l′ évidence, et me tendre la main, en me demandant pardon de la façon dont il s′ était présenté d′ abord. A eso no había más que una cosa que responder, ¿verdad?, y era enseñar las pruebas de que desde que era su amante no me había costado ningún sacrificio serle fiel sin pedirle más dinero del que pudiera darme. Le enseñé las papeletas del Monte de Piedad, los recibos de las personas a quienes había vendido los objetos que no pude empeñar y participé a su padre mi decisión de deshacerme de mi mobiliario para pagar mis deudas y para vivir con usted sin serle una carga demasiado pesada. Le conté nuestra felicidad, la revelación que usted me había hecho de una vida más tranquila y más dichosa, y acabó por rendirse a la evidencia y tenderme la mano, pidiéndome perdón por su forma de presentarse al principio.
" puis il me dit: " -alors, madame, ce n′ est plus par des remontrances et des menaces, mais par des prières, que j′ essayerai d′ obtenir de vous un sacrifice plus grand que tous ceux que vous avez encore faits pour mon fils. Luego me dijo: –Entonces, señora, no será con reprensiones ni amenazas, sino con súplicas, como intentaré obtener de usted un sacrificio más grande que todos los que ha hecho hasta ahora por mi hijo.
" je tremblai à ce préambule. Me eché a temblar ante aquel preámbulo.
" votre père se rapprocha de moi, me prit les deux mains et continua d′ un ton affectueux: " -mon enfant, ne prenez pas en mauvaise part ce que je vais vous dire; comprenez seulement que la vie a parfois des nécessités cruelles pour le coeur, mais qu′ il faut s′ y soumettre. Vous êtes bonne, et votre âme a des générosités inconnues à bien des femmes qui peut -être vous méprisent et ne vous valent pas. Mais songez qu′ à côté de la maîtresse il y a la famille; qu′ outre l′ amour il y a les devoirs; qu′ à l′ âge des passions succède l′ âge où l′ homme, pour être respecté, a besoin d′ être solidement assis dans une position sérieuse. Mon fils n′ a pas de fortune, et cependant il est prêt à vous abandonner l′ héritage de sa mère. S′ il acceptait de vous le sacrifice que vous êtes sur le point de faire, il serait de son honneur et de sa dignité de vous faire en échange cet abandon qui vous mettrait toujours à l′ abri d′ une adversité complète. Mais ce sacrifice, il ne peut l′ accepter, parce que le monde, qui ne vous connaît pas, donnerait à ce consentement une cause déloyale qui ne doit pas atteindre le nom que nous portons. On ne regarderait pas si Armand vous aime, si vous l′ aimez, si ce double amour est un bonheur pour lui et une réhabilitation pour vous; on ne verrait qu′ une chose, c′ est qu′ Armand Duval a souffert qu′ une fille entretenue, pardonnez -moi, mon enfant, tout ce que je suis forcé de vous dire, vendît pour lui ce qu′ elle possédait. Puis le jour des reproches et des regrets arriverait, soyez -en sre, pour vous comme pour les autres, et vous porteriez tous deux une chaîne que vous ne pourriez briser. Su padre se acercó a mí, me cogió las dos manos y continuó en tono afectuoso: –Hija mía, no me tome a mal lo que voy a decirle; comprenda solamente que la vida tiene a veces necesidades crueles para el corazón, pero a las que hay que someterse. Es usted buena, y hay en su alma generosidades desconocidas de muchas mujeres que quizá la desprecian y no valen lo que usted. Pero piense que al lado de la amante está la familia; que más allá del amor están los deberes; que a la edad de las pasiones sucede la edad en que el hombre, para ser respetado, necesita estar sólidamente asentado en una posición seria. Mi hijo no tiene fortuna, y sin embargo está dispuesto a cederle la herencia de su madre. Si él aceptara el sacrificio que está usted a punto de hacer, sería para él un motivo de honor y dignidad el hacerle a usted a cambio esa cesión que la pondría para siempre al abrigo de una adversidad completa. Pero él no puede aceptar ese sacrificio, porque el mundo, que no la conoce, atribuiría a ese consentimiento una causa desleal que no debe alcanzar al nombre que llevamos. No mirarían si Armand la ama ni si usted lo ama a él, si ese doble amor es una felicidad para él y una rehabilitación para usted; no verían más que una coca: que Armand Duval ha permitido que una entretenida, y perdóneme, hija mía, lo que me veo obligado a decirle, vendiera para él todo lo que poseía. Luego llegaría el día de los reproches y las lamentaciones, puede estar segura, para usted como para los demás, y arrastrarían los dos una cadena que no podrían romper.
Que feriez -vous alors? Votre jeunesse serait perdue, l′ avenir de mon fils serait détruit; et moi, son père, je n′ aurais que de l′ un de mes enfants la récompense que j′ attends des deux. ¿Qué harían entonces? Usted habría perdido su juventud, el porvenir de mi hijo estaría destruido, y yo, su padre, sólo tendría de uno de mis h os la recompensa que espero de los dos.
" vous êtes jeune, vous êtes belle, la vie vous consolera; vous êtes noble, et le souvenir d′ une bonne action rachètera pour vous bien des choses passées. Depuis six mois qu′ il vous connaît, Armand m′ oublie. Quatre fois je lui ai écrit sans qu′ il songeât une fois à me répondre. J′ aurais pu mourir sans qu′ il le st! " quelle que soit votre résolution de vivre autrement que vous n′ avez vécu, Armand qui vous aime ne consentira pas à la réclusion à laquelle sa modeste position vous condamnerait, et qui n′ est pas faite pour votre beauté. Qui sait ce qu′ il ferait alors! Il a joué, je l′ ai su; sans vous en rien dire, je le sais encore; mais, dans un moment d′ ivresse, il et pu perdre une partie de ce que j′ amasse, depuis bien des années, pour la dot de ma fille, pour lui, et pour la tranquillité de mes vieux jours. Ce qui et pu arriver peut arriver encore. »Es usted joven y hermosa, la vida la consolará; es usted noble, y el recuerdo de una buena acción la redimirá de muchas cocas pasadas. Desde hace seis meses que la conoce, Armand me ha olvidado. Le he escrito cuatro veces, y no ha pensado ni una vez en contestarme. ¡Hubiera podido morirme sin que lo supiera! »Cualquiera que sea su decisión de vivir de un modo distinto a como ha vivido hasta ahora, Armand, que la ama, no se resignará a la reclusión a que la condenará su modesta posición y que no está hecha para su belleza. ¡Quién sabe lo que haría entonces! Sé que ha jugado; sé también que no le ha dicho nada a usted; pero, en un momento de embriaguez, hubiera podido perder una parte de lo que yo he ido reuniendo desde hace muchos años para la dote de mi hija, para él y para la tranquilidad de mi vejez. Lo que pudo ocurrir puede ocurrir todavía.
" êtes -vous sûre en outre que la vie que vous quitteriez pour lui ne vous attirerait pas de nouveau? êtes -vous sre, vous qui l′ avez aimé, de n′ en point aimer un autre? Ne souffrirez -vous pas enfin des entraves que votre liaison mettra dans la vie de votre amant, et dont vous ne pourrez peut -être pas le consoler, si, avec l′ âge, des idées d′ ambition succèdent à des rêves d′ amour? Réfléchissez à tout cela, madame: vous aimez Armand, prouvez -le -lui par le seul moyen qui vous reste de le lui prouver encore: en faisant à son avenir le sacrifice de votre amour. Aucun malheur n′ est encore arrivé, mais il en arriverait, et peut -être de plus grands que ceux que je prévois. Armand peut devenir jaloux d′ un homme qui vous a aimée; il peut le provoquer, il peut se battre, il peut être tué enfin, et songez à ce que vous souffririez devant ce père qui vous demanderait compte de la vie de son fils. »Además, ¿está usted segura de que no la atraerá de nuevo la vida que dejaría por él? ¿Está segura, usted que lo ha amado, de no amar a otro? Y, en fin, ¿no sufrirá usted con las trabas que su relación pondrá a la vida de su amante, de las que quizá no pueda consolarlo, si, con la edad, a los sueños de amor suceden ideas de ambición? Reflexione sobre todo esto, señora; usted ama a Armand; demuéstreselo con el único medio que aún le queda de demostrárselo: sacrificando su amor por el futuro de él. Todavía no ha ocurrido ninguna desgracia, pero ocurrirá, y quizá mayor de lo que preveo. Armand puede ponerse celoso de algún hombre que la haya amado; puede provocarlo, puede batirse, puede morir en fin, y piense en lo que sufriría usted ante este padre que le pediría cuentas de la vida de su hijo.
" enfin, mon enfant, sachez tout, car je ne vous ai pas tout dit, sachez donc ce qui m′ amenait à Paris. J′ ai une fille, je viens de vous le dire, jeune, belle, pure comme un ange. Elle aime, et elle aussi elle a fait de cet amour le rêve de sa vie. J′ avais écrit tout cela à Armand, mais tout occupé de vous, il ne m′ a pas répondu. Eh bien, ma fille va se marier. Elle épouse l′ homme qu′ elle aime, elle entre dans une famille honorable qui veut que tout soit honorable dans la mienne. La famille de l′ homme qui doit devenir mon gendre a appris comment Armand vit à Paris, et m′ a déclaré reprendre sa parole si Armand continue cette vie. L′ avenir d′ une enfant qui ne vous a rien fait, et qui a le droit de compter sur l′ avenir, est entre vos mains. »En fin, hija mía, sépalo todo, pues no se lo he dicho todo; sepa, pues, lo que me traía a París. Acabo de decirle que tengo una hija, joven, guapa, pura como un ángel. También ella ama y quiere hacer de ese amor el sueño de su vida. Le escribí todo esto a Armand, pero estaba tan ocupado con usted, que no me contestó. Bueno, pues mi h& va a casarse. Se casa con el hombre que ama y entra en una familia honorable que quiere que todo sea honorable en la mía. La familia del hombre que será mi yerno se ha enterado de la vida que Armand lleva en París y ha manifestado que retirará su palabra si Armand sigue viviendo así. En sus manos está el futuro de una niña que no la ha hecho nada y que tiene derecho a contar con el futuro.
" avez -vous le droit et vous sentez -vous la force de le briser? Au nom de votre amour et de votre repentir, Marguerite, accordez -moi le bonheur de ma fille. »¿Puede usted y se siente con fuerzas para destrozarlo? En nombre de su amor y de su arrepentimiento, Marguerite, concédame la felicidad de mi hija.
" je pleurais silencieusement, mon ami, devant toutes ces réflexions que j′ avais faites bien souvent, et qui, dans la bouche de votre père, acquéraient encore une plus sérieuse réalité. Yo lloraba silenciosamente, amigo mío, ante todas aquellas reflexiones que yo me había hecho con tanta frecuencia y que, en boca de su padre, adquirían una realidad más seria aún.
Je me disais tout ce que votre père n′ osait pas me dire, et ce qui vingt fois lui était venu sur les lèvres: que je n′ étais après tout qu′ une fille entretenue, et que quelque raison que je donnasse à notre liaison, elle aurait toujours l′ air d′ un calcul; que ma vie passée ne me laissait aucun droit de rêver un pareil avenir, et que j′ acceptais des responsabilités auxquelles mes habitudes et ma réputation ne donnaient aucune garantie. Enfin, je vous aimais, Armand. La manière paternelle dont me parlait M Duval, les chastes sentiments qu′ il évoquait en moi, l′ estime de ce vieillard loyal que j′ allais conquérir, la vôtre que j′ étais sûre d′ avoir plus tard, tout cela éveillait en mon coeur de nobles pensées qui me relevaient à mes propres yeux, et faisaient parler de saintes vanités, inconnues jusqu′ alors. Me decía todo lo que su padre no se atrevía a decirme y que tuvo en la punta de la lengua veinte veces: que al fin y al cabo yo no era más que una entretenida y que cualquier razón que diera a nuestra relación tendría siempre el aspecto de cálculo; que mi vida pasada no me daba ningún derecho a soñar con semejante futuro y que aceptaba responsabilidades que por mis costumbres y mi reputación no ––ofrecían ninguna garantía. En fin, yo lo amaba a usted, Armand. La manera paternal de hablarme del señor Duval, los castos sentimientos que evocaba en mí, la estima de aquel anciano leal que iba a conquistar, la suya, que estaba segura de tener más tarde, todo ello despertó en mi corazón nobles pensamientos que me realzaban a mis propios impulsaban a hablar de santas vanidades, desconocidas hasta entonces.
Quand je songeais qu′ un jour ce vieillard, qui m′ implorait pour l′ avenir de son fils, dirait à sa fille de mêler mon nom à ses prières, comme le nom d′ une mystérieuse amie, je me transformais et j′ étais fière de moi. Cuando pensaba que algún día aquel anciano, que me imploraba por el futuro de su h o, diría a su h& que añadiera mi nombre a sus oraciones, como el nombre de una misteriosa amiga, me transformaba y me sentía orgullosa de mí misma.
" l′ exaltation du moment exagérait peut -être la vérité de ces impressions; mais voilà ce que j′ éprouvais, ami, et ces sentiments nouveaux faisaient taire les conseils que me donnait le souvenir des jours heureux passés avec vous. La exaltación del momento exageraba quizá la verdad de aquellas impresiones; pero eso era lo que yo experimentaba, amigo, y aquellos nuevos sentimientos hacían callar los consejos que me Baba el recuerdo de los días felices pasados con usted.
" -c′ est bien, monsieur, dis -je à votre père en essuyant mes larmes. Croyez -vous que j′ aime votre fils? " -oui, me dit M Duval. –Está bien, señor --dije a su padre, enjugando mis lágrimas––. ¿Cree usted que amo a su hijo? –Sí --me dijo el señor Duval.
" -d′ un amour désintéressé? " -oui. –¿Con un amor desinteresado? –Sí.
" -croyez -vous que j′ avais fait de cet amour l′ espoir, le rêve et le pardon de ma vie? " -fermement. –¿Cree que había hecho de ese amor la esperanza, el sueño y el perdón de mi vida? –Firmemente.
" -eh bien, monsieur, embrassez -moi une fois comme vous embrasseriez votre fille, et je vous jure que ce baiser, le seul vraiment chaste que j′ aie reçu, me fera forte contre mon amour, et qu′ avant huit jours votre fils sera retourné auprès de vous, peut -être malheureux pour quelque temps, mais guéri pour jamais. –Pues bien, señor, béseme una vez como besaría a su hija, y le juro que ese beso, el único realmente casto que habré recibido, me hará fuerte contra mi amor, y que antes de ocho días su hijo volverá con usted, quizá desgraciado por algún tiempo, pero curado para siempre.
" -vous êtes une noble fille, répliqua votre père en m′ embrassant sur le front, et vous tentez une chose dont Dieu vous tiendra compte; mais je crains bien que vous n′ obteniez rien de mon fils. –Es usted una noble muchacha ––replicó su padre, besándome en la frente, e intenta algo que Dios le tendrá en cuenta, pero mucho me temo que no obtendrá nada de mi hijo.
" -oh! Soyez tranquille, monsieur, il me ha. –¡Oh!, esté tranquilo, señor: me odiará.
" il fallait entre nous une barrière infranchissable, pour l′ un comme pour l′ autre. Hacía falta levantar entre nosotros una barrera infranqueable para el uno como para el otro.
" j′ écrivis à Prudence que j′ acceptais les propositions de m le comte de N..., et qu′ elle allât lui dire que je souperais avec elle et lui. Escribí a Prudence que aceptaba las proposiciones del señor conde de N..., y que fuera a decirle que cenaría con ella y con él.
" je cachetai la lettre, et sans lui dire ce qu′ elle renfermait, je priai votre père de la faire remettre à son adresse en arrivant à Paris. Cerré la carta y, sin decirle lo que encerraba, rogué a su padre que la enviara a su destino en llegando a París.
" il me demanda néanmoins ce qu′ elle contenait. No obstante me preguntó qué contenía.
" -c′ est le bonheur de votre fils, lui répondis -je. –Es la felicidad de su hijo le respondí.
" votre père m′ embrassa une dernière fois. Je sentis sur mon front deux larmes de reconnaissance qui furent comme le baptême de mes fautes d′ autrefois, et au moment où je venais de consentir à me livrer à un autre homme, je rayonnai d′ orgueil en songeant à ce que je rachetais par cette nouvelle faute. Su padre me besó una vez más. Sentí en mi frente dos lágrimas de agradecimiento, que fueron como el bautismo de mis faltas de otro tiempo y, en el momento en que acababa de consentir en entregarme a otro hombre, irradiaba de orgullo al pensar en lo que redimía por medio de aquella nueva falta.
" c′ était bien naturel, Armand; vous m′ aviez dit que votre père était le plus honnête homme que l′ on pt rencontrer. Era muy natural, Armand; usted me había dicho que su padre era el hombre más honrado que se podía encontrar.
" M Duval remonta en voiture et partit. El señor Duval subió al coche y se fue.
" cependant j′ étais femme, et quand je vous revis, je ne pus m′ empêcher de pleurer, mais je ne faiblis pas. Sin embargo soy mujer y, cuando volví a verlo a usted, no pude menos de llorar, pero no flaqueé.
" ai -je bien fait? Voilà ce que je me demande aujourd′ hui que j′ entre malade dans un lit que je ne quitterai peut -être que morte. ¿He hecho bien? Eso es lo que me pregunto hoy que he caído enferma en un lecho que quizá sólo muerta dejaré.
" vous avez été témoin de ce que j′ éprouvais à mesure que l′ heure de notre inévitable séparation approchait; votre père n′ était plus là pour me soutenir, et il y eut un moment où je fus bien près de tout vous avouer, tant j′ étais épouvantée de l′ idée que vous alliez me haet me mépriser. Usted fue testigo de lo que yo experimentaba a medida que se acercaba la hora de nuestra separación inevitable; su padre ya no estaba allí para apoyarme, y hubo un momento en que estuve muy cerca de confesárselo todo, de tan espantada como estaba ante la idea de que usted iba a odiarme y despreciarme.
" une chose que vous ne croirez peut -être pas, Armand, c′ est que je priai Dieu de me donner de la force, et ce qui prouve qu′ il acceptait mon sacrifice, c′ est qu′ il me donna cette force que j′ implorais. Quizá no lo crea, Armand, pero rogaba a Dios que me diera fuerza, y la prueba de que aceptó mi sacrificio es que me dio la fuerza que le imploraba.
" à ce souper, j′ eus besoin d′ aide encore, car je ne voulais pas savoir ce que j′ allais faire, tant je craignais que le courage ne me manquât! " qui m′ et dit, à moi, Marguerite Gautier, que je souffrirais tant à la seule pensée d′ un nouvel amant? " je bus pour oublier, et quand je me réveillai le lendemain, j′ étais dans le lit du comte. ¡Aún necesité ayuda en aquella cena, pues no quería saber lo que iba a hacer, de tanto como temía que me faltase valor!. ¿Quién me hubiera dicho a mí, Marguerite Gautier, que llegaría a sufrir tanto ante la sola idea de tener un nuevo amante? Bebí para olvidar y, cuando me desperté al día siguiente, estaba en la cama del conde.
" voilà la vérité tout entière, ami, jugez et pardonnez -moi, comme je vous ai pardonné tout le mal que vous m′ avez fait depuis ce jour. " Esta es toda la verdad, amigo: juzgue usted y perdóneme, como ya le he perdonado todo el daño que me hizo desde aquel día.







CHAPITRE XXVI

Capítulo XXVI

" ce qui suivit cette nuit fatale, vous le savez aussi bien que moi, mais ce que vous ne savez pas, ce que vous ne pouvez pas soupçonner, c′ est ce que j′ ai souffert depuis notre séparation. Lo que siguió a aquella noche fatal lo sabe usted tan bien como yo, pero lo que no sabe, lo que no puede sospechar es lo que he sufrido desde nuestra separación.
" j′ avais appris que votre père vous avait emmené, mais je me doutais bien que vous ne pourriez pas vivre longtemps loin de moi, et le jour où je vous rencontrai aux Champs -Élysées, je fus émue, mais non étonnée. Me enteré de que su padre se lo había llevado consigo, pero me figuraba que no podría vivir mucho tiempo lejos de mí, y, el día en que me encontré con usted en los Campos Elíseos, me emocioné, pero no me sorprendí.
" alors commença cette série de jours dont chacun m′ apporta une nouvelle insulte de vous, insulte que je recevais presque avec joie, car outre qu′ elle était la preuve que vous m′ aimiez toujours, il me semblait que, plus vous me persécuteriez, plus je grandirais à vos yeux le jour où vous sauriez la vérité. Comenzó entonces aquella serie de días, cada uno de los cuales me traía un nuevo insulto suyo, insulto que recibía casi con alegría, pues, aparte de que era la prueba de que me seguía queriendo, me parecía que cuanto más me persiguiera más me engrandecería a sus ojos el día en que supiera la verdad.
" ne vous étonnez pas de ce martyre joyeux, Armand, l′ amour que vous aviez eu pour moi avait ouvert mon coeur à de nobles enthousiasmes. No se extrañe de este martirio gozoso, Armand: el amor que usted sintió por mí abrió mi corazón a nobles entusiasmos.
" cependant je n′ avais pas été tout de suite aussi forte. Sin embargo no fui tan fuerte en seguida.
" entre l′ exécution du sacrifice que je vous avais fait et votre retour, un temps assez long s′ était écoulé pendant lequel j′ avais eu besoin d′ avoir recours à des moyens physiques pour ne pas devenir folle et pour m′ étourdir sur la vie dans laquelle je me rejetais. Prudence vous a dit, n′ est -ce pas, que j′ étais de toutes les fêtes, de tous les bals, de toutes les orgies? " j′ avais comme l′ espérance de me tuer rapidement, à force d′ excès, et, je crois, cette espérance ne tardera pas à se réaliser. Ma santé s′ altéra nécessairement de plus en plus, et le jour où j′ envoyai Madame Duvernoy vous demander grâce, j′ étais épuisée de corps et d′ âme. Entre la realización del sacrificio que hice por usted y su vuelta pasó un tiempo bastante largo, durante el cual necesité recurrir a medios físicos para no volverme loca y para aturdirme en la vida a que me había lanzado. ¿No le dijo Prudence que iba a todas las fiestas, a todos los bailes, a todas las orgías? Tenía una especie de esperanza de matarme rápidamente a fuerza de excesos, y creo que esa esperanza no tardará en realizarse. Mi salud se alteró necesariamente cada vez más, y el día en que envié a la señora Duvernoy a pedirle clemencia estaba agotada de cuerpo y de alma.
" je ne vous rappellerai pas, Armand, de quelle façon vous avez récompensé la dernière preuve d′ amour que je vous ai donnée, et par quel outrage vous avez chassé de Paris la femme qui, mourante, n′ avait pu résister à votre voix quand vous lui demandiez une nuit d′ amour, et qui, comme une insensée, a cru, un instant, qu′ elle pourrait ressouder le passé et le présent. Vous aviez le droit de faire ce que vous avez fait, Armand: on ne m′ a pas toujours payé mes nuits aussi cher! " j′ ai tout laissé alors! Olympe m′ a remplacée auprès de M De N... et s′ est chargée, m′ a -t -on dit, de lui apprendre le motif de mon départ. Le comte de G... était à Londres. C′ est un de ces hommes qui, ne donnant à l′ amour avec les filles comme moi que juste assez d′ importance pour qu′ il soit un passe -temps agréable, restent les amis des femmes qu′ ils ont eues et n′ ont pas de haine, n′ ayant jamais eu de jalousie; c′ est enfin un de ces grands seigneurs qui ne nous ouvrent qu′ un côté de leur coeur, mais qui nous ouvrent les deux côtés de leur bourse. No le recordaré, Armand, de qué forma recompensó usted la última prueba de amor que le di, y por medio de qué ultraje arrojó de París a la mujer que, moribunda, no pudo resistirse a su voz cuando le pidió una noche de amor, y que, como una insensata, creyó por un instante que podría volver a unir el pasado y el presente. Tenía usted derecho a hacer lo que hizo, Armand: ¡no siempre me han pagado mis noches tan caras! ¡Entonces lo abandoné todo! Olympe me reemplazó al lado del señor de N..., y me han dicho que se encargó de comunicarle el motivo de mi marcha. El conde de G... estaba en Londres. Es uno de esos hombres que, no dando a los amores que tienen con las chicas como yo más que la importancia justa para que sea un pasatiempo agradable, siguen siendo amigos de las mujeres que tuvieron, y no tienen odio, pues nunca tuvieron celos; en fin, es uno de esos grandes señores que sólo nos abren un lado de su corazón, pero nos abren los dos lados de su bolsa.
C′ est à lui que je pensai tout de suite. J′ allai le rejoindre. Il me reçut à merveille, mais il était là -bas l′ amant d′ une femme du monde, et craignait de se compromettre en s′ affichant avec moi. En seguida pensé en él. Fui a buscarlo. Me recibió de maravilla, pero era allí amante de una mujer del gran mundo y tenía miedo de comprometerse l¡gándose a mí.
Il me présenta à ses amis qui me donnèrent un souper après lequel l′ un d′ eux m′ emmena. Me presentó a sus amigos, que me ofrecieron una cena, tras la cual me fui con uno de ellos.
" que vouliez -vous que je fisse, mon ami? " me tuer? C′ et été charger votre vie, qui doit être heureuse, d′ un remords inutile; puis, à quoi bon se tuer quand on est si près de mourir? " je passai à l′ état de corps sans âme, de chose sans pensée; je vécus pendant quelque temps de cette vie automatique, puis je revins à Paris et je demandai après vous; j′ appris alors que vous étiez parti pour un long voyage. Rien ne me soutenait plus. Mon existence redevint ce qu′ elle avait été deux ans avant que je vous connusse. ¿Qué quería usted que hiciera, amigo mío? ¿Matarme? Hubiera sido cargar su vida, que debe ser feliz, con un remordimiento inútil; y además, ¿a qué matarse cuando está uno tan cerca de morir? Pasé al estado de cuerpo sin alma, de cosa sin pensamiento; viví durante algún tiempo con aquella vida automática; luego volví a Paris y pregunté por usted; me enteré entonces de que se había ido a un largo viaje., Ya nada me sostenía. Mi existencia volvió a convertirse en lo que era dos años antes de que lo conociera.
Je tentai de ramener le duc, mais j′ avais trop rudement blessé cet homme, et les vieillards ne sont pas patients, sans doute parce qu′ ils s′ aperçoivent qu′ ils ne sont pas éternels. La maladie m′ envahissait de jour en jour, j′ étais pâle, j′ étais triste, j′ étais plus maigre encore. Intenté atraerme al duque, pero había herido harto rudamente a aquel hombre, y los ancianos no son pacientes, sin duda porque se dan cuenta de que no son eternos. La enfermedad se apoderaba de mí de día en día, estaba pálida, estaba triste, estaba más delgada todavía.
Les hommes qui achètent l′ amour examinent la marchandise avant de la prendre. Il y avait à Paris des femmes mieux portantes, plus grasses que moi; on m′ oublia un peu. Voilà le passé jusqu′ à hier. Los hombres que compran el amor examinan la mercancía antes de tomarla. Había en Paris mujeres con mejor salud y más carnes que yo; me olvidaron un poco. Este ha sido el pasado hasta ayer.
" maintenant je suis tout à fait malade. J′ ai écrit au duc pour lui demander de l′ argent, car je n′ en ai pas, et les créanciers sont revenus, et m′ apportent leurs notes avec un acharnement sans pitié. Le duc me répondra -t -il? Que n′ êtes -vous à Paris, Armand! Vous viendriez me voir et vos visites me consoleraient. " " 20 décembre: " il fait un temps horrible, il neige, je suis seule chez moi. Depuis trois jours j′ ai été prise d′ une telle fièvre que je n′ ai pu vous écrire un mot. Ahora estoy enferma de verdad. He escrito al duque pidiéndole dinero, pues no lo tengo, y los acreedores han vuelto y me traen sus facturas con un encarnizamiento despiadado. ¿Me contestará el duque? ¡Si estuviera usted en Paris, Armand! Vendría a verme y sus visitas me consolarían. 20 de diciembre Hace un tiempo horrible, nieva, estoy sola en casa. Llevo tres días con tanta fiebre, que no he podido escribirle una palabra.
Rien de nouveau, mon ami; chaque jour j′ espère vaguement une lettre de vous, mais elle n′ arrive pas et n′ arrivera sans doute jamais. Les hommes seuls ont la force de ne pas pardonner. Le duc ne m′ a pas répondu. Nada nuevo amigo mío; todos los días espero vagamente una carta suya, pero no llega y sin dada no llegará nunca. Sólo los hombres tienen fuerza suficiente para no perdonar. El duque no me ha contestado.
" Prudence a recommencé ses voyages au mont -de -piété. Prudence ha vuelto a empezar con sus viajes al Monte de Piedad.
" je ne cesse de cracher le sang. Oh! Je vous ferais peine si vous me voyiez. Vous êtes bien heureux d′ être sous un ciel chaud et de n′ avoir pas comme moi tout un hiver de glace qui vous pèse sur la poitrine. Aujourd′ hui, je me suis levée un peu, et, derrière les rideaux de ma fenêtre, j′ ai regardé passer cette vie de Paris avec laquelle je crois bien avoir tout à fait rompu. Quelques visages de connaissance sont passés dans la rue rapides, joyeux, insouciants. Pas un n′ a levé les yeux sur mes fenêtres. Cependant, quelques jeunes gens sont venus s′ inscrire. Une fois déjà, je fus malade, et vous, qui ne me connaissiez pas, qui n′ aviez rien obtenu de moi qu′ une impertinence le jour où je vous avais vu pour la première fois, vous veniez savoir de mes nouvelles tous les matins. No dijo de escupir sangre. ¡Oh, le daría pena verme! Tiene usted la gran suerte de estar bajo un cielo cálido y no tener como yo todo un invierno de hielo pesando sobre su pecho. Hoy me he levantado un poco y, tras las cortinas de mi ventana, he mirado pasar esa vida de Paris con la que ahora sí que creo haber roto definitivamente. Algunos rostros conocidos han pasado por la calle, rápidos, alegres, despreocupados. Ni uno ha levantado los ojos hacia mis ventanas. No obstante, han venido algunos jóvenes y han dejado su nombre. Ya estuve enferma otra vez, y usted, sin conocerme, sin haber obtenido de mí más que una impertinencia el día en que lo vi por primera vez, usted vino a preguntar por mí todas las mañanas.
Me voilà malade de nouveau. Nous avons passé six mois ensemble. J′ ai eu pour vous autant d′ amour que le coeur de la femme peut en contenir et en donner, et vous êtes loin, et vous me maudissez, et il ne me vient pas un mot de consolation de vous. Mais c′ est le hasard seul qui fait cet abandon, j′ en suis sr, car si vous étiez à Paris, vous ne quitteriez pas mon chevet et ma chambre. " " 25 décembre: " mon médecin me défend d′ écrire tous les jours. Aquí me time enferma otra vez. Hemos pasado seis meses juntos. He sentido por usted todo el amor que el corazón de una mujer puede encerrar y ofrecer, y usted está lejos, me maldice y no me llega ni una palabra suya de consuelo. Pero estoy segura de que sólo el azar es el causante de este abandono, pues, si estuviera usted en Paris, no se apartaría de la cabecera de mi cama ni saldría de mi habitación. 25 de diciembre. Todos los días el médico me prohíbe escribir.
En effet, mes souvenirs ne font qu′ augmenter ma fièvre, mais, hier, j′ ai reçu une lettre qui m′ a fait du bien, plus par les sentiments dont elle était l′ expression que par le secours matériel qu′ elle m′ apportait. En efecto, mis recuerdos no hacen más que aumentar mi fiebre, pero ayer recibí una carta que me hizo mucho bien, no tanto por la ayuda material que me aportaba cuanto por los sentimientos que expresaba.
Je puis donc vous écrire aujourd′ hui. Cette lettre était de votre père, et voici ce qu′ elle contenait: " madame, " j′ apprends à l′ instant que vous êtes malade. Si " j′ étais à Paris, j′ irais moi -même savoir de vos " nouvelles; si mon fils était auprès de moi, je " lui dirais d′ aller en chercher, mais je ne puis " quitter C..., et Armand est à six ou sept cents " lieues d′ ici; permettez -moi donc simplement de " vous écrire, madame, combien je suis peiné de cette " maladie, et croyez aux voeux sincères que je fais " pour votre prompt rétablissement. Así que hoy puedo escribirle. La carta era de su padre y mire lo que decía: «Señora: Acabo de enterarme de que está usted enferma. Si estuviera en París, iría personalmente a saber cómo se encuentra; si mi hijo estuviera aquí, le diría que fuera a preguntar por usted; pero yo no puedo salir de C..., y Armand está a seiscientas o setecientas leguas de aquí; así pues, permítame, señora, que le escriba simplemente diciéndole cuánto me apena su enfermedad, y créame que hago sinceros votos por su pronto restablecimiento.
" un de mes bons amis, M H..., se présentera " chez vous, veuillez le recevoir. Il est chargé par " moi d′ une commission dont j′ attends impatiemment " le résultat. El señor H..., un buen amigo mío, irá a su casa: le ruego que lo reciba. Le he dado un encargo, cuyo resultado espero con impaciencia.
" veuillez agréer, madame, l′ assurance de mes " sentiments les plus distingués. " " telle est la lettre que j′ ai reçue. Votre père est un noble coeur, aimez -le bien, mon ami; car il y a peu d′ hommes au monde aussi dignes d′ être aimés. Reciba, señora, mis mejores sentimientos.» Esta es la carta que recibí. Su padre tiene un corazón noble; ámelo, amigo mío, pues hay pocos hombres en el mundo tan dignos de ser amados.
Ce papier signé de son nom m′ a fait plus de bien que toutes les ordonnances de notre grand médecin. Este papel firmado con su nombre me ha sentado mejor que todas las recetas de nuestro ilustre médico.
" ce matin, M H... est venu. Il semblait fort embarrassé de la mission délicate dont l′ avait chargé M Duval. Il venait tout bonnement m′ apporter mille écus de la part de votre père. Esta mañana ha venido el señor H... Parecía. muy incómodo con la delicada misión que le había encargado el señor Duval. Venía sencillamente a traerme mil escudos de parte de su padre.
J′ ai voulu refuser d′ abord, mais M H... m′ a dit que ce refus offenserait M Duval, qui l′ avait autorisé à me donner d′ abord cette somme, et à me remettre tout ce dont j′ aurais besoin encore. J′ ai accepté ce service qui, de la part de votre père, ne peut pas être une aumône. Si je suis morte quand vous reviendrez, montrez à votre père ce que je viens d′ écrire pour lui, et dites -lui qu′ en traçant ces lignes, la pauvre fille à laquelle il a daigné écrire cette lettre consolante versait des larmes de reconnaissance, et priait Dieu pour lui. " " 4 janvier: " je viens de passer une suite de jours bien douloureux. J′ ignorais que le corps pt faire souffrir ainsi. Oh! Ma vie passée! Je la paye deux fois aujourd′ hui. Al principio no he querido cogerlos, pero el señor H... me ha dicho que ese rechazo ofendería al señor Duval, que le había autorizado a darme ahora esa cantidad y a enviarme todo lo que necesitara en adelante. He aceptado ese favor que, viniendo de su padre, no puede ser una limosna. Si ya he muerto cuando vuelva usted, enséñele a su padre lo que acabo de escribir para él y dígale que, al trazar estas líneas, la pobre chica a la que se ha dignado escribir esta consoladora carta derramaba lágrimas de agradecimiento y rogaba a Dios por él. 4 de enero. Acabo de pasar una serie de días muy dolorosos. No sabía que e cuerpo pudiera hacernos sufrir tanto. ¡Oh, mi vida pasada! Hoy estoy pagándola dos veces.
" on m′ a veillée toutes les nuits. Je ne pouvais plus respirer. Le délire et la toux se partageaient le reste de ma pauvre existence. Me han velado todas las noches. Ya no podía respirar. El delirio y la tos se repartían el resto de mi pobre existencia.
" ma salle à manger est pleine de bonbons, de cadeaux de toutes sortes que mes amis m′ ont apportés. Il y en a sans doute, parmi ces gens, qui espèrent que je serai leur maîtresse plus tard. El comedor está lleno de bombones, de regalos de toda clase que m han traído mis amigos. Entre ellos hay alguno sin dada que espera qué más tarde seré su amante.
S′ ils voyaient ce que la maladie a fait de moi, ils s′ enfuieraient épouvantés. Si vieran lo que la enfermedad ha hecho conmigo, huirían espantados.
" Prudence donne des étrennes avec celles que je reçois. Prudence da el aguinaldo con los que yo recibo.
" le temps est à la gelée, et le docteur m′ a dit que je pourrai sortir d′ ici à quelques jours si le beau temps continue. " " 8 janvier: " je suis sortie hier dans ma voiture. Il faisait un temps magnifique. Les Champs -Élysées étaient pleins de monde. On et dit le premier sourire du printemps. Tout avait un air de fête autour de moi. Es la época de las heladas, y el doctor me ha dicho que podría salir de aquí a unos días si continúa el buen tiempo. 8 de enero. Ayer salí en mi coche. Hacía un tiempo magnífico. Los Campos Elíseos estaban llenos de gente. Parecía la primera sonrisa de la primavera. A mi alrededor todo tenía un aire de fiesta.
Je n′ avais jamais soupçonné dans un rayon de soleil tout ce que j′ y ai trouvé hier de joie, de douceur et de consolation. Nunca sospeché que en un rayo de sol pudiera haber tanta alegría, dulzura y consuelo como encontré ayer.
" j′ ai rencontré presque tous les gens que je connais, toujours gais, toujours occupés de leurs plaisirs. Que d′ heureux qui ne savent pas qu′ ils le sont! Olympe est passée dans une élégante voiture que lui a donnée M De N... elle a essayé de m′ insulter du regard. Elle ne sait pas combien je suis loin de toutes ces vanités -là. Me he encontrado con casi todas las personas que conozco, siempre alegres, siempre dedicadas a sus placeres. ¡Cuánta gente feliz que no sabe que lo es! Olympe ha pasado en un elegante coche que le ha regalado el señor de N... Ha intentado insultarme con la mirada. No sabe cuán lejos estoy de todas eras vanidades.
Un brave garçon que je connais depuis longtemps m′ a demandé si je voulais aller souper avec lui et un de ses amis qui désire beaucoup, disait -il, faire ma connaissance. Un buen muchacho que conozco desde hace mucho tiempo me ha preguntado si quería cenar con él y con un amigo suyo, que tiene muchos deseos, según decía, de conocerme.
" j′ ai souri tristement, et lui ai tendu ma main brlante de fièvre. He sonreído tristemente y le he tendido mi mano ardiente de fiebre.
" je n′ ai jamais vu visage plus étonné. Nunca he visto un rostro tan asombrado.
" je suis rentrée à quatre heures, j′ ai dîné avec assez d′ appétit. He vuelto a las cuatro y he cenado con bastante apetito.
" cette sortie m′ a fait du bien. Esta salida me ha sentado bien.
" si j′ allais guérir! " comme l′ aspect de la vie et du bonheur des autres fait désirer de vivre ceux -là qui, la veille, dans la solitude de leur âme et dans l′ ombre de leur chambre de malade, souhaitaient de mourir vite? " " 10 janvier: " cette espérance de santé n′ était qu′ un rêve. Me voici de nouveau dans mon lit, le corps couvert d′ emplâtres qui me brlent. Va donc offrir ce corps que l′ on payait si cher autrefois, et vois ce que l′ on t′ en donnera aujourd′ hui! " il faut que nous ayons bien fait du mal avant de naître, ou que nous devions jouir d′ un bien grand bonheur après notre mort, pour que Dieu permette que cette vie ait toutes les tortures de l′ expiation et toutes les douleurs de l′ épreuve. " " 12 janvier: " je souffre toujours. ¡Si me curase! ¿Cómo es que el aspecto de la vida y de la felicidad de los demás hace que le entren deseos de vivir al que el día anterior, en la soledad de su alma y en la sombra de su habitación de enfermo, deseaba morir rápidamente? 10 de enero. La esperanza de recobrar la salud no era más que un sueño. Aquí estoy, otra vez en la cama, con el cuerpo cubierto de emplastos que me queman. ¡Vete a ofrecer este cuerpo, que tan caro pagaban en otro tiempo, y ya verás lo que darían hoy! Es preciso que hayamos hecho mucho mal antes de nacer o que vayamos a gozar de una felicidad muy grande después de la muerte, para que Dios permita que en esta vida se den todas las torturas de la expiación y todos los dolores de la prueba. 12 de enero. Sigo sufriendo.
" le comte de N... m′ a envoyé de l′ argent hier, je ne l′ ai pas accepté. Je ne veux rien de cet homme. Ayer me envió dinero el conde de N..., y no lo acepté. No quiero nada de ese hombre.
C′ est lui qui est cause que vous n′ êtes pas près de moi. El es el causante de que no esté usted a mi lado.
" oh! Nos beaux jours de Bougival! Où êtes -vous? " si je sors vivante de cette chambre, ce sera pour faire un pèlerinage à la maison que nous habitions ensemble, mais je n′ en sortirai plus que morte. ¡Oh! ¿Dónde están nuestros hermosos días de Bougival? Si salgo viva de esta habitación, será para ir en peregrinación a la casa en que vivimos juntos; pero sólo saldré muerta.
" qui sait si je vous écrirai demain? " " 25 janvier: " voilà onze nuits que je ne dors pas, que j′ étouffe et que je crois à chaque instant que je vais mourir. ¿Quién sabe si podré escribirle mañana? 25 de enero Llevo once noches sin dormir, ahogándome y creyendo a cada instante que me voy a morir.
Le médecin a ordonné qu′ on ne me laissât pas toucher une plume. Julie Duprat, qui me veille, me permet encore de vous écrire ces quelques lignes. El médico ha ordenado que no me dejen tocar una pluma. Julie Duprat, que me vela, aún me ha permitido que le escriba estas pocas líneas.
Ne reviendrez -vous donc point avant que je meure? Est -ce donc éternellement fini entre nous? Il me semble que, si vous veniez, je guérirais. à quoi bon guérir? " " 28 janvier: " ce matin j′ ai été réveillée par un grand bruit. ¿Es que no va a volver usted antes de que muera? ¿Ha terminado todo eternamente entre nosotros? Me parece que, si usted viniera, me curaría. ¿Para qué curarme? 28 de enero. Esta mañana me ha despertado un gran ruido.
Julie, qui dormait dans ma chambre, s′ est précipitée dans la salle à manger. J′ ai entendu des voix d′ hommes contre lesquelles la sienne luttait en vain. Elle est rentrée en pleurant. Julie, que dormía en mi habitación, se ha precipitado al comedor. He oído voces de hombres contra las que la suya luchaba en vano. Ha vuelto llorando.
" on venait saisir. Je lui ai dit de laisser faire ce qu′ ils appellent la justice. L′ huissier est entré dans ma chambre, le chapeau sur la tête. Il a ouvert les tiroirs, a inscrit tout ce qu′ il a vu, et n′ a pas eu l′ air de s′ apercevoir qu′ il y avait une mourante dans le lit qu′ heureusement la charité de la loi me laisse. Venían a embargar. Le he dicho que les dejara hacer lo que ellos llaman justicia. El alguacil ha entrado en mi habitación sin quitarse el sombrero. Ha abierto los cajones, ha tomado nota de todo lo que ha visto, y no ha parecido darse cuenta de que había una moribunda en la cama que, afortunadamente, la caridad de la ley me deja.
" il a consenti à me dire en partant que je pouvais mettre opposition avant neuf jours, mais il a laissé un gardien! Que vais -je devenir, mon dieu! Cette scène m′ a rendue encore plus malade. Al marcharse ha consentido en decirme que podía interponer recurso antes de nueve días, ¡pero ha dejado un vigilante! Dios mío, ¿qué va a ser de mí? Esta escena me ha puesto más enferma aún.
Prudence voulait demander de l′ argent à l′ ami de votre père, je m′ y suis opposée. " " j′ ai reçu votre lettre ce matin. J′ en avais besoin. Prudence quería pedir dinero al amigo de su padre, pero me he opuesto. He recibido su carta esta mañana. La necesitaba.
Ma réponse vous arrivera -t -elle à temps? Me verrez -vous encore? Voilà une journée heureuse qui me fait oublier toutes celles que j′ ai passées depuis six semaines. Il me semble que je vais mieux, malgré le sentiment de tristesse sous l′ impression duquel je vous ai répondu. ¿Le llegará a tiempo mi contestación? ¿Volverá a verme? Es éste un día feliz que me hace olvidar todos los que he pasado desde hace seis semanas. Me parece que estoy mejor, a pesar del sentimiento de tristeza bajo cuya impresión le he contestado.
" après tout, on ne doit pas toujours être malheureux. Al fin y al cabo no vamos a ser siempre desgraciados.
" quand je pense qu′ il peut arriver que je ne meure pas, que vous reveniez, que je revoie le printemps, que vous m′ aimiez encore et que nous recommencions notre vie de l′ année dernière! " folle que je suis! C′ est à peine si je puis tenir la plume avec laquelle je vous écris ce rêve insensé de mon coeur. ¡Cuando pienso que puede ocurrir que no me muera, que venga usted, que vuelva a ver la primavera, que me ame todavía y que volvamos a empezar nuestra vida del año pasado! ¡Qué loca estoy! Apenas si puedo sostener la pluma con que le escribo este insensato sueño de mi corazón.
" quoi qu′ il arrive, je vous aimais bien, Armand, et je serais morte depuis longtemps si je n′ avais pour m′ assister le souvenir de cet amour, et comme un vague espoir de vous revoir encore près de moi. " " 4 février: " le comte de G... est revenu. Sa maîtresse l′ a trompé. Il est fort triste, il l′ aimait beaucoup. Pase lo que pase, yo lo quería de verdad, Armand, y habría muerto ya hace mucho tiempo si no me asistiera el recuerdo de ese amor y una especie de vaga esperanza de volver a verlo a mi lado. 4 de febrero Ha vuelto el conde de G... Su amante lo ha engañado. Está muy triste, la quería mucho.
Il est venu me conter tout cela. Le pauvre garçon est assez mal dans ses affaires, ce qui ne l′ a pas empêché de payer mon huissier et de congédier le gardien. Ha venido a contármelo todo. Al pobre muchacho le va bastante mal en sus negocios, lo que no le ha impedido pagar al alguacil y despedir al vigilante.
" je lui ai parlé de vous et il m′ a promis de vous parler de moi. Comme j′ oubliais dans ces moments -là que j′ avais été sa maîtresse et comme il essayait de me le faire oublier aussi! C′ est un brave coeur. Le he hablado de usted y me ha prometido hablarle de mí. ¡Cómo olvidaba yo en esos momentos que había sido su amante y cómo intentaba él también hacérmelo olvidar! Tiene buen corazón.
" le duc a envoyé savoir de mes nouvelles hier, et il est venu ce matin. Je ne sais pas ce qui peut faire vivre encore ce vieillard. Il est resté trois heures auprès de moi, et il ne m′ a pas dit vingt mots. Deux grosses larmes sont tombées de ses yeux quand il m′ a vue si pâle. Le souvenir de la mort de sa fille le faisait pleurer sans doute. Il l′ aura vue mourir deux fois. Son dos est courbé, sa tête penche vers la terre, sa lèvre est pendante, son regard est éteint. El duque mandó a preguntar por mí ayer y ha venido esta mañana. No sé qué le puede hacer vivir aún a ese anciano. Se ha quedado tres horas conmigo y no me habrá dicho veinte palabras. Dos gruesas lágrimas han caído de sus ojos cuando me ha visto tan pálida. Sin duda le hacía llorar el recuerdo de la muerte de su hija. La habrá visto morir dos veces. Tiene la espalda encorvada, su cabeza se inclina hacia el suelo, le cuelga el labio, su mirada está apagada.
L′ âge et la douleur pèsent de leur double poids sur son corps épuisé. Il ne m′ a pas fait un reproche. La edad y el dolor cargan su doble peso sobre su cuerpo agotado. No me ha hecho un reproche.
On et même dit qu′ il jouissait secrètement du ravage que la maladie avait fait en moi. Il semblait fier d′ être debout, quand moi, jeune encore, j′ étais écrasée par la souffrance. Incluso se diría que se alegraba secretamente de los estragos que ha causado en mí la enfermedad. Parecía orgulloso de estar de pie, cuando yo, joven aún, estaba aplastada por el sufrimiento.
" le mauvais temps est revenu. Personne ne vient me voir. Julie veille le plus qu′ elle peut auprès de moi. Prudence, à qui je ne peux plus donner autant d′ argent qu′ autrefois, commence à prétexter des affaires pour s′ éloigner. Ha vuelto el mal tiempo. Nadie viene a verme. Julie vela a mi lado todo lo que puede. Prudence, a quien ya no puedo dar tanto dinero como otras veces, comienza a pretextar asuntos para alejarse.
" maintenant que je suis près de mourir, malgré ce que me disent les médecins, car j′ en ai plusieurs, ce qui prouve que la maladie augmente, je regrette presque d′ avoir écouté votre père; si j′ avais su ne prendre qu′ une année à votre avenir, je n′ aurais pas résisté au désir de passer cette année avec vous, et au moins je mourrais en tenant la main d′ un ami. Il est vrai que si nous avions vécu ensemble cette année, je ne serais pas morte sitôt. Ahora que estoy al borde de la muerte, a pesar de lo que me dicen los médicos, pues tengo varios, lo que prueba que la enfermedad se agrava, casi siento haber escuchado a su padre; de haber sabido que no quitaría más que un año a su porvenir, no habría resistido al deseo de pasarlo con usted, y al menos moriría teniendo la mano de un amigo. Claro que, si hubiéramos vivido juntos ese año, no habría muerto tan pronto.
" la volonté de Dieu soit faite! " " 5 février: " oh! Venez, venez, Armand, je souffre horriblement, je vais mourir, mon dieu. J′ étais si triste hier que j′ ai voulu passer autre part que chez moi la soirée qui promettait d′ être longue comme celle de la veille. Le duc était venu le matin. Il me semble que la vue de ce vieillard oublié par la mort me fait mourir plus vite. ¡Hágase la voluntad de Dios! 5 de febrero. ¡Oh, Armand, venga, venga, sufro horriblemente! ¡Dios mío, voy a morir! Ayer estaba tan triste, que quise pasar fuera de mi casa la noche, que prometía ser tan larga como la del día anterior. El duque vino por la mañana. Me parece que la vista de ese anciano olvidado por la muerte me hace morir más de prisa.
" malgré l′ ardente fièvre qui me brlait, je me suis fait habiller et conduire au vaudeville. Julie m′ avait mis du rouge, sans quoi j′ aurais eu l′ air d′ un cadavre. Je suis allée dans cette loge où je vous ai donné notre premier rendez -vous; tout le temps j′ ai eu les yeux fixés sur la stalle que vous occupiez ce jour -là, et qu′ occupait hier une sorte de rustre, qui riait bruyamment de toutes les sottes choses que débitaient les acteurs. On m′ a rapportée à moitié morte chez moi. J′ ai toussé et craché le sang toute la nuit. Aujourd′ hui je ne peux plus parler, à peine si je peux remuer les bras. A pesar de la fiebre ardiente que me abrasaba, pedí que me vistieran y me llevaran al Vaudeville. Julie me puso colorete, porque si no habría parecido un cadáver. Fui al palco donde le di nuestra primera cita; todo el tiempo tuve los ojos clavados en la butaca que ocupaba usted aquel día, y que ayer ocupaba un paleto que reía ruidosamente de todas las estupideces que decían los actores. Me llevaron a casa medio muerta. He estado tosiendo y escupiendo sangre toda la noche. Hoy no puedo hablar y apenas si puedo mover los brazos.
Mon dieu! Mon dieu! Je vais mourir. Je m′ y attendais, mais je ne puis me faire à l′ idée de souffrir plus que je ne souffre, et si... " à partir de ce mot les quelques caractères que Marguerite avait essayé de tracer étaient illisibles, et c′ était Julie Duprat qui avait continué. ¡Dios mío, Dios mío, voy a morir! Lo esperaba, pero no puedo hacerme a la idea de tener que sufrir más de lo que sufro, y si... A partir de esta palabra los pocos caracteres que Marguerite había intentado trazar resultaban ilegibles, y fue Julie Duprat quien continuó.
" 18 février: " Monsieur Armand, " depuis le jour où Marguerite a voulu aller au spectacle, elle a été toujours plus malade. Elle a perdu complètement la voix, puis l′ usage de ses membres. 18 de febrero. Señor Armand: Desde el día en que Marguerite se empeñó en ir al teatro, cada vez se puso peor. Perdió la voz por completo y luego el uso de los miembros.
Ce que souffre notre pauvre amie est impossible à dire. Je ne suis pas habituée à ces sortes d′ émotions, et j′ ai des frayeurs continuelles. Es imposible decir lo que sufre nuestra pobre amiga. No estoy acostumbrada a esta clase de emociones, y tengo continuos temores.
" que je voudrais que vous fussiez auprès de nous! Elle a presque toujours le délire, mais délirante ou lucide, c′ est toujours votre nom qu′ elle prononce quand elle arrive à pouvoir dire un mot. ¡Cuánto me gustaría que estuviese usted a nuestro lado! Delira casi siempre, pero, delirante o lúcida, siempre pronuncia su nombre en cuanto llega a poder decir una palabra.
" le médecin m′ a dit qu′ elle n′ en avait plus pour longtemps. Depuis qu′ elle est si malade, le vieux duc n′ est pas revenu. El médico me ha dicho que no durará mucho. Desde que se ha puesto tan mala, el viejo duque no ha vuelto.
" il a dit au docteur que ce spectacle lui faisait trop de mal. Ha dicho al doctor que este espectáculo le dolía demasiado.
" Madame Duvernoy ne se conduit pas bien. Cette femme, qui croyait tirer plus d′ argent de Marguerite, aux dépens de laquelle elle vivait presque complètement, a pris des engagements qu′ elle ne peut tenir, et voyant que sa voisine ne lui sert plus de rien, elle ne vient même pas la voir. Tout le monde l′ abandonne. M De G..., traqué par ses dettes, a été forcé de repartir pour Londres. La señora Duvernoy no se porta bien. Esa mujer, que creía que iba. sacar más dinero de Marguerite, a cuyas expensas vivía casi completamente, ha adquirido compromisos que no puede mantener y, al ver que su vecina ya no le sirve de nada, ni siquiera viene a verla. Todo el mundo la abandona. El señor de G..., acosado par sus deudas, se ha vista obligado a volverse a Londres.
En partant, il nous a envoyé quelque argent; il a fait tout ce qu′ il a pu, mais on est revenu saisir, et les créanciers n′ attendent que la mort pour faire vendre. Al marcharse nos ha enviado algún dinero; ha hecho lo que ha podido, pero han venido otra vez a embargar, y los acreedores están esperando a que se muera para realizar la subasta.
" j′ ai voulu user de mes dernières ressources pour empêcher toutes ces saisies, mais l′ huissier m′ a dit que c′ était inutile, et qu′ il avait d′ autres jugements encore à exécuter. Puisqu′ elle va mourir, il vaut mieux abandonner tout que de le sauver pour sa famille qu′ elle n′ a pas voulu voir, et qui ne l′ a jamais aimée. Vous ne pouvez vous figurer au milieu de quelle misère dorée la pauvre fille se meurt. Hier nous n′ avions pas d′ argent du tout. Couverts, bijoux, cachemires, tout est en gage, le reste est vendu ou saisi. Marguerite a encore la conscience de ce qui se passe autour d′ elle, et elle souffre du corps, de l′ esprit et du coeur. De grosses larmes coulent sur ses joues, si amaigries et si pâles que vous ne reconnaîtriez plus le visage de celle que vous aimiez tant, si vous pouviez la voir. Elle m′ a fait promettre de vous écrire quand elle ne pourrait plus, et j′ écris devant elle. Elle porte les yeux de mon côté mais elle ne me voit pas, son regard est déjà voilé par la mort prochaine; cependant elle sourit, et toute sa pensée, toute son âme sont à vous, j′ en suis sre. He intentado agotar mis últimos recursos para impedir todos esto embargos, pero el alguacil me ha dicho que era inútil, y que aún quedaban, otros juicios pendientes de ejecución. Puesto que va a morir, más vale abandonarlo todo que salvarlo para su familia, a quien ella no ha querido ver y que nunca la quiso. No puede usted imaginarse en medio de qué miseria dorada se muere la pobre chica. Ayer no teníamos absolutamente nada de dinero. Cubiertos, joyas, cachemiras, todo está empeñado; el resto está vendido o embargado. Marguerite aún tiene conciencia de lo que pasa a su alrededor, y sufre en su cuerpo, en su espíritu y en su corazón. Gruesas lágrimas corren par sus mejillas, tan enflaquecidas y tan pálidas, que, si usted pudiera verla, no reconocería el rostro de la que tanto lo amó. Me ha hecho prometer que le escriba cuando ella ya no pueda, y estoy escribiéndole delante de ella. Dirige sus ojos hacia mí, pero no me ve: su mirada está ya velada par la muerte cercana; sin embargo sonríe, y estoy segura de que todo su pensamiento y toda su alma están puestos en usted.
" chaque fois que l′ on ouvre la porte, ses yeux s′ éclairent, et elle croit toujours que vous allez entrer; puis, quand elle voit que ce n′ est pas vous, son visage reprend son expression douloureuse, se mouille d′ une sueur froide, et les pommettes deviennent pourpres. " " 19 février, minuit: " la triste journée que celle d′ aujourd′ hui, mon pauvre Monsieur Armand! Ce matin Marguerite étouffait, le médecin l′ a saignée, et la voix lui est un peu revenue. Le docteur lui a conseillé de voir un prêtre. Elle a dit qu′ elle y consentait, et il est allé lui -même chercher un abbé à saint -Roch. Cada vez que alguien abre la puerta sus ojos se iluminan y siempre cree que va a entrar usted; luego, cuando ve que no es usted, su rostro recobra su dolorida expresión, queda bañado en un sudor frío, y sus pómulos se tiñen de púrpura. 19 de febrero, doce de la noche. ¡Qué triste día el de hoy, mi pobre señor Armand! Esta mañana Marguerite se ahogaba, el médico le ha hecho una sangría, y ha recobrado un poco la voz. El doctor le ha aconsejado que vea a un sacerdote. Ella ha dicho que bueno, y él mismo ha ido a buscar a un cura de Saint-Roch.
" pendant ce temps, Marguerite m′ a appelée près de son lit, m′ a priée d′ ouvrir son armoire, puis elle m′ a désigné un bonnet, une chemise longue toute couverte de dentelles, et m′ a dit d′ une voix affaiblie: " je vais mourir après m′ être confessée, alors tu m′ habilleras avec ces objets: c′ est une coquetterie de mourante. Entre tanto Marguerite me ha llamado al lado de su cama, me ha rogado que abriera el armario, luego me ha señalado un gorro, un camisón cubierto de encajes, y me ha dicho con voz debilitada: –Voy a morir después de confesarme; vísteme entonces con estas cosas: es una coquetería de moribunda.
" puis elle m′ a embrassée en pleurant, et elle a ajouté: " -je puis parler, mais j′ étouffe trop quand je parle; j′ étouffe! De l′ air! " je fondais en larmes, j′ ouvris la fenêtre, et quelques instants après le prêtre entra. Luego me ha besado llorando y ha añadido: –Puedo hablar, pero me ahogo mucho cuando hablo. ¡Me ahogo! ¡Aire! Deshecha en lágrimas, abrí la ventana, y unos instantes después entró el sacerdote.
" j′ allai au -devant de lui. Fui a su encuentro.
Quand il sut chez qui il était, il parut craindre d′ être mal accueilli. Cuando supo dónde estaba, pareció temer que iba a ser mal recibido.
" -entrez hardiment, mon père, lui ai -je dit. Entre sin miedo, padre ––le he dicho.
" il est resté peu de temps dans la chambre de la malade, et il en est ressorti en me disant: " -elle a vécu comme une pécheresse, mais elle mourra comme une chrétienne. Ha estado poco tiempo en la habitación de la enferma, y ha salido diciéndome: Ha vivido coma una pecadora, pero morirá coma una cristiana.
" quelques instants après, il est revenu accompagné d′ un enfant de choeur qui portait un crucifix, et d′ un sacristain qui marchait devant eux en sonnant, pour annoncer que Dieu venait chez la mourante. Unos instantes después ha vuelto acompañado de un monaguillo que llevaba un crucifijo, y de un sacristán que iba delante tocando la campanilla, para anunciar que Dios venía a casa de la moribunda.
" ils sont entrés tous trois dans cette chambre à coucher qui avait retenti autrefois de tant de mots étranges, et qui n′ était plus à cette heure qu′ un tabernacle saint. Han entrado los tres en este dormitorio, donde en otro tiempo resonaron tantas palabras extrañas, y que en aquella hora sólo era un tabernáculo sagrado.
" je suis tombée à genoux. Je ne sais pas combien de temps durera l′ impression que m′ a produite ce spectacle, mais je ne crois pas que, jusqu′ à ce que j′ en sois arrivée au même moment, une chose humaine pourra m′ impressionner autant. He caído de rodillas. No sé cuánto tiempo durará la impresión que me ha producido este espectáculo, pero creo que, hasta que yo llegue al mismo momento, no habrá cosa humana que pueda impresionarme tanto.
" le prêtre oignit des huiles saintes les pieds, les mains et le front de la mourante, récita une courte prière, et Marguerite se trouva prête à partir pour le ciel où elle ira sans doute, si Dieu a vu les épreuves de sa vie et la sainteté de sa mort. El sacerdote ungió con los cantos óleos los pies, las manos y la frente de la moribunda, recitó una breve oración, y Marguerite se encontró preparada para ir al cielo, donde irá sin duda, si Dios ha visto las pruebas de su vida y la santidad de su muerte.
" depuis ce temps elle n′ a pas dit une parole et n′ a pas fait un mouvement. Vingt fois je l′ aurais crue morte, si je n′ avais entendu l′ effort de sa respiration. " " 20 février, cinq heures du soir: " tout est fini. Desde entonces no ha dicho una palabra ni ha hecho un movimiento. Veinte veces la hubiera creído muerta, de no haber oído el esfuerzo de su respiración. 20 de febrero, cinco de la tarde. Todo ha terminado.
" Marguerite est entrée en agonie cette nuit à deux heures environ. Jamais martyre n′ a souffert pareilles tortures, à en juger par les cris qu′ elle poussait. Deux ou trois fois elle s′ est dressée tout debout sur son lit, comme si elle et voulu ressaisir sa vie qui remontait vers Dieu. Marguerite ha entrado en agonía esta noche alrededor de las dos. Nunca un mártir ha sufrido semejantes tormentos, a juzgar por los gritos que daba. Dos o tres veces se ha incorporado del todo sobre su lecho, como quisiera agarrar la vida que se remontaba hacia Dios.
" deux ou trois fois aussi, elle a dit votre nom, puis tout s′ est tu, elle est retombée épuisée sur son lit. Des larmes silencieuses ont coulé de ses yeux et elle est morte. Dos o tres veces también ha pronunciado el nombre de usted, luego se ha callado y ha vuelto a caer agotada en la cama. Lágrimas silenciosas brotaban de sus ojos, y ha muerto.
" alors, je me suis approchée d′ elle, je l′ ai appelée, et comme elle ne répondait pas, je lui ai fermé les yeux et je l′ ai embrassée sur le front. Me he acercado entonces a ella, la he llamado y, como no respondía, le he cerrado los ojos y la he besado en la frente.
" pauvre chère Marguerite, j′ aurais voulu être une sainte femme, pour que ce baiser te recommandât à Dieu. ¡Pobre querida Marguerite! Me hubiera gustado ser una santa, para que ese beso lo encomendara a Dios.
" puis, je l′ ai habillée comme elle m′ avait priée de le faire, je suis allée chercher un prêtre à saint -Roch, j′ ai brlé deux cierges pour elle, et j′ ai prié pendant une heure dans l′ église. Luego la he vestido como me había pedido que lo hiciera, he ido a buscar un sacerdote a Saint-Koch, he encendido dos velas por ella y he rezado durante una hora en la iglesia.
" j′ ai donné à des pauvres de l′ argent qui venait d′ elle. He dado a los pobres dinero que era de ella.
" je ne me connais pas bien en religion, mais je pense que le bon Dieu reconnaîtra que mes larmes étaient vraies, ma prière fervente, mon aumône sincère, et qu′ il aura pitié de celle, qui, morte jeune et belle, n′ a eu que moi pour lui fermer les yeux et l′ ensevelir. " " 22 février: " aujourd′ hui l′ enterrement a eu lieu. Beaucoup des amies de Marguerite sont venues à l′ église. No entiendo mucho de religión, pero pienso que Dios reconocerá que mis lágrimas eran verdaderas, mi oración fervorosa, mi limosna sincera, y que tendrá piedad de ella, que, habiendo muerto joven y bella, no me ha tenido más que a mí para cerrarle los ojos y amortajarla. 22 de febrero. Hoy ha sido el entierro. Han venido a la iglesia muchas amigas de Marguerite.
Quelques -unes pleuraient avec sincérité. Quand le convoi a pris le chemin de Montmartre, deux hommes seulement se trouvaient derrière, le comte de G... qui était revenu exprès de Londres, et le duc qui marchait soutenu par deux valets de pied. Algunas lloraban sinceramente. Cuando el cortejo ha tomado el camino de Montmartre, sólo dos hombres iban detrás: el conde de G..., que ha venido expresamente de Londres, y el duque, que andaba sostenido por dos criados.
" c′ est de chez elle que je vous écris tous ces détails, au milieu de mes larmes et devant la lampe qui brle tristement près d′ un dîner auquel je ne touche pas, comme bien vous pensez, mais que Nanine m′ a fait faire, car je n′ ai pas mangé depuis plus de vingt -quatre heures. Le escribo todos estos detalles desde su casa, en medio de mis lágrimas y ante la lámpara que arde tristemente al lado de una cena que no toco como puede usted imaginar, pero que Nanine ha mandado hacer, pues llevo sin probar bocado más de veinticuatro horas.
" ma vie ne pourra pas garder longtemps ces impressions tristes, car ma vie ne m′ appartient pas plus que la sienne n′ appartenait à Marguerite, c′ est pourquoi je vous donne tous ces détails sur les lieux mêmes où ils se sont passés, dans la crainte, si un long temps s′ écoulait entre eux et votre retour, de ne pas pouvoir vous les donner avec toute leur triste exactitude. " Mi vida no podrá conservar durante mucho tiempo estas triste impresiones, pues mi vida no me pertenece más de lo que pertenecía la suya a Marguerite; por eso le doy todos estos detalles en los mismo, lugares donde han sucedido, por temor a no poder contárselos con toda su triste exactitud, si pasa mucho tiempo entre ellos y su regreso.







CHAPITRE XXVII

Capítulo XXVII

-Vous avez lu? Me dit Armand quand j′ eus terminé la lecture de ce manuscrit. –¿Lo ha leído? me dijo Armand cuando terminé la lectura del manuscrito.
-Je comprends ce que vous avez d souffrir, mon ami, si tout ce que j′ ai lu est vrai! -Mon père me l′ a confirmé dans une lettre. –Comprendo lo que ha debido de sufrir usted, amigo mío, si todo lo que he leído es cierto. –Mi padre me lo ha confirmado en una carta.
Nous causâmes encore quelque temps de la triste destinée qui venait de s′ accomplir, et je rentrai chez moi prendre un peu de repos. Charlamos aún un rato sobre el triste destino que acababa de cumplirse, y volví a mi casa a descansar un poco.
Armand, toujours triste, mais soulagé un peu par le récit de cette histoire, se rétablit vite, et nous allâmes ensemble faire visite à Prudence et à Julie Duprat. Armand, siempre triste, pero un poco aliviado por el relato de esta historia; se restableció rápidamente; y fuimos juntos a visitar a Prudence y a Julie Duprat.
Prudence venait de faire faillite. Elle nous dit que Marguerite en était la cause; que, pendant sa maladie, elle lui avait prêté beaucoup d′ argent pour lequel elle avait fait des billets qu′ elle n′ avait pu payer, Marguerite étant morte sans le lui rendre et ne lui ayant pas donné de reçus avec lesquels elle pt se présenter comme créancière. Prudence acababa de quebrar. Nos dijo que era Marguerite la causante; que, durante su enfermedad, le había prestado mucho dinero, por el que había firmado pagarés que luego no pudo pagar, pues Marguerite se murió sin devolvérselo y sin haberle dado recibos con los que hubiera podido presentarse como acreedora.
Á l′ aide de cette fable que Madame Duvernoy racontait partout pour excuser ses mauvaises affaires, elle tira un billet de mille francs à Armand, qui n′ y croyait pas, mais qui voulut bien avoir l′ air d′ y croire, tant il avait de respect pour tout ce qui avait approché sa maîtresse. Con ayuda de esa fábula, que la señora Duvernoy contaba por todas partes para justificar sus malos negocios, le sacó un billete de mil francos a Armand, que no lo creyó, pero que prefirió dar a entender que lo creía, de tanto respeto como tenía por todo lo que estaba relacionado con su amante.
Puis nous arrivâmes chez Julie Duprat qui nous raconta les tristes événements dont elle avait été témoin, versant des larmes sincères au souvenir de son amie. Luego llegamos a casa de Julie Duprat, que nos contó los tristes acontecimientos de que había sido testigo, derramando lágrimas sinceras ante el recuerdo de su amiga.
Enfin, nous allâmes à la tombe de Marguerite sur laquelle les premiers rayons du soleil d′ avril faisaient éclore les premières feuilles. Finalmente fuimos a la tumba de Marguerite, sobre la que los primeros rayos del sol de abril hacían brotar las primeras hojas.
Il restait à Armand un dernier devoir à remplir, c′ était d′ aller rejoindre son père. Il voulut encore que je l′ accompagnasse. Le quedaba a Armand por cumplir el último deber: ir a reunirse con su padre. Quiso también que lo acompañase.
Nous arrivâmes à C... où je vis M Duval tel que je me l′ étais figuré d′ après le portrait que m′ en avait fait son fils: grand, digne, bienveillant. Llegamos a C..., donde vi que el señor Duval era tal como me lo había imaginado por el retrato que de él me hizo su hijo: alto, digno, afable.
Il accueillit Armand avec des larmes de bonheur, et me serra affectueusement la main. Je m′ aperçus bientôt que le sentiment paternel était celui qui dominait tous les autres chez le receveur. Acogió a Armand con lágrimas de felicidad y me estrecho afectuosamente la mano. Pronto me di cuenta de que el sentimiento paternal dominaba en el recaudador sobre todos lo demás.
Sa fille, nommée Blanche, avait cette transparence des yeux et du regard, cette sérénité de la bouche qui prouvent que l′ âme ne conçoit que de saintes pensées et que les lèvres ne disent que de pieuses paroles. Su hija, llamada Blanche, tenía esa transparencia de los ojos la mirada, esa serenidad de la boca que demuestran que el alma sólo concibe santos pensamientos y los labios sólo dicen palabra piadosas.
Elle souriait au retour de son frère, ignorant, la chaste jeune fille, que loin d′ elle une courtisane avait sacrifié son bonheur à la seule invocation de son nom. La casta joven sonreía ante el regreso de su hermano sin saber que lejos de ella una cortesana había sacrificado su felicidad ante la sola invocación de su nombre.
Je restai quelque temps dans cette heureuse famille, tout occupée de celui qui leur apportait la convalescence de son coeur. Me quedé algún tiempo con aquella venturosa familia dedicada por entero al que les traía la convalecencia de su corazón.
Je revins à Paris où j′ écrivis cette histoire telle qu′ elle m′ avait été racontée. Elle n′ a qu′ un mérite qui lui sera peut -être contesté, celui d′ être vraie. Volví a París, donde escribí esta historia tal como me la contaron. No tiene más que un mérito, que quizá le será discutido: el de ser verdadera.
Je ne tire pas de ce récit la conclusion que toutes les filles comme Marguerite sont capables de faire ce qu′ elle a fait; loin de là, mais j′ ai eu connaissance qu′ une d′ elles avait éprouvé dans sa vie un amour sérieux, qu′ elle en avait souffert et qu′ elle en était morte. J′ ai raconté au lecteur ce que j′ avais appris. C′ était un devoir. No saco de este relato la conclusión de que todas las chica como Marguerite son capaces de hacer lo que ella hizo, ni mucho menos; pero tuve conocimiento de que una de ellas había experimentado en su vida un amor serio, por el que sufrió y por el que murió, y he contado al lector lo que sabía. Era un deber.
Je ne suis pas l′ apôtre du vice, mais je me ferai l′ écho du malheur noble partout où je l′ entendrai prier. No soy apóstol del vicio, pero me haré eco de la desgracia noble dondequiera que la oiga implorar.
L′ histoire de Marguerite est une exception, je le répète; mais si c′ et été une généralité, ce n′ et pas été la peine de l′ écrire. La historia de Marguerite es una excepción, lo repito; pero, si hubiera sido algo habitual, no habría merecido la pena escribirla.

FIN